Les inavouables 2 - The Dream Syndicate live at Raji's

vendredi 23 août 2013

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The Dream Syndicate live at Raji's

« Ladies & Gentlemen, the fabulous Dream Syndicate » c’est sur ces paroles que s’ouvre l’album live qui sonne le glas de ce groupe californien. Les années 80 ont été une période d’émergence et de créativité. Le Hip-Hop s’est imposé. La new-wave et toutes ses déclinaisons ont bourgeonné comme autant de petits papillons noirs. L’électro, la house, l’acid nous ont offert de grands sourires jaunes.


Et puis issu de la scène punk, le rock alternatif faisait, quant à lui, sa crise d’adolescence. Une maturation qui ne fut pas assumée par tous et qui engendra son lot de réactionnaires. Dont les Dream Syndicate ! Ceux-ci prônaient le retour aux sources du rock pré-woodstock. Une autre ère sur laquelle s'appuya Steve Wynn, et Kendra Smith pour former le rock garage des Dream Syndicate.
Mais l'album avec lequel je les découvre est le Live au Raji’s qui sort en 1989. A l'époque je me baigne surtout de l'emphase des The Mission, Sisters of Mercy, du Live After Death de Maiden ou encore de Nocturne de Siouxsie.  A l'écoute du live des Dream Syndicate, je suis marqué par la spontanéité et la simplicité du concert au point de l’écouter en boucle pendant quelques semaines.

En réalité le groupe est déjà moribond et disloqué. Il n’est plus qu’un faire-valoir pour la voix et la guitare de Steve Wynn. L'album regroupe les grands titres que le groupe a pu produire tout au long de la décennie (Merritville, Medecine show, Forest for the trees). Une interprétation cinglante, énergique et pleine de maîtrise. A cet instant, Steve Wynn cristallisa pour moi l’image d’un leader supporté par ses musiciens. D’un guitar hero libre d’interpréter ses chansons dans un champ d’action complètement ouvert. Il pose sa voix et démarre certains morceaux a capella.  Il gratte les accords, part en solo, use de sa guitare en larsen, à contretemps, en distorsion. Il est libre d’emmener le morceau là où il l’entend.

Des « fabulous Dream Syndicate », Steve crie « I’m the Dream Syndicate ». Il en fait de trop. Son chant de gloire résonne comme le glas.

Le groupe n’a plus de raison d’être ; il s'efface devant son chanteur. La Californie fonctionne au rock fm, au heavy métal et aux B.O. hollywoodiennes. Sonic Youth a dégainé son Teenage Riot. Le grunge prend déjà la place qui lui est due. Déplaçant ainsi l’attention vers Seattle. Sur ma cassette maxwell, un autre live sera bientôt enregistré et il se verra difficilement détrôné : le Weld de Neil Young.

La carrière solo de Steve Wynn, elle, se fera en demi-teinte véhiculant une image de rockeur crooner désœuvré. La récente tournée anniversaire des Dream Syndicate finira d’enfoncer le clou. Traverser les époques n’est pas donné à tout le monde.  

Franck

Les inavouables 1 - Yngwie, le suédois volant...

mercredi 24 juillet 2013

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Difficile aujourd'hui d'avouer qu'on a été un jour fan d'Yngwie Malmsteen... Yngweee what ? Vous ne connaissez pas l'historique de ce guitariste suédois mégalomane à l’extrême mais oh combien novateur pour l'époque ?
Petit rappel... Lars Johan Yngve Lannerbäck naît en 1963 en Suède et à 21 ans, il sort une bombe pour l'époque : le Yngwie J. Malmsteen's Rising Force ! Sous ce nom d'album pompeux et quasi imprononçable se cache un bijoux pour tout gratteux qui se respecte. Plus fort que Blackmore sur ses propres terres, plus rapide que Becker et Friedman réunis, plus classique que Vinnie Moore, Yngwie le Viking invente la fusion entre la musique baroque et le hard rock (Bon, 10 ans plus tard que Blackmore mais bon...).
C'est un séisme dans le monde de la six-cordes tellement le jeu du bonhomme est fluide, rapide et rempli de feeling. On n'a plus connu ça depuis Van Halen en 78 !

Personnellement, je le découvre l'année suivante avec le "Marching Out", son 2° album. Celui-ci est brut de décoffrage, mal mixé, des sons rêches et des compos inachevées mais le talent est là, indéniable. On s'attend à une carrière en or seulement voilà, le gars a un sale caractère, est parano et est plus que penché sur la dive bouteille (penchant qui lui vaudra d'ailleurs plusieurs accidents en voiture). Dès sont troisième album, il vire au Hard FM, très en vogue à l'époque, et on constate que, si il est brillant guitariste, il est nettement moins bon comme compositeur. Du encore très bon Trilogy au moyen "Odyssey", on sent que le virtuose venu du froid est déjà en panne d'inspiration et va commencer à se parodier lui-même. Il va devenir une sorte de caricature du guitar-hero avec ses moulinets sur scènes, ses coups de pieds en l'air, ses bracelets en or massif et ses Ferrari pleins ses garages...
10 ans plus tard, en 1993, il est cramé, arrive bourré sur scène la plupart du temps, ses musiciens le fuient (12 chanteurs en 16 ans quand même) et ne parvient plus à étonner qui que ce soit... Le sommet de cette déchéance vient en 1998 où il compose le "Concerto Suite For Electric Guitar & Orchestra In Eb Minor, Opus I - Millenium" (rien que ça) avec l'Orchestre Philharmonique de Prague. L'ensemble se révèle démesuré et désespéré...

Mais je reste fan (inavouable) du bonhomme, enfin de ses premiers albums même si cela reste difficilement écoutable aujourd'hui. Je me rappelle l'avoir vu au Vooruit à Gand pour la tournée Eclipse, il était en grande forme (j'ai même reçu un onglet !) mais déjà il en faisait trop sur scène étouffant quasi toute le reste du groupe pourtant brillant.

Dieu vivant au Japon et idole des pays de l'Est (il a été l'un des tout premier à se produire là-bas) , le Maestro ne se produit plus aujourd'hui que pour un dernier carré de fans, ayant définitivement vidé son sac de gammes inspirées (en mineur harmonique) depuis déjà longtemps...

N°5 : Robert Johnson by Erik

jeudi 2 août 2012

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5° meilleur guitariste de tous les temps par Rolling Stones, meilleur chanteur de blues de tous les temps ou même « le musicien le plus important du XX° siècle” comme on peut le lire dans Wikipédia, les superlatifs sont nombreux pour décrire l’homme…

Pourtant, en l’écoutant aujourd’hui on peut légitiment se demander pourquoi. On parle d’émotion brute, de voix haut-perchée intense, de jeu innovateur pour l’époque (difficile de dire le contraire, c’était en  en 1930), etc… C’est vrai que les enregistrements ne plaident pas en sa faveur (qualité médiocre) mais ne faut-il pas voir dans la reconnaissance du bonhomme une volonté de le reconnaitre comme le fondateur du blues “moderne” afin de structurer l’histoire du blues et de donner ainsi une légitimité à tous ses successeurs ?

135 albums recensés mais 29 enregistrements de son vivant, 11 bouquins en français mais parlant essentiellement de sa rencontre avec le Diable, des hypothèses de sa mort, de la recherche de ses enregistrements perdus (ainsi que de leur vitesse), on ne parle que finalement que très peu de sa musique. Alors, Robert Johnson un mythe créé de toute pièce par Columbia, heureux possesseur des droits du bonhomme ? Il est très tendance aujourd’hui de citer Johnson comme influence, ce que font énormément de guitaristes mais à l’écoute et à moins de le resituer dans le contexte, le 5 ° meilleur guitariste de tous les temps ne me parle pas et reste, comme Clapton, largement surestimé à mes yeux.

N°4 : Eric Clapton by Erik

lundi 30 juillet 2012

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Et voilà le premier britannique du Top 100, Monsieur Eric Clapton en personne… Personnellement, il a toujours été une énigme pour moi. Il m’a toujours paru faire partie d’une autre époque, il était partout et en même temps nulle part… Quand j’ai pris la décision un jour de louer 2, 3 de ses disques, je me suis solidement ennuyé, je pensais découvrir une brique manquante et je n’ai rien trouvé. Aujourd’hui, mon regard sur Clapton a changé mais il reste une énigme profonde à mes yeux. Comment ce gars a-t-il su devenir cette icône de la guitare et être surnommé “God” ?

Pour comprendre le succès du gaillard, il faut se remettre dans l’époque, fin des années 50. La musique bouge et, en Angleterre, c’est la déferlante Fab Four. A l’opposé de ce raz de marée plutôt poppy, le petit Clapton s’est pris de passion pour le Blues a contrario de tout son entourage. Gamin solitaire et taciturne, en quête d’identité, il prend parti pour une musique un peu ghetto tout en se disant qu’il aurait voulu être un musicien noir. Le voilà en train de dénicher des disques rares et de recopier patiemment les phrasés de ses idoles : Buddy Guy, Howlin’ Wolf, Muddy Waters, Chuck Berry, B.B. King ou encore Robert Johnson. Il fréquente ses premiers groupes et d’aucun témoignent aujourd’hui que le jeune Clapton est tout sauf un génie mais il est tenace… En 63, il est engagé au sein des Yardbirds et commence à tourner partout en Angleterre et joue déjà un jour sur deux. Il est déjà élégant et cultive un look atypique ce qui le fait remarquer de beaucoup (comme soigner une brosse alors que toute une génération a les cheveux longs – et oui, l’heure n’est pas encore aux costumes Versace Clignement d'œil).

Dès les premiers enregistrements, il commence à se distinguer en ajoutant du sustain à son son et, comme les bons gratteux sont rares à cette époque à Londres, on commence à parler de lui… A cette époque, il est celui qui fait découvrir le Blues aux londoniens via le Rhythm'n'blues vaguement pop des Yardbirds (Comme à Brian May par exemple !). Exit les Yardbirds pour cause de virage trop commercial, Clapton sera remplacé par Jeff Beck puis celui-ci par Jimmy Page ! Passage ensuite par les Bluesbreakers de Mayall (c’est l’époque pendant laquelle il joue presque 12 heures par jour) avant son avènement au sein du power-trio Cream. Il est reconnu par tout ses contemporains comme “ze guitar hero” du moment car son vibrato main gauche (emprunté à ses idoles mais considérablement amplifié), sa maitrise du feedback (avant que Beck et puis Hendrix ne pousse cette technique dans ses derniers retranchements) et le sustain (il a opté pour une Les Paul et joue avec un Marshall qu’il sature pour grossir le son et tout cela bien avant Jimmy Page et Hendrix) amènent un son nouveau sur la scène londonienne. Il devient alors “God” pour ses fans et sans doute le premier “guitar hero” de l’histoire du Rock. “Sunshine of your love” déboule en 67 avec son riff de basse, son chant en duo et surtout le solo historique de Clapton, même Hendrix reprendra le morceau ! Malgré un succès retentissant (“Wheels of Fire” sera sacré premier double album de platine en en 68 !), Clapton se lasse et rêve d’autres choses… Led Zeppelin reprendra le Heavy Blues de Cream et passera à la postérité. Sa première époque de gloire est déjà derrière lui, même si après son cv est assez incroyable : il refuse de remplacer Brian Jones au sein des Stones, fonde Blind Faith avec Winwood et le dissout 4 mois plus tard et joue dans le Plastic Ono Band avec Lennon. En 70, il entreprend sa carrière solo avec une foule de guest star et surtout la grande nouveauté c’est que Slowhand a opté pour Fender Stratocaster au lieu de Gibson ainsi que pour les amplis ce qui change complètement son son (plus claquant et mois chaud). Sa musique évolue aussi, au vu de son succès aux USA, Clapton se tourne désormais vers un mélange de Soul, de Funk, de Rock, de Folk et bien sur, de Blues. On est en 1970, le guitariste anglais est déjà cramé par l’alcool et la coke et refuse tout plan le mettant en avant. L’épisode Derek &The Dominos est une heureuse parenthèse avec le très abouti “Layla and Other Assorted Love Songsmais après ça c’est le désert (même malgré les hits reggae comme “I shot the Sheriff”), Slowhand se perd dans le marché pop américain (Excepté peut-être l’album éponyme qui contient “Cocaïne” et “Wonderful Tonight”). Il faudra attendre 1992 pour sa résurrection avec le fameux “Unplugged” (3 Grammy Awards et 15 millions de copies!) et en 1994 avec le retour au Blues avec “From the Craddle”.

Clapton a sans doute été surestimé tout au long de sa carrière mais il faut lui reconnaitre une longévité exceptionnelle, des collaborations qui le sont tout autant, une influence durable sur des générations de gratteux et un paquet de bons morceaux qui sont de véritables hymnes du Rock aujourd'hui. A cette image, le trouver à la 4° place de ce classement est peut-être exagéré mais le gaillard fait partie intégrante de l’histoire.

N°3 : B.B. King by Erik

samedi 28 juillet 2012

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Numéro 3 du classement des 100 meilleurs guitaristes qui ont marqué l’histoire du rock (et oui, pas de guitaristes de jazz ici…), on retrouve l’inusable BB King, véritable dinosaure des temps modernes. BB voulant dire “Blues Boy”, le natif du Mississippi est l’un des guitaristes les plus connus et un des plus influents dans la catégorie blues. Pas question de power chords ici, c’est du velours en pentatonique blues, un touché remarquable avec un son bien roots (merci Lucille Gibson Clignement d'œil).

Avec plus de 15 titres dans les charts dans les années 50 et 60, le King BB est davantage connu ses dernières années pour sa collaboration avec U2 (“When Love Comes To Town”) et avec Eric Clapton (un album entier : “Riding With the King”). Mais, à l’instar de Mr Clapton, Riley (et oui, c’est son prénom) lui a vécu dans les champs de coton dans le Mississippi en écoutant du Gospel et les chants traditionnels du Delta. Et c’est pour cela qu’il est aujourd’hui considéré comme l’un des piliers du Blues, parce qu’il a fait le pont entre les guitariste traditionnels blues (Comme Robert Johnson par exemple) et le Blues moderne électrique (initié, il est vrai, par T-Bone Walker entre autres…). C’est cette richesse dans l’émotion du blues traditionnel que l’on va retrouver dans son blues électrique avant que les petits blancs ne s’empare de l’héritage pour le plomber d’électricité et de sueur et en faire émerger le rock’n’roll.

Son style ? C’est essentiellement l’usage de la gamme pentatonique majeure. BB King est un maitre en la matière, il sait faire simple, efficace, se repose sur des notes essentielles faisant beaucoup d’efforts pour les faire sonner aux bons moment et leur laisser le temps qu’il faut (Quel guitariste laisse encore autant de soupirs pour faire respirer ses solos ?). Son vibrato main gauche est une véritable école et Clapton et d’autres s’en sont considérablement inspiré. Bref, le King of Blues est le passeur de mémoires du Delta du Sud des Etats-Unis qui a si bien réussi à faire passer l’émotion originelle à son instrument devenant ainsi un véritable morceau d’histoire et restant une influence respecté de tous.

N°2 : Duane Allman by Erik

vendredi 27 juillet 2012

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Woaw, le sudiste Duane Allman deuxième du prestigieux Top 100 des guitaristes du non moins prestigieux Rolling Stones Magazine ! Ca peut surprendre pour un européen mais moins pour un observateur d’outre-Atlantique…

Beaucoup moins connu dans nos contrées, Duane fonde, avec son frère Gregg et Dickey Betts, les Allman Brothers, véritable pilier fondateur du Rock sudiste. Au menu : du blues, un zeste de country voire de jazz, du rock, de la slide, de l’impro, beaucoup d’impro.

L’histoire est connue, alors qu’ils sont signés par un label et qu’ils accompagnent de grandes pointures de l’époque (Aretha Franklin, Percy Sledge, etc…) la maison de disque voit uniquement du talent dans le frère cadet (Gregg). Duane perfectionne alors ce qui sera sa marque de fabrique : une précision diabolique au bottleneck et un sens de l’impro quasi illimité. Pour beaucoup, il est celui qui va apporter le sustain et unir le Rock et le Blues. La preuve : Clapton le repère en pleine tournée et lui demande de rappliquer en pleines sessions de “Layla and Other Assorted Love Songs” (Le meilleur de Clapton ?). Clapton et Allman s’entendent de suite comme larrons en foire, unissant l’électricité de leurs instruments aux nombreux produits illicites de l’époque… Duane apporte même le riff de la mythique chanson “Layla” !

Mais la question est : que fait-il là à la deuxième place du top 100 des meilleurs gratteux juste derrière Hendrix ? Mystère pour moi… Je reconnais au gaillard une précision, un doigté, des compos bien balancées, un jeu déjà bien avant-coureur de la déferlante hard-blues qui allait suivre mais deuxième guitariste de tous les temps derrière Jimi ? Comprends pas… La seule explication (et je pique l’idée à Franckie) reste pour moi que le gars fait partie intégrante de l’histoire de la musique dite américaine, que “The Allman Brothers Band” était plus qu’un vague band, c’était un groupe de Rock qui, pour la première fois parlait avec une intonation Sudiste et représentait l’esprit et les valeurs des jeunes des états du sud des Etats Unis. Un groupe fier de ses racines et Dieu sait que les américains aiment ça…

Greatest guitarists by Rolling Stone magazine

mardi 17 juillet 2012

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Rolling Stone magazine publiait, il y a quelques semaines, son palmarès des cent plus grands guitaristes de tous les temps. Classement hautement subjectif dont on ne discutera ni l’ordre, ni la sélection. Même si Neil Young est relégué honteusement en fin de liste. Il est d’abord question de riffs, de bends, de slide, de Blues, de rock’n roll et d’évoquer certains morceaux d’anthologie que ces gratteux ont laissé à la postérité.

Le pinacle du temple est tenu par Jimi Hendrix. Icône d’une époque, génie proclamé de tous, peut-être un des seuls guitaristes dont les morceaux, après quarante ans, gardent une réelle fraicheur. Un feeling incroyable, un touché de manche qui le rendent reconnaissable entre tous. Ajouté à cela, quelques morceaux à très fortes personnalités (Purple Haze, Little Wing, Foxy Lady) et des prestations scéniques qui ont marqué les esprits. L’indicible est devenu légende. Au-delà de cela, au-delà des « live » que tout le monde connait, ses versions studio témoignent encore de son côté visionnaire par les arrangements, la richesse sonore et le travail d’enregistrement.

En cinquième place, on voit apparaitre Robert Johnson. Aux confins du Blues, aux racines du rock et des premières notes amplifiées, pourquoi ne pas évoquer un Charlie Christian (dont l’influence a plus marqué le jazz) ou un Big Bill Bronzy (dont le Hey Hey a été repris par Clapton) ? Peut-être en effet une question d’influence et de filiation spirituelle. Clapton a immortalisé son Crossroad, tandis que Sweet Home Chicago a traversé la moitié du XXème siècle puisqu’il était encore interprété par Ben Harper au début de sa carrière.

Un Blues qui est aujourd’hui conservé aujourd’hui par les deux gardiens du style : B.B. King et Eric Clapton respectivement troisième et quatrième dans le classement. A plus de quatre-vingt ans, B.B. King, l’ambassadeur et un des derniers survivants, a grandi aux sources du Blues et du Gospel, dans l’état du Mississippi. Il a connu l’électrification du genre, la migration vers le nord de ces musiciens noirs à la recherche de club et de contrats. Il plait par ses qualités de soliste qui lui permettent d’enregistrer rapidement ses premiers tubes. Mais surtout, il bénéficie des bonnes grâces de musiciens blancs à l’orientation plus rock, à une époque où les distinctions raciales étaient encore profondément ancrées.

Un de ces blancs n’est autre qu’ Eric Clapton, ce britannique qui se réapproprie les standards du Blues pour se faire une réputation parmi les jeunes londoniens branchés. Il est aussi l’anglais qui éveilla l’Amérique blanche à ce patrimoine musical qu’elle délaissait jusque-là. Une musique de noirs plus seulement faite pour les noirs. C’est au cœur des années soixante que tout se passe pour Eric Clapton. Avec les Yardbirds et ensuite avec John Mayall pour au final fonder le trio qui finira d’édifier sa réputation de guitariste et de frontman : Cream. Dont les I feel free et Sunshine of your love deviendront des hymnes hippies lors de longues versions où improvisations et psychédélisme étiraient les morceaux sur plus d’une douzaine de minutes.

Autre blanc a fondé son jeu sur le blues du delta du mississippi est Duane Allman. Le second meilleur guitariste du classement est une autre de ces incarnations du mythe de liberté que les années 60 ont enfanté. Sa moustache en fer à cheval est pourtant loin du Flower power californien. Il va lourdement électrifier l’héritage « blues » qu’ont laissé des B.B. King pour poser les bases d’un rock sudiste carré et robuste. Il exploitera les techniques de jeu de ses prédécesseurs noirs comme les bends démesurés sur lesquels il rajoute des variations d’accord et surtout, la technique du slide, du bottleneck. Joué sur les guitares qui feront la noblesse du rock et du hardrock plus tard : la Gibson SG et la Gibson Les Paul. Il mourra jeune et, à l’instar de Jimi Hendrix, traversa l’histoire du rock et de la musique du vingtième siècle comme une espèce d’étoile filante.


Avec ces cinq guitaristes, Rolling Stone magazine tente clairement de légitimer l’héritage américain sur ce que fut la musique de la deuxième moitié du vingtième siècle.

N°1 : Jimi Hendrix by Erik

lundi 16 juillet 2012

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Aaaah Jimi… Plus de 40 ans qu’il nous a quitté et toujours au top des gratteux de l’histoire.
Pourquoi cet engouement autour du natif de Seattle ? Pourquoi influence-t-il encore aujourd’hui bon nombre de gratteurs de mandolines ?
Perso, quand je commence la guitare dans les années 80, Hendrix ne figure pas (ou plus) dans les influences présentes à ce moment-là. Mais il plane (il aurait apprécié Clignement d'œil) autour des influences de l’époque (Young, Iommi, Van Halen et consorts)… Je ne saisis pas alors que tous ceux que j’écoute se sont gavés de chaque notes du chevelu gaucher. En effet, Hendrix, c’est un peu comme un roman fondateur que tu dois lire pour comprendre les écrits contemporains, une sorte de mythe fondateur sur lesquels vont venir s’appuyer pléthore de gratouilleux (Malmsteen, Jon Roth et autres fanas de la Strat). Pourtant, quand je le découvre, je trouve cela horrible, c’est brouillon, le son est mauvais, le gars chante mal, les compos m’apparaissent bâclées. 20 ans plus tard quand je redécouvre le bonhomme, je comprends alors comment il était un météorite pour l’époque.
Remember 1966, le rock devient plus dur avec les Who et autres cogneurs mais il manque l’aspect débridé que nous découvrirons tous plus tard. Hendrix arrive avec son sens de l’impro basé autour des plans blues, mais du blues éclaté, tiraillé par un son totalement neuf. En effet, la particularité du son d’Hendrix réside dans l’exploration de toutes les possibilités que lui offrait l’époque : Fuzz, Wah-Wah, flanger, larsen, etc… Pourtant, tout comme beaucoup de grands guitaristes, sur scène il n’utilise que le minimum. Voici le témoignage du guitariste Harvey Mandel (Canned Heat) :
« Je me revois attendant anxieusement de voir Jimi jouer de près car, pour l’avoir vu en concert, je pensais qu’il devait avoir un truc mystérieux construit dans sa guitare afin d’obtenir tous ces incroyables sons. J’ai vite découvert qu’en fait, il n’utilisait qu’une vieille Strat et des amplis Marshall. Il avait quelques gadgets comme l’UniVibe, la Fuzz Face et la Cry Baby, mais tous ces articles étaient disponibles partout dans le commerce. La magie, à vrai dire, provenait uniquement de ses doigts. » — Harvey Mandel, Hors Série Guitare & Claviers 1990
“Et oui c’est bien à propos du jeu et du son du maître qu’il faut crier au génie” (AlbumRock). Le son ? Les potards sont poussés à bloc, s'ensuit un déluge de larsens et de réverb et cette sensation qu’Hendrix ne joue pas de la musique mais s’incarne véritablement dans ses notes nous offrant ainsi le contenu même de ses délires inconscients…
Magique le gaillard mais surtout perfectionniste (Voir les 43 prises nécessaires pour le thème Gypsy Eyes), curieux (il écoutait tout ce qui se trouvait à portée de ses oreilles…), rigoureux (il enregistrait tout d’où le nombre incroyable d’albums posthumes) et showman. Jimi avait tout pour marquer les années 70. Il a élargi le rock par ses innovations et a marqué le public par ses prestations scéniques (Monterey, Woodstock, Ile de Man, etc…). Comme pour beaucoup d’innovateurs, le public l’a boudé pendant longtemps et il aura fallu une reprise (Hey Joe, la plus connue et une des moins passionnantes ?), tout le soutien de Clapton et Townshend à Londres pour qu’à force de dates, il puisse émerger et se faire connaitre d’un plus large public. 4 ans et 4 albums seulement (trois studio et un Live) de son vivant, c’est peu et c’est suffisant à la fois pour comprendre toute la modernité de l’artiste. De l’album “Are you experienced” qui l’a fait découvrir (qui contient déjà un tas de pépites telles que Foxy lady, Red House, Fire, The wind cries Mary) au chef d’œuvre “Electric Ladyland” (Voodoo Chile !) en passant par “Axis, Bold as love”, Hendrix embrase le rock psychédélique de la fin des années 60 et plus rien de ne ressemblera à ça après son passage…
Magique… Quand on l’écoute aujourd’hui, on est d’emblée frappé par la diversité musicale. Sur “Bold as Love”, il part de l'introspection d'un "Up From The Skies" très jazzy pour ensuite confronter l'auditeur à la dureté de titres comme "Spanish Castle Magic" et continuer son exploration musicale en mariant funk ("You Got Me Floatin'"), jazz, soul et même rock plus traditionnel ("One Rainy Wish")… Et que dire du blues ? Dans son premier album, sa prédilection pour lui et pour l’expérimentation se fera sentir tout au long de la galette, rappelant au passage que son aventure musicale commença en compagnie de Little Richard ou de BB King. L’incroyable "Red House", s'inscrit en fondateur d’une certaine forme de blues qui va inspirer bon nombre de guitaristes (Stevie Ray Vaughan, Popa Chubby, Jeff Healey pour ne citer qu'eux). Alors que les beaucoup plus déstructurés "Third Stone From The Sun" et "Are You Experienced?" sont autant d'orgies hallucinatoires à la limite de la transe dans lesquelles Hendrix innove en passant des parties de bandes à l’envers sur fond de sonorités étranges. La force des albums réside dans l’intensité et dans la contradiction des morceaux, ce qui aura comme effet de botter le cul au monde entier du début des 70’s… Son décès inopiné, ses délires psychédéliques, ses exploits sexuels, son look Gypsy et son statut de musicien black achèveront ce que la musique a commencée en faisant passer Super Jimi au statut d’icône du Rock. Amen.

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