Bienvenue chez les Neurotitans.

Hier il y avait vernissage d’une expo dans une galerie-boutique qui se spécialise en BDs alternatives et sérigraphies, Neurotitan. Endroit qui fait du bien à retrouver en plein coeur de Mitte, le quartier qui en est à sa deuxième (voire xième) phase de gentrification. Dans une mer de marques hip qu’on retrouvera partout dans le monde, une rafraîchissante arrière-cour a su résister à l’influence des devantures couleur néon aux produits trop chers. Les amies visiteuses étaient déjà toute bouche-bée devant la collection de graffitis qui accueillent l’oeil en arrivant, contentes.

Pour trouver vous aussi l’endroit, rendez-vous sur Rosenthaler Straße, dans la même arrière-cour il y a aussi le Kino Central, cinéma de répertoire aussi fort sympa.

Neurotitan est tout droit, dans le fond de la cour, un étage plus haut. Le thème de l’expo: Happy Ending, pour contrer toutes ces histoires d’amour qui finissent mal, en général.

Mon coup de coeur de la soirée: une artiste qui s’appelle Nina Pagalies, allez voir ses jolies illustrations ici  www.pagalies.com et là www.wortwusel.net.

Lobbyistes pour la majorité silencieuse?

En principe, l’Allemagne veut se débarrasser de ses centrales nucléaires. Le plan est donc de fermer définitivement les centrales existantes et de ne pas en implanter de nouvelles. Les lobbyistes ont travaillé fort pour faire en sorte que ce « programme d’abandon progressif » soit encore plus ralenti, ce qui fait en sorte que le gouvernement actuel a réussi à prolonger la durée de vie des centrales qui devaient être fermées sous peu de douze ans.

Samedi, il y a eu une grosse démonstration à Berlin pour protester contre cette décision: on estime le nombre de participants à 100 000 personnes. Conclusion logique du gouvernement: « oui, mais la majorité silencieuse est restée à la maison… »

Et quelle majorité était assise à votre table lorsque vous êtes arrivés à la conclusion qu’abandonner l’énergie nucléaire, ça ne pressait pas tant que ça?

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Vue de la Hauptbahnhof (gare centrale), un des points de rassemblements avant la démonstration.

Angela Merkel et Mr. Burns, un dream team.

Les risques d’un accident nucléaire à la Tchernobyl sont potentiels, et les déchets nucléaires, trop réels.

Si j’attends sept jours ça fera un an.

Dans une semaine, ça fera un an que je n’aurai rien écrit sur berlin et les autres. Ceux qui me suivent un peu savent que c’est à cause d’une autre, justement, qui a été explorée pendant presqu’un an: Istanbul.

Je tente un comeback en ces pages. Voyons voir si j’arriverai à tenir un rythme qui se tient. Je me donne une semaine pour m’y remettre pour vrai, question de partir une nouvelle année toute neuve.

Quitter Berlin pour une autre

Chers lecteurs, tout en continuant de vous aimer en pensée, l’auteure de berlin et les autres doit avouer avoir été très négligente envers vous ces derniers mois. Et elle s’en excuse profondément.

La bonne nouvelle, c’est qu’elle vient de changer de ville et pourra à nouveau s’émerveiller devant toutes les nouvelles choses qui lui arrivent, ou au moins quelques unes d’entre elles, ici même sur le world wide web.

Changement d’adresse, rendez-vous sur le blogue suivant pour découvrir une ville folle avec moi:

istanbul et les autres

(vous remarquerez la judicieuse constance).

Et Berlin, j’y reviendrai, comme toujours.

8 millions de personnages, un à la fois

Voici une autre: New York. Je n’y suis pas en ce moment, mais j’aime. Et je viens d’avoir un coup de coeur pour une superbe série produite par le New York Times alors je passe le mot.

« One in 8 Million » que ça s’appelle. Tout simple, mais parfait. Un récit, une voix, et de superbes photos N&B. Je suis séduite.

Comment j’ai survécu à la mort de Michael Jackson

Il y a des moments où on est déconnecté de toutes formes de communication contemporaine (oui, ça peut arriver) et où les bons vieux mécanismes de transmission de nouvelles se mettent en branle.

Ces derniers jours, j’étais en campagne, entourée d’une quantité incroyable de gens qui se passaient le mot: « hé, t’as entendu? Michael Jackson est mort ». Dans un tel contexte, on a le temps de se demander s’il ne s’agit pas d’une fausse rumeur qu’un plaisantin a décidé de faire circuler, juste comme ça, pour voir si ça marche. Mais bon, on a tôt su qu’il s’agissait de la vraie vérité et puis pourquoi pas, c’était bien un homme comme un autre ce Michael, ou même physiquement plus mal en point que la moyenne je dirais, et puis ça finit bien par mourir un jour, ces humains.

MichaelJackson

Tout de même, le contexte était particuler, presque ironique, puisque nous étions pour ainsi dire une immense masse de gens rassemblés dans un lieu qui aurait pu être baptisé « la version alternative de Neverland », si le rassemblement ne portait pas déjà le nom de: Fusion. 80,000 personnes, dit-on. La plupart étant des adultes qui refusent, par moments du moins, de grandir. Et qui aiment, comme le roi de la pop, danser.

header

(c'est écrit FUSION en alphabet cyrillique)

C’était mon premier séjour au sein de ce festival qui, comme vous le voyez de par les chiffres, a énormément gagné en popularité depuis les dernières 12 années que ça existe. Moi, je n’y étais pas tellement attirée, mais cette année, j’étais invitée à y travailler un peu pour financer notre collectif vidéo. Ce qui me donnait un accès à la zone « Backstage » avec nourriture tout inclue. Du fait, mon expérience se distingue peut-être un peu de celle des gens qui ont dû payer leur entrée et tout ce qui vient avec.

Mais quand même. Même avec les privilèges, je dois dire que je m’y rendais avec quelques préjugés. J’ai rejoint par train les autres amis partis plus tôt dans la journée. De la ville avoisinante jusqu’au terrain du festival, il fallait s’entasser dans des autobus-voyageur. Pendant le trajet qui sentait le vieux dreads mouillé, envahie de jeunes surexcités, je me demandais bien il allait être où, le fun. J’avais peur de me ramasser avec une gang de ravers qui veulent juste te masser tout le temps.

Mais une fois sur place, j’ai bien vu la variété humaine, toute sa panoplie de genres, dans toute sa splendeur, profiter des moindres recoins d’un immense ancien terrain militaire d’aviation. Oui, l’espace même était un hommage au passage du temps, de la Guerre Froide qui a laissé ses traces sans trop savoir quoi faire de ses ruines. Dans les hangars d’avion abandonnés, des scènes de tout genre, du théâtre expérimental au punk, du dub au cabaret absurde, du jazz au balkan beat. Et bien sûr, du techno et des ravers ravis. On peut pas s’en sortir complètement, quand même. En tout, une quinzaine de scènes officielles, toutes aussi fréquentées les unes que les autres, puis des performances spontanées dans chaque moindre recoin. Et puis partout, des installations lumineuses, avec des patentes amoureusement gossées dans du bois, du tissu ou des déchets récupérés. La scène de bricoleurs freaks de Berlin et Hambourg est riche, riche, riche.

Bref, partout de la folie. 24 heures sur vingt-quatre, programme sans interruption. Les gens ont leur tente, se relaient pour dormir, mais si peu. Le beat garde éveillé, de toute façon.

Et puis surtout: pas une affiche de commandite. Rien de corporate. Impensable, de nos jours. Fait du bien aux yeux. La seule pub qui puisse exister, c’est celle des collectifs qui gèrent un ou l’autre des aspects du festival: à l’entrée, un message clair aux néo-nazis avec des drapeaux de la brigade anti-fasciste. Ou là encore, le bar principal qui s’appelle « no deportation class » et ramasse des sous pour les droits des réfugiés. Des exemples.

Je n’avais pas mon appareil photo avec moi, de toute façon c’est le genre d’espace qui se photographie par petits bouts, et puis les petits bouts ne rendront jamais l’ensemble… Ne serait-ce que dans les moindres détails, genre, les voitures de la sécurité et des ambulanciers: des vieilles bagnoles toutes dégringolées trafiquées à la Mad Max ou recouvertes d’un tapis sculpté en forme de lapin, avec la carotte géante qui pend au bout d’une corde.

Tout de même, pour que mon blogue ne soit pas qu’un roman, voici deux belles photos d’un dénommé GuyInkognito, puis vous en verrez des tonnes d’autres dans le pool flickr consacré à la Fusion.

fusion_lumierefusion_foule

Après quatre jours entourée d’autant de gens, tu reviens à Berlin et les rues semblent bien vides. Mais je dois l’avouer, je n’étais pas déçue de remettre les pieds dans un petit village bien tranquille.

Ça va faire, les moutons.

mouton

Je porte régulièrement une tuque en plein mois de juin. Il est où, l’été berlinois?

Il a fait froid, donc, ces derniers jours. Parfois très beau, mais froid. Ça adonne peut-être bien pour moi qui doit passer les prochaines semaines devant un ordinateur, ou ensevelie sous une pile de livres et non pas au bord d’un lac en train de me sentir coupable de ne pas être devant mon ordinateur et ensevelie sous ladite pile.

Cette petit vent frais du mois de juin semble même porter un nom: Schafskälte, le froid des moutons. Un phénomène qui se produit en Europe Centrale, spécialement dans notre coin d’Allemagne. Conséquence: brrrrr. C’est relié, comme toujours on dirait, aux courants marins qui sont tout mélangés avec leurs températures.

Le nom bêlant et d’une sagesse ancestrale de ce temps frisquet nous indique qu’il s’agit d’un phénomène qui n’a rien à voir avec les temps modernes, le réchauffement climatique, tout ça. Ça s’appelle comme ça, parce que les sages éleveurs savaient qu’ils fallaient attendre après que le froid des moutons soit passé pour se mettre à la tondaine. En attendant, je me prendrais bien une petite peau de laine.

Terrains de jeux

Tempelhof

Samedi dernier, on diffusait ma correspondance à Macadam Tribus sur les changements architecturaux de Berlin et les tumultes concernant les grands espaces abandonnés. On peut entendre cela ici. J’y parle entre autres de l’aéroport de Tempelhof, fermé depuis octobre 2008. Un lieu chargé d’histoire. On ne sait pas trop encore quoi en faire – certains veulent le squatter, action prévue le 20 juin 2009.

Mon histoire personnelle est évidemment beaucoup plus courte et légèrement moins krass que celle de la ville de Berlin, mais n’empêche que certains lieux liés à la mémoire collective ont aussi marqué mon passage ici.  Je me souviens être arrivée par l’aéroport Tempelhof, il y a quatre ans, depuis Istanbul, un soir de février. Il neigeait un peu. Personne n’allait m’accueillir à mon arrivée, mais j’avais déjà un appartement qui se trouvait à quatre stations de S-Bahn de là, et des colocs qui, pour l’instant, étaient des inconnus. Tempelof était tout vide, pas de contrôle de passeport. J’ai dû croiser, en tout, deux fumeurs et une madame qui faisait du ménage. Sentiment indescriptible: j’arrivais dans mon nouveau chez-moi, sans que ça préoccupe personne. Devant la banalité d’une soirée tranquille d’un vieil aéroport, mon coeur souriait, je plongeais dans l’aventure.

C’est la seule fois que je suis passée par Tempelhof.

En vue du premier mai: Macadam Tribus

Un classique à Berlin, c’est la Fête du premier mai. Pour en savoir plus, écoutez ma dernière correspondance à Macadam Tribus ici.

Marqueurs de saisons

Le 29 mars, on a changé l’heure. Depuis, il a fait beau à Berlin. C’est comme l’été, ou presque. Le changement de saison ici est toujours assez troublant, on passe du maussade frette au beau soleil 20 degrés en une journée. Dimanche dernier, on a fêté notre abricotier en fleurs, un superbe rituel marqueur de saisons que je mentionnais l’an dernier.

Je me suis gavée de sushis préparés par notre Japonaise préférée, suivi de sucreries et d’une overdose de café, résultat: high du printemps. Yé.

abricotier

(La nuit précédente, je l’ai passée à l’extérieur, oui oui, j’ai dormi dehors sur la terrasse, tentant de capter la floraison de cet arbre fleuri live. On ne voit pas vraiment les fleurs éclore, mais l’effet du passage du temps se fait remarquer. Vous trouverez le résultat sous peu sur le site de mon fotoklüb. À suivre.)