INTERVIEW 
 
Claire Gagnaire
Country Manager
Sabre France et Benelux
Claire Gagnaire
"Nous allons renforcer nos investissements en Europe et en France"
En décembre 2006, le GDS Sabre, mais aussi les agences de voyages en ligne Travelocity et Lastminute ont été rachetés par deux fonds d'investissement. La responsable France du groupe revient sur la stratégie du GDS.
(22/03/2007)
 

(Article modifié le 28/03/07) JDN. La Commission européenne et le Département américain de la justice ont donné récemment leur feu vert à l'acquisition en décembre 2006 de Sabre par les fonds d'investissement Texas Pacific Group et Silver Lake. Qu'est-ce que ce rachat change pour Sabre ?
Claire Gagnaire. Concrètement, au niveau du management international, rien ne change, il reste en place. Et la stratégie concernant les projets programmés sur 2008 et 2009 est inchangée. Nous allons suivre les grands axes de développement qui avaient été définis avant notre rachat. La seule nouveauté est plutôt un avantage. Comme nous sommes désormais adossés à un grand groupe, les décisions sont beaucoup plus rapides.

Et pour Sabre France ? On parle d'un plan d'économie aux Etats-Unis.
Effectivement. Mais ce plan d'économie ne touche pas la France. Il n'est d'ailleurs pas récent puisqu'il est à l'oeuvre depuis deux ans. En fait, il s'agit essentiellement d'optimiser les coûts. Il s'est concrétisé par la création d'un customer center à Montevideo en Uruguay et plus récemment, d'un centre d'expertise en Pologne (Contrairement a ce que nous avions indiqué précédemment, Sabre n'a pas de help desk en Croatie).

Quels sont les grands axes de développement que vous évoquiez ?

Nous allons poursuivre nos investissements au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique, mais aussi renforcer ceux que nous avons engagés en Europe où la part de marché de Sabre est plus petite qu'ailleurs en raison de la domination d'Amadeus. Nous allons également continuer à améliorer nos technologies et poursuivre la migration de Lastminute sur la plate-forme de réservation Sabre. Ce plan de migration court jusqu'en 2009 et s'effectuera progressivement pays par pays. En France, il est déjà à l'oeuvre et concerne pour le moment la base des tarifs négociés.

L'amélioration de vos technologies concerne quels points en particulier ?
Nous travaillons toujours au perfectionnement de notre nouvelle plate-forme My Sabre permettant un accès au moteur de réservation via le Web, ainsi que sur notre nouvelle plate-forme aérienne. Au delà, pour le marché français, nous améliorons nos outils pour faciliter les réservations ferroviaires. Ce dernier projet devrait voir le jour au milieu de l'année.

Nous travaillons avec 650 agences en France."

Comment évolue votre portefeuille d'agences en France ?
Il est relativement stable par rapport à l'année précédente. Nous travaillons toujours avec quelques mini réseaux intégrés tels que Club Voyages ou encore Jancarthier, mais aussi avec des réseaux d'agences plus importants comme Directours. Au total, nous disposons d'un portefeuille de 650 agences en France. Mais cette année, notre volonté est de faire croître ce chiffre en développant notre présence chez les agences de voyages d'affaires appartenant aux réseaux CarlsonWagonlit ou encore Amex.

Parallèlement, où en êtes-vous dans vos négociations de contrat avec les compagnies aériennes ? L'année 2006 a été, je crois, relativement difficile dans ce domaine.
En fait, il y a eu une anticipation de la part du groupe. Certaines compagnies aériennes voulaient se passer des GDS. Nous avons négocié et finalement, la plupart des compagnies se sont de nouveau engagées avec nous pour cinq à sept ans. En Allemagne, nous avons également resigné un accord avec Lufthansa. En France en revanche, nous sommes toujours en négociation avec Air France, mais les choses se présentent plutôt bien.

Quels étaient les enjeux de ces négociations et sur quels principes reposent ces nouveaux contrats ?
En fait, chacun a dû faire des concessions. Pour avoir accès à la totalité des offres des compagnies aériennes, y compris celles vendues en direct sur le Net, nous avons dû renégocier nos tarifs. En échange, outre un maximum de contenu, nous avons également obtenu des engagements marketing sur différents pays. Désormais, si nous proposons une nouvelle fonctionnalité telle que la réservation de groupes par exemple, les compagnies aériennes intègrent également cette fonction.

Pour nous, agences en ligne et agences physiques ne sont pas concurrentes."

Si Sabre est un GDS, c'est aussi de la distribution directe sur Internet avec Travelocity et Lastminute en France, un système de réservation de voyages d'affaires et un autre de séjours... Quelle est votre stratégie générale de distribution et comment articulez-vous votre projet Web à vos autres activités ?
Notre agence de voyages en ligne nous permet certes de vendre sur le Net, mais aussi de développer des technologies Web et du contenu que nous pouvons ensuite proposer aux agences de voyages physiques qui travaillent avec nous. C'est le cas notamment du système de package dynamique. Il a été développé pour les agences en ligne, mais il peut également être intégré par les agences de voyages traditionnelles. Pour nous, ces différents canaux ne sont donc pas concurrents.

Où en est Sabre Destinea, le portail loisirs que vous avez lancé en septembre 2006 et qui permet aux agences de voyages d'accéder directement aux sites BtoB de 27 tour-opérateurs ?
Cette activité est encore jeune. Aujourd'hui, 80 agences disposent de ce service Web qui est accessible sur My Sabre via un forfait de 59 euros par mois auquel s'ajoute une commission de 0,5 % du chiffre d'affaires réalisé par l'agence via cet outil. Ce service devrait d'ailleurs continuer à évoluer car il correspond à un véritable besoin. Notre métier n'est toutefois pas d'être un tour opérateur. Notre objectif avec Destinea est plutôt de fidéliser les agences en leur apportant un nouveau business. Un enjeu d'autant plus important qu'il existe aujourd'hui sur ce marché d'autres outils concurrents.

Les agences sont donc toujours au coeur de votre stratégie ?
Oui. Nous sommes persuadés que les agences physiques continueront de jouer un rôle important dans ce secteur. D'ailleurs, les agences en ligne sont de plus en plus nombreuses à s'appuyer sur un réseau d'agences.

Que pensez-vous des projets alternatifs tels que Star Alliance ? Représentent-ils une menace pour vous ?
On en a beaucoup parlé à une époque. Mais ils ne nous menacent pas vraiment. Leur offre est beaucoup trop réduite.

Et les moteurs de recherche ainsi que les comparateurs ?
C'est autre chose. Les requêtes qui passent par ces outils représentent un véritable coût pour nos systèmes, car chacune d'entre elles les sollicite énormément. Ce n'est pas un petit problème. Nous négocions d'ailleurs en ce moment avec Google au niveau mondial pour essayer de trouver une solution à cette question.

 
 
Propos recueillis par Rédaction JDN & JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Claire Gagnaire, 38 ans, est titulaire d'une maîtrise de langues étrangères appliquées

1990 : elle entre chez Air Inter où elle occupe le poste d'agent de réservation à Paris, puis à Nantes

1991 - 1992 : elle rejoint TAT en tant qu'agent de réservation

1993 - 2000 : elle rentre chez Amadeus où elle occupe différentes fonctions telles qu'assistante clientèle, formatrice d'agents de voyages, responsable grands comptes (Amex, Selectour, Carlson Wagonlit Travel...), puis devient responsable du service partenaire jusqu'en 2000 (relation avec les compagnies aériennes, hôteliers, loueurs de voitures, assureurs, compagnies de Ferry et SNCF)

2000 - 2002 :
par la suite, elle intègre Carlson Wagonlit Travel en tant que directrice de clientèle, où elle est chargée des relations commerciales et plus précisément du suivi et des négociations de contrats avec des grands comptes (Peugeot, Texas Instruments, BNP Paribas…)

2003 : elle rejoint Sabre Travel Network au poste de responsable du service clients pour la France et le Benelux.

2004 : elle est nommée Country manager de Sabre France et Benelux en janvier 2004.

   
 
 
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