lundi 22 octobre 2012

sourire d'étoiles




"Si Dieu nous prend un à un nos amis, c'est pour faire d'eux les étoiles de notre espérance et de notre ciel" Charles Journet


Après la pluie, le gris, les larmes, le paysage qui se déroule jusqu'à Paris, bleuit. Quelque chose de doux, comme une brume légère, nimbe les champs et l'âme, amortit la peine. Quelque chose de fort, des liens resserrés, petits miracles de la vie, petits signes du ciel, se dévoile comme jamais dans les rires et les pleurs. Des étoiles s'allument, immense espérance,au creux de chacun, des souvenirs reviennent. Merci cousine de nous offrir cette communion, cette grâce inouïe. Merci de nous rappeler qu'il faut sourire à la vie pour qu'elle nous sourie.


jeudi 6 octobre 2011

Ana


"La parole n'est qu'un bruit et les livres ne sont que du papier"
Paul Claudel

Je me souviens de ton rire, Ana, profond, chaleureux, tellement bon, de ta voix, de tes bras, enveloppants, accueillants, je me souviens qu'avec toi, je me sentais toujours bien.

Je me souviens de tes livres, Ana, ceux que tu as tellement aimés, ceux que tu m'as offerts, ceux que tu faisais circuler d'amis en amis.

Je me souviens Ana, des voyages qu'on a rêvé de faire ensemble "mais là tu commences à être trop pauvre pour moi" m'as-tu dit, "à moins que ce soit moi qui ne soit assez riche" et j'entends encore ton rire.

Je me souviens Ana, de ton petit carnet et de ton écriture ronde qui remplissait toutes les pages, des citations, des réflexions, des noms… je me suis toujours demandée comment tu pouvais y retrouver quoi que ce soit.

Je me souviens Ana, de mon dernier appel, j'te rappelle m'as-tu dit, et ce morceau de voix suspendu, reste là à t'attendre.

Je me souviens Ana, de ta rudesse parfois, claire, sincère, mais surtout de ta tendresse infinie.

Je me souviens Ana, j'ai toujours laissé vierges les papiers que tu m'as offerts, tu trouvais ça dommage. Aujourd'hui, ils sont intacts comme les souvenirs et j'aime ça.

Je me souviens de tes "ma belle", "mon coeur", je me souviens de tout ce qui me faisait chaud au coeur à l'instant même où je passais la porte de ta boutique.

J'avais beau écrire "je me souviens", je m'adressais à toi, au présent, dans l'instant et je ne réalisais rien de cette absence, de ce silence, de ce vide immense. J'avais beau écouter tous ces "je me souviens", je n'entendais rien, ce n'était pas toi, là, entre ces planches de bois, sous ces monceaux de roses. Toi tu étais là.
C'est seulement, plus tard, quand je suis arrivée rue du Pont Louis Philippe, et plus tard quand j'en suis partie, plus tard, le soir, la nuit, que la vérité m'a frappée, de plus en plus fort.
J'ai pensé à ces lieux familiers où j'arrivais presque toujours à l'improviste, à ces lieux où tu m'accueillais toujours d'un "mon coeur", "ma belle", où l'on refaisait le monde, où je venais te chercher pour explorer un ailleurs...
La vérité est bien là, brusque et rude, mais je veux croire que ton âme rit encore, là, tout à côté.

vendredi 30 septembre 2011

3 ans déjà

François avait un sourire bienveillant et malicieux à la fois
François était un grand monsieur par sa taille et par sa générosité,
par sa culture et par son humilité
François avait étudié la littérature, l’égyptologie, l’hébreux, la
philosophie et ne cessa jamais de nourir sa curiosité
François pratiqua un grand nombre de métiers avant d’exercer
celui qui lui tenait le plus à coeur, la psychanalyse
La maison de François devait être une véritable arche de Noé
François avait le physique d’un patriarche
On aurait pas imaginé François sans sa barbe. François parlait
souvent dans sa barbe
François promenait toujours avec lui une lourde sacoche noire,
remplie à ras bord, jamais fermée, comme lui, débordante de
générosité et ouverte au monde
François est parti brutalement, dernier geste d’élégance de sa
part. Il n’aurait pas aimé que l’on s’appitoye
François a laissé de nombreux orphelins sur sa trace. Chacun
ignorant jusque là combien étaient nombreux ses frères, chacun
trouvant à partager sa peine au pied de son tombeau.
François a marqué les esprits et restera longtemps dans les
mémoires et dans les coeurs.
François était comme un père et comme une mère aussi, il ne
jugeait jamais, accompagnait plutôt, enveloppait même d’un présence
rassurante.
François n’avait pas besoin de parler pour être chaleureux.
François est le seul homme que je connaisse qui savait ronchonner
sans avoir l’air ronchon
François est le seul homme que je connaisse qui savait transmettre
sans avoir l’air de savoir. Ce qu’il a transmis venait du
coeur plus que de l’esprit.
François adorait les mots d’esprit
François jouait avec les mots, les échos et les miroirs
François fumait trop et il le savait
François ne voulait probablement pas faire de vieux os
François parlait peu, il écoutait surtout
François rabrouait sa bien-aimée en public, c’était sa manière
à lui d’être discret
François aimait se retirer sur une île
François avait eu un fils, il n’en parlait jamais, sa fille écrit
des romans où les hommes partent toujours trop tôt
François avait un problème avec le temps, il é(tait toujours en
retard pourtant il est parti bien trop tôt
François tremblait légèrement et respirait mal. Ce qui chez
d’autre aurait été faiblesse, chez lui se muait en force d’apaisement.
Fançois avait un frère qui était célèbre mais il ne le disait pas.
J'ai su le jour de mon anniversaire, que François était parti. Il s’est bien
arrangé pour que je n’oublie jamais.
Fançois aimait les blagues, les pirouettes, les farces et on a
bien du mal à croire au dernier tour qu’il nous a fait.

vendredi 2 septembre 2011

liste d'attentes

"Pourquoi certains arrivent-ils toujours en avance ? parce qu'il pensent : "on ne m'aime pas assez pour m'attendre". Pourquoi d'autres arrivent-ils toujours en retard ? parce qu'ils pensent : "on doit m'aimer assez pour m'attendre" Françoise Giroud "la Rumeur du Monde"

attendre qu'il se réveille, qu'il se réveille vraiment, attendre qu'il se lève, qu'il vienne prendre son petit déjeuner, qu'il le termine pour que l'on puisse prendre un petit café, car vous l'attendez pour prendre votre petit café, vous attendez toujours,
attendre qu'il quitte son ordinateur, oui oui j'arrive, une demi-heure plus tard, j'arrive, j'en ai pour deux minutes, qu'il prenne sa douche, j'en ai pour 5 minutes, attendre dix minutes de plus, attendre qu'il arrive vraiment, attendre qu'il soit prêt, qu'il prenne sa veste, ses clefs, qu'est-ce qu'il a fait des clés, son porte-feuille, ses clés de voiture, attendre qu'il soit fin prêt, qu'il vérifie qu'il a bien tout, qu'il ferme la porte, qu'il descende l'escalier, qu'il vérifie qu'il a bien fermé, qu'il cherche le courrier dans sa boite un dimanche, qu'il arrive tout sourire, le pas assuré, on y va je t'attends moi, il plaisante, attendre qu'il se décide, le beige ou le gris, le gris ou le kaki, le gris plutôt, non le kaki enfin qu'est-ce que tu en penses, le gris est bien, le beige aussi, attendre qu'il prenne bien le temps de choisir, de réfléchir, de peser, d'argumenter, de demander conseil, de ne pas les suivre, de réessayer, de marcher de long en large, d'hésiter encore… attendre qu'il choisisse sur une carte, qu'il termine son entrée, qu'il commence son plat, attendre qu'il finisse sa conversation au téléphone, son déjeuner, sa réunion, son rendez-vous, attendre qu'il rentre, qu'il ait fini ses courses, qu'il ait le temps de rentrer, de prendre une douche, attendre qu'il ait le temps de préparer quelque chose, lui laisser le temps de préparer et arriver trop tôt, bien trop tôt, toujours trop tôt, pour qu'il ait eu le temps de s'occuper du dîner, de s'occuper de quoi que ce soit, attendre qu'il termine ce qu'il est en train de faire, vous savez bien qu'il ne peut pas faire deux choses à la fois, attendre ou bien se servir soi-même, lui servir un petit verre, se servir un petit verre, attendre encore qu'il soit disponible, qu'il soit là rien que pour vous, deux minutes, cinq minutes, qu'il déguste son petit verre, on a bien le temps non, il est dix heures, il n'y a plus d'eau dans la casserole pour faire cuire les pâtes, attendre que l'eau bout à nouveau, attendre 7 minutes supplémentaires, al dente, les pâtes, attendre qu'il les savoure, qu'il se resserve, qu'il termine, qu'il arrive, qu'il soit là, attendre et aimer, aimer et attendre, apprendre à cesser d'attendre sans cesser d'aimer, s'aimer assez pour se faire attendre, apprendre à le faire attendre, encore, encore et encore, assez pour ne plus être en avance

vendredi 6 mai 2011

points de suspension


Oh temps suspend ton vol… Les souvenirs affluent à la surface des images, les mots du lac, lac des cygnes, belle au bois dormant, les mots de l'enfance, les souvenirs de ballets et de contes de fée. Mais on est loin ici de l'ambiance attendue, poudrée et rose, on est hors du temps, suspendu, immobile, capté par la grâce, la candeur, surpris par un fou rire, retenu par une émotion, un élan, une question…

Encore une fois, Emmanuel pose un regard différent. Chorégraphe de la lumière et de l'émotion, il surprend, chez ces petites danseuses, le tourbillon du quotidien, pour saisir un pur moment de poésie.


les photos Danse d'Emmanuel sont sur son site
http://www.emmanuel-louis.fr

vendredi 4 mars 2011

fil rouge


Je rentre chez moi par le chemin des écoliers, je flâne le nez en l'air, l'air est pur, le ciel est clair, froid, rien ne presse, les jours rallongent. Je marche, descends les escaliers, tourne à gauche, marche encore puis m'arrête, attirée par quelque chose, je ne sais pas encore quoi, je reviens en arrière, c'est un pull, un pull rouge sous cellophane, un pull magnifique, on dirait du cachemire, doux et lisse, soyeux, vif et comme neuf dans son emballage translucide, il trône au dessus d'une poubelle. Un peu plus loin, des SDF m'avaient fait signe, ici le cachemire se donne, je continue sur mes pas, curieux ce don inattendu, ce rouge dans la grisaille, ce luxe dans la rue triste, mais qui l'emportera ? Je fais quelque pas et vois sur la chaussée un collier rouge, restes de collier aux perles à moitié écrasées. Je traverse, un bonbon acidulé emballé de rouge est tombé entre les voies. Curieux ce rouge depuis quelques mètres qui m'attire comme les cailloux du petit Poucet. Pull, collier, bonbon, signes, aimants, commencements, et si je tenais là le début d'une histoire simple, une jeune femme et un enfant, une voiture qui ne s'arrête pas, pas question de retourner en arrière, tant pis pour le bonbon, tant pis pour le collier, elle ne sait pas encore qu'elle l'a perdu, il l'a vu lui mais il ne dit rien, la voiture est déjà là, le collier crisse. Plus loin, plus très loin de chez moi, de chez elle, il y a un homme au chapeau large et au pantalon rouge, clown triste des temps modernes, joie feinte, masque délibéré. Attirée par le rouge, j'ai marché un moment. Au delà des hasards poétiques et fugaces, j'ai trouvé du rouge et encore du rouge, là une vieille 2CV, à droite une porte cochère d'un beau rouge et plus haut une fenêtre au chambranle rouge… je rentre plus riche de ce parcours joyeux, le rose aux joues et le coeur regonflé, l'envie de raconter, d'inventer, de jouer à nouveau.

samedi 29 janvier 2011

Etre soi-même

« Tout ce que tu peux faire dans la vie, c'est être toi-même. Certains t'aimerons pour qui tu es. La plupart t'aimeront pour les services que tu peux leur rendre, d'autres ne t'aimerons pas ».
Rita Mae Brown

 


Etre soi-même, ça revient souvent dans la bouche d'Emmanuel. Etre soi, être vrai, ne pas tricher avec l'autre, ne pas tricher avec soi, accepter l'autre comme il est, s'accepter pour le meilleur et pour le pire, tant pis pour l'orgueil, pour l'image qu'on aurait aimé donner. Ca sonne tellement plus juste. C'est plus mûr aussi, plus apaisé. Après les grandes épopées passionnées de l'adolescence, c'est bon d'être aimé pour ce qu'on est, d'abandonner ce que l'on aurait voulu être ou paraître, de savoir montrer ce qui est, d'accepter la vérité crue, nue. C'est différent de ce que l'on croyait, mais c'est beau aussi, une beauté sans fard, une beauté profonde, lumineuse, qui ne renonce pas à sa part d'ombre.
Emmanuel ne cherche pas la beauté lisse, sans ride, sans expression des magazines, Emmanuel préfère surprendre l'émotion, la gravité, la sensibilité dans un regard, une moue, un froncement de sourcil. Et celui qui est regardé comme ça, apprend à se regarder autrement, à aimer cette ride là autour de l'oeil, cette moue, cette expression qu'il ne se connaissait pas.
Emmanuel prend son temps, il prend le temps de parler, de faire parler, il prend le temps qu'il faut pour que la confiance s'instaure, il prend le temps de regarder, il n'impose rien, le moins possible. Il laisse venir, il guette l'instant magique, il le saisit, il l'a, il le sait, c'est dans la boite. Il prend le temps encore de regarder chaque prise, de faire le choix, de retenir le meilleur, il y revient, il se conforte dans son choix et il peaufine. La beauté nue sera mieux dévoilée si le noir est plus profond, le blanc plus pur. La beauté est travaillée mais elle n'en reste pas moins vraie.

à propos d'Emmanuel Louis sur le site d'Emmanuel Louis
http://www.emmanuel-louis.fr