Six mois ferme pour l'ex-préfet qui agressait des femmes

 Six mois ferme pour l'ex-préfet qui agressait des femmes

    «Je ne suis ni Strauss-Kahn ni ministre. J'ai commis une immense erreur, mais je demande l'indulgence. » A la barre du tribunal d'Evry mercredi, l'ancien préfet Jean-Claude Raynaud, 75 ans, tente de déconnecter les agressions sexuelles pour lesquelles il est jugé des affaires actuelles survenues à New York et à Draveil. Peine perdue. Impossible de ne pas voir des ressemblances troublantes dans ces histoires mêlant pouvoir et libido. Ancien chef de cabinet de Chirac, Rocard ou Fabius, Jean-Claude Raynaud a été condamné hier à quarante-deux mois de prison dont six ferme pour avoir abusé sexuellement d'au moins trois justiciables, en 2007, dans son bureau de délégué du procureur à Athis (Essonne).

    Chantage

    Le 13 mars 2007, Camilla*, 35 ans, est convoquée chez le délégué du procureur pour un rappel à la loi après avoir frappé son enfant. Une fois dans le bureau de Jean-Claude Raynaud, celui-ci l'intimide, se fait même passer pour le procureur d'Evry et raconte son passé de préfet. Il lui dit qu'il a le pouvoir d'inscrire ou non cette peine sur son casier judiciaire, ce qui signifie perte de travail et de la garde des enfants pour Camilla. Désemparée, elle sanglote. Jean-Claude Raynaud se penche vers elle et l'embrasse sur la joue, puis à deux reprises sur la bouche. « Vous croyez vraiment que cette justiciable paniquée, mise sous chantage au casier judiciaire, avait un moyen de dire non? » s'étrangle Eric Gillet, le président du tribunal. Le délégué du procureur déclare à la jeune femme qu'il manque un papier pour clore son dossier et qu'il va falloir qu'ils se revoient.

    Quatre jours plus tard, le samedi, Camilla vient au rendez-vous, munie d'un dictaphone pour prouver qu'elle est victime du délégué du procureur. Il l'emmène en voiture dans un parking, lui caresse les seins et le corps et demande à se faire masser le sexe. Pour rassurer la jeune femme, il sort une pancarte « police ». Quelques jours plus tard, Camilla porte plainte. Placé en garde à vue, Jean-Claude Raynaud fanfaronne : « Je demande une protection judiciaire immédiate, je veux mettre fin à cette mascarade, je connais le ministre de l'Intérieur », annonce-t-il aux enquêteurs du commissariat de Draveil.

    Ces derniers auditionnent 68 femmes sur les 2000 que le délégué du procureur a reçues dans son bureau à Athis. Quatre d'entre elles confirment avoir été ouvertement et lourdement importunées par Jean-Claude Raynaud lorsqu'elles sont venues signer leur rappel à la loi. Deux autres ont aussi porté plainte pour avoir été caressées sans consentement après un chantage.

    * Le prénom a été changé.