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LA
MONTAGNE MOUVEMENT
l’aventure de la physique – vol. ii
la relativité
www.motionmountain.net
Christoph Schiller
La Montagne Mouvement
L’Aventure de la Physique
Volume II
La Relativité
Vingt-troisième édition.
τῷ ἐµοὶ δαὶµονι
Die Menschen stärken, die Sachen klären.
PR É FAC E
Traduit de l’anglais par Benoît Clénet disponible gratuitement sur www.motionmountain.net Copyright © Christoph Schiller Novembre 1997–Mai 2010
restreinte impose une limite aux vitesses de l ’énergie ; la relativité générale circonscrit
la force par la force maximale F ⩽ c 4 /4G. On montre que dans le cadre de ces deux
domaines, toutes les équations découlent de ces limitations. Cette manière simple, intui-
tive et inhabituelle d ’appréhender la relativité et la cosmologie devrait récompenser la
curiosité de chaque lecteur – qu ’ il soit étudiant ou professionnel.
Dans la structure de la physique moderne, indiquée sur la Figure 1, la relativité re-
couvre deux domaines importants. Le présent volume – le deuxième d ’une collection
qui en compte six – propose un tour d ’ horizon de la physique ; il résulte d ’une triple as-
piration que j’ai poursuivie depuis 1990 : présenter le mouvement d ’une manière simple,
moderne et vivante.
Afin d ’être simple, le texte se focalise sur les concepts, tout en donnant aux mathé-
matiques le niveau minimum nécessaire. La priorité est donnée à la compréhension des
concepts de la physique plutôt qu ’à l ’utilisation des formules dans les calculs. Tout ce
texte est à la portée d ’un étudiant qui accède au premier niveau universitaire.
Afin d ’être moderne, ce texte est enrichi par les nombreux joyaux – aussi bien théo-
riques qu ’empiriques – qui parsèment la littérature scientifique.
Afin d ’être vivant, ce texte tente de surprendre le lecteur autant que possible. Lire un
livre de physique générale, ce devrait être comme assister à un spectacle de magie. Nous
observons, nous nous étonnons, nous n’en croyons pas nos yeux, nous réfléchissons, et
finalement nous comprenons le truc. Lorsque nous observons la nature, nous faisons sou-
vent cette même expérience. C ’est pourquoi chaque page propose au moins une surprise
ou une provocation qui mettra la sagacité du lecteur à l ’épreuve. Un grand nombre de
défis intéressants sont proposés.
La devise de ce texte, die Menschen stärken, die Sachen klären, une phrase célèbre sur
la pédagogie due à Hartmut von Hentig, se traduit ainsi : « Fortifier les hommes, clarifier
les choses ». Clarifier les choses nécessite du courage, puisque changer les habitudes de
pensée engendre la peur, souvent masquée par la colère. Mais en surpassant nos peurs
* « D’abord émouvoir, ensuite enseigner ». Dans les langues modernes, ce type mentionné de mouvement
(celui du cœur) est souvent appelé motivation : ces deux termes sont issus de la même racine latine.
8 préface
Théorie quantique
Mécanique quan-
des champs
tique et gravitation
Aventures : bâtir des
Relativité Générale Aventures : neutrons
accélérateurs, compren-
Aventures : le qui rebondissent, com-
dre les quarks, étoiles,
ciel nocturne, me- prendre la crois-
bombes et fondements
surer la courbure sance des
de la vie, la matière,
de l’espace, explo- arbres.
le rayonnement.
rer les trous noirs
et l’univers, Comment se déplacent
l’espace et le les objets minuscules ?
temps.
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Que sont les choses ?
F I G U R E 1 Une carte complète de la physique : les connexions sont définies par la vitesse de la lumière
c, la constante de la gravitation G, la constante de Planck h, la constante de Boltzmann k et la charge
élémentaire e.
nous gagnons en force. Nous ressentons alors des émotions intenses et enivrantes. Toutes
les grandes aventures de la vie – et explorer le mouvement en est une – mènent à cela.
R emerciement
C onseil au lecteur
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Le texte en vert, que l ’on trouve dans un grand nombre de notes en marge, signale un
lien sur lequel on peut cliquer dans un lecteur pdf. Ces liens en vert sont soit des réfé-
rences bibliographiques, des notes de bas de page, des références croisées vers d ’autres
pages, des solutions aux défis ou des pointeurs vers des sites Web.
Les indices et solutions des défis sont donnés dans l ’annexe. Les défis sont classés
ainsi : niveau recherche (r), difficile (d), niveau étudiant standard (s) et facile (e). Les
défis des types r, d ou s pour lesquels aucune solution n’a encore été incorporée dans le
livre sont marqués (pe).
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marcher ? 51 • La vitesse de l ’ombre est-elle plus grande que la vitesse de la lu-
mière ? 51 • La parallèle à une parallèle n’est pas parallèle – la rotation de Tho-
mas 54 • Une histoire sans fin – température et relativité 55
56 Mécanique relativiste
La masse en relativité 56 • Pourquoi le jeu du billard relativiste est plus difficile 58 •
La masse est de l ’énergie concentrée 59 • Collisions, objets virtuels et tachyons 62
• Systèmes de particules – absence de centre de masse 64 • Pourquoi la plupart
des mouvements sont-ils si lents ? 65 • L’ histoire de la formule de l ’équivalence
masse–énergie de De Pretto et Einstein 65 • Quadrivecteurs 66 • Quantité de
mouvement relativiste 69 • Quadriforce 71 • La rotation en relativité 71 • Mouve-
ment ondulatoire 73 • Action d ’une particule libre – comment les choses bougent-
elles ? 74 • Transformations conformes – pourquoi la vitesse de la lumière est-elle
constante ? 75
77 Observateurs en accélération
Accélération pour des observateurs inertiels 79 • Référentiels accélérés 80 • Ho-
rizons des événements 84 • L’accélération modifie la couleur 86 • La lumière
peut-elle aller plus vite que c ? 86 • Qu ’est-ce que la vitesse de la lumière ? 87 •
Limites sur la longueur des corps solides 88
90 La relativité restreinte en quatre propositions
La vitesse de la lumière a-t-elle pu fluctuer ? 90 • Que se passe-t-il près de la vitesse
de la lumière ? 91
92 2 Relativité générale : gravitation, vitesse maximale et force
maximale
Force maximale – toute la relativité générale dans une formule 93 • Les limites
d ’une force et d ’une puissance maximales 94 • L’évidence expérimentale 97 •
En déduire la relativité générale 98 • L’espace-temps est courbé 103 • Conditions
de validité des limites de la force et de la puissance 105 • Expériences de pensée et
paradoxes sur la force limite 105 • Expériences de pensée sur la puissance limite
et le flux limite de masse 111 • La vérité se cache 114 • Une compréhension intui-
tive de la relativité générale 115 • Une perception intuitive de la cosmologie 118 •
Défis expérimentaux pour le troisième millénaire 119 • Un résumé de la relativité
générale 120 • Remerciements 121
12 table des matières
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• Gravitation universelle 176 • La métrique de Schwarzschild 177 • Curiosités et
défis amusants sur la courbure 177
178 Universalité des observateurs – Mathématiques plus profondes
La courbure de l ’espace-temps 178 • La description de la quantité de mouvement,
de la masse et de l ’énergie 179 • Action de Hilbert – Comment les choses tombent-
elles ? 181 • Les symétries de la relativité générale 182 • Équations du champ d ’ Ein-
stein 183 • Supplément sur la force limite 186 • Retrouver la gravitation univer-
selle 187 • Retrouver la relativité générale linéarisée 187 • Comment calculer la
forme des géodésiques 188 • La masse en relativité générale 190 • La gravité est-
elle une interaction ? 190 • L’essence de la relativité générale 192 • Gymnastique
de Riemann 192 • Curiosités et défis amusants sur la relativité générale 195
196 5 Pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ? – Le mouvement
dans l ’ Univers
Quelles étoiles pouvons-nous admirer ? 196 • Que voyons-nous la nuit ? 199 •
Qu ’est-ce que l ’ Univers ? 204 • La couleur et le mouvement des étoiles 205 • Les
étoiles brillent-elles toutes les nuits ? 208 • Une brève histoire de l ’ Univers 210
• L’ histoire de l ’espace-temps 214 • Pourquoi le ciel est-il noir la nuit ? 219 •
L’ Univers est-il ouvert, fermé ou situé entre les deux ? 221 • Pourquoi l ’ Univers
est-il transparent ? 223 • Le Big Bang et ses répercussions 223 • Le Big Bang fut-il
un Big Bang ? 224 • Le Big Bang fut-il un événement ? 224 • Le Big Bang fut-il un
commencement ? 225 • Le Big Bang implique-t-il une création ? 226 • Pourquoi
pouvons-nous voir le Soleil ? 226 • Pourquoi les couleurs des étoiles sont-elles diffé-
rentes ? 228 • Existe-t-il des étoiles sombres ? 229 • Toutes les étoiles sont-elles dif-
férentes ? – Lentilles gravitationnelles 230 • Quelle est la forme de l ’ Univers ? 232
• Qu ’y a-t-il derrière l ’ horizon ? 233 • Pourquoi y a-t-il des étoiles dans tous les
recoins du ciel ? – L’ inflation 233 • Pourquoi y a-t-il si peu d ’étoiles ? – Le contenu
en énergie et en entropie de l ’ Univers 234 • Pourquoi la matière est-elle amassée
en grumeaux ? 235 • Pourquoi les étoiles sont-elles si petites par rapport à l ’ Uni-
vers ? 236 • Les étoiles et les galaxies sont-elles en train de s’éloigner les unes des
autres ou est-ce l ’ Univers qui se dilate ? 236 • Y a-t-il plus d ’un Univers ? 236 •
Pourquoi les étoiles sont-elles figées ? – Bras, étoiles et principe de Mach 236 • Au
table des matières 13
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274 a Unités, Mesures et Constantes
Unités naturelles de Planck 277 • Autres systèmes d ’unités 279 • Curiosités et
défis amusants sur les unités 280 • Précision et exactitude des mesures 286 •
Constantes physiques fondamentales 287 • Nombres utiles 292
294 Bibliographie
320 Indices et solutions des défis
329 Crédits
Remerciements 329 • Crédits photographiques 330
La Relativité
V I T E S SE M A X I M A L E , OB SE RVAT E U R S
“
Fama nihil est celerius*.
”
L a lumière est indispensable pour une description précise du mouvement. Une
igne ou une trajectoire donnée d ’un mouvement est-elle droite ? Pour le savoir, nous
devons l ’ inspecter sur toute sa longueur. En d ’autres termes, nous faisons usage de la
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lumière pour définir la rectitude. Comment pouvons-nous décider qu ’une surface est
plane ? Nous l ’ inspectons sous tous les angles**, encore une fois en utilisant la lumière.
Comment observons-nous le mouvement ? À l ’aide de la lumière. Comment mesurons-
nous une longueur avec une très grande précision ? Avec la lumière. Comment mesurons-
nous le temps avec une très grande précision ? Avec la lumière : autrefois c ’était la lumière
Page 274 du Soleil qui était utilisée, de nos jours c ’est la lumière des atomes de césium.
La lumière est primordiale parce qu ’elle représente l ’étalon de mesure pour le mouve-
ment non perturbé. La physique aurait évolué beaucoup plus rapidement si, à une certaine
époque reculée, la propagation de la lumière avait été reconnue comme étant l ’exemple
parfait du mouvement.
Mais la lumière est-elle réellement un phénomène lié au mouvement ? Ce problème
était déjà soulevé dans la Grèce antique, à partir d ’une simple réalité quotidienne :
l ’ ombre. Les ombres démontrent que la lumière est une entité qui se déplace, éma-
nant d ’une source lumineuse, et avançant en lignes droites***. La conclusion évidente
* « Rien n’est plus rapide que la rumeur. » Cette citation familière est une version simplifiée de la sentence
de Virgile : fama, malum qua non aliud velocius ullum. « La renommée, de tous les maux le plus véloce. »
Tiré de l ’ Énéide, livre IV, vers 173 et 174.
** Remarquez qu ’observer une surface plane sous tous les angles n’est pas suffisant pour cela : une surface
qu ’un rayon lumineux caresse tout le temps sur toute sa longueur dans toutes les directions n’est pas néces-
sairement plane. Pouvez-vous en donner un exemple ? Nous avons besoin d ’autres méthodes pour vérifier
Défi 2 s la planéité à l ’aide de la lumière. Pouvez-vous en citer une ?
*** À chaque fois qu ’une source produit des ombres, les entités émises sont appelées rayons ou rayonnements.
Excepté la lumière, d ’autres exemples de rayonnements furent découverts par le truchement des ombres :
les rayons infrarouges et les rayons ultraviolets, qui, avec la lumière visible, émanent de la plupart des sources
lumineuses, et les rayons cathodiques, qui s’avérèrent être associés au mouvement d ’une nouvelle particule,
l ’ électron. Les ombres conduisirent également à la découverte des rayons X, qui se révélèrent être une nou-
velle fois une variante de la lumière, dans le domaine des hautes fréquences. Les rayons ionisants furent aussi
découverts via leurs ombres : ils sont constitués d ’atomes ionisés en mouvement. Les trois variantes de la
radioactivité, à savoir les rayons α (noyaux d ’ hélium), les rayons β (encore des électrons) et les rayons γ
(rayons X de haute énergie) produisent également des ombres. Toutes ces découvertes furent réalisées entre
1890 et 1910 : ces années représentent la « période rayonnante » de la physique.
16 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
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que la lumière met un certain temps pour voyager de la source jusqu ’à la surface où
Réf. 1 l ’ombre se manifeste avait déjà été formulée par le penseur grec Empédocle (v. 490 à
v. 430 av. J.-C. ).
Nous pouvons confirmer ce résultat avec un autre argument plus subtil, mais toujours
simple. La vitesse peut être mesurée. Donc la vitesse parfaite, qui est utilisée comme éta-
lon implicite pour les mesures, doit posséder une valeur finie. Une vitesse standard infi-
Défi 3 s nie ne pourrait pas du tout permettre de réaliser des mesures. Dans la nature, les entités
les plus légères se déplacent avec les vitesses les plus élevées. La lumière, qui est vraiment
légère*, est un candidat tout désigné pour le mouvement à vitesse parfaite mais finie.
Nous allons bientôt confirmer ce point.
Une vitesse finie pour la lumière signifie que tout ce que nous voyons représente une
information issue du passé. Quand nous contemplons les astres, le Soleil ou notre chéri(e),
nous voyons toujours une image du passé. Dans un sens, la nature nous empêche de
profiter de l ’ instant présent – nous devons par conséquent apprendre à tirer profit du
passé.
La vitesse de la lumière est élevée. C ’est pour cela qu ’elle ne fut pas mesurée avant
1676, bien que de nombreux savants, y compris Galilée, aient tenté en vain de le faire
auparavant. La première méthode de mesure fut élaborée par l ’astronome danois Ole
Page ?? Rømer** alors qu ’ il étudiait les orbites de Io et des autres satellites galiléens de Jupiter.
* L’auteur fait ici un jeu de mots : « Light, which is indeed light... », le mot light désigne à la fois la lumière
et la légèreté. [N.d.T.]
** Ole Christensen Rømer (Aarhus 1644 – Copenhague 1710) était un astronome danois. Il fut le précepteur
du Dauphin à Paris, à l ’époque de Louis XIV. L’ idée de la mesure de la vitesse de la lumière était due pour
ainsi dire à l ’astronome italien Giovanni Domenico Cassini, dont Rømer fut l ’assistant. Rømer continua
ses expériences de mesure jusqu ’en 1681, date à laquelle il dut quitter la France, comme tous les protestants
(de même que Christiaan Huygens), ainsi donc son œuvre fut interrompue. De retour au Danemark, un
incendie ravagea toutes ses notes manuscrites concernant ses mesures. Par conséquent, il ne put continuer
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 17
Jupiter et Io
(deuxième mesure)
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c
c
Terre v
v
Soleil
α
c
c
α v
Soleil
v
F I G U R E 4 La méthode de la pluie pour mesurer la vitesse de la lumière.
Il obtint une grandeur incorrecte pour la vitesse de la lumière parce qu ’ il utilisait une
valeur fausse pour leur distance à la Terre. Cependant, cela fut rapidement corrigé par
ses pairs, notamment par Newton lui-même. Vous devriez pouvoir deviner sa méthode
Défi 4 s à partir de la Figure 3. Depuis cette époque, on savait que la lumière met un petit peu
plus de 8 minutes pour voyager du Soleil à la Terre. Cela fut confirmé d ’une manière
Page 103 élégante cinquante ans plus tard, en 1726, par l ’astronome James Bradley. Étant anglais,
Réf. 2 Bradley songea à utiliser la « méthode de la pluie » pour évaluer la vitesse de la lumière.
Comment pouvons-nous mesurer la vitesse de la pluie qui tombe ? Nous marchons
à améliorer la précision de sa méthode. Plus tard, il devint un important dirigeant et réformateur de l ’ État
danois.
18 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
rapidement avec un parapluie, mesurons l ’angle α sous lequel la pluie semble tomber, et
enfin mesurons notre propre vitesse v. Comme indiqué sur la Figure 4, la vitesse c de la
pluie est alors donnée par
c = v/ tan α . (1)
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fants, environ 3 nm/s, ou la croissance des stalagmites dans les grottes, environ 0,3 pm/s.
Nous commençons à comprendre pourquoi la mesure de la vitesse de la lumière est une
science à part entière.
La première mesure précise de la vitesse de la lumière fut réalisée en 1849 par le physi-
* Les parapluies n’étaient pas courants en Grande-Bretagne en 1726, ils devinrent d ’usage commun un peu
plus tard, après avoir été introduits de Chine. La partie de l ’ histoire concernant le parapluie est inventée
de toutes pièces. En réalité, Bradley eut son idée pendant qu ’ il naviguait sur la Tamise, lorsqu ’ il remarqua
que, sur un navire en déplacement, le vent apparent avait une direction différente de celle qu ’ il avait sur la
terre ferme. Il avait observé 50 étoiles durant de nombreuses années, particulièrement Gamma Draconis, et
pendant ce temps il avait été intrigué par le signe de l ’aberration, qui était opposée à l ’effet qu ’ il était en
train de vérifier, à savoir la parallaxe stellaire. Toutes deux, la parallaxe et l ’aberration pour une étoile située
au-dessus de l ’écliptique, lui font décrire une petite ellipse au cours d ’une année terrestre, bien que les sens
Défi 5 s de rotation soient différents. Pouvez-vous deviner pourquoi ?
Par ailleurs, il découle de la relativité restreinte que la formule (1) est fausse, et que la formule exacte est
Défi 6 s c = v/ sin α : pouvez-vous voir pourquoi ?
Pour déterminer la vitesse de la Terre, nous devons d ’abord préciser sa distance au Soleil. La méthode
la plus simple est celle due au penseur grec Aristarque de Samos (v. 310 à v. 230 av. J.-C. ). Nous mesurons
l ’angle entre la Lune et le Soleil à l ’ instant où la Lune est exactement à son premier ou dernier quartier. Le
cosinus de cet angle fournit le rapport entre la distance à la Lune (déterminée, par exemple, par la méthode
Défi 7 s de la page 121) et la distance au Soleil. L’explication est laissée en exercice au lecteur.
L’angle en question est presque un angle droit (lequel produirait une valeur infinie pour la distance), et
Réf. 3 des instruments fiables sont nécessaires pour le mesurer avec précision, comme Hipparque l ’avait remarqué
dans une ample discussion sur ce problème autour de 130 av. J.-C. La mesure précise de l ’angle ne devint
réalisable qu ’à la fin du dix-septième siècle, lorsqu ’ il fut établi qu ’ il valait 89,86 °, fournissant un rapport de
Page 289 distance d ’environ 400. Aujourd ’ hui, grâce aux mesures radar des planètes, la distance au Soleil est connue
avec une précision invraisemblable de 30 mètres. Les variations de la distance de la Lune peuvent même être
Défi 8 s mesurées au centimètre près. Pouvez-vous deviner comment cela est réalisable ?
Aristarque détermina également les rayons du Soleil et de la Lune comme étant des multiples de celui
Réf. 4 de la Terre. Aristarque fut un savant exceptionnel : il fut le premier à proposer le système héliocentrique, et
probablement le premier à proposer que les étoiles étaient d ’autres soleils lointains. Pour ces idées, plusieurs
de ses contemporains suggérèrent qu ’ il devait être condamné à mort pour impiété. Lorsque le moine et
astronome polonais Nicolaus Copernicus (1473–1543) proposa à nouveau le système héliocentrique deux
mille ans plus tard, il ne mentionna pas le nom d ’Aristarque, même s’ il tenait cette idée de lui.
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 19
miroir
semi-argenté
miroir source
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rayon rouge
de commutation
de l'obturateur
chemin du faisceau
lumineux
10 mm
cien français Hippolyte Fizeau (1819–1896). Par rapport à la valeur actuelle, la sienne
n’était plus grande que de 5 % seulement. Il envoya un rayon lumineux en direction
d ’un miroir éloigné et mesura le temps que la lumière prit pour revenir. Comment Fi-
zeau mesura-t-il ce temps sans l ’aide d ’aucun appareil électrique ? En réalité, il utilisa les
Page 49 mêmes principes que ceux qui sont utilisés pour mesurer les vitesses des munitions, la
réponse est partiellement donnée dans la Figure 5. (À quelle distance le miroir devait-il
Défi 9 s être placé ?) Une reconstitution moderne de son expérience, réalisée par Jan Frercks, a
Réf. 5 atteint une précision de 2 %. Aujourd ’ hui l ’expérience est beaucoup plus simple ; dans
le chapitre sur l ’électrodynamique, nous découvrirons comment mesurer la vitesse de la
lumière en utilisant deux ordinateurs de mesure, tournant sous UNIX ou Linux et reliés
Page 28 par un câble.
La vitesse de la lumière est si élevée qu ’ il est même difficile de démontrer qu ’elle est
finie. Peut-être que la manière la plus élégante de prouver cela est matérialisée par la
photographie d ’une pulsation lumineuse traversant notre champ de vision, de la même
20 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
manière que nous pouvons photographier une voiture qui roule ou une balle de fusil qui
Réf. 6 traverse les airs. La Figure 6 montre la première photographie de ce type, produite en 1971
avec un appareil photographique reflex standard du marché, un obturateur ultra-rapide
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conçu par les photographes et, plus remarquablement, sans une seule pièce d ’équipement
Défi 10 s électronique. (Quelle est la rapidité qu ’un tel obturateur doit avoir ? Comment pourriez-
vous construire un tel obturateur ? Et comment pourriez-vous vous assurer qu ’ il s’ouvre
bien au bon instant ?)
Une vitesse finie pour la lumière implique aussi qu ’un faisceau lumineux en rotation
rapide se comporte comme indiqué sur la Figure 7. Dans la vie quotidienne, la vitesse
élevée de la lumière et la rotation lente des phares rendent cet effet difficilement percep-
tible.
En résumé, la lumière se déplace extrêmement rapidement. Elle est beaucoup plus
Défi 11 s rapide que l ’ éclair, comme vous pourriez le vérifier vous-même. Un siècle de mesures
de plus en plus précises de cette vitesse a mis au jour la valeur moderne
En fait, cette valeur est dorénavant fixée avec exactitude, par définition, et le mètre a été
défini par rapport à c. Le Tableau 1 donne un aperçu de ce que nous savons aujourd ’ hui
à propos du mouvement de la lumière. Deux propriétés étonnantes furent découvertes à
Réf. 7 la fin du dix-neuvième siècle. Elles constituent les fondements de la relativité restreinte.
“
Et nihil est celerius annis*.
Ovide, Les Métamorphoses.
Nous savons tous qu ’afin de lancer une pierre le plus loin possible nous devons cou-
rir au moment de la lancer. Nous savons instinctivement que dans ce cas précis la vitesse
”
de la pierre par rapport au sol est plus élevée. Toutefois, au grand étonnement de tout
* « Rien n’est si prompt que la fuite des années. » Livre X, vers 520.
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 21
O b s e r va t i o n s s u r l a l u m i è r e
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Les rayons lumineux ne sont que des approximations lorsqu ’on néglige la longueur d ’onde.
Dans la matière, la vitesse de signal et la vitesse de l ’énergie de la lumière sont inférieures à celle
dans le vide.
Dans la matière, la vitesse de groupe des pulsations lumineuses peut être nulle, positive, négative
ou infinie.
le monde, les expériences montrent que la lumière émise par une ampoule en mouve-
ment possède la même vitesse que celle émise par une ampoule au repos. La lumière
n’est jamais plus rapide que la lumière (dans le vide), tous les rayons lumineux pos-
sèdent la même vitesse. Nombre d ’expériences spécialement conçues ont confirmé ce
Réf. 8 résultat avec une grande précision. La vitesse de la lumière peut être mesurée avec une
précision meilleure que 1 m/s, malgré tout, pour des vitesses d ’ampoules supérieures
à 290 000 000 m/s, aucune différence n’a été relevée. (Pouvez-vous deviner quelles am-
Défi 12 s poules étaient utilisées ?)
Dans la vie courante, nous savons qu ’une pierre arrive plus rapidement si nous cou-
rons vers elle. À nouveau, pour la lumière aucune différence n’a été mesurée. Toutes les
expériences montrent que la célérité de la lumière possède la même valeur pour tous les
observateurs, même s’ ils se déplacent les uns par rapport aux autres ou par rapport à la
source lumineuse. La vitesse de la lumière est de ce fait la norme parfaite et idéale pour
la mesure*.
* Une autre expression équivalente pour la vitesse de la lumière est la « vitesse radar » ou la « vitesse radio »,
Page 80 nous verrons ci-dessous pourquoi elles s’appliquent également.
De même, la vitesse de la lumière n’est pas très éloignée de celle des neutrinos. La démonstration la plus
spectaculaire en fut faite par l ’observation d ’une supernova en 1987, lorsque le flash lumineux et la bouffée
de neutrinos arrivèrent à 12 secondes d ’ intervalle l ’un de l ’autre. (Nous ne savons pas si l ’écart est dû à des
vitesses différentes ou à un point de départ différent, concernant les deux flashs.) Quel est le premier chiffre
pour lequel les deux valeurs de vitesses pourraient différer, sachant que la supernova était située à 1, 7 ⋅ 105
Défi 13 s années-lumière ?
Des expériences montrent également que la vitesse de la lumière est la même dans toutes les directions de
Réf. 9 l ’espace, jusqu ’à au moins 21 chiffres dans la précision. D’autres données, prises lors de sursauts de rayons
22 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
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que les champs magnétiques ne pourraient être issus de courants électriques, comme ils
le font chaque jour dans n’ importe quel moteur et dans n’ importe quel haut-parleur, si la
vitesse de la lumière n’était pas constante. C ’est effectivement de cette manière que cette
constance fut déduite pour la première fois, par plusieurs chercheurs. Ce n’est qu ’après
avoir compris cela que le physicien suisse et allemand Albert Einstein* montra que cette
constance est également en accord avec le mouvement des corps, comme nous le verrons
dans cette section. La correspondance entre les brosses à dents électriques et la relativité
Page 40 sera décrite dans le chapitre sur l ’électrodynamique. (Pour plus d ’ informations sur les
conséquences directes de la relativité sur la conception des machines, lisez l ’ouvrage inté-
Réf. 13 ressant de van Bladel.) En termes simples, si la vitesse de la lumière n’était pas constante,
des observateurs seraient capables de se déplacer à cette vitesse. Puisque la lumière est
gamma, montrent que la vitesse de la lumière est indépendante de la fréquence, jusqu ’à au moins 20 chiffres
Réf. 10 dans la précision.
* Albert Einstein (n. Ulm 1879 , d. Princeton 1955) fut un des plus grands physiciens ayant existé. Il publia
trois articles fondamentaux en 1905, un concernant le mouvement brownien, un autre sur la relativité res-
treinte, et un à propos du concept de quanta de lumière. Chaque article était digne d ’un prix Nobel, mais
il reçu le prix uniquement pour le dernier de ceux-ci. C ’est également en 1905 qu ’ il démontra la formule
Page 65 célébrissime E0 = mc 2 (publiée au début de 1906), probablement stimulé par une idée de Olinto De Pretto.
Bien qu ’ Einstein fût un des fondateurs de la théorie quantique, il se retourna plus tard contre celle-ci. Sa
célèbre discussion avec son ami Niels Bohr a néanmoins permis d ’éclaircir ce domaine dans ses aspects les
plus déroutants. Il expliqua l ’effet Einstein–de Haas qui démontrait que le magnétisme est dû à des mouve-
ments à l ’ intérieur des matériaux. En 1915 et 1916, il publia son plus important accomplissement : la théorie
générale de la relativité, une des réalisations les plus élégantes et extraordinaires de la science.
Étant juif et célèbre, Einstein constituait une cible favorite pour les attaques et la discrimination du mouve-
ment national-socialiste (le parti nazi [N.d.T.]), et il émigra aux États-Unis en 1933. Il ne fut pas seulement
Réf. 12 un grand physicien, mais également un grand intellectuel ; son recueil de réflexions concernant des sujets
extérieurs à la physique vaut la peine d ’être lu.
Toute personne intéressée pour suivre les pas d ’ Einstein devrait savoir qu ’ il publia de nombreux articles,
et que plusieurs d ’entre eux étaient erronés. Il voulu alors corriger ses résultats dans des articles postérieurs,
et il commit encore une fois des erreurs dans ceux-ci. Cela se produisait si fréquemment qu ’ il se tourna lui-
même en dérision à ce propos. Einstein formula sa célèbre définition d ’un génie comme étant une personne
qui fait le plus grand nombre possible d ’erreurs dans le temps le plus court possible.
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 23
une onde, de tels observateurs pourraient observer une onde à l ’arrêt. Cependant, l ’élec-
tromagnétisme interdit de telles possibilités. Par conséquent, les observateurs ne peuvent
pas atteindre la vitesse de la lumière.
En résumé, la vitesse v de n’ importe quel système physique dans la nature (c ’est-à-
dire n’ importe quelle masse ou énergie localisée) est limitée par
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nous désirons une description valide pour toutes les vitesses, nous devons mettre de côté
la mécanique galiléenne. Par exemple, lorsque nous jouons au tennis, nous tirons profit
du fait qu ’en frappant la balle de la bonne façon nous pouvons augmenter ou diminuer
sa vitesse. Mais avec la lumière c ’est impossible. Même si nous prenons un avion et pour-
suivons un rayon lumineux, celui-ci s’éloignera toujours de nous avec la même vitesse.
La lumière ne se comporte pas comme les véhicules. Si nous accélérons un autobus que
nous sommes en train de conduire, les voitures de l ’autre côté de la route passent avec
des vitesses de plus en plus élevées. Pour la lumière, il n’en est pas ainsi : elle nous frôle
toujours avec la même vitesse*.
Pourquoi ce résultat paraît-il presque incroyable, alors que les mesures le démontrent
sans ambiguïté ? Prenez deux observateurs O et Ω (prononcez « oméga ») se déplaçant
avec une vitesse relative v, comme deux voitures sur des voies opposées dans la rue. Ima-
ginez qu ’à l ’ instant où ils passent l ’un près de l ’autre, un flash lumineux est émis par
une ampoule en O. Ce flash lumineux se déplace le long des positions x(t) pour O et le
long des positions ξ(τ) (prononcez « xi de tau ») pour Ω. Puisque la vitesse de la lumière
est la même pour tous les deux, nous avons
=c= .
x ξ
(4)
t τ
* En réalité, même avec la précision actuelle des mesures de 2 ⋅ 10−13 , nous ne pouvons discerner une quel-
Réf. 9 conque variation de la vitesse de la lumière avec la vitesse de l ’observateur.
24 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
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réacteurs nucléaires. À ce propos, la vitesse de la lumière dans la matière peut être très
lente : au centre du Soleil, elle est estimée à approximativement 10 km/an seulement, et,
dans certains matériaux, on la mesure même en laboratoire comme étant aussi petite que
Réf. 18, Réf. 19 0,3 m/s. Par la suite, lorsque nous mentionnerons l ’expression « vitesse de la lumière »,
nous voudrons sous-entendre qu ’ il s’agit de la vitesse de la lumière dans le vide. La
vitesse de la lumière dans l ’air est inférieure, d ’une fraction de pourcentage seulement,
à celle dans le vide, ainsi donc dans la plupart des cas la différence peut être négligée.
* Henri Poincaré (1854–1912) fut un grand physicien et mathématicien français. Il fut un des hommes les plus
prolifiques de son époque, faisant progresser la relativité, la théorie quantique et de nombreuses disciplines
des mathématiques.
L’ introduction la plus admirable et la plus élémentaire à la relativité reste celle donnée par Albert Einstein
lui-même, par exemple dans Über die spezielle und allgemeine Relativitätstheorie, Vieweg, 1997, ou dans The
Meaning of Relativity, Methuen, London, 1951. Il a fallu un siècle pour que des ouvrages presque aussi ma-
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 25
premier
t observateur deuxième
ou horloge observateur
ou horloge
k2 T
lumière
O
F I G U R E 9 Un dessin contenant l’essentiel de la relativité
x
restreinte.
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une horloge en mouvement
premier deuxième
instant instant
=√ = γ(v) .
t1 1
(6)
t2 1− v2
c2
Réf. 16, Réf. 17 gnifiques paraissent, tel que celui de Taylor et Wheeler.
* L’explication de la relativité qui utilise ce facteur k est souvent appelée le k-calculus.
26 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
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de plus en plus petit au fur et à mesure que la distance augmente.
Naturellement, beaucoup de gens ont tenté de trouver des arguments pour contourner
cette étrange conséquence qui veut que le temps soit différent d ’un observateur à l ’autre.
Mais personne n’a réussi, et les résultats expérimentaux confirment cette conclusion. Je-
tons un œil sur certains d ’entre eux.
* A ce propos, la lumière massive aurait également des modes de polarisation longitudinale. C ’est en contra-
diction avec les observations, qui démontrent que la lumière est polarisée exclusivement transversalement à
la direction de propagation.
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 27
émetteur récepteur
y
récepteur θr
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signal x
lumineux
z
émetteur θs
v x
z
F I G U R E 11 Le dispositif permettant l’observation de l’effet Doppler.
Les physiciens ont testé l ’éventualité de l ’existence de la lumière massive avec suffisam-
ment de précision. Les observations délimitent maintenant toute (particule de) lumière
Réf. 21, Réf. 22 massive possible à moins de 1,3 ⋅ 10−52 kg à partir des expériences réalisées sur Terre, et à
moins de 4 ⋅ 10−62 kg à partir d ’arguments astrophysiques (lesquels sont un brin moins
solides). En d ’autres termes, la lumière n’a pas de poids, la lumière reste la lumière.
Mais que se passe-t-il lorsque de la lumière frappe un miroir en mouvement ? Si la
vitesse de la lumière ne varie pas, quelque chose d ’autre doit le faire. Cette situation est
semblable à celle d ’une source lumineuse en mouvement par rapport au récepteur : celui-
ci observera une couleur différente de celle observée par l ’émetteur. C ’est l ’ effet Doppler.
Christian Doppler* fut le premier à étudier le décalage en fréquence dans le cas des ondes
sonores – le changement bien connu dans la tonalité du sifflement entre des trains s’ap-
prochant et s’éloignant – et à extrapoler ce concept au cas des ondes lumineuses. Comme
nous le verrons plus tard, la lumière est (aussi) une onde, et sa couleur est déterminée par
sa fréquence ou, de manière équivalente, par sa longueur d ’onde λ. Comme la tonalité
* Christian Andreas Doppler (n. Salzbourg 1803, d. Venise 1853) était un physicien autrichien. Doppler étu-
dia l ’effet qui porte son nom pour le son et la lumière. En 1842, il prédit (correctement) qu ’un jour nous
serions capables de tirer profit de cet effet pour mesurer le mouvement des astres éloignés en observant leurs
couleurs.
28 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
qui change pour des trains en mouvement, Doppler comprit qu ’une source lumineuse
en mouvement entraîne que la couleur qui est perçue par le récepteur est différente de la
couleur émise à la source. Un raisonnement géométrique élémentaire, et la conservation
Défi 19 e du nombre de maxima et minima, conduit au résultat
=√ (1 − cos θ r ) = γ (1 − cos θ r ) .
λr 1 v v
Dans cette expression, les variables v et θ r sont définies sur la Figure 11. La lumière d ’une
source qui s’approche est ainsi décalée vers le bleu, tandis que celle d ’une source qui
s’éloigne est décalée vers le rouge. La première observation de l ’effet Doppler pour la
lumière fut réalisée par Johannes Stark* en 1905, en étudiant la lumière émise par des
atomes en mouvement. Toutes les expériences postérieures ont confirmé le décalage en
couleur calculé, dans les limites des erreurs de mesure. Les dernières vérifications ont
Réf. 23 trouvé un accord à deux parties près par million. Au contraire des ondes sonores, un
changement de couleur est également relevé lorsque le mouvement est transversal par
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rapport au signal lumineux. Donc, une baguette jaune en mouvement rapide à travers
le champ de vision aura un bord d ’attaque bleu et un bord de fuite rouge avant qu ’ il
se trouve au point le plus proche de l ’observateur. Les couleurs résultent d ’une com-
binaison du décalage Doppler longitudinal (du premier ordre) et du décalage Doppler
transversal (du second ordre). À un angle particulier θ non décalé les couleurs demeure-
ront identiques. (Comment le décalage en longueur d ’onde apparaîtra-t-il dans le cas
Défi 20 s purement transversal ? Quelle est l ’expression de θ non décalé par rapport à v ?)
Le décalage de couleur est utilisé dans de nombreuses applications. Presque tous les
corps solides sont des miroirs pour les ondes radio. De nombreux immeubles possèdent
des portes qui s’ouvrent automatiquement quand nous nous en approchons. Un minus-
cule capteur situé au-dessus de la porte détecte l ’arrivée d ’une personne. Il le fait géné-
ralement en mesurant l ’effet Doppler des ondes radio qu ’ il émet et qui sont réfléchies
Page 80 par la personne qui approche. (Nous verrons plus tard que les ondes radio et la lumière
sont deux manifestations du même phénomène.) Donc les portes s’ouvrent à chaque fois
que quelque chose s’avance vers elles. Le radar de la gendarmerie utilise également l ’effet
Doppler, cette fois pour mesurer la vitesse des véhicules**.
L’effet Doppler permet également de mesurer la vitesse des sources lumineuses. En
fait, il est communément utilisé pour évaluer la vitesse des astres lointains. Dans ces
situations, le décalage Doppler est souvent caractérisé par la variable z du décalage vers
* Johannes Stark (1874–1957) découvrit en 1905 l ’effet Doppler optique dans les rayons ionisants et, en 1913,
l ’éclatement et le décalage de raies spectrales dans des champs électriques, que nous appelons aujourd ’ hui
effet Stark. Pour ces deux découvertes il reçut en 1919 le prix Nobel de physique. Il quitta sa chaire de profes-
seur en 1922 et devint un peu plus tard un fervent nazi. En tant que membre du parti nazi à partir de 1930, il
fut reconnu pour ses critiques hostiles des déclarations des autres personnes sur la nature, uniquement pour
des raisons idéologiques. Il fut ensuite méprisé à juste titre par la communauté académique partout dans le
monde.
Défi 21 s ** À quelle vitesse un feu de signalisation rouge apparaît-il comme étant vert ?
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 29
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L’effet Doppler pour la lumière est beaucoup plus important que l ’effet Doppler pour
le son. Même si l ’on ne savait pas encore que la vitesse de la lumière est constante, cet effet
à lui tout seul prouverait que le temps est différent pour des observateurs en mouvement
relatif l ’un par rapport à l ’autre. Pourquoi ? Le temps est ce que nous lisons sur notre
montre. Afin de déterminer si une autre montre est synchronisée avec la nôtre, nous
regardons les deux montres à la fois. En bref, nous avons besoin d ’utiliser des signaux
Réf. 24 lumineux pour synchroniser des horloges. Maintenant, toute variation dans la couleur de
la lumière se déplaçant d ’un observateur à un autre implique nécessairement que leurs
montres avancent différemment, et donc que le temps est différent pour chacun d ’entre
eux. Une autre façon de voir cela est de remarquer qu ’une source lumineuse est aussi
une horloge – égrenant très rapidement ses « tic-tac ». Donc si deux observateurs voient
des couleurs différentes à partir de la même source, ils mesurent des nombres différents
d ’oscillations pour la même horloge. En d ’autres termes, le temps est différent pour des
observateurs se déplaçant l ’un par rapport à l ’autre. En réalité, l ’équation (5) implique
que la relativité découle pleinement de l ’effet Doppler pour la lumière. (Pouvez-vous
confirmer que la relation entre des fréquences dépendant de l ’observateur et le temps
Défi 25 s dépendant de l ’observateur n’est pas vérifiée dans le cas de l ’effet Doppler pour le son ?)
Pourquoi le comportement de la lumière implique-t-il la relativité restreinte, alors que
celui du son dans l ’air ne le fait pas ? La réponse est que la lumière est une limite pour
le mouvement de l ’énergie. L’expérience montre qu ’ il existe des avions supersoniques,
mais qu ’ il n’y a pas de fusées supraluminiques. En d ’autres termes, la limite v ⩽ c est
valide uniquement si c représente la vitesse de la lumière, et non si c est la vitesse du son
dans l ’air.
Malgré tout, il existe au moins un système dans la nature pour lequel la vitesse du son
est en fait une vitesse limite pour l ’énergie : la vitesse du son est la vitesse limite pour
le mouvement des dislocations dans les solides cristallins. (Nous discuterons de ce détail
Page ?? plus loin.) Par conséquent, la théorie de la relativité restreinte est également valide pour
de telles dislocations, entraînant ainsi que la vitesse de la lumière est remplacée à chaque
fois par la vitesse du son ! Les dislocations vérifient les transformations de Lorentz, mon-
30 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
Réf. 25 trant la contraction des longueurs et obéissant à la célèbre formule de l ’énergie E = γmc 2 .
Dans tous ces effets, la vitesse du son c joue le même rôle pour les dislocations que la vi-
tesse de la lumière pour les systèmes physiques en général.
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Si la relativité restreinte est fondée sur l ’ hypothèse que rien ne peut voyager plus vite
que la lumière, alors ce postulat doit être soigneusement vérifié.
“
Quid celerius umbra ?*
”
Pour que Lucky Luke puisse accomplir l ’exploit de la Figure 12, sa balle de revolver
Défi 26 e doit voyager plus vite que la vitesse de la lumière. (Qu ’en est-il de sa main ? ) Afin d ’ imi-
ter Lucky Luke, nous pourrions emprunter la plus grande quantité utile d ’énergie dis-
ponible, en la prélevant directement d ’une centrale électrique, et accélérer les « balles »
les plus légères qui puissent être manipulées, à savoir les électrons. Cette expérience est
exécutée chaque jour dans des accélérateurs de particules tels que l ’anneau du Large
Electron Positron, le LEP, de 27 km de circonférence, situé pour partie en France et pour
partie en Suisse, près de Genève. Là, 40 MW de puissance électrique (la même quantité
que celle consommée par une petite ville) accélèrent des électrons et des positrons à des
Réf. 26 énergies gigantesques de 16 nJ (104,5 GeV) chacun, et leur vitesse est mesurée. Le résultat
est indiqué sur la Figure 13 : même avec ces moyens impressionnants, il est impossible
de faire voyager des électrons plus vite que la lumière. (Pouvez-vous imaginer une ma-
Défi 27 e nière de mesurer l ’énergie et la vitesse séparément ? ) La relation vitesse–énergie de la
Page 59 Figure 13 est une conséquence de la vitesse maximale, et elle sera déduite plus loin. Cela,
ainsi que de nombreuses observations similaires, montre donc qu ’ il existe une limite à
la vitesse des objets. Des corps (et du rayonnement) ne peuvent pas se déplacer à des
vitesses supérieures à la vitesse de la lumière**. L’exactitude de la mécanique galiléenne
* « Qu ’est-ce qui est plus rapide que l ’ombre ? » Une devise souvent rencontrée sur les cadrans solaires.
** Il y a toujours des gens qui refusent d ’accepter ces résultats, de même que la théorie de la relativité qui en
découle. Chaque physicien devrait prendre plaisir à participer, au moins une fois dans sa vie, à une conversa-
tion avec l ’une de ces personnes. (Étrangement, aucune femme n’a été signalée comme faisant partie de ce
groupe d ’ individus.) Cette expérience peut être faite, par exemple, sur Internet, dans le forum de discussion
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 31
1
v2 TGal = m v2
2
c2
1 F I G U R E 13 Valeurs expérimentales (points)
T = m c2 ( – 1)
1 - v2/c 2 pour la vitesse v des électrons en fonction de
fut considérée comme étant normale durant plus de trois siècles, de telle façon que per-
sonne n’avait songé à la mettre en défaut, mais lorsque ce fut finalement le cas, comme
dans la Figure 13, elle se révéla fausse.
Les gens les plus frustrés par cette limite sont les ingénieurs en informatique : si la
vitesse de la lumière était plus élevée, il serait possible de concevoir des microprocesseurs
plus rapides et donc des ordinateurs plus puissants, ce qui permettrait, par exemple, des
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progrès plus rapides dans la construction d ’ordinateurs qui assimilent et utilisent notre
langue.
L’existence d ’une vitesse limite s’oppose à la mécanique galiléenne. En réalité, elle
signifie que, pour des vitesses proches de celle de la lumière, disons environ 15 000 km/s
ou plus, l ’expression mv 2 /2 n’est plus égale à l ’énergie cinétique T de la particule. En fait,
de telles vitesses élevées sont plutôt courantes : de nombreuses familles en trouvent un
exemple dans leur foyer. Calculez tout simplement la vitesse des électrons à l ’ intérieur
d ’un poste de télévision, étant donné que le transformateur électrique intégré génère
Défi 28 s 30 kV.
L’observation de la vitesse de la lumière comme une vitesse limite pour les objets est
facilement comprise comme étant une conséquence de son invariance. Des corps qui
peuvent être au repos dans un référentiel donné se déplacent évidemment plus lentement
que la vitesse maximale (de la lumière) dans ce référentiel. Maintenant, si quelque chose
se déplace plus lentement qu ’autre chose, pour un observateur, il en sera également de
même pour tous les autres observateurs. (Essayer d ’ imaginer un monde dans lequel cela
Défi 29 d ne serait pas le cas est intéressant : des choses amusantes se produiraient, par exemple
des corps s’ interpénétrant les uns les autres.) Puisque la vitesse de la lumière est la même
pour tous les observateurs, aucun objet ne peut se déplacer plus vite que la lumière, pour
tous les observateurs.
Nous comprenons que la vitesse maximale est la vitesse des entités dénuées de masse.
Les ondes électromagnétiques, incluant la lumière, sont les seules entités connues qui
peuvent voyager à la vitesse maximale. Les ondes gravitationnelles aussi sont présumées
atteindre cette vitesse. Bien que la vitesse des neutrinos ne puisse pas être distinguée expé-
rimentalement de la vitesse maximale, des expériences récentes suggèrent qu ’ ils doivent
Réf. 28 posséder une masse minuscule.
Réf. 27 sci.physics.relativity. Voyez aussi le site Web http://www.crank.net. Ces cinglés sont des personnages fasci-
nants, surtout parce qu ’ ils enseignent l ’ importance de la précision dans le langage et dans le raisonnement,
ce qu ’ ils négligent tous, sans aucune exception. Des rencontres avec plusieurs d ’entre eux ont été une source
d ’ inspiration pour ce chapitre.
32 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
t
deuxième
premier
observateur
observateur
(ex. train) troisième
(ex. Terre) observateur
(ex. pierre)
kteT
O
x
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Inversement, si un phénomène existe dont la vitesse est la vitesse limite pour un ob-
servateur, alors cette vitesse limite doit nécessairement être la même pour tous les obser-
Défi 30 e vateurs. La relation entre la propriété de vitesse limite et l ’ invariance selon l ’observateur
Défi 31 r est-elle valide en général dans la nature ?
v pt + v tT
v pT =
1 + v pt v tT /c 2
. (9)
Celle-ci est appelée formule de la composition des vitesses. Le résultat n’est jamais supé-
Défi 33 e rieur à c et est toujours inférieur à l ’addition naïve des vitesses**. L’expression (9) a été
Page 59, page 40 confirmée par chacune des millions de situations dans lesquelles elle a été contrôlée. Vous
Réf. 22 devez vérifier qu ’elle se réduit à l ’addition naïve pour les valeurs de la vie quotidienne.
* En prenant le logarithme (népérien) de cette équation, nous pouvons définir une quantité, la rapidité, qui
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 33
v⩽c (10)
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de précision qui furent réalisées avant qu ’elle ait été formulée. Vous pouvez même
la vérifier chez vous. La manière de le faire est indiquée dans la section concernant
Page 40 l ’électrodynamique.
L’existence d ’une vitesse limite possède plusieurs conséquences intéressantes. Pour
les explorer, laissons le reste de la physique galiléenne telle quelle***. La vitesse limite est
la vitesse de la lumière. Elle est constante pour tous les observateurs. Cette invariance
implique que :
AOM Power
30 driver servo
angle/3 [deg]
Laser 1 PD
10 Nd: YAG FC
T °C
FC
0 T °C Laser 2 Res B PD
Nd: YAG Fiber BS
PZT AOM DBM
10 FC
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F I G U R E 15 Le résultat, le schéma et l’installation du cryostat de l’expérience de Michelson-Morley la
plus précise réalisée jusqu’à ce jour. (© Stephan Schiller)
— Dans une pièce fermée flottant librement dans l ’espace, il n’y a aucune manière de
dire quelle est la vitesse de cette pièce.
— Il n’y a aucune notion de repos (ou d ’espace) absolu : le repos (comme l ’espace) est
un concept dépendant de l ’observateur*.
— Le temps dépend de l ’observateur, il n’est pas absolu.
Des conclusions plus intéressantes et plus précises peuvent être esquissées lorsque deux
conditions supplémentaires sont adoptées. Premièrement, nous étudions des situations
où la gravitation peut être négligée. (Si ce n’est pas le cas, nous avons besoin de la rela-
tivité générale pour décrire le système.) Deuxièmement, nous supposons également que
les données concernant les corps étudiés – leur vitesse, leur position, etc. – peuvent être
recueillies sans les perturber. (Si ce n’est pas le cas, nous avons besoin de la théorie quan-
tique pour décrire le système.)
Pour déduire la manière précise selon laquelle les différents intervalles de temps et
les longueurs mesurés par deux observateurs sont reliés entre eux, nous allons franchir
une étape supplémentaire simplificatrice. Nous commencerons avec une situation dans
laquelle les interactions ne jouent aucun rôle. En d ’autres termes, nous allons commen-
cer avec la cinématique relativiste des corps se déplaçant sans subir de perturbation.
observateur (grec)
v
lumière
c
observateur (romain)
F I G U R E 16 Deux observateurs inertiels et un rayon lumineux.
L L
O, Ω x, ξ O, Ω x
F I G U R E 17 Diagrammes d’espace-temps pour la lumière vue par deux observateurs distincts utilisant
les coordonnées (t, x) et (τ, ξ).
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Si quelqu ’un observe un corps libre de toute influence qui voyage le long d ’une ligne
droite avec une vitesse constante (ou qui demeure au repos), alors nous qualifions cet
observateur d ’ inertiel, et les coordonnées utilisées par celui-ci de référentiel d’ inertie.
Chaque observateur inertiel est lui-même en mouvement uniforme. Des exemples d ’ob-
servateurs (ou de référentiels) inertiels incluent donc – en deux dimensions – ceux qui
se déplacent sur une surface de glace, sans frottements, ou sur le plancher d ’un train ou
d ’un bateau avançant uniformément. Pour un exemple complet – dans les trois dimen-
sions spatiales – nous pouvons prendre celui d ’un cosmonaute voyageant dans un vais-
seau spatial à partir du moment où les moteurs sont éteints. Les observateurs inertiels en
trois dimensions pourraient aussi être décrits comme flottant librement. Ils ne sont donc
pas si communs. Des observateurs non inertiels sont beaucoup plus courants. Pouvez-
Défi 35 e vous le confirmer ? Les observateurs inertiels sont les observateurs les plus simples, et ils
forment un ensemble particulier :
— Deux observateurs inertiels quelconques se déplacent avec une vitesse constante l ’un
par rapport à l ’autre (tant que la gravité n’exerce aucune influence, comme supposé
ci-dessus).
— Tous les observateurs inertiels sont équivalents : ils décrivent le monde avec les
mêmes équations. Parce qu ’elle implique l ’absence d ’espace et de temps absolus,
cette formulation fut appelée principe de relativité par Henri Poincaré. Toutefois,
l ’ essence de la relativité concerne l ’existence d ’une vitesse limite.
Pour voir comment les longueurs et les intervalles de temps mesurés varient d ’un
observateur à l ’autre, nous choisissons deux observateurs inertiels, un Romain qui utilise
des coordonnées x, y, z et t, et un Grec qui utilise des coordonnées ξ, υ, ζ et τ*, et qui se
déplacent avec une vitesse relative v. Les axes sont choisis de telle manière que la vitesse
pointe dans la direction des x. La constance de la vitesse de la lumière dans toutes les
directions, pour deux observateurs quelconques, signifie que pour le mouvement de la
lumière les différentielles de coordonnées sont reliées par
Supposez également qu ’un stroboscope au repos pour l ’observateur grec, donc avec dξ =
0, produise deux flashs séparés par un intervalle de temps dτ. Pour l ’observateur romain,
le stroboscope se déplace avec une vitesse v, de telle façon que dx = vdt. En introduisant
cela dans l ’expression précédente, et en supposant que la linéarité et l ’ indépendance de
la direction de la vitesse s’appliquent en général, nous trouvons que les intervalles sont
Défi 36 e reliés par
dτ + vdξ/c 2
dt = γ(dτ + vdξ/c 2 ) = √ avec v = dx/dt
1 − v 2 /c 2
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dx = γ(dξ + vdτ) = √
dξ + vdτ
1 − v 2 /c 2
dy = dυ
dz = dζ . (12)
Ces expressions décrivent comment les longueurs et les durées mesurées par des observa-
teurs distincts sont reliées entre elles. À des vitesses relatives v qui sont petites comparées
à la vitesse de la lumière, tel que cela se produit dans la vie quotidienne, les durées sont
essentiellement identiques, le facteur de dilatation ou correction relativiste ou contraction
relativiste γ est alors ajusté à la valeur 1 dans un but pratique. En revanche, pour des
vitesses proches de celle de la lumière les mesures des deux observateurs donnent des va-
leurs différentes. Dans ces cas, l ’espace et le temps s’entremêlent, comme indiqué sur la
Figure 17.
Les expressions (12) sont également étranges sur un autre plan. Lorsque deux obser-
vateurs se regardent l ’un et l ’autre, chacun d ’eux prétend mesurer des intervalles plus
Défi 37 s courts que l ’autre. En d ’autres mots, la relativité restreinte montre que le gazon situé de
l ’autre côté d ’une clôture est toujours plus court – si nous roulons à vélo le long de la
clôture et si l ’ herbe est inclinée. Nous allons bientôt explorer ce résultat bizarre plus en
détail.
Le facteur de dilatation γ est égal à 1 pour la plupart des situations concrètes de la vie
courante. La plus grande valeur que des êtres humains aient pu atteindre est environ 2⋅105 ,
la plus grande valeur observée dans la nature est environ 1012 . Pouvez-vous imaginer où
Défi 38 s on peut les rencontrer ?
Une fois que nous savons comment les tranches d ’espace et de temps varient, nous
pouvons aisément déduire comment les coordonnées varient. Les figures 16 et 17 montrent
que la coordonnée x d ’un événement L est la somme de deux intervalles : la coordonnée
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 37
ξ = γ(x − v t) et v =
dx
. (13)
dt
En utilisant l ’ invariance de l ’ intervalle d ’espace-temps, nous obtenons
Henri Poincaré appela ces deux relations les transformations de Lorentz de l ’espace et du
temps d ’après leur découvreur, le physicien hollandais Hendrik Antoon Lorentz*. Dans
Réf. 33 une des découvertes les plus admirables de la physique, en 1892 et 1904, Lorentz déduisit
Page 53 ces relations à partir des équations de l ’électrodynamique, dans lesquelles elles étaient im-
plicitement contenues, attendant d ’être découvertes, depuis 1865**. Cette année-là James
Clerk Maxwell avait publié ces équations dans le but de décrire tous les phénomènes élec-
triques et magnétiques. Toutefois, ce fut Einstein qui compris le premier que t et τ, de
même que x et ξ, sont aussi corrects l ’un que l ’autre et donc qu ’ ils sont des descriptions
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de l ’espace et du temps aussi valides l ’une que l ’autre.
Les transformations de Lorentz décrivent le changement de point de vue d ’un réfé-
rentiel inertiel à un autre en mouvement. Ce changement de point de vue est appelé une
poussée (de Lorentz). Les formules (13) et (14) de la poussée sont cruciales pour les deux
théories de la relativité, la restreinte et la générale. En réalité, les mathématiques de la re-
lativité restreinte ne seront pas plus difficiles que cela : si vous savez ce qu ’est une racine
carrée, alors vous pouvez étudier la relativité restreinte dans toute sa splendeur.
De nombreuses formules alternatives pour d ’autres transformations ont été explorées,
telles que des expressions dans lesquelles l ’accélération relative entre les deux observa-
Réf. 34 teurs est prise en compte, comme la vitesse relative. Toutefois, elles ont toutes dû être
écartées après avoir comparé leurs prédictions aux données expérimentales. Avant de je-
ter un coup d ’œil sur ces expériences, nous allons continuer avec quelques déductions
logiques issues des relations de transformation.
“
Von Stund ’ an sollen Raum für sich und Zeit
für sich völlig zu Schatten herabsinken und nur
noch eine Art Union der beiden soll
Selbstständigkeit bewaren***.
Hermann Minkowski.
manières pour des observateurs distincts. Ce fait est généralement exprimé en disant
que le temps est la quatrième dimension. Cela semble raisonnable parce que l ’entité élé-
mentaire commune – appelée espace-temps – peut être définie comme étant l ’ensemble
de tous les événements, ceux-ci étant décrits par quatre coordonnées dans le temps et
l ’espace, et parce que l ’ensemble de tous les événements possède les propriétés d ’une
v2
di 2 = c 2 dt 2 − dx 2 − dy 2 − dz 2 = c 2 dt 2 (1 − ), (15)
c2
est indépendant de l ’observateur (inertiel). Un tel espace-temps est aussi appelé espace-
temps de Minkowski, d ’après Hermann Minkowski**, le professeur d ’Albert Einstein. Il
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fut le premier, en 1904, à définir le concept d ’espace-temps et à comprendre son utilité
et son importance.
L’ intervalle d ’espace-temps di de l ’équation (15) possède une interprétation simple.
C ’est le temps mesuré par un observateur en mouvement entre l ’événement (t, x) et
l ’événement (t + dt, x + dx), ce que l ’on appelle le temps propre, multiplié par c. Si nous
omettons le facteur c, nous pouvons le désigner plus simplement comme étant le temps
de sa montre-bracelet.
Nous vivons dans un espace-temps de Minkowski, si on peut le dire ainsi. L’espace-
temps de Minkowski existe indépendamment des choses. Et, bien que des systèmes de
coordonnées puissent être différents d ’un observateur à l ’autre, l ’entité sous-jacente,
l ’espace-temps, est toujours unique, même si l ’espace et le temps ne le sont pas eux-
mêmes.
De quelle manière l ’espace-temps de Minkowski diffère-t-il de l ’espace-temps gali-
léen, cette combinaison de l ’espace et du temps quotidiens ? Les deux espace-temps sont
des variétés, c ’est-à-dire des ensembles continus de points, ils possèdent tous les deux
trois dimensions d ’espace et une de temps, et les deux variétés ont la topologie de la
Défi 40 s sphère trouée. (Pouvez-vous confirmer ce point ?) Les deux variétés sont plates, c ’est-à-
dire exemptes de toute courbure. Dans les deux cas, l ’espace est ce qui est mesuré avec
une règle ou avec un rayon lumineux, et le temps est ce qui est lu sur une horloge. Dans
les deux cas, l ’espace-temps est fondamental, il est et demeure à la fois l ’ arrière-plan et
le conteneur des objets et des événements.
La différence centrale, en réalité la seule, est que l ’espace-temps de Minkowski, au
contraire de la situation galiléenne, mélange l ’espace et le temps, et qu ’ il le fait, en parti-
culier, de manière différente pour des observateurs ayant des vitesses différentes, comme
indiqué sur la Figure 17. C ’est pourquoi le temps est un concept dépendant de l ’observa-
teur.
Page ?? * Le mot « variété » est défini dans l ’Annexe ??.
** Hermann Minkowski (1864–1909) était un mathématicien allemand. Il avait développé des idées proches
de celles d ’ Einstein, mais ce dernier le devança. Minkowski développa alors le concept d ’espace-temps. Il
décéda brutalement à l ’âge de 44 ans.
vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière 39
temps t
re
re
iè
cô
II
cô
futur
iè
T T
m
ne
m
ne
lu
futur
lu
de
de
de
de
lu
ne
lu
ne
m
m
cô
iè
cô
re
III I
ailleurs E E ailleurs
ailleurs espace y
IV x
passé
passé
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La vitesse maximale dans la nature nous oblige donc à décrire le mouvement à l ’aide
de l ’espace-temps. C ’est intéressant, parce que dans l ’espace-temps, pour le dire en
termes simples, le mouvement n’existe pas. Le mouvement n’existe que dans l ’espace.
Dans l ’espace-temps, rien ne bouge. Pour chaque particule ponctuelle, l ’espace-temps
contient une ligne d ’univers. En d ’autre mots, au lieu de nous demander pourquoi
le mouvement existe, nous pouvons de manière équivalente nous demander pourquoi
l ’espace-temps est quadrillé par des lignes d ’univers. À ce niveau, nous sommes tou-
jours loin de répondre à l ’une ou l ’autre de ces questions. Ce que nous pouvons faire est
d ’explorer comment le mouvement a lieu.
être ordonnés par rapport à leur origine – à savoir ceux à l ’ intérieur des cônes – et ceux
qui ne le peuvent pas – ceux à l ’extérieur des cônes, se produisant partout ailleurs pour
tous les observateurs. (Certains appellent tous les événements qui se produisent ailleurs
le présent.) Donc, le temps ordonne les événements seulement en partie. Par exemple,
pour deux événements qui ne sont pas causalement reliés, leur ordre temporel (ou leur
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tous les événements qui façonnent son histoire passée et future, se compose uniquement
d ’événements de genre temps. Le temps est la quatrième dimension, elle étend l ’espace
à l ’espace-temps et ainsi « complète » cette dernière. Elle représente la pertinence d ’une
quatrième dimension pour la relativité restreinte, ni plus ni moins.
La relativité restreinte nous enseigne donc que la causalité et le temps peuvent être
définis uniquement parce que les cônes de lumière existent. Si le transport de l ’énergie à
des vitesses supérieures à celle de la lumière existait, le temps ne pourrait pas être défini.
La causalité, c ’est-à-dire la possibilité d ’un ordonnancement (partiel) des événements
pour tous les observateurs, est due à l ’existence d ’une vitesse maximale.
Si la vitesse de la lumière pouvait être surpassée d ’une certaine manière, le futur pour-
Défi 42 s rait influencer le passé. Pouvez-vous confirmer cette idée ? Dans de telles situations, nous
observerions des effets acausaux. Cependant, il existe un phénomène quotidien qui nous
dit que la vitesse de la lumière est en réalité maximale : notre mémoire. Si le futur pouvait
influencer le passé, nous serions également capables de nous souvenir du futur. Pour le
dire d ’une autre manière, si le futur pouvait influencer le passé, le deuxième principe de
la thermodynamique ne pourrait pas être valide et notre mémoire ne pourrait pas fonc-
tionner*. Il n’existe aucune autre information, qu ’elle soit glanée dans la vie quotidienne
ou dans les expériences, qui fournisse une quelconque évidence pour que le futur puisse
influencer le passé. En d ’autres termes, le voyage dans le passé est impossible. Nous révé-
lerons plus tard comment cette situation changera dans la théorie quantique. De façon
intéressante, le voyage dans le futur est possible, comme nous allons le voir bientôt.
* Un autre résultat, qui est lié, devient petit à petit une vérité notoire. Même si l ’espace-temps avait une
forme non triviale comme celle d ’une topologie cylindrique avec des courbes de genre temps fermées, nous
ne serions toujours pas capables de voyager dans le passé, contrairement à ce que de nombreux romans de
Réf. 36 science-fiction suggèrent. Cela a été clairement établi par Stephen Blau dans un récent article très pédago-
gique.
curiosités de la relativité restreinte 41
d=√
vt
. (16)
1 − v 2 /c 2
Cette distance d est déjà plus grande que ct pour v > 0, 71c, et, si nous choisissons v
assez grand, elle augmente au-delà de toute limite ! En d ’autres termes, la relativité ne
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limite pas la distance que nous pouvons parcourir durant une vie entière, et pas même la
distance que nous pouvons effectuer en une seule seconde. Nous pourrions, en principe,
sillonner l ’univers tout entier en moins d ’une seconde. Dans des situations telles que
celles-ci, il est raisonnable d ’ introduire le concept de vitesse propre w, définie comme
w = d/t = √ =γv .
v
(17)
1 − v 2 /c 2
Comme nous venons de le voir, la vitesse propre n’est pas limitée par la vitesse de la
lumière, en réalité la vitesse propre de la lumière est elle-même infinie*.
* En utilisant la vitesse propre, la relation donnée dans l ’équation (9) pour la composition de deux vitesses
Défi 44 e wa = γ a va et wb = γ b vb se simplifie en
premier
jumeau
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F I G U R E 19 Le paradoxe des jumeaux.
personne ou une montre dans un avion effectuant une boucle autour de la Terre, à envi-
ron 900 km/h, est de l ’ordre de 100 ns – ce qui n’est pas vraiment perceptible dans la vie
quotidienne. En fait, le retard est facilement évalué à partir de l ’expression
=γ.
t
(19)
t′
Le corps humain est une horloge, il témoigne d ’un temps écoulé, généralement appelé
l ’ âge, par divers changements dans sa forme, son poids, la couleur des cheveux, etc. Si
une personne part pour un long voyage rapide, à son retour elle sera moins âgée qu ’une
seconde personne qui est restée dans sa maison (inertielle).
La plus célèbre illustration en est le fameux paradoxe des jumeaux (ou paradoxe des
horloges). Un jumeau audacieux saute dans une fusée relativiste qui quitte la Terre et
voyage durant de nombreuses années. Très loin de la Terre, il bondit dans une autre fu-
sée relativiste empruntant le chemin inverse et revenant au bercail. Ce voyage est illustré
sur la Figure 19. À son retour, il remarque que son frère jumeau resté sur Terre est beau-
coup plus âgé que lui-même. Pouvez-vous expliquer ce résultat, particulièrement l ’asy-
métrie entre les deux frères ? Ce résultat a également été confirmé lors de nombreuses
Réf. 40 expériences.
La relativité restreinte confirme donc, sous une forme étonnante, la devise bien
connue que les voyages forment la jeunesse. Cependant, le prix à payer pour conserver
sa jeunesse est que toutes les choses autour de nous changent vraiment beaucoup plus
rapidement que si nous restions au repos par rapport à notre environnement.
Le paradoxe des jumeaux peut aussi être perçu comme une confirmation de la possibi-
lité de voyager dans le futur. À l ’aide d ’une fusée ultra-rapide qui revient à son point de
départ, nous pouvons parvenir à un temps local que nous n’aurions jamais pu atteindre
au terme de notre vie en restant chez nous. Hélas, nous ne pouvons jamais revenir dans
curiosités de la relativité restreinte 43
haute atmosphère
muons
désintégrés
F I G U R E 20 Les muons sont plus nombreux que prévu
compteur lorsqu’ils parviennent au sol parce que le voyage
inférieur ultra-rapide entretien leur jeunesse.
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le passé*.
Une des expériences les plus simples confirmant la jeunesse prolongée des voyageurs
ultra-rapides a trait au comptage des muons. Les muons sont des particules qui sont per-
Page ?? pétuellement formées dans la haute atmosphère par des rayons cosmiques. Les muons
au repos (par rapport à l ’ horloge qui prend la mesure) possèdent une demi-vie limi-
tée à 2,2 µs (ou de 660 m, à la vitesse de la lumière). Après ce laps de temps, la moitié
des muons sont désintégrés. Cette demi-vie peut être mesurée en utilisant de simples
compteurs à muons. En plus, il existe des compteurs spécifiques qui ne comptent que les
muons voyageant à une certaine vitesse comprise dans un intervalle, disons de 0, 9950c
à 0, 9954c. Nous pouvons mettre l ’un de ces compteurs spécifiques au sommet d ’une
montagne et en mettre un autre plus bas dans la vallée, comme indiqué sur la Figure 20.
Réf. 42 La première fois que cette expérience fut réalisée, la différence de hauteur était de 1,9 km.
La traversée de cette distance dans l ’atmosphère à la vitesse mentionnée prend environ
6,4 µs. Avec la demi-vie donnée ci-dessus, un calcul naïf révèle que seulement 13 % envi-
Défi 45 s ron des muons observés au sommet devraient parvenir au site inférieur. Pourtant, nous
observons qu ’environ 82 % des muons arrivent jusqu ’en bas. L’explication de ce résul-
tat est fournie par la dilatation relativiste du temps. En réalité, à la vitesse mentionnée,
les muons ressentent une différence temporelle d ’uniquement 0,62 µs pendant le trajet
du sommet de la montagne jusqu ’à la vallée. Ce temps plus court fait que le nombre de
muons perdus est beaucoup plus petit que s’ il n’y avait pas dilatation du temps. Qui
plus est, le pourcentage mesuré confirme la valeur donnée par la prédiction du facteur
de dilatation du temps γ, aux erreurs expérimentales près, comme vous pourriez le véri-
Défi 46 s fier. Un effet similaire est observé lorsque des muons relativistes sont produits dans des
accélérateurs.
Réf. 41 * Il y a même des ouvrages spécifiques sur le voyage dans le temps, tel le texte très approfondi de Nahin.
Remarquez que le concept du voyage dans le temps doit être clairement défini, sinon nous n’aurions aucune
objection à formuler à l ’employé qui appelle sa chaise de bureau une machine à voyager dans le temps, sous
le prétexte que rester assis dessus lui permet d ’aller dans le futur.
44 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
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nous est impossible de synchroniser des horloges au repos l ’une par rapport à l ’autre
simplement en marchant, horloge en main, d ’un lieu à un autre. La manière appropriée
Défi 47 s pour ce faire est d ’échanger des signaux lumineux. Pouvez-vous décrire comment ?
Une définition précise de la synchronisation nous permet de qualifier de simultanés
deux événements éloignés. De plus, la relativité restreinte montre que la simultanéité
dépend de l ’observateur. Toutes les expériences réalisées jusqu ’à présent confirment ce
point.
Cependant, le désir de cette mère n’est pas facile à satisfaire. Imaginons qu ’elle soit
accélérée dans un vaisseau spatial s’éloignant de la Terre à 10 m/s2 pendant dix ans, puis
ralentie de 10 m/s2 durant dix autres années, puis accélérée pendant dix années supplé-
mentaires en direction de la Terre, et finalement ralentie pendant les dix dernières années
dans le but de débarquer saine et sauve sur notre planète. Cette mère a mis 40 ans pour
réaliser ce voyage. Elle s’est éloignée à 22 000 années-lumière de sa planète natale. À son
retour sur Terre, 44 000 années se sont écoulées. Tous cela semble fantastique, jusqu ’à ce
que nous réalisions que la quantité nécessaire de carburant, même pour le moteur le plus
efficace que l ’on puisse imaginer, est si considérable que la masse restituée au retour du
Défi 48 e voyage n’est que d ’une seule partie pour 2 ⋅ 1019 . Cette quantité nécessaire de carburant
n’existe pas sur Terre.
observations
observations du pilote
du fermier
extrémités de
l'avion extrémités de
la grange
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F I G U R E 21 Les observations du pilote et du propriétaire de la grange.
ski ski
h
trou
trou trou
trou
F I G U R E 22 Les observations du creuseur de pièges et du surfeur des neiges, telles qu’elles sont
publiées (par erreur) dans la littérature.
Imaginez qu ’un pilote vole en traversant une grange dotée de deux portes, une à
chaque extrémité. L’avion est légèrement plus long que la grange, mais se déplace si ra-
pidement que sa longueur, contractée par la relativité, est plus courte que la longueur de
la grange. Le fermier peut-il fermer la grange (au moins pendant un court instant) avec
l ’avion entièrement situé à l ’ intérieur ? La réponse est oui. Mais pourquoi le pilote ne
peut-il pas dire la chose suivante : par rapport à lui, la grange est contractée, par consé-
quent l ’avion ne peut être contenu tout entier dans celle-ci ? La réponse est indiquée sur
la Figure 21. Pour le fermier, les portes se ferment (et se rouvrent) au même moment.
Pour le pilote, ce n’est pas le cas. Pour le fermier, le pilote est dans l ’obscurité durant un
court instant ; pour le pilote, la grange n’est jamais sombre. (Ce n’est pas entièrement
Défi 50 s vrai : pouvez-vous en développer les détails ?)
Nous explorons maintenant quelques variantes du cas général. Un surfeur des neiges
ultra-rapide peut-il tomber dans un trou qui est un petit peu plus court que sa planche ?
Imaginez-le surfer si rapidement que le facteur de contraction des longueurs γ = d/d ′
soit de 4*. Pour un observateur sur le sol, la planche de surf est quatre fois plus courte
et, lorsqu ’elle passe au-dessus du trou, elle chutera dedans. En revanche, pour le surfeur,
c ’est le trou qui est quatre fois moins large, dans ce cas il semble que la planche de surf
ne puisse pas tomber dedans.
* Même la Terre se contracte dans la direction de son ouvement autour du Soleil. Cette valeur est-elle mesu-
Défi 51 s rable ?
46 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
v
B corde F
Réf. 44 Une analyse plus attentive montre que, contrairement à l ’observation du creuseur de
trous, le surfeur des neiges ne voit pas que la forme de la planche est figée : au moment de
passer au-dessus du trou, il observe que la planche affecte une forme parabolique et chute
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Défi 52 e dans le trou, comme indiqué sur la Figure 22. Pouvez-vous le confirmer ? En d ’autres
termes, la forme n’est pas une notion invariante. (Toutefois, la rigidité est invariante par
rapport à l ’observateur, si elle est correctement définie. Pouvez-vous appuyer ce dernier
Défi 53 s point ?)
Cette explication, bien que répandue, n’est pas exacte, comme Harald van Lintel et
Réf. 45 Christian Gruber l ’ont souligné. Nous ne devrions pas oublier d ’estimer la durée de l ’ef-
fet. Aux vitesses relativistes le temps requis pour que le trou agisse sur toute l ’épaisseur
de la planche ne peut pas être négligé. Le surfeur des neiges voit que sa planche prend une
forme parabolique seulement si elle est extrêmement fine et flexible. Pour des planches
ordinaires se déplaçant à des vitesses relativistes, le surfeur n’a pas le temps de tomber
Défi 54 pe d ’une hauteur h appréciable ou de voir sa planche se courber dans le trou avant de passer
dessus. La Figure 22 est si exagérée qu ’elle est inexacte. Le surfeur des neiges devrait tout
simplement filer à toute vitesse au-dessus du trou.
Les paradoxes autour de la contraction des longueurs deviennent même plus intéres-
Réf. 46 sants dans le cas d ’un conducteur glissant qui établit un contact électrique entre deux
rails, comme dessiné sur la Figure 23. Les deux rails sont parallèles, mais l ’un d ’entre
eux possède un décrochement qui est plus long que la pièce glissante. Pouvez-vous re-
chercher si une ampoule reliée en série reste allumée lorsque la pièce glissante se déplace
Défi 55 s le long des rails à une vitesse relativiste ? (Faites l ’ hypothèse simplificatrice, mais non
parfaitement réaliste, que le courant électrique s’écoule instantanément dès que la pièce
touche les rails.) Obtenez-vous le même résultat pour tous les observateurs ? Et qu ’arrive-
t-il lorsque la pièce glissante est plus longue que le décrochement ? (Attention : ce pro-
blème a donné naissance à des débats houleux !) Qu ’est-ce qui est irréaliste dans cette
expérience ?
Réf. 47 Un autre exemple de contraction des longueurs apparaît lorsque deux objets, disons
deux voitures, sont reliés sur une distance d par une corde tendue, comme indiqué sur
la Figure 24. Imaginez que les deux véhicules soient au repos à l ’ instant t = 0 puis soient
accélérés ensemble exactement de la même façon. L’observateur au repos soutiendra que
les deux voitures demeurent à la même distance √ l ’une de l ’autre. De l ’autre point de vue,
la corde doit recouvrir une distance d = d/ 1 − v 2 /c 2 , et doit donc s’allonger lorsque
′
curiosités de la relativité restreinte 47
les deux véhicules accélèrent. En d ’autres termes, la corde rompra. Cette prédiction est-
Défi 56 s elle confirmée par les observateurs situés dans chacun des deux véhicules ?
Un exemple amusant – mais complètement irréaliste – de contraction des longueurs
Réf. 48 est celui d ’un sous-marin se déplaçant horizontalement. Imaginez que le sous-marin
stationnaire ait ajusté son poids afin de flotter dans l ’eau sans avoir tendance à couler ni
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Nous avons rencontré plusieurs situations dans lesquelles les observations varient lors-
qu ’un observateur se déplace à très grande vitesse. En tout premier lieu, la contraction de
Lorentz et l ’aberration provoquent la distorsion des images. Deuxièmement, l ’ aberration
augmente l ’angle de vision au-delà des 180 degrés approximatifs que les êtres humains
perçoivent dans la vie quotidienne. Un observateur relativiste qui regarde dans la direc-
tion du mouvement reçoit de la lumière qui est invisible pour un observateur station-
naire, parce que, pour ce dernier, elle arrive par derrière. Troisièmement, l ’ effet Doppler
engendre un décalage de couleurs sur les images. Quatrièmement, le mouvement rapide
modifie la luminosité et le contraste de l ’ image : c ’est l ’ effet projecteur. Chacune de ces
modifications dépend de la direction du regard, elles sont montrées sur la Figure 26.
Les ordinateurs modernes nous permettent de reproduire les observations faites par
des voyageurs ultra-rapides avec une qualité photographique, et même de produire des
simulations animées*. Les images de la Figure 25 sont particulièrement opportunes pour
nous permettre de comprendre la déformation relativiste des images. Elles indiquent
l ’angle de vision, le cercle qui distingue les objets qui sont devant l ’observateur de ceux
qui se trouvent derrière lui, les coordonnées des pieds de l ’observateur et le point sur
l ’ horizon en direction duquel se déplace cet observateur. En intégrant ces repères dans
votre esprit lorsque vous regardez d ’autres images ou films, vous devez comprendre plus
clairement ce que représentent ces images.
Nous notons que la forme de l ’ image vue par un observateur en mouvement est une
version distordue de celle vue par un observateur au repos au même endroit. Toutefois,
un observateur en déplacement ne voit pas des objets différents d ’un autre observateur
stationnaire au même emplacement. En fait, les cônes de lumière sont indépendants du
mouvement d ’un observateur.
* Consultez par exemple des images et des films sur http://www.anu.edu.au/Physics/Searle par Anthony
Searle, sur http://www.tat.physik.uni-tuebingen.de/~weiskopf/gallery/index.html par Daniel Weiskopf, sur
http://www.itp.uni-hannover.de/~dragon/stonehenge/stone1.htm par Norbert Dragon et Nicolai Mokros,
ou sur http://www.tempolimit-lichtgeschwindigkeit.de par le groupe de Hanns Ruder.
48 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
F I G U R E 25 Traversée de douze colonnes verticales (indiquées sur les deux images du haut) à 0,9 fois la
vitesse de la lumière tel que simulé par Nicolai Mokros et Norbert Dragon, exhibant ainsi l’effet de la
vitesse et de la position sur les distorsions. (© Nicolai Mokros)
curiosités de la relativité restreinte 49
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F I G U R E 27 Ce qu’un chercheur qui se tient debout et un autre courant rapidement à travers un couloir
observent (en omettant les effets sur les couleurs). (© Daniel Weiskopf )
La contraction de Lorentz est mesurable, pourtant elle ne peut pas être photographiée.
Réf. 49 Cette distinction surprenante ne fut découverte qu ’en 1959. La mesure implique la simul-
tanéité à la position de l ’objet, la photographie entraîne la simultanéité à la position de
l ’observateur. Sur une photographie, la contraction de Lorentz est modifiée par les effets
dus aux différents temps de trajet de la lumière depuis les différentes parties d ’un objet.
Le résultat provoque un changement dans la forme qui rappelle une rotation, bien que
n’en étant pas exactement une. La déformation résultante est une aberration dépendant
Page 18 de l ’angle. Nous avons discuté de l ’aberration au début de cette section. L’aberration
50 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
transforme des cercles en d ’autres cercles : de telles transformations sont dites conformes.
Les images de la Figure 27, produites par Daniel Weiskopf, intègrent également l ’effet
Doppler et les changements de luminosité. Elles montrent que ces effets sont au moins
aussi saisissants que la distorsion due à l ’aberration.
Cela nous conduit au « paradoxe du collier de perles ». Si le mouvement relativiste
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Réf. 47 Explorons une autre surprise de la relativité restreinte. Imaginez des jumeaux à l ’ in-
térieur de deux véhicules accélérés de manière identique, l ’un devant l ’autre, partant du
point mort à l ’ instant t = 0, comme le décrit un observateur au repos par rapport aux
jumeaux. (Il n’y a pas de corde qui relie les voitures maintenant.) Les deux véhicules
contiennent la même quantité de carburant. Nous en déduisons aisément que l ’accélé-
ration des deux jumeaux cessera lorsque le carburant s’épuisera, au même instant dans
Défi 61 e le référentiel de l ’observateur extérieur. De plus, la distance entre les voitures est restée
identique tout au long de la course pour cet observateur, et les deux voitures continuent
de rouler avec une vitesse constante v identique, tant que le frottement reste négligeable.
Si nous appelons les événements correspondant à l ’arrêt des moteurs de la voiture de
devant et de celle de derrière respectivement a et b, leurs coordonnées temporelles dans
le référentiel extérieur sont tout simplement reliées par t a = t b . En utilisant les trans-
formations de Lorentz vous pouvez en déduire, dans le référentiel des jumeaux roulant
Défi 62 e librement, la relation
t b = γ∆x v/c 2 + t a , (20)
qui signifie que le jumeau de devant a vieilli plus vite que le jumeau de derrière ! Par
conséquent, dans des systèmes accélérés, le vieillissement dépend de la position.
Pour choisir une place dans un bus, cependant, ce résultat ne nous est d ’aucune aide.
Il est vrai que la meilleure place dans un bus en accélération est celle du fond, mais dans
un bus qui ralentit c ’est celle de devant. À la fin du parcours, le choix du siège n’ importe
plus.
Est-il exact d ’en déduire que les gens qui habitent dans les hautes montagnes
vieillissent plus vite que ceux des vallées, au point que vivre dans une vallée permettrait
Défi 63 s de retarder l ’apparition des cheveux blancs ?
* En juillet 2005.
curiosités de la relativité restreinte 51
J
arbitre signal lumineux
x'
mobile
J
signal lumineux x'
espace espace
F I G U R E 28 Pour l’athlète de gauche, l’arbitre se déplaçant dans la direction opposée voit ses deux
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pieds hors du sol à certains moments, mais pas pour celui de droite.
Les Beatles
v
X
Les Beatles
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plus rapide que la lumière.
Page 102 en détail un peu plus tard. En fait, ces situations peuvent aussi être vues – avec un peu
d ’ imagination – comme des cas particuliers du phénomène de la « vitesse de l ’ombre ».
Pour citer un exemple différent, imaginez que nous soyons situés à la sortie d ’un tun-
nel de longueur l. Nous voyons une voiture, dont nous savons que sa vitesse est v, entrant
à l ’autre extrémité du tunnel et roulant dans notre direction. Nous savons qu ’elle y entre
En d ’autres termes, la voiture qui s’approche semble avoir une vitesse v appr de
v appr = =
l vc
, (22)
t c−v
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qui est plus grande que c pour n’ importe quelle vitesse v supérieure à c/2. Pour des
voitures cela ne se produit pas très souvent, mais les astronomes connaissent un type
d ’objet lumineux dans le ciel appelé quasar (une contraction de « quasi-stellar object »),
qui émet parfois des jets de gaz ultra-rapides. Si l ’émission est dans la direction de la
Terre, ou proche de cette direction, sa vitesse apparente – et même sa composante pu-
rement transversale – est plus grande que c. De telles circonstances sont aujourd ’ hui
Réf. 51 fréquemment observées avec les télescopes.
Remarquez que, pour un deuxième observateur situé à l ’ entrée du tunnel, la vitesse
apparente du véhicule qui s’éloigne est donnée par
v éloi =
vc
, (23)
c+v
ce qui n’est jamais supérieur à c/2. En d ’autres termes, nous n’observons jamais d ’objets
s’éloignant à plus de la moitié de la vitesse de la lumière.
Cette histoire possède un ultime rebondissement. Nous venons de voir qu ’un mou-
vement plus rapide que la lumière peut être observé dans plusieurs situations. Mais un
objet se déplaçant plus vite que la lumière pourrait-il malgré tout être observé ? De façon
surprenante, il le pourrait, mais de manière plutôt insolite. Premièrement, puisqu ’un tel
objet imaginaire, que l ’on appelle généralement un tachyon, se déplace plus vite que la
lumière, nous ne pouvons jamais le voir filer dans notre direction. S ’ il peut malgré tout
être aperçu, un tachyon ne peut être vu que de telle manière qu ’ il s’éloigne de nous.
Apercevoir un tachyon pourrait être similaire à entendre un jet supersonique. Ce n’est
qu ’ après que le tachyon sera passé à proximité, en supposant qu ’ il soit visible le jour,
que nous pourrions le remarquer. Nous verrions d ’abord un flash lumineux, correspon-
dant au bang d ’un avion filant à une vitesse supersonique. Nous verrions ensuite deux
images du tachyon, apparaissant quelque part dans l ’espace et s’éloignant dans des direc-
tions opposées, comme nous pouvons le déduire de la Figure 31. Même si l ’une des deux
images s’approchait de nous, elle paraîtrait de plus en plus petite et indistincte. C ’est,
pour le moins, un comportement plutôt inhabituel. Qui plus est, si vous vouliez observer
54 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
temps
observateur
lumière émise ou réfléchie
cône
de lumière
espace
F I G U R E 31 Diagramme d’espace-temps hypothétique pour l’observation du tachyon.
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un tachyon en pleine nuit, en l ’éclairant à l ’aide d ’une torche électrique, vous devriez
alors tourner votre tête dans la direction opposée au bras qui tient la torche ! Cette condi-
Défi 67 e tion découle également du diagramme de l ’espace-temps : pouvez-vous voir pourquoi ?
Personne n’a jamais observé un tel phénomène. Les tachyons, s’ ils existaient, seraient
Réf. 52 de bien curieux objets : ils accéléreraient lorsqu ’ ils perdent de l ’énergie ; un tachyon
Page 63 d ’énergie nulle serait plus rapide que tout, avec une vitesse infinie, et la direction de son
mouvement dépendrait du mouvement de l ’observateur. Aucun objet possédant ces pro-
priétés n’a été observé. Pire, comme nous l ’avons vu, les tachyons sembleraient surgir
du néant, contredisant les lois de conservation. Comme les tachyons ne peuvent pas être
vus au sens habituel du terme, remarquez qu ’ ils ne peuvent pas non plus être touchés,
puisque ces deux processus font appel aux interactions électromagnétiques, comme nous
le verrons plus tard dans notre ascension de la Montagne Mouvement. Les tachyons ne
peuvent donc pas représenter des objets au sens usuel du terme. Dans la deuxième par-
tie de notre aventure, nous montrerons que la théorie quantique exclut véritablement
l ’existence des tachyons (réels). Cependant, comme nous le découvrirons, elle réclame
en même temps l ’existence de tachyons « virtuels ».
R v G
u
O w
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bâton fera un certain angle non nul par rapport à la direction d ’origine. De manière iden-
tique, l ’axe d ’un corps en rotation tournant autour d ’un deuxième corps ne pointera pas
dans la même direction au bout d ’une révolution. Cet effet est nommé la précession de
Thomas, d ’après Llewellyn Thomas, qui le découvrit en 1925, vingt années après la nais-
sance de la relativité restreinte. Il avait échappé à l ’attention d ’une douzaine d ’autres cé-
lèbres physiciens. La précession de Thomas est cruciale dans le fonctionnement interne
des atomes, nous reviendrons là-dessus dans une section ultérieure de notre aventure.
Ces phénomènes surprenants sont purement relativistes, et ne sont donc mesurables que
dans le cas de vitesses comparables à celle de la lumière.
Un observateur en mouvement mesure donc toujours des valeurs inférieures à celles me-
surées par un observateur au repos.
En 1908, Max Planck utilisa cette expression, en combinaison avec la transformation
correspondante de la chaleur, pour déduire que l ’entropie est invariante sous les transfor-
mations de Lorentz. Étant le révélateur de la constante de Boltzmann k, Planck démontra
de cette façon que cette constante est un invariant relativiste.
Tous les chercheurs ne s’accordent pas sur cette expression. D’autres soutiennent que
T et T0 devraient être échangés dans la transformation de la température. De même, des
Réf. 54 puissances différentes de la simple racine carrée ont été proposées. L’origine de ces dis-
cordances est évidente : la température est définie uniquement pour des situations d ’équi-
libre, c ’est-à-dire pour des bains thermiques. Mais un bain thermique pour un observa-
56 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
teur n’en est pas un pour l ’autre. Pour des vitesses lentes, un observateur en mouvement
observe une situation qui est presque identique à un bain thermique, mais à des vitesses
plus élevées ce problème devient plus subtil. La température est déduite de la vitesse des
particules de matière, tels les atomes et les molécules. Pour des observateurs mobiles, il
n’existe aucune méthode convenable pour mesurer la température. La valeur mesurée
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Puisque la vitesse de la lumière est constante et puisque les vitesses ne s’additionnent
pas simplement, nous avons besoin de redéfinir les notions de masse, de quantité de
mouvement et d ’énergie. Nous avons par conséquent besoin de rebâtir la théorie de la
mécanique à partir de zéro.
L a masse en relativité
En physique galiléenne, le rapport des masses entre deux corps a été défini en utilisant
Page 72 la notion de collision ; il était donné par l ’opposé du rapport inverse des variations de
vitesses
=−
m2 ∆v 1
. (25)
m1 ∆v 2
Toutefois, des expériences démontrent que cette expression doit être modifiée pour des
vitesses approchant celle de la lumière. En fait, des expériences ne sont pas nécessaires :
Défi 68 pe nous pouvons montrer cela uniquement par la pensée. Pouvez-vous y parvenir ?
Il y a une seule solution à ce problème. Les deux théorèmes de conservations gali-
léennes, ∑ i m i v i = constante pour la quantité de mouvement et ∑ i m i = constante pour
Réf. 55 la masse, doivent être modifiés en
∑ γ i m i v i = constante (26)
i
et
∑ γ i m i = constante . (27)
i
Ces expressions, qui demeureront inchangées jusqu ’à la fin de notre escalade de la Mon-
tagne Mouvement, impliquent, entre autres, que la téléportation est impossible dans la
Défi 69 s nature. (Pouvez-vous le confirmer ?) Évidemment, afin de pouvoir retrouver la physique
mécanique relativiste 57
Observateur A
m m
avant : v
après :
V
M
avant :
V V F I G U R E 33 Une collision inélastique entre deux particules
m m
après : identiques, observée à partir de deux référentiels inertiels
M distincts.
galiléenne, la correction relativiste représentée par les facteurs γ i doit être proche de la
valeur 1 pour les vitesses quotidiennes, c ’est-à-dire pour les vitesses qui sont très petites
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devant la vitesse de la lumière.
Même si nous ne connaissons pas la valeur de ce facteur de correction relativiste, nous
pouvons la déduire à partir de la collision indiquée sur la Figure 33.
Dans le premier référentiel (A) nous avons γv mv = γ V MV et γv m + m = γ V M. À
partir des observations du second référentiel (B) nous déduisons que la composition de
Défi 70 e V avec V donne v, en d ’autres termes que
v=
2V
1 + V 2 /c 2
. (28)
Lorsque ces équations sont combinées, la correction relativiste γ se révèle être dépen-
dante de la grandeur de la vitesse v à travers
γv = √
1
. (29)
1 − v 2 /c 2
∆(γ2 v 2 )
=−
m1
∆(γ1 v 1 )
. (30)
m2
* Les résultats qui suivent montrent également que γ = 1 + T/mc 2 , où T représente l ’énergie cinétique d ’une
58 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
avant
pA
A B
règle : ϕ + θ = 90°
B
F I G U R E 34 Une règle très utile pour jouer au billard non relativiste.
caractérisant la difficulté à accélérer un corps, et elle peut toujours être utilisée pour des
ensembles de corps.
En suivant l ’exemple de la physique galiléenne, nous appelons la quantité
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p = γmv (31)
tan θ tan φ =
2
, (32)
γ+1
où les angles sont définis dans la Figure 35. Il apparaît que la somme φ + θ est plus petite
que l ’angle droit dans le cas relativiste. Des vitesses relativistes modifient ainsi complè-
tement la donne au jeu du billard. En réalité, chaque physicien des accélérateurs le sait :
Défi 71 e particule.
mécanique relativiste 59
θ
ϕ
pour des électrons ou des protons, ces angles peuvent facilement être déduits à partir
des photographies prises dans les chambres à brouillard, lesquelles indiquent les traces
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laissées par les particules lorsqu ’elles les traversent. Toutes ces photographies confirment
Réf. 22 l ’expression ci-dessus. En fait, les formes des détecteurs sont choisies en fonction de l ’ex-
pression (32), comme esquissé sur la Figure 35. Si cette formule – et la relativité – était
fausse, la plupart de ces détecteurs ne pourraient pas fonctionner, puisqu ’ ils manque-
raient la plupart des particules après la collision. En fait, ces expériences prouvent égale-
Défi 73 pe ment la validité de la formule de la composition des vitesses. Pouvez-vous le montrer ?
En d ’autres termes, la masse du système final est plus grande que la somme des deux
masses m originales. Par opposition à la mécanique galiléenne, la somme de toutes les
masses dans un système n’est pas une quantité conservée. Seule la somme ∑ i γ i m i des
masses corrigées est conservée.
La relativité fournit la réponse à cet embarras. Tout rentre dans l ’ordre si, pour
l ’ énergie E d ’un objet de masse m et de vitesse v, nous utilisons l ’expression
mc 2
E = γmc 2 = √ , (34)
1 − v 2 /c 2
par
E 0 = mc 2 , (35)
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1 ⋅ 3 v4 1 ⋅ 3 ⋅ 5 v6
T = γmc 2 − mc 2 = mv 2 +
1
m + m + ... (36)
2 2 ⋅ 4 c2 2 ⋅ 4 ⋅ 6 c4
Défi 75 e (en utilisant la formule du binôme de Newton) laquelle se réduit à l ’expression galiléenne
uniquement pour des petites vitesses.
L’ équivalence masse–énergie E = γmc 2 implique que le prélèvement de n’ importe
quelle énergie sur la matière conduit à une diminution de sa masse. Lorsqu ’une personne
joue du piano, réfléchit ou court, sa masse décroît. Lorsqu ’une tasse de thé refroidit ou
qu ’une étoile brille, leur masse décroît. L’équivalence masse–énergie s’ immisce partout
dans la nature.
Par ailleurs, nous devons faire attention de bien distinguer la transformation de la
masse en énergie de la transformation de la matière en énergie. Cette dernière est beau-
Défi 76 s coup plus rare. Pouvez-vous en fournir quelques exemples ?
La relation masse–énergie (34) implique la mort de nombreux récits fantaisistes de
science-fiction. Elle signifie qu ’ il n’existe pas de sources d ’énergie non découvertes sur
ou près de la Terre. Si de telles sources existaient, elles seraient mesurables à travers leur
masse. De nombreuses expériences ont recherché de tels effets, et sont toujours en train
de le faire, en vain. Il n’y a pas d ’ énergie gratuite disponible dans la nature*.
La relation masse–énergie m = E 0 /c 2 implique également que nous avons besoin d ’en-
viron 90 mille millions kJ (ou 21 mille millions kcal) pour accroître notre poids d ’un seul
gramme. Bien entendu, les diététiciens ont des opinions légèrement divergentes sur cette
question ! En fait, les êtres humains obtiennent leur énergie quotidienne à partir des sub-
stances qu ’ ils mangent, boivent et respirent en réduisant cette masse cumulée avant de
l ’expulser. Cependant, ce défaut de masse chimique survenant lorsque du combustible est
consommé ne peut pas toujours être mesuré en pesant la matière avant et après la réac-
tion : la différence est extrêmement petite, à cause du facteur de conversion impliqué qui
* Il est possible qu ’ il existe deux formes d ’énergie extrêmement diluées et non encore découvertes, que l ’on
appelle la matière noire et (de façon confuse) l ’ énergie sombre, éparpillées partout dans l ’univers. Elles sont
Page 201 déduites de mesures de masses (quoique laborieuses). Cette énigme n’a pas encore été résolue.
mécanique relativiste 61
est énorme. En réalité, pour toutes les réactions chimiques, les énergies de liaison sont
d ’environ 1 aJ (6 eV) par liaison : cela donne une variation de poids de l ’ordre d ’une par-
tie pour 1010 , trop imperceptible pour être mesurée par des individus qui se pèsent ou
pour déterminer les différences de masse entre les aliments et les excréments. Par consé-
quent, pour des processus chimiques courants, la masse peut être considérée comme
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fréquence. La précision accessible par ces expériences de résonance cyclotron est suffi-
Réf. 57 sante pour confirmer la relation ∆E 0 = ∆mc 2 pour les liaisons chimiques. À l ’avenir,
une précision accrue permettra même de déterminer des énergies de liaison de cette ma-
nière avec exactitude. Puisque l ’énergie de liaison est souvent rayonnée sous forme de
lumière, nous pouvons dire que ces techniques modernes permettent de peser la lumière.
La première dérivation d ’ Einstein de la relation masse–énergie était fondée sur la
réflexion qu ’ il mena à propos de la lumière et de sa masse. Lorsqu ’un objet émet deux
rayons lumineux identiques dans des directions opposées, son énergie décroît de la quan-
tité émise. Puisque les deux rayons lumineux sont identiques en énergie et en quantité de
mouvement, le corps ne se déplace pas. Si nous décrivons la même situation du point de
vue d ’un observateur en mouvement, nous déduisons à nouveau que l ’ énergie au repos
Défi 77 e de cet objet est
E 0 = mc 2 . (37)
En résumé, tous les processus physiques, y compris les collisions, nécessitent un traite-
ment relativiste à chaque fois que l ’énergie concernée représente une portion assez im-
portante de l ’énergie au repos.
Toute augmentation de l ’énergie entraîne une augmentation de la masse. Par consé-
quent, le fait de chauffer un corps le rend également plus lourd. Cependant, cet effet est
si ténu que personne ne l ’a mesuré jusqu ’à ce jour. C ’est un défi pour les expériences
futures de pouvoir le réaliser un jour.
Comment l ’énergie et la quantité de mouvement sont-elles reliées ? Les définitions de
la quantité de mouvement (31) et de l ’énergie (34) conduisent à deux relations fondamen-
Défi 78 e tales. En premier lieu, leurs grandeurs sont reliées par
m 2 c 4 = E 2 − p2 c 2 (38)
pour tous les systèmes relativistes, qu ’ ils soient des objets ou, comme nous le verrons
ci-après, du rayonnement. Pour le vecteur de la quantité de mouvement, nous obtenons
62 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
temps t τ
E'2 p'2
E'1 p'1
E
objet 1
objet 2 objet 1 objet 2
espace x ξ
F I G U R E 36 Diagramme d’espace-temps d’une collision pour deux observateurs.
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p=
E
v, (39)
c2
qui est également valide pour n’ importe quel type d ’énergie en mouvement, qu ’ il soit
Défi 79 e un objet, un rayon ou une pulsation de rayonnement*. Nous utiliserons souvent ces deux
relations dans le reste de notre ascension de la Montagne Mouvement, et en particulier
dans la discussion qui suit.
mouvement avant le second. Cela signifie que durant un court intervalle de temps l ’éner-
gie et la quantité de mouvement ne seraient pas conservées !
La seule manière de donner un sens à cette situation est de supposer qu ’ il y a échange
d ’un troisième objet, représenté par une ligne en pointillés. Découvrons quelles sont les
propriétés de ce troisième objet. Si nous notons les masses, les énergies et les quantités
1 − v 1 v 1′
m 2 c 4 = (E 1 − E 1′ )2 − (p1 − p′1 )2 c 2 = 2m 21 c 4 − 2E 1 E 1′ ( )<0. (40)
c2
C ’est un résultat étrange, parce qu ’ il signifie que la masse inconnue est un nombre ima-
ginaire* ! Par-dessus tout, nous voyons aussi tout de suite, d ’après le deuxième graphique,
que l ’objet échangé avance plus vite que la lumière. C ’est un tachyon, d ’après le mot grec
ταχύς « rapide ». En d ’autres termes, les collisions impliquent l ’existence d ’un mouve-
ment plus rapide que la lumière ! Nous verrons plus tard que les collisions sont en réalité
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les seuls processus où les tachyons jouent un rôle dans la nature. Puisque les objets échan-
gés n’apparaissent que pendant les collisions, et jamais en tant que tels, ils sont appelés
des objets virtuels, pour les distinguer des objets réels usuels, et peuvent se déplacer li-
brement sans aucune restriction**. Nous étudierons leurs propriétés un peu plus tard,
lorsque nous viendrons à discuter de la théorie quantique.
Dans la nature, un tachyon est toujours un objet virtuel. Les objets réels sont des bra-
dyons – d ’après la racine grecque βραδύς « lent » – ou objets se déplaçant moins vite
que la lumière. Remarquez d ’une part que les tachyons, en dépit de leur extrême célérité,
n’autorisent pas un transport de l ’énergie qui soit plus rapide que la lumière, et d ’autre
part qu ’ ils ne violent pas le principe de causalité si, et seulement si, ils sont émis ou
Défi 82 pe absorbés avec une probabilité identique. Pouvez-vous confirmer tout cela ?
Lorsque nous étudierons la théorie quantique, nous découvrirons également qu ’une
interaction de contact entre des objets est décrite en général non par l ’échange d ’un
unique objet virtuel, mais par un flux continu de particules virtuelles. Pour des collisions
courantes entre des objets familiers, l ’ interaction se révèle être d ’origine électromagné-
tique. Dans ce cas, les particules échangées sont des photons virtuels. En d ’autres termes,
quand notre main touche une autre main, quand elle pousse une pierre, ou quand une
montagne soutient les arbres qui poussent sur ses flancs, des flux de photons virtuels sont
Page ?? continuellement échangés.
A CM-0 B
v v
CdM transformé
A CM-1 B
CdM géométrique
A CM-2 B
v=0 2 2 2v/(1+v2/c2 )
v/(1+v /c )
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A CM-3 B
Il existe un autre secret dissimulé dans les collisions. Dans la partie droite de la Fi-
gure 36, le tachyon est émis par le premier objet et absorbé par le second. Toutefois, il est
Défi 83 s facile d ’ imaginer un observateur pour lequel la situation opposée se produit. En bref, la
direction de la trajectoire d ’un tachyon dépend de l ’observateur ! En réalité, c ’est une al-
lusion à l ’ antimatière. Dans les diagrammes d ’espace-temps, la matière et l ’antimatière
voyagent dans des directions opposées. Le lien entre la relativité et l ’antimatière devien-
Page ?? dra également plus flagrant dans la théorie quantique.
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Une deuxième raison qui explique la disparition du mouvement relativement rapide
est l ’amortissement par rayonnement. Pouvez-vous imaginer ce qui survient aux charges
Défi 84 s électriques pendant les collisions, ou dans un bain de lumière ?
En résumé, presque toute la matière contenue dans l ’univers se déplace à des vitesses
relativement petites par rapport à la matière restante. Les quelques contre-exemples
connus sont soit très anciens, comme les jets issus des quasars déjà mentionnés, soit
cessent après un court laps de temps. Les énergies colossales nécessaires pour le mou-
vement relativiste macroscopique sont toujours rencontrées dans les explosions de su-
pernovae, mais elles cessent d ’exister après quelques semaines seulement. Finalement,
l ’ univers est principalement empli de mouvement lent parce qu ’ il est vieux. Nous déter-
Page 210 minerons son âge bientôt.
E = γmc 2 (41)
laquelle est souvent considérée comme étant la plus célèbre formule de la physique. Il la
Réf. 11 publia dans un deuxième article indépendant vers la fin de l ’an 1905. Indubitablement,
cette formule aurait pu être révélée une trentaine d ’années plus tôt, à partir de la théorie
de l ’électromagnétisme.
En fait, au moins une personne déduisit ce résultat avant Einstein. En 1903 et 1904,
avant le premier article d ’ Einstein sur la relativité, un ingénieur italien peu connu,
Olinto De Pretto, fut le premier à calculer, discuter et publier la formule E = mc 2 *. Il se
pourrait qu ’ Einstein ait eu cette idée à partir de la formule de De Pretto, probablement
* Umberto Bartocci, professeur de mathématiques à l ’université de Pérouse en Italie, publia les détails
de cette surprenante histoire dans plusieurs articles. Le récit complet se trouve dans son ouvrage Um-
66 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
re
cô
iè
futur
ne
T
m
lu
de
de
lu
m
ne
iè
cô
re
passé
par le biais de Michele Besso, un de ses amis, ou d ’autres amis de langue italienne qu ’ il
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avait rencontrés lorsqu ’ il rendait visite à ses parents, qui habitaient en Italie à l ’époque.
Bien sûr, l ’ importance des efforts d ’ Einstein n’en est pas diminuée pour autant.
En fait, une formule similaire avait également été déduite en 1904 par Friedrich Ha-
Réf. 60 senöhrl et publiée encore une fois dans Annalen der Physik en 1905, avant Einstein,
quoique avec un facteur numérique erroné, à cause d ’une erreur de calcul. La formule
E = mc 2 constitue également une partie des diverses expressions situées dans deux pu-
blications d ’ Henri Poincaré en 1900. Le véritable héros de l ’ histoire pourrait aussi bien
être Tolver Preston, qui dissertait déjà sur l ’équivalence entre la masse et l ’énergie en
1875, dans son livre Physics of the Ether. L’équivalence masse–énergie flottait donc en
réalité dans l ’air du temps, attendant tout simplement d ’être révélée.
Dans les années 1970, il y eut une histoire similaire : une relation élémentaire entre l ’ac-
célération gravitationnelle et la température du vide fut mise en lumière. Ce résultat avait
attendu pendant plus de 50 ans avant d ’être découvert. En réalité, un grand nombre de
résultats similaires et antérieurs étaient consignés dans la littérature. D’autres relations
élémentaires pourraient-elles être cachées dans la physique moderne, attendant d ’être
Défi 85 s révélées ?
Q uadrivecteurs
Pour décrire le mouvement de manière cohérente pour tous les observateurs, nous
devons introduire quelques nouveaux objets mathématiques. Avant tout, le mouvement
des particules est perçu comme étant une succession d ’événements. Pour décrire les évé-
nements avec précision, nous utilisons des coordonnées événementielles, également ap-
pelées éléments à quatre coordonnées. Ils sont notés comme suit
berto Bartocci, Albert Einstein e Olinto De Pretto : la vera storia della formula più famosa del mondo,
Ultreja, 1998.
mécanique relativiste 67
XX = X 0 2 − X 1 2 − X 2 2 − X 3 2 = ct 2 − x 2 − y 2 − z 2 = X a X a = η ab X a X b = η ab X a X b .(43)
Dans cette équation nous avons introduit pour la première fois deux notations qui sont
utiles en relativité. En premier lieu, nous sommons automatiquement et implicitement
sur les indices répétés. Ainsi, X a X a représente la somme de tous les produits X a X a si a
est un indice qui prend toutes les valeurs de l ’ intervalle. Deuxièmement, pour chaque
quadrivecteur X nous discernons deux manières d ’écrire les coordonnées, à savoir les
coordonnées avec les indices en position haute et les coordonnées avec les indices en
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position basse. (En trois dimensions, nous utilisons uniquement des indices inférieurs.)
Elles sont reliées par la relation générale
⎛ 1 0 0 0⎞
⎜0 −1 0 0⎟
η ab = η ab =⎜ ⎟ .
⎜0 0 −1 0⎟
(45)
⎝0 0 0 −1⎠
Ne paniquez pas : ce sera tout, et ce ne sera pas plus compliqué ! Revenons maintenant à
la physique.
La grandeur d ’un vecteur position, ou distance, également nommé intervalle
d ’espace-temps, est essentiellement égale au temps propre multiplié par c. Le temps
propre est le temps indiqué par une horloge se déplaçant en ligne droite et avec une
vitesse constante depuis le point de départ jusqu ’au point d ’arrivée dans l ’espace-temps.
La différence par rapport aux vecteurs classiques (trivecteurs) est que la grandeur de
l ’ intervalle peut être positive, négative ou même nulle. Par exemple, si les points de
départ et d ’arrivée dans l ’espace-temps réclament un mouvement à la vitesse de la
Page 40 lumière, le temps propre est nul (cela est requis pour des vecteurs nuls). Si le mouve-
ment est plus lent que la vitesse de la lumière, le temps propre au carré est positif et la
distance est du genre temps. Pour des intervalles négatifs et donc des temps propres
imaginaires, la distance est du genre espace**. Un tour d ’ horizon simplifié en est donné
par la Figure 38.
* Remarquez que 30 % de tous les manuels de physique emploient la valeur négative de η pour la métrique,
ce que l ’on appelle la convention de genre espace, et emploient donc des signes opposés à cette définition.
Dans ce texte, comme dans les 70 % des textes de physique, nous utilisons la convention de genre temps.
** Dans le dernier cas, la valeur négative de la grandeur, laquelle est un nombre positif, est appelée la distance
68 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
Les coordonnées X sont mesurées dans le système de coordonnées défini par l ’observa-
teur inertiel choisi. La valeur de la vitesse U dépend de l ’observateur ou du système de
coordonnées utilisé ; ainsi la vitesse dépend de l ’observateur, comme c ’est le cas dans la
vie quotidienne. En utilisant dt = γ dτ et donc
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= =γ , où comme d ’ habitude γ = √
dx dx dt dx 1
, (47)
dτ dt dτ dt 1 − v 2 /c 2
Pour des vitesses faibles nous avons γ ≈ 1, et donc les trois dernières composantes de la
quadrivitesse sont celles de la vitesse galiléenne usuelle. Pour la norme de la quadrivitesse
U nous trouvons UU = U a U a = η ab U a U b = c 2 , qui est par conséquent indépendant de
la norme de la vitesse v et fait de celui-ci un vecteur de genre temps, c ’est-à-dire un
vecteur situé à l ’ intérieur du cône de lumière*.
Remarquez que la grandeur d ’un quadrivecteur peut être nulle bien que toutes ses
composantes soient différentes de zéro. Un tel vecteur est qualifié de nul. Quels mouve-
Défi 87 s ments possèdent un vecteur vitesse nul ?
propre au carré. La distance propre est la longueur mesurée par un odomètre si l ’objet se déplace avec celui-
ci.
* En général, un quadrivecteur est défini comme étant une quantité (h0 , h1 , h2 , h3 ) qui se transforme de la
manière suivante
h′2 = h2
h′3 = h3 (49)
quand on passe d ’un observateur inertiel à un autre se déplaçant avec une vitesse relative V dans la direction
x. Les généralisations correspondantes pour les autres coordonnées peuvent en être déduites. Cette relation
nous permet d ’ inférer les lois de transformation pour n’ importe quel trivecteur. Pouvez-vous déduire la
Défi 86 s formule de composition des vitesses (9) à partir de cette définition, en l ’appliquant à la quadrivitesse ?
mécanique relativiste 69
En utilisant dγ/dτ = γdγ/dt = γ 4 va/c 2 , nous obtenons les relations suivantes entre les
quatre composantes de B et l ’accélération a = dv/dt :
(va)v i
B0 = γ4 B i = γ2 a i + γ4
va
, . (51)
c c2
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quadri-accélération est toujours perpendiculaire à la quadrivitesse*. Nous remarquons
également que les accélérations, contrairement aux vitesses, ne peuvent pas être quali-
fiées de relativistes : la différence entre b i et a i , ou entre leurs deux normes, ne dépend
pas de la valeur de a i , mais uniquement de la valeur de la vitesse v. En d ’autres termes,
les accélérations nécessitent un traitement relativiste seulement lorsque les vitesses impli-
quées sont relativistes. Si les vitesses concernées sont faibles, les plus fortes accélérations
peuvent quand même être traitées à l ’aide des méthodes galiléennes.
Quand l ’accélération a est parallèle à la vitesse v, nous obtenons B = γ 3 a, quand a est
perpendiculaire à v, comme dans le cas du mouvement circulaire, nous obtenons B = γ 2 a.
Page 79 Nous réutiliserons ce résultat plus loin.
P = mU (54)
* De façon similaire, le jerk relativiste (dérivée de l ’accélération par rapport au temps) ou quadri-jerk J d ’un
corps est défini par
J = dB/dτ = d2 U/dτ 2 . (52)
Défi 89 e Pour la relation avec le tri-jerk j = da/dt nous obtenons alors
γ5 (va)2 γ5 (va)2 v i
J = (J 0 , J i ) = ( (jv + a 2 + 4γ 2 2 ) , γ 3 j i + 2 ((jv)v i + a 2 v i + 4γ 2 + 3(va)a i ) ) (53)
c c c c2
Défi 90 pe que nous utiliserons un peu plus tard. De façon étonnante, J ne s’annule pas lorsque j s’annule. Pourquoi ?
** Comme nous l ’avons déjà souligné dans le premier chapitre, le terme impulsion est utilisé abusivement
en relativité pour désigner la quantité de mouvement (quadri-impulsion, impulsion–énergie, etc.) : en toute
rigueur, il faudrait dire quadri-quantité de mouvement et quantité de mouvement–énergie. [N.d.T.]
70 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
temps
(E/c , p)
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P = (γmc, γmv) = (E/c, p) . (55)
Pour cette raison la quantité de mouvement relativiste est également appelée quadrivec-
teur impulsion–énergie. En bref, la quantité de mouvement relativiste d’un corps est don-
née par sa masse multipliée par le quadri-déplacement par unité de temps propre. C ’est la
définition la plus simple possible de la quantité de mouvement et de l ’énergie. Ce concept
fut introduit par Max Planck en 1906. Le quadrivecteur impulsion–énergie, appelé éga-
lement 4-moment, est tangent à la ligne d ’univers d ’une particule, de même que la qua-
drivitesse. Cette correspondance, indiquée dans la Figure 39, découle directement de la
définition, puisque
E 2 /c 2 − p2 = m 2 c 2 , (57)
confirmant ainsi un résultat donné plus haut. Nous avons déjà mentionné que des éner-
gies ou des situations sont qualifiées de relativistes si l ’énergie cinétique T = E − E 0 n’est
pas négligeable lorsque nous la comparons à l ’énergie au repos E 0 = mc 2 . Une particule
dont l ’énergie cinétique est beaucoup plus élevée que sa masse inertielle est dite ultra-
relativiste. Les particules rencontrées dans les accélérateurs ou dans les rayons cosmiques
Défi 91 s tombent dans cette catégorie. (Quelle est leur relation impulsion–énergie ?)
Par opposition à la mécanique galiléenne, la relativité suggère l ’existence d ’un zéro
absolu pour l ’énergie. Nous ne pouvons pas extraire plus d ’énergie que mc 2 d ’un sys-
tème ou d ’une masse m. En particulier, une valeur nulle pour l ’énergie potentielle est
fixée de cette manière. En bref, la relativité indique que l ’énergie est limitée par le bas.
Remarquez que par le mot « masse » m nous voulons toujours parler de ce que nous
mécanique relativiste 71
Q uadriforce
La quadriforce K est définie par
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K = dP/dτ = mB . (58)
Par conséquent, en relativité, la force reste égale à la masse fois l ’accélération. À partir
Réf. 61, Réf. 63 de la définition de K nous déduisons la relation avec la force classique f = dp/dt =
md(γv)/dt, à savoir*
L a rotation en relativité
Si, la nuit, nous tournons sur nous-mêmes tout en regardant le ciel, les astres bougent
avec une vitesse beaucoup plus élevée que celle de la lumière. La majorité des étoiles
sont des masses, pas des images. Leur vitesse devrait être limitée par celle de la lumière.
Comment tout cela s’accorde-t-il avec la relativité restreinte ?
* Certains auteurs définissent la tri-force comme dp/dτ, K s’écrit alors de manière légèrement différente.
Dans tous les cas, il est important de remarquer qu ’en relativité la tri-force f = dp/dt est en réalité pro-
portionnelle à la tri-accélération a. Toutefois, la force et l ’accélération ne sont pas parallèles l ’une à l ’autre.
Défi 93 s En fait, pour des forces préservant la masse inertielle, nous trouvons f = γma + (fv)v/c 2 . Au contraire, en
relativité la tri-impulsion n’est pas proportionnelle à la tri-vitesse, bien qu ’elle soit parallèle à celle-ci.
72 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
A v
v
v'
F I G U R E 40 Sur la définition de la vitesse
O3 O2 O
1
On
On–1
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F I G U R E 41 Observateurs sur un objet en rotation.
Cet exemple aide à éclaircir, d ’une autre manière, ce qu ’est réellement la vitesse limite.
Physiquement parlant, une voûte céleste en rotation ne permet pas le transport d ’éner-
gie supraluminique, et donc ne contredit pas l ’ idée de vitesse limite. Mathématiquement
parlant, la vitesse de la lumière restreint les vitesses relatives uniquement entre des objets
qui sont proches les uns des autres, comme indiqué sur la partie gauche de la Figure 40.
Comparer des vitesses entre des objets éloignés n’est possible que si toutes les vitesses
concernées sont constantes au cours du temps, ce qui n’est pas le cas dans notre exemple.
La version différentielle des transformations de Lorentz rend ce point particulièrement
évident. Dans un grand nombre de situations générales, les vitesses relatives entre des
objets éloignés peuvent être supérieures à la vitesse de la lumière. Nous en avons déjà
Page 53 rencontré un exemple lors de la discussion sur la voiture dans le tunnel, et nous rencon-
Page 86 trerons bientôt quelques exemples supplémentaires.
Avec cet éclaircissement, nous pouvons dorénavant considérer succinctement la rota-
tion en relativité. La première question est de savoir comment les longueurs et les durées
varient dans un référentiel en rotation. Vous devriez pouvoir vérifier qu ’un observateur
situé dans un référentiel en rotation s’accorde avec un collègue, qui n’est pas en rota-
tion, situé sur l ’axe d ’un corps en rotation. Cependant tous les deux remarquent que
le corps en rotation, même s’ il est rigide, possède une circonférence différente de celle
Défi 95 e qu ’ il avait avant de commencer à tourner. Grossièrement dit, la valeur de π change pour
des observateurs en rotation. Le rapport entre la circonférence c et le rayon r se révèle
Défi 96 e être c/r = 2πγ : il augmente avec la vitesse de rotation. Cette conséquence non intuitive
Réf. 64 est souvent appelée le paradoxe d’ Ehrenfest. Par-dessus tout, elle indique que l ’espace-
temps pour un observateur situé sur un disque en rotation n’est pas l ’espace-temps de
Minkowski de la relativité restreinte.
Les corps en rotation se comportent de façon étrange pour plusieurs raisons. Par
mécanique relativiste 73
exemple, nous éprouvons des difficultés lorsque nous tentons de synchroniser des hor-
loges disposées sur un disque qui tourne, comme indiqué sur la Figure 41. Si nous com-
mençons par synchroniser l ’ horloge située en O2 avec celle en O1 , et ainsi de suite, en
continuant jusqu ’à l ’ horloge On , nous remarquons que la dernière horloge n’est pas syn-
chronisée avec la première. Ce résultat est le reflet du changement dans la circonférence
l ab = x a pb − x b p a .
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(60)
Mouvement ondulatoire
En physique galiléenne, une onde est décrite par un vecteur d ’onde et par une fré-
quence. En relativité restreinte, les deux sont combinés en un quadrivecteur d ’onde,
donné par
L = ( , n) ,
1 ω
(61)
λ c
ν = LU (62)
Défi 103 pe doit être vérifié. De façon intéressante, la vitesse angulaire ω de l ’onde se transforme
d ’une manière différente de la vitesse d ’une particule, sauf dans le cas où ω = c. La
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portionnelle au temps propre écoulé. Afin d ’appliquer l ’unité standard de l ’énergie fois
le temps, ou Js, à l ’action, la première estimation de l ’action pour une particule libre est
S = −mc 2
τ2
∫τ1
dτ , (63)
⎛ 1 0 0 0⎞
⎜0 −1 0 0⎟
= η ab =⎜ ⎟ .
⎜0 0 −1 0⎟
ab
η (65)
⎝0 0 0 −1⎠
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le temps propre le plus long est atteint lorsque la différence entre l ’énergie cinétique et
Défi 109 pe l ’énergie potentielle est minimale. (Pouvez-vous le confirmer ? ) Pour l ’approximation
galiléenne, le temps propre maximal implique donc une différence moyenne minimale
entre ces deux types d ’énergie. Nous retrouvons ainsi le principe de moindre action dans
sa formulation galiléenne.
Page 173 Auparavant, nous avions vu que l ’action quantifie le changement qui se produit dans
un système. La relativité restreinte montre que la nature minimise le changement en
maximisant le temps propre. Dans la nature, le temps propre est toujours maximal. En
d ’autres termes, les choses se déplacent le long de trajectoires de vieillissement maximum.
Pouvez-vous expliquer pourquoi le « vieillissement maximum » et la « paresse univer-
Défi 110 pe selle » sont équivalents ?
Nous découvrons ainsi une nouvelle fois que la nature est à l ’opposé d ’une superpro-
duction d ’ Hollywood : la nature se modifie de la manière la plus parcimonieuse pos-
sible. La signification plus profonde de ce résultat est livrée à votre réflexion personnelle :
amusez-vous avec !
* Si les neutrinos étaient sans masse, l ’action (64) ne serait pas applicable pour eux. Pourquoi ? Pouvez-vous
Défi 108 pe trouver une alternative pour ce cas (indubitablement purement académique) ?
76 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
facteur d’échelle λ. Les transformations qui représentent ces points de vue sont données
par
x a ↦ λx a (66)
xa ↦
xa
(67)
x2
xa ↦ xa + ba , (68)
puis d ’une deuxième inversion. Ainsi les transformations conformes spéciales sont
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xa + ba x2
xa ↦ ↦ 2 + ba .
xa xa
ou (69)
1 + 2b a x a + b 2 x 2 x2 x
Ces transformations sont qualifiées de conformes parce qu ’elles ne changent pas les
Défi 111 pe angles pour des formes (infinitésimalement) petites, comme vous pouvez le vérifier. Elles
laissent par conséquent la morphologie (d ’objets infinitésimalement petits) intacte. Par
exemple, elles transforment des cercles infinitésimaux en cercles infinitésimaux. Elles
sont qualifiées de spéciales parce que le groupe conforme tout entier contient les dilata-
tions et aussi les transformations de Lorentz non homogènes*.
Remarquez que la manière dont les transformations conformes spéciales laissent les
Défi 113 pe cônes de lumière invariants est plutôt subtile.
Puisque les dilatations ne permutent pas avec les translations dans le temps, il n’existe
aucune quantité conservée associée à cette symétrie. (La même chose est vraie pour les
poussées de Lorentz.) Au contraire, les rotations et les translations dans l ’espace per-
mutent avec les translations dans le temps et donc conduisent à des quantités conservées.
En résumé, le vide est conformément invariant – au sens précis indiqué juste ci-dessus
– et est donc également invariant par dilatation. C ’est une autre manière d ’exprimer le
fait que le vide tout seul n’est pas suffisant pour définir des longueurs, puisqu ’ il ne fixe
pas un facteur d ’échelle. Comme nous devons nous y attendre, la matière est nécessaire
pour cela. En fait, les transformations conformes (spéciales) ne sont pas des symétries re-
présentatives de situations contenant de la matière. Seul l ’espace vide est conformément
invariant, la nature dans son intégralité ne l ’est pas.
Défi 112 pe * L’ensemble de toutes les transformations conformes spéciales forme un groupe ayant quatre paramètres, en
ajoutant les dilatations et les transformations de Lorentz non homogènes nous obtenons quinze paramètres
pour le groupe conforme complet. Le groupe conforme est localement isomorphe à SU(2,2) et au groupe
Page ?? simple SO(4,2) : ces concepts sont expliqués dans l ’ Annexe ??. Remarquez que tout cela est vrai seulement
pour quatre dimensions d ’espace-temps ; en deux dimensions – l ’autre cas important, particulièrement en
théorie des cordes – le groupe conforme est isomorphe au groupe des transformations de coordonnées ana-
lytiques arbitraires, et est donc de dimension infinie.
observateurs en accélération 77
observateurs en ac célération
Jusque-là, nous n’avons étudié que ce que des observateurs inertiels, ou en mou-
vement libre, se disent l ’un à l ’autre lorsqu ’ ils parlent de la même observation. Par
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exemple, nous avons vu que des horloges en mouvement avancent toujours lentement.
Cette histoire devient encore plus intéressante lorsque l ’observateur ou les deux sont ac-
célérés.
Nous entendons parfois dire que la relativité restreinte ne peut pas être utilisée pour
décrire des observateurs accélérés. C ’est faux, comme il est faux d ’affirmer que la phy-
sique galiléenne ne peut pas être utilisée pour des observateurs accélérés. L’unique res-
triction de la relativité restreinte concerne le fait qu ’elle ne peut être utilisée dans un
espace-temps non plat, c ’est-à-dire courbé. Des corps accélérés existent dans des espaces-
temps plats, et par conséquent ils peuvent être discutés dans le cadre de la relativité res-
treinte.
En guise d ’ introduction, regardons ce qu ’un observateur grec accéléré dit concernant
Réf. 65 l ’ horloge d ’un autre inertiel, romain, et vice versa. Supposez que l ’observateur grec, indi-
qué sur la Figure 42, se déplace le long de la trajectoire x(t), tel que le note l ’observateur
romain inertiel. En général, le rapport entre les variations des horloges grecque/romaine
est donné par ∆τ/∆t = (τ 2 − τ 1 )/(t 2 − t 1 ). Ici les coordonnées grecques sont construites
à l ’aide d ’une procédure simple : prenez les deux ensembles d ’événements définis par
t = t 1 et t = t 2 , et posez τ 1 et τ 2 comme étant les points où ces ensembles coupent l ’axe
* Le groupe conforme n’apparaît pas seulement dans la cinématique de la relativité restreinte : il est le groupe
de symétrie de toutes les interactions physiques, comme l ’électromagnétisme, à condition que toutes les par-
ticules impliquées possèdent une masse nulle, comme c ’est le cas pour le photon. Un champ qui possède une
masse ne peut pas être conformément invariant, par conséquent l ’ invariance conforme n’est pas une symé-
trie exacte de la nature tout entière. Pouvez-vous confirmer qu ’un terme de masse mφ2 dans un lagrangien
Défi 115 pe n’est pas conformément invariant ?
Cependant, puisque toutes les particules observées jusqu ’à présent possèdent des masses qui sont de
plusieurs ordres de grandeur plus petites que la masse de Planck, nous pouvons dire qu ’elles ont pour la
plupart une masse évanescente, la symétrie conforme pouvant alors être vue comme une symétrie approxi-
mative de la nature. Selon cette idée, toutes les particules massives devraient être perçues comme des petites
corrections, ou perturbations, de champs sans masse, c ’est-à-dire conformément invariants. Donc, pour la
construction d ’une théorie fondamentale, des lagrangiens conformément invariants sont souvent présumés
fournir une bonne approximation de départ.
78 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
observateur (Grec)
v
lumière
c
F I G U R E 42 L’exemple le plus simple d’un
observateur (Romain) observateur inertiel et d’un autre accéléré.
∆τ dτ √
= = 1 − v 2 /c 2 =
1
, (70)
∆t dt γv
Défi 116 pe une formule que nous avons l ’ habitude d ’utiliser. Nous trouvons encore une fois que
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des horloges en mouvement avancent plus lentement.
Pour des mouvements accélérés, la version différentielle du raisonnement précédent
Réf. 65 est indispensable. Le rapport de la variation des horloges grecque/romaine est encore
dτ/dt, τ et τ + dτ sont calculés de la même manière que t et t + dt. Supposons à nouveau
que l ’observateur grec se déplace le long de la trajectoire x(t), telle que mesurée par le
romain. Il s’ensuit immédiatement que
τ = t − x(t)v(t)/c 2 (71)
et donc
τ + dτ = (t + dt) − [x(t) − dtv(t)][v(t) + dta(t)]/c 2 . (72)
Cela indique que des horloges accélérées peuvent avancer rapidement ou lentement, en
fonction de leur position x et du signe de leur accélération a. Les guillemets dans l ’équa-
tion ci-dessus sont là parce que nous pouvons voir directement que l ’observateur grec
remarque que
« dt/dτ » = γv , (74)
ce qui n’est pas égal à l ’ inverse de l ’équation (73). Cette divergence devient plus flagrante
dans la situation simple de deux horloges ayant des vitesses égales, l ’une d ’entre elles
possédant une accélération constante д en direction de l ’origine, alors que l ’autre se
déplace de façon inertielle. Nous avons alors
et
« dt/dτ » = 1 . (76)
Nous allons bientôt discuter de ce contexte. Mais nous devons auparavant éclaircir la
notion liée à l ’accélération.
γv3 a = γ 3ω α . (77)
Cette relation indique que les accélérations ne sont pas des invariants de Lorentz, à moins
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que les vitesses soient très petites comparées à la vitesse de la lumière. C ’est en contra-
diction avec notre expérience quotidienne, où les accélérations sont indépendantes de la
vitesse de l ’observateur.
L’expression (77) se simplifie si les accélérations sont mesurées à un instant t pour
lequel ω disparaît – c ’est-à-dire si elles sont mesurées par l ’observateur inertiel comobile.
Dans ce cas la relation pour l ’accélération est donnée par
a c = aγv3 (78)
et
(1 − γv )(vac )v γv (vac )v
a= (ac − ) .
1
− (80)
γv2 v2 c2
(ac v)2
a2 = (a )
1 2
c − (81)
γv4 c2
Page 69 que nous connaissons déjà sous une forme légèrement différente. Elle montre (à
80 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
R éférentiels accélérés
Comment pouvons-nous vérifier que nous sommes dans un référentiel inertiel ? Dé-
finissons tout d ’abord ce terme. Un référentiel inertiel possède deux propriétés détermi-
nantes. Premièrement, des longueurs et des distances mesurées avec une règle sont dé-
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crites par la géométrie euclidienne. En d ’autres termes, les règles agissent de la même
manière que dans la vie courante. En particulier, des distances relevées en comptant
combien de règles (barres) doivent être positionnées bout à bout pour arpenter la dis-
tance d ’un point à un autre – la distance des barres – se comportent comme dans la
vie quotidienne. Par exemple, elles obéissent au théorème de Pythagore dans le cas de
triangles rectangles. Deuxièmement, la vitesse de la lumière est constante. En d ’autres
termes, deux observateurs quelconques situés dans ce référentiel, où leurs temps et leurs
positions sont indépendants, font l ’observation suivante : le rapport c entre le double de
la distance des barres entre deux points et le temps mis par la lumière pour voyager d ’un
de ces points à l ’autre puis revenir au point de départ est toujours le même.
De façon équivalente, un référentiel inertiel est celui pour lequel toutes les horloges
restent toujours synchronisées et où la géométrie est euclidienne. En particulier, dans
un référentiel inertiel, tous les observateurs situés à des coordonnées fixes demeurent
toujours au repos l ’un par rapport à l ’autre. Cette dernière condition est cependant plus
générale : il existe d ’autres situations, non inertielles, où cela reste le cas.
Les référentiels non inertiels, ou référentiels accélérés, constituent un concept utile en
relativité restreinte. En fait, nous vivons tous dans un tel référentiel. Nous pouvons utili-
ser la relativité restreinte pour les décrire, de la même manière que nous avons utilisé la
physique galiléenne pour les décrire au début de notre expédition.
Un référentiel en général est un ensemble continu d ’observateurs demeurant au repos
les uns par rapport aux autres. Ici, « au repos les uns par rapport aux autres » signifie que
le temps nécessaire à un signal lumineux pour aller d ’un observateur à un autre et reve-
nir est constant au cours du temps, ou, de manière équivalente, que la distance des barres
entre deux observateurs est constante. N ’ importe quel référentiel peut par conséquent
également être appelé collection rigide d ’observateurs. Nous remarquons donc qu ’un ré-
férentiel en général n’est pas la même chose qu ’un ensemble de coordonnées, ce dernier
n’est généralement pas rigide. Si tous les observateurs reliés de manière rigide possèdent
des valeurs constantes de coordonnées, nous parlons d ’un système de coordonnées rigide.
Bien sûr, ceux-ci sont utiles surtout lorsqu ’ il est nécessaire de décrire des référentiels
observateurs en accélération 81
τ
t
r
tu
II
fu
du
ξ
on
riz
ho
O
III c 2 /g x
I
ho
riz
on
IV
du
pa
ss
é
F I G U R E 43 Mouvement hyperbolique d’un observateur Ω en accélération uniforme et rectiligne.
accélérés*.
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Réf. 68 Remarquez que si deux observateurs se déplacent ensemble avec une vitesse v, telle
que mesurée dans un certain référentiel inertiel, ils observent qu ’ ils sont au repos l ’un
Défi 118 pe par rapport à l ’autre seulement si cette vitesse est constante. Encore une fois nous notons,
comme ci-dessus, que deux individus attachés l ’un à l ’autre par une corde, et à une
distance telle que la corde soit tendue, verront la corde se rompre (ou ne seront plus
attachés) s’ ils accélèrent ensemble vers (ou décélèrent depuis) des vitesses relativistes
exactement de la même manière. L’accélération relativiste exige une attention rigoureuse.
Un observateur qui ressent constamment la même force appliquée sur son corps est
qualifié d ’ uniformément accéléré. Plus précisément, un observateur en accélération uni-
forme est un observateur dont l ’accélération à chaque instant, mesurée dans le référen-
tiel inertiel par rapport auquel l ’observateur est au repos à cet instant, possède toujours
la valeur identique B. Il est important de remarquer que l ’accélération uniforme n’est
pas uniformément accélérée quand elle est toujours observée depuis le même référentiel
inertiel. C ’est une différence importante par rapport au cas galiléen.
Pour un mouvement uniformément accéléré au sens où nous venons de le définir,
nous exigeons que
B ⋅ B = −д2 (82)
Réf. 69 où д représente une constante indépendante de t. Le cas le plus simple est un mouve-
ment uniformément accéléré qui est également rectiligne, c ’est-à-dire pour lequel l ’accé-
lération a est parallèle à v à un instant donné du temps et (par conséquent) pour tous les
autres instants également. Dans ce cas nous pouvons écrire, en utilisant des vecteurs à
* Il n’existe fondamentalement que deux autres types de référentiels de coordonnées rigides, excepté les
Réf. 67 référentiels inertiels :
— Le référentiel ds 2 = dx 2 +dy 2 +dz 2 −c 2 dt 2 (1+ дk x k /c 2 )2 avec une accélération arbitraire, mais constante,
de l ’origine. L’accélération est a = −g(1 + gx/c 2 ).
— Le référentiel en rotation uniforme ds 2 = dx 2 + dy 2 + dz 2 + 2ω(−y dx + x dy)dt − (1 − r 2 ω2 /c 2 )dt. Ici
l ’axe z représente l ’axe de rotation, et r 2 = x 2 + y 2 .
82 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
où il a été supposé que v(0) = 0. Nous remarquons que pour des durées très petites
nous avons v = дt, et que pour des longues durées v = c, comme attendu. La quantité
de mouvement de l ’observateur accéléré augmente linéairement avec le temps, encore
Défi 120 pe une fois comme prévu. En intégrant, nous découvrons que l ’observateur accéléré suit la
trajectoire √
c2 д2 t 2
x(t) = 1+ 2 , (85)
д c
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où nous avons fait l ’ hypothèse que x(0) = c 2 /д, afin d ’obtenir une expression plus
simple. À cause de ce résultat, visualisé dans la Figure 43, on dit qu ’un observateur en
accélération uniforme et rectiligne décrit un mouvement hyperbolique. Pour des durées
très petites, la ligne d ’univers se réduit à l ’expression habituelle x = дt 2 /2 + x 0 , tandis
que pour des grandes durées elle vaut x = ct, comme prévu. Ce mouvement est donc
uniformément accéléré uniquement pour le corps mobile lui-même, et non pas pour un
observateur extérieur.
Le temps propre τ de l ’observateur accéléré est relié au temps t du référentiel inertiel
de la manière classique par dt = γdτ. En utilisant l ’expression pour la vitesse v(t) de
Réf. 69, Réf. 70 l ’équation (84) nous obtenons*
c2
t= x=
c дτ дτ
sinh et cosh (86)
д c д c
pour la relation entre le temps propre τ, mesuré par l ’observateur romain inertiel et ex-
terne, et le temps t et la position x. Nous rencontrerons cette relation à nouveau pendant
notre étude des trous noirs.
Tout cela vous semble inintéressant ? Imaginez simplement que vous accélériez à vive
allure sur une moto à д = 10 m/s2 pendant un temps propre τ de 25 ans. Cette moto
vous emporterait au-delà des confins de l ’univers connu ! Cela ne vaut-il pas la peine
d ’essayer ? Malheureusement, il n’existe ni moto ni missile qui pourraient accélérer à ce
point, parce que leur réservoir à carburant devrait être énorme. Pouvez-vous le confir-
Défi 121 s mer ?
* Utilisez votre formulaire préféré de mathématiques – chaque étudiant devrait en avoir un – pour déduire
cela. Le sinus hyperbolique et le cosinus hyperbolique sont définis par sinh y = (e y − e−y )/2 et cosh y =
√ √
Réf. 71
(e y + e−y )/2. Ils impliquent que ∫ dy/ y 2 + a 2 = arsinh y/a = Arsh y/a = ln(y + y 2 + a 2 ).
observateurs en accélération 83
t = ( + ) sinh
c ξ дτ
д c c
c2
x = ( + ξ) cosh
дτ
dσ 2 = (1 + дξ/c 2 )2 c 2 dτ 2 − dξ 2 − dυ 2 − dζ 2 = c 2 dt 2 − dx 2 − dy 2 − dz 2 , (88)
et puisque pour dτ = 0 les distances sont données par le théorème de Pythagore, le réfé-
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Réf. 72 rentiel grec est en réalité rigide.
Après cette foison de formules, occupons-nous d ’une question simple, indiquée sur
la Figure 43. L’observateur inertiel romain O voit l ’observateur grec Ω se déplacer avec
une accélération д, s’éloignant de plus en plus et obéissant à l ’équation (85). Qu ’est-ce
que l ’observateur grec dit à propos de son collègue romain ? Avec tout ce que nous sa-
vons maintenant, il est facile de répondre. À chaque point de sa trajectoire, Ω voit que
Défi 122 e O possède la coordonnée τ = 0 (pouvez-vous confirmer ce point ? ), ce qui signifie que
la distance à l ’observateur romain, telle qu ’elle est perçue par le Grec, est la même que
Réf. 73 l ’ intervalle d ’espace-temps OΩ. En utilisant l ’expression (85), nous voyons qu ’elle est
√ √
dOΩ = ξ2 = x 2 − c 2 t 2 = c 2 /д , (89)
ce qui est, de manière assez surprenante, constant au cours du temps ! En d ’autres termes,
l ’observateur grec notera qu ’ il demeure à une distance constante du romain, en parfaite
contradiction avec ce que l ’observateur romain affirme. Prenez votre temps pour vérifier
cette conséquence bouleversante d ’une tout autre manière. Nous aurons encore besoin
de cela plus tard, pour expliquer pourquoi la Terre n’explose pas. (Pouvez-vous deviner
Défi 123 s comment cette question est reliée à ce résultat ?)
Le théorème de la composition des accélérations est plus complexe que le théorème de
Réf. 74 la composition des vitesses. Sa meilleure explication fut publiée par Mishra. Si nous ap-
pelons a nm l ’accélération du système n par l ’observateur m, nous cherchons à exprimer
l ’accélération de l ’objet a 01 comme une fonction de la valeur a 02 mesurée par l ’autre
observateur, de l ’accélération relative a 12 et de l ’accélération propre a 22 de l ’autre obser-
vateur : regardez la Figure 44. Ici nous étudierons uniquement des situations unidimen-
sionnelles, où tous les observateurs et tous les objets se déplacent le long d ’un seul axe.
(Pour plus de clarté, nous notons également v 11 = v et v 02 = u.) En physique galiléenne
Défi 124 e nous avons la relation générale
a 01 = a 02 − a 12 + a 22 (90)
84 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
y
Observateur 1
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parce que les accélérations se comportent de manière simple. En relativité restreinte, nous
obtenons
(91)
Défi 125 pe et vous devriez vous amuser à vérifier cette expression.
Page 57 Pouvez-vous maintenant stipuler comment le rapport des accélérations s’ inscrit dans
Défi 126 pe la définition de la masse en relativité restreinte ?
c2
ξ=− (1 − sech )
дτ
д c
dξ/dτ = −c sech
дτ дτ
tanh . (93)
c c
Ces équations sont étranges. Pour des temps τ très grands, la coordonnée ξ s’approche de
la valeur limite −c 2 /д et dξ/dτ devient nulle. Cette situation est identique à celle d ’un vé-
* Les fonctions apparaissant ci-dessus, la sécante hyperbolique et la tangente hyperbolique, sont définies en
utilisant les expressions provenant de la note de la page 82 :
sech y = tanh y =
1 sinh y
et . (92)
cosh y cosh y
observateurs en accélération 85
τ
t
r
tu
II
fu
du
ξ
on
riz
ho
O
III c 2 /g x
I
ho
riz
on
IV
du
pa
ss
é
F I G U R E 45 Mouvement hyperbolique et horizons des événements.
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hicule qui accélère en s’éloignant d ’une femme debout au bord d ’une longue route. Vue
depuis la voiture, la femme s’éloigne ; pourtant, après un certain temps, la seule chose
que le conducteur remarque est qu ’elle s’approche lentement de l ’ horizon. En physique
galiléenne, à la fois le conducteur du véhicule et la femme sur la route observent que
l ’autre personne s’approche de leur horizon. En relativité restreinte, seul l ’observateur
accéléré fait cette observation.
Un graphique de la situation permet d ’éclaircir ce résultat. Dans la Figure 45 nous
pouvons voir que la lumière émise depuis n’ importe quel événement des régions II et
III ne peut atteindre l ’observateur grec. Ces événements-là sont masqués pour lui et ne
peuvent pas être observés. Assez étrangement, pourtant, la lumière émise par l ’observa-
teur grec peut atteindre la région II. La frontière entre la partie de l ’espace-temps qui peut
être observée et la partie que ne peut l ’être est appelée l ’ horizon des événements. En rela-
tivité, les horizons des événements agissent comme des passerelles à sens unique pour la
lumière et d ’autres signaux. Afin d ’être exhaustif, le graphique indique également l ’ ho-
rizon des événements passés. Pouvez-vous confirmer que les horizons des événements
Défi 128 pe sont noirs ?
Donc, tous les événements observés dans un référentiel inertiel ne peuvent pas être
observés dans un référentiel en accélération uniforme. Les référentiels uniformément
accélérés produisent des horizons des événements situés à une distance de −c 2 /д. Par
exemple, une personne qui est debout ne peut jamais voir plus loin que cette distance,
mesurée depuis ses pieds.
Par ailleurs, est-il vrai qu ’un rayon lumineux ne peut pas être intercepté par un ob-
servateur en mouvement hyperbolique, si l ’observateur possède une longueur d ’avance
Défi 129 s suffisante ?
Maintenant nous formulons un défi encore plus fort, qui nous préparera à la relati-
vité générale. Quelle est la forme de l ’ horizon, vue par un observateur uniformément
Défi 130 s accéléré ?
86 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
dans laquelle д0 est l ’accélération propre d ’un observateur situé au point x = 0. Nous
Défi 131 pe pouvons déduire d ’une manière directe que
=1− 2 =
fr дr h 1
(95)
fs c (1 + cs2 )
д h
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où h représente la distance des barres entre la source et le récepteur, et où дs = д0 /(1 +
д0 x s /c 2 ) et дr = д0 /(1+ д0 x r /c 2 ) sont les accélérations propres mesurées à la source et au
détecteur. En bref, la fréquence de la lumière décroît lorsque la lumière se déplace dans
la direction de l ’accélération. D’ailleurs, cela a-t-il un effet sur la couleur des arbres dans
Défi 132 s leur direction verticale ?
La formule généralement citée, à savoir
=1− 2 ,
fr дh
(96)
fs c
n’est exacte qu ’en première approximation. Dans des référentiels accélérés, nous devons
être prudents à propos de la signification de chaque quantité. Pour les accélérations cou-
rantes, toutefois, les différences entre les deux formules sont négligeables. Pouvez-vous
Défi 133 pe confirmer ce point ?
v lumière = c (1 + )
дh
(97)
c2
temps
horloge 1 horloge 2
t3
t1
espace
F I G U R E 46 Horloges et mesure de la vitesse de la lumière par une approche à double sens.
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de la vitesse de la lumière a également été confirmée par l ’expérience*. Ainsi, la vitesse
de la lumière n’est constante que lorsqu ’elle est définie par c = dx/dt, et si dx et dt sont
mesurés avec une règle située à l ’ intérieur de l ’ intervalle dx et une horloge lue pendant
l ’ intervalle dt. Si la vitesse de la lumière est définie par ∆x/∆t, ou si la règle définissant
les distances, ou l ’ horloge mesurant le temps, est située à une grande distance de la lu-
mière qui se propage, la vitesse de la lumière est différente de c pour des observateurs en
accélération ! C ’est le même effet que vous pouvez expérimenter lorsque vous tournez
sur vous-même, autour de votre axe vertical, la nuit : les vitesses des étoiles que vous
observez sont beaucoup plus élevées que la vitesse de la lumière.
Remarquez que ce résultat n’ implique pas que des signaux ou de l ’énergie puissent se
Défi 134 s déplacer plus vite que c. Vous devez pouvoir le vérifier par vous-même.
En fait, tous ces effets sont négligeables pour des distances l qui sont insignifiantes
par rapport à c 2 /a. Pour une accélération de 9,5 m/s2 (environ celle de la chute libre), les
distances devraient être de l ’ordre d ’une année-lumière, ou 9,5 ⋅ 1012 km, afin de rendre
observable n’ importe quel effet significatif. En bref, c est la vitesse de la lumière seulement
relativement à la matière située à proximité.
D’ailleurs, la gravité quotidienne est équivalente à une accélération constante. Donc
pourquoi, d ’après l ’expression (97), des objets éloignés tels que des étoiles ne se
Défi 135 s déplacent-ils pas plus vite que la lumière ?
Page 164 * Les propagations retardées qui seront discutées au chapitre sur la relativité générale peuvent être vues
comme des confirmations de cet effet.
88 1 vitesse maximale, observateurs au repos, mouvement de la lumière
Nous supposons ici que les horloges ont été synchronisées en accord avec les instructions
de la page 44. Si le facteur n’était pas exactement égal à deux, la vitesse de la lumière
ne serait pas constante. En réalité, toutes les expériences réalisées jusqu ’à présent ont
produit un facteur égal à deux, dans les limites des erreurs de mesure*.
Ce résultat est parfois exprimé en disant qu ’ il est impossible de mesurer la vitesse de
la lumière à sens unique, seule la vitesse de la lumière à double sens (aller et retour) est
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Défi 136 s mesurable. Êtes-vous d ’accord ?
v 2 2d
⩾ . (99)
c2 l
De cette manière, nous voyons que nous pouvons éviter de briser des objets fragiles en les
enveloppant dans de la mousse – ce qui augmente la distance d ’arrêt – ayant une épais-
seur approximativement égale à la taille de l ’objet. Cela pourrait expliquer pourquoi des
boîtes contenant des cadeaux sont généralement beaucoup plus grandes que les cadeaux
eux-mêmes !
La limite de rupture peut aussi être écrite d ’une manière différente. Pour éviter la
brisure, l ’accélération a d ’un corps solide de longueur l doit vérifier
l a < c2 , (100)
où c représente la vitesse du son, qui est la vitesse limite pour les parties matérielles
* Les subtilités concernant l ’approche à sens unique et à double sens de la vitesse de la lumière demeureront
un sujet de discussion pendant longtemps. Un grand nombre d ’expériences sont expliquées et discutées dans
la Réf. 22. Zhang affirme, dans son récapitulatif en page 171, que la vitesse de la lumière à sens unique est en
réalité indépendante de la source lumineuse. Toutefois, aucune expérience ne montre réellement qu ’elle est
Réf. 76 équivalente à l ’approche à double sens. Qui plus est, la plupart des expériences dites à « sens unique » sont
toujours en fait des expériences à « double sens » (consultez sa page 150).
** La vitesse (longitudinale) du son est d ’environ 5,9 km/s pour le verre, le fer ou l ’acier, environ 4,5 km/s
pour l ’or et environ 2 km/s pour le plomb. La page 209 liste d ’autres vitesses pour le son.
observateurs en accélération 89
l α < c 2 /2 , (101)
où c est maintenant la vitesse de la lumière. Celle-ci limite donc la taille des corps solides.
Par exemple, à 9,8 m/s2 , l ’accélération d ’une moto puissante, cette expression donne une
longueur limite de 9,2 Pm, soit environ une année-lumière. Ce n’est pas une restriction
importante : toutes les motos sont plus courtes.
En revanche, il existe d ’autres situations plus intéressantes. Les accélérations les plus
élevées atteintes aujourd ’ hui sont produites dans les accélérateurs de particules. Les
noyaux atomiques possèdent une taille de quelques femtomètres. Pouvez-vous déduire
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Défi 138 pe à quelles énergies ils se brisent lorsqu ’ ils se heurtent violemment dans un accélérateur ?
En fait, à l ’ intérieur d ’un noyau, les nucléons se déplacent à des accélérations de l ’ordre
de v 2 /r ≈ ħ 2 /m 2 r 3 ≈ 1031 m/s2 : c ’est une des valeurs les plus élevées rencontrées dans la
nature.
Remarquez que la physique galiléenne et la relativité induisent une conclusion iden-
tique : une vitesse limite, fût-elle celle du son ou celle de la lumière, fait qu ’ il est im-
possible que les corps solides soient rigides. Lorsque nous poussons une extrémité d ’un
corps, l ’autre extrémité se déplace toujours un petit peu plus tard.
Une énigme : la vitesse limite entraîne-t-elle l ’existence d ’une « relation d ’ incerti-
tude » relativiste
∆l ∆a ⩽ c 2 (102)
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zons des événements et l ’apparition de tachyons à courte durée de vie dans les colli-
sions.
La relativité restreinte montre que le mouvement, bien qu ’ il soit limité en vitesse, est
relatif, défini à l ’aide de la propagation de la lumière, conservé, réversible et déterministe.
sur une comparaison avec la vitesse de la lumière, nous n’aurions pas été étonnés par la
constance de celle-ci ; au contraire, nous aurions été étonnés par les propriétés étranges
des petites vitesses.
En résumé, il n’existe en principe aucune façon de vérifier l ’ invariance d ’un étalon
de mesure. Autrement dit, l ’aspect vraiment surprenant de la relativité n’est pas l ’ inva-
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situations. À proximité des horizons, nous ne pouvons pas ignorer les fluctuations de
vitesse et de position : ici la théorie quantique doit être prise en considération. L’explora-
tion de ces deux limitations définit les deux prochaines étapes de notre ascension de la
Montagne Mouvement.
Au début de notre aventure, pendant notre exploration de la physique galiléenne,
après avoir défini les concepts fondamentaux de la vitesse, de l ’espace et du temps, nous
avons tourné notre regard vers la gravitation. L’ invariance de la vitesse de la lumière
nous a obligé à revoir ces concepts de base. Nous allons maintenant revenir à l ’étude de
la gravitation à la lumière de cette invariance.
Chapitre 2
R E L AT I V I T É G É N É R A L E :
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facilement que l ’effet Doppler ou le paradoxe des jumeaux.
Nous découvrirons que, comme la relativité restreinte qui est fondée sur l ’existence
d ’une vitesse maximale c, la relativité générale est fondée sur une force maximale c 4 /4G
ou sur une puissance physique maximale c 5 /4G. Nous allons montrer, tout d ’abord, que
toutes les données expérimentales connues sont cohérentes avec ces limitations. En fait,
nous remarquerons que la force maximale et la puissance maximale ne sont atteintes
que sur des surfaces limites infranchissables : ces surfaces extrêmes sont dénommées
horizons. Nous serons alors capables de déduire les équations du champ de la relativité
générale. En particulier, l ’existence d ’une valeur maximum pour la force ou la puissance
implique que l ’espace-temps est courbé. Ceci explique pourquoi le ciel est noir la nuit et
indique que l ’ Univers est de taille finie.
Nous discuterons également des principaux paradoxes qui surgissent de ces limites,
ainsi que des arguments de ses détracteurs. Les réponses aux paradoxes nous permettront
de comprendre pourquoi ces limites sont restées invisibles pendant si longtemps, à la fois
dans les expériences et dans l ’enseignement.
Passé cette introduction, nous étudierons les effets de la gravitation relativiste plus
en détail. En particulier, nous analyserons les conséquences de la courbure de l ’espace-
temps sur les mouvements des corps et de la lumière dans notre environnement quo-
tidien. Par exemple, la loi en l ’ inverse du carré sera remaniée. (Pouvez-vous expliquer
Défi 141 s pourquoi cela est nécessaire au vu de tout ce que nous avons appris jusqu ’à présent ?)
De manière totalement fascinante, nous découvrirons comment nous pouvons déplacer
et courber le vide. Nous étudierons alors l ’ Univers dans sa globalité, et pour finir nous
explorerons les formes les plus extrêmes de gravitation : les trous noirs.
gravitation, vitesse maximale et force maximale 93
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théorique dans de nombreux départements
scientifiques consiste à découvrir le point de vue
à partir duquel le sujet étudié se manifeste dans
sa plus grande simplicité.
”
Réf. 78
Willard Gibbs
c4
F⩽ = 3,0 ⋅ 1043 N . (104)
4G
Dans la nature, aucune force ne peut excéder cette valeur, quel que soit le muscle, la
machine ou le système qui l ’exerce. Pour les curieux, la valeur de cette force limite re-
présente l ’énergie d ’un trou noir (de Schwarzschild) divisée par le double de son rayon.
Cette force maximale peut être comprise intuitivement en remarquant que les trous noirs
(de Schwarzschild) sont les corps les plus denses possibles pour une masse donnée. Puis-
qu ’ il existe une limite à la façon dont un corps peut être comprimé, les forces – qu ’elles
soient gravitationnelles, électriques, centripètes ou de n’ importe quel autre type – ne
peuvent pas être arbitrairement grandes.
Alternativement, il est possible de faire usage d ’un autre énoncé, équivalent, comme
principe fondamental :
⊳ Il existe une puissance maximale dans la nature :
c5
P⩽ = 9,1 ⋅ 1051 W . (105)
4G
94 2 relativité générale
La puissance dégagée par n’ importe quel moteur, ampoule ou explosion ne peut excé-
der cette valeur. Cette puissance maximale est atteinte lorsqu ’un trou noir (de Schwarz-
schild) rayonne dans l ’espace durant le temps que la lumière met pour parcourir une
longueur correspondant à son diamètre. Nous verrons précisément plus bas ce que sont
les trous noirs et pourquoi ils sont reliés à ces valeurs limites.
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Les limites d ’ une force et d ’ une puissance maximales
Au cours des dix-neuvième et vingtième siècles, de nombreux physiciens s’efforçaient
d ’éviter de faire appel au concept de force. Heinrich Hertz en fit une ligne directrice de
ses travaux, et écrivit un ouvrage influent sur la mécanique classique sans jamais utiliser
ce concept. Les pères de la théorie quantique, qui connaissaient tous ce texte, suppri-
mèrent alors complètement le terme « force » du vocabulaire de la physique microsco-
pique. Entre-temps, le concept de « force gravitationnelle » fut éliminé de la relativité
générale, en le réduisant à une « pseudo-force ». La notion de force tomba en désuétude.
Pourtant, le principe de force maximale a un sens, pourvu que nous l ’ imaginions au
moyen de cette définition pratique : la force est le flux de quantité de mouvement par unité
de temps. La quantité de mouvement ne peut pas être créée ou détruite. Nous employons
le mot « flux » pour nous rappeler que la quantité de mouvement, étant une quantité
conservée, ne peut varier que par un écoulement vers l ’ intérieur ou vers l ’extérieur. En
d ’autres termes, la variation de la quantité de mouvement se produit toujours à travers
une certaine surface frontière. Cette remarque est d ’une importance cruciale. À chaque
fois que nous pensons à une force en un point, nous cherchons à matérialiser la quantité
de mouvement qui « s’écoule » à travers une surface en ce point. La relativité générale
formule habituellement cette idée comme suit : la force oblige les corps à suivre des géo-
désiques. Le mécanisme sous-jacent à la mesure d ’une force n’est pas important. Afin de
fournir un exemple concret pour éclairer cette discussion, il peut être utile d ’ imaginer la
force comme étant d ’origine électromagnétique. En réalité, n’ importe quel type de force
est possible.
Le principe de la force maximale se ramène ainsi à l ’assertion suivante : si nous imagi-
nons une surface physique quelconque (et que nous la recouvrons d ’observateurs), l ’ in-
tégrale du flux de la quantité de mouvement à travers cette surface (mesurée par tous ces
observateurs) ne dépasse jamais une certaine valeur. Il importe peu de savoir comment
cette surface est choisie tant qu ’elle reste physique, c ’est-à-dire tant que nous pouvons
gravitation, vitesse maximale et force maximale 95
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par l ’observation
déduisez-en la théorie de la
relativité générale
* Les observateurs en relativité générale, comme en relativité restreinte, sont des systèmes physiques possé-
dant une masse qui est si petite que leur influence sur le système observé est imperceptible.
** Lorsque Planck découvrit le quantum d ’action, il remarqua également qu ’ il était possible de définir des
Page ?? unités naturelles. Lors d ’une promenade dans la forêt au voisinage de Berlin avec son fils alors âgé de sept
96 2 relativité générale
force (ou puissance) maximale est simplement donnée par l ’énergie de Planck (corrigée)
divisée par la longueur de Planck (corrigée) ou le temps de Planck.
L’expression de la force maximale inclut la vitesse de la lumière c et la constante gra-
vitationnelle G ; elle peut donc être qualifiée d ’expression de la gravitation relativiste. Le
principe fondamental de la relativité restreinte établit que la vitesse v vérifie v ⩽ c pour
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Nous avons déjà vu que la force et la puissance apparaissent ensemble dans la définition
Page 71 de la quadri-force, nous pouvons donc affirmer que cette borne supérieure s’applique à
chaque composante d ’une force, ainsi qu ’à sa grandeur. La borne de la puissance limite
le débit d ’énergie des moteurs des voitures et des motos, des ampoules, des lasers, des
astres, des sources de rayonnement gravitationnel et des galaxies. Elle est équivalente à
1, 2 ⋅ 1049 chevaux-vapeur. Le principe de puissance maximale établit qu ’ il n’existe au-
cune manière de fournir ou de se débarrasser de l ’énergie plus rapidement que cette
borne.
La puissance limite peut être comprise intuitivement en remarquant que chaque mo-
teur produit des échappements, c ’est-à-dire une certaine quantité de matière ou d ’énergie
qui est délaissée. Pour une ampoule, une étoile ou un trou noir en évaporation, les échap-
pements sont les rayonnements émis. Pour une voiture ou un moteur à réaction ce sont
des gaz chauds, pour une turbine à eau l ’échappement est l ’eau qui se déplace lentement
en quittant la turbine, pour une fusée c ’est la matière éjectée à son extrémité arrière,
pour un photon qui fuse ou un moteur électrique, c ’est l ’énergie électromagnétique. À
chaque fois que la puissance d ’un moteur se rapproche de la valeur limite, les échap-
pements s’accroissent de façon drastique en termes de masse–énergie. Pour des masses
dégagées extrêmement élevées, l ’attraction gravitationnelle issue de ces échappements –
même s’ ils ne sont que rayonnements – empêche une accélération supplémentaire du
moteur par rapport à ceux-ci. Le principe de puissance maximale exprime donc le fait
qu ’ il existe un mécanisme automatique de freinage dans la nature, ce mécanisme de ra-
lentissement est la gravité.
De plus, une autre limite analogue surgit lorsque la puissance maximale est divisée
par c 2 .
⊳ Il existe un taux maximum de variation de la masse dans la nature :
dm c 3
⩽ = 1,0 ⋅ 1035 kg/s . (106)
dt 4G
ans, il lui déclara qu ’ il avait fait une découverte aussi importante que celle de la gravitation universelle.
gravitation, vitesse maximale et force maximale 97
Cette borne impose une limite aux pompes, aux moteurs à réaction et à ceux qui mangent
très rapidement. En réalité, le débit d ’écoulement de l ’eau ou d ’une matière quelconque
à l ’ intérieur des conduits est restreint. La limite de l ’écoulement de masse est manifeste-
ment équivalente à l ’une des deux limites, de la force ou de la puissance.
Cette revendication d ’une force, puissance ou variation de masse maximale dans la
L’ évidence expérimentale
De même que le principe de vitesse maximale, le principe de force maximale doit en
premier lieu être contrôlé de manière expérimentale. Michelson a consacré une grande
partie de sa vie de chercheur à rechercher des variations possibles dans la valeur de la
vitesse de la lumière. Personne n’a jusqu ’à présent consacré autant d ’efforts à tester la
force ou la puissance maximale. Toutefois, il faut reconnaître honnêtement qu ’aucune
expérience, qu ’elle soit microscopique, macroscopique ou astronomique, n’a jamais me-
suré des valeurs de force supérieures à la limite établie. De nombreuses personnes ont
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prétendu avoir réalisé des vitesses plus grandes que celle de la lumière. Jusque-là, per-
sonne n’a jamais proclamé avoir produit une force plus importante que la valeur limite.
Les accélérations colossales que les particules éprouvent lors des collisions à l ’ inté-
rieur du Soleil, dans les accélérateurs les plus puissants ou dans les réactions induites
par les rayons cosmiques correspondent à des grandeurs de forces beaucoup plus petites
que la force limite. Il en est de même pour les neutrons dans les étoiles à neutrons, pour
les quarks à l ’ intérieur des protons, et pour toute la matière qui a été observée en train
de chuter en direction des trous noirs. En outre, la recherche de singularités de l ’espace-
temps, qui pourraient permettre à des forces d ’atteindre ou de dépasser la force limite,
est restée infructueuse.
Dans le domaine astronomique, toutes les forces qui agissent entre les étoiles ou les ga-
laxies se situent en deçà de la valeur limite, comme le sont les forces qui agissent en leur
sein. Même les interactions qui agissent entre deux moitiés quelconques de l ’ Univers
n’excèdent pas la limite, à condition qu ’une division physiquement raisonnable entre
les deux moitiés soit prise en compte. (La signification de « division physiquement rai-
Page 113 sonnable » sera donnée ci-après, pour des divisions qui ne sont pas raisonnables, des ex-
ceptions à cette exigence de force maximale peuvent être construites. Vous devriez vous
Défi 142 s amuser à rechercher une telle exception.)
Les astronomes ne sont également pas parvenus à découvrir une quelconque région
de l ’espace-temps dont la courbure (une notion qui est introduite plus bas) est assez
grande pour permettre aux forces de surpasser la force limite. En fait, aucune des très
nombreuses observations récentes des trous noirs n’a permis de révéler des forces supé-
rieures à la valeur limite ou des objets plus petits que le rayon du trou noir correspondant.
Les observations n’ont pareillement pas réussi à trouver une situation qui pourrait per-
mettre à un observateur rapide d ’observer une grandeur de force qui dépasse la limite,
grâce au facteur d ’ impulsion relativiste.
La limite à la puissance peut aussi être vérifiée expérimentalement. Il apparaît que la
puissance – ou la luminosité – des étoiles, des quasars, des pulsars binaires, des sursauts
gamma, des galaxies ou des amas de galaxies peut en réalité représenter une fraction
98 2 relativité générale
significative de la puissance limite. Toutefois, aucune violation de cette frontière n’a été
Réf. 82 constatée jusqu ’à présent. En fait, la somme de toute la lumière émise par tous les astres
de l ’ Univers ne dépasse pas la limite. De la même manière, les sources les plus intenses
d ’ondes gravitationnelles, des trous noirs qui fusionnent, n’excèdent pas la puissance
limite. Seule la luminosité des trous noirs qui s’évaporent, dans leur phase terminale,
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est que dans la vie quotidienne et dans les systèmes expérimentalement accessibles, les
horizons sont absents. Nous rencontrons la vitesse maximale à la base de la relativité
restreinte presque partout, la force maximale et la puissance maximale ne se manifestent
Page 119 presque nulle part. Nous proposerons ci-dessous quelques tests consacrés aux limites qui
pourraient être atteintes à l ’avenir.
* Cette section peut être sautée en première lecture. (La preuve mentionnée date de décembre 2003.)
** Une poussée de Lorentz a été définie en relativité restreinte comme un changement de point de vue pour
un deuxième observateur se déplaçant par rapport au premier.
gravitation, vitesse maximale et force maximale 99
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surface au-delà de laquelle l ’ interaction demeure impossible.
La correspondance entre les horizons et la force maximale est un point capital de la
gravitation relativiste. Elle est aussi importante que le rapport qui existe entre la lumière
et la vitesse maximale en relativité restreinte. Dans celle-ci, nous avons montré que le
fait que la vitesse de la lumière soit la vitesse maximale dans la nature implique la trans-
formation de Lorentz. En relativité générale, nous allons maintenant démontrer que la
force maximale dans la nature, que nous pouvons baptiser force de l ’ horizon, implique
les équations du champ de la relativité générale. Pour atteindre cet objectif, nous com-
mençons avec la remarque pertinente qu ’un flux d ’énergie traverse tous les horizons. Ce
flux dépend de la courbure de l ’ horizon, comme nous le verrons. Cette correspondance
implique que des horizons ne peuvent être plats, puisqu ’un plan s’étendant à l ’ infini
impliquerait un flux infini d ’énergie.
La déduction des équations de la relativité générale ne se fait qu ’en deux étapes,
comme l ’ indique la Figure 48. Dans la première, on montre que le principe de force
ou puissance maximale implique la première « loi » de la mécanique de l ’ horizon. Dans
la seconde, on montrera que cette première « loi » implique les équations du champ de
la relativité générale.
L’ horizon fini le plus simple est une sphère statique, correspondant à un trou noir
de Schwarzschild. Un horizon sphérique est caractérisé par son rayon de courbure R
ou, de manière équivalente, par sa gravité de surface a. Ces deux quantités sont reliées
par 2aR = c 2 . Maintenant, l ’écoulement d ’énergie à travers n’ importe quel horizon est
toujours fini par extension lorsqu ’ il est mesuré le long de la direction de propagation.
Nous pouvons alors parler plus précisément d ’une impulsion d ’énergie. Toute impul-
sion d ’énergie qui traverse un horizon est donc caractérisée par une énergie E et une
longueur propre L. Lorsque cette impulsion d ’énergie s’écoule perpendiculairement à
travers un horizon, le taux de variation de la quantité de mouvement, ou la force, pour
un observateur situé sur l ’ horizon est
F=
E
. (107)
L
100 2 relativité générale
Notre but est de montrer que l ’existence d ’une force maximale implique la relativité
générale. Maintenant, la force maximale est réalisée sur des horizons. Nous avons ainsi
besoin d ’ insérer les valeurs maximales possibles de chaque côté de l ’équation (107) et de
montrer que la relativité générale en découle.
En utilisant la valeur de la force maximale et l ’aire 4πR 2 pour un horizon sphérique,
La fraction E/A représente l ’énergie par unité de surface s’écoulant à travers n’ importe
quelle aire A qui est une partie d ’un horizon. L’ insertion des valeurs maximales est ache-
vée lorsque nous remarquons que la longueur L de l ’ impulsion d ’énergie est restreinte
par le rayon R. La limite L ⩽ R découle de considérations géométriques : vue depuis le
côté concave de l ’ horizon, l ’ impulsion doit être plus courte que le rayon de courbure.
Un argument indépendant est le suivant. La longueur L d ’un objet accéléré d ’un facteur
Réf. 83 a est limitée, par la relativité restreinte, par L ⩽ c 2 /2a. La relativité restreinte montre déjà
que cette limite est associée à l ’émergence d ’un horizon. Avec la relation (108), l ’alléga-
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tion que les horizons sont des surfaces de force maximale conduit à la relation importante
suivante pour des horizons sphériques et statiques :
c2
E= aA. (109)
8πG
Cette équation de l ’ horizon relie le flux d ’énergie E qui traverse une surface A d ’un
horizon sphérique à la gravité de surface a. Elle établit que l ’énergie qui s’écoule à travers
un horizon est limitée, que cette énergie est proportionnelle à l ’aire de cet horizon, et
que le flux d ’énergie est proportionnel à la gravité de surface. (L’équation de l ’ horizon
est également appelée première loi de la mécanique du trou noir ou première loi de la
Réf. 84 mécanique de l ’ horizon.)
La dérivation ci-dessus conduit également au résultat intermédiaire suivant :
c4 A
E⩽ . (110)
16πG L
Cette variante de l ’équation de l ’ horizon formule plus clairement le fait qu ’aucune sur-
face autre qu ’un horizon ne peut parvenir au flux d ’énergie maximal, lorsque l ’aire et la
longueur de l ’ impulsion (ou la gravité de surface) sont données. Aucun autre domaine
de la physique ne fait de déclarations comparables : elles sont intrinsèques à la théorie de
la gravitation.
Une dérivation alternative de l ’équation de l ’ horizon peut débuter en mettant l ’accent
sur la puissance au lieu de la force, en utilisant P = E/T comme équation de départ.
Il est important de souligner que les équations de l ’ horizon (109) et (110) découlent
uniquement de deux hypothèses : premièrement, il existe une vitesse maximale dans la
nature et, deuxièmement, il existe une force (ou puissance) maximale dans la nature. Au-
cune théorie spécifique de la gravitation n’est présumée. L’équation de l ’ horizon pour-
rait même être testée de manière expérimentale, comme il est argumenté ci-dessous.
gravitation, vitesse maximale et force maximale 101
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Réf. 85
rôle pour la relativité générale que l ’équation dx = c dt pour la relativité restreinte. Désor-
mais, lorsque nous évoquerons l ’équation de l ’ horizon, nous sous-entendrons la forme
différentielle générale (111) de cette relation.
Il est instructif de reformuler le comportement des impulsions d ’énergie de longueur
L d ’une manière qui reste valable pour n’ importe quelle surface, même s’ il ne s’agit pas
d ’un horizon. En réitérant la dérivation précédente, nous obtenons
c4 1
⩽
δE
. (112)
δA 16πG L
L’égalité est réalisée uniquement quand la surface A est un horizon. En d ’autres termes,
à chaque fois que la valeur δE/δA dans un système physique approche celle du membre
de droite, un horizon commence à se former. Cette correspondance sera essentielle dans
notre discussion sur les contradictions apparentes des principes limites.
Si nous nous souvenons que, sur un horizon, la longueur L de l ’ impulsion vérifie
L ⩽ c 2 /2a, il devient clair que l ’équation généralisée de l ’ horizon est une conséquence
de la force maximale c 4 /4G ou de la puissance maximale c 5 /4G. De plus, l ’équation de
l ’ horizon prend aussi en compte la vitesse maximale, laquelle est à l ’origine de la relation
L ⩽ c 2 /2a. L’équation de l ’ horizon découle donc complètement de ces deux limites de
la nature.
La partie restante de l ’argumentation est tout simplement la dérivation de la relativité
générale à partir de l ’équation généralisée de l ’ horizon. Cette déduction fut tacitement
Réf. 85 conduite par Jacobson, et les étapes indispensables en sont données dans les paragraphes
qui suivent. (Jacobson n’avait pas insisté sur le fait que sa dérivation était aussi valable
pour un espace-temps continu, ou que son argument pouvait aussi être utilisé en relati-
vité générale classique.) Pour visualiser le rapport qui existe entre l ’équation généralisée
de l ’ horizon (111) et les équations du champ, nous avons juste besoin de généraliser cette
équation aux systèmes de coordonnées généralisées et aux directions quelconques du flux
de l ’énergie–impulsion. Nous y parvenons en introduisant la notation tensorielle qui est
102 2 relativité générale
a δA = c 2 ∫R a
dΣ b ,
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ab k (114)
c4
∫T ab k
a
dΣ b = ∫R ab k
a
dΣ b . (115)
8πG
Jacobson montra alors que cette équation, combinée avec la conservation locale de l ’éner-
gie (c ’est-à-dire l ’annulation de la divergence du tenseur énergie–impulsion), ne peut
être satisfaite que si
c4
Tab = (R ab − ( + Λ)дab ) ,
R
(116)
8πG 2
le montra, l ’argument fonctionne dans les deux sens. La force (ou puissance) maximale,
l ’équation de l ’ horizon et la relativité générale sont équivalentes.
En bref, le principe de force maximale représente une manière simple d’exprimer le fait
que, sur des horizons, le flux d’énergie est proportionnel à l ’aire et à la gravité de surface.
Cette correspondance permet de déduire complètement la théorie de la relativité géné-
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maximale ou à partir du principe de puissance maximale est dorénavant bien établie,
nous pouvons baptiser à juste titre ces limites force de l ’ horizon et puissance de l ’ hori-
zon. Toute confirmation expérimentale ou théorique des équations du champ confirme
indirectement leur existence.
qui relie l ’espace et le temps, comme le souligne l ’équation dx = c dt. En relativité géné-
rale, la force de l ’ horizon est la force maximale ; elle apparaît également (avec un facteur
2π) dans les équations du champ comme étant la constante de proportionnalité qui relie
l ’énergie et la courbure. La force maximale décrit donc à la fois l ’élasticité de l ’espace-
temps et – si nous employons la représentation simple de l ’espace-temps comme étant
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exacte doit prendre en compte la géométrie de la situation. Par exemple, le module de ci-
saillement G (ou µ) décrit la difficulté à déplacer deux surfaces parallèles d ’un matériau
l ’une contre l ’autre. Si une force F est nécessaire pour déplacer deux surfaces parallèles
d ’aire A et de longueur l l ’une contre l ’autre d ’une distance ∆l, alors nous définissons
le module de cisaillement G par
=G
F ∆l
. (117)
A l
Le module de cisaillement pour les métaux et les alliages varie entre 25 et 80 GPa. La
théorie des milieux continus appliquée aux solides montre que, pour n’ importe quel
solide cristallin dépourvu d ’ impuretés (un solide « parfait »), il existe une contrainte de
cisaillement théorique : lorsqu ’on applique des contraintes supérieures à cette valeur, le
matériau cède. La contrainte de cisaillement théorique, en d ’autres mots la contrainte
maximale dans un matériau, est donnée par
G cct =
G
. (118)
2π
La contrainte maximale est donc principalement donnée par le module de cisaillement.
Cette correspondance est similaire à celle que nous avons rencontrée pour le vide. En
réalité, imaginer le vide comme un milieu matériel qui peut être tordu est un procédé
Réf. 86 utile pour mieux comprendre la relativité générale. Nous l ’utiliserons régulièrement par
la suite.
Que se passe-t-il quand on exerce une contrainte sur le vide avec la force maximale ?
Est-il également déchiré comme un solide ? Oui : en réalité, lorsque le vide est déchiré,
des particules surgissent. Nous en saurons plus à propos de ce phénomène plus tard :
puisque les particules sont des entités quantiques, nous avons d ’abord besoin d ’étudier
la théorie quantique avant que nous puissions en décrire les effets dans la dernière partie
de notre ascension montagneuse.
gravitation, vitesse maximale et force maximale 105
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Ces trois mêmes conditions s’appliquent en relativité générale. En particulier, la gra-
vitation relativiste interdit l ’existence d ’observateurs et de masses ponctuels : ils ne sont
pas réalistes. Des surfaces se déplaçant plus vite que la lumière ne sont également pas réa-
listes. Dans ces cas, nous pouvons trouver des contradictions à l ’ idée de la force maxi-
male. Essayez d ’en découvrir une – de nombreuses sont possibles, et elles sont toutes
Défi 144 s fascinantes. Nous en explorerons quelques-unes parmi les plus importantes ci-après.
Un autre point mériterait d ’être mentionné. La relativité générale implique une puis-
sance et une force maximales. La déduction inverse, celle des équations du champ de la
relativité générale à partir de la force ou puissance maximale, est correcte uniquement
sous l ’ hypothèse que la gravitation est purement géométrique. C ’est l ’énoncé primor-
dial de la relativité générale. Si le mécanisme de la gravitation était fondé sur d ’autres
champs, tels que des particules inconnues jusqu ’ ici, l ’équivalence entre la gravitation et
une force maximale ne pourrait être établie.
“
Wenn eine Idee am Horizonte eben aufgeht, ist
gewöhnlich die Temperatur der Seele dabei sehr
kalt. Erst allmählich entwickelt die Idee ihre
Wärme, und am heissesten ist diese (das heisst
sie tut ihre grössten Wirkungen), wenn der
Glaube an die Idee schon wieder im Sinken ist.
Friedrich Nietzsche*
”
* « Quand une idée émerge tout juste à l ’ horizon, la température de l ’esprit par rapport à celle-ci est habi-
tuellement très froide. Ce n’est que petit à petit que l ’ idée développe sa chaleur, et elle est la plus chaude
(ce qui signifie qu ’elle exerce sa plus forte influence) lorsque la conviction dans cette idée est déjà une nou-
velle fois en train de décliner. » Friedrich Nietzsche (1844–1900) fut un philosophe et savant allemand. Cette
phrase est l ’aphorisme 207 – Sonnenbahn der Idee – tiré de son ouvrage Menschliches Allzumenschliches –
Der Wanderer und sein Schatten.
106 2 relativité générale
La dernière étape, bien que cruciale, dans notre discussion de la force limite est la
même que dans la discussion de la vitesse limite. Nous avons besoin de montrer que
n’ importe quelle expérience concevable – pas seulement une qui soit réelle – vérifie l ’ hy-
pothèse. Selon une convention qui remonte au début du vingtième siècle, une telle expé-
rience imaginaire est dénommée une expérience de pensée, en anglais on dit « Gedanken
∗∗
L’ approche brutale de la force. La tentative la plus simple pour dépasser la force limite est
de tenter d ’accélérer un objet avec une force plus élevée que la valeur maximale. Mainte-
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nant, l ’accélération implique le transfert de l ’énergie. Ce transfert est limité par l ’équa-
tion de l ’ horizon (111) ou par la limite (112). Pour chaque tentative de surpasser cette force
limite, l ’écoulement de l ’énergie engendre l ’apparition d ’un horizon. Mais un horizon
empêche cette force de dépasser la limite, parce qu ’elle impose une borne à l ’ interaction.
Nous pouvons explorer directement cette limite. En relativité restreinte, nous avons
Page 88 remarqué que l ’accélération d ’un objet est restreinte par sa longueur. En fait, à une dis-
tance donnée par c 2 /2a dans la direction opposée à l ’accélération a, un horizon se forme.
En d ’autres termes, un corps accéléré se brise, au plus tard, en ce point. La force F qui
agit sur un corps de masse M et de rayon R est donc limitée par
F⩽
M 2
c . (119)
2R
L’ajout des effets (généralement minuscules) de la gravitation est immédiat. Pour être
observable, un corps accéléré doit demeurer plus gros qu ’un trou noir ; en y insérant le
rayon correspondant R = 2GM/c 2 , nous obtenons la force limite (104). Des tentatives
dynamiques pour dépasser la force limite échouent donc forcément.
∗∗
La tentative par la corde. Nous pouvons aussi essayer de produire une force plus élevée
dans une situation statique, par exemple en tirant sur les deux extrémités d ’une corde
dans des directions opposées. Nous supposons pour simplifier qu ’une corde incassable
puisse exister. Pour produire une force dépassant la valeur limite, nous avons besoin
d ’emmagasiner une très grande énergie (élastique) dans cette corde. Cette énergie doit
être introduite à partir des extrémités. Lorsque nous augmentons la tension de la corde
vers des grandeurs de plus en plus élevées, de plus en plus d ’énergie (élastique) doit être
stockée dans des distances de plus en plus petites. Pour surpasser la force limite, nous
aurions besoin d ’ajouter plus d ’énergie par unité de distance et de surface que celle qui
est permise par l ’équation de l ’ horizon. Un horizon surgit donc inévitablement. Mais
il n’existe aucune manière de tendre une corde à travers un horizon, même si elle est
gravitation, vitesse maximale et force maximale 107
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de mouvement par unité de temps. Nous pouvons donc rechercher une manière de stop-
per un système physique en mouvement si brutalement que la force maximale devrait
être surpassée. L’ inexistence de corps rigides dans la nature, déjà mise en évidence avec
Page 88 la relativité restreinte, rend impossible le fait de s’arrêter subitement, mais la relativité
restreinte ne donne en elle-même aucune limite inférieure pour le temps de freinage.
Toutefois, l ’ introduction de la gravitation le fait. Arrêter un système mobile implique un
transfert d ’énergie. Le flux d ’énergie par unité de surface ne peut pas dépasser la valeur
fournie par l ’équation de l ’ horizon. Par conséquent, nous ne pouvons pas dépasser la
force limite en freinant un objet.
De la même manière, si un système rapide est réfléchi au lieu d ’être stoppé, une cer-
taine quantité d ’énergie exige d ’être transférée et emmagasinée pendant un court instant.
Par exemple, lorsqu ’une balle de tennis rebondit sur un grand mur, sa quantité de mou-
vement est modifiée et une force est appliquée. Si un grand nombre de balles identiques
rebondissent en même temps, une force assurément plus grande que la limite peut-elle
être réalisée ? Il apparaît que c ’est impossible. Si nous le tentions, l ’énergie qui est trans-
férée au mur parviendrait à la limite donnée par l ’équation de l ’ horizon et engendrerait
alors un horizon. Dans ce cas, la réflexion ne serait plus possible. Donc la limite ne peut
pas être dépassée.
∗∗
La tentative par le rayonnement classique. À la place de systèmes qui tirent, poussent,
freinent ou réfléchissent la matière, nous pouvons explorer des systèmes dans lesquels
c ’est le rayonnement qui est concerné. Cependant, l ’argumentation se tient exactement
de la même manière, que soient mis en jeu des photons, des gravitons ou d ’autres parti-
cules. En particulier, les miroirs, comme les murs, sont limités dans leurs facultés.
Il est également impossible de produire une force supérieure à la force maximale en
concentrant une grande quantité de lumière sur une surface. La même situation que pour
les balles de tennis se manifeste : quand la valeur limite E/A donnée par l ’équation de
l ’ horizon (112) est obtenue, un horizon apparaît, empêchant la limite d ’être enfreinte.
108 2 relativité générale
∗∗
La tentative avec des briques. Les limites de la force et de la puissance peuvent également
être testées avec des expériences de pensée plus tangibles. Nous pouvons tenter de dépas-
ser la force limite en entassant des poids. Mais même bâtir une tour en brique infiniment
haute n’engendre pas une force suffisamment forte au niveau de ses fondations : en inté-
∗∗
L’essai avec la poussée de Lorentz. Une poussée peut apparemment être choisie de telle
manière qu ’une valeur de force F dans un référentiel soit transformée en n’ importe
Réf. 88 quelle valeur souhaitée F ′ dans un autre référentiel. Toutefois, ce résultat n’est pas phy-
sique. Pour être plus concret, imaginez un observateur massif, mesurant la valeur F, au
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repos par rapport à une grande masse, et un second observateur se déplaçant en direc-
tion de cette masse conséquente avec une vitesse relativiste, mesurant la valeur F ′ . Les
deux observateurs peuvent être imaginés comme étant aussi petits qu ’on le désire. Si
nous convertissons le champ de force au repos F en appliquant la transformation de
Lorentz, la force F ′ pour l ’observateur mobile peut atteindre des valeurs extrêmement
élevées, à condition que la vitesse soit suffisamment grande. Cependant, une force doit
être mesurée par un observateur situé en un point précis. Nous devons par conséquent
vérifier ce qui se passe quand l ’observateur rapide avance en direction de la région où
la force est supposée dépasser la force limite. Imaginez que l ’observateur possède une
masse m et un rayon r. Pour être un observateur digne de ce nom, il doit être plus grand
qu ’un trou noir ; en d ’autres termes, son rayon doit vérifier r > 2Gm/c 2 , ce qui implique
que cet observateur possède une taille non négligeable. Lorsque celui-ci plonge dans le
champ de force entourant la sphère, il y aura un écoulement d ’énergie E vers l ’observa-
teur déterminé par la valeur du champ transformé et l ’aire de son intersection avec l ’ob-
servateur. Cette énergie d ’ interaction peut être rendue aussi petite qu ’on le souhaite, en
choisissant un observateur suffisamment petit, mais l ’énergie n’est jamais nulle. Quand
l ’observateur mobile s’approche de l ’énorme charge massive, l ’énergie de l ’ interaction
augmente. Avant que l ’observateur n’arrive au point où la force était supposée être supé-
rieure à la force limite, l ’énergie de l ’ interaction aura atteint les limites de l ’ horizon (111)
ou (112) pour l ’observateur. Par conséquent, un horizon surgit et l ’observateur mobile
est empêché d ’observer quoi que ce soit, en particulier n’ importe quelle valeur que ce
soit au-delà de la force de l ’ horizon.
La même restriction apparaît quand des interactions électriques ou autres sont analy-
sées en utilisant un observateur-test qui est chargé. En résumé, les poussées de Lorentz
ne peuvent vaincre la force limite.
∗∗
L’offensive par la divergence. La force agissant sur une masse m située à une distance
Réf. 82 radiale d d ’un trou noir de Schwarzschild (pour Λ = 0) est donnée par
gravitation, vitesse maximale et force maximale 109
F= √
GMm
. (120)
M
d 2 1 − 2G
dc 2
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c
La distance minimale d ’approche – en termes élémentaires, ceci devrait correspondre
au rayon du trou noir associé – interdit d ’atteindre une distance nulle entre deux masses
ou entre un horizon et une masse. Cela implique qu ’une masse ne peut jamais être ponc-
tuelle, et qu ’ il existe une distance d ’approche (réelle) minimale, proportionnelle à la
masse. Si ce minimum est inséré dans les équations (120) et (121), nous obtenons
c4 c4
F= √ ⩽
Mm 1
4G (M + m)
(123)
2
1− M 4G
M+m
et
c4 c4
F= ⩽
Mm
. (124)
4G (M + m)2 4G
La valeur de la force maximale n’est donc jamais dépassée tant que nous prenons en
compte la taille des observateurs et des objets.
∗∗
Le problème de cohérence. Si les observateurs ne peuvent être ponctuels, nous devrions
nous demander s’ il est toujours correct d ’appliquer la définition initiale de la variation
de la quantité de mouvement ou de la variation de l ’énergie comme l ’ intégrale des va-
leurs mesurées par des observateurs attachés à une surface donnée. En relativité générale,
les observateurs ne peuvent être ponctuels, mais ils peuvent être aussi petits que souhai-
tés. La définition originale reste donc applicable lorsqu ’elle est considérée comme étant
une procédure limite pour une taille d ’observateur qui décroît toujours. Bien évidem-
ment, si la théorie quantique est prise en compte, cette procédure limite touche à sa fin à
la longueur de Planck. Ce n’est pas un problème pour la relativité générale, tant que les
dimensions caractéristiques de la situation sont beaucoup plus grandes que cette valeur.
110 2 relativité générale
∗∗
La question quantique. Si les effets quantiques sont négligés, il est possible de construire
des surfaces ayant des angles pointus ou même des formes fractales qui surpassent la
Défi 145 pe force limite. Toutefois, de telles surfaces ne sont pas physiques, puisqu ’elles supposent
que des longueurs plus petites que la longueur de Planck peuvent être réalisées ou mesu-
∗∗
La tentative de l ’observateur relativiste extrême. Tout observateur extrême, qu ’ il soit en
mouvement inertiel rapide ou accéléré, n’a aucune chance de devancer la limite. En phy-
sique classique, nous sommes habitués à imaginer que l ’ interaction nécessaire pour réali-
ser une mesure peut être aussi petite qu ’on le veut. Cette affirmation, toutefois, n’est pas
valable pour tous les observateurs, en particulier des observateurs extrêmes ne peuvent
pas la satisfaire. Pour eux, l ’ interaction de la mesure est énorme. Ainsi, un horizon se
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forme et empêche la limite d ’être dépassée.
∗∗
L’essai microscopique. Nous pouvons tenter de dépasser la force limite en accélérant une
petite particule aussi fortement que possible ou en la faisant entrer en collision avec
d ’autres particules. Des forces gigantesques apparaissent en réalité lorsque deux parti-
cules de haute énergie sont écrasées l ’une contre l ’autre. Toutefois, si l ’énergie cumulée
de ces deux particules devenait assez élevée pour défier la force limite, un horizon appa-
raîtrait avant qu ’elles puissent être suffisamment proches.
En fait, la théorie quantique aboutit exactement à la même conclusion. Elle prévoit
déjà en elle-même une limite à l ’accélération. Pour une particule de masse m, elle est
Réf. 89 donnée par
2mc 3
a⩽ . (125)
ħ
∗∗
L’offensive par le compactage. Les trous noirs représentent-ils réellement la forme la plus
dense de matière ou d ’énergie ? L’étude de la thermodynamique des trous noirs montre
que des concentrations de masse ayant des densités plus fortes que les trous noirs contre-
Réf. 82 diraient les principes de la thermodynamique. Dans la thermodynamique des trous noirs,
la surface et l ’entropie sont reliées : des processus réversibles qui réduisent l ’entropie
gravitation, vitesse maximale et force maximale 111
pourraient être réalisés si les systèmes physiques pouvaient être comprimés à des valeurs
plus petites que le rayon du trou noir. Par conséquent, la taille d ’un trou noir est la taille
limite pour une masse dans la nature. De manière équivalente, la force limite ne peut pas
être dépassée dans la nature.
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Défi 146 r sance limite ?
∗∗
La tentative de la montagne. Il est possible de définir une surface qui serait si étrangement
courbée qu ’elle passerait juste au-dessous des noyaux de chaque atome d ’une montagne,
comme la surface A indiquée sur la Figure 49. Tous les atomes de la montagne situés au-
dessus du niveau de la mer sont alors juste au-dessus de la surface, la touchant à peine. En
outre, imaginez que cette surface se déplace vers le haut presque à la vitesse de la lumière.
Il n’est pas difficile de montrer que l ’écoulement de masse à travers cette surface est plus
élevé que le flux limite de masse. En fait, on attribue au flux limite de masse c 3 /4G une
valeur d ’environ 1035 kg/s. En un temps de 10−22 s, soit le diamètre d ’un noyau divisé
par la vitesse de la lumière, 1013 kg seulement ont besoin de traverser la surface : c ’est la
masse d ’une montagne.
Cette surface semble fournir un contre-exemple à la limite. Toutefois, une attention
minutieuse montre que ce n’est pas le cas. Le problème vient de l ’expression « juste au-
112 2 relativité générale
6 000 m
montagne
surface A
F I G U R E 49 La tentative de la
montagne pour dépasser la valeur
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0m
surface B maximale du flux de masse.
dessous ». Les noyaux sont des particules quantiques et possèdent une incertitude quant à
leur position ; cette indétermination est essentiellement la distance de noyau à noyau. Par
conséquent, afin d ’être certain que la surface qui nous intéresse ait bien tous les atomes
au-dessus d ’elle, la forme ne peut pas être celle de la surface A de la Figure 49. Elle doit
être plutôt une surface plane qui reste au-dessous de la montagne entière, comme la sur-
face B de la figure. Cependant, une surface plane située sous une montagne ne permet
pas de dépasser la variation limite de masse.
∗∗
L’essai avec de nombreux atomes. Nous pouvons imaginer un nombre d ’atomes égal à
celui d ’une montagne, qui se tiennent tous (approximativement) dans un plan unique et
largement espacés les uns des autres. Une nouvelle fois, le plan se déplace vers le haut à la
vitesse de la lumière. Mais, même dans ce cas, l ’ incertitude sur les positions atomiques
fait qu ’ il est impossible d ’affirmer que la limite à l ’écoulement de la masse a été dépassée.
∗∗
L’offensive des trous noirs multiples. Les trous noirs sont typiquement énormes, et l ’ in-
certitude sur leur position est donc négligeable. La masse limite c 3 /4G, ou la puissance
limite c 5 /4G, correspond au flux d ’un unique trou noir traversant une surface plane à
la vitesse de la lumière. Plusieurs trous noirs passant ensemble à travers un plan à une
vitesse juste inférieure à celle de la lumière semblent donc vaincre la limite. Toutefois,
la surface doit être physique : on doit pouvoir positionner un observateur à chacun de
ses points. Mais aucun observateur ne peut traverser un trou noir. Un trou noir perfore
donc réellement la surface plane. Personne ne peut affirmer qu ’un quelconque trou noir
a traversé une surface plane, même sans faire appel à une telle quantité de trous noirs. La
gravitation, vitesse maximale et force maximale 113
∗∗
L’essai par la luminosité. L’existence d ’une luminosité maximale a été discutée par les
Réf. 82 astrophysiciens. En toute généralité, la borne maximale sur la puissance, c ’est-à-dire sur
l ’énergie par unité de temps, est valable pour chaque flux d ’énergie traversant n’ importe
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quelle surface physique, quelle qu ’elle soit. Cette surface physique peut même recouvrir
l ’ Univers tout entier. Pourtant, même en rassemblant toutes les chandelles, toutes les
étoiles et toutes les galaxies de l ’ Univers, on ne recouvrira jamais une surface qui aurait
une puissance d ’émission supérieure à la limite proposée.
La surface doit être physique*. Une surface est physique si un observateur peut être
placé sur chacun de ses points. En particulier, une surface physique ne peut pas traverser
un horizon, ou avoir une caractéristique locale plus fine qu ’une certaine longueur mi-
Page ?? nimale. Cette longueur minimale, qui sera introduite plus tard, est fixée par la longueur
de Planck corrigée. Si une surface n’est pas physique, elle peut représenter un contre-
Défi 147 s exemple aux limites de la force et de la puissance. Cependant, ces contradictions ne per-
mettent pas d ’affirmer quoi que ce soit concernant la nature. (Ex falso quodlibet**.)
∗∗
La tentative des nombreuses sources lumineuses, ou paradoxe de la puissance. Une limite
absolue pour la puissance impose une limite sur le flux d ’énergie qui s’écoule à travers
n’ importe quelle surface imaginable. À première vue, il peut apparaître que la puissance
cumulée émise par deux sources de rayonnement qui émettent chacune 3/4 de la valeur
maximale devrait donner une fois et demie cette valeur. Cependant, de telles chandelles
cosmiques devraient être si massives qu ’elles formeraient un trou noir. Aucune quantité
de rayonnement, qui dépasse cette limite, ne peut en sortir. À nouveau, puisque la limite
de l ’ horizon (112) est franchie, un horizon se présente, il absorbe la lumière et empêche
la force ou la puissance limite d ’être dépassée.
∗∗
La tentative de la concentration de lumière. Une autre approche consiste à illuminer une
masse ronde avec un flash lumineux sphérique, bref et intense. À première vue, il semble
que les limites de la force et de la puissance puissent être surpassées, parce que l ’énergie
lumineuse peut être concentrée dans des volumes minuscules. Toutefois, une concentra-
tion colossale d ’énergie lumineuse forme un trou noir ou incite la masse à en former
un. Il n’existe aucune manière de prélever de l ’énergie dans une masse à un débit plus
rapide que celui dicté par la puissance limite. En réalité, il est impossible de regrouper
∗∗
L’offensive par le trou noir. Un système possible dans la nature qui atteint réellement la
puissance limite est la phase finale de l ’évaporation d ’un trou noir. Cependant, même
dans ce cas, la puissance limite n’est pas dépassée mais seulement égalée.
∗∗
L’essai par l ’écoulement d ’eau. Nous pouvons essayer de pomper de l ’eau aussi rapide-
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ment que possible à travers un grand tube dont l ’aire de la section transversale est A.
Malgré tout, quand un tube de longueur L rempli avec de l ’eau s’écoulant à une vitesse
v s’approche de la limite de l ’écoulement de masse, la force de gravité exercée par l ’eau
attendant d ’être pompée à travers l ’aire A fera ralentir l ’eau qui est en train d ’être pom-
pée à travers cette surface. La limite est une nouvelle fois atteinte lorsque la section A se
transforme en un horizon.
L a vérité se cache
L’absence d ’ horizons dans la vie quotidienne constitue la première raison pour la-
quelle le principe de la force maximale est resté dissimulé pendant si longtemps. Les
expériences dans la vie courante ne peuvent mettre en évidence les limites de la force ou
de la puissance. La deuxième raison pour laquelle ce principe est demeuré caché, c ’est la
croyance erronée dans l ’existence des particules ponctuelles. C ’est une justification théo-
gravitation, vitesse maximale et force maximale 115
rique. (Les préjugés contre le concept de force en relativité générale y furent également
pour quelque chose.) Le principe de force maximale – et de puissance maximale – est
donc resté enfoui durant tant de temps à cause d ’une « conspiration » de la nature qui
l ’a dissimulé à la fois aux yeux des théoriciens et des expérimentateurs.
Afin de comprendre soigneusement la relativité générale, il est essentiel de rappeler
“
Wir leben zwar alle unter dem gleichen Himmel,
aber wir haben nicht alle den gleichen
Horizont*.
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Konrad Adenauer
∗∗
Qu ’est-ce que la gravitation ? Parmi les nombreuses réponses possibles que nous ren-
contrerons, nous en tenons maintenant une : la gravitation est l ’ « ombre » de la force
maximale. Toutes les fois que nous ressentons faiblement la gravitation, nous pouvons
nous rappeler qu ’un autre observateur situé au même endroit et au même instant ressen-
tirait la force maximale. Un bon exercice consiste à rechercher les propriétés précises de
cet observateur. Une autre manière de le dire : s’ il n’y avait pas de force maximale, la
gravitation ne pourrait exister.
∗∗
La force maximale implique l ’attraction universelle. Pour le vérifier, nous allons étudier
un système planétaire élémentaire, c ’est-à-dire doté de vitesses et de forces faibles. Un
système planétaire simple de taille L est composé d ’un (petit) satellite tournant autour
d ’une masse centrale M à une distance radiale R = L/2. Notons a l ’accélération de l ’ob-
√ la condition
jet. Une vitesse faible implique aL ≪ c 2 , déduite de la relativité restreinte.
Une force faible implique 4GMa ≪ c , déduite à partir de la force limite. Ces condi-
2
tions sont valables pour le système tout entier et pour toutes ses composantes. Ces deux
expressions possèdent les dimensions d ’une vitesse au carré. Puisque √ ce système n’a
qu ’une seule vitesse caractéristique, les deux expressions aL = 2aR et 4GMa doivent
être proportionnelles, entraînant
a= f 2 ,
GM
(126)
R
* « Nous vivons tous sous le même ciel, mais nous n’avons pas tous le même horizon. » Konrad Adenauer
(1876–1967), chancelier d ’Allemagne de l ’Ouest.
116 2 relativité générale
forces faibles, la loi en l ’ inverse du carré décrit l ’orbite d ’un satellite autour d ’une masse
centrale.
∗∗
Si l ’espace-temps vide est flexible, comme une feuille métallique, alors il doit également
être capable d ’osciller. N ’ importe quel système physique peut présenter des oscillations
lorsqu ’une déformation engendre une force de rétablissement. Nous avons vu plus haut
qu ’ il existe une telle force dans le vide : elle est appelée gravitation. En d ’autres termes,
le vide doit pouvoir osciller et, puisqu ’ il est étendu, il doit également être capable d ’en-
tretenir la propagation d ’ondes. En réalité, les ondes gravitationnelles sont prédites par
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Page 154 la relativité générale, comme nous le verrons plus loin.
∗∗
Si la courbure et l ’énergie sont reliées, la vitesse maximale doit également être valable
pour l ’énergie gravitationnelle. En fait, nous découvrirons que la gravité possède une
vitesse de propagation finie. La loi en l ’ inverse du carré de la vie quotidienne ne peut
pas être exacte, puisqu ’elle est incompatible avec une vitesse limite quelconque. Des in-
formations supplémentaires concernant les corrections induites par la vitesse maximale
permettront bientôt d ’y voir plus clair. De plus, puisque les ondes gravitationnelles sont
des ondes d ’énergie sans masse, nous nous attendons à ce que la vitesse maximale soit
Page 154 celle de leur propagation. Comme nous le verrons, c ’est effectivement le cas.
∗∗
Un corps ne peut pas être plus dense qu ’un trou noir (statique) de même masse. Les
limites de la force et de la puissance maximales, qui s’appliquent aux horizons, font qu ’ il
est impossible de comprimer une masse en horizons encore plus petits. La limite de la
force maximale peut par conséquent être reformulée comme une contrainte sur la taille
L des systèmes physiques de masse m :
L⩾
4Gm
. (127)
c2
Si nous appelons le double du rayon d ’un trou noir sa « taille », nous pouvons stipuler
qu ’aucun système physique de masse m n’est plus petit que cette valeur*. √ La taille limite
joue un rôle crucial en relativité générale. L’ inégalité inverse, m ⩾ A/16π c 2 /G, qui
définit la « taille » maximale des trous noirs, est appelée l ’ inégalité de Penrose et a été dé-
Réf. 90, Réf. 91, montrée dans un grand nombre de situations physiquement réalistes. On peut pressentir
Réf. 92
* La valeur maximale de la masse pour la taille limite est manifestement similaire à la variation maximale
de masse donnée plus haut.
gravitation, vitesse maximale et force maximale 117
que cette inégalité de Penrose implique la limite de la force maximale, et vice versa. Le
principe de la force maximale, ou la taille minimale équivalente des systèmes constitués
de matière–énergie, empêche donc la formation de singularités nues, et implique la vali-
dité de ce que nous appelons la censure cosmique.
∗∗
Les ondes parfaitement planes n’existent pas dans la nature. Les ondes planes sont infi-
niment étendues. Mais ni les ondes électromagnétiques ni les ondes gravitationnelles ne
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peuvent être infinies, puisque de telles ondes transporteraient une quantité de mouve-
ment par unité de temps à travers une surface plane supérieure à celle qui est permise
par la limite de la force. La non-existence d ’ondes gravitationnelles planes exclut aussi la
possibilité d ’apparition de singularités lorsque deux ondes de ce type interfèrent.
∗∗
Dans la nature, il n’existe pas de forces infinies. Il n’y a donc aucune singularité nue na-
turelle. Les horizons interdisent leur émergence. En particulier, le Big Bang n’était pas
une singularité. Les théorèmes mathématiques de Penrose et Hawking qui semblent en-
traîner l ’existence de singularités supposent implicitement que les masses ponctuelles
existent – souvent sous la forme de « poussières » – contrairement à ce que la relativité
générale présuppose. Un réexamen attentif de chacune de ces démonstrations s’ impose.
∗∗
La force limite signifie que l ’espace-temps possède une stabilité réduite. Cette limite sug-
gère que l ’espace-temps peut être déchiré en morceaux. C ’est effectivement le cas. Tou-
tefois, la manière dont cela se produit n’est pas décrite par la relativité générale. Nous
l ’étudierons dans la dernière partie de ce livre.
∗∗
La force maximale est l ’étalon de la force. Cela implique que la constante gravitationnelle
G est constante dans l ’espace et le temps – ou, du moins, que ses variations à travers
l ’espace et le temps ne peuvent pas être détectées. Les données actuelles corroborent
Réf. 93 cette affirmation jusqu ’à un haut degré de précision.
∗∗
Le principe de la force maximale entraîne que l ’énergie gravitationnelle – à condition
qu ’elle puisse être définie – chute dans les champs gravitationnels de la même manière
que les autres types d ’énergie. Ainsi, le principe de la force maximale prévoit que l ’ effet
Réf. 82 Nordtvedt disparaît. L’effet Nordtvedt est une variation périodique hypothétique dans
118 2 relativité générale
∗∗
Page ?? Nous découvrirons plus loin que les effets quantiques ne peuvent pas être mis à contri-
Défi 149 e bution pour dépasser la force ou puissance limite. (Pouvez-vous deviner pourquoi ? ) La
théorie quantique fournit également une limite au mouvement, à savoir une borne infé-
rieure pour l ’action. Cependant, cette limite est indépendante de la force ou puissance
maximale. (Une analyse dimensionnelle montre déjà cela : il n’existe aucune manière de
définir une action par une combinaison de c et G.) Par conséquent, même l ’association
de la théorie quantique avec la relativité générale n’est d ’aucune aide pour surpasser les
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limites de la force et de la puissance.
variation de masse dm/dt = ρAv atteint le flux limite de masse c 3 /4G. Nous avons donc
c3
= ρ 0 4πR 02 c =
dm
, (128)
dt 4G
une relation également prédite par les modèles de Friedmann. Les mesures de précision
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réalisées jusqu ’à présent. Malgré les difficultés pour parvenir aux limites, leurs valeurs
sont observables et réfutables.
En réalité, la force limite pourrait être examinée avec des mesures de haute précision
dans les pulsars binaires ou les trous noirs binaires. De tels systèmes permettent une
détermination précise de la position de chaque astre. Le principe de force maximale im-
plique une relation entre l ’ incertitude sur la position ∆x et l ’ incertitude sur l ’énergie
Réf. 80 ∆E. Pour tous les systèmes, nous avons
∆E c 4
⩽ . (129)
∆x 4G
Par exemple, une erreur sur la position de 1 mm donne une erreur sur la masse inférieure
à 3 ⋅ 1023 kg. Dans la vie quotidienne, toutes les mesures s’accordent avec cette relation.
En réalité, le membre de gauche de l ’ inégalité est tellement petit comparé au membre de
droite que nous faisons rarement allusion à cette relation. Pour une vérification directe,
seuls les systèmes qui pourraient accomplir l ’égalité pure et simple sont intéressants. Les
trous noirs doubles ou les pulsars doubles représentent de tels systèmes.
Il se pourrait qu ’un jour la quantité de matière chutant dans un trou noir, tel celui
situé au centre de la Voie lactée, puisse être mesurée. La borne dm/dt ⩽ c 3 /4G pourrait
alors être testée directement.
La puissance limite entraîne que les luminosités les plus intenses ne sont atteintes
que lorsque des systèmes émettent de l ’énergie à la vitesse de la lumière. En réalité,
la puissance émise maximale n’est approchée que lorsque toute la matière est diffu-
sée, par rayonnement dans l ’espace, le plus rapidement possible : la puissance émise
P = Mc 2 /(R/v) ne peut pas parvenir à la valeur maximale si le rayon R du corps est
supérieur à celui d ’un trou noir (le corps le plus dense pour une masse donnée) ou si la
vitesse d ’émission v est inférieure à celle de la lumière. Les sources ayant les plus fortes
luminosités doivent par conséquent être de densité maximale et émettre des entités dé-
pourvues de masse au repos, comme des ondes gravitationnelles, des ondes électroma-
120 2 relativité générale
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4G
De toute évidence, cette affirmation est difficile à vérifier expérimentalement, bien que
la fréquence et le type de l ’onde puissent l ’être, parce que la valeur apparaissant dans le
membre de droite est extrêmement grande. Des expériences futures probables avec des
détecteurs d ’ondes gravitationnelles, des détecteurs de rayons X, de rayons gamma, des
récepteurs radio ou des détecteurs de particules pourraient nous permettre de contrôler
la relation (130) avec rigueur. (Vous pourriez chercher à prédire laquelle de ces expé-
Défi 151 e riences confirmera la première cette limite. )
Le manque de tests expérimentaux directs sur les limites de la force et de la puissance
explique pourquoi les tests indirects sont particulièrement importants. Tous ces tests étu-
dient le mouvement de la matière ou de l ’énergie et le comparent avec une célèbre consé-
quence de la force et de la puissance limites : les équations du champ de la relativité
générale. Ce sera notre prochain domaine d ’exploration.
Page 221 Λ ≈ 10−52 /m2 . Une constante cosmologique positive entraîne l ’existence d ’une densité
d ’énergie négative −Λc 4 /G. Cette valeur correspond à une pression négative, puisque
la pression et la densité d ’énergie possèdent les mêmes dimensions. La multiplication
Page ?? par l ’aire de Planck (numériquement corrigée) 2Għ/c 3 , la plus petite aire dans la nature,
redonne une valeur pour la force de :
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force maximale. Jusqu ’à présent, seules certaines présomptions peuvent être formulées.
Comme la force maximale, la force minimale doit être compatible avec la gravitation, ne
doit pas être mise en défaut par une quelconque expérience, et doit résister à toute ex-
périence de pensée. Un examen rapide montre que cette force minimale, comme nous
venons de le souligner, nous permet de déduire la gravitation, est un invariant, et n’est
réfutée par aucune expérience. Il y a également un faisceau d ’ indices qui laisse présa-
ger qu ’ il n’existe probablement aucune manière d ’engendrer ou de mesurer une valeur
plus petite. Par exemple, la force minimale correspond à l ’énergie par unité de longueur
contenue dans un photon ayant une longueur d ’onde de la taille de l ’ Univers. Il est ardu
– mais peut-être pas impossible – d ’ imaginer la formation d ’une force encore plus petite.
Nous avons vu que le principe de la force maximale et la relativité générale ne par-
viennent pas à fixer la valeur de la constante cosmologique. Seule une théorie unifiée
peut le faire. Nous avons donc deux prérequis pour une telle théorie. Premièrement, toute
théorie unifiée doit prédire la même borne supérieure pour la force. Deuxièmement, une
théorie unifiée doit déterminer la constante cosmologique. L’apparition de ħ dans l ’ex-
pression conjecturée pour la force minimale suggère que celle-ci est établie par une com-
binaison de la relativité générale et de la théorie quantique. La démonstration de cette
hypothèse et la mesure directe de la force minimale constituent deux défis majeurs pour
notre ascension au-delà de la relativité générale.
Nous sommes dorénavant prêts à explorer les conséquences de la relativité générale
et ses équations du champ plus en détail. Nous allons commencer en nous concentrant
sur le concept de courbure de l ’espace-temps dans la vie quotidienne, et en particulier
sur ses conséquences pour l ’observation du mouvement.
R emerciements
L’auteur remercie Steve Carlip, Corrado Massa, Tom Helmond, Gary Gibbons, Hein-
rich Neumaier et Peter Brown pour leurs discussions passionnantes sur ces sujets.
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2 relativité générale
122
Chapitre 3
L E S I DÉ E S NOU V E L L E S SU R L’ E SPAC E ,
“
Sapere aude.
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condition dès 1905. Les implications qui découlent de ce principe sont palpitantes : nous
découvrirons que l ’espace vide peut se déplacer, que l ’ Univers possède un âge fini et que
des objets peuvent être perpétuellement en chute libre. Il en ressortira que l ’espace vide
peut être courbé, bien qu ’ il soit beaucoup moins flexible que l ’acier. Malgré ces étranges
conséquences, la théorie et toutes ses prédictions ont été confirmées par toutes les expé-
riences.
La théorie de la gravitation universelle, qui décrit le mouvement engendré par la gra-
vité en utilisant la relation a = GM/r 2 , autorise des vitesses supérieures à celle de la lu-
mière. En réalité, la vitesse d ’une masse en orbite n’est pas limitée. La manière dont les
valeurs de a et de r dépendent de l ’observateur est également vague. Donc cette théorie
ne peut pas être exacte. Afin de parvenir à la description correcte, dénommée relativité gé-
nérale par Albert Einstein, nous devons jeter par-dessus bord un certain nombre d ’ idées
Réf. 95, Réf. 96 préconçues.
tout corps en chute libre doit également l ’être. Joseph Kittinger le sait mieux que qui-
conque, lui qui, en août 1960, sauta de la capsule d ’un ballon à une hauteur record de
Réf. 97 31,3 km. À cette altitude, l ’air est si raréfié que, pendant la première minute de sa chute
libre, il se sentit complètement au repos, comme s’ il était en train de flotter. Bien qu ’étant
parachutiste expérimenté, il fut si étonné qu ’ il dut se tourner vers le haut afin de se
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précise, et la dernière : le repos est la chute libre. Le repos est l ’absence de perturbation,
donc il est la chute libre.
L’ensemble de tous les observateurs chutant librement en un point de l ’espace-temps
généralise la notion relativiste (restreinte) d ’ensemble des observateurs inertiels ponc-
tuels. Cela signifie que nous devons décrire le mouvement de telle manière que non
seulement les observateurs inertiels mais également ceux chutant librement puissent se
comprendre. De plus, une description complète du mouvement doit être apte à décrire
la gravitation et le mouvement qu ’elle engendre, et doit être capable de décrire le mou-
vement pour n’ importe quel observateur concevable. La relativité générale y parvient.
En premier lieu, nous exprimons ce résultat en termes simples : le véritable mouve-
ment est le contraire de la chute libre. Ce postulat soulève immédiatement de nombreuses
questions : la plupart des arbres ou des montagnes ne sont pas en chute libre, donc ils
Défi 155 s ne sont pas au repos. Quel mouvement effectuent-ils ? Et si la chute libre est du repos,
qu ’est-ce que le poids ? Et, en fin de compte, que représente la gravité ? Commençons
par la dernière question.
* Actuellement, il est possible de réserver de tels vols dans les agences de voyages spécialisées.
** La gravité est aussi la longueur inégale de mètres étalons situés en des endroits différents, comme nous
le verrons plus bas. Ces deux effets sont nécessaires pour la décrire de manière complète, mais dans la vie
courante sur Terre l ’effet des horloges est suffisant, puisqu ’ il est beaucoup plus significatif que l ’effet des
Défi 156 s longueurs, lequel peut généralement être ignoré. Pouvez-vous voir pourquoi ?
les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité 125
v(t)=gt
B lumière F
F I G U R E 50 À l’intérieur d’un train ou d’un bus en
accélération.
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de réfléchir que nous avons déjà rencontrée dans le chapitre sur la relativité restreinte.
Supposons que de la lumière soit émise à l ’extrémité arrière d ’un train de longueur ∆h
qui est accéléré vers l ’avant avec une accélération д, comme indiqué sur la Figure 50. La
lumière arrive à l ’avant après une durée t = ∆h/c. Toutefois, pendant ce temps, le train en
accélération a gagné une certaine vitesse supplémentaire, à savoir ∆v = дt = д∆h/c. Par
conséquent, à cause de l ’effet Doppler que nous avons rencontré dans notre discussion
Page 50 sur la relativité restreinte, la fréquence f de la lumière parvenant à l ’avant est modifiée.
Défi 158 e En utilisant l ’expression de l ’effet Doppler, nous avons alors*
= 2 .
∆ f д∆h
(132)
f c
* L’expression v = дt est uniquement valable pour des vitesses non relativistes, cependant, la conclusion de
Défi 159 e cette section n’est pas affectée par cette approximation.
** Comme en relativité restreinte, ici et dans le reste de notre ascension montagneuse, le terme « masse » se
126 3 les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité
m+E/c2
lumière
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F I G U R E 51 La contrainte du décalage vers le rouge et le bleu de la
lumière : pourquoi les arbres sont plus verts au pied.
légères passe à proximité, absorbe la lumière et, à cause de sa masse additionnelle, fait
tourner le tapis roulant jusqu ’à ce qu ’elle parvienne en bas. Le même processus se répète
alors*.
Puisque les masses vertes sur le flanc descendant sont toujours plus lourdes, le tapis
tournerait perpétuellement et ce système pourrait produire continuellement de l ’énergie.
Néanmoins, puisque la conservation de l ’énergie est le fondement même de notre défini-
Page 200 tion du temps, comme nous l ’avons vu au début de notre promenade, le processus dans
sa globalité doit être inconcevable. Nous devons conclure que la lumière voit son énergie
modifiée lorsqu ’elle monte. La seule possibilité est que celle-ci parvient au sommet avec
une fréquence différente de celle à laquelle elle a été émise en bas**.
En bref, il apparaît que la lumière montante est gravitationnellement décalée vers le
rouge. De manière similaire, la lumière qui descend de la cime d ’un arbre vers un ob-
servateur situé plus bas est décalée vers le bleu, ce qui donne une couleur plus sombre
au sommet par rapport au pied de l ’arbre. La relativité générale affirme donc que les
arbres possèdent différentes nuances de vert le long de leur hauteur***. Quelle est l ’ im-
Défi 163 e portance de cet effet ? Le résultat déduit à partir du schéma est une nouvelle fois celui de
la formule (132). C ’est ce que nous cherchions, puisque la lumière se déplaçant dans un
train en accélération et la lumière avançant sous l ’effet de la gravité sont des situations
réfère toujours à la masse inertielle.
Défi 161 s * Ce processus peut-il être réalisé avec 100 % d ’efficacité ?
** La relation précise entre l ’énergie et la fréquence de la lumière est décrite et expliquée dans notre discus-
sion de la théorie quantique, à la page ??. Mais nous savons déjà grâce à l ’électrodynamique classique que
l ’énergie de la lumière dépend de son intensité et de sa fréquence.
Défi 162 pe *** Quel est l ’ impact sur cet argument si vous prenez en compte l ’ illumination due au Soleil ?
les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité 127
Défi 164 s équivalentes, comme vous devriez pouvoir le vérifier vous-même. Cette formule donne
une variation relative de fréquence de 1,1 ⋅ 10−16 /m seulement, à proximité de la surface
de la Terre. Pour les arbres, ce que nous appelons le décalage vers le rouge gravitationnel
ou effet Doppler gravitationnel est beaucoup trop insignifiant pour être observable, tout
au moins en faisant appel à la lumière ordinaire.
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Réf. 101 en utilisant des rayons γ.
Mais nos deux expériences de pensée nous en disent beaucoup plus. Utilisons les
mêmes arguments que dans le cas de la relativité restreinte : une variation de couleur
implique que des horloges avancent différemment à des hauteurs différentes, de la même
manière qu ’elles avancent différemment à l ’avant et à l ’arrière du train. On prédit que
la différence temporelle ∆τ dépend de la différence de hauteur ∆h et de l ’accélération de
la gravité д comme suit
= = 2 .
∆τ ∆ f д∆h
(133)
τ f c
Par conséquent, sous l ’effet de la gravité, le temps dépend de la hauteur. C ’est exactement
ce que nous avions affirmé plus haut. En réalité, la hauteur fait vieillir. Pouvez-vous confir-
Défi 165 pe mer cette conclusion ?
En 1972, en embarquant quatre horloges très précises dans un avion tout en en gardant
Réf. 102 une identique au sol, Hafele et Keating relevèrent que les horloges avançaient réellement
différemment à des altitudes distinctes en accord avec l ’expression (133). Par la suite, en
Réf. 103 1976, l ’équipe de Vessot et al. propulsa dans l ’atmosphère une horloge ultra-précise basée
sur un maser – un générateur et oscillateur micro-onde précis – et située sur un missile.
L’équipe compara le maser à l ’ intérieur du projectile avec un maser identique cloué au
Réf. 104 sol, confirmant de nouveau cette expression. En 1977, Briatore et Leschiutta montrèrent
qu ’une horloge située à Turin égrène ses tic-tac plus lentement qu ’une autre située au
sommet du mont Rose. Ils confirmèrent la prédiction que sur Terre, pour chaque hauteur
Défi 166 pe parcourue de 100 m, les gens vieillissent plus rapidement d ’environ 1 ns par jour. Cet effet
a été confirmé pour tous les systèmes pour lesquels des expériences ont été réalisées, tels
que diverses planètes, le Soleil et de nombreuses autres étoiles.
Ces expériences montrent-elles que le temps varie ou sont-elles tout simplement dues
à des horloges qui fonctionnent mal ? Prenez un peu de temps et essayez de répondre à
Défi 167 e cette question. Nous ne donnerons qu ’un seul argument : la gravité change la couleur de
avant
après
la lumière, et donc agit effectivement sur le temps. La précision des horloges n’est pas un
problème, ici.
En résumé, la gravité est vraiment l ’avancement inégal d ’ horloges situées à des alti-
tudes différentes. Remarquez qu ’un observateur en position basse et un autre en position
haute s’accordent sur ce résultat : tous les deux remarqueront que l ’ horloge supérieure
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avance plus vite. En d ’autres termes, lorsque la gravité est présente, l ’espace-temps n’est
pas décrit par la géométrie de Minkowski de la relativité restreinte, mais par une géo-
métrie encore plus générale. Pour l ’exprimer de manière mathématique, à chaque fois
que la gravité entre en jeu, la quadri-distance ds 2 entre des événements est différente de
l ’expression qui ne tient pas compte de la gravité :
ds 2 ≠ c 2 dt 2 − dx 2 − dy 2 − dz 2 . (134)
Kittinger n’aurait pas pu trouver un référentiel qui soit également inertiel pour un
Défi 169 e confrère chutant du côté opposé de la Terre. Un tel référentiel commun n’existe pas. En
général, il est impossible de découvrir un unique référentiel inertiel décrivant des obser-
vateurs distincts chutant librement près d ’une masse. En fait, il est même impossible de
trouver un référentiel inertiel commun pour des observateurs proches plongés dans un
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Défi 171 pe entériner ce point ? )
La gravitation conduit à des variations relatives de distance. Ces changements té-
moignent d ’un autre effet, indiqué dans la Figure 52 : un corps étendu en chute libre est
légèrement comprimé. Cet effet nous enseigne aussi qu ’une caractéristique essentielle de
la gravité est que la chute libre est différente d ’un point à un autre. Cela nous rappelle
Page 136 quelque chose. La compression d ’un corps est le même effet que celui qui engendre les
marées. En réalité, le renflement des océans peut être vu comme étant la compression de
Réf. 105 la Terre dans sa chute vers la Lune. En utilisant ce résultat de la gravitation universelle,
nous pouvons maintenant confirmer : l ’essence de la gravité est acquise par l ’observation
des forces de marée.
Formulé autrement, la gravité n’est simple que localement. Ce n’est que localement
qu ’elle ressemble à l ’accélération. Ce n’est que localement qu ’un observateur qui tombe
comme Kittinger se sentira au repos. En fait, seul un observateur assimilé à un point peut
le faire ! Dès que nous prenons en considération l ’extension spatiale, nous rencontrons
les forces de marée. La gravité est la présence d’effets de marée. L’absence de forces de
marée implique l ’absence de gravité. Elles représentent la conséquence quotidienne du
temps dépendant de la hauteur. N ’est-ce pas un merveilleux dénouement ?
En principe, Kittinger aurait pu ressentir la gravitation durant sa chute libre, même en
fermant les yeux, s’ il avait prêté plus attention à lui-même. S ’ il avait mesuré la variation
de distance entre ses deux mains, il aurait remarqué une minuscule diminution qui au-
rait pu lui faire dire qu ’ il était en train de tomber. Cette fine diminution aurait imposé à
Kittinger une étrange conclusion. Deux mains en mouvement inertiel devraient se dépla-
cer le long de deux lignes parallèles, conservant constamment la même distance. Puisque
la distance varie, il doit conclure que dans l ’espace qui l ’environne des lignes qui com-
mencent en étant parallèles ne le restent pas. Kittinger aurait pu conclure que l ’espace
autour de lui était analogue à la surface de la Terre, où deux lignes qui démarrent au nord,
parallèles l ’une à l ’autre, ont également un écartement qui varie, jusqu ’à ce qu ’elles se
rencontrent au pôle Nord. En d ’autres termes, Kittinger aurait pu conclure qu ’ il était
dans un espace courbe.
En étudiant la variation de distance entre ses mains, Kittinger aurait même pu en
130 3 les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité
déduire que la courbure de l ’espace varie avec la hauteur. L’espace physique est différent
d ’une sphère, où la courbure est constante. L’espace physique est plus complexe. Cet effet
est extrêmement faible, et ne peut pas être perçu par les facultés sensorielles humaines.
Kittinger n’avait aucune chance de déceler quoi que ce soit. La détection requiert des
appareils ultrasensibles spécifiques. Néanmoins, cette conclusion reste valable. L’espace-
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Le 7 novembre 1919, Albert Einstein devint mondialement célèbre. Ce jour-là, un ar-
ticle paru dans le quotidien Times de Londres annonçait les résultats d ’une double ex-
pédition partie vers l ’Amérique du Sud, sous le titre « Révolution en sciences – Une
nouvelle théorie de l ’ Univers – Les conceptions newtoniennes sont détrônées ». Cette
expédition avait démontré sans équivoque – bien que ce ne fût pas la première fois –
que la théorie de la gravitation universelle, essentiellement donnée par a = GM/r 2 , était
fausse, et qu ’à la place l ’espace était courbé. Un élan enthousiaste s’empara du monde
entier. Einstein fut présenté comme étant le plus grand de tous les génies. La plupart des
journaux titraient « L’espace est déformé ». Les articles d ’ Einstein sur la relativité géné-
rale furent réimprimés en entier dans des revues populaires. Les gens pouvaient lire les
équations du champ de la relativité générale, sous forme tensorielle et avec les indices
en lettres grecques, dans la revue Time. Rien de comparable à cela ne s’était produit au-
paravant ni ne s’est produit depuis pour n’ importe quel autre physicien. Quelle était la
raison de cette effervescence ?
L’expédition partie dans l ’ hémisphère Sud avait effectué une expérience proposée par
Réf. 106 Einstein lui-même. Mis à part la vérification de la variation du temps avec l ’altitude,
Einstein avait également songé à un grand nombre d ’expériences supplémentaires pour
détecter la courbure de l ’espace. Dans celle qui l ’a rendu célèbre par la suite, Einstein sug-
gérait de prendre une photographie des étoiles proches du Soleil, si possible pendant une
éclipse solaire, et de la comparer à une photographie des mêmes étoiles, la nuit, lorsque
le Soleil est très éloigné. Einstein avait prédit une variation dans la position de 1, 75′ (1,75
seconde d ’arc) pour des photos d ’étoiles situées en bordure du Soleil, une valeur deux
Page 139 fois plus grande que celle prédite par la gravitation universelle. Ce pronostic, correspon-
dant à une distance de 1/40 mm sur les photographies, fut confirmé en 1919, et ainsi la
gravitation universelle fut anéantie.
Ce résultat implique-t-il que l ’espace est courbé ? En lui-même, non. En fait, d ’autres
explications pourraient être données pour le résultat de l ’expérience de l ’éclipse, comme
* « Lorsqu ’un insecte marche sur la surface d ’une sphère, il ne remarque probablement pas que le chemin
qu ’ il emprunte est courbé. Moi, par contre, j’ai eu la chance de le remarquer. »
les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité 131
image image
de l'étoile
position
étoile de l'étoile
Soleil
Mercure Terre
Terre
F I G U R E 53 Le modèle de l’espace sous forme de matelas : la trajectoire d’un rayon lumineux et d’une
planète près d’une masse sphérique.
par exemple un potentiel différent de la forme en l ’ inverse du carré. Toutefois, les résul-
tats de l ’éclipse ne constituent pas les seules données. Nous savons déjà que le temps varie
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en fonction de la hauteur. Des expériences montrent que deux observateurs placés à des
altitudes distinctes mesurent la même valeur pour la vitesse de la lumière c à leur proxi-
mité. Mais ces expériences montrent aussi que, si un observateur mesure la vitesse de la
lumière à la position de l ’ autre observateur, il obtient une valeur différente de c, puisque
son horloge avance différemment. Il n’y a qu ’une solution possible à ce dilemme : les
mètres étalons, comme les horloges, varient également avec la hauteur, et d ’une façon
telle qu ’ ils doivent produire partout la même vitesse pour la lumière.
Si la vitesse de la lumière est constante mais que les horloges et les mètres étalons va-
Défi 172 pe rient avec l ’altitude, la conclusion doit être que l ’espace est courbé à proximité des masses.
De nombreux physiciens au cours du vingtième siècle s’assurèrent que les mètres étalons
sont vraiment différents là où la gravité est présente. Et en réalité la courbure a été déce-
lée autour de plusieurs planètes, dans le voisinage de toutes les centaines d ’étoiles où elle
pouvait être mesurée, et autour de douzaines de galaxies. Beaucoup d ’effets indirects de
la courbure autour des masses, qui seront analysés en détail ci-dessous, ont également
été observés. Tous les résultats confirment la courbure de l ’espace et de l ’espace-temps
autour des masses, et valident de surcroît les valeurs de courbure prédites par la relati-
vité générale. En d ’autres termes, les mètres étalons situés à proximité des masses voient
réellement leur taille varier d ’un endroit à l ’autre, et même d ’une orientation à l ’autre.
La Figure 53 donne une idée de cette situation.
Mais attention : la figure de droite, même si on la rencontre dans de nombreux ma-
Réf. 107 nuels, peut induire en erreur. Elle peut facilement être confondue avec une reproduction
d ’un potentiel autour d ’un corps. En réalité, il est impossible de dessiner un graphique
Défi 173 s représentant la courbure et le potentiel séparément. (Pourquoi ?) Nous verrons que pour
des courbures faibles il est même possible d ’expliquer la variation de la longueur du
mètre étalon en utilisant seulement un potentiel. Cette figure ne triche donc pas réelle-
ment, au moins dans le cas d ’une faible gravité. Mais pour des valeurs énormes et va-
riables de la gravité, on ne peut pas définir de potentiel, et il n’existe donc en fait aucune
manière de ne pas utiliser l ’espace courbe pour décrire la gravitation. En résumé, si nous
imaginons l ’espace comme une sorte de matelas généralisé dans lequel des masses pro-
duisent des déformations, nous avons un modèle plausible de l ’espace-temps. Puisque
132 3 les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité
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Défi 174 pe cette prédiction ?
Espace-temps courbe
La Figure 53 montre la courbure de l ’espace uniquement, mais en fait c ’est l ’espace-
temps qui est courbé. Nous découvrirons bientôt comment décrire à la fois la forme de
l ’espace et la forme de l ’espace-temps, et comment mesurer leur courbure.
Faisons une première tentative pour décrire la nature avec l ’ idée d ’espace-temps
courbe. Dans le cas de la Figure 53, la meilleure description des événements est faite
par l ’emploi du temps t indiqué par une horloge située à l ’ infini dans l ’espace. Cela
contourne les problèmes dus à l ’avancement inégal d ’ horloges situées à des distances
différentes de la masse centrale. Pour la coordonnée radiale r, le choix le plus commode
pour éviter des problèmes avec la courbure de l ’espace consiste à utiliser la circonférence
d ’un cercle situé autour du corps central, divisé par 2π. La forme courbe de l ’espace-
temps est mieux décrite par le comportement de la distance de l ’espace-temps ds, ou par
Page 38 le temps de l ’ horloge dτ = ds/c, entre deux points voisins ayant des coordonnées (t, r) et
Page 128 (t +dt, r +dr). Comme nous l ’avons vu ci-dessus, la gravité implique qu ’en coordonnées
sphériques nous ayons
ds 2
dτ 2 = ≠ dt 2 − dr 2 /c 2 − r 2 dφ2 /c 2 . (135)
c 2
Cette inégalité exprime le fait que l ’espace-temps est courbé. En réalité, les expériences
sur la variation du temps avec la hauteur confirment que l ’ intervalle d ’espace-temps
autour d ’une masse sphérique est donné par
ds 2 dr 2 r2 2
dτ 2 = = (1 )
2GM 2
− dt − − dφ . (136)
c2 rc 2 c 2 − 2Gr M c 2
Cette expression est appelée la métrique de Schwarzschild d ’après l ’un de ses décou-
les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité 133
vreurs*. La métrique (136) décrit la forme courbée de l ’espace-temps situé autour d ’une
masse sphérique qui n’est pas en rotation. Elle est bien approchée par celle de la Terre
Défi 175 s ou du Soleil. (Pourquoi leur rotation peut-elle être négligée ?) L’expression (136) indique
également que l ’ intensité de la gravité autour d ’un corps de masse M et de rayon R est
quantifiée par un nombre h sans dimension défini comme suit
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la déformation de l ’espace-temps.
Nous remarquons que si une masse est fortement concentrée, en particulier quand
son rayon devient égal à son rayon de Schwarzschild
RS =
2GM
, (138)
c2
la métrique de Schwarzschild se comporte bizarrement : à cet emplacement, le temps dis-
paraît (remarquez que t représente le temps à l ’ infini). Au rayon de Schwarzschild, le
temps local (indiqué par une horloge située à l ’ infini) s’arrête – et un horizon apparaît.
Page 244 Nous explorerons plus bas ce qui se passe précisément. Cette situation n’est pas com-
mune : le rayon de Schwarzschild pour une masse comme la Terre est de 8,8 mm, et
pour le Soleil de 3,0 km. Vous devriez pouvoir vérifier que la taille de chaque objet de
Défi 176 e la vie quotidienne est supérieure à son rayon de Schwarzschild. Des corps qui atteignent
Réf. 109 cette limite sont appelés des trous noirs, nous les étudierons en détail prochainement. En
fait, la relativité générale stipule qu ’ aucun système dans la nature n’est plus petit que sa
taille de Schwarzschild, en d ’autres termes que le rapport h défini par l ’expression (137)
n’est jamais supérieur à 1.
En résumé, les résultats mentionnés jusqu ’ ici établissent clairement que la masse en-
gendre la courbure. L’équivalence masse–énergie que nous connaissons en relativité res-
treinte nous enseigne que, par conséquent, l ’espace devrait également être courbé par
la présence de n’ importe quel type d ’énergie–impulsion. Chaque type d ’énergie courbe
l ’espace-temps. Par exemple, la lumière devrait également le courber. Cependant, même
les rayons de plus forte énergie que nous puissions créer correspondent à des masses
* Karl Schwarzschild (1873–1916) fut un important astronome allemand, il fut un des premiers à comprendre
la relativité générale. Il publia sa formule en décembre 1915, seulement quelques mois après qu ’ Einstein eut
publié ses équations du champ. Il décéda prématurément à 42 ans, ce qui attrista énormément Einstein. Nous
déduirons la forme de la métrique plus loin, directement à partir des équations du champ de la relativité
Réf. 108 générale. L’autre inventeur de cette métrique, inconnu d ’ Einstein, fut le physicien hollandais J. Droste.
134 3 les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité
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Nous découvrirons bientôt comment mesurer la courbure, comment la calculer à par-
tir de l ’énergie–impulsion et ce que nous constatons lorsque les mesures et les calculs
sont comparés. Nous découvrirons également que des observateurs distincts mesurent
des valeurs de courbure différentes. L’ensemble des transformations qui associent un
point de vue à un autre en relativité générale, la symétrie difféomorphisme, nous appren-
dra comment relier les mesures faites par des observateurs différents.
Puisque la matière se déplace, nous pouvons même en dire plus. Non seulement
l ’espace-temps est courbé près des masses, mais il se met aussi à onduler comme des
vagues après qu ’une masse est passée à proximité. En d ’autres termes, la relativité gé-
nérale stipule que l ’espace, de même que l ’espace-temps, est élastique. Cependant, il est
Réf. 111 plutôt rigide : beaucoup plus rigide que l ’acier. Pour courber une région de l ’espace de
1 % il faut une densité d ’énergie considérablement plus importante que pour courber un
Défi 178 pe simple rail de chemin de fer de 1 %. Tout cela, ainsi que d ’autres conséquences intéres-
santes de l ’élasticité de l ’espace-temps, nous absorbera durant le reste de ce chapitre.
“
Si morior, moror*.
”
Nous poursuivons notre chemin vers une compréhension précise de la gravitation.
Toute notre connaissance théorique et empirique concernant la gravité peut être résumée
en seulement deux formulations générales. Le premier principe établit que :
⊳ La vitesse v d’un système physique est bornée par :
v⩽c (139)
La théorie qui découle de ce premier principe, la relativité restreinte, est étendue à la re-
lativité générale en y ajoutant un deuxième principe, caractérisant la gravitation. Il existe
plusieurs manières équivalentes de formuler ce principe. En voici une.
⊳ Pour tous les observateurs, la force F agissant sur un système est limitée par
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M c
En d ’autres termes, un système massif ne peut pas être plus concentré qu ’un trou noir
de même masse qui n’est pas en rotation. Une autre façon d ’exprimer le principe de la
gravitation est la suivante :
⊳ Pour tous les systèmes, la puissance émise P est restreinte par
c5
P⩽ . (142)
4G
En bref, il existe une puissance maximale dans la nature.
Les trois limitations citées ci-dessus sont toutes équivalentes, et aucune exception n’est
connue ou réellement possible. Ces limites incluent la gravitation universelle dans le cas
non relativiste. Elles nous disent ce qu ’est la gravité, à savoir la courbure, et comment elle
se comporte exactement. Ces limites nous permettent de déterminer la courbure dans
toutes les situations, pour tous les événements de l ’espace-temps. Comme nous l ’avons
Page 98 vu ci-dessus, la vitesse limite associée à n’ importe lequel des trois derniers principes
implique toute la relativité générale*.
Par exemple, pouvez-vous montrer que la formule décrivant le décalage vers le rouge
gravitationnel est conforme à la limite générale (141) pour les rapports longueur sur
Défi 180 pe masse ?
Nous remarquons que toute formule qui contient la vitesse de la lumière c est fondée
sur la relativité restreinte et, si elle contient la constante de la gravitation G, elle est reliée
à la gravitation universelle. Si une formule contient à la fois c et G, elle est propre à la
relativité générale. Le présent chapitre soulignera souvent cette correspondance.
Jusqu ’à présent, notre ascension de la montagne nous a appris qu ’une description
précise du mouvement exige la caractérisation de tous les points de vue autorisés, leurs
* Cette approche didactique n’est pas conventionnelle. Il est possible qu ’elle ait été initiée par le présent
Réf. 112 auteur. Le physicien britannique Gary Gibbons l ’a également développée de manière indépendante. Des
références plus anciennes ne sont pas connues.
136 3 les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité
“
Un génie est une personne qui fait toutes les
erreurs possibles dans le temps le plus court
possible.
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Anonyme
Dans notre discussion de la relativité restreinte, nous avons vu que le mouvement iner-
tiel ou de flottaison libre est le mouvement qui associe deux événements qui nécessitent le
Page 74 plus long temps propre. En l ’absence de la gravité, le mouvement qui satisfait cette condi-
tion est un mouvement en ligne droite (rectiligne). D’autre part, nous sommes également
Page 47 habitués à imaginer les rayons lumineux comme étant droits. En réalité, nous avons tous
l ’ habitude de vérifier la rectitude d ’une bordure en l ’observant de profil sur toute sa lon-
gueur. À chaque fois que nous dessinons les axes d ’un système de coordonnées physique,
nous imaginons que nous traçons soit des trajectoires de rayons lumineux soit celles du
mouvement de corps se déplaçant librement.
En l ’absence de la gravité, les trajectoires d ’objets et celles de la lumière coïncident.
Cependant, si la gravité est présente, les objets ne se déplacent plus le long de trajets lumi-
neux, comme l ’ indique chaque pierre lancée en l ’air. La lumière ne définit plus la notion
de rectitude spatiale. En présence de la gravité, les trajets de la lumière et de la matière
sont tous les deux courbés, bien que ce soit avec des amplitudes différentes. Mais la for-
mulation originale reste valide : même quand la gravité est présente, les corps suivent des
trajectoires de plus long temps propre possible. Pour la matière, de tels trajets sont appe-
lés des géodésiques de genre temps. Pour la lumière, ils sont dénommés des géodésiques
nulles ou de genre lumière.
Nous remarquons que dans l ’espace-temps les géodésiques sont les courbes qui ont
la longueur maximale. C ’est en contradiction avec le cas purement spatial, telle la sur-
face d ’une sphère, où les géodésiques sont les courbes de longueur minimale. En termes
simples, les pierres retombent parce qu ’elles suivent des géodésiques. Faisons quelques vé-
rifications concernant cette affirmation.
Puisque les pierres se déplacent en maximisant le temps propre pour des observateurs
inertiels, elles doivent en faire autant pour des observateurs chutant librement, comme
Kittinger. En fait, elles doivent en faire autant pour tous les observateurs. Au moins,
l ’équivalence entre les trajectoires de chute et les géodésiques reste cohérente.
* Ou du moins devrait-elle l ’être, s’ il n’y avait pas une minuscule déviation appelée théorie quantique.
les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité 137
hauteur
c · temps
lancer élevé, lent
h
d
distance du lancer
F I G U R E 54 Toutes les trajectoires des pierres voltigeant en l’air, indépendamment de leurs vitesses et
de leurs angles, ont la même courbure dans l’espace-temps. (Photographie © Marco Fulle)
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en réalité un mouvement qui suit des géodésiques.
Nous avons vu plus haut que la gravitation découle de l ’existence d ’une force maxi-
male. Ce résultat peut être visualisé d ’une autre manière. Si l ’attraction gravitationnelle
entre un corps central et un satellite était plus forte qu ’elle ne l ’est, les trous noirs seraient
plus petits qu ’ ils ne le sont. Dans ce cas, les limites de la force maximale et de la vitesse
maximale pourraient être dépassées en s’approchant suffisamment d ’un tel trou noir. Si,
d ’autre part, la gravitation était plus faible qu ’elle ne l ’est, il y aurait des observateurs
pour lesquels les deux astres n’ interagiraient pas, donc pour lesquels ils ne formeraient
pas un système physique. En résumé, une force maximale de c 4 /4G implique la gravita-
tion universelle. Il n’y a aucune différence entre l ’affirmation que tous les corps s’attirent
à travers la gravitation et celle qu ’ il existe une force maximale dont la valeur est détermi-
née par c 4 /4G. Mais en même temps, le principe de la force maximale implique que les
Défi 182 pe objets se déplacent le long de géodésiques. Pouvez-vous le montrer ?
Tournons-nous vers une vérification expérimentale. Si la chute est une conséquence
de la courbure, alors les trajectoires de toutes les pierres jetées ou chutant près de la Terre
doivent avoir la même courbure dans l ’espace-temps. Prenez une pierre lancée horizon-
talement, une pierre jetée verticalement, une pierre jetée avec vigueur, ou une pierre
lancée mollement : un bref raisonnement permet de montrer que dans l ’espace-temps
Défi 183 pe toutes leurs trajectoires sont approchées avec une grande précision par des arcs de cercle,
comme indiqué sur la Figure 54. Toutes les trajectoires possèdent le même rayon de cour-
bure r, donné par :
c2
r= ≈ 9,2 ⋅ 1015 m . (143)
д
relativité générale aux chercheurs un siècle avant Einstein ; ce qui manquait était l ’ iden-
tification de l ’ importance de la vitesse de la lumière comme vitesse limite. Dans tous les
cas, ce calcul simple confirme que la chute et la courbure sont reliées. Comme attendu,
et comme il a déjà été mentionné ci-dessus, la courbure décroît avec l ’augmentation de
la hauteur, jusqu ’à ce qu ’elle disparaisse à une distance infinie de la Terre. Maintenant,
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Nous le reformulons en disant qu ’une particule quelconque en chute libre du point A au
point B minimise l ’action S donnée par
S = −mc 2
B
∫A
dτ . (144)
C ’est tout ce que nous avons besoin de connaître concernant la chute libre des objets.
En conséquence, toute déviation par rapport à la chute libre vous rajeunit. Plus l ’écart est
important, plus vous restez jeune.
Page 267 Comme nous le verrons ci-après, la description de l ’action minimale de la chute libre
a été contrôlée avec beaucoup de précision, et l ’expérience n’a pas décelé le moindre
Réf. 113 écart. Nous découvrirons aussi que, pour la chute libre, les prédictions de la relativité
générale et de la gravitation universelle diffèrent de manière significative, à la fois pour les
particules proches de la vitesse de la lumière et pour les corps centraux de densité élevée.
Jusqu ’ ici, toutes les expériences ont montré qu ’à chaque fois que les deux prédictions
étaient différentes la relativité générale était exacte, et que la gravitation universelle ou
toute description alternative était fausse.
Tous les corps chutent le long de géodésiques. Cela nous indique quelque chose d ’ im-
portant. La façon dont les corps chutent ne dépend pas de leur masse. Les géodésiques
sont comme des « rails » dans l ’espace-temps qui indiquent aux corps comment tom-
ber. En d ’autres termes, l ’espace-temps peut vraiment être imaginé comme une entité
unique, énorme, déformée. L’espace-temps n’est pas un « néant », c ’est une réalité is-
sue de notre réflexion. La forme de cette entité indique aux objets comment se déplacer.
L’espace-temps est donc en réalité assimilable à un matelas impalpable, ce matelas dé-
formé guidant les objets qui chutent le long de ses réseaux de géodésiques.
Qui plus est, l ’énergie de liaison chute de la même manière que la masse, comme
on le prouve en comparant la chute d ’objets constitués de matériaux différents. Ils pos-
Défi 185 s sèdent des pourcentages différents d ’énergie de liaison. (Pourquoi ?) Par exemple, sur la
Lune, où il n’y a pas d ’air, les astronautes lâchent des boules en acier et des plumes, et
remarquent qu ’elles tombent ensemble, les unes à côté des autres. L’ indépendance de la
les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité 139
Réf. 114 composition matérielle pour la chute a été vérifiée et confirmée maintes et maintes fois.
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la lumière en elle-même ne constitue pas une pièce à conviction pour la courbure de l ’es-
pace. La relativité générale prédit également un angle de déviation pour la lumière frôlant
des masses, mais du double de la valeur classique de Soldner, parce que la courbure de
l ’espace autour de grosses masses s’ajoute à l ’effet de la gravitation universelle. La dévia-
tion de la lumière ne confirme donc la courbure de l ’espace que si sa grandeur s’accorde
avec celle prédite par la relativité générale. C ’est effectivement le cas : les observations
Page 162 coïncident avec les prédictions. Nous allons donner bientôt un peu plus de détails.
La masse n’est donc pas nécessaire pour ressentir la gravité, l ’énergie est suffisante.
On doit se familiariser avec cette notion de l ’équivalence masse–énergie lorsque l ’on
étudie la relativité générale. En particulier, la lumière n’entre pas dans la catégorie poids
plume, mais est plutôt lourde. Pouvez-vous étayer le fait que la courbure de la lumière
Défi 186 pe près de la Terre doit être la même que celle des pierres, donnée par l ’expression (143) ?
En résumé, toutes les expériences montrent que l ’énergie, tout comme la masse, chute
le long des géodésiques, quel que soit son type (liée ou libre) et quelle que soit l ’ interac-
tion en jeu (fût-elle électromagnétique ou nucléaire). De plus, le mouvement du rayon-
nement confirme que l ’espace-temps est courbé.
Puisque les expériences démontrent que toutes les particules tombent de la même
manière, indépendamment de leur masse, de leur charge ou de toute autre propriété,
nous pouvons en conclure que le système constitué de toutes les trajectoires possibles
forme une structure indépendante. Cette structure est ce que nous appelons l ’ espace-
temps.
Nous remarquons donc que l ’espace-temps indique à la matière, à l ’énergie et au rayon-
nement comment ils doivent tomber. Cette proposition représente la seconde moitié de la
relativité générale. Elle complète la première partie, qui stipule que l ’énergie spécifie à
l ’espace-temps comment il doit se courber. Pour achever la description du mouvement
macroscopique, nous avons juste besoin de rendre ces formulations plus quantitatives,
de telle manière qu ’elles puissent devenir réfutables. Comme d ’ habitude, nous pouvons
procéder de deux manières différentes : nous pouvons déduire ces équations directement
du mouvement, ou nous pouvons d ’abord déterminer le lagrangien correspondant puis
140 3 les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité
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en déduire les équations du mouvement. Mais, avant de faire cela, divertissons-nous un
peu.
Prenez une bouteille en plastique et faites quelques trous près de sa base. Remplissez
la bouteille avec de l ’eau et bouchez les trous avec vos doigts. Si vous laissez tomber la
”
bouteille, l ’eau ne quittera pas celle-ci durant la chute. Pouvez-vous expliquer comment
Défi 187 s cette expérience confirme l ’équivalence entre le repos et la chute libre ?
∗∗
Lors de son soixante-seizième anniversaire, Einstein reçut un cadeau spécialement conçu
pour lui, indiqué sur la Figure 55. Une coupe plutôt profonde est montée sur le haut d ’un
manche à balai. La coupe contient un petit morceau de fil élastique, attaché à son fond,
à l ’autre extrémité duquel une balle est fixée. En position initiale, la balle est suspendue
* « Si vous ne prenez pas cette réponse trop au sérieux et la considérez uniquement comme une distraction,
je peux vous l ’expliquer de la manière suivante : par le passé nous pensions que, si toutes les choses dispa-
raissaient du monde, l ’espace et le temps seraient ce qui resterait. Mais, en suivant la théorie de la relativité,
l ’espace et le temps disparaîtraient en même temps que les choses. »
les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité 141
à l ’extérieur de la coupe. Le fil élastique est trop mince pour vaincre la gravité et tirer
la balle dans la coupe. Quelle est la manière la plus élégante de placer la balle dans la
Défi 188 s coupe ?
∗∗
∗∗
Le rayon de courbure de l ’espace-temps à la surface de la Terre est de 9,2 ⋅ 1015 m. Pouvez-
Défi 190 e vous confirmer cette valeur ?
∗∗
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Un morceau de bois flotte sur l ’eau. Émergera-t-il un peu plus ou un peu moins dans un
Défi 191 pe ascenseur qui accélère vers le haut ?
∗∗
Page 50 Nous avons vu en relativité restreinte que si des jumeaux sont accélérés de manière iden-
tique dans la même direction, sachant qu ’un jumeau se tient à une certaine distance
devant l ’autre, alors le jumeau situé devant vieillit plus vite que le jumeau resté derrière.
Cela se produit-il également dans un champ gravitationnel ? Et que se passe-t-il lorsque
Défi 192 pe le champ varie avec la hauteur, comme sur Terre ?
∗∗
Une force maximale et une puissance maximale impliquent également un flux maximal
Défi 193 pe de masse. Pouvez-vous montrer qu ’aucun flux de masse ne peut excéder 1,1 ⋅ 1035 kg/s ?
∗∗
Les expériences des figures 50 et 51 diffèrent sur un point : l ’une se passe dans un espace
plat, l ’autre dans un espace courbe. L’une semble être reliée à la conservation de l ’énergie,
Défi 194 pe l ’autre pas. Ces différences contredisent-elles l ’équivalence des observations ?
∗∗
Comment les cosmonautes peuvent-ils eux-mêmes se peser pour vérifier qu ’ ils ont assez
Défi 195 s mangé ?
∗∗
Un cosmonaute en orbite flotte-t-il réellement librement ? Non. Il apparaît que les sta-
tions orbitales et les satellites sont accélérés par plusieurs effets minuscules. Les plus im-
portants sont la pression de la lumière issue du Soleil, le frottement de l ’air ténu, et les ef-
fets du vent solaire. (Les micrométéorites peuvent généralement être négligées.) Ces trois
effets entraînent tous des accélérations de l ’ordre de 10−6 m/s2 à 10−8 m/s2 , en fonction
de l ’altitude de l ’orbite. Pouvez-vous estimer combien de temps il faudrait à une pomme
142 3 les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité
flottant dans l ’espace pour frapper la paroi d ’une station orbitale, sachant qu ’elle se situe
Défi 196 s au départ au milieu ? Par ailleurs, quelle est la grandeur des accélérations de marée dans
cette situation ?
∗∗
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espace-temps dans lequel deux points peuvent être connectés, soit par un itinéraire qui
traverse une zone plate, soit par un deuxième trajet qui traverse une zone partiellement
courbée. Cette zone courbée pourrait-elle être utilisée pour voyager entre les points plus
rapidement qu ’à travers celle qui est plate ? Mathématiquement, c ’est possible ; toutefois,
un tel espace courbé aurait besoin d ’avoir une densité d ’énergie négative. Une telle situa-
tion est incompatible avec la définition de l ’énergie et avec l ’ inexistence avérée de masses
Réf. 116 négatives. Le postulat que cela ne se produit pas dans la nature est également appelé la
condition faible sur l ’énergie. Est-elle implicitement suggérée par la limite des rapports
Défi 197 pe longueur sur masse ?
∗∗
La proposition d ’une limite de la longueur par rapport à la masse L/M ⩾ 4G/c 2 invite
les expérimentateurs à tenter de la surpasser. Pouvez-vous expliquer ce qui se produit
lorsqu ’un observateur se déplace si rapidement vers une masse que la contraction de la
Défi 198 pe longueur du corps parvient à la limite ?
∗∗
Il existe une propriété mathématique primordiale de R3 qui distingue l ’espace tridimen-
sionnel de toutes les autres possibilités. Une courbe (unidimensionnelle) fermée peut for-
mer des nœuds uniquement dans R3 : dans n’ importe quel autre nombre supérieur de
dimensions, elle peut toujours être dénouée. (L’existence des nœuds explique également
pourquoi le nombre trois représente le plus petit nombre de dimensions qui permet aux
particules d ’avoir un mouvement chaotique.) Néanmoins, la relativité générale ne dit
pas pourquoi l ’espace-temps possède quatre dimensions. Elle est simplement fondée sur
la réalité. Cette question ardue et profonde ne sera résolue que dans la dernière partie de
notre ascension de la montagne.
∗∗
Henri Poincaré, qui est décédé en 1912, peu avant que la théorie de la relativité générale
ne fût achevée, pensait depuis un certain temps que l ’espace courbe n’était pas une néces-
les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité 143
sité, mais seulement une possibilité. Il imaginait que nous pouvions continuer à utiliser
l ’espace euclidien à condition que nous autorisions la lumière à suivre des trajectoires
Défi 199 pe courbées. Pouvez-vous élucider pourquoi une telle théorie est impossible ?
∗∗
∗∗
Deux impulsions lumineuses peuvent-elles tourner l ’une autour de l ’autre, dans leur
Défi 201 s champ gravitationnel mutuel ?
∗∗
Les divers mouvements de la Terre mentionnés dans la section sur la physique galiléenne,
Page 84 tels que sa rotation autour de son axe ou autour du Soleil, conduisent à plusieurs va-
riantes de temps en physique et en astronomie. Le temps défini par les meilleures hor-
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loges atomiques est baptisé temps dynamique terrestre ou TDT. En introduisant des sauts
de quelques secondes de temps en temps pour compenser la mauvaise définition de la
Page 283 seconde (une rotation terrestre ne dure pas 86 400 mais 86 400,002 secondes) et, acces-
soirement, pour compenser le ralentissement de la rotation de la Terre, nous obtenons le
temps universel coordonné ou TUC. Il existe alors un temps dérivé de celui-ci qui prend
en compte toutes les corrections de l ’ordre de quelques secondes. Nous aurions ainsi le
temps – distinct – qui serait indiqué par une horloge non rotative située au centre de la
Terre. Finalement, il y a le temps dynamique barycentrique ou TDB, qui est le temps qui
Réf. 117 serait indiqué par une horloge située au centre de masse du Système solaire. C ’est en
utilisant ce dernier uniquement que les satellites peuvent être guidés de manière fiable à
travers le Système solaire. En résumé, la relativité dit adieu au Temps Moyen de Green-
wich, comme le fit en son temps la loi britannique, dans une des rares situations où la loi
a écouté la science. (Seule la BBC continue de l ’utiliser.)
∗∗
Les agences spatiales doivent donc tenir compte de la relativité générale si elles veulent
envoyer des satellites artificiels vers Mars, Vénus ou des comètes. Sans celle-ci, les or-
bites ne seraient pas calculées avec exactitude, et les satellites manqueraient leur cible et
même carrément la planète elle-même. En réalité, les agences spatiales jouent la carte de
la sécurité : elles utilisent une généralisation de la relativité générale, à savoir le forma-
lisme post-newtonien paramétrisé, qui effectue une vérification continuelle pour savoir si
la relativité générale est correcte. Aucune déviation n’a été décelée jusqu ’à présent, aux
erreurs de mesures près*.
* Pour donner une idée de ce que cela signifie, le formalisme post-newtonien non paramétrisé, fondé sur la
relativité générale, compose l ’équation du mouvement d ’un corps de masse m près d ’une grande masse M
comme un développement de l ’expression en l ’ inverse du carré, pour l ’accélération a :
GM v 2 GM v 4 Gm v 5
a=
GM
+ f2 2 2 + f4 2 4 + f5 2 5 + ⋅ ⋅ ⋅ (145)
r 2 r c r c r c
Ici les facteurs numériques f n sont évalués à partir de la relativité générale et sont du premier ordre. Les
144 3 les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité
∗∗
La relativité générale est également utilisée par les agences spatiales tout autour du
monde pour calculer les positions exactes des satellites et pour ajuster les radios à la fré-
Réf. 118 quence des émetteurs radio situés sur ceux-ci. De plus, la relativité générale est cruciale
pour le système de positionnement mondial (en anglais global positioning system ou GPS).
dτ 2 2GM r 2 dφ 2 2GM v 2
( ) =1− − ( ) = 1 − − 2 . (146)
dt rc 2 c 2 dt rc 2 c
Défi 202 e Pour la relation entre le temps du satellite et le temps terrestre, nous obtenons alors
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2
M v sat
dt sat 2 1 − r2G
( ) =
2 − c2
sat c
2 . (147)
dt Terre 1 − r 2G M
2 −
v Terre
Terre c c2
∗∗
Réf. 120 La constante de la gravitation G ne semble pas varier au cours du temps. Les dernières
deux premiers termes impairs sont omis à cause de la réversibilité (approximative) du mouvement en rela-
tivité générale : l ’émission d ’ondes gravitationnelles, qui est irréversible, compte pour le minuscule terme
f 5 . Remarquez qu ’ il contient la petite masse m au lieu de la grosse masse M. Tous les facteurs f n jusqu ’à
f 7 ont maintenant été calculés. Cependant, dans le Système solaire, seul le terme f 2 a déjà été détecté. Cette
situation pourrait changer avec les futures expériences utilisant des satellites de haute précision. Des effets
Page 160 d ’ordres supérieurs, jusqu ’à f 5 , ont été mesurés dans les pulsars binaires, comme discuté ci-après.
Dans un formalisme post-newtonien paramétrisé, tous les facteurs f n , y compris ceux qui sont impairs,
sont ajustés par rapport aux données recueillies, jusqu ’ ici tous ces ajustements concordent avec les valeurs
prédites par la relativité générale.
* Pour plus d ’ informations, consultez le site Web www.gpsworld.com.
les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité 145
expériences restreignent son taux de variation à moins d ’une partie pour 1012 par an.
Défi 204 d Pouvez-vous imaginer comment cela peut être vérifié ?
∗∗
La sensation que nous éprouvons de vivre dans trois dimensions d ’espace seulement
∗∗
Pouvez-vous estimer l ’effet de la force de marée sur la couleur de la lumière émise par
Défi 206 pe un atome ?
∗∗
Le plus fort champ gravitationnel possible est celui d ’un petit trou noir. Le champ gra-
vitationnel le plus intense jamais observé est malgré tout plus faible. En 1998, Zhang et
Réf. 121 Lamb utilisèrent les données issues du rayonnement X d ’une étoile double pour déter-
miner que l ’espace-temps à proximité de l ’étoile à neutrons d ’une taille de 10 km est
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courbé de 30 % au plus de la valeur maximale possible. Quelle est l ’accélération gravita-
tionnelle correspondante, en supposant que l ’étoile à neutrons possède la même masse
Défi 207 pe que le Soleil ?
∗∗
Réf. 122 La déviation de la lumière modifie la taille angulaire δ d ’une masse M de rayon r lors-
Défi 208 e qu ’elle est observée à une distance d. Cet effet conduit à la belle expression
√
r 1 − R S /d
δ = arcsin( √ ) où RS =
2GM
. (148)
d 1 − R S /r c2
Défi 209 pe Quel pourcentage de la surface du Soleil un observateur situé à l ’ infini peut-il voir ? Nous
Page 252 examinerons ce problème plus en détail bientôt.
* Roland von Eőtvős (n. Budapest 1848 , d. id. 1919), un physicien hongrois, réalisa de nombreuses expé-
146 3 les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité
très précises de ce type tout au long de sa vie, sans jamais découvrir un quelconque désac-
cord. Dans ces expériences, il utilisait le fait que la masse inertielle détermine les effets
centrifuges alors que la masse gravitationnelle détermine la chute libre. (Pouvez-vous
Défi 210 pe imaginer comment il testa la concordance ? ) Des expériences récentes ont montré que
Réf. 123 les deux masses sont égales à 10−12 près.
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en train de dépasser l ’ascenseur, qui prend par conséquent de la distance. Qui plus est,
à cause de cette poussée plus faible, au départ tout le monde à l ’ intérieur de l ’ascenseur
se sent un peu plus léger. Quand le contact avec l ’ immeuble est restitué, l ’ascenseur est
accéléré pour rattraper la surface terrestre en accélération. Par conséquent, nous avons
tous l ’ impression d ’être dans une voiture qui accélère fortement, poussés dans la direc-
tion opposée à l ’accélération : pendant un court instant, nous nous sentons plus lourds,
jusqu ’à ce que l ’ascenseur parvienne à sa destination.
“
Vires acquirit eundo.
riences de haute précision sur la gravité. Il découvrit, entre autres, l ’effet qui porte son nom. L’université de
Budapest a été rebaptisée en son honneur.
* « Elle acquiert des forces dans sa course. » (En référence à la Renommée. [N.d.T.]) Publius Vergilius Maro
(n. Andes 70 av. J.-C. , d. Brundisium 19 av. J.-C. ), tiré de l ’ Énéide 4, 175.
les idées nouvelles sur l ’ espace, le temps et la gravité 147
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étoiles, la cosmologie et les trous noirs fera à nouveau usage d ’un minimum de mathé-
matiques.
Chapitre 4
MOU V E M E N T E N R E L AT I V I T É
“
J ’ai le sentiment qu ’ Einstein comprend très
bien la théorie de la relativité.
Chaim Weitzmann, premier président d ’ Israël
Avant que nous passions en revue les détails de la relativité générale, nous allons ex-
plorer comment le mouvement des objets et de la lumière diverge de celui prédit par la
”
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gravitation universelle, et comment ces différences peuvent être quantifiées.
champs faibles
La gravitation est puissante près des horizons. Cela survient lorsque la masse M et
l ’échelle de distance R vérifient
≈1.
2GM
(149)
Rc 2
Par conséquent, la gravitation est forte principalement dans trois circonstances : près
des trous noirs, près de l ’ horizon de l ’ Univers, et lorsque des particules possèdent des
énergies extrêmement élevées. Les deux premiers cas sont étudiés plus loin, tandis que le
troisième sera examiné dans la dernière partie de notre escalade de la montagne. En re-
vanche, dans la plupart des régions de l ’ Univers, il n’y a pas d ’ horizons proches et, dans
ces cas-là, la gravité agit faiblement. Malgré la violence des avalanches ou des impacts
d ’astéroïdes, dans la vie courante la gravité est considérablement plus faible que la force
maximale. Sur la Terre, le rapport mentionné ci-dessus ne vaut que 10−9 environ. Dans
ce cas, et tous les autres de la vie quotidienne, la gravitation peut toujours être appro-
chée par un champ, en dépit de ce que nous avons dit plus haut. Ces situations en champ
faible sont intéressantes parce qu ’elles sont simples à comprendre, elles nécessitent sur-
tout pour leur explication de prendre en compte l ’avancement inégal d ’ horloges situées à
des altitudes différentes. Les situations en champ faible nous permettent de faire allusion,
en passant, à la courbure de l ’espace-temps, et de continuer à imaginer la gravité comme
une source d ’accélération. Cependant, la variation du temps avec la hauteur induit déjà
de nombreux effets intéressants et inédits. La seule chose dont nous ayons besoin est une
démarche relativiste cohérente.
champs faibles 149
EFFET THIRRING
prédiction de la gravitation
universelle prédiction relativiste
Lune a
m
univers ou anneau
massif
EFFET THIRRING-LENSE
prédiction de la gravitation
universelle prédiction relativiste
pendule de Foucault
ou
satellite en orbite
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Terre
Terre F I G U R E 56 Les effets Thirring et
univers ou anneau
massif Thirring–Lense.
* Bien que l ’ordre des auteurs soit Lense puis Thirring, on a coutume (mais cela ne fait pas l ’unanimité)
d ’ insister sur l ’ idée de Hans Thirring en le plaçant en premier.
150 4 mouvement en relativité générale
partiellement la mousse située près d ’elle. De même, la Terre entraîne le vide avec elle, et
fait donc tourner le plan d ’oscillation du pendule. Pour la même raison, la rotation de la
Terre fait tourner le plan de l ’orbite d ’un satellite.
L’effet Thirring–Lense, ou effet d ’entraînement de référentiel, est extrêmement ténu.
Il fut mesuré pour la première fois en 1998 par un groupe italien dirigé par Ignazio Ciu-
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folini, et une nouvelle fois par la même équipe dans les années qui précédèrent 2004. Ils
surveillèrent le mouvement de deux satellites artificiels spécifiquement conçus – dont
l ’un est indiqué dans la Figure 57 – constitués uniquement d ’un corps en acier muni
de quelques réflecteurs. Le groupe mesura le mouvement de chaque satellite autour de la
Terre avec une très haute résolution, en faisant usage de pulsations laser réfléchies. Cette
méthode permit à cette expérience à faible coût de devancer de plusieurs années les ef-
Réf. 125 forts d ’autres groupes beaucoup plus importants mais aussi beaucoup moins réactifs*.
Les résultats confirmèrent les prédictions de la relativité générale avec une approxima-
tion d ’environ 25 %.
Les effets d ’entraînement de référentiel ont également été mesurés dans des systèmes
d ’étoiles binaires. Cela est possible lorsque l ’une des étoiles est un pulsar, parce que de
tels astres envoient des signaux radio réguliers, par exemple chaque milliseconde, avec
une précision de métronome. En mesurant l ’ instant précis où le signal arrive sur Terre,
nous pouvons déduire de quelle manière ces étoiles se déplacent et confirmer que des
Réf. 126 effets aussi subtils que l ’entraînement de référentiel se produisent réellement.
Gravitomagnétisme**
L’effet d ’entraînement de référentiel et l ’effet Thirring–Lense peuvent être vus comme
des cas particuliers de gravitomagnétisme. (Nous ferons ressortir cette correspondance
plus loin.) Cette approche de la gravitation, déjà étudiée au cours du dix-neuvième siècle
Réf. 127 par Holzmüller et par Tisserand, est à nouveau devenue populaire ces dernières années,
particulièrement pour ses qualités pédagogiques. Comme nous l ’avons mentionné, le
fait de parler de champ gravitationnel représente toujours une approximation. Dans le cas
d ’une faible gravité, comme cela se passe dans la vie quotidienne, cette approximation est
excellente. De nombreux effets relativistes peuvent être décrits en termes de champ gravi-
tationnel, sans faire usage du concept de courbure de l ’espace ou du tenseur métrique. Au
* L’une d ’entre elles est la mission du satellite Gravity Probe B, qui devrait accroître de manière significative
la précision des mesures. Le satellite fut mis en orbite polaire en 2004, après 30 années d ’études.
** Cette section peut être sautée en première lecture.
champs faibles 151
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gie. Ce dernier cas est baptisé gravitomagnétisme (ou entraînement de référentiel). Cette
dénomination est due à l ’analogie qui existe avec l ’électrodynamique, dans laquelle ce
n’est pas uniquement la densité de charge qui produit un champ (le champ électrique),
mais également le déplacement des charges** (le champ magnétique).
Dans le cas de l ’électromagnétisme, la distinction entre le champ magnétique et le
champ électrique dépend de l ’observateur, chacun des deux pouvant (en partie) être
Réf. 128 transformé en l ’autre. La gravitation est exactement similaire. L’électromagnétisme four-
nit une excellente indication sur la manière dont les deux types de champs gravitation-
nels se comportent, cette intuition peut être directement transposée à la gravitation. En
électrodynamique, le mouvement x(t) d ’une particule chargée est décrit par l ’équation
Page 23 de Lorentz
mẍ = qE − qẋ ∧ B . (150)
En d ’autres termes, les champs électriques E agissent sur la variation de la vitesse, tandis
que les champs magnétiques B contribuent à une variation, en fonction de la grandeur
de la vitesse, de la direction de cette vitesse, sans faire varier sa grandeur elle-même. Ces
deux modifications dépendent de la valeur de la charge q. Dans le cas de la gravitation,
cette expression devient
mẍ = mG − mẋ ∧ H . (151)
Le rôle de la charge est campé par la masse. Dans cette expression, nous connaissons déjà
le champ G, donné par
G = ∇φ = ∇ =− 3 .
GM GMx
(152)
r r
Comme d ’ habitude, la quantité φ représente le potentiel (scalaire). Le champ G est le
champ gravitationnel usuel de la gravitation universelle, produit par chaque masse, et
* Cette approximation requiert que les vitesses soient faibles, les champs faibles, et les distributions de masse–
énergie stationnaires et localisées.
** Ce qu ’on appelle plus couramment le courant électrique. [N.d.T.]
152 4 mouvement en relativité générale
M tige
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Page 40 à un autre en mouvement. (Nous utiliserons le même argument en électrodynamique.)
Une particule qui chute perpendiculairement en direction d ’une tige de longueur in-
finie illustre cette idée, comme indiqué sur la Figure 58. Un observateur au repos par
rapport à la tige peut décrire toute la situation à l ’aide uniquement des forces gravito-
électriques. Un deuxième observateur, se déplaçant le long de la tige à vitesse constante,
observe que la quantité de mouvement de la particule le long de la tige augmente aussi.
Il ne mesurera donc pas seulement un champ gravitoélectrique, il mesurera aussi un
champ gravitomagnétique. En réalité, une masse se déplaçant à une vitesse v engendre
Défi 213 pe une (tri-)accélération gravitomagnétique, sur une masse de référence m, donnée par
ma = −mv ∧ H (153)
H = ∇ ∧ A = 16πN ρv , (154)
ici, ρ est la masse volumique de la source du champ et N est une constante de proportion-
nalité. La quantité A est appelée le potentiel vecteur gravitomagnétique. Dans la nature, il
n’existe aucune source pour le champ gravitomagnétique, celui-ci obéit donc à la rela-
tion ∇H = 0. Le champ gravitomagnétique possède la dimension de l ’ inverse du temps,
comme une vitesse angulaire.
Défi 214 pe Lorsque la situation de la Figure 58 est quantifiée, nous trouvons que la constante de
proportionnalité N est donnée par
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Dans cette description, tous les effets d’entraînement de référentiel sont des effets gra-
vitomagnétiques. En particulier, un champ gravitomagnétique apparaît aussi lorsqu ’une
grosse masse tourne, comme dans l ’effet Thirring–Lense de la Figure 56. Pour un mo-
ment cinétique J, le champ gravitomagnétique H est un champ dipolaire, qui est exprimé
par
H = ∇ ∧ h = ∇ ∧ (−2 3 )
J∧x
(156)
r
T= = S∧H .
dS 1
(157)
dt 2
Ce couple provoque la précession des gyroscopes. Pour la Terre, cet effet est extrêmement
petit : au pôle Nord, cette précession a un angle conique de 0,6 milliseconde d ’arc et une
période de rotation de l ’ordre de 10−10 fois celle de la Terre.
Puisque pour le couple nous avons T = Ω̇ ∧ S, le champ dipolaire d ’une grosse masse
en rotation ayant un moment cinétique J conduit à un deuxième effet. Une masse en
orbite subira une précession de son plan orbital. Observée à partir d ’une position située
Défi 216 pe à l ’ infini, nous obtenons pour une orbite de demi-grand axe a et d ’excentricité e,
Ω=− =− 2 3 + 2 = 2 3
H G J G 3(Jx)x G 2J
c ∣x∣ c ∣x∣ c a (1 − e 2 )3/2
Ω̇ , (158)
2 5
ce qui constitue la prédiction de Lense et Thirring*. Cet effet est une nouvelle fois extrê-
Défi 217 pe * Une sphère homogène en rotation possède un moment cinétique exprimé comme suit : J = 25 MωR 2 .
154 4 mouvement en relativité générale
mement ténu, engendrant une variation de seulement 8 ′′ par révolution pour un satel-
lite situé à proximité de la surface de la Terre. Malgré cette valeur modique et un grand
nombre d ’effets plus importants qui la perturbent, l ’équipe de Ciufolini est parvenue à
Réf. 125 confirmer ce résultat.
En conséquence du troisième effet du gravitomagnétisme, une masse en rotation en-
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Défi 218 pe leil jusqu ’à nous ? Pour découvrir la réponse, il s’avère très utile de réfléchir en s’aidant
de l ’analogie de l ’électromagnétisme. De plus, la séparation du champ gravitationnel en
composantes gravitoélectrique et gravitomagnétique nous permet de brosser une descrip-
tion simple des ondes gravitationnelles.
Ondes gravitationnelles
L’une des prédictions les plus fantastiques de la physique concerne l ’existence des
ondes gravitationnelles. Les ondes de gravité** démontrent que l ’espace vide lui-même
possède l ’aptitude à se déplacer et à vibrer. L’ idée de base est élémentaire. Puisque l ’es-
pace est flexible, tel ce vaste matelas dans lequel nous vivons, il devrait être capable d ’os-
ciller sous la forme d ’ondes de propagation, exactement comme un matelas ou n’ im-
porte quel autre milieu élastique.
* Le terme de « pulsar double » ne doit pas être confondu avec celui de « pulsar binaire », dont seulement
l ’une des deux composantes est identifiée comme étant un pulsar. [N.d.T.]
** En toute rigueur, l ’expression « onde de gravité » possède une signification particulière : les ondes de gra-
vité sont les ondes de surface de l ’océan, où la gravité est la force de rétablissement. Cependant, en relativité
générale, cette expression est employée de façon interchangeable avec « onde gravitationnelle ».
champs faibles 155
Réf. 131 Jørgen Kalckar et Ole Ulfbeck ont développé un argument simple pour justifier la
nécessité des ondes gravitationnelles, fondé sur la réalité d ’une vitesse maximale. Ils étu-
dièrent deux masses identiques chutant l ’une vers l ’autre sous l ’effet de l ’attraction gra-
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vitationnelle, et imaginèrent la présence d ’un ressort situé entre elles. Un tel ressort fera
rebondir les masses l ’une contre l ’autre, puis elles chuteront à nouveau, et ainsi de suite.
Le ressort central emmagasine l ’énergie cinétique des masses en question. La valeur de
l ’énergie peut être mesurée en déterminant de quelle longueur le ressort est comprimé.
Lorsque ce ressort se détend à nouveau et projette les masses en arrière dans l ’espace, l ’at-
traction gravitationnelle fera graduellement ralentir celles-ci, jusqu ’à ce qu ’elles tombent
à nouveau l ’une vers l ’autre, entamant donc un nouveau cycle identique.
Néanmoins, l ’énergie stockée dans le ressort doit diminuer à chaque cycle. Dès
qu ’une sphère se détache du ressort, elle est décélérée par la traction gravitationnelle
que l ’autre sphère exerce. Maintenant, la valeur de ce ralentissement dépend de la dis-
tance à l ’autre masse, mais, puisqu ’ il existe une vitesse maximale de propagation, la dé-
célération effective est fonction de la distance où l ’autre masse était lorsque sa gravité
s’est mise effectivement en route en direction de la seconde masse. Pour deux masses
s’éloignant l ’une de l ’autre, la distance effective est donc légèrement inférieure à la vé-
ritable distance. En bref, tout au long de l ’éloignement, la véritable décélération est plus
importante que celle calculée en ne tenant pas compte du délai de propagation.
De façon similaire, lorsqu ’une masse retombe vers l ’autre, elle est accélérée par cette
autre masse en fonction de la distance où elle était quand la gravité effective a commencé
à se déplacer dans sa direction. Par conséquent, tout en s’approchant, l ’accélération est
plus faible que celle calculée sans ce décalage temporel.
Par conséquent, les masses reviennent avec une énergie inférieure à celle qu ’elles
avaient avant de s’en aller. À chaque rebond, le ressort est un peu moins comprimé. La
différence entre ces deux énergies est perdue par chaque masse : elle est prélevée par
l ’espace-temps ; en d ’autres termes, elle est diffusée en tant que rayonnement gravitation-
nel. La même chose se produit avec les matelas. Rappelez-vous qu ’une masse déforme
l ’espace autour d ’elle de même qu ’une boule métallique posée sur un matelas déforme
la surface autour d ’elle. (Toutefois, contrairement aux véritables matelas, il n’y a aucun
frottement entre la boule et le matelas.) Si deux boules métalliques se cognent à plusieurs
reprises l ’une contre l ’autre puis s’éloignent alors, jusqu ’à ce qu ’elles reviennent à nou-
veau ensemble, elles émettront des ondes de surface sur le matelas. Au cours du temps,
156 4 mouvement en relativité générale
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Coulomb lorsque nous commutons vers d ’autres observateurs inertiels, la gravitodyna-
Défi 219 pe mique peut être déduite de la gravitation universelle. Nous obtenons les quatre équations
∇ G = −4πGρ , ∇∧G = −
∂H
∂t
∇H = 0 , ∇ ∧ H = −16πGρv +
N ∂G
. (159)
G ∂t
Nous avons déjà rencontré deux de ces équations. Les deux autres sont des versions éten-
dues de ce que nous avons vu, prenant en compte la dépendance temporelle. Mis à part
un facteur de 16 au lieu de 4 dans la dernière équation, ces équations pour la gravitody-
namique sont les mêmes que les équations de Maxwell pour l ’électrodynamique*. Ces
équations possèdent une propriété élémentaire : dans le vide, nous pouvons déduire de
celles-ci une équation d’onde pour les champs gravitoélectrique et gravitomagnétique G
Défi 220 pe et H. (Ce n’est pas difficile : essayez !) En d ’autres termes, la gravité peut se comporter
comme une onde : la gravité peut rayonner. Tout cela découle de l ’expression de la gravi-
tation universelle lorsqu ’elle est appliquée à des observateurs en mouvement, en exigeant
que ni les observateurs ni l ’énergie ne puissent se déplacer plus vite que c. L’argument
présenté ci-dessus concernant le ressort et le présent argument mathématique utilisent
tous les deux les mêmes hypothèses et parviennent à la même conclusion.
* Le facteur supplémentaire souligne le fait que le rapport entre le moment cinétique et l ’énergie (le « spin »)
des ondes gravitationnelles est différent de celui des ondes électromagnétiques. Les ondes de gravité ont un
spin égal à 2, alors que les ondes électromagnétiques ont un spin de 1. Remarquez que, puisque la gravitation
est universelle, il ne peut exister qu ’ une seule sorte de particule de rayonnement de spin 2 dans la nature.
C ’est en contradiction flagrante avec le cas du spin 1, dont il existe plusieurs exemplaires dans la nature.
Par ailleurs, le spin de rayonnement est une propriété classique. Le spin d ’une onde est le rapport E/Lω,
où E est l ’énergie, L le moment cinétique, et ω la fréquence angulaire. Pour des ondes électromagnétiques,
ce rapport est égal à 1, pour des ondes gravitationnelles, il est de 2.
Réf. 133 Remarquez que, à cause de l ’approximation à la base des équations de la gravitodynamique, ces équations
ne sont ni des invariants de jauge ni covariantes en général.
champs faibles 157
Aucune onde (à
chaque instant)
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polarisation circulaire droite
Quelques manipulations nous indiquent que la vitesse de ces ondes est déterminée
Défi 221 e par √
c=
G
. (160)
N
c=√
1
. (161)
ε0 µ0
La même lettre a été utilisée pour désigner les deux vitesses, puisqu ’elles sont identiques.
Ces deux influences se propagent avec la vitesse commune à toute énergie dépourvue de
masse au repos. (Nous remarquons que c ’est, à proprement parler, une prédiction : la
vitesse des ondes gravitationnelles n’a pas encore été mesurée. Il s’est avéré qu ’en 2003
Réf. 134 certains ont prétendu, à tort, l ’avoir fait.)
Réf. 136 Comment pourrions-nous imaginer ces ondes ? Nous avons affirmé plus haut avec
insouciance qu ’une onde gravitationnelle correspondait à une onde de surface sur un
158 4 mouvement en relativité générale
matelas. Maintenant, nous devons faire mieux et imaginer que nous vivons à l ’ intérieur
du matelas. Les ondes gravitationnelles représentent donc des déformations mouvantes
et oscillantes du matelas, c ’est-à-dire de l ’espace. Comme les ondes du matelas, il appa-
raît que les ondes de gravité sont transversales. Elles peuvent donc être polarisées. (Les
ondes de surface sur le matelas ne le peuvent pas, parce qu ’en deux dimensions il n’y a
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tionnelles sont des déformations fluctuantes de ce matelas. Plus précisément, la Figure 60
montre qu ’une onde de polarisation circulaire possède les mêmes propriétés qu ’un tire-
bouchon progressant à travers ce matelas. Nous découvrirons plus tard pourquoi l ’analo-
gie entre un tire-bouchon et une onde de gravité de polarisation circulaire fonctionne si
bien. En réalité, dans la dernière partie, nous mettrons la main sur un modèle particulier
de la substance du matelas de l ’espace-temps qui incorpore automatiquement des ondes
en tire-bouchon (à la place des ondes de spin 1 générées par des matelas ordinaires en
latex).
Comment engendrons-nous des ondes gravitationnelles ? Évidemment, des masses
* Une onde de gravité plane (de faible amplitude) se propageant dans la direction des z est décrite par une
métrique д donnée par
⎛1 0 0 0⎞
⎜0 −1 + h x x 0⎟
д=⎜ ⎟
hx y
⎜0 −1 + h x x 0 ⎟
(162)
hx y
⎝0 0 0 −1⎠
où ses deux composantes, dont le rapport des amplitudes détermine la polarisation, sont exprimées par
h ab = B ab sin(kz − ωt + φ ab ) (163)
comme dans toute onde harmonique plane. Les amplitudes B ab , la fréquence ω et la phase φ sont détermi-
nées par le système physique en particulier. La relation de dispersion générale, pour le nombre d ’onde k,
issue de l ’équation d ’onde est
=c
ω
(164)
k
et montre ainsi que l ’onde se déplace à la vitesse de la lumière.
Dans une autre jauge, une onde plane peut être écrite comme
⎛c (1 + 2φ) A3 ⎞
2
A1 A2
⎜ 0⎟
д=⎜ ⎟
A1 −1 + 2φ hx y
⎜ 0⎟
(165)
A2 hx y −1 + h x x
⎝ A3 0 0 −1 ⎠
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ret
(166)
c r c r
Cette expression montre que l ’amplitude des ondes de gravité décroît uniquement en
1/r, contrairement aux attentes naïves. Cependant, cette caractéristique est la même que
pour les ondes électromagnétiques. De plus, la valeur minuscule du premier facteur,
1,6 ⋅ 10−44 Wm/s, indique que des systèmes vraiment gigantesques sont nécessaires pour
produire des variations du moment quadrupolaire qui puissent entraîner une fluctuation
décelable de la longueur des corps. Pour vous en convaincre, remplacez simplement les
Défi 224 pe lettres par quelques nombres, en gardant à l ’esprit que les meilleurs détecteurs actuels
sont capables de mesurer des variations de longueur allant jusqu ’à h = δl/l = 10−19 .
La création d ’ondes gravitationnelles détectables par les êtres humains est probablement
impossible.
Les ondes gravitationnelles, comme toutes les autres ondes, transportent de l ’éner-
gie**. Si nous appliquons la formule générale de la puissance émise P au cas de deux
masses m 1 et m 2 en orbite circulaire l ’une autour de l ’autre à une distance l, nous
Réf. 96 obtenons
G ... ret ... ret 32 G m1 m2 2 4 6
P=− = = ( ) l ω
dE
Q Q (167)
dt 45c 5 ab ab 5 c 5 m1 + m2
32 G 4 (m 1 m 2 )2 (m 1 + m 2 )
P= . (168)
5 c5 l5
* Un quadrupôle est une disposition symétrique, sur les quatre côtés d ’un carré, de quatre pôles alternatifs.
Dans la gravitation, un monopôle est représenté par une masse ponctuelle ou deux masses sphériques, et,
puisque les masses ne peuvent pas être négatives, un quadrupôle est formé par deux monopôles. Une sphère
aplatie, telle la Terre, peut être approchée par l ’addition d ’un monopôle et d ’un quadrupôle. La même chose
reste valable pour une sphère allongée.
Page 61 ** Le gravitomagnétisme et la gravitoélectricité nous permettent de définir un vecteur de Poynting gravita-
Réf. 129 tionnel. Il est aussi aisé à définir et à utiliser que dans le cas de l ’électrodynamique.
160 4 mouvement en relativité générale
décalage
temporel
(s)
0
données
(points)
5
15
prédiction
20 de la relativité
générale
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binaire PSR 1913+16 et la prédiction due à
année la perte d’énergie par rayonnement
30
1975 1980 1985 1990 1995 2000 gravitationnel.
Pour des orbites elliptiques, la proportion augmente avec l ’ellipticité, comme l ’explique
Réf. 96 Goenner. En insérant les valeurs propres au cas de la Terre et du Soleil, nous obtenons
une puissance d ’environ 200 W, et une valeur de 400 W pour le système Jupiter–Soleil.
Ces grandeurs sont si petites que leurs effets ne peuvent pas du tout être décelés.
Pour tous les systèmes qui gravitent, la fréquence des ondes est le double de la fré-
Défi 225 pe quence orbitale, comme vous devriez pouvoir le vérifier. Ces basses fréquences font qu ’ il
est encore plus difficile de les détecter.
Par conséquent, la seule observation possible des effets des ondes gravitationnelles se
trouve pour le moment dans les pulsars binaires. Les pulsars sont des astres petits mais
prodigieusement denses : même avec une masse équivalente à celle du Soleil, leur dia-
mètre est approximativement de 10 km seulement. En conséquence, ils peuvent graviter
l ’un près de l ’autre à faible distance et à des vitesses considérables. En réalité, dans le
système le plus connu constitué d ’un pulsar binaire, PSR 1913+16, les deux astres gravitent
l ’un autour de l ’autre en une période ahurissante de 7,8 h, bien que leur demi-grand axe
soit d ’environ 700 Mm, un peu moins du double de la distance Terre–Lune. Puisque leur
vitesse orbitale grimpe à 400 km/s, ce système est significativement relativiste.
Les pulsars sont dotés d ’une propriété très utile : à cause de leur rotation, ils émettent
des pulsations radio extraordinairement régulières (d ’où leur nom), souvent de l ’ordre
de quelques millisecondes. Par conséquent, il est facile de retrouver leur orbite en mesu-
rant la variation du temps d ’arrivée du signal. Dans une célèbre expérience, une équipe
d ’astrophysiciens dirigée par Joseph Taylor* mesura la décroissance de la vitesse du pul-
Réf. 137 sar binaire déjà cité. Après avoir écarté tous les autres effets et collecté les données du-
* Il partagea le prix Nobel de physique en 1993 pour tout le travail effectué durant sa carrière.
champs faibles 161
miroir
L1
miroir
rant vingt années, ils notèrent une diminution de la fréquence orbitale, indiquée sur la
Réf. 138 Figure 61. Ce ralentissement est dû à l ’émission d ’ondes gravitationnelles. Le résultat
s’ajuste parfaitement avec la prédiction de la relativité générale, sans faire appel à un
quelconque paramètre d’ajustement. (Vous devriez pouvoir vérifier que cet effet doit dé-
Défi 226 pe pendre de façon quadratique du temps.) C ’est la seule fois jusqu ’à présent où la relativité
Page 143 générale a été testée jusqu ’à la précision de (v/c)5 . Pour se faire une idée de cette préci-
sion, considérez bien que cette expérience avait détecté une réduction du diamètre orbital
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Réf. 137 de 3,1 mm par révolution, ou de 3,5 m par an ! Les mesures furent possibles uniquement
parce que les deux astres qui constituent ce système sont des étoiles à neutrons de petite
taille, de très grande vitesse et sous l ’ influence d ’ interactions purement gravitationnelles.
La période de rotation du pulsar autour de son axe, environ 59 ms, est connue jusqu ’à
une précision de onze chiffres, la période orbitale de 7,8 h est connue jusqu ’à dix chiffres
Réf. 96 et l ’excentricité de l ’orbite jusqu ’à six chiffres.
La détection directe des ondes gravitationnelles constitue l ’un des objectifs de la rela-
tivité générale expérimentale. La compétition est en cours depuis les années 1990. L’ idée
fondamentale est simple, comme l ’ indique la Figure 62 : prenez quatre corps, généra-
lement quatre miroirs, pour lesquels la ligne reliant une paire est perpendiculaire à la
ligne reliant l ’autre paire. Mesurez alors les variations de distance de chaque paire. Si
une onde gravitationnelle traverse le dispositif, une paire verra sa distance augmenter
alors que l ’autre diminuera, au même moment.
Puisque les ondes gravitationnelles détectables ne peuvent pas être produites par les
hommes, la détection d ’onde sollicite avant tout beaucoup de patience, pour attendre
qu ’une onde suffisamment puissante arrive. Deuxièmement, un système capable de dé-
tecter des variations de longueur de l ’ordre de 10−22 ou mieux est requis – autrement
dit, il faut beaucoup d ’argent. Toute détection est assurée de faire la une des journaux
télévisés*.
Il apparaît que, même pour un corps gravitant autour d ’un trou noir, seul 6 % environ
de sa masse inertielle peut être rayonnée dans l ’espace sous forme d ’ondes gravitation-
nelles. En outre, la majorité de l ’énergie est diffusée pendant la chute finale dans le trou
noir, de telle façon que seuls des processus plutôt violents, comme des collisions de trous
noirs, sont de bons candidats de sources d ’ondes de gravité décelables.
Les ondes gravitationnelles constituent un domaine d ’étude captivant. Elles four-
nissent toujours de nombreux sujets à investiguer. Par exemple : pouvez-vous trouver
Réf. 139 * Le thème des ondes gravitationnelles est rempli d ’applications potentielles pratiques. Par exemple, peut-on
tirer profit des ondes de gravité pour propulser une fusée ? Oui, répondent Bonnor et Piper. Vous devriez
Défi 227 pe méditer cette éventualité vous-même.
162 4 mouvement en relativité générale
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Défi 228 r une méthode pour mesurer leur vitesse ? Une fausse annonce largement diffusée est sur-
Réf. 134 venue en 2003. En réalité, toute mesure correcte qui n’utilise pas clairement deux détec-
teurs distants, du type de ceux de la Figure 62, serait une fabulation scientifique.
Pour le moment, une autre question sur les ondes gravitationnelles nous taraude :
si tout changement est dû au mouvement de particules, comme l ’affirmèrent les Grecs
Défi 229 pe en leur temps, comment les ondes de gravité s’ insèrent-elles dans cette vision ? Si les
ondes gravitationnelles étaient constituées de particules, l ’espace-temps devrait l ’être
aussi. Nous devrons patienter jusqu ’au début de la dernière partie de notre ascension
pour en savoir plus.
α=
∞ ∂v
∫−∞ ∂x
dy , (169)
dr 2 r2 2
dτ 2 = (1 − )dt
2GM 2
dφ (170)
(c 2 − r ) c 2
− 2G M
−
rc 2
= (1 − )c .
∂v 2GM
(172)
∂x rc 2
Cela confirme ce que nous savions déjà, à savoir que des observateurs éloignés observent
que la lumière ralentit lorsqu ’elle frôle une masse. Donc nous pouvons également dire
que l ’ indice de réfraction dépend de l ’altitude. En d ’autres termes, une vitesse de la
lumière locale constante conduit à un ralentissement global.
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Défi 232 pe En glissant ce dernier résultat dans (169) et en effectuant une substitution astucieuse,
nous obtenons un angle de déviation α donné par
α=
4GM 1
(173)
c2 b
est au maximum de 3 nrad, trop insignifiant pour pouvoir être mesuré, bien que cela
puisse être faisable dans un proche avenir. Il existe une chance de détecter cette valeur
si, comme le suggère Andrew Gould, les données du satellite Hipparcos, qui a pris des
images très précises du ciel nocturne, sont dorénavant analysées de manière adéquate.
Page 173 Bien sûr, la courbure de la lumière confirme également que, dans un triangle, la
Décalage temporel
Le calcul précédent de la courbure de la lumière à proximité des masses montre que,
pour un observateur éloigné, la lumière est ralentie en s’approchant d ’une masse. La vi-
tesse de la lumière locale constante provoque un ralentissement de la vitesse de la lumière
globale. Si la lumière n’était pas ralentie près d ’une masse, elle irait plus vite que c pour
un observateur situé près de cette masse* ! En 1964, Irwin Shapiro eut l ’ idée de mesurer
Réf. 142 cet effet. Il proposa deux méthodes. La première consistait à envoyer des signaux radar
vers Vénus, et à mesurer le temps mis pour que le signal réfléchi revienne sur Terre. Si
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les signaux passent près du Soleil, ils doivent être retardés. La seconde manière reposait
sur l ’utilisation d ’un satellite artificiel communiquant avec la Terre.
Réf. 143 La première mesure, publiée en 1968, confirma directement la prédiction de la relati-
vité générale, aux erreurs expérimentales près. Tous les tests ultérieurs de même espèce,
tel celui indiqué sur la Figure 64, ont également corroboré ce pronostic, aux erreurs ex-
périmentales près, qui sont de nos jours de l ’ordre d ’une partie pour mille. Le retard a
Réf. 144 également été mesuré dans les pulsars binaires, puisqu ’ il existe certains systèmes de ce
type dans le ciel pour lesquels la ligne de visée se trouve presque exactement dans le plan
orbital.
Les calculs élémentaires présentés ici proposent un défi : est-il également possible de
décrire complètement la relativité générale – donc la gravitation en champs forts – comme
étant une variation de la vitesse de la lumière, par rapport à la position et au temps, in-
Défi 236 pe duite par la masse et l ’énergie ?
10 Mai 1970
orbite terrestre
31 Mars 1970
Soleil orbite de
Mariner 6
a
180
M
120
60
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Jan Fev Mar Avr Mai Juin
1970
fixant l ’énergie et le moment cinétique. La masse d ’un satellite qui gravite n’apparaît
donc pas explicitement.
Dans la relativité générale, nous pouvons faire disparaître la masse du satellite en or-
bite en effectuant un changement de variable pour l ’énergie et le moment cinétique :
Réf. 95, Réf. 96 e = E/mc 2 et j = J/m. Ensuite, la courbure de l ’espace a besoin d ’être intégrée. Nous uti-
Page 132 lisons la métrique de Schwarzschild (170) mentionnée plus haut pour déduire que l ’état
initial pour l ’énergie e, associé à sa conservation, conduit à une relation entre le temps
Défi 237 e propre τ et le temps t à l ’ infini :
=
dt e
, (174)
dτ 1 − 2GM/rc 2
tandis que l ’état initial pour le moment cinétique j et sa conservation impliquent que
= 2 .
dφ j
(175)
dτ r
Ces relations sont valables pour n’ importe quelle particule, quelle que soit sa masse m.
En insérant tout cela dans la métrique de Schwarzschild, nous trouvons que le mouve-
ment d ’une particule vérifie
( ) + V 2 ( j, r) = e 2
dr 2
(176)
cdτ
166 4 mouvement en relativité générale
j2
V 2 (J, r) = (1 − )(1 ).
2GM
+ (177)
rc 2 r2 c 2
Cette expression diffère légèrement de celle de la gravitation universelle, comme vous
6GM/c 2
r± = √ (178)
1 ± 1 − 12( GcMj )2
√le signe moins donne une orbite stable et le signe plus une orbite instable. Si c j/GM <
où
2 3 , aucune orbite stable n’existe, l ’objet entrera en collision avec la surface ou, pour
√ une orbite circulaire stable uniquement si le moment
un trou noir, sera avalé. Il existe
cinétique j est supérieur à 2 3 GM/c. Nous découvrons donc que, dans la relativité gé-
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nérale, par opposition à la gravitation universelle, il y a une plus petite orbite circulaire
stable. Le rayon de cette orbite circulaire stable minimale est 6GM/c 2 = 3R S .
Quelle est la situation pour des orbites elliptiques ? En posant u = 1/r dans (176) et en
dérivant, l ’équation pour u(φ) devient
u′ + u =
GM 3GM 2
+ 2 u . (179)
j2 c
Sans la correction non linéaire située à l ’extrême droite et due à la relativité générale, les
Défi 240 e solutions sont représentées par les fameuses sections coniques
u 0 (φ) = (1 + ε cos φ) ,
GM
(180)
j2
c ’est-à-dire des ellipses, des paraboles ou des hyperboles. Le type de section conique dé-
pend de la valeur du paramètre ε, que nous appelons l ’ excentricité. Nous connaissons les
Page 134 formes de ces courbes grâce à la gravitation universelle. Maintenant, la relativité générale
introduit le terme non linéaire dans le membre de droite de l ’équation (179). Ainsi, les so-
lutions ne sont plus des sections coniques. Toutefois, puisque la correction est minuscule,
Défi 241 e une bonne approximation en est donnée par
3G 2 M 2
u 1 (φ) = [1
GM
+ ε cos(φ − φ)] . (181)
j2 j2 c 2
précession
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Défi 242 e autour du corps central d ’un angle
α ≈ 6π
GM
a(1 − ε 2 )c 2
(182)
à chaque révolution, où a est le demi-grand axe. Pour Mercure, cette valeur est de 43 ′′
par siècle. Autour des années 1900, c ’était le seul effet connu qui demeurait inexpliqué
par la gravitation universelle. Lorsque les calculs d ’ Einstein le conduisirent exactement
à cette valeur, il fut submergé de joie durant plusieurs jours.
Pour être certain de l ’égalité entre les calculs et l ’expérience, tous les autres effets
conduisant aux trajectoires en forme de rosace doivent être évincés. Pendant un certain
temps, on pensa que le moment quadrupolaire du Soleil pourrait être une autre origine
de cet effet, mais des mesures ultérieures éliminèrent cette possibilité.
Entre-temps, l ’avancée du périhélie a également été mesurée pour les orbites d ’ Icare,
de Vénus et de Mars autour du Soleil, ainsi que pour plusieurs systèmes d ’étoiles binaires.
Réf. 144 Dans les pulsars binaires, l ’avancée du périastre peut représenter plusieurs degrés par an.
Dans tous les cas, l ’expression (182) décrit correctement le mouvement aux erreurs de
mesure près.
Nous remarquons que l ’orbite en forme de rosace elle-même n’est pas réellement
stable, à cause de l ’émission d ’ondes gravitationnelles. Mais, dans le Système solaire,
la puissance perdue de cette manière est complètement négligeable, même au bout de
Page 159 quelques milliards d ’années, comme nous l ’avons déjà vu ; ainsi cette trajectoire reste
une excellente description des observations.
L’ effet géodésique
Lorsqu ’un corps orienté gravite autour d ’une masse centrale m à une distance r, la di-
rection de la pointe ne sera plus la même après une révolution complète. Cet effet n’existe
que dans la relativité générale. L’angle α décrivant la variation de la direction est donné
168 4 mouvement en relativité générale
√
par
⎛ 3Gm ⎞ 3πGm
α = 2π 1 − 1− ≈ . (183)
⎝ rc 2 ⎠ rc 2
La modification de l ’angle est appelée effet géodésique – que l ’on désigne également par
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de la Lune, l ’angle de précession est d ’environ 0,019 arcsec par an. Cette incidence fut
Réf. 146 détectée pour la première fois en 1987 par une équipe italienne, pour le système Terre–
Lune, par le truchement d ’une astucieuse combinaison d ’ interférométrie radio et de
disposition lunaire, en tirant profit des réflecteurs, indiqués sur la Figure 67, déposés
par Lunokhod et Apollo sur la Lune. Des expériences sont également en cours pour le
détecter dans des satellites artificiels.
À première vue, la précession géodésique est similaire à la précession de Thomas que
Page ?? nous avons rencontrée dans la relativité restreinte. Dans les deux cas, un cheminement
le long d ’une ligne fermée provoque la perte de la direction originale. Cependant, une
analyse méticuleuse montre que la précession de Thomas peut s’ajouter à la précession
géodésique en appliquant une certaine interaction supplémentaire non gravitationnelle.
Ainsi, cette analogie est bancale.
Ceci achève notre discussion des effets de la faible gravité. Nous allons maintenant
nous tourner vers la forte gravité, où la courbure ne peut pas être ignorée et où le plaisir
est encore plus vif.
∗∗
Deux faisceaux parallèles d ’ondes gravitationnelles pourraient-ils s’attirer l ’un vers
Défi 246 pe l ’autre ?
comment la courbure est-elle mesurée ? 169
chant dessus. En d ’autres termes, la courbure intrinsèque de la feuille de papier est nulle
même si cette feuille tout entière est courbée extrinsèquement. (Un espace unidimension-
nel peut-il avoir une courbure intrinsèque ? Un tore est-il intrinsèquement courbé ?)
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Défi 247 s
La courbure intrinsèque représente donc le concept clé, quantifiant la courbure qui
peut être observée même par une fourmi. (Toutes les surfaces intrinsèquement courbées
sont également extrinsèquement courbées.) La surface de la Terre, la surface d ’une île
ou les pentes d ’une montagne* sont intrinsèquement courbées. À chaque fois que nous
discutons de la courbure en relativité générale, nous parlons toujours de courbure intrin-
sèque, puisqu ’un observateur quelconque dans la nature est par définition dans la même
situation qu ’une fourmi sur une surface : leurs expériences, leurs actions et leurs projets
ne concernent toujours que leur voisinage immédiat dans l ’espace et le temps.
Mais comment une fourmi peut-elle déterminer si elle vit sur une surface intrinsèque-
ment courbée** ? Une méthode est indiquée sur la Figure 68. La fourmi peut contrôler
si la circonférence d ’un cercle ou son aire donne naissance à une relation euclidienne
pour mesurer le rayon. Elle peut même utiliser la différence qui existe entre la valeur
mesurée et la valeur euclidienne comme une mesure de la courbure locale intrinsèque,
si elle prend comme limite des cercles infiniment petits et si elle normalise les valeurs
correctes. En d ’autres termes, la fourmi peut s’ imaginer découper un minuscule disque
autour de l ’emplacement où elle se trouve, le repasser pour l ’aplatir et vérifier si le disque
se déchire ou se froisse. On dit qu ’une surface bidimensionnelle quelconque est intrin-
sèquement courbée à chaque fois qu ’en la repassant on ne parvient pas à produire une
carte plate. La « densité » des plis ou des déchirures est reliée à la courbure.
Cela signifie que nous pouvons aussi mettre en évidence la courbure intrinsèque en
examinant si deux lignes parallèles le restent lorsque leurs prolongements se rapprochent
l ’un de l ’autre, ou lorsqu ’ ils s’éloignent l ’un de l ’autre. Dans le premier cas, telles les
lignes sur un cylindre de papier, on dit que la surface possède une courbure intrinsèque
nulle ; une surface où les parallèles se rapprochent, comme sur Terre, est dite de courbure
positive ; et une surface où les parallèles s’éloignent, comme sur une selle, est dite de cour-
Défi 248 e * À moins que la montagne ait la forme d ’un cône parfait. Pouvez-vous le confirmer ?
** Remarquez que la solution à cette question nous indique également comment distinguer une véritable
courbure des systèmes de coordonnées courbes attachés à un espace plat. Cette question est souvent posée
par ceux qui côtoient la relativité générale pour la première fois.
comment la courbure est-elle mesurée ? 171
bure négative. En bref, la courbure positive signifie que nous sommes plus limités dans
nos possibilités de mouvements, et négative que nous le sommes moins. Une courbure
constante implique même que nous sommes enfermés dans un espace fini. Vous devriez
pouvoir vérifier cela à l ’aide de la Figure 68.
La troisième manière de mesurer la courbure consiste à utiliser des triangles. Sur des
C = 2πr(1 − A = πr 2 (1 −
K 2 K 2
r + ...) et r + ...) (184)
6 12
où les points de suspension désignent les termes d ’ordres supérieurs. Cela nous permet
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de définir la courbure intrinsèque K, également appelée courbure gaussienne, pour un
point généralisé situé sur une surface bidimensionnelle, de l ’une des deux manières équi-
valentes qui suivent :
K = 6 lim(1 − ) K = 12 lim(1 − ) .
C 1 A 1
ou (185)
r→0 2πr r 2 r→0 πr 2 r 2
Ces expressions permettent à une fourmi de mesurer la courbure intrinsèque en chaque
point d ’une surface régulière quelconque*. Désormais dans ce texte, la courbure sera
toujours considérée sous sa signification de courbure intrinsèque. Remarquez que la cour-
bure peut être différente d ’un endroit à l ’autre, et qu ’elle peut être positive, comme pour
un œuf, ou négative, comme pour la zone d ’un tore la plus proche du trou. La selle repré-
sente un autre exemple de ce dernier cas, mais, contrairement au tore, sa courbure change
dans toutes les directions. En fait, il est tout à fait impossible de plonger une surface bidi-
mensionnelle de courbure négative constante à l ’ intérieur d ’un espace tridimensionnel ;
il faut pour cela au moins quatre dimensions, comme vous pourrez le découvrir si vous
Défi 251 e tentez d ’ imaginer cette situation.
Pour n’ importe quelle surface, en chaque point, la direction de la courbure maximale
et la direction de la courbure minimale sont perpendiculaires l ’une par rapport à l ’autre.
Cette relation, indiquée dans la Figure 69, fut découverte par Leonhard Euler au dix-
huitième siècle. Vous devriez pouvoir la vérifier avec une tasse à café, avec une sculpture
de Henry Moore ou avec n’ importe quel autre objet courbé situé dans votre voisinage,
Défi 252 e par exemple une Volkswagen Coccinelle. La courbure gaussienne K définie dans (185)
Défi 250 pe comme l ’a indiqué Vermeil. Une célèbre devinette consiste à déterminer le nombre C n .
172 4 mouvement en relativité générale
angle
est en réalité le produit des inverses des deux rayons de courbure correspondants. Donc,
bien que la ligne de niveau de la courbure ne soit pas une propriété intrinsèque, ce produit
particulier l ’est. La courbure gaussienne est une mesure de la courbure intrinsèque. Les
mesures de la courbure intrinsèque sont nécessaires si nous sommes obligés de rester
à l ’ intérieur de la surface ou de l ’espace que nous explorons. Les physiciens sont ainsi
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particulièrement attachés à la courbure gaussienne et ses analogues de dimensions plus
élevées.
Pour des « surfaces » tridimensionnelles, le problème est un peu plus corsé. En premier
lieu, nous avons beaucoup de mal à imaginer cette situation. Mais nous pouvons toujours
admettre que la courbure d ’un petit disque situé autour d ’un point dépendra d ’une
direction donnée. Examinons les exemples les plus simples. Si la courbure en un point
est la même dans toutes les directions, ce point est qualifié d ’ isotrope. Nous pouvons
imaginer une petite sphère qui entoure celui-ci. Dans ce cas précis, en trois dimensions,
la relation entre, d ’une part, le rayon r mesuré et, d ’autre part, l ’aire A de la surface et
Défi 253 pe le volume V mesurés de la sphère entraîne que
A = 4πr 2 (1 − V= r (1 − r 2 + ...) ,
K 2 4π 3 K
r + ...) et (187)
3 3 5
où K représente la courbure pour un point isotrope. Cela nous conduit à
√
r − A/4π
K = 3 lim(1 − ) 2 = 6 lim = 6 lim 3 ,
A 1 rexcès
(188)
r→0 4πr r
2 r→0 r 3 r→0 r
√
en définissant l ’ excès de rayon par rexcès = r − A/4π . Nous trouvons donc que pour
un espace tridimensionnel la courbure moyenne est six fois l ’excès de rayon d’une petite
sphère divisé par le cube du rayon. Une courbure positive est équivalente à un excès de
rayon positif, et le raisonnement est similaire pour les cas nul et négatif.
Bien évidemment, une valeur de courbure définie de cette manière n’est qu ’une
moyenne de toutes les directions possibles. La définition rigoureuse de la courbure
concerne le disque. Pour des points qui ne sont pas isotropes, la valeur produite pour
un disque sera différente de la valeur calculée en utilisant une sphère, puisqu ’elle dépen-
dra de l ’ orientation du disque. En réalité, il existe une relation entre toutes les courbures
possibles de disques en un point donné : considérées toutes ensemble, elles doivent for-
Défi 254 pe mer un tenseur. (Pourquoi ?) Pour une description exhaustive de la courbure, nous de-
comment la courbure est-elle mesurée ? 173
vons donc spécifier, comme pour n’ importe quel tenseur en trois dimensions, les valeurs
principales de la courbure dans trois directions orthogonales*.
Quelles sont les valeurs de la courbure dans l ’espace qui nous entoure ? Déjà en 1827, le
mathématicien et physicien Carl-Friedrich Gauss** était reconnu pour avoir vérifié que
les trois angles formés par trois pics montagneux près de son lieu de villégiature étaient
δ = π − (α + β + γ) ≈ A triangle K = A triangle
GM
. (189)
r3 c 2
Cette expression est caractéristique des géométries hyperboliques. Pour le cas de la cour-
bure mathématique négative K, la première égalité fut déduite par Johann Lambert (1728–
1777). Toutefois, ce fut Einstein qui découvrit que la courbure négative K est reliée à la
masse et à l ’accélération gravitationnelle d ’un corps. Pour le cas de la Terre et des dis-
tances typiques concernant les montagnes, l ’angle δ est de l ’ordre de 10−14 rad. Gauss
n’avait aucune chance de déceler le moindre écart, et en réalité il n’en détecta aucun.
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Même aujourd ’ hui, des études faisant appel à des lasers et des appareils de haute préci-
sion n’ont détecté aucune déviation jusqu ’à présent – sur Terre. Le facteur du membre
de droite, qui mesure la courbure de l ’espace-temps à la surface de la Terre, est naturel-
lement trop petit. Mais Gauss ne savait pas, contrairement à nous maintenant, que la
gravitation et la courbure étaient pieds et poings liés.
C ourbure et espace-temps
“
Notre tête est ronde pour permettre à la pensée
de changer de direction.
Francis Picabia***
* Ces trois valeurs pour les disques ne sont toutefois pas indépendantes puisque, ensemble, elles doivent
”
produire la courbure volumique moyenne K citée ci-dessus. Au total, il y a ainsi trois scalaires indépendants
décrivant la courbure en trois dimensions (en chaque point). Avec le tenseur métrique дab et le tenseur de
Ricci R ab qui sont introduits ci-dessous, une possibilité consiste à prendre les valeurs R = −2K, R ab R ab et
detR/detд pour les trois nombres indépendants.
** Carl-Friedrich Gauß (n. Brunswick 1777 , d. Göttingen 1855) fut un mathématicien allemand. Avec Leon-
hard Euler, il fut le mathématicien le plus prolifique de tous les temps. Tel un remarquable enfant prodige,
lorsqu ’ il avait 19 ans, il construisit l ’ heptadécagone régulier à l ’aide d ’un compas et d ’une règle (consultez
www.mathworld.wolfram.com/Heptadecagon.html). Il était si fier de son résultat qu ’ il demanda à ce que
l ’on grave un dessin de cette figure sur sa tombe. Gauss présenta une kyrielle de résultats en théorie des
nombres, en topologie, en statistiques, en algèbre, sur les nombres complexes et en géométrie différentielle,
qui représentent tous des pans entiers des mathématiques modernes et qui portent son nom. Parmi ses nom-
breuses réalisations, il produisit une théorie de la courbure et développa la géométrie non euclidienne. Il
travailla également sur l ’électromagnétisme et l ’astronomie.
Gauss avait un tempérament dur, travaillait toujours tout seul et n’enseigna jamais les mathématiques. Il
publiait très peu, et sa devise était : « pauca sed matura » (« peu mais mûr »). En conséquence, lorsqu ’un
autre mathématicien publiait un nouveau résultat, il exhibait régulièrement une note dans laquelle il avait
déjà inscrit exactement le même résultat quelques années auparavant. Ses notes sont dorénavant disponibles
en ligne sur www.sub.uni-goettingen.de.
*** Francis Picabia (n. Paris 1879 , d. id. 1953) fut un peintre dadaïste et surréaliste français.
174 4 mouvement en relativité générale
F I G U R E 70 Courbure
a
positive, nulle et
négative (en deux
dimensions) et
comportement
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ensemble de courbures « presque moyennes » définies par les 3-volumes des 3-sphères
dans diverses orientations, en sus d ’un ensemble de courbures de « niveau inférieur »
définies par les 2-aires classiques des 2-disques usuels dans des directions encore plus
nombreuses. Évidemment, nous avons besoin de mettre un peu d ’ordre pour dévoiler
cet ensemble, et nous avons besoin d ’éliminer le comptage redondant que nous avons
rencontré dans le cas de trois dimensions.
Par chance, la physique peut nous aider à rendre les mathématiques plus accessibles.
Commençons en définissant ce que nous entendons par courbure de l ’espace-temps.
Nous définirons alors les courbures pour des disques d ’orientations diverses. Pour réa-
liser cela, nous interprétons la définition de la courbure d ’une autre manière, laquelle
nous permet de la généraliser aussi pour le temps. La Figure 70 illustre l ’ idée que la
courbure K décrit également comment les géodésiques divergent. Les géodésiques sont
les chemins les plus directs sur une surface, c ’est-à-dire les itinéraires qu ’un minuscule
véhicule ou un vélo suivrait s’ il roulait sur la surface en maintenant son cap droit devant
lui.
Si un espace est courbé, la distance s qui sépare deux géodésiques augmentera le long
Défi 255 e des géodésiques comme
d2 s
= −Ks + ordres supérieurs (190)
dl 2
d2 s
= −Kc 2 s + ordres supérieurs . (191)
dτ 2
Mais c ’est la définition d ’une accélération. Autrement dit, ce qui dans la situation pure-
comment la courbure est-elle mesurée ? 175
ment spatiale est décrit par la courbure devient l ’ accélération relative de deux particules
chutant librement depuis des points proches, dans le cas de l ’espace-temps. En réalité,
Page 136 nous avons déjà rencontré ces accélérations : elles décrivent les forces de marée. En bref,
la courbure de l ’espace-temps et les forces de marée sont précisément les mêmes choses.
Incontestablement, la grandeur des forces de marée, et donc la courbure, dépendra de
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Défi 258 pe Pouvez-vous trouver comment ?
Si une surface possède une courbure (intrinsèque) constante, c ’est-à-dire la même
courbure en tous ses points, des objets géométriques peuvent y être déplacés sans être
Défi 259 e déformés. Pouvez-vous illustrer cela ?
En résumé, la courbure n’est pas un concept si difficile à appréhender. Elle décrit la
Réf. 150 déformation de l ’espace-temps. Si nous imaginons l ’espace(-temps) comme une énorme
goutte de caoutchouc dans laquelle nous vivons, la courbure en un point décrit comment
cette goutte est comprimée en ce point. Puisque nous vivons à l ’ intérieur du caoutchouc,
nous avons besoin d ’utiliser des méthodes « in situ » telles que les excès de rayons et
les courbures sectionnelles pour décrire cette déformation. La relativité paraît souvent
difficile à assimiler parce que les gens n’aiment pas imaginer le vide de cette manière,
et encore moins l ’expliquer de cette façon. (Pendant une centaine d ’années, ce fut une
profession de foi pour chaque physicien que d ’affirmer que l ’espace vide était vide.) En
schématisant le vide comme une substance, nous pouvons améliorer de multiples façons
notre manière de comprendre la relativité générale.
où W (0) est la densité propre d ’énergie en ce point. Les indices inférieurs indiquent la
courbure combinée définie par les trois directions orthogonales 1, 2 et 3. Ce paragraphe
à lui seul résume toute la relativité générale.
176 4 mouvement en relativité générale
Défi 260 e On trouve facilement une expression équivalente en utilisant l ’excès de rayon défini
ci-dessus, en introduisant la masse M = V W (0) /c 2 . Pour l ’aire A enveloppant le volume
V contenant cette masse, nous obtenons
√
rexcès = r − A/4π =
G
M. (193)
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de l ’espace-temps varient en fonction de l ’espace et du temps.
Nous remarquons au passage que la courbure possède un effet ennuyeux : la vitesse
Défi 261 pe relative d ’observateurs éloignés n’est pas définie. Pouvez-vous appuyer cet argument ?
Dans l ’espace courbe, la vitesse relative est définie uniquement pour des objets proches
– en réalité uniquement pour des objets à une distance nulle. Ce n’est que dans l ’espace
plat que les vitesses relatives pour des objets éloignés sont bien définies.
Les grandeurs apparaissant dans l ’expression (192) sont indépendantes de l ’observa-
teur. Mais souvent les gens veulent utiliser des quantités qui dépendent de l ’observateur.
La relation devient alors plus complexe, la seule équation (192) doit être étendue à dix
équations, appelées équations du champ d’ Einstein. Elles seront introduites plus loin.
Mais, avant d ’aborder cela, nous allons vérifier que la relativité générale est bien cohé-
rente. Nous allons nous assurer qu ’elle contient bien la relativité restreinte comme un
cas limite, puis nous passerons directement au test principal.
Gravitation universelle
“
La seule raison qui fait que je reste ici, c ’est la
gravité.
Pour des valeurs de vitesses et de courbures faibles, les courbures temporelles K(0 j)
possèdent alors une propriété particulière. Dans ce cas, elles peuvent être définies comme
Anonyme
”
les dérivées spatiales secondes d ’une fonction φ d ’un seul scalaire. En d ’autres termes,
Défi 262 e nous pouvons écrire
Réf. 151 * Une autre formulation équivalente établit que pour des rayons minuscules l ’aire A est donnée par
A = 4πr 2 (1 + r 2 R)
1
(194)
9
où R est le scalaire de Ricci, qui sera introduit plus tard.
comment la courbure est-elle mesurée ? 177
∂2 φ
K(0 j) = . (195)
∂(x j )2
Dans les situations courantes, il s’avère que la fonction φ est le potentiel gravitationnel.
En réalité, la gravitation universelle est le cas limite de la relativité générale pour les pe-
En d ’autres termes, pour des vitesses faibles, l ’espace est plat et le potentiel vérifie l ’équa-
tion de Poisson. La gravitation universelle est donc en fait la limite de la relativité générale
pour une vitesse faible et une courbure restreinte.
Pouvez-vous montrer que la relation (192) entre la courbure et la densité d ’énergie
signifie en réalité que le temps près d ’une masse dépend de la hauteur, comme nous
Défi 263 pe l ’avons stipulé au début de ce chapitre ?
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L a métrique de S chwarzschild
Réf. 149 Quelle est la courbure de l ’espace-temps à proximité d ’une masse sphérique ?
Défi 264 pe La courbure de la métrique de Schwarzschild est donnée par
Kr φ = Kr θ = − et K θ φ = 2 2 3
GM GM
c r
2 3 c r
Ktφ = Ktθ = 2 3 et K tr = −2 2 3
GM GM
(197)
c r c r
Réf. 149 en chaque point. La dépendance en 1/r 3 découle de la dépendance générale à toutes
les forces de marée, nous les avons déjà calculées dans le chapitre sur la gravitation
Page 136 universelle. Les facteurs G/c 2 sont dus à la force maximale de la gravité ; seuls les pre-
miers facteurs numériques nécessitent d ’être évalués à partir de la relativité générale.
Défi 265 pe La courbure moyenne s’annule manifestement, de même que pour tout espace vide.
Comme attendu, les valeurs des courbures près de la surface de la Terre sont excessi-
vement dérisoires.
∗∗
Où sont situés les points de la courbure gaussienne la plus élevée et la moins élevée sur
Défi 267 e un œuf ?
178 4 mouvement en relativité générale
“
Jeder Straßenjunge in unserem mathematischen
Göttingen versteht mehr von vierdimensionaler
Geometrie als Einstein. Aber trotzdem hat
Maintenant que nous avons une intuition de la courbure, nous voulons la décrire
David Hilbert**
d ’une manière telle que n’ importe quel observateur puisse communiquer avec n’ importe
”
quel autre observateur. Malheureusement, cela signifie qu ’ il faut utiliser des formules
avec des tenseurs. Ces formules semblent intimidantes. Le défi consiste à percevoir dans
chacune de ces expressions l ’ idée essentielle (par exemple en faisant abstraction de tous
les indices pendant un certain temps) et de ne pas se laisser distraire par toutes ces petites
lettres qui s’éparpillent tout autour d ’elles.
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L a courbure de l ’ espace-temps
“
Il faut suivre sa pente, surtout si elle monte.
R = −2K = −
2
2
. (198)
rcourbure
* Cette section pourra être sautée en première lecture. La section sur la cosmologie, à la page 196, constitue
alors le bon jalon permettant de poursuivre.
** « Chaque gamin dans les rues de notre Göttingen mathématique en sait plus qu ’ Einstein concernant la
géométrie quadridimensionnelle. Néanmoins, ce fut Einstein qui fit le travail, et non pas les grands mathé-
maticiens. »
*** Gregorio Ricci-Cubastro (n. Lugo 1853 , d. Bologne 1925) était un mathématicien italien. Il est le père
du calcul différentiel absolu (plus tard renommé calcul tensoriel [N.d.T.]), également dénommé « calcul
de Ricci » en ce temps-là. Tullio Levi-Civita était son assistant.
universalité des observateurs – mathématiques plus profondes 179
Il apparaît que le scalaire de Ricci peut être dérivé du tenseur de Ricci en utilisant ce que
l ’on appelle la contraction tensorielle, qui représente une procédure précise de moyen-
nage. Pour des tenseurs de rang deux, la contraction est équivalente à la prise en compte
de la trace :
R = R λ λ = дλ µ Rλ µ . (199)
G ab = R ab − дab R .
1
(200)
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2
Il n’est pas difficile de comprendre sa signification. La valeur G 00 représente la somme
des courbures sectionnelles dans les plans orthogonaux à la direction 0 et donc la somme
de toutes les courbures sectionnelles spatiales :
De façon similaire, pour chaque dimension i, l ’élément diagonal G i i est la somme (en
prenant en considération le signe moins de la métrique) des courbures sectionnelles dans
les plans orthogonaux à la direction i. Par exemple, nous avons
dp = T dA . (203)
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La surface est supposée être caractérisée par son vecteur normal dA. Puisque la densité
d ’énergie–impulsion est un facteur de proportionnalité entre deux vecteurs, T est un ten-
seur. Bien sûr, nous sommes en train de parler ici de 4-flux et de 4-surfaces. Par consé-
quent, le tenseur densité d ’énergie–impulsion peut être divisé de la manière suivante :
∂ a T ab = 0 ou abrégée T ab , a = 0 , (205)
exprime le fait que le tenseur décrit une quantité conservée. Dans chaque volume, l ’éner-
gie peut varier uniquement via le flux qui traverse sa surface frontalière. Pouvez-vous
confirmer que la description de l ’énergie–impulsion avec ce tenseur satisfait la condi-
tion que deux observateurs quelconques, ayant des positions, des orientations, des vi-
tesses et des accélérations différentes, peuvent échanger l ’un l ’autre leurs résultats et se
Défi 270 pe comprendre ?
Le tenseur densité d ’énergie–impulsion fournit une description complète de la distri-
bution de l ’énergie, de la quantité de mouvement et de la masse dans l ’espace et le temps.
Pour prendre un exemple, déterminons la densité d ’énergie–impulsion pour un liquide
en mouvement. Pour un liquide de densité ρ, de pression p et de quadrivitesse u, nous
universalité des observateurs – mathématiques plus profondes 181
avons
T ab = (ρ 0 + p)u a u b − pд ab (206)
p = p(ρ) . (208)
Cette relation étant une propriété matérielle, elle ne peut donc pas être déterminée à
partir de la relativité. Elle doit être dérivée à partir des constituants de la matière ou du
rayonnement et de leurs interactions. Le cas le plus simple possible est représenté par
la poussière, c ’est-à-dire la matière constituée de particules ponctuelles** n’ interagissant
pas. Son tenseur énergie–impulsion est donné par
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T ab = ρ 0 u a u b . (209)
⎛ρ0 c 0⎞
2
0 0
⎜ 0 0⎟
=⎜ ⎟ .
p 0
⎜ 0 0⎟
ab
T (207)
0 p
⎝ 0 0 0 p⎠
** Bien que la relativité générale interdise expressément l ’existence de particules ponctuelles, l ’approxima-
tion est utile dans les cas où les distances entre les particules sont énormes comparées à leur propre taille.
*** Dans certaines circonstances particulières, tels les champs faibles, le mouvement lent ou un espace-
temps asymptotiquement plat, nous pouvons définir l ’ intégrale de la composante G 00 du tenseur
d ’ Einstein comme une énergie gravitationnelle négative. L’énergie gravitationnelle n’est donc décrite
Page ?? qu ’ approximativement, et uniquement pour notre environnement quotidien. Néanmoins, cette approxima-
Défi 273 pe tion conduit à la célèbre conjecture que l ’énergie totale de l ’ Univers est nulle. Êtes-vous d ’accord ?
182 4 mouvement en relativité générale
Ainsi Hilbert s’en est sorti en trouvant la mesure du changement, puisque c ’est ce
que décrit une action, pour le mouvement causé par la gravitation. Manifestement, cette
mesure doit être indépendante de l ’observateur, et en particulier elle doit être invariante
sous tous les changements possibles de points de vue.
Le mouvement engendré par la gravité est déterminé par la courbure. Une mesure
c4
S= ∫ (R + 2Λ) dV . (210)
16πG
L’élément de volume dV doit être spécifié pour pouvoir utiliser cette expression dans
des calculs. La constante cosmologique Λ (rajoutée quelques années après les travaux de
Hilbert) apparaît comme une possibilité mathématique de décrire l ’action la plus géné-
rale, qui soit invariante par difféomorphisme. Nous verrons plus loin que sa valeur dans
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la nature, bien que petite, semble être différente de zéro.
L’action de Hilbert d ’une région significative de l ’espace-temps est donc l ’ intégrale
du scalaire de Ricci et du double de la constante cosmologique, sur cette région. Le prin-
cipe de moindre action établit que l ’espace-temps se déplace de telle manière que cette
intégrale varie le moins possible.
En résumé, à la question « comment les choses bougent-elles ? » la relativité générale
répond de la même manière que la relativité restreinte : les choses suivent les trajectoires
de vieillissement maximal.
Défi 274 pe Pouvez-vous montrer que l ’action de Hilbert découle de la force maximale ?
“
[La théorie de la relativité générale d ’ Einstein]
dissimulait l ’effroyable émergence de
l ’ inexistence de Dieu.
Un chasseur de sorcières de Boston, vers 1935
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Page 98 Comme expliqué ci-dessus, elles découlent de la force maximale – ou, de manière équi-
valente, de l ’action de Hilbert – et sont données par
G ab = −κ Tab
ou
R ab − дab R − Λ дab = −κ T ab .
1
(211)
2
On a mesuré que la constante κ, appelée constante de couplage gravitationnel, vaut
κ= = 2,1 ⋅ 10−43 /N
8πG
(212)
c4
Réf. 154 Des mesures et des simulations récentes suggèrent que ce paramètre, bien qu ’ il soit
numériquement proche de l ’ inverse du carré du rayon actuel de l ’ Univers, est une
constante de la nature qui ne varie pas avec le temps.
En résumé, les équations du champ établissent que la courbure en un point est égale au
flux d ’énergie–impulsion qui traverse ce point, en prenant en compte la densité d ’éner-
gie du vide. Autrement dit, l ’énergie–impulsion dicte à l ’espace-temps comment il doit se
courber*.
* Einstein parvint à établir ses équations du champ en utilisant un grand nombre de directives abstraites qui
184 4 mouvement en relativité générale
Les équations du champ de la relativité générale peuvent être simplifiées dans le cas où
les vitesses sont faibles. Dans cette situation, T00 = ρc 2 et toutes les autres composantes
de T s’annulent. En utilisant la définition de la constante κ et en posant φ = (c 2 /2)h 00
Défi 275 pe dans дab = η ab + h ab , nous trouvons
a=G
M
, (215)
r2
une valeur qui est indépendante de la masse m du corps qui chute. Et en fait, comme
l ’avait déjà remarqué Galilée, tous les corps chutent avec la même accélération, indé-
pendamment de leur taille, de leur masse, de leur couleur, etc. En relativité générale
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aussi la gravitation est entièrement impartiale*. L’ indépendance entre la chute libre et
la masse du corps qui tombe découle de la description de l ’espace-temps comme un ma-
sont qualifiées de principes dans la littérature. Aujourd ’ hui, plusieurs d ’entre elles ne sont pas considérées
comme étant primordiales. Néanmoins, nous en donnons un court aperçu.
- Principe de relativité générale : tous les observateurs sont équivalents, ce principe, bien qu ’ il soit fré-
quemment exprimé, est probablement vide de tout contenu physique.
- Principe de covariance générale : les équations de la physique doivent être formulées sous forme ten-
sorielle, même si nous savons aujourd ’ hui que toutes les équations peuvent être écrites avec des tenseurs,
Réf. 155 y compris la gravitation universelle ; dans de nombreux cas elles requièrent des éléments « absolus » non
physiques, c ’est-à-dire des quantités qui influent sur les autres mais pas sur elles-mêmes. Cette idée non
Page 218 physique est en contradiction avec l ’ idée d ’ interaction, comme nous l ’avons déjà expliqué.
- Principe de couplage minimal : les équations du champ de la gravitation sont déduites de celles de la
relativité restreinte en considérant la généralisation la plus simple possible. Bien sûr, maintenant que ces
équations sont connues et testées expérimentalement, ce principe n’est que d ’un intérêt historique.
- Principe d ’équivalence : l ’accélération est localement indiscernable de la gravitation, nous l ’avons utilisé
pour démontrer que l ’espace-temps est semi-riemannien et que la gravitation est sa courbure.
- Principe de Mach : l ’ inertie est due à l ’ interaction avec le reste de l ’ Univers, ce principe est correct,
même si l ’on affirme souvent qu ’ il n’est pas vérifié dans la relativité générale. Dans tous les cas, il ne repré-
Page 237 sente pas l ’essence de la relativité générale.
- Identité entre masse gravitationnelle et inertielle : elle est incluse depuis le début dans la définition de la
masse, mais elle est ressassée à n’en plus finir dans les textes sur la relativité générale, et est implicitement
utilisée dans la définition du tenseur de Riemann.
- Principe de correspondance : une nouvelle théorie plus générale, telle que la relativité générale, doit
pouvoir se réduire aux théories précédentes, dans notre cas la gravitation universelle ou la relativité restreinte,
lorsqu ’elle est restreinte aux domaines dans lesquels celles-ci restent valides.
* Vous trouverez ici une autre manière de montrer que la relativité générale s’accorde avec la gravitation
universelle. À partir de la définition du tenseur de Riemann, nous savons que l ’accélération relative b a et la
vitesse de particules proches sont reliées par
∇e b a = Rc e d a v c v d . (216)
Par les symétries de R, nous savons qu ’ il existe un φ tel que b a = −∇a φ. Cela signifie que
∇e b a = ∇e ∇a φ = R cae d v c v d (217)
universalité des observateurs – mathématiques plus profondes 185
telas courbé. Les objets qui se déplacent sur un matelas le font tous de la même manière,
indépendamment de la valeur de la masse.
Pour pouvoir nous représenter les équations complètes du champ, nous allons nous
frayer un court chemin à travers leurs principales propriétés. Premièrement, tout mouve-
Défi 276 e ment dû à la courbure de l ’espace-temps est réversible, différentiable et donc déterministe.
R = −κT . (220)
Ce résultat implique aussi la relation qui existe entre l ’excès de rayon et la masse contenue
Défi 277 pe à l ’ intérieur d ’une sphère.
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Les équations du champ sont non linéaires dans la métrique д, ce qui signifie que
les sommes de solutions ne constituent généralement pas des solutions. Cela rend la re-
cherche de ces solutions particulièrement ardue. Pour une solution complète des équa-
tions du champ, les conditions initiales et limites doivent être précisées. Les méthodes
permettant de le faire forment une partie spécialisée de la physique mathématique, qui
Réf. 156 ne sont pas explorées ici.
Albert Einstein avait l ’ habitude de dire que la relativité générale fournit les clés de la
compréhension d ’un côté seulement des équations du champ (211), mais pas de l ’autre
Défi 278 pe côté. Pouvez-vous entrevoir de quel côté il voulait parler ?
Que pouvons-nous faire d ’ intéressant à l ’aide de ces équations ? En fait, pour être
honnête, rien de plus que ce que nous avons déjà fait jusqu ’à présent. Très peu de proces-
sus nécessitent l ’utilisation des équations complètes. Un grand nombre de manuels sur
la relativité s’arrêtent même après les avoir dévoilées ! Cependant, cela vaut la peine de
les étudier. Par exemple, nous pouvons montrer que la solution de Schwarzschild est la
seule solution à symétrie sphérique. De manière similaire, en 1923, Birkhoff montra que,
pour le vide, chaque solution symétrique par rotation est statique. C ’est le cas même si
les masses elles-mêmes se déplacent, comme pendant l ’effondrement d ’une étoile.
Les applications les plus admirables des équations du champ sont peut-être les divers
films réalisés sur les processus relativistes. La Toile mondiale héberge plusieurs d ’entre
eux : ils nous permettent de voir ce qui se passe lorsque deux trous noirs fusionnent,
ce qui se produit quand un observateur tombe dans un trou noir, etc. Pour produire ces
films, les équations du champ nécessitent généralement d ’être résolues directement, sans
∆φ = ∇a ∇ φ = R c ad v v = R c d v v = κ(Tc d v v − T/2)
a a c d c d c d
(218)
∆φ = 4πGρ (219)
l ’aide d ’approximations*.
Un autre domaine d ’application concerne les ondes gravitationnelles. Les équations
complètes du champ montrent que ces ondes ne sont pas harmoniques, et sont non li-
néaires. Les ondes sinusoïdales n’existent qu ’approximativement, pour des petites am-
plitudes. De manière encore plus intéressante, si deux ondes se heurtent, dans de nom-
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Supplément sur la force limite
Lorsque la constante cosmologique entre en ligne de compte, le principe de la force
maximale nécessite d ’être à nouveau examiné. Dans le cas d ’une constante cosmolo-
gique qui n’est pas nulle, la force limite reste cohérente uniquement si la constante Λ est
Réf. 157 positive ; c ’est le cas pour la valeur mesurée actuellement, qui se situe à Λ ≈ 10−52 /m2 .
Réf. 95, Réf. 96 En effet, la relation rayon–masse des trous noirs
2GM = Rc 2 (1 − R )
Λ 2
(221)
3
implique qu ’une force maximale indépendante du rayon est valide uniquement pour une
constante cosmologique positive ou nulle. Pour une constante cosmologique négative, la
force limite ne serait valide que pour des trous noirs infiniment petits. Du reste, nous
empruntons une approche pragmatique et remarquons qu ’une force limite maximale
peut être vue comme impliquant une constante cosmologique nulle ou positive. Bien
évidemment, la force limite ne précise pas la valeur de cette constante. Pour ce faire, un
deuxième principe doit être ajouté. Une formulation immédiate, en utilisant le principe
Page 120 supplémentaire d ’une force minimale dans la nature, a été proposée ci-dessus.
Nous devrions aussi nous demander si des trous noirs en rotation ou chargés modi-
fient l ’argument qui conduit de la force maximale à la dérivation de la relativité générale.
Cependant, la dérivation qui utilise l ’équation de Raychaudhuri ne change pas. En fait,
le seul changement dans l ’argument apparaît avec l ’ introduction de la torsion, qui mo-
difie l ’équation de Raychaudhuri elle-même. Tant que la torsion ne joue aucun rôle, la
dérivation donnée ci-dessus demeure valide. L’ introduction de la torsion est toujours
une question ouverte de la recherche.
Une autre question consiste à savoir comment la force maximale est reliée aux théories
scalaires–tensorielles de la gravitation, telle la proposition de Brans et Dicke ou ses gé-
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R etrouver la gravitation universelle
Pour que la limite de la force maximale soit considérée comme un principe physique
fondamental, toutes les propriétés de la gravitation, y compris la théorie complète de la
relativité générale, doivent être déduites à partir de celle-ci. Pour rendre ce raisonnement
plus facile à suivre, nous allons le découper en plusieurs étapes. Premièrement, nous
montrons que la limite de la force implique que, dans la vie de tous les jours, la loi en
l ’ inverse du carré de la gravitation universelle est vérifiée. Ensuite, nous montrons qu ’elle
implique les principaux concepts de la relativité générale. Enfin, nous montrons que la
théorie complète de la relativité générale s’ensuit.
En d ’autres termes, à partir de maintenant nous supposons que la limite de la force est
valide. Nous explorons ses conséquences et les comparons aux propriétés connues de la
nature. La limite de la force maximale peut également être abordée d ’une autre manière.
Si l ’attraction gravitationnelle entre un corps central et un satellite était plus forte qu ’elle
ne l ’est, les trous noirs seraient plus petits qu ’ ils ne le sont : dans ce cas, la limite de la
force maximale et la vitesse maximale pourraient être dépassées. Si, par contre, la gravi-
tation était plus faible qu ’elle ne l ’est, un observateur rapide en accélération ne serait pas
capable de déterminer que les deux corps interagissent. En résumé, une force maximale
de c 4 /4G implique la gravitation universelle. Il n’existe aucune différence entre le fait
d ’affirmer que tous les corps s’attirent par le biais de la gravitation et le fait d ’affirmer
qu ’ il existe une force maximale ayant pour valeur c 4 /4G.
vitationnels les horloges voient leur cadence se modifier avec l ’altitude. Ce changement,
associé à la constance de la vitesse de la lumière, implique la courbure de l ’espace-temps.
La gravitation implique donc la courbure de l ’espace-temps. La valeur de la courbure
dans le cas de champs gravitationnels faibles est entièrement déterminée par la loi en
l ’ inverse du carré de la gravité. Puisque l ’attraction universelle découle de la force maxi-
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entre la masse et la courbure l ’est – le principe de Mach est également satisfait.
Des corps libres situés dans un espace plat se déplacent à vitesse constante. Par le
principe d ’équivalence, cette affirmation se généralise en la déclaration que des corps
en chute libre avancent le long des géodésiques. Le principe de la force maximale laisse
intacte l ’allégation que l ’espace-temps dicte à la matière comment elle doit se déplacer.
La courbure de l ’espace-temps pour des champs gravitationnels faibles est fixée par
la loi en l ’ inverse du carré de la gravité. La courbure spatiale est donc omniprésente,
Réf. 158 avec la valeur juste, autour de chaque masse. Comme Richard Feynman l ’a expliqué, en
extrapolant ce résultat à tous les observateurs possibles, nous pouvons en déduire tous les
effets de la gravitation de faible courbure. En particulier, cela entraîne l ’existence d ’ondes
gravitationnelles linéaires (de faible amplitude) et l ’effet de Thirring–Lense. La relativité
générale linéarisée découle donc du principe de la force maximale.
* C ’est une brève section qui peut intéresser les plus curieux, elle peut être sautée en première lecture.
universalité des observateurs – mathématiques plus profondes 189
dx d 1 ∂ дbc dx b dx c
(дad )=
d
, (223)
ds ds 2 ∂x a ds ds
tant que ds est différent de zéro tout au long de la trajectoire**. Tous les corps en chute
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Défi 280 pe
Pour être exhaustif, nous mentionnons que la lumière suit des géodésiques nulles ou
de genre lumière. En d ’autres termes, il existe un paramètre affine u tel que les géodé-
siques vérifient
d2 x a b c
+ Γ a dx dx
bc =0 (227)
du 2 du du
avec la condition distincte que
dx a dx b
дab =0. (228)
du du
Étant donné toutes ces définitions sur les divers types de géodésiques, que représentent
Défi 281 pe les lignes dessinées dans la Figure 53 de la page 131 ?
* Nous nous rappelons que dans l ’espace de la vie courante les géodésiques sont les chemins les plus courts
possibles, alors que dans l ’espace-temps de la relativité générale les géodésiques sont les chemins les plus
longs possibles. Dans les deux cas, ils représentent des trajets « extrémaux ».
** Cela est souvent noté comme suit
d2 x a b c
a dx dx
+ Γbc =0 (224)
ds 2 ds ds
où la condition
dx a dx b
дab =1 (225)
ds ds
doit être vérifiée, donc simplement en exigeant que tous les vecteurs tangents soient des vecteurs unitaires,
et que ds ≠ 0 tout au long de la trajectoire. Les symboles Γ apparaissant ci-dessus sont donnés par
Γ a bc = { } = д ad (∂ b дd c + ∂ c дdb − ∂ d дbc ) ,
a 1
(226)
bc 2
et sont appelés symboles de Christoffel de seconde espèce ou plus simplement connexion métrique.
190 4 mouvement en relativité générale
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Maintenant que nous pouvons continuer à discuter de masse sans avoir (trop) mau-
vaise conscience, revenons aux équations du mouvement.
* Cette définition fut formalisée par Arnowitt, Deser et Misner, et depuis ce temps a souvent été dénommée
la masse ADM. L’ idée consiste à utiliser la métrique дi j et à prendre l ’ intégrale
m= (дi j, i ν j − дi i, j ν j )dA
1
16π ∫SR
(229)
où S R représente la sphère des coordonnées de rayon R, ν est le vecteur unitaire normal de cette sphère et
dA est l ’aire élémentaire sur la sphère. La limite existe si l ’espace-temps est asymptotiquement plat et si la
Réf. 160 distribution de masse est suffisamment concentrée. Les physiciens mathématiciens ont également montré
que pour une variété quelconque dont la métrique change à l ’ infini comme
дi j = (1 + f /r + O(1/r ))δ i j
2
(230)
Pas vraiment. Puisque la gravité n’est pas une interaction, elle n’est pas due à un champ
et elle ne dérive d ’ aucun potentiel.
Page 218 Vérifions cet étrange résultat d ’une autre manière encore. La définition la plus fonda-
mentale de l ’ « interaction » est celle de la différence entre le tout et la somme des parties.
Dans le cas de la gravité, un observateur en chute libre pourrait affirmer que rien de par-
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Défi 283 pe d ’énergie–impulsion le long de sa trajectoire s, nous obtenons
du a de a a du a
=m = m(e a u ) = me a ( + Γ a bd ub u c ) = 0
dp du
+ (231)
ds ds ds ds ds
où e représente le vecteur unitaire le long d ’un axe des coordonnées. La variation de
l ’énergie–impulsion s’annule le long d ’une quelconque géodésique, comme vous pou-
Défi 284 pe vez le vérifier. Par conséquent, l ’énergie–impulsion de ce mouvement est conservée. En
d ’autres termes, aucune force n’agit sur le satellite. Nous pourrions répondre que dans
Réf. 161 l ’équation (231) le deuxième terme représente à lui seul la force gravitationnelle. Mais ce
Défi 285 pe terme peut être rendu nul sur l ’ intégralité de n’ importe quelle ligne d ’univers donnée.
En bref, rien ne change entre deux corps en chute libre l ’un autour de l ’autre : nous
pouvons dire que la gravitation n’est pas une interaction. Les propriétés de l ’énergie
Défi 286 s confirment ce raisonnement.
Bien sûr, la conclusion que la gravitation n’est pas une interaction est quelque peu
abstraite, puisqu ’elle contredit notre expérience de la vie de tous les jours. Mais nous
aurons besoin d ’elle plus tard pour la compréhension complète du mouvement. Le com-
portement du rayonnement confirme cette déduction. Dans le vide, le rayonnement est
toujours en mouvement libre. Dans un sens, nous pouvons dire que celui-ci chute tou-
jours librement. Étrangement, puisque nous avons dit que la chute libre est la même
chose que le repos, nous devrions conclure que le rayonnement est toujours au repos.
Ce n’est pas faux ! Nous avons déjà vu que la lumière ne peut pas être accélérée*. Nous
avons même vu que la déviation due à la gravitation n’est pas une accélération, car la lu-
mière suit des trajectoires droites dans l ’espace-temps, même dans cette situation. Bien
que la lumière semble ralentir en se rapprochant des masses pour des observateurs éloi-
gnés, localement elle se déplace constamment à la vitesse de la lumière. En bref, même
la gravitation ne parvient pas à déplacer la lumière.
Il existe un autre procédé pour montrer que la lumière est en permanence au repos.
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relativité générale existent-ils ? Des tentatives pour découvrir de tels systèmes y sont déjà
partiellement parvenus. Plusieurs équations et idées de la relativité générale sont appli-
cables à la déformation des solides, étant donné que celle-ci décrit la déformation du ma-
Réf. 162 telas de l ’espace-temps. Kröner a étudié cette analogie avec beaucoup de soin. D’autres
systèmes ayant des horizons, et ainsi dotés d ’observables analogues à la courbure, sont dé-
busqués dans certains liquides – où les tourbillons jouent le même rôle que les trous noirs
Réf. 163 – et dans certains fluides quantiques pour la propagation de la lumière. Explorer ces sys-
tèmes est devenu un thème de recherches à part entière. Une correspondance complète
de la relativité générale dans un système macroscopique fut découverte il y a quelques
années seulement. Cette analogie sera présentée dans la troisième partie de notre aven-
ture, mais nous aurons besoin d ’un ingrédient supplémentaire qui n’est pas perceptible
à ce point de notre ascension.
Gymnastique de R iemann
La plupart des ouvrages introduisent la courbure d ’une manière austère, à savoir de
manière historique*, en utilisant le tenseur de courbure de Riemann. Nous en faisons un
court résumé, de telle sorte que vous puissiez comprendre cet ancien procédé si jamais
vous le rencontrez.
Nous avons vu plus haut que la courbure est mieux décrite par un tenseur. En 4 di-
mensions, ce tenseur de courbure, généralement noté R, doit être une quantité qui nous
permette de calculer, entre autres, l ’aire d ’un 2-disque d ’orientation quelconque dans
l ’espace-temps. Maintenant, en 4 dimensions, les orientations d ’un disque sont définies
Défi 287 e par le biais de deux quadrivecteurs, appelons-les p et q. Et, au lieu d ’un disque, nous pren-
drons le parallélogramme engendré par p et q. Il existe plusieurs définitions possibles.
Le tenseur de courbure de Riemann–Christoffel R est alors défini comme une quantité
qui nous permet d ’évaluer la courbure K(p, q) pour la surface engendrée par p et q,
* C ’est une brève section qui peut intéresser les plus curieux, elle peut être sautée en première lecture.
universalité des observateurs – mathématiques plus profondes 193
d ’aire A, à travers
R abcd p a q b p c q d
K(p, q) = =
R pqpq
A2 (p, q) (дα δ дβγ − дαγ дβδ )p α q β pγ q δ
(232)
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la gravité signifie que, lorsque deux particules proches chutent librement avec la même
Défi 288 e vitesse et la même direction, la distance entre elles change. Autrement dit, l ’effet local de
la gravité est l ’ accélération relative des particules proches.
Il apparaît que le tenseur R décrit précisément cette accélération relative, c ’est-à-dire
ce que nous appelions plus tôt les forces de marée. Manifestement, l ’accélération relative
Défi 289 pe b s’accroît avec la distance de séparation d et le carré (pourquoi ?) de la vitesse u des
deux particules. Par conséquent, nous pouvons également définir R comme un facteur
de proportionnalité (généralisé) entre ces quantités :
* Bernhard Riemann (n. Breselenz 1826 , d. Selasca 1866) fut un important mathématicien allemand.
** Nous avons montré ci-dessus que l ’espace-temps est courbé en remarquant les variations dans les rythmes
des horloges, dans les longueurs des mètres étalons et dans la propagation de la lumière. Ces expériences sont
les manières les plus aisées qui permettent de déterminer la métrique д. Nous savons que l ’espace-temps est
décrit par une variété quadridimensionnelle M dotée d ’une métrique дab qui, localement, en chaque point
de l ’espace-temps, est une métrique de Minkowski. Une telle variété est appelée une variété riemannienne.
Seule une telle métrique nous permet de définir un système inertiel local, c ’est-à-dire un espace-temps de
Minkowski local en chaque point de l ’espace-temps. En particulier, nous avons
дab = 1/д дa = д = δb .
ab b a a
et b (233)
Comment la courbure et la métrique sont-elles reliées ? La solution à cette interrogation remplit générale-
ment un grand nombre de pages dans les livres sur la relativité. Juste pour information, la relation est
∂Γ a bd ∂Γ a bc
=
a a e a f
R bc d − + Γ e c Γ bd − Γ f d Γ bc . (234)
∂x c ∂x d
Le tenseur de courbure est construit à partir des dérivées secondes de la métrique. D’autre part, nous pou-
vons également déterminer la métrique si la courbure est connue. Une relation approchée est donnée ci-
dessous.
194 4 mouvement en relativité générale
la courbure intrinsèque, nous concluons que si R s’annule dans une région l ’espace-
Défi 290 pe temps dans cette région est plat. Nous déduisons facilement cette correspondance de
cette deuxième définition*.
Une dernière manière de définir le tenseur R est la suivante. Pour un observateur en
chute libre, la métrique дab est donnée par la métrique η ab issue de la relativité restreinte.
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quement. Ceux-ci sont les composantes du tenseur de Ricci, qui peut être défini à l ’aide
du tenseur de Riemann par contraction, c ’est-à-dire en posant
R bc = R a b ac . (240)
Ses composantes, comme celles du tenseur de Riemann, sont des inverses de longueurs
a
au carré. Les valeurs du tenseur R bc , ou celles de R bcd , sont indépendantes de la conven-
Défi 293 e tion de signe utilisée dans la métrique de Minkowski, par opposition à R abcd .
* Cette deuxième définition est également appelée définition fondée sur la déviation géodésique. Il n’est
bien entendu pas évident qu ’elle coïncide avec la première. Pour une démonstration explicite, consultez
Réf. 164 la littérature. Il y a aussi une troisième manière, plus mathématique, de schématiser le tenseur R, à savoir
la manière originale qu ’utilisa Riemann pour l ’ introduire. Si nous appliquons un transport parallèle à un
vecteur w autour d ’un parallélogramme formé par deux vecteurs u et v, chacun de longueur ε, le vecteur w
est transformé en w + δw. Nous avons alors
δw = −ε R u v w +
2
termes d ’ordres supérieurs . (236)
Vous pouvez en apprendre plus concernant la déviation géodésique en étudiant le comportement du fameux
Page 170 chariot qui indique le sud. Cet appareil, courant en Chine avant que le compas soit découvert, fonctionne
uniquement si le monde est plat. En réalité, sur une surface courbe, après avoir parcouru une grande tra-
jectoire fermée, il indiquera une direction différente de celle du début du voyage. Pouvez-vous expliquer
Défi 291 pe pourquoi ?
** La définition de la chute libre indique que le tenseur de Riemann est symétrique dans certains indices et
Défi 292 pe antisymétrique dans d ’autres :
Ces relations impliquent également que de nombreuses composantes s’annulent. La relation suivante est
également importante
R abc d + R adbc + R ac db = 0 . (239)
Remarquez que l ’ordre des indices n’est pas standardisé dans la documentation. La liste des invariants qui
peuvent être confectionnés à partir de R est longue. Nous citerons que 21 ε abc d R c d e f R abe f , à savoir le produit
∗
R R du tenseur de Riemann avec son dual, est l ’ invariant caractérisant l ’effet Thirring–Lense.
universalité des observateurs – mathématiques plus profondes 195
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Pouvez-vous confirmer la relation R abcd R abcd = 48m 2 /r 6 pour la solution de Schwarz-
Défi 294 pe schild ?
“
Zwei Dinge erfüllen das Gemüt mit immer
neuer und zunehmender Bewunderung und
Ehrfurcht, je öfter und anhaltender sich das
Nachdenken damit beschäftigt : der bestirnte
Himmel über mir und das moralische Gesetz in
mir*.
Emmanuel Kant (1724–1804)
”
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Lors des nuits claires, entre deux mille et cinq mille étoiles sont visibles à l ’ œil nu.
Plusieurs centaines d ’entre elles ont un nom. En réalité, dans toutes les régions du monde,
les étoiles et les constellations qu ’elles forment sont considérées comme étant la mémoire
des événements passés, et on raconte de nombreux récits à leur sujet**. Mais le simple
fait que nous puissions voir les étoiles est le point de départ d ’une histoire fabuleuse, plus
extraordinaire encore que toutes ces légendes. Elle concerne presque tous les aspects de
la physique moderne.
“
Démocrite affirme [à propos de la Voie lactée]
qu ’elle est une région où la lumière émane
d ’une multitude de petites étoiles situées à
proximité les unes des autres, pour lesquelles le
rassemblement engendre la clarté de l ’ensemble.
Réf. 168
Les étoiles que nous observons par une nuit claire sont principalement les plus
brillantes parmi les plus proches voisines de notre région de la Voie lactée. Elles se
Aetius, Opinions.
”
trouvent à des distances allant de quatre à quelques milliers d ’années-lumière de nous.
Globalement, il y a dans notre environnement en moyenne une étoile pour 400 années-
lumière cubes.
Pratiquement toutes les étoiles visibles sont situées dans notre propre galaxie. Le seul
objet extragalactique constamment visible à l ’ œil nu depuis l ’ hémisphère Nord est la
* « Deux choses remplissent le cœur d ’une admiration et d ’une vénération toujours nouvelles et toujours
croissantes, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi
Réf. 167 morale en moi. »
** Sur les mythes concernant les étoiles et les constellations, lisez par exemple l ’ouvrage de G. Fasching,
Sternbilder und ihre Mythen, Springer Verlag, 1993. Sur Internet nous trouvons également les magnifiques
sites Web www.astro.wisc.edu/~dolan/constellations/ et www.astro.uiuc.edu/~kaler/sow/sow.html.
le mouvement dans l ’ univers 197
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F I G U R E 73 Comment notre galaxie apparaît dans l’infrarouge. (NASA)
nébuleuse d ’Andromède, montrée agrandie sur la Figure 72. C ’est une galaxie à part en-
tière comme la nôtre, comme Emmanuel Kant l ’avait déjà conjecturé en 1755. Plusieurs
objets extragalactiques sont observables à l ’ œil nu depuis l ’ hémisphère Sud : la nébu-
leuse de la Tarentule, ainsi que le Grand et le Petit Nuage de Magellan. Les nuages de
Magellan sont des galaxies voisines de la nôtre. D’autres exceptions temporaires sont les
rares novae, des étoiles en explosion qui peuvent être vues si elles apparaissent dans des
galaxies proches, ou les encore plus rares supernovae, qui peuvent souvent être aperçues
même dans des galaxies lointaines.
En fait, les étoiles visibles sont également particulières par un autre aspect. Par
exemple, les télescopes indiquent qu ’environ la moitié d ’entre elles sont doubles : elles
sont constituées de deux étoiles tournant l ’une autour de l ’autre, comme dans le cas de
Sirius. Le fait de mesurer les orbites qu ’elles suivent dans leur folle course nous permet
Défi 297 pe de déterminer leur masse. Pouvez-vous expliquer comment ?
L’ Univers est-il différent de notre Voie lactée ? Oui, il l ’est, et plusieurs raisonnements
permettent de le démontrer. Tout d ’abord, notre galaxie – le mot galaxie est justement le
terme grec original qui désigne la « Voie lactée » – est aplatie, à cause de sa rotation. Si la
Galaxie tourne, il doit y avoir d ’autres masses qui constituent l ’arrière-plan par rapport
auquel cette rotation s’effectue. En fait, il existe un nombre colossal d ’autres galaxies –
environ 1011 – dans l ’ Univers, une découverte qui date seulement du vingtième siècle.
Pourquoi notre compréhension de la place qu ’occupe notre galaxie dans l ’ Univers
198 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
eut-elle lieu si tard ? Eh bien, les gens ont rencontré la même difficulté que lorsqu ’ ils
ont tenté de déterminer la forme de la Terre. Ils ont dû comprendre que la Galaxie n’est
pas seulement une traînée opaline que l ’on voit lors de nuits dégagées, mais un véritable
système physique, constitué d ’environ 1011 étoiles gravitant les unes autour des autres*.
Comme pour la Terre, on s’est aperçu que la galaxie possède une forme tridimensionnelle,
elle est indiquée sur la Figure 73. Notre galaxie est une structure plate et circulaire, d ’un
diamètre de 100 000 années-lumière. Au centre, elle possède un bulbe sphérique. Elle
effectue une rotation environ tous les 200 à 250 millions d ’années. (Pouvez-vous deviner
Défi 298 pe comment on la mesure ?) La rotation est plutôt lente : depuis que le Soleil s’est formé, il
a accompli à peu près 20 à 25 tours complets seulement autour du centre.
Il est même possible de mesurer la masse de notre galaxie. L’astuce consiste à utili-
ser un pulsar binaire situé dans sa périphérie. S ’ il est observé pendant de nombreuses
années, nous pouvons déduire son accélération autour du centre galactique, puisque le
pulsar réagit avec un décalage de fréquence qui peut être mesuré sur Terre. Plusieurs
décennies d ’observations sont nécessaires et un grand nombre d ’artefacts doivent être
Réf. 171 éliminés. Malgré tout, de telles mesures sont en cours. Des estimations actuelles posi-
tionnent la masse de notre galaxie à 1042 kg ou 5 ⋅ 1011 masses solaires.
* On imaginait naguère que la Voie lactée, ou galaxie en grec, avait été créée lorsque Zeus, le principal dieu
de la mythologie grecque, avait tenté de nourrir son fils Héraclès au sein d ’ Héra afin de le rendre immortel.
Le jeune Héraclès, dans un signe annonciateur de sa force future, téta si fort que le lait divin se répandit dans
le ciel en une traînée blanchâtre.
le mouvement dans l ’ univers 199
Q ue voyons-nous la nuit ?
L’astrophysique nous conduit à une étrange conclusion concernant la matière,
quelque peu différente de la manière de réfléchir que nous avons eue en physique
classique : la matière observée dans le ciel se trouve dans des nuages. Les nuages sont des
systèmes dans lesquels la densité de matière diminue avec la distance au centre, n’ayant
ni frontière précise ni taille déterminée. La plupart des objets astrophysiques sont mieux
décrits comme étant des nuages.
La Terre aussi est un nuage si nous prenons en compte, comme partie intégrante, son
atmosphère, sa magnétosphère et l ’anneau de poussières qui l ’entourent. Le Soleil est
un nuage. Pour commencer, c ’est déjà une boule de gaz, mais il ressemble encore plus
200 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
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l’étoile HH30 en formation, l’étoile DG Tauri B en formation, et un jet de trou noir issu de la galaxie M87.
(Tous NASA)
Réf. 170 l ’astrophysique collecte des renseignements à leur sujet. Un tour d ’ horizon concernant
ces observations en est donné dans le Tableau 4.
Aspect P ri n c i pa l e s Va l e u r
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novae nouvelles étoiles
brillantes,
bulle d ’éjection R ≈ t ⋅ c/100
supernovae nouvelles étoiles L < 1036 W
éclatantes,
taux 1 à 5 par galaxie pour 1 000 a
hypernovae sursauts optiques L > 1037 W
sursauts gamma luminosité L allant jusqu ’à 1045 W, environ 1 % de
la luminosité de tout l ’ Univers visible
énergie env. 1046 J
durée env. 0,015 à 1 000 s
quantité observée env. 2 par jour
sources radio émission d ’ondes radio 1033 à 1038 W
sources de rayons X émission de rayons X 1023 à 1034 W
rayons cosmiques énergie de 1 eV à 1022 eV
effet de lentille courbure de la lumière angles allant jusqu ’à 10−4 ′′
gravitationnelle
comètes réapparition, période typique 50 a, longévité typique
volatilisation de la visibilité 2 ka, durée de vie
typique 100 ka
météorites âge jusqu ’à 4,57 ⋅ 109 a
Composantes observées
espace intergalactique masse volumique env. 10−26 kg/m3
quasars décalage vers le rouge jusqu ’à z = 6
luminosité L = 1040 W, à peu près la même
qu ’une galaxie
superamas de galaxies nombre de galaxies env. 108 à l ’ intérieur de notre horizon
notre superamas local nombre de galaxies environ 4 000
202 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
Aspect P ri n c i pa l e s Va l e u r
propriétés
groupes et amas de galaxies taille 100 Zm
nombre de galaxies entre une douzaine et 100 (groupe)
entre 100 et 1 000 (amas)
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l ’ Hydre-Centaure
contenant environ 30 000 pulsars Réf. 172
contenant 100 amas globulaires ayant chacun 1
million d ’étoiles
amas globulaires (ex. M15) contenant des milliers d ’étoiles, un trou noir de
masse intermédiaire
âge jusqu ’à 12 Ga (plus anciens objets
connus)
nébuleuses, nuages composition poussière, oxygène, hydrogène
notre nuage interstellaire taille 20 années-lumière
local
composition hydrogène atomique à 7 500 K
systèmes stellaires types étoiles binaires gravitantes, plus de 70
étoiles entourées par des naines brunes,
plusieurs systèmes planétaires
notre Système solaire taille 2 années-lumière (nuage d ’Oort)
vitesse 368 km/s du Verseau vers le Lion
étoiles masse jusqu ’à 130 masses solaires (sauf
lorsque des étoiles fusionnent) Réf. 173
géantes et supergéantes taille colossale jusqu ’à 1 Tm
étoiles de la séquence principale
naines brunes petite masse moins de 0,072 masse solaire
température faible moins de 2 800 K Réf. 174
naines L température faible 1 200 à 2 800 K
naines T température faible 900 à 1 100 K
naines blanches petit rayon r ≈ 5 000 km
température élevée refroidit de 100 000 jusqu ’à 5 000 K
étoiles à neutrons densité nucléaire ρ ≈ 1017 kg/m3
le mouvement dans l ’ univers 203
Aspect P ri n c i pa l e s Va l e u r
propriétés
taille « minuscule » r ≈ 10 km
sources de jet
objets compacts centraux
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Propriétés générales
horizon cosmique distance env. 1026 m = 100 Ym
expansion cosmique constante de Hubble 71(4) km s−1 Mpc−1 ou 2,3(2) ⋅ 10−18 s−1
« âge » de l ’ Univers 13,7(2) Ga
vide densité d ’énergie 0,5 nJ/m3 ou Ω Λ = 0, 73 pour k = 0
aucune preuve de dépendance
temporelle
forme à grande échelle courbure de l ’espace k ≈ Ω K = 0 Page 215
topologie simple dans notre environnement
galactique, inconnue aux grandes
échelles
dimensions nombre 3 pour l ’espace, 1 pour le temps, aux
énergies faibles et modérées
matière densité 2 à 11 ⋅ 10−27 kg/m3 ou 1 à 6 atomes
d ’ hydrogène par mètre cube
Ω M = 0, 25
baryons densité Ω b = 0, 04, un sixième de la
précédente (incluse dans Ω M )
matière noire densité Ω MN = 0, 21 (incluse dans Ω M ),
inconnue
énergie sombre densité Ω ES = 0, 75, inconnue
photons quantité volumique 4 à 5 ⋅ 108 /m3 = 1,7 à 2,1 ⋅ 10−31 kg/m3
densité d ’énergie Ω R = 4, 6 ⋅ 10−5
neutrinos densité d ’énergie Ω ν inconnue
température moyenne photons 2,725(2) K
neutrinos non mesurée, valeur prédite de 2 K
fluctuations anisotropie des photons ∆T/T = 1 ⋅ 10−5
amplitude de densité A = 0, 8(1)
204 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
Aspect P ri n c i pa l e s Va l e u r
propriétés
indice spectral n = 0, 97(3)
rapport r < 0, 53 avec 95 % de certitude
tensoriel/scalaire
profondeur optique de l ’ ionisation τ = 0, 15(7)
découplage z = 1 100
Mais puisque nous sommes en train de parler de ce que nous voyons dans le ciel, nous
devons élucider un problème plus général.
“
Je suis abasourdi par le nombre de personnes
qui veulent « connaître » l ’ Univers alors qu ’ il
est déjà suffisamment difficile de se repérer dans
Chinatown.
Le terme univers implique la rotation. L’ Univers est ce qui tourne autour de nous la
Woody Allen
nuit. Pour un physicien, il existe au moins trois définitions distinctes du mot « Univers » :
”
— L’ Univers (visible) représente la totalité de la masse et de l ’énergie observables. Cela
intègre tout ce qui est localisé à l ’ intérieur de l ’ horizon cosmologique. Puisque l ’ ho-
rizon est en train de s’éloigner de nous, la quantité de la masse et de l ’énergie obser-
vables est en constante augmentation. Le contenu de l ’expression « Univers visible »
le mouvement dans l ’ univers 205
n’est donc pas figé dans le temps. (Quelle est la source de cette augmentation ? Nous
reviendrons sur cette question plus tard.)
— L’ Univers (présumé) représente la totalité de la masse et de l ’énergie, incluant toutes
celles qui ne sont pas visibles. De nombreux ouvrages sur la relativité générale sti-
pulent qu ’ il existe certainement là de la matière ou de l ’énergie située au-delà des
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Remarquez que la « taille » de l ’ Univers visible ou, mieux, la distance à son horizon
est une quantité qui peut être imaginée. La valeur de 1026 m ne surpasse pas toute ima-
gination. Si nous prenons tout le fer qui se trouve dans le noyau terrestre et que nous le
forgeons en un fil métallique qui s’étend jusqu ’au bout de l ’ Univers visible, quelle épais-
Défi 301 pe seur devrait-il avoir ? La réponse vous surprendra sans aucun doute. Aussi, le contenu
de l ’ Univers est-il manifestement fini. Il y a à peu près autant de galaxies visibles dans
l ’ Univers que de grains dans un mètre cube de sable. Pour prolonger cette comparai-
son, pouvez-vous déduire de quelle quantité d ’espace vous auriez besoin pour déposer
toute la farine que vous auriez si chaque petite particule de cette poudre représentait une
Défi 302 pe étoile ?
“ Hésiode, Théogonie.
Manifestement, l ’ Univers est rempli de mouvement. Pour s’en faire une petite expé-
”
rience, il est utile de mesurer la vitesse et la position du plus grand nombre possible d ’ob-
jets. Au cours du vingtième siècle, une foule considérable d ’observations fut obtenue sur
les étoiles et les galaxies. (Pouvez-vous imaginer comment la distance et la vitesse sont
Défi 303 s déterminées ?) Cette profusion de données expérimentales peut être synthétisée en deux
points.
Tout d ’abord, aux grandes échelles, c ’est-à-dire en moyenne sur environ cinq cents
millions d ’années-lumière, la densité de la matière dans l ’ Univers est homogène et iso-
trope. Évidemment, à des échelles plus petites, des inhomogénéités existent, telles que des
galaxies, ou grumeaux. Notre galaxie par exemple n’est ni isotrope ni homogène. Mais
* « Au commencement était le Chaos... ». La Théogonie,, œuvre probable du poète mythique Hésiode, fut
finalisée autour de 700 av. J.-C. Elle peut être lue en anglais et en grec sur le site www.perseus.tufts.edu, et
en français sur http://remacle.org/bloodwolf/poetes/falc/hesiode/theogonie.htm. Cette célèbre sentence est
tirée du vers 117.
206 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
F I G U R E 79 Un atlas de notre environnement cosmique : les illustrations ont une échelle de 12,5, 50,
250, 5 000, 50 000, 500 000, 5 millions, 100 millions, 1 milliard et 14 milliards d’années-lumière. (©
Richard Powell, www.atlasoftheuniverse.com)
le mouvement dans l ’ univers 207
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Réf. 177 aux grandes échelles les différences s’estompent. Cette homogénéité à grande échelle de
la distribution de la matière est souvent dénommée le principe cosmologique.
Le deuxième point concernant l ’ Univers est encore plus important. Dans les années
1920, de manière indépendante, Carl Wirtz, Knut Lundmark et Gustaf Stromberg ont
Réf. 178 montré que, de façon générale, les galaxies s’éloignent de la Terre, et plus elles sont éloi-
gnées, plus elles s’éloignent vite. Il y a quelques exceptions pour des galaxies proches,
telle la nébuleuse d ’Andromède elle-même, mais globalement la vitesse de fuite v d ’un
objet augmente avec la distance d. En 1929, l ’astronome américain Edwin Hubble* pu-
blia la première mesure de la relation entre la vitesse et la distance. Bien qu ’ il fît usage
d ’échelles de longueur incorrectes, il trouva une relation
v=Hd, (241)
* Edwin Powell Hubble (1889–1953) fut un important astronome américain. Après avoir été athlète puis avoir
obtenu ses diplômes universitaires en droit, il retourna à sa passion de jeunesse pour les astres. Il démontra
finalement la conjecture d ’ Emmanuel Kant de 1755 qui stipulait que la nébuleuse d ’Andromède est une
galaxie à part entière. Il montra ainsi que la Voie lactée n’est qu ’une minuscule portion de l ’ Univers.
Page 289 ** Un mégaparsec ou Mpc représente une distance de 30,8 Zm.
208 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
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nement de corps noir émis lorsqu ’ il était « en chaleur ». Ce rayonnement, appelé rayonne-
ment de fond diffus cosmologique, doit s’être refroidi du fait de l ’expansion de l ’ Univers.
Défi 305 pe (Pouvez-vous entériner ce point ?) Malgré diverses prédictions similaires dues à d ’autres
initiateurs, dans un de ces exemples les plus célèbres de communication scientifique inef-
ficace, le rayonnement fut découvert bien plus tard, par deux chercheurs complètement
Réf. 180 ignorants dans ce domaine de recherche. Un célèbre article de 1964 de Doroshkevich et
Novikov avait même établi que l ’antenne utilisée par les découvreurs ultérieurs (novices)
était le meilleur dispositif pour débusquer ce rayonnement ! En tout cas, ce n’est qu ’en
1965 qu ’Arno Penzias et Robert Wilson découvrirent le signal. Ce fut lors d ’une des plus
admirables découvertes de la science, pour laquelle ils reçurent plus tard tous les deux le
Réf. 181 prix Nobel de physique. Il apparaît que ce rayonnement est décrit par le rayonnement de
corps noir d ’un corps ayant une température de 2,7 K. Cela découle de la loi du corps
noir, avec une précision d ’environ une partie pour 104 .
Mais, excepté l ’expansion et le refroidissement, les quatorze milliards d ’années qui se
sont écoulées ont également engendré quelques autres événements marquants.
“
Les étoiles ne brillent-elles pas
merveilleusement ? Je suis l ’unique personne
dans le monde qui sait pourquoi il en est ainsi.
Friedrich (Fritz) Houtermans (1903–1966)
Les astres semblent avoir toujours existé. En réalité, de temps en temps, une nouvelle
étoile apparaît dans le ciel : c ’est une nova. La désignation est latine et signifie « nou-
”
veau ». Des novae particulièrement brillantes sont appelées supernovae. Les novae et les
* George Gamow (n. Odessa 1904 , d. Boulder 1968), physicien russo-américain, expliqua la radioactivité
alpha comme un effet tunnel et prédit l ’existence du fond diffus cosmologique micro-onde. Il rédigea les
premiers ouvrages scientifiques de vulgarisation à succès, tels que Un, deux, trois... l ’ infini et la série des Mr.
Thompkins, qui furent imités plus tard par de nombreux autres auteurs.
le mouvement dans l ’ univers 209
phénomènes analogues nous rappellent que les astres vivent généralement beaucoup plus
longtemps que les êtres humains, mais comme nous ils naissent et meurent.
Il apparaît que nous pouvons placer toutes les étoiles sur ce que nous appelons le
diagramme de Hertzsprung–Russell. Ce diagramme, crucial dans chaque ouvrage d ’as-
tronomie, est représenté sur la Figure 81. C ’est un magnifique exemple d ’une méthode
courante utilisée par les astrophysiciens : amasser des statistiques sur de nombreux exem-
plaires d ’un type d ’objet en particulier, puis pouvoir en déduire le cycle de vie de cet
objet, bien que leur durée de vie soit considérablement plus importante que celle d ’un
homme. Par exemple, il est possible, par une utilisation intelligente de ce diagramme,
d ’estimer l ’âge des amas stellaires, et ainsi d ’aboutir à un âge minimum pour l ’ Univers.
Le résultat est estimé à treize milliards d ’années environ.
Une évidence saute aux yeux : puisque les étoiles brillent, elles meurent également.
Les étoiles ne peuvent être observées que si elles sont nées mais n’ont pas encore disparu
au moment de l ’émission de lumière*. Cela conduit à des restrictions sur leur visibilité,
particulièrement pour des décalages vers le rouge importants. En réalité, les télescopes
* En fait, l ’auteur a voulu dire que les étoiles que l ’on observe sont celles qui étaient encore vivantes quand
elles ont émis la lumière, qui parvient sur la Terre au moment où on les observe. Mais, bien sûr, une étoile
peut être déjà morte quand on la voit. [N.d.T.]
210 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
modernes peuvent scruter des lieux (et des instants) si éloignés de l ’ instant présent qu ’ ils
ne contiennent aucune étoile. À ces distances, nous ne pouvons observer que des quasars.
Ce ne sont pas des étoiles, mais des systèmes beaucoup plus massifs et lumineux. Leur
structure précise est encore étudiée par les astrophysiciens.
D’autre part, puisque les étoiles brillent, elles ont dû être façonnées d ’une certaine
“
Anima scintilla stellaris essentiae*.
Réf. 182 Héraclite d ’ Éphèse (v. 540 à v. 480 av. J.-C. )
”
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Les aventures que l ’ Univers a vécues ou, mieux, les péripéties que la matière et le
Réf. 183 rayonnement qui le composent ont expérimentées sont résumées dans le Tableau 5. Les
étapes qui ne sont pas encore précisées seront étudiées dans la théorie quantique. Ce
tableau chronologique possède des applications qu ’aucun physicien théoricien n’aurait
imaginées. La séquence est si élégante et si impressionnante que, de nos jours, elle est
utilisée dans certaines psychothérapies pour rappeler aux gens toute l ’ histoire qui a eu
lieu avant leur existence et pour leur faire apprécier l ’ importance de leur propre valeur.
Profitez-en vous aussi.
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Les plus vieux objets observés jusqu ’à présent
z=5 Formation des amas de galaxies
z=3 106 a La première génération d ’ étoiles (population II) est
formée, démarrage de la fusion de l ’ hydrogène, la
fusion de l ’ hélium produit le carbone, le silicium et
l ’oxygène
2 ⋅ 109 a Les premières étoiles explosent en supernovaec , le fer
est produit
z=1 3 ⋅ 109 a La deuxième génération d ’étoiles (population I)
apparaît et les explosions ultérieures de supernovae
issues des étoiles en fin de vie forment le reste des
éléments (Fe, Se, etc.) dont nous sommes constitués
et les dispersent dans la galaxie
4,7 ⋅ 109 a Nuages primitifs, nés des vestiges de ces explosions,
effondrements, formation du Soleil
4,6 ⋅ 109 a Formation de la Terre et des autres planètes : début
de l ’Azoïque
4,3 ⋅ 109 a Les cratères se forment sur les planètes
4,0 ⋅ 109 a La Lune se forme à partir de la matière éjectée au
cours de la collision d ’un gros astéroïde avec la Terre,
encore liquide
4,0 ⋅ 109 a Début de l ’éon archéen (Archaeozoicum) : le
bombardement spatial cesse, la croûte terrestre se
solidifie, les plus anciens minerais se forment, l ’eau
se condense
3,5 ⋅ 109 a La vie (microscopique) unicellulaire apparaît, les
stromatolithes se forment
2,5 ⋅ 109 a Début de l ’éon protérozoïque (« âge de la première
vie ») : l ’atmosphère devient riche en oxygène grâce à
l ’activité des micro-organismes Réf. 184
212 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
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450 ⋅ 106 a Les plantes terrestres apparaissent
370 ⋅ 106 a Les arbres à bois apparaissent
250(5) ⋅ 106 a L’ère mésozoïque (Mesozoicum, « âge de la vie
moyenne », anciennement appelé ère secondaire)
commence : la majorité des insectes et des autres
formes de vie sont exterminés, les mammifères
apparaissent (avec 250(5) début des périodes Trias,
205(4) Jurassique et 142(3) Crétacé)
150 ⋅ 106 a Le continent de la Pangée se disloque en Laurasie et
Gondwana
L’amas d ’étoiles des Pléiades se forme
150 ⋅ 106 a Les oiseaux apparaissent
142(3) ⋅ 106 a La période glorieuse des dinosaures (Crétacé) débute
100 ⋅ 106 a Début de la formation des Alpes, des Andes et des
montagnes Rocheuses
65,5 ⋅ 106 a L’ère cénozoïque (Caenozoicum, « âge de la nouvelle
vie ») commence : les dinosaures disparaissent après
qu ’un astéroïde a frappé la Terre au Yucatán, les
primates apparaissent (avec 65,5 début du Tertiaire,
constitué de la période du Paléogène avec les époques
Paléocène, 55,0 Éocène et 33,7 Oligocène, et de la
période du Néogène avec les époques 23,8 Miocène et
5,32 Pliocène, puis 1,81 la période du Quaternaire
avec les époques du Pléistocène (ou Diluvium) et 0,01
Holocène (ou Alluvium))
50 ⋅ 106 a Les grands mammifères apparaissent
7(1) ⋅ 106 a Les hominidés apparaissent
le mouvement dans l ’ univers 213
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6 000 a Premiers textes écrits
2 500 a La physique naît
500 a Consommation du café, usage du crayon et naissance
de la physique moderne
200 a Début de l ’usage de l ’ électricité
100 a Einstein publie
10 à 120 a Vous êtes un être unicellulaire
présent v. 14 ⋅ 109 a Vous êtes en train de lire ce livre Tγ = 2,73 K,
Tν ≈ 1,6 K,
Tb ≈ 0 K
futur Vous aimez la vie ; pour savoir précisément pourquoi, lisez la page 154
a. La coordonnée temporelle utilisée ici est celle donnée par le système de coordonnées défini par le rayon-
nement de fond diffus micro-onde, comme expliqué à la page 217. Une année est abrégée « a » (du latin
« annus »). Les marges d ’erreur dans la précision des derniers chiffres sont données entre parenthèses.
b. Cette quantité n’est pas exactement définie puisque le Big Bang ne constitue pas un événement de l ’espace-
temps. Nous en dirons plus à ce sujet à la page ??.
c. L’ histoire des atomes sur la Terre montre que nous sommes constitués des résidus d ’une supernova. Nous
sommes vraiment faits de poussières d ’étoiles.
L’échelle des temps géologiques est celle donnée par la Commission internationale de stratigraphie, les
temps sont mesurés par le truchement de méthodes de datation radiométriques (dites « par radiochronolo-
gie », c ’est-à-dire en utilisant la radioactivité [N.d.T.]).
Malgré sa longueur et son intérêt, ce tableau possède ses limites. Par exemple, que s’est-il
passé partout ailleurs dans le dernier milliard d ’années ? Il reste encore plein de choses
à écrire pour lesquelles nous ne savons presque rien. Pour des raisons évidentes, les in-
vestigations ont été plutôt centrées sur la Terre.
La recherche en astrophysique s’est focalisée sur la découverte et la compréhension de
tous les phénomènes observés dans les cieux. Nous abandonnons ici un large pan de ce
domaine palpitant puisque, du reste, nous voulons nous concentrer sur le mouvement.
214 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
L’ histoire de l ’ espace-temps
“
Un grand nombre de lapins s’enfuient d ’une
Les données indiquant que l ’ Univers est de toutes parts saupoudré d ’étoiles
”
conduisent à une conclusion élémentaire : l ’ Univers ne peut pas être statique. La
gravitation modifie constamment les distances entre les corps, la seule exception étant
les orbites circulaires. La gravitation modifie également les distances moyennes entre les
corps : elle tente toujours de faire effondrer les nuages. Le plus grand nuage parmi tous,
celui formé par toute la matière dans l ’ Univers, doit par conséquent ou être en train de
s’effondrer, ou être encore en expansion.
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Réf. 187 Le premier qui osa esquisser cette conclusion fut Aleksander Friedmann*. En 1922 il
déduisit l ’évolution détaillée de l ’ Univers dans le cas d ’une distribution de masse ho-
mogène et isotrope. Son calcul est un exemple classique de raisonnement simple mais
puissant. Pour un Univers qui est homogène et isotrope en chaque point, l ’élément li-
Défi 307 pe néaire est donné par
ds 2 = c 2 dt 2 − a 2 (t)(dx 2 + dy 2 + dz 2 ) (242)
et la matière est décrite par une masse volumique ρ M et une pression pM . En insérant
tout cela dans les équations du champ, nous obtenons deux équations
ȧ 2 k
( ) + 2 =
8πG Λ
ρM + et (243)
a a 3 3
ä = − (ρ M + 3pM ) a + a
4πG Λ
(244)
3 3
qui impliquent
ρ̇ M = −3 (ρ M + pM ) .
ȧ
(245)
a
temps.
Les équations (243) et (244) ne dépendent que de deux constantes de la nature : la
constante gravitationnelle G, associée à la force ou puissance maximale dans la nature, et
la constante cosmologique Λ, qui décrit la densité d ’énergie du vide ou, si nous préférons,
la force minimale dans la nature.
3H 02
ρc = ≈ (8 ± 2) ⋅ 10−27 kg/m3 (246)
8πG
correspondant à environ 8, plus ou moins 2, atomes d ’ hydrogène par mètre cube. Sur
Terre, nous appellerions cette valeur un vide extrêmement poussé. Voilà à quoi res-
semblent globalement les différences qui existent entre la vie quotidienne et l ’ Univers
tout entier. Dans tous les cas, la densité critique caractérise une distribution de matière
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conduisant à une évolution de l ’ Univers située juste à la frontière entre l ’expansion per-
pétuelle et l ’effondrement. En fait, cette densité est critique uniquement dans le cas d ’une
constante cosmologique nulle, et conduit à une évolution que nous qualifions de limite.
Malgré cette restriction, le terme est maintenant employé dans cette expression égale-
ment pour toutes les autres situations. Nous parlons donc de masses volumiques sans
dimensions Ω M définies comme
Ω M = ρ 0 /ρ c . (247)
La constante cosmologique peut également être reliée à cette densité critique en posant
Λc 2 Λc 2
ΩΛ = = =
ρΛ
. (248)
ρ c 8πGρ c 3H 02
et son signe est opposé à celui de la courbure k, Ω K s’annulant pour une courbure nulle.
Remarquez qu ’un Univers positivement courbé, s’ il est homogène et isotrope, est né-
cessairement fermé et de volume fini. Un Univers plat ou négativement courbé ayant la
même distribution de matière peut être ouvert, c ’est-à-dire de volume infini, mais pas
nécessairement. Il peut être simplement ou multiplement connexe. Dans ces situations,
la topologie n’est pas entièrement fixée par la courbure.
Le paramètre de Hubble de l ’ instant présent est défini par H 0 = ȧ 0 /a 0 . À partir de
Défi 309 pe l ’équation (243), nous obtenons alors la relation majeure
ΩM + Ω Λ + ΩK = 1 . (250)
216 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
pas de
Big Bang
2 valeurs
expérimentales
e
léré
rs
fe
-1
rm
trop
é
jeune
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Par le passé, alors que les données manquaient, les physiciens étaient partagés en deux
camps : les claustrophobes, qui pensaient que Ω K > 0, et les agoraphobes, qui étaient
persuadés que Ω K < 0. Nous allons bientôt donner plus de détails concernant les valeurs
mesurées de ces paramètres. Le diagramme de la Figure 82 indique les intervalles les plus
intéressants pour ces paramètres et les comportements correspondants de l ’ Univers.
Pour le paramètre de Hubble, les mesures les plus récentes donnent une valeur de
q0 = − = ΩM − Ω Λ .
ä 0 1
2
(252)
a0 H0 2
facteur facteur
d'échelle d'échelle
a a
a(t) présent
l Pl
incertitudes
effets expérimentales
quantiques
t Pl temps t
présent temps t
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F I G U R E 83 Évolution de l’échelle a de l’Univers pour différentes valeurs de densités.
conduisant à
( ) + U(x) = Ω K
dx 2
dτ
avec U(x) = −Ω Λ x − Ω Λ x 2 (253)
k = –1
k=0
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facteur d'échelle facteur d'échelle facteur d'échelle facteur d'échelle facteur d'échelle
k = +1
Défi 311 pe * Dans ce cas, pour Ω M ⩾ 1, l ’âge de l ’ Univers vérifie t0 ⩽ 2/(3H 0 ), où les limites sont compatibles. Pour
le mouvement dans l ’ univers 219
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les progrès expérimentaux nous permirent de faire des déductions fondées sur l ’évidence
rationnelle plutôt que sur des croyances ou des préférences personnelles, comme nous
allons bientôt le découvrir. Mais avant toutes choses nous devons faire toute la lumière
sur une vieille controverse.
“
In der Nacht hat ein Mensch nur ein Nachthemd
an, und darunter kommt gleich der Charakter*.
Robert Musil
En premier lieu, le ciel nocturne n’est pas noir. Il possède la même couleur intrinsèque
que durant le jour, comme n’ importe quelle photographie à longue pose le démontre.
”
(Regardez, par exemple, la Figure 67.) Mais cette couleur, comme la couleur du ciel au
cours de la journée, n’est pas due à la température de la voûte céleste, mais à la lumière
diffuse provenant des étoiles. Si nous voulons rechercher la véritable couleur du ciel, nous
avons besoin d ’ inspecter son rayonnement thermique. En réalité, les mesures indiquent
que même le ciel vidé de sa substance n’est pas complètement froid ou noir la nuit. Il est
rempli d ’un rayonnement d ’environ 200 GHz. Des relevés plus précis montrent que ce
rayonnement correspond à l ’émission thermique d ’un corps noir à 2,73 K. Ce rayonne-
ment de fond cosmologique représente le rayonnement thermique résiduel provenant du
Big Bang.
Réf. 188 L’ Univers est en réalité plus froid que les étoiles. Mais pourquoi en est-il ainsi ? Si
l ’ Univers était homogène à grande échelle et infiniment grand, il aurait un nombre infini
d ’étoiles. En regardant dans n’ importe quelle direction, nous verrions la surface d ’une
étoile. Le ciel nocturne serait alors aussi lumineux que la surface du Soleil ! Pouvez-vous
Défi 312 s convaincre votre grand-mère avec ce raisonnement ?
Dans une forêt profonde, nous remarquons qu ’ il y a un arbre dans toutes les direc-
tions. De manière analogue, dans un Univers « profond », nous devrions voir une étoile
dans chaque direction. À présent, l ’étoile moyenne possède une température de surface
d ’environ 6 000 K. Si nous vivions dans un Univers vieux et profond, nous vivrions ef-
fectivement à l ’ intérieur d ’un four ayant une température avoisinant les 6 000 K, ce qui
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leur formation, lorsqu ’elles étaient plus sombres. Par conséquent, la part de la lumino-
sité des étoiles distantes est plus petite que celle des étoiles proches, de telle façon que
la température moyenne du ciel s’en trouve diminuée d ’autant**. Deuxièmement, nous
pourrions imaginer que le rayonnement des étoiles distantes est décalé vers le rouge et
que le volume que le rayonnement devrait remplir est en constante augmentation, de
telle sorte que la température moyenne du ciel est également réduite.
Des calculs sont nécessaires pour déterminer quel effet est plus important que l ’autre.
Réf. 190 Ce problème a été étudié avec beaucoup de soin par Paul Wesson, qui expliqua que le
premier effet est plus important que le second d ’un facteur trois environ. Nous pouvons
donc affirmer convenablement que le ciel nocturne est noir principalement parce que
l ’ Univers possède un âge fini. Nous pouvons ajouter que le ciel serait légèrement plus
lumineux si l ’ Univers n’était pas en expansion.
Réf. 188 De plus, l ’obscurité du ciel est possible uniquement parce que la vitesse de la lumière
Défi 314 pe est finie. Pouvez-vous confirmer cette idée ?
Finalement, l ’obscurité du ciel nous rappelle également que l ’ Univers possède un âge
important (mais fini). En réalité, le rayonnement de fond de 2,7 K est si froid, bien qu ’ il
ait été émis à 3 000 K, parce qu ’ il est décalé vers le rouge suite à l ’effet Doppler. En faisant
Réf. 191 des hypothèses raisonnables, on trouve que la température T de ce rayonnement varie
avec le facteur d ’échelle R(t) de l ’ Univers comme
T∼
1
. (254)
R(t)
* Heinrich Wilhelm Matthäus Olbers (n. Arbergen 1758 , d. Brême 1840) était astronome. Il découvrit deux
planétoïdes, Pallas et Vesta, et cinq comètes. Il développa la méthode de calcul des orbites paraboliques pour
les comètes qui est toujours utilisée aujourd ’ hui. Olbers encouragea également activement le mathématicien
Page 102 et astronome Friedrich Wilhelm Bessel dans le choix de sa profession. Le paradoxe est baptisé d ’après Olbers,
bien que d ’autres aient fait des remarques similaires auparavant, tels l ’astronome suisse Jean Philippe Loÿs
de Cheseaux en 1744 et Johannes Kepler en 1610.
** Pouvez-vous expliquer que le ciel n’est pas noir simplement parce qu ’ il est peint en noir ou composé
de chocolat noir ? Ou, plus généralement, que le ciel n’est pas constitué de et ne contient aucune substance
Défi 313 pe noire et froide, comme Olbers le suggérait lui-même, et comme John Herschel le réfuta en 1848 ?
le mouvement dans l ’ univers 221
Dans un Univers jeune, nous ne serions donc pas capables d ’admirer les étoiles, même
si elles existaient.
À partir de la luminosité du ciel nocturne, mesurée comme valant à peu près 3 ⋅ 10−13
fois celle d ’une étoile moyenne comme le Soleil, nous pouvons déduire quelque chose
d ’ intéressant : la densité d ’étoiles dans l ’ Univers doit être beaucoup plus petite que
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L’ Univers est-il ouvert, fermé ou situé entre les deux ?
“
- L’ immensité de l ’ Univers ne te donne-t-elle
pas l ’ impression d ’être tout petit ?
- Je peux me sentir petit sans l ’aide de l ’ Univers.
Anonyme
Parfois, l ’ histoire de l ’ Univers est résumée en deux mots : boum ! ...crac. Mais l ’ Uni-
vers s’effondrera-t-il réellement, ou se dilatera-t-il à jamais ? Ou encore, se trouve-t-il
”
dans une situation limite intermédiaire ? Les paramètres qui décident de son destin sont
la densité et la constante cosmologique.
Les principales nouvelles de la dernière décennie de l ’astrophysique du vingtième
siècle sont les résultats expérimentaux nous permettant de déterminer ces paramètres.
Plusieurs méthodes sont utilisées. La première est évidente : déterminer la vitesse et la
distance des astres lointains. Pour de grandes distances, c ’est difficile, puisque ces étoiles
sont très indistinctes. Mais il est devenu possible aujourd ’ hui de scruter le ciel à la re-
cherche de supernovae, des étoiles brillantes en explosion, et de déterminer leur distance
à partir de leur luminosité. Nous y parvenons actuellement grâce à des moyens informa-
Réf. 192 tiques d ’examen du ciel, en utilisant les plus grands télescopes disponibles.
Une deuxième méthode consiste à mesurer l ’anisotropie du fond cosmologique
micro-onde. À partir du spectre de puissance observé comme une fonction de l ’angle,
la courbure de l ’espace-temps peut être retrouvée.
Une troisième méthode est la détermination de la masse volumique de l ’ Univers, en
utilisant l ’effet de lentille gravitationnelle pour la lumière issue des quasars lointains, qui
Page 230 est déviée par les galaxies ou les amas de galaxies.
Une quatrième méthode est la détermination de la densité en utilisant les amas de
galaxies. Nous nous attendons à ce que toutes ces mesures soient grandement améliorées
dans les années à venir.
Actuellement, ces quatre ensembles complètement indépendants de mesures four-
Réf. 193 nissent les valeurs
(Ω M ; Ω Λ ; Ω K ) ≈ (0, 3 ; 0, 7 ; 0, 0) (255)
222 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
où les erreurs sont de l ’ordre de 0,1 ou moins. Les valeurs impliquent que l ’ Univers est
spatialement plat, que son expansion s’accélère et, par conséquent, qu ’ il n’y aura pas de Big
Crunch*. Toutefois, aucune déclaration définitive concernant la topologie n’est encore
Page 232 possible. Nous reviendrons sur cette dernière question bientôt.
En particulier, les données indiquent que la densité de matière, incluant toute la ma-
Λc 4 10−46 (GeV)4
ρΛ c2 = ≈ 0,5 nJ/m3 ≈
(ħc)3
. (257)
8πG
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Mais ce terme cosmologique implique également une pression négative du vide p Λ =
−ρ Λ c 2 . En introduisant ce résultat dans la relation du potentiel de la gravitation univer-
Page 183 selle déduite de la relativité
∆φ = 4πG(ρ + 3p/c 2 ) (258)
a= − c r = 2 − Ω Λ H 02 r ,
GM Λ 2 GM
(260)
r 2 3 r
ce qui indique qu ’une énergie du vide positive entraîne en réalité l ’existence d ’un effet
gravitationnel répulsif. En insérant la valeur mentionnée (256) pour la constante cosmo-
logique Λ, nous trouvons que l ’effet répulsif est minuscule même sur des distances telles
que celle qui sépare la Terre du Soleil. En fait, l ’ordre de grandeur de l ’effet répulsif est
tellement petit par rapport à celui de l ’attraction que nous ne pouvons pas du tout es-
pérer obtenir une confirmation expérimentale directe de cet écart par rapport à la gra-
Défi 318 pe vitation universelle. Les déterminations astrophysiques demeureront probablement les
seules possibles. Une constante gravitationnelle positive se manifeste par le biais d ’une
composante positive dans le taux d ’expansion, comme nous le verrons bientôt.
* Le Big Crunch, c ’est-à-dire l ’effondrement de l ’ Univers, serait équivalent à un « Big Bang à l ’envers ».
[N.d.T.]
** La différence entre la densité totale de matière et la densité de matière baryonique mesurable séparément,
environ un sixième seulement de la valeur précédente, n’est également toujours pas expliquée. Il se pourrait
même que l ’ Univers contienne de la matière d ’un type inconnu jusqu ’à présent. Cette énigme est appe-
lée le problème de la matière noire, elle constitue une des questions les plus importantes non résolues en
cosmologie.
le mouvement dans l ’ univers 223
Mais cette situation est déconcertante. L’origine de cette constante cosmologique n’est
pas expliquée par la relativité générale. Ce mystère sera résolu uniquement à l ’aide de la
théorie quantique. Dans tous les cas, la constante cosmologique est le premier aspect
local et quantique de la nature détecté par des moyens astrophysiques.
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De plus, 380 000 ans après l ’ annihilation de l ’ antimatière, tous les noyaux et les élec-
trons présents se sont associés, pour former des atomes et leurs agrégats, tels que les
étoiles et les hommes. Il ne restait alors plus aucune charge libre interagissant avec des
photons dans l ’espace, de telle façon que depuis cette période la lumière peut voyager
dans l ’espace comme elle le fait aujourd ’ hui, n’étant affectée que lorsqu ’elle rencontre
une étoile ou des particules de poussière.
Si nous nous rappelons que la densité moyenne de l ’ Univers est de 10−26 kg/m3 et que
la majeure partie de la matière est agrégée par la gravité en galaxies, nous pouvons imagi-
ner qu ’un excellent vide se maintient dans les espaces intergalactiques. Par conséquent,
la lumière peut voyager sur de longues distances sans obstacles significatifs.
Mais pourquoi le vide est-il transparent ? C ’est une question plus profonde. Le vide
est transparent parce qu ’ il ne contient aucune charge électrique et aucun horizon : les
charges ou les horizons sont indispensables pour absorber la lumière. En réalité, la théo-
Page ?? rie quantique montre que le vide contient ce que nous appelons des charges virtuelles.
Cependant, les charges virtuelles n’ont aucun effet sur la propagation de la lumière.
“
Μελέτη θανάτου. S ’entraîner à la mort.
Platon, Phédon, 81a.
Par-dessus tout, le modèle du Big Bang, qui est énoncé en observant la couleur des
astres et des galaxies, établit qu ’ il y a environ quatorze milliards d ’années l ’ Univers tout
”
entier était extrêmement petit. C ’est cette situation qui a donné au Big Bang son nom.
Page 234 Ce terme fut forgé (avec une certaine connotation sarcastique) en 1950 par Fred Hoyle,
Réf. 196 qui, par ailleurs, n’avait jamais pensé qu ’ il puisse s’appliquer à la nature. Néanmoins, ce
terme fut adopté. Puisque nous ne pouvons pas vérifier directement que l ’ Univers était
si petit par le passé, nous avons besoin de rechercher d ’autres conséquences vérifiables.
Les plus importantes sont les suivantes :
224 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
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important de porter un regard attentif sur cette situation.
De façon plus importante, la théorie quantique montre que le Big Bang n’était pas
une véritable singularité, puisque aucune observable physique, que ce soit la densité ou
la température, n’a jamais atteint une valeur infiniment grande (ou infiniment petite).
Page ?? De telles grandeurs ne peuvent pas exister dans la nature*. Dans tous les cas, il existe
un consensus général pour dire que les raisonnements fondés uniquement sur la relati-
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une incertitude fondamentale quant à sa position. Il existe de même une incertitude cor-
respondante pour le Big Bang.
En réalité, un raisonnement très simple permet de montrer qu ’avec la théorie quan-
tique le temps et l ’espace ne sont pas définis au moment ou à proximité du Big Bang.
Nous fournirons ce raisonnement élémentaire dans le premier chapitre de la dernière
Page ?? partie de notre promenade. Par conséquent, le Big Bang ne peut pas être qualifié de « com-
mencement » de l ’ Univers. Il n’y a jamais eu de temps lorsque le facteur d ’échelle a(t)
de l ’ Univers était égal à zéro.
Cette erreur conceptuelle est fréquemment rencontrée. En fait, la théorie quantique
indique que près du Big Bang les événements ne peuvent ni être ordonnés ni même être
définis. Plus franchement, il n’y a pas de commencement, il n’y a jamais eu d ’événement
ou de singularité initiale.
Certes, le concept de temps n’est pas défini « en dehors » ou « avant » l ’existence de
Réf. 198 l ’ Univers, ce fait étant déjà évident pour les penseurs il y a plus de mille ans. Il est alors
tentant de conclure que le temps doit avoir commencé. Mais comme nous l ’avons vu,
c ’est également une erreur logique : en premier lieu, il n’y a pas d ’événement de départ,
et, deuxièmement, le temps ne s’écoule pas, comme nous l ’avions déjà révélé au début
Page 38 de notre promenade.
Une confusion similaire se cache derrière l ’ idée que l ’ Univers possède certaines
Page 163 « conditions initiales ». Des conditions initiales par définition ont un sens uniquement
pour des objets ou des champs, c ’est-à-dire pour des entités qui peuvent être observées
de l ’extérieur, ou encore pour des entités qui possèdent un environnement. L’ Univers
ne se conformant pas à cette nécessité, il ne peut donc avoir d ’états initiaux. Malgré tout,
de nombreuses personnes s’évertuent toujours à réfléchir sur ce problème. De manière
Réf. 199 intéressante, Stephen Hawking a vendu des millions d ’exemplaires d ’un livre expliquant
* De nombreux physiciens sont toujours prudents avant de faire des déclarations aussi profondes sur ce point.
Page ?? Les premières sections de la troisième partie de notre ascension montagneuse fournissent les arguments
précis qui conduisent à celles-ci.
226 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
qu ’une description dépourvue d ’états initiaux est la plus séduisante, l ’emportant large-
ment sur le fait qu ’ il n’existe de toute façon aucune autre possibilité*.
En résumé, le Big Bang n’est pas un commencement, pas plus qu ’ il n’en implique un.
Nous lèverons le voile sur la manière correcte de méditer sur ce sujet dans la dernière
partie de notre progression sur la montagne.
“
[La théorie générale de la relativité procure] un
doute universel concernant l ’existence de Dieu
et de sa création.
Page 226
Un chasseur de sorcières.
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Bang, qui fut à l ’origine de sa dénomination, il n’y a pas d ’apparition de matière, ni
d ’énergie, ni de quoi que ce soit d ’autre. Et cette situation ne changera pas, quelle que soit
la description ultérieure améliorée, puisque le temps ou l ’espace ne sont jamais définis
avant l ’apparition de la matière.
En fait, toutes les propriétés d ’une création sont absentes : il n’existe aucun « instant »
de création, aucune apparition à partir de rien, aucun choix possible de quelconques
conditions « initiales » piochées dans un certain ensemble de possibilités et, comme nous
le verrons plus en détail plus loin, pas même un quelconque choix de « lois » physiques
particulières à partir d ’un quelconque ensemble d ’éventualités.
En résumé, le Big Bang n’ implique ni ne nourrit aucun processus de création. Il n’était
pas un événement, pas un commencement et pas non plus une situation de création. Il est
impossible de poursuivre l ’ascension de la Montagne Mouvement si nous ne pouvons
Défi 320 pe pas accepter chacune de ces trois conclusions. Les renier revient à persévérer dans le
domaine des croyances et des préjugés, donc à renoncer définitivement à progresser dans
notre aventure.
Remarquez que cette exigence n’est pas nouvelle. En fait, elle était déjà contenue impli-
Page 41 citement dans l ’équation (1) au tout début de notre excursion, de même que dans toutes
les suivantes. Elle apparaît de manière encore plus flagrante à ce niveau. Mais finalement
qu ’est-ce que le Big Bang ? Nous le découvrirons dans l ’ultime partie de notre ascension.
Nous revenons maintenant sur la discussion concernant ce que les étoiles peuvent nous
enseigner sur la nature.
* Cette phrase suscitera toujours des réactions fortes de la part des physiciens, elle sera analysée plus en
détail dans la section sur la théorie quantique.
le mouvement dans l ’ univers 227
let sont majoritairement absorbés. Les explications résident dans le comportement des
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molécules qui composent l ’air, à savoir principalement l ’azote, l ’oxygène et quelques
autres gaz transparents. Plusieurs satellites et planètes du Système solaire possèdent des
atmosphères opaques : nous avons en fait beaucoup de chance de pouvoir contempler les
étoiles.
En réalité, l ’air lui-même n’est pas parfaitement transparent, ses molécules diffusent
très légèrement la lumière. Cela explique pourquoi le ciel et les montagnes lointaines pa-
raissent bleus et le coucher du soleil paraît rouge*, et pourquoi les étoiles sont invisibles
en cours de journée. L’atmosphère est même opaque à de nombreuses longueurs d ’onde
éloignées du spectre visible, comme l ’ indique la Figure 86. (Elle est également opaque
pour toutes les longueurs d ’onde inférieures à 200 nm, jusqu ’aux rayons gamma. Sur
la grande étendue du spectre électromagnétique, elle reste transparente jusqu ’à une lon-
gueur d ’onde d ’environ 10 à 20 m, en fonction de l ’activité solaire, où l ’opacification due
à l ’ ionosphère se met en place.)
En second lieu, nous pouvons voir le Soleil parce que celui-ci, comme tous les corps
chauds, émet de la lumière. Nous allons par la suite décrire en détail l ’ incandescence,
Page 145 puisque c ’est comme cela que cet effet est dénommé.
Troisièmement, nous pouvons voir la lumière du jour parce que nous sommes,
comme notre environnement et le voisinage du Soleil, plus froids que le Soleil lui-même.
En réalité, les corps incandescents peuvent être discernés de leur arrière-plan unique-
ment si celui-ci est plus froid. C ’est une conséquence des propriétés de l ’émission incan-
descente de lumière, généralement appelée rayonnement de corps noir. Ce rayonnement
est indépendant de la matière, de telle sorte que, pour un milieu ayant la même tempéra-
ture que le corps, nous ne pouvons absolument rien discerner de particulier. Pour preuve,
jetez simplement un œil sur la photographie de la page 121.
Enfin, nous pouvons voir le Soleil parce qu ’ il n’est pas un trou noir. S ’ il l ’était, il
n’émettrait (pratiquement) pas de lumière.
* La diffusion de l ’air fait que le ciel est également bleu la nuit, comme nous pouvons le démontrer par des
photos à longue pose. (Consultez, par exemple, la Figure 67.) Néanmoins, nos yeux ne sont pas capables de
le percevoir, et les faibles intensités de lumière font qu ’ il nous apparaît comme noir.
228 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
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La couleur fondamentale déterminée par la température est modifiée par deux effets.
Le premier, le décalage Doppler vers le rouge z, dépend de la vitesse v relative entre la
Défi 321 pe source et l ’observateur, comme suit
√
z= = −1=
∆λ f S c+v
−1 . (261)
λ fO c−v
De tels décalages jouent un rôle significatif uniquement pour des étoiles visibles éloi-
gnées, et donc pâles, observées au moyen de télescopes. À l ’ œil nu, les décalages Dop-
pler ne peuvent être perçus. Mais ceux-ci peuvent faire en sorte que des astres lointains
brillent dans l ’ infrarouge au lieu du domaine spectral visible. En fait, les plus forts déca-
lages Doppler observés pour des objets lumineux sont supérieurs à 5,0, correspondant à
Défi 322 pe une vitesse de récession de plus de 94 % de la vitesse de la lumière. Remarquez que dans
l ’ Univers le décalage vers le rouge est également relié au facteur d ’échelle R(t) par
R(t 0 )
z=
R(t émission )
−1 . (262)
La lumière émise avec un décalage spectral de 5,0 l ’a donc été lorsque l ’ Univers avait un
sixième de son âge actuel.
L’autre effet qui modifie la couleur, le décalage vers le rouge gravitationnel z g , dépend
de la densité de matière de la source et est donné par
zg = = −1= √
∆λ f S 1
−1 . (263)
λ f0 1 − 2G M
2
c R
Il est généralement beaucoup plus petit que le décalage Doppler. Pouvez-vous le confir-
Défi 323 pe mer ?
Nous ne connaissons aucun autre processus de décalage vers le rouge. De surcroît, de
le mouvement dans l ’ univers 229
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G 5,8 kK Soleil écliptique jaune
K 3,5(4) kK Aldébaran α Tauri orange
M 2,8(5) kK Bételgeuse α Orionis rouge
D < 80 kK – – quelconque
Remarques : les naines blanches, ou étoiles de classe D, sont des résidus d ’étoiles ayant explosé, avec une
taille de seulement quelques dizaines de kilomètres. Elles ne sont pas toutes blanches, elles peuvent être
jaunes ou rouges. Elles représentent 5 % de toutes les étoiles. Aucune n’est visible à l ’ œil nu. Les
incertitudes dans les derniers chiffres de la température sont indiquées entre parenthèses.
La taille de toutes les autres étoiles est une variable indépendante et est parfois accolée en chiffres romains
à la fin du type spectral. (Sirius est une étoile A1V, Arcturus une étoile K2III.) Des géantes et supergéantes
existent dans toutes les classes allant de O à M.
Pour accueillir les naines brunes, deux nouvelles classes stellaires, L et T, ont été proposées.
Page 240 tels processus contrediraient toutes les propriétés connues de la nature. Mais le problème
de la couleur nous conduit à la question qui suit.
étoile étoile
Terre
deuxième image
deuxième image
F I G U R E 87 Comment une étoile peut conduire à la formation de plusieurs images.
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gravitationnelles
“
Per aspera ad astra*.
”
Sommes-nous certains que la nuit deux étoiles sont réellement distinctes ? La réponse
est non. On a montré récemment que deux « étoiles » étaient en réalité deux images du
même objet. Cela fut relevé en comparant le vacillement lumineux des deux images. On a
découvert que l ’oscillation d ’une des images était exactement identique à l ’autre, décalée
simplement de 423 jours. Ce résultat fut découvert par l ’astrophysicien estonien Jaan
Pelt et son groupe de recherche, pendant l ’observation de deux images de quasars dans
Réf. 201 le système Q0957+561.
Ces deux images sont la conséquence de l ’ effet de lentille gravitationnelle, comme in-
diqué sur la Figure 87. En réalité, une énorme galaxie, beaucoup plus proche de la Terre,
peut être aperçue entre les deux images. Cet effet avait déjà attiré l ’attention d ’ Einstein,
mais il ne pensait pas qu ’ il était observable. Le père légitime de l ’effet de lentille gravita-
Réf. 202 tionnelle est Fritz Zwicky, qui prédit en 1937 que cet effet serait plutôt répandu et facile
à observer si l ’on s’ intéressait à des galaxies situées sur la ligne de visée plutôt qu ’à des
d ’étoiles. Et effectivement, cela s’est révélé être le cas.
De façon intéressante, lorsque le temps de propagation est connu, les astronomes sont
capables de déterminer la taille de l ’ Univers à partir de cette observation. Pouvez-vous
Défi 324 pe imaginer comment ?
En fait, si les deux objets observés sont alignés exactement l ’un derrière l ’autre, celui
qui est le plus éloigné est vu sous la forme d ’un anneau entourant le plus proche. De tels
anneaux ont effectivement été observés, et l ’ image de la galaxie autour d ’une galaxie
centrale située en avant-plan à l ’emplacement de B1938+666, indiquée sur la Figure 88,
en représente l ’un des exemples les plus magnifiques. En 2005, plusieurs cas de lentilles
gravitationnelles engendrées par des étoiles ont également été signalés. Trois exemples
* « Des sentiers ardus jusqu ’aux étoiles. » Une célèbre locution latine. Fréquemment citée de manière incor-
recte par « per ardua at astra ».
le mouvement dans l ’ univers 231
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F I G U R E 89 Images bleues multiples d’une
galaxie formées par l’amas en jaune
CL0024+1654. (NASA)
encore plus intéressants, où l ’une des deux étoiles possède une planète de masse compa-
rable à la Terre, ont également été observés. Les années à venir conduiront certainement à
de nombreuses observations complémentaires, à l ’aide notamment du programme d ’ob-
servation céleste de l ’ hémisphère Sud qui analyse la luminosité d ’environ 100 millions
d ’étoiles chaque nuit.
En règle générale, les images d ’étoiles proches de nous sont véritablement uniques,
mais pour les étoiles distantes, ce problème est plus épineux. Globalement, pour des
étoiles seules, cette répercussion n’est pas très conséquente. De manière rassurante,
seules quelque 80 images multiples d ’étoiles ont été identifiées jusqu ’à présent. Mais
lorsque des galaxies entières sont observées en même temps sous forme de plusieurs
images distinctes (et pour le moment on en a décelé plusieurs douzaines), nous pour-
rions commencer à nous sentir déconcertés. Dans la situation de l ’amas de galaxies
CL0024+1654, indiqué sur la Figure 89, on aperçoit sept images bleues, minces et allon-
gées de la même galaxie lointaine, autour des galaxies elliptiques jaunes plus proches de
nous.
232 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
Si des images multiples peuvent être engendrées par des lentilles gravitationnelles, la
forme de l ’ Univers pourrait également y ajouter son petit grain de sel.
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est simplement connexe. Mais pour des distances plus grandes, nous ne pouvons prati-
quement rien affirmer. Les recherches sur les sursauts gamma nous informeront peut-
être sur la topologie, puisque ces sursauts se sont produits pour la plupart à l ’aube des
temps*. Peut-être même l ’étude des fluctuations du rayonnement de fond diffus cosmolo-
gique nous en dira-t-elle plus. Toutes ces recherches en sont encore à leurs balbutiements.
Puisque nous en savons peu, nous pouvons nous interroger sur l ’ensemble des ré-
ponses possibles. Comme mentionné ci-dessus, dans le modèle standard de la cosmolo-
gie avec k = 1, l ’espace-temps est généralement considéré comme étant un produit entre
un temps linéaire, ayant la topologie R de la droite réelle, et une sphère S 3 pour l ’espace.
Cela constitue la forme la plus élémentaire possible, correspondant à un Univers sim-
plement connexe. Pour k = 0, la topologie la plus simple pour l ’espace est l ’espace réel
tridimensionnel R3 , et pour k = −1 c ’est une variété hyperbolique H3 .
Page 216 De surcroît, la Figure 82 avait montré que, en fonction de la valeur de la constante cos-
mologique, l ’espace pouvait être fini et délimité, ou infini et sans bords. Selon les calculs
de Friedmann–Lemaître, la simple connexité est ordinairement implicitement présumée,
bien qu ’elle ne soit pas du tout requise.
Il se pourrait bien que l ’espace-temps soit multiplement connexe, comme une version
d ’un tore de dimension supérieure. Il pourrait également y avoir des topologies encore
plus complexes**. Dans ces circonstances, il se pourrait même que le véritable nombre
de galaxies soit beaucoup plus petit que celui que l ’on observe. Cette situation correspon-
drait à un kaléidoscope, où quelques perles produisent un grand nombre d ’ images par
réflexion. De plus, des surprises topologiques pourraient aussi être camouflées derrière
l ’ horizon.
En réalité, l ’étendue des possibilités n’est pas limitée aux cas de connexité simple et
* Cette histoire est contée du point de vue mathématique par B ob Osserman, Poetry of the Universe, 1996.
** La métrique de Friedmann–Lemaître est également valable pour n’ importe quel quotient des topologies
simples mentionnées ci-dessus par un groupe d ’ isométries, engendrant des espaces diédraux et des espaces
lenticulaires dans le cas où k = 1, des tores dans le cas où k = 0, et n’ importe quelle variété hyperbolique
Réf. 204 dans le cas où k = −1.
le mouvement dans l ’ univers 233
Réf. 205
Kilgore Trout, Venus on the Half Shell.
L’ horizon est une entité compliquée. En fait, tous les modèles cosmologiques
montrent qu ’ il s’éloigne hâtivement de nous. Un examen minutieux révèle que pour un
”
Défi 325 pe Univers dominé par la matière l ’ horizon s’éloigne de nous à une vitesse
v horizon = 3c . (264)
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rière l ’ horizon ?
Si l ’ Univers est ouvert ou marginal (juste à la limite), la matière que nous voyons la
nuit est identifiée par la relativité générale, appliquée de manière directe, comme repré-
sentant une portion – littéralement – infiniment petite de toute la matière qui existe. En
fait, un Univers ouvert ou marginal implique qu ’ il y a une quantité infinie de matière
Défi 326 pe derrière l ’ horizon. Une telle affirmation est-elle réfutable ?
Dans un Univers fermé, on conjecture toujours que de la matière se trouve derrière
l ’ horizon, mais dans ce cas cela n’en concerne qu ’une quantité finie.
En bref, le modèle standard de la cosmologie établit qu ’ il y a une grande quantité de
matière située derrière l ’ horizon. Comme la majorité des cosmologistes, nous mettons
ce problème de côté pour l ’ instant et nous le ressortirons plus tard au cours de notre pro-
menade. Une description précise de ce sujet est apportée par l ’ hypothèse de l ’ inflation.
“
Die Energie der Welt ist constant. Die Entropie
der Welt strebt einem Maximum zu*.
Rudolph Clausius
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comportement de la matière aux températures extrêmement élevées, et par la densité
d ’énergie émise à plus basse température. Le rapport précis est toujours un sujet de re-
cherches intenses. Mais ce problème soulève également une question en rapport avec
la citation ci-dessus. L’ initiateur du mot « entropie », Rudolph Clausius, avait-il raison
lorsqu ’ il formula cette célèbre déclaration ? Portons notre regard sur ce que la relativité
générale dit concernant tout cela.
En relativité générale, une énergie totale peut effectivement être définie, contrairement
à l ’énergie localisée, qui ne le peut pas. L’énergie totale de toute la matière et du rayon-
nement est en réalité une constante du mouvement. Elle est donnée par la somme des
contributions baryonique, lumineuse et celle relative aux neutrinos :
c 2 M0 c2
E = Eb + E γ + E ν ≈ + ... + ... ≈ + ... . (265)
T0 G
Cette valeur est constante uniquement lorsqu ’elle est intégrée sur l ’ Univers tout entier,
et non quand on prend seulement en considération l ’ intérieur de l ’ horizon**.
De nombreuses personnes y ajoutent aussi un terme d ’énergie gravitationnelle. Si
nous essayons d ’en faire autant, nous sommes obligés de le définir de telle manière qu ’ il
soit exactement égal à la valeur négative du terme précédent. Cette valeur pour l ’énergie
gravitationnelle conduit à la conjecture populaire qui stipule que l ’énergie totale de l ’ Uni-
vers doit être nulle. Autrement dit, le nombre d ’étoiles pourrait également être limité par
cette relation.
Cependant, la discussion sur l ’ entropie laisse entrevoir une question subtile derrière
toutes ces formulations apparemment évidentes. Beaucoup de gens ont tenté d ’attribuer
Réf. 207 des valeurs à l ’ entropie de l ’ Univers. Certains ont vérifié si la relation
kc 3 A kG
S= = 4πM 2 , (266)
Għ 4 ħc
Défi 327 pe qui est correcte pour les trous noirs, s’applique également à l ’ Univers. Cela présuppose
que toute la matière et tout le rayonnement de l ’ Univers peuvent être décrits par une
certaine température moyenne. Ils avancent l ’ idée que l ’entropie de l ’ Univers est éton-
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l ’ Univers ressembleraient à son état macroscopique.
L’explication fondamentale est l ’ impossibilité d ’appliquer le concept d ’ état à l ’ Uni-
Page 25 vers. Nous avons tout d ’abord défini l ’état comme étant toutes ces propriétés d ’un sys-
tème qui nous permettent de le distinguer des autres systèmes ayant les mêmes propriétés
intrinsèques, ou qui diffèrent d ’un observateur à un autre. Vous devriez pouvoir vérifier,
pour votre culture personnelle, que pour l ’ Univers de telles propriétés qui déterminent
Défi 328 s un état n’existent nullement.
Nous pouvons parler de l ’état de l ’espace-temps, et nous pouvons définir l ’état de
la matière et de l ’énergie. Mais nous ne pouvons pas évoquer l ’état de l ’ Univers, parce
que ce concept ne possède aucun sens. S ’ il n’y a pas d ’état pour l ’ Univers, il n’y a pas
d ’entropie qui lui soit associée. Et il n’y a pas non plus de valeur pour l ’énergie. C ’est en
fait l ’unique conclusion correcte que nous puissions tirer concernant cette question.
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Pouvons-nous faire une distinction entre l ’expansion de l ’espace et l ’éloignement des
galaxies ? Oui, nous le pouvons. Pouvez-vous découvrir un argument ou imaginer une
Défi 330 pe expérience permettant de faire cette distinction ?
L’expansion de l ’ Univers ne s’applique pas à l ’espace situé sur Terre. Cette expansion
est calculée pour une distribution homogène et isotrope de la masse. La matière n’est ni
homogène ni isotrope au sein des galaxies, l ’approximation du principe cosmologique
n’est donc pas valable ici-bas. On a même vérifié expérimentalement, par l ’étude des
Réf. 209 spectres atomiques provenant de divers endroits du Système solaire, qu ’ il n’y a pas de
récession de Hubble dans notre voisinage immédiat.
“
Si les astres étaient immobiles, le temps et
l ’espace n’existeraient plus.
Les deux bras que possèdent les hommes ont joué un rôle crucial dans les discussions
sur le mouvement, et particulièrement dans le développement de la relativité. En obser-
vant le firmament la nuit, nous pouvons formuler une observation élémentaire, si nous
relâchons nos bras. Lorsque nous sommes immobiles, nos bras restent le long du corps.
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— L’ inertie est due à l ’ interaction avec le reste de l ’ Univers.
Cette variante est plus controversée. Nombreux sont ceux qui l ’ interprètent comme vou-
lant indiquer que la masse d ’un objet dépend de la distribution de masse présente dans
le reste de l ’ Univers. Cela signifierait que nous avons besoin d ’examiner si la masse est
anisotrope lorsqu ’un énorme corps est situé à proximité. Bien évidemment, cette ques-
tion a été étudiée expérimentalement : nous avons simplement besoin d ’évaluer si une
particule possède la même valeur de masse lorsqu ’elle est accélérée dans différentes direc-
tions. Il n’est pas surprenant qu ’aucune anisotropie de ce type n’ait été décelée jusqu ’à
Réf. 211 un très haut niveau de précision. Par conséquent, beaucoup en ont conclu que le principe
de Mach est faux, alors que d ’autres en ont conclu, non sans difficulté, que ce sujet n’est
Réf. 212 pas encore définitivement tranché.
Mais en réalité, il est aisé de voir que Mach ne pouvait pas sous-entendre une variation
de masse : nous devrions alors également conclure que la masse est dépendante de la
distance, même en physique galiléenne. Mais nous savons que ce n’est pas vrai, personne
Défi 332 pe en son for intérieur n’a eu un quelconque doute là-dessus.
Toute cette discussion est due à un malentendu sur ce que nous entendons par « iner-
tie » : nous pouvons l ’ interpréter comme étant une masse inertielle ou comme étant un
mouvement inertiel (comme les bras en mouvement sous les étoiles). Il n’existe aucune
preuve flagrante indiquant que Mach croyait soit à la masse anisotrope, soit à la masse
dépendante de la distance. Toute cette discussion constitue un exemple d ’ individus an-
nonçant fièrement ne pas faire une erreur, qui est abusivement attribuée à une autre per-
sonne présumée plus sotte**.
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Au repos dans l ’ Univers
Il n’existe aucun référentiel de prédilection en relativité restreinte, aucun espace ab-
solu. En est-il de même dans l ’ Univers réel ? Non, il existe un référentiel privilégié. En
fait, dans la cosmologie standard du Big Bang, la galaxie moyenne est au repos. Bien que
nous parlions du Big Bang, n’ importe quelle galaxie moyenne peut proclamer à juste titre
qu ’elle est au repos. Chacune d ’entre elles est en chute libre. La meilleure concrétisation
de ce référentiel privilégié est fournie par le rayonnement du fond diffus.
Autrement dit, le ciel nocturne est noir parce que nous nous déplaçons avec une vi-
tesse pratiquement nulle à travers le rayonnement de fond diffus. Si la Terre avait une
vitesse relative conséquente par rapport à ce milieu, le ciel paraîtrait brillant même la
nuit grâce à l ’effet Doppler agissant sur ce fond diffus. En d ’autres termes, le fait que le
ciel nocturne soit sombre dans toutes les directions est une conséquence de notre lente
progression par rapport au rayonnement de fond diffus.
Ce mouvement « lent » possède une vitesse de 368 km/s. (C ’est la valeur attribuée au
mouvement du Soleil, mais il y a des variantes dues à l ’ajout du mouvement de la Terre.)
Cette valeur est énorme par rapport à celles de notre vie quotidienne, mais ridicule com-
parée à la vitesse de la lumière. Des études plus approfondies ne contredisent pas cette
conclusion. Même le mouvement de la Voie lactée et celui du Groupe local par rapport
au rayonnement de fond diffus cosmologique sont de l ’ordre de 600 km/s, ce qui est tou-
jours bien en deçà de la vitesse de la lumière. Les raisons pour lesquelles la Galaxie et
le Système solaire se déplacent à ces vitesses « faibles » à travers l ’ Univers ont déjà été
Défi 334 pe étudiées dans notre excursion. Pouvez-vous en faire une synthèse ?
Par ailleurs, le terme « Univers » est-il approprié ? Est-ce que l ’ Univers tourne, comme
l ’ indique son étymologie ? Si par Univers nous entendons l ’ intégralité du milieu qui
baigne le cosmos, la question n’a pas de sens, parce que la rotation n’est définie que
pour des corps, c ’est-à-dire pour des parties de l ’ Univers. En revanche, si par Univers
nous entendons seulement « toute la matière », la réponse peut être déterminée par des
Réf. 213 expériences. Il apparaît que cette rotation, si elle existe, est extrêmement petite : des rele-
vés du rayonnement de fond diffus cosmologique montrent qu ’au cours de sa durée de
le mouvement dans l ’ univers 239
vie l ’ Univers ne peut pas avoir tourné de plus d ’un centième de millionième de tour !
En bref, « Univers » est un terme inapproprié.
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Réf. 214 deux rayons lumineux parallèles, même si elle altère vraiment la trajectoire de rayons lu-
mineux antiparallèles*. La raison est que, pour des rayons parallèles se déplaçant à la vi-
tesse de la lumière, la composante gravitomagnétique annule exactement la composante
Défi 335 pe gravitoélectrique.
Puisque la lumière n’attire pas la lumière qui se déplace avec elle, elle n’est pas déran-
gée par sa gravité durant les millions d ’années qu ’elle met pour parvenir jusqu ’à nous
depuis les astres lointains. La lumière n’attire ni ne perturbe la lumière se propageant à
côté d ’elle. Jusqu ’à présent, tous les effets connus de la mécanique quantique ont égale-
ment confirmé cette conclusion.
L a lumière se désintègre-t-elle ?
Dans la section sur la théorie quantique, nous rencontrerons des expériences démon-
trant que la lumière est constituée de particules. Il est plausible que ces photons puissent
se désintégrer en d ’autres particules, encore non découvertes, ou en photons de plus basse
fréquence. Si cela se produisait réellement, nous ne pourrions pas observer les étoiles
lointaines.
Mais toute désintégration signifierait aussi que la lumière change de direction (pour-
Défi 336 pe quoi ?) et donc qu ’elle engendre des images voilées des objets distants. Toutefois, nous
n’observons aucun flou. En outre, le physicien soviétique Matvey Bronstein mit en évi-
dence dans les années 1930 le fait que tout processus de désintégration de la lumière
Réf. 215 engendrerait une décroissance plus importante pour les basses fréquences. Lorsque le
décalage des ondes radio a été vérifié, en particulier celui de la fameuse raie de 21 cm, et
qu ’ il a été comparé au décalage de la lumière issue de la même source, aucune différence
n’a été décelée pour chacune des galaxies examinées.
Certains ont même vérifié que la constante de structure fine de Sommerfeld, qui dé-
Réf. 216 termine la couleur des objets, ne varie pas au cours du temps. Hormis une prétention
erronée datant de ces dernières années, aucun changement n’a pu être détecté sur des
* Des rayons antiparallèles sont des rayons parallèles voyageant dans des directions opposées.
240 5 pourquoi pouvons-nous contempler les étoiles ?
milliards d ’années.
Bien entendu, au lieu de se désintégrer, la lumière pourrait également être frappée par
une certaine entité encore inconnue. Mais cette éventualité est exclue pour les mêmes
Défi 337 pe raisons. Ces investigations montrent également qu ’ il n’existe aucun mécanisme de dé-
calage vers le rouge supplémentaire dans la nature, mis à part les décalages Doppler et
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Chapitre 6
T ROU S NOI R S – L’ ÉT E R N E L L E
“
Qui iacet in terra non habet unde cadat*.
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la limite de la nature concernant la longueur divisée par la masse. Ils produisent la valeur
de la force la plus élevée possible dans la nature ; par conséquent, ils engendrent de fortes
courbures de l ’espace-temps. Ainsi, les trous noirs ne peuvent pas être étudiés sans l ’aide
de la relativité générale. De surcroît, leur étude constitue un cheminement essentiel vers
l ’unification et la description définitive du mouvement.
« Trou noir » est un raccourci pour dire « objet dont l ’effondrement gravitationnel est
Réf. 109 achevé ». Pendant de nombreuses années, nous n’avons pas vraiment su s’ ils existaient
ou non. Mais les données expérimentales disponibles ont maintenant conduit la plupart
des spécialistes à conclure qu ’un trou noir est logé au centre de la majorité des galaxies, y
Réf. 217 compris la nôtre. L’existence des trous noirs est également suspectée au cœur des quasars
et des sursauts gamma. Il semble que l ’évolution des galaxies et celle des trous noirs
soient fortement corrélées. De plus, une demi-douzaine de trous noirs plus petits ont été
identifiés un peu partout dans notre galaxie. Pour ces raisons et beaucoup d ’autres, les
trous noirs, les systèmes les plus impressionnants, les plus puissants et les plus relativistes
Réf. 218 de la nature, représentent un sujet d ’étude fascinant.
Horizons
La vitesse de libération est la vitesse nécessaire pour propulser un projectile de telle
manière qu ’ il ne retombe jamais. Elle dépend de la masse et de la taille de la planète
depuis laquelle ce lancer se produit. Que se passe-t-il lorsqu ’une planète ou une étoile
possède une vitesse de libération supérieure à la vitesse c de la lumière ? Ce type d ’objet
fut tout d ’abord imaginé par le géologue britannique John Michell en 1784, et de manière
Réf. 219 indépendante par le mathématicien français Pierre Laplace en 1795, bien longtemps avant
que la relativité générale ne fût développée. Michell et Laplace se rendirent compte de
quelque chose de fondamental : même si cet objet ayant une vitesse de libération si élevée
était une étoile chaude, il nous apparaîtrait comme étant parfaitement noir. Cet objet
empêcherait toute lumière de le quitter. De plus, il engloutirait toute la lumière provenant
* « Celui qui est debout sur le sol ne peut tomber plus bas. » Le nom original de l ’auteur est Alain de Lille
(v. 1128–1203).
242 6 trous noirs – l ’ éternelle chute
Réf. 109 de derrière. En 1967, John Wheeler* inventa l ’expression, dorénavant consacrée, de trou
noir.
Un court calcul suffit pour démontrer que la lumière ne peut pas s’échapper d ’un
corps de masse M, à chaque fois que le rayon est plus petit qu ’une valeur critique donnée
Défi 338 pe par
RS = 2
2GM
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çon d ’observer un objet plus petit que le rayon de Schwarzschild, de la même manière
qu ’un objet se déplaçant plus vite que la lumière ne peut être observé. Cependant, nous
pouvons observer des trous noirs (indirectement, bien sûr [N.d.T.]) – le cas limite – de
la même manière que nous pouvons apercevoir les entités se déplaçant à la vitesse de la
lumière.
Lorsqu ’une masse s’approche du rayon critique R S , deux choses se produisent. Pre-
mièrement, l ’accélération propre locale pour des masses ponctuelles (imaginaires) aug-
mente à l ’ infini. Pour des objets réalistes de taille finie, le trou noir exerce la force la plus
forte possible qui soit dans la nature. Quelque chose qui tombe dans un trou noir ne peut
plus en être retiré. Un trou noir engloutit donc toute la matière qui chute dedans. Il agit
comme un aspirateur cosmique.
À la surface d ’un trou noir, le facteur de décalage vers le rouge pour un observateur
éloigné augmente également à l ’ infini. Le rapport entre ces deux quantités est appelé la
Défi 339 pe gravité de surface d ’un trou noir. Il est donné par
c4 c2
дsurf = = =
GM
. (268)
R S2 4GM 2R S
horizon des
événements
de force et de puissance maximales. Ces propriétés sont suffisantes pour satisfaire toutes
les questions concernant les effets dus aux horizons. Par exemple : que se passe-t-il lors-
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Défi 340 pe qu ’un faisceau lumineux est envoyé vers le haut depuis l ’ horizon ? Et d ’une position
située légèrement au-dessus de l ’ horizon ?
Les trous noirs, considérés comme étant des objets astronomiques, sont donc diffé-
rents des planètes. Pendant la formation des planètes, la matière s’amoncelle en gru-
meaux, et tant qu ’elle ne peut pas être comprimée davantage un équilibre est trouvé,
lequel détermine le rayon de la planète. C ’est le même mécanisme qui se produit lors-
qu ’une pierre est jetée vers la Terre : elle cesse de chuter lorsqu ’elle frappe le sol. Un
« sol » est formé à chaque fois que de la matière heurte une autre matière. Dans le cas
d ’un trou noir, il n’y a pas de sol, toutes les choses continuent de chuter. C ’est pourquoi,
en langue russe, les trous noirs sont communément appelés des collapsars*.
Cette chute perpétuelle se produit lorsque la concentration de matière est si impor-
tante qu ’elle surpasse toutes les interactions qui font que la matière est impénétrable dans
Réf. 220 la vie courante. En 1939, Robert Oppenheimer** et Hartland Snyder ont montré qu ’en
théorie un trou noir se forme à chaque fois qu ’une étoile de masse suffisante cesse de
brûler. Lorsqu ’une étoile suffisamment massive s’éteint, les interactions qui façonnent
son « sol » disparaissent, et toutes les choses continuent de chuter ad vitam aeternam.
Un trou noir est de la matière en chute libre permanente. Néanmoins, son rayon pour
un observateur extérieur demeure constant ! Mais ce n’est pas tout. À cause de cette chute
libre perpétuelle, les trous noirs représentent le seul état de la matière qui soit en équilibre
thermodynamique ! En un certain sens, les sols et tous les autres états quotidiens de la
matière sont métastables*** : ces structures ne sont pas aussi stables que les trous noirs.
La propriété caractéristique d ’un trou noir est donc son horizon. La première fois
* C ’est une abréviation de l ’expression anglaise « collapsed star » ou « étoile effondrée ». [N.d.T.]
** Robert Oppenheimer (1904–1967) est un important physicien américain. Il peut être désigné comme le
père de la physique théorique aux États-Unis. Il travailla sur la théorie quantique et la physique atomique. Il
prit alors la tête du groupe qui développa la bombe nucléaire durant la Seconde Guerre mondiale. Il fut égale-
ment la plus éminente victime (innocente) de l ’une des plus grandes « chasses aux sorcières » jamais organi-
sées dans son propre pays. Consultez aussi le site books.nap.edu/openbook.php?record_id=5737&page=175.
*** C ’est-à-dire qu ’ ils sont cinétiquement stables mais pas thermodynamiquement. [N.d.T.]
244 6 trous noirs – l ’ éternelle chute
que nous avons rencontré les horizons, ce fut en relativité restreinte, dans la section sur
Page 84 les observateurs accélérés. Les horizons dus à la gravitation sont analogues au regard de
toutes leurs propriétés ; la section sur la force et la puissance maximales en a fourni une
première impression. L’unique différence que nous avons relevée est due à l ’omission
de la gravitation en relativité restreinte. Par conséquent, les horizons dans la nature ne
dr 2
di 2 = (1 − )dt − r 2 dφ2 /c 2 .
2GM 2
− (269)
rc 2 2G M
1 − rc 2
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puisque le temps propre i d ’un observateur situé au rayon r est relié au temps t d ’un
observateur situé à l ’ infini via
√
di = 1 −
2GM
dt , (270)
rc 2
nous en déduisons qu ’un observateur situé sur l ’ horizon devrait avoir un temps propre
évanescent. Autrement dit, à l ’ horizon le décalage vers le rouge est infini. (En fait, la
surface de décalage vers le rouge infini et l ’ horizon coïncident uniquement pour des
trous noirs statiques. Pour des trous noirs en rotation, les deux surfaces sont distinctes.)
Tout ce qui se passe sur l ’ horizon progresse avec une lenteur infinie, comme le remarque
un observateur éloigné. En d ’autres termes, pour un observateur distant qui examine ce
qui se passe sur l ’ horizon lui-même, absolument rien ne se produit jamais.
De la même façon que des observateurs ne peuvent pas atteindre la vitesse de la lu-
mière, ceux-ci ne peuvent pas parvenir à un horizon. Pour un deuxième observateur, la
seule chose qui puisse se produire est que le premier se déplace presque aussi vite que la
lumière. De la même manière, pour un deuxième observateur, la seule chose qui puisse
se produire est que le premier ait presque atteint l ’ horizon. De surcroît, un voyageur ne
peut pas savoir de combien il se rapproche de la vitesse de la lumière pour un autre, et
ressent la vitesse de la lumière comme étant inaccessible. De la même manière, un voya-
geur (dans un vaste trou noir) ne peut pas avoir une idée de combien il est proche d ’un
horizon et imagine que ce dernier est inaccessible.
En relativité générale, on prédit que les horizons, quels que soient leurs types, sont
noirs. Puisque la lumière ne peut s’en échapper, les horizons classiques sont des sur-
faces parfaitement sombres. En fait, les horizons sont les entités les plus ténébreuses qui
puissent être imaginées : rien dans la nature n’est plus sombre. Néanmoins, nous décou-
vrirons plus tard que les horizons physiques ne sont pas complètement noirs.
trous noirs – l ’ éternelle chute 245
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F I G U R E 91 Mouvements d’objets non chargés tournant autour d’un trou noir statique – pour différents
paramètres d’impact et vitesses initiales.
Orbites
Puisque les trous noirs courbent vigoureusement l ’espace-temps, un corps se dépla-
Réf. 215 çant au voisinage d ’un trou noir se comporte de manière beaucoup plus complexe que
prévu par la gravitation universelle. Dans celle-ci, les trajectoires sont des ellipses, des
paraboles ou des hyperboles, qui sont toutes des courbes planes. Il apparaît que les tra-
jectoires se situent dans un plan, uniquement près des trous noirs qui ne sont pas en
rotation*.
Autour des trous noirs statiques, également appelés trous noirs de Schwarzschild, les
trajectoires circulaires sont impossibles pour des rayons inférieurs à 3R S /2 (pouvez-vous
Défi 342 pe montrer pourquoi ?) et sont instables si elles sont soumises à des perturbations allant de
cette valeur jusqu ’à un rayon de 3R S . Les orbites circulaires ne sont stables qu ’à des
rayons plus importants. Autour des trous noirs, il n’existe pas de trajectoire elliptique, le
trajet correspondant en forme de rosace est indiqué sur la Figure 91. Une telle trajectoire
révèle la célèbre avancée du périastre dans toute sa splendeur.
Remarquez que le potentiel situé autour d ’un trou noir n’est pas significativement
Défi 343 pe différent de 1/r pour des distances supérieures à environ quinze rayons de Schwarzschild.
Pour un trou noir de la masse du Soleil, cela se situerait à 42 km de son centre : par
conséquent, nous ne serions pas en situation de déceler une différence quelconque dans
* Pour de telles trajectoires, la loi de Kepler reliant la distance moyenne à la période de l ’orbite
GMt 3
= r3
(2π)2
(271)
Défi 341 pe reste valable, à condition que l ’on considère que le temps propre et le rayon soient mesurés par un observa-
teur lointain.
246 6 trous noirs – l ’ éternelle chute
orbite limite
orbite limite
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propriétés extrêmes. Si un nuage de poussière tombe dans un trou noir, la taille de ce
nuage augmente au cours de sa chute, jusqu ’à ce que celui-ci enveloppe l ’ horizon tout
entier. En fait, ce résultat est valable pour n’ importe quel corps étendu. Cette propriété
des trous noirs sera d ’une importance cruciale plus tard, lorsque nous discuterons de la
taille des particules élémentaires.
Pour des corps qui chutent depuis un lieu infiniment éloigné, la situation à proximité
des trous noirs est encore plus remarquable. Naturellement, il n’y a pas de trajectoire hy-
perbolique, seuls des trajets analogues aux hyperboles se présentent dans le cas de corps
s’approchant de manière suffisamment distante. Pour des paramètres d ’ impacts réduits,
mais pas trop petits, un corps effectuera un certain nombre de révolutions autour du
trou noir, avant de le quitter à nouveau. Ce nombre de révolutions augmente indéfini-
ment avec la réduction du paramètre d ’ impact, jusqu ’à ce qu ’une valeur soit atteinte
pour laquelle le corps est capturé à l ’ intérieur d ’une orbite d ’un rayon 2R, comme indi-
qué sur la Figure 91. Autrement dit, cette orbite capture des corps qui s’approchent s’ ils
la frôlent en deçà d ’un certain angle critique. À ce propos, souvenez-vous que dans la
gravitation universelle la capture n’est jamais possible. Pour des paramètres d ’ impacts
encore plus petits, le trou noir engloutit l ’objet qui se frotte à lui. Dans les deux cas – la
capture et la déviation –, un corps peut faire plusieurs tours autour du trou noir, tandis
que dans la gravitation universelle il est impossible de faire plus d ’un demi-tour autour
d ’un corps.
Cependant, les orbites qui paraissent les plus insensées sont celles qui correspondent
Défi 344 pe au cas parabolique de la gravitation universelle. (Celles-ci sont d ’ intérêt purement aca-
démique, puisqu ’elles se produisent avec une probabilité nulle.) En résumé, la relativité
altère radicalement les mouvements dus à la gravité.
Autour d ’un trou noir en rotation, les orbites de masses ponctuelles sont encore plus
complexes que celles indiquées dans la Figure 91. Pour des mouvements adéquats, par
exemple, les ellipses ne se tiennent plus dans un seul plan – à cause de l ’ effet Thirring–
Lense –, engendrant ainsi des orbites particulièrement enchevêtrées dans les trois dimen-
sions qui emplissent l ’espace autour du trou noir.
Pour la lumière passant à proximité d ’un trou noir, les trajectoires formées sont éga-
trous noirs – l ’ éternelle chute 247
lement intéressantes, comme indiqué sur la Figure 92. Il n’existe pas de distinction qua-
litative avec le cas des particules rapides. Pour un trou noir statique, le trajet se déroule
évidemment dans un seul plan. Naturellement, si la lumière passe assez près, elle peut
être fortement courbée, ou même capturée. À nouveau, la lumière peut aussi faire un ou
plusieurs tours autour du trou noir avant de repartir ou d ’être capturée. La limite entre
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Défi 347 pe tourne dans le sens opposé.
Pour des trous noirs chargés, les orbites décrites par des particules chargées en chute
sont encore plus alambiquées. Les lignes du champ électrique doivent être prises en
considération. Plusieurs effets fascinants surgissent, lesquels n’ont aucun équivalent avec
l ’électromagnétisme classique, comme des effets similaires à des versions électriques de
l ’effet Meissner. Le comportement de ces orbites constitue toujours un domaine de re-
cherches en pleine effervescence de la relativité générale.
Entropie et cheveux
Comment un trou noir est-il caractérisé ? Il apparaît que toutes les propriétés des trous
noirs découlent d ’un petit nombre de quantités élémentaires qui les déterminent, à savoir
la masse M, le moment cinétique J et la charge électrique Q*. Toutes les autres proprié-
tés – telles que la taille, la forme, la couleur, le champ magnétique – sont déterminées
de manière unique par celles-ci**. C ’est comme si, pour employer l ’analogie imagée de
Wheeler, nous pouvions déduire chaque trait particulier d ’une femme à partir de ses
dimensions, de sa taille et de sa hauteur. Les physiciens disent aussi que les trous noirs
« n’ont pas de cheveux », sous-entendant par là que les trous noirs (classiques) ne pos-
sèdent aucun autre degré de liberté. Cette expression fut également introduite par Whee-
* L’existence de trois caractéristiques fondamentales n’est pas sans rappeler le monde des particules. Nous
en découvrirons plus concernant le rapport qui existe entre les trous noirs et les particules dans la dernière
partie de notre ascension montagneuse.
** Principalement pour des raisons de reconnaissance vis-à-vis de leurs découvreurs, les trous noirs statiques
et électriquement neutres sont souvent appelés trous noirs de Schwarzschild, ceux en rotation et non chargés
Réf. 221 sont fréquemment appelés trous noirs de Kerr, d ’après Roy Kerr, qui découvrit les solutions correspondantes
des équations du champ d ’ Einstein en 1963. Des trous noirs électriquement chargés mais statiques sont
couramment appelés trous noirs de Reissner–Nordström, d ’après le physicien allemand Hans Reissner et le
physicien finlandais Gunnar Nordström. Le cas général, chargé et en rotation, est parfois baptisé des noms
Réf. 222 de Kerr et Newman.
248 6 trous noirs – l ’ éternelle chute
Réf. 223 ler*. Cette idée a été démontrée par Israel, Carter, Robinson et Mazur : ils ont montré que,
pour une masse, un moment cinétique et une charge donnés, il existe un seul trou noir
Réf. 224 possible. (Cependant, ce théorème d ’unicité n’est plus valable si le trou noir comporte
des nombres quantiques nucléaires, telles des charges faibles ou fortes.)
En d ’autres termes, un trou noir est indépendant de la manière dont il s’est formé et
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cM 4πε 0 c 4 c2
Cela découle de la limite des rapports entre longueur et masse à la base de la relativité
Défi 349 pe générale. Les trous noirs en rotation parvenant à la limite (272) sont baptisés trous noirs
extrémaux. Cette limite (272) implique que le rayon de l ’ horizon d ’un trou noir en gé-
néral est donné par
√
GM ⎛ J2 c2 Q2 ⎞
rh = 2 1 + 1− (273)
c ⎝ 4πε 0 GM ⎠
−
M G
4 2 2
Par exemple, pour un trou noir doté de la masse du Soleil et de la moitié de son mo-
ment cinétique, à savoir 2 ⋅ 1030 kg et 0,45 ⋅ 1042 kg m2 /s, la charge limite est d ’environ
1,4 ⋅ 1020 C.
Comment distinguons-nous les trous noirs en rotation de ceux qui sont statiques ? En
tout premier lieu par leur forme. Des trous noirs statiques doivent être sphériques (toute
Réf. 225 non-sphéricité est diffusée dans l ’espace sous forme d ’ondes gravitationnelles) et des
trous noirs en rotation possèdent une forme légèrement aplatie, uniquement déterminée
par le moment cinétique. À cause de leur rotation, leur surface de gravité infinie ou de
décalage vers le rouge infini, appelée la limite statique, est différente de leur horizon (ex-
terne). La région située entre les deux est baptisée l ’ ergosphère, un terme mal approprié
puisque ce n’est pas une sphère. (Elle est appelée ainsi parce que, comme nous le verrons
bientôt, elle peut être utilisée pour extraire de l ’énergie du trou noir.) Le mouvement
des corps situés dans l ’ergosphère peut être assez compliqué. Il suffit de mentionner que
Réf. 109 * Wheeler prétendit qu ’ il fut inspiré par la difficulté à faire des distinctions entre des hommes chauves ;
cependant, Feynman, Ruffini et d ’autres avaient une image anatomique claire dans leur esprit lorsqu ’ ils
affirmaient que « les trous noirs, contrairement à leur voisinage, n’ont pas de cheveux ».
Page 41 ** Nous en dirons plus à propos de la charge magnétique toujours hypothétique. Dans les trous noirs, elle
est introduite comme un type supplémentaire de charge dans toutes les expressions où la charge électrique
apparaît.
trous noirs – l ’ éternelle chute 249
axe de rotation
horizon des
événements
ergosphère
des trous noirs en rotation entraînent tout corps qui chute dedans vers une orbite qui les
encercle, ce qui est en contradiction avec les trous noirs statiques, qui avalent les corps
chutant vers eux. Autrement dit, des trous noirs en rotation ne sont pas vraiment des
« trous », mais plutôt des tourbillons.
La distinction entre des trous noirs rotatifs et statiques se manifeste également par
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l ’aire de l ’ horizon. L’aire A (de l ’ horizon) d ’un trou noir statique et non chargé est
Défi 350 e trivialement reliée à sa masse M par
16πG 2 2
A= M . (274)
c4
La relation entre l ’aire et la masse pour un trou noir rotatif et chargé est plus complexe :
elle est donnée par
√
8πG 2 ⎛ J2 c2 Q2 ⎞
A = 4 M2 1 + 1− (275)
⎝ M 4 G 2 4πε 0 GM 2 ⎠
−
c
A=
8πG
Mrh (276)
c2
est valide pour tous les trous noirs. Manifestement, dans le cas d ’un trou noir électrique-
ment chargé, la rotation engendre également un champ magnétique autour de celui-ci.
Cela contraste avec les trous noirs statiques, qui ne peuvent pas avoir de champ magné-
tique.
tour de la Terre gravitent dans la même direction. Il faudrait beaucoup plus de carburant
pour les faire tourner dans l ’autre sens*.
L’énergie gagnée par la fusée serait perdue par le trou noir, qui serait alors ralenti et
perdrait un peu de sa masse. D’un autre côté, il y aurait une augmentation de masse
due aux gaz d ’échappement tombant dans le trou noir. Cette augmentation est toujours
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Défi 354 pe tique peut être due à sa charge. En fait, dans la partie quantique de notre aventure, nous
rencontrerons un procédé d ’extraction de l ’énergie que la nature semble employer très
Page ?? fréquemment.
La procédure de Penrose nous permet de déterminer comment le moment cinétique
Réf. 227 et la charge accroissent la masse d ’un trou noir. Le résultat est la célèbre relation masse–
énergie
E2 Q2 J2 c2 Q2 J2 1
M2 = = (m irr + ) 2
+ = (m irr + ) 2
+ (277)
c4 16πε 0 Gm irr 4m 2irr G 2 8πε 0 ρ irr 2 c2
ρ irr
A(M, Q = 0, J = 0) c 4
2
c2
m 2irr = = (ρ irr ) (278)
16π G2 2G
système isolé : elle ne décroît jamais. Jakob Bekenstein a, le premier, formulé en 1970 que
Réf. 228 cette aire représente en fait une entropie. Il en a déduit que ce n’est que lorsqu ’une entro-
pie est attribuée à un trou noir qu ’ il est possible de comprendre où se retrouve l ’entropie
de toute la matière chutant dedans.
L’entropie du trou noir est une fonction uniquement de la masse, du moment ciné-
A kc 3 A k
S= = 2 . (279)
4 ħG 4 l Pl
Cette célèbre relation ne peut pas être retrouvée sans l ’aide de la théorie quantique,
puisque la valeur absolue de l ’entropie, comme toute autre observable, n’est jamais déter-
minée uniquement par la physique classique. Nous discuterons de cette expression plus
Page ?? tard dans notre ascension montagneuse.
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Si les trous noirs possèdent une entropie, alors ils doivent aussi avoir une tempéra-
ture. S ’ ils ont une température, ils doivent briller. Les trous noirs ne peuvent donc pas
être noirs ! Cela fut démontré par Stephen Hawking en 1974 à l ’aide de calculs extrême-
ment compliqués. Néanmoins, cela pourrait avoir été imaginé dans les années 1930, à
Page ?? l ’aide d ’une simple expérience de pensée que nous présenterons plus loin. Vous devriez
pouvoir réfléchir à ce problème, en vous demandant et en recherchant quelles consé-
quences étranges surgiraient si les trous noirs n’avaient pas d ’entropie. Le rayonnement
des trous noirs est un mécanisme (quantique) supplémentaire, bien que minuscule, d ’ex-
traction de l ’énergie, qui est même applicable à ceux qui sont statiques et non chargés.
Page ?? Les connexions intéressantes qui existent entre les trous noirs, la thermodynamique et la
théorie quantique seront exposées dans les prochaines parties de notre excursion monta-
Défi 356 pe gneuse. Pouvez-vous imaginer d ’autres mécanismes qui font que les trous noirs brillent ?
“
Les trous noirs possèdent un grand nombre de propriétés contre-intuitives. Nous jette-
Anonyme
”
rons tout d ’abord un coup d ’ œil aux effets classiques, gardant les effets quantiques pour
Page ?? plus tard.
∗∗
D’après la gravitation universelle, la lumière pourrait, depuis la surface d ’un trou noir,
grimper vers le haut puis retomber en arrière. En relativité générale, un trou noir ne
permet nullement à la lumière de grimper vers le haut, elle ne peut que tomber. Pouvez-
Défi 357 pe vous démontrer cette assertion ?
∗∗
Qu ’est-ce qui arrive à un individu chutant dans un trou noir ? Un observateur extérieur
252 6 trous noirs – l ’ éternelle chute
observateur astre
F I G U R E 94 Trajectoire de quelques rayons
dense
lumineux provenant d’un corps massif et se
dirigeant vers un observateur.
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l ’espace-temps. D’un autre côté, nous découvrirons plus tard pourquoi cela est impos-
sible. En bref, il est primordial de bien garder à l ’esprit que l ’ idée de trou noir repré-
sente un concept théorique idéal mais que, généralement, ces concepts limites (comme
les bains thermiques ou la température) constituent des descriptions pertinentes de la
nature. Indépendamment de ce dernier problème, nous pouvons confirmer que, dans la
nature, le rapport de la longueur par la masse vérifie toujours
⩾ 2 .
L 4G
(280)
M c
∗∗
Il est intéressant de noter que la taille d ’un individu dégringolant dans un trou noir est
évaluée de manière radicalement différente par celui qui chute et par une personne qui
demeure à l ’extérieur. Si le trou noir est vaste, l ’observateur chutant dedans ne ressent
presque rien, tellement les forces de marée sont faibles. L’observateur extérieur fait une
remarque effrayante : il observe que la personne qui chute s’étale sur toute la surface de
l ’ horizon du trou noir. Des corps étendus qui tombent recouvrent l ’ horizon tout entier.
Pouvez-vous expliciter cette situation, par exemple en utilisant la limite des rapports de
Défi 360 pe la longueur sur la masse ?
Ce résultat bizarre, qui sera essentiel plus loin dans notre exploration, conduira à des
résultats importants concernant la taille des particules ponctuelles.
∗∗
Un observateur situé près d ’un trou noir (statique), ou en fait à proximité de n’ importe
quel objet de taille inférieure à 7/4 de son rayon gravitationnel, peut même apercevoir la
face cachée entière de l ’objet, comme indiqué sur la Figure 94. Pouvez-vous imaginer à
Défi 361 pe quoi ressemblerait cette image ? Remarquez qu ’en plus des trajectoires représentées sur
la Figure 94 la lumière peut également tourner plusieurs fois autour du trou noir avant
de parvenir à l ’observateur ! Par conséquent, un tel observateur voit un nombre infini
d ’ images du trou noir. La formule résultante concernant la taille angulaire de l ’ image la
trous noirs – l ’ éternelle chute 253
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moteurs allumés et fonçant dans la direction du ciel peut graviter autour d ’un trou noir
à 3R/2.
∗∗
D’autre part, comment la gravité ou un champ électrique peuvent-ils s’échapper d ’un
Défi 363 s trou noir si aucun signal et aucune énergie ne peuvent en sortir ?
∗∗
Les trous blancs, c ’est-à-dire des trous noirs inversés par rapport au temps, dans les-
quels tout s’écoule vers l ’extérieur, au lieu de l ’ intérieur, d ’une certaine région délimitée,
Défi 364 pe existent-ils ?
∗∗
Montrez qu ’une constante cosmologique Λ conduit à la métrique suivante pour un trou
Défi 365 pe noir :
ds 2 dr 2 r2 2
dτ 2 = 2 = (1 − )
2GM Λ 2 2
− r dt − 2 − dφ . (281)
c rc 2 3 c 2 − 2Gr M − Λc3 r 2 c 2
Remarquez que cette métrique ne se transforme pas en métrique de Minkowski pour des
valeurs importantes de r. Toutefois, dans √ le cas où Λ est petit, la métrique est presque
plate pour des valeurs de r qui vérifient 1/ Λ ≫ r ≫ 2Gm/c 2 .
Ainsi, la loi en l ’ inverse du carré est également modifiée :
Gm c 2 Λ
F=− + r. (282)
r2 6
Avec les valeurs connues de la constante cosmologique, le deuxième terme est négligeable
à l ’ intérieur du Système solaire.
∗∗
254 6 trous noirs – l ’ éternelle chute
∗∗
Défi 368 pe Les trous noirs en mouvement subissent-ils une contraction de Lorentz ? Ils doivent
briller un tout petit peu. Il est vrai que les images qu ’ ils engendrent sont complexes,
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puisque la lumière peut effectuer plusieurs révolutions autour d ’eux avant d ’atteindre
l ’observateur. De surcroît, l ’observateur doit être très éloigné, de telle sorte que les effets
de la courbure soient petits. Tous ces effets peuvent être pris en compte, mais cette ques-
tion reste épineuse. La raison en est que le concept de contraction de Lorentz n’a aucun
sens en relativité générale, puisque la comparaison avec la situation non contractée est
difficile à définir précisément.
∗∗
Défi 369 pe Pouvez-vous confirmer que les trous noirs impliquent une limite à la puissance ? La puis-
sance représente la variation d ’énergie par unité de temps. La relativité générale restreint
la puissance à P ⩽ c 5 /4G. Autrement dit, aucune machine dans la nature ne peut fournir
plus de 0,92 ⋅ 1052 W ou 1, 2 ⋅ 1049 chevaux-vapeur.
sité des quasars. Ensuite, le régime d ’accrétion diminue et les galaxies de Seyfert moins
spectaculaires se forment. Il se pourrait même que le trou noir supermassif logé au cœur
de la galaxie déclenche la formation d ’étoiles. Par la suite, ces trous noirs supermassifs
deviennent pratiquement inactifs, comme celui situé au centre de la Voie lactée.
D’autre part, les trous noirs peuvent se former lorsque de vieilles étoiles massives
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champs gravitationnels puissants. Mais seules les étoiles binaires nous permettent de me-
surer directement des champs gravitationnels, et le plus fort jamais mesuré est à 30 % de
Réf. 232 la valeur théorique maximale. Une autre manière consiste à rechercher des lentilles gra-
vitationnelles puissantes, et de tenter d ’obtenir un rapport masse/taille indiquant l ’exis-
tence d ’un trou noir. Une autre manière encore consiste à observer la dynamique des
étoiles proches du centre des galaxies. En mesurant leur mouvement, nous pouvons en
déduire la masse du corps autour duquel elles gravitent. La méthode favorite pour déce-
ler des trous noirs repose sur l ’émission de rayons X extrêmement intenses provenant de
sources ponctuelles, en utilisant des satellites spatiaux ou des détecteurs situés dans des
ballons atmosphériques. Si la distance à l ’objet est connue, sa magnitude absolue* peut
être retrouvée. Si celle-ci est supérieure à une certaine limite, l ’objet doit être un trou
noir puisque la matière ordinaire ne peut pas produire une quantité illimitée de lumière.
Cette méthode est en cours de perfectionnement afin de pouvoir observer directement la
Réf. 233 disparition d ’énergie dans un horizon. En fait, il se pourrait que cela ait déjà été observé.
Pour résumer la situation expérimentale, les mesures indiquent qu ’un trou noir su-
permassif semble être localisé au centre de toutes les galaxies étudiées jusqu ’à présent,
soit plus d ’une douzaine. Les masses varient : le trou noir au centre de notre galaxie fait
Réf. 217 environ 2,6 millions de masses solaires, alors que le trou noir central de la galaxie M87
fait 3 milliards de masses solaires.
Nous connaissons à peu près une douzaine de trous noirs stellaires compris entre 4 et
20 masses solaires dans l ’étendue de notre chère galaxie. Ils ont tous été découverts de-
Réf. 217 puis 1971, date à laquelle Cygnus X-1 a été détecté. En l ’an 2000, des trous noirs de masse
intermédiaire furent détectés. Les astronomes étudient également quel est le nombre de
trous noirs qui se trouvent dans les amas stellaires, à quelle fréquence ils se heurtent, et
quelle sorte d ’ondes gravitationnelles détectables ces collisions engendrent. On s’attend
à ce que la liste des découvertes s’allonge considérablement dans les années à venir.
* La magnitude absolue est une mesure de la luminosité intrinsèque d ’un objet céleste. [N.d.T.]
256 6 trous noirs – l ’ éternelle chute
Singularités
En résolvant les équations de la relativité générale pour diverses conditions initiales,
nous remarquons qu ’un nuage de poussière s’effondre généralement en une singularité,
c ’est-à-dire en un point de densité infinie. La même conclusion se manifeste lorsque nous
suivons l ’évolution de l ’ Univers, en remontant en arrière dans le temps. En fait, Roger
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chée, concernant la matière : ces particules de poussière n’ont pas de taille. En d ’autres
termes, on suppose que les particules de poussière sont des singularités. Ce n’est qu ’à
l ’aide de cette hypothèse que nous déduisons l ’existence de singularités initiales. Toute-
fois, nous avons vu que le principe de la force maximale peut être reformulé comme un
principe de taille minimale pour la matière. L’argument qu ’ il a dû y avoir une singularité
initiale dans l ’ Univers est donc corrompu. La situation expérimentale est claire : il y a
une évidence accablante pour qu ’au cours de son plus jeune âge l ’ Univers ait été prodi-
gieusement chaud et dense, mais il n’y a aucune évidence pour une température ou une
densité infinies.
Les chercheurs ayant une inclination pour les mathématiques distinguent deux types
de singularités : celles avec et celles sans horizon. Les dernières, les singularités nues,
sont particulièrement étranges : par exemple, une brosse à dents peut tomber dans une
singularité nue et disparaître sans laisser de traces. Puisque les équations du champ sont
invariantes par renversement du temps, nous pourrions nous attendre à ce que, de temps
en temps, des singularités nues recrachent des brosses à dents. (Pouvez-vous expliquer
Défi 370 pe pourquoi des singularités « habillées » sont moins dangereuses ?)
Pour esquiver l ’ irruption spontanée des brosses à dents, au fil des ans de nombreuses
personnes ont tenté de découvrir certains principes théoriques interdisant l ’existence de
singularités nues. Il apparaît qu ’ il existe deux principes de cette forme. Le premier est
le principe de la force maximale ou de la puissance maximale que nous avons rencon-
tré auparavant. La force maximale implique qu ’aucune valeur infinie de force n’apparaît
dans la nature ou, autrement dit, qu ’ il n’existe pas de singularités nues dans la nature.
Réf. 235 Cette déclaration est souvent dénommée la censure cosmique. Évidemment, si la relativité
générale n’était pas la description correcte de la nature, des singularités nues pourraient
toujours surgir. La censure cosmique est ainsi toujours discutée dans les articles scienti-
fiques. La quête expérimentale des singularités nues n’a produit aucun résultat ; en fait,
il n’y a même pas de candidat observationnel pour les singularités habillées, moins abs-
conses. Mais le cas théorique de l ’existence des singularités « habillées » est également
faible. Puisqu ’ il n’existe aucun procédé pour interagir avec quoi que ce soit situé der-
trous noirs – l ’ éternelle chute 257
rière un horizon, il est inutile de discuter de ce qui se passe à cet endroit. Il n’y a pas
de voie pour démontrer que derrière un horizon se tient une singularité. Les singularités
habillées sont des représentations idéologiques, mais ne concernent pas la physique.
En fait, il existe un autre principe qui empêche l ’apparition des singularités, à savoir
la théorie quantique. À chaque fois que nous rencontrons une prédiction concernant une
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noirs ont tous les deux des horizons. De manière intéressante, la distance de l ’ horizon
r0 de l ’ Univers est d ’environ
m0 ≈ = 72πGρ 0 ct 03 = 6 ⋅ 1026 m
4π 2Gm 0
ρ o r03 d ’où (284)
3 c2
r0 ≈
2Gm 0
, (285)
c2
Défi 371 pe ce qui est équivalent à la relation du trou noir rS = 2Gm/c 2 . Est-ce une coïncidence ?
Non, ce n’en est pas une : tous les systèmes ayant une forte courbure obéissent plus ou
moins à cette relation. Mais sommes-nous néanmoins en train de chuter dans un énorme
Défi 372 pe trou noir ? Vous pouvez répondre à cette question par vous-même.
* De nombreux physiciens sont toujours prudents avant de faire de tels postulats fondamentaux à ce niveau,
et il y en a toujours un certain nombre qui proclament que l ’espace et le temps sont continus même jusqu ’aux
distances les plus petites. Notre discussion sur la théorie quantique, et les premières sections de la dernière
Page ?? partie de notre ascension de la montagne, nous donneront les arguments décisifs conduisant à la conclusion
opposée.
Chapitre 7
L’ E SPAC E DI F F È R E -T- I L DU T E M P S ?
Les gens disent, sur un ton résigné, que le temps est notre souverain. Personne ne
dit une telle chose pour l ’espace. Le temps et l ’espace sont manifestement distincts dans
Sénèque
”
la vie quotidienne. Mais quelle est précisément cette différence en relativité générale ?
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Et après tout, avons-nous besoin d ’eux ? En relativité générale, il est supposé que nous
vivons dans un espace-temps (pseudo-riemannien) de courbure variable. La courbure
est une observable, qui est reliée à la distribution et au mouvement de la matière et de
l ’énergie de la manière décrite par les équations du champ.
Toutefois, il y a un problème fondamental. Les équations de la relativité générale sont
invariantes sous un grand nombre de transformations qui mélangent les coordonnées x 0 ,
x 1 , x 2 et x 3 . Par exemple, la transformation du point d ’observation
x 0′ = x 0 + x 1
x 1′ = −x 0 + x 1
x 2′ = x 2
x 3′ = x 3 (286)
est permise en relativité générale, et laisse les équations du champ invariantes. Vous de-
Défi 373 pe vriez pouvoir rechercher d ’autres exemples.
Cela entraîne une conséquence qui est, clairement, en contradiction flagrante avec la
vie courante : l ’ invariance par difféomorphisme fait qu ’ il est impossible de distinguer
l ’espace du temps dans le cadre de la relativité générale. Plus explicitement, la coordon-
née x 0 ne peut pas être uniquement identifiée au temps physique t, comme nous l ’avons
fait implicitement jusqu ’à présent. Cette identification n’est possible qu ’en relativité res-
treinte. Dans celle-ci, l ’ invariance sous la transformation de Lorentz (ou de Poincaré)
de l ’espace et du temps différencie l ’énergie, la quantité de mouvement et le moment
cinétique comme étant les observables fondamentales. En relativité générale, il n’y a pas
de groupe d ’ isométrie pour une métrique (non triviale). Par conséquent, il n’y a pas
d ’observables physiques élémentaires, distinguées par leur particularité d ’être conser-
vées. Mais des quantités invariantes sont nécessaires pour les échanges d ’ informations !
* « Épargnez le temps. » Lucius Annaeus Seneca (v. 4 av. J.-C.–65), Lettres à Lucilius (Epistulae morales ad
Lucilium) 88, 39.
l ’ espace diffère-t-il du temps ? 259
En fait, nous pouvons nous comprendre les uns les autres uniquement parce que nous
vivons dans un espace-temps approximativement plat : si la somme des angles d ’un tri-
angle n’était pas égale à π (deux angles droits), il n’y aurait aucune quantité invariante
et nous n’aurions pas la propension naturelle à communiquer entre nous.
Comment avons-nous réussi à éluder habilement ce problème jusqu ’à présent ? Nous
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« poindre subrepticement » dans les calculs par l ’ introduction de la matière et de ses
propriétés, ou par l ’ introduction du rayonnement. Les propriétés matérielles de la ma-
tière, par exemple ses équations d ’état thermodynamiques, font toujours la distinction
entre l ’espace et le temps. Le rayonnement en fait de même, par sa propagation. Évidem-
ment cela reste vrai uniquement pour les combinaisons particulières de la matière et du
rayonnement que l ’on nomme horloges et mètres étalons. En fait, cette méthode d ’ in-
troduction de la matière est identique à la méthode d ’ introduction de l ’espace-temps de
Minkowski, si nous l ’analysons minutieusement : les propriétés de la matière sont tou-
jours définies en utilisant des descriptions de l ’espace-temps de la relativité restreinte*.
Une autre variante de cette approche pragmatique consiste à utiliser la coordonnée
de temps cosmologique. Un Univers isotrope et homogène doit avoir une coordonnée
temporelle privilégiée, à savoir celle employée dans toutes les chronologies sur le passé
Page 210, page 154 et le futur de l ’ Univers. Cette méthode est en fait une combinaison des deux précédentes.
Mais ici nous sommes dans une situation particulière. Nous voulons comprendre le
mouvement dans ses principes, et pas seulement le calculer en pratique. Nous voulons
une réponse fondamentale, non une pragmatique. Et pour cela nous avons besoin de sa-
voir comment les positions x i et le temps t sont reliés, et comment nous pouvons définir
des quantités invariantes. Cette question nous prépare également à la lourde tâche d ’al-
lier la gravité et la théorie quantique, ce qui sera l ’objectif de la dernière partie de notre
ascension de la Montagne Mouvement.
Une solution fondamentale nécessite une description des horloges associées au sys-
tème considéré, et une déduction sur la manière dont la lecture du temps t d ’une hor-
loge est reliée au comportement de ce système dans l ’espace-temps. Mais nous savons
que toute description d ’un système requiert des mesures, par exemple afin de détermi-
ner les états initiaux. Et des états initiaux réclament l ’espace et le temps. Nous entrons
donc dans un cercle vicieux : c ’est précisément ce que nous voulions éviter au premier
* Nous remarquons quelque chose de stupéfiant ici : l ’ introduction d ’une certaine condition aux petites
Défi 374 pe distances (la matière) possède le même effet que l ’ introduction d ’une certaine condition à l ’ infini. Est-ce
Page ?? juste une coïncidence ? Nous reviendrons sur ce problème dans la dernière partie de notre aventure.
260 7 l ’ espace diffère-t-il du temps ?
abord.
Nos soupçons s’éveillent. Y a-t-il en réalité une distinction essentielle entre l ’espace
et le temps ? Faisons une petite excursion sur les diverses manières d ’aborder cette ques-
tion.
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Réf. 236 dont la plus simple est
√
=√ ≈ 1,4 ⋅ 10−36 m .
e G
l échelle−em (287)
4πε 0 c2
Page 23 Ici, ε 0 représente la permittivité du vide. Alternativement, nous pouvons argumenter que
la mécanique quantique fournit une échelle de longueur, puisque nous pouvons utiliser
le quantum d ’action ħ pour définir l ’échelle de longueur
√
l échelle−qt = ≈ 1,6 ⋅ 10−35 m ,
ħG
(288)
c3
qui est appelée longueur de Planck ou unité de longueur naturelle de Planck. Toutefois,
cela ne change pas l ’argumentation, car nous avons besoin de l ’électrodynamique pour
mesurer la valeur de ħ. L’équivalence entre ces deux arguments est mise en évidence en
réécrivant la charge élémentaire e comme une combinaison de constantes fondamentales
de la nature : √
e = 4πε 0 cħα . (289)
Ici, α ≈ 1/137, 06 est la constante de structure fine qui caractérise la force d ’ interaction
de l ’électromagnétisme. En fonction de α, l ’expression (287) devient
√
αħG √
l échelle = = α l Pl . (290)
c3
En résumé, chaque mesure de longueur est fondée sur la constante de couplage électro-
magnétique α et sur la longueur de Planck. Bien entendu, la même chose est vraie pour
Défi 375 e les mesures de durées et de masses. Il n’existe donc aucune manière de définir ou de me-
l ’ espace diffère-t-il du temps ? 261
surer des longueurs, des durées et des masses en utilisant uniquement la gravitation ou
la relativité générale*.
Étant donné ce résultat qui nous ramène à la raison, nous pouvons nous demander si
l ’espace et le temps sont véritablement nécessaires dans la relativité générale.
(a 3 − v) = (a 1 − v) + (a 2 − v) . (291)
Une telle observable est appelée le vide. Geroch montre comment tirer profit de celle-ci
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pour construire les dérivées des observables. Ce que nous appelons l ’ algèbre d ’ Einstein
peut alors être construire, laquelle inclut la relativité générale tout entière.
Généralement, nous décrivons le mouvement en déduisant l ’espace-temps des obser-
vables matérielles, en calculant l ’évolution de l ’espace-temps, et ensuite en inférant le
mouvement de la matière qui découle de celui-ci. La description de Geroch montre que
l ’étape intermédiaire, c ’est-à-dire l ’utilisation de l ’espace et du temps, n’est pas néces-
saire.
De manière indirecte, le principe de la force maximale sous-tend la même idée. La
relativité générale peut être dérivée de l ’existence de valeurs limites pour la force ou la
puissance. L’espace et le temps sont les seuls outils nécessaires pour traduire ce principe
en conséquences tangibles pour des observateurs de la vie réelle.
Ainsi, il est possible de formuler la relativité générale sans faire usage de l ’espace et
du temps. Puisqu ’ ils ne sont pas indispensables, il semble improbable qu ’ il doive y avoir
une différence fondamentale entre eux. Pourtant, une telle différence est notoire.
Réf. 237 * Par le passé, John Wheeler avait l ’ habitude d ’affirmer que son horloge géométrodynamique, un dispositif
qui mesure le temps en faisant rebondir sans cesse une impulsion lumineuse entre deux miroirs parallèles,
Défi 376 s était un contre-exemple. Cependant ce n’est pas exact. Pouvez-vous le confirmer ?
262 7 l ’ espace diffère-t-il du temps ?
x
F I G U R E 95 Un « trou » dans l’espace.
fermées de genre temps est improbable. En réalité, aucun indice n’a été relevé jusqu ’à
présent. Plus tard, nous montrerons que la recherche de telles courbes à l ’échelle micro-
Page ?? scopique n’est pas parvenue, elle non plus, à en découvrir une.
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L’ impossible existence des courbes fermées de genre temps semble souligner une dé-
marcation possible entre l ’espace et le temps. Mais en fait, cette différence n’est qu ’appa-
rente. Tous ces examens sont fondés sur le comportement de la matière. Et ces arguments
tablent sans ambages sur une distinction explicite entre l ’espace et le temps dès le départ.
En bref, cette discussion ne peut pas nous permettre de savoir si l ’espace et le temps
diffèrent. Analysons ce problème d ’une autre manière.
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qu ’ ils avaient découvert une nouvelle solution encore inconnue. Nous allons maintenant
discuter d ’une conséquence bouleversante de cette nouvelle perspective.
symétrie facile à digérer. Mais il est dorénavant préférable de s’y habituer, car le reste de
notre aventure nous dévoilera encore plus de surprises. En réalité, dans la dernière partie
de notre excursion, nous découvrirons qu ’ il existe une symétrie de la nature encore plus
générale, qui est analogue au changement de point de vue entre l ’ idée de la Terre creuse et
la vision standard. Cette symétrie, la dualité de l ’espace-temps, est valable non seulement
pour des distances mesurées depuis le centre de la Terre, mais aussi pour des distances
Page ?? mesurées depuis un point quelconque dans la nature.
L A R E L AT I V I T É G É N É R A L E E N DI X
“
Sapientia felicitas*.
”
La relativité générale est l ’ultime description des trajectoires du mouvement ou, si
nous préférons, du mouvement macroscopique. Elle décrit comment les observations du
mouvement faites par deux observateurs quelconques sont reliées l ’une à l ’autre. Elle dé-
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crit également le mouvement causé par la gravitation. En fait, la relativité générale est
fondée sur les observations suivantes :
— Tous les observateurs s’accordent sur le fait qu ’ il existe une vitesse « parfaite » dans
la nature, à savoir une vitesse énergétique maximale commune pour la matière. Cette
vitesse est atteinte par le rayonnement sans masse, tels la lumière et les signaux radio.
— Tous les observateurs s’accordent sur le fait qu ’ il existe une force « parfaite » dans
la nature, une force maximale commune qui peut être réalisée ou mesurée par des
observateurs réalistes. Cette force se manifeste sur des horizons des événements.
Ces deux propositions contiennent toute la théorie de la relativité. À partir d ’elles nous
en déduisons que :
— L’espace-temps est composé d ’événements situés dans 3 + 1 dimensions continues,
ayant une courbure variable. La courbure peut être retrouvée à partir des mesures
de distance entre les événements ou à partir des forces de marée. Nous vivons donc
dans un espace-temps pseudo-riemannien. Les durées, les longueurs et les courbures
mesurées varient d ’un observateur à l ’autre.
— L’espace-temps et l ’espace sont courbés à proximité de la masse et de l ’énergie. La
courbure en un point est déterminée par la densité d ’énergie–impulsion en ce point,
et est décrite par les équations du champ. Lorsque la matière et l ’énergie se déplacent,
la courbure spatiale se déplace dans la même direction. Un retard inhérent dans ce
mouvement rend impossible le transport d ’énergie plus rapide que la lumière. La
constante de proportionnalité entre l ’énergie et la courbure est si petite que cette cour-
bure n’est pas observée dans la vie quotidienne ; seule sa manifestation indirecte, à
savoir la gravitation, est observée.
— L’espace est également flexible : il tend à être plat. Étant élastique, il peut osciller
indépendamment de la matière, nous parlons alors de rayonnement gravitationnel
ou d ’ondes gravitationnelles.
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— À l ’échelle cosmologique, tout objet s’éloigne des autres : l ’ Univers est en expansion.
Cette expansion de l ’espace-temps est décrite par les équations du champ.
— L’ Univers possède un âge fini, c ’est l ’explication de l ’obscurité du ciel nocturne. Un
horizon restreint les intervalles d ’espace-temps mesurables à environ quatorze mil-
liards d ’années.
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Réf. 241
frôlant le Soleil, les étoiles, les galaxies) spatio-temporelle
Décalage temporel (signaux radio près du Soleil, 10−3 courbure Réf. 241,
près des pulsars) spatio-temporelle Réf. 130
−1
Gravitomagnétisme (Terre, pulsar) 10 courbure Réf. 125
spatio-temporelle
Effet géodésique (Lune, pulsars) 10−1 courbure Réf. 146,
spatio-temporelle Réf. 241
−3
Émission décalée d ’ondes gravitationnelles 10 courbure Réf. 241
(pulsars) spatio-temporelle
Réf. 241 l ’ordre v 4 /c 4 . Quelques effets de cet ordre de grandeur devraient bientôt être également
découverts à l ’ intérieur même du Système solaire, en utilisant des expériences satelli-
taires de haute précision. Actuellement, le trophée de toutes les mesures revient au dé-
lai de l ’émission des ondes gravitationnelles, c ’est le seul effet en v 5 /c 5 mesuré jusqu ’à
Page 160 présent.
La difficulté de parvenir à une haute précision dans les mesures de la courbure de
l ’espace-temps représente la raison pour laquelle la masse est évaluée à l ’aide de ba-
lances, en utilisant toujours (de manière indirecte) le prototype du kilogramme situé à
Paris, au lieu de définir une certaine courbure étalon et de fixer la valeur de G. En réalité,
aucune expérience utile sur la courbure engendrée par la Terre n’a été réalisée jusqu ’à
maintenant. Une percée dans ce domaine ferait sensation. Les méthodes de courbure ter-
restre actuellement disponibles ne pourraient même pas nous permettre de définir un
kilogramme d ’or ou d ’oranges avec une précision d ’un kilogramme seulement !
Un autre procédé pour tester la relativité générale consiste à rechercher des descrip-
tions alternatives de la gravitation. Il existe un nombre assez important d ’autres théories
Réf. 242, Réf. 245 de la gravitation qui ont été formulées et étudiées, mais jusqu ’à présent seule la relativité
générale est en accord avec toutes les expériences.
En résumé, comme Thibault Damour aime l ’expliquer, la relativité générale est exacte
un résumé pour le profane 269
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crées aux pulsars binaires, à la quête des ondes gravitationnelles et aux divers satellites
dédiés à cette observation. Entre autres, un satellite spécifique détectera tous les pulsars
possibles de la Galaxie. Toutes ces expériences permettront de réaliser des tests expéri-
mentaux dans des domaines qui sont demeurés inaccessibles jusqu ’à présent.
∗∗
La description des collisions et des problèmes à plusieurs corps, impliquant des étoiles,
des étoiles à neutrons et des trous noirs, aide les astrophysiciens à améliorer leur compré-
Réf. 247 hension de la profusion des phénomènes qu ’ ils observent dans leurs télescopes.
∗∗
L’étude de l ’ Univers primordial et des propriétés des particules élémentaires, ainsi que
des phénomènes tels que l ’ inflation, une courte période d ’expansion accélérée qui eut
lieu au cours des toutes premières secondes, représente toujours un important sujet de
Réf. 248 recherches.
∗∗
L’approfondissement du chaos présent dans les équations du champ est d ’un intérêt fon-
damental dans l ’étude de l ’ Univers primordial, et peut être rattaché au problème de la
Réf. 249 formation des premières galaxies, une des plus grandes questions ouvertes en physique.
∗∗
Le recueil de données concernant la formation des galaxies représente le principal objec-
tif de plusieurs systèmes de satellites et de télescopes construits dans ce but. Ceux-ci se
focalisent principalement sur la quête d ’anisotropies localisées du fond diffus cosmolo-
Réf. 250 gique micro-onde dues aux galaxies primordiales.
* Il existe même une excellente revue gratuite de la recherche disponible sur Internet, appelée Living Reviews
in Relativity, qui peut être compulsée sur le site www.livingreviews.org.
270 8 la relativité générale en dix points
∗∗
La détermination des paramètres cosmologiques tels que la densité de matière, la cour-
Réf. 193 bure et la densité du vide constitue un effort primordial de l ’astrophysique moderne.
∗∗
∗∗
Une base de données informatisée de toutes les solutions des équations du champ est en
train d ’être alimentée. Les chercheurs vérifient entre autres si elles sont toutes vraiment
Réf. 252 différentes les unes des autres.
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∗∗
Des solutions dotées de topologies non triviales, tels les trous de ver et les solutions de
type particule, constituent un domaine captivant de recherche, associé à la théorie des
Réf. 254 cordes.
∗∗
D’autres formulations de la relativité générale, qui décrivent l ’espace-temps avec des
quantités différentes de la métrique, sont continuellement en cours de développement,
dans l ’espoir d ’éclaircir ses relations avec le monde quantique. Un exemple moderne
Réf. 255 d ’une telle description se trouve dans ce que nous appelons les variables d ’Ashtekar.
∗∗
L’unification de la physique quantique et de la relativité générale, qui est le thème de
la dernière partie de cette ascension montagneuse, absorbera les chercheurs pendant un
Réf. 256 grand nombre d ’années encore.
∗∗
Finalement, l ’enseignement de la relativité générale, qui est restée cloîtrée pendant plu-
sieurs décennies derrière des indices grecs, des formes différentielles et d ’autres mé-
thodes antipédagogiques, bénéficiera grandement des améliorations futures qui se foca-
Réf. 257 lisent plus sur la physique sous-jacente et moins sur le formalisme utilisé.
déductions sur son invariance. Est-il possible que la constante gravitationnelle G varie
d ’un endroit à l ’autre ou au cours du temps ? Cette question est subtile. À première vue,
la réponse est un franc : « Oui, bien sûr ! Regardez simplement ce qui se passe lorsque
la valeur de G est modifiée dans les formules. » Cependant, cette réponse est fausse, de
Page 90 même qu ’elle était fausse pour la vitesse de la lumière c.
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plutôt compliquée. Par exemple, trois est le plus petit nombre de dimensions pour lequel
un tenseur de Ricci nul est compatible avec une courbure non nulle. D’un autre côté,
des dimensions supérieures à trois entraînent des déviations par rapport à la « loi » en
l ’ inverse du carré de la gravitation. Jusqu ’à présent, il n’existe aucun indice allant dans
ce sens.
Les équations de la relativité générale pourraient-elles être différentes ? Les théori-
ciens ont exploré plusieurs théories alternatives, telles que les théories tenseur–scalaire,
les théories avec torsion, ou les théories qui brisent l ’ invariance de Lorentz. Cependant,
aucune des théories alternatives proposées jusqu ’à maintenant ne semble s’ajuster avec
les données expérimentales. Toutefois, deux candidats pourraient subsister.
L’ incorporation de la torsion dans les équations du champ, qui constitue une éven-
tuelle extension de la théorie, représente une des tentatives les plus prometteuses per-
Réf. 253 mettant d ’ introduire le spin des particules dans la relativité générale. L’ inclusion de la
torsion dans la relativité générale ne requiert aucune nouvelle constante fondamentale.
En réalité, l ’absence de la torsion constituait une hypothèse de départ dans l ’équation de
Réf. 258 Raychaudhuri. L’utilisation de l ’équation de Raychaudhuri étendue, qui inclut la torsion,
devrait nous permettre de déduire la théorie d ’ Einstein–Cartan tout entière à partir du
principe de la force maximale. Ce sujet représente un terrain de recherches pour l ’avenir.
Finalement, il y a un résultat expérimental qui demeure toujours inexpliqué. La vi-
tesse de rotation de la matière située très loin du centre des galaxies ne semble pas être
cohérente avec la dépendance en l ’ inverse du carré de la distance. Il pourrait y avoir plu-
sieurs raisons qui expliquent cet effet. Les modèles les plus populaires sont, d ’un côté,
l ’existence de la matière noire et, de l ’autre côté, une modification dans les équations
Réf. 259 du champ pour les très grandes distances astronomiques. Le modèle de la matière noire
suppose que nous rencontrons des difficultés pour observer quelque chose ; le modèle de
la dynamique corrigée suppose que nous avons omis quelque chose dans les équations.
Cette question est toujours ouverte.
272 8 la relativité générale en dix points
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de la théorie quantique, et ensuite, dans une étape ultérieure, de son unification avec la
relativité. C ’est le programme qui nous attend pour le reste de notre aventure.
Nous avons aussi vu que la matière est nécessaire pour distinguer clairement l ’espace
du temps, et surtout pour comprendre le fonctionnement des horloges, des mètres éta-
lons et des balances. En particulier, une question demeure : après tout pourquoi y a-t-il
des unités de masse, de longueur et de temps dans la nature ? Cette question profonde
sera également abordée dans le chapitre suivant.
Pour finir, nous en savons peu au sujet du vide. Nous avons besoin de comprendre
l ’origine de la grandeur constatée de la constante cosmologique et du nombre de dimen-
sions d ’espace-temps. Ce n’est qu ’après cela que nous pourrons répondre à la question
élémentaire : pourquoi le ciel est-il si éloigné ? La relativité générale ne nous est d ’au-
cun secours ici. Pire, la petitesse de la constante cosmologique contredit la version la
plus simple de la théorie quantique. C ’est l ’une des raisons pour lesquelles nous avons
encore beaucoup de chemin à parcourir avant d ’atteindre le sommet de la Montagne
Page ?? Mouvement.
En résumé, pour décrire correctement le mouvement, nous avons besoin d ’une des-
cription plus précise de la lumière, de la matière et du vide. Autrement dit, nous avons
besoin d ’en savoir plus sur tout ce que nous savons déjà. Sinon, nous ne pouvons espérer
Page ?? trouver de réponse aux questions qui nous taraudent sur les montagnes, les horloges et les
astres. Dans un sens, il semblerait que nous n’ayons pas accumulé beaucoup de connais-
sances. Par chance, ce n’est pas vrai. Nous en avons tant appris que, dans la prochaine
étape, nous serons obligés de revenir en arrière, aux situations sans la gravité, c ’est-à-dire
de revenir au cadre de la relativité restreinte. C ’est la prochaine section, intermédiaire,
de notre ascension montagneuse. Malgré ce retour simplificateur à l ’espace-temps plat,
attendons-nous à y trouver beaucoup d ’émerveillement.
un résumé pour le profane 273
“
C ’est une bonne chose que nous ayons la
gravité, sinon les oiseaux morts resteraient tout
simplement en l ’air. Les chasseurs seraient bien
embarrassés.
Steven Wright, acteur.
”
U N I T É S , M E SU R E S ET C ON STA N T E S
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lieu au dix-huitième siècle : pour éviter des abus de la part d ’ institutions autoritaires,
pour évincer les problèmes dus aux unités de référence différentes, variables et non re-
productibles, et – ce n’est pas une blague – pour simplifier le recouvrement des impôts,
un groupe de scientifiques, d ’ hommes politiques et d ’économistes se sont mis d ’accord
sur un ensemble d ’unités. On l ’appelle le Système International d’ Unités, SI en abrégé, et
il est défini par un traité international, la « Convention du Mètre ». Les unités sont régies
par un organisme international, la « Conférence Générale des Poids et Mesures », et ses
organisations filles, la « Commission Internationale des Poids et Mesures » et le « Bureau
International des Poids et Mesures » (BIPM), qui ont toutes vu le jour au même moment,
Réf. 260 juste avant la Révolution française.
Toutes les unités du SI sont construites à partir de sept unités de base, dont les défini-
tions officielles sont données ci-dessous, avec les dates de leurs formulations :
« La seconde est la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la
transition entre les deux niveaux hyperfins de l ’état fondamental de l ’atome de césium
133 à une température de 0 kelvin. » (1967)*
« Le mètre est la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une
durée de 1/299 792 458 seconde. » (1983)
« Le kilogramme est l ’unité de masse. Il est égal à la masse du prototype international
du kilogramme. » (1901)*
« L’ ampère est l ’ intensité d ’un courant constant qui, maintenu dans deux conduc-
teurs parallèles, rectilignes, de longueur infinie, de section circulaire négligeable et placés
à une distance de un mètre l ’un de l ’autre dans le vide, produirait entre ces conducteurs
une force égale à 2 ⋅ 10−7 newton par mètre de longueur. » (1948)
« Le kelvin, unité de température thermodynamique, est la fraction 1/273,16 de la
température thermodynamique du point triple de l ’eau. » (1967)*
« La mole est la quantité de matière d ’un système contenant autant d ’entités élémen-
taires qu ’ il y a d ’atomes dans 0,012 kilogramme de carbone 12. » (1971)*
« La candela est l ’ intensité lumineuse, dans une direction donnée, d ’une source qui
émet un rayonnement monochromatique de fréquence 540⋅1012 hertz et dont l ’ intensité
unités, mesures et constantes 275
énergétique dans cette direction est de 1/683 watt par stéradian. » (1979)*
Notez que les unités de temps et de longueur sont toutes les deux définies à partir de
certaines propriétés d ’un modèle de référence du mouvement, à savoir la lumière. C ’est
une illustration supplémentaire qui souligne le fait que l ’observation du mouvement, qui
est le type fondamental de changement, est une condition préalable à la définition et à la
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manière qu ’elles puissent être reproduites dans tout laboratoire convenablement équipé,
de manière indépendante, et avec une précision élevée. Cela permet d ’éviter autant que
possible tout abus de la part de l ’organisation qui détermine les étalons. (Le kilogramme,
toujours défini à l ’aide d ’un artéfact, est la dernière exception à cette exigence, une re-
cherche intensive est en cours pour éliminer cet objet de la définition – une compétition
internationale qui prendra encore quelques années. Il existe deux approches : dénombrer
des particules ou fixer ħ. La première peut être accomplie dans des cristaux, la dernière
en utilisant n’ importe quelle formule où ħ apparaît, comme la formule de la longueur
d ’onde de de Broglie ou celle de l ’ effet Josephson.)
Les unités du SI forment un système pratique : les unités de base sont des quantités
dont la grandeur est familière. Les unités couramment employées possèdent des dénomi-
nations et des abréviations standard. La liste complète inclut les sept unités de base, les
unités supplémentaires, les unités dérivées et les unités admises.
Les unités supplémentaires du SI sont les deux suivantes : l ’unité de l ’angle (plan),
défini comme étant le rapport de la longueur de l ’arc au rayon, est le radian (rad). Pour
l ’angle solide, défini comme étant le rapport de la surface sous-tendue au carré du rayon,
l ’unité est le stéradian (sr).
Les unités dérivées ayant un nom spécial, dans leur désignation officielle en français,
c ’est-à-dire sans lettre capitale et sans accent, sont :
* Les symboles respectifs sont s, m, kg, A, K, mol et cd. Le prototype international du kilogramme est un
cylindre en platine–iridium conservé au BIPM à Sèvres, en France. Pour obtenir plus de précisions sur les
Réf. 261 niveaux de l ’atome de césium, consultez un livre sur la physique atomique. L’échelle Celsius d ’une tempé-
rature θ est définie ainsi : θ/°C = T/K − 273, 15, remarquez le minuscule écart avec le nombre apparaissant
dans la définition du kelvin. Le SI stipule également : « Lorsqu ’on emploie la mole, les entités élémentaires
doivent être spécifiées et peuvent être des atomes, des molécules, des ions, des électrons, d ’autres particules
ou des groupements spécifiés de telles particules ». Dans la définition de la mole, nous sous-entendons que
les atomes du carbone 12 sont non liés, au repos et dans leur état fondamental. Dans la définition de la can-
dela, la fréquence de la lumière correspond à 555,5 nm, c ’est-à-dire la couleur verte, qui est à peu près égale
à la longueur d ’onde où l ’ œil est le plus sensible.
* Jacques Babinet (1794–1874) fut un physicien français qui publia des travaux importants en optique.
276 a unités, mesures et constantes
Nous remarquons que dans toutes les définitions de ces unités, le kilogramme n’ap-
paraît qu ’aux puissances 1, 0 et -1. L’explication finale de cette réalité n’est apparue que
Défi 382 pe récemment. Pouvez-vous tenter d ’en formuler la raison ?
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Les unités admises non SI sont la minute, l ’ heure, le jour (pour le temps), le degré 1○ =
π/180 rad, la minute 1′ = π/10 800 rad, la seconde 1′′ = π/648 000 rad (pour les angles), le
litre et la tonne. On doit éviter toutes les autres unités.
On rend plus pratiques toutes les unités du SI grâce à l ’ introduction de désignations
et d ’abréviations standard pour les puissances de dix, que nous appelons les préfixes* :
* Certains de ces noms sont inventés (yocto qui se prononce de manière presque identique au latin octo
« huit », zepto qui se prononce presque comme le mot latin septem, yotta et zetta qui leur ressemblent, exa
et péta qui se prononcent comme les mots grecs ἑξάκις et πεντάκις pour « six fois » et « cinq fois », ceux qui
ne sont pas officiels se prononcent comme les mots grecs désignant neuf, dix, onze et douze). Certains sont
issus du danois/norvégien (atto pour atten « dix-huit », femto pour femten « quinze »), certains proviennent
du latin (de mille, de centum « cent », de decem « dix », de nanus « nain »), certains sont tirés de l ’ italien
(de piccolo « petit »), certains sont grecs (micro provient de µικρός « petit », déca/déka de δέκα « dix », hecto
de ἑκατόν « cent », kilo de χίλιοι « mille », méga de µέγας « grand », giga de γίγας « géant », téra de τέρας
« monstre »).
Interprétez : J ’étais bloqué dans un tel embouteillage que j’ai mis un microsiècle pour faire un picoparsec
Défi 383 e et que ma consommation de carburant fut de deux dixièmes d ’un millimètre carré.
unités, mesures et constantes 277
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Page ?? clairement dissociés l ’un de l ’autre.
* La plupart des unités non SI qui sont toujours d ’usage dans le monde sont d ’origine romaine. Le mile pro-
vient de milia passum, qui était équivalent à mille (doubles) enjambées d ’environ 1 480 mm chacune. Aujour-
d ’ hui un mile nautique, autrefois défini comme une minute d ’arc à la surface de la Terre, vaut exactement
1 852 m. Le pouce vient de uncia/onzia (un douzième – d ’un pied actuel). La livre (de l ’anglais « pound » qui
vient de pondere « peser ») est employée comme une traduction de libra – balance – qui est à l ’origine de son
abréviation lb. Même la coutume de compter en douzaines au lieu de dizaines est d ’origine romaine. Celles-
ci et les autres unités toutes aussi cocasses – comme le système dans lequel toutes les unités commencent
avec un « f », et qui utilise le furlong/quinze jours comme unité de vitesse – sont dorénavant officiellement
définies comme des multiples des unités du SI.
** Les unités naturelles xPl données ici sont celles qui sont couramment utilisées aujourd ’ hui, c ’est-à-dire
celles définies en utilisant la constante ħ, et non, comme le fit à l ’origine Planck, en utilisant la constante
h = 2πħ. Les unités électromagnétiques peuvent aussi être définies à l ’aide d ’autres facteurs que 4πε0 dans
les expressions : par exemple, en utilisant 4πε0 α, avec la constante de structure fine α, on obtient q Pl = e.
Pour des explications sur les nombres situés entre parenthèses, les écarts types, lisez la page 286.
278 a unités, mesures et constantes
Nom Définition Va l e u r
√
Unités de base
= = 1,616 0(12) ⋅ 10−35 m
√
Longueur de Planck l Pl ħG/c 3
Unités triviales
Vitesse de Planck v Pl = c = 0,3 Gm/s
Moment cinétique de Planck L Pl = ħ = 1,1 ⋅ 10−34 Js
Quantum d ’action de Planck S aPl = ħ = 1,1 ⋅ 10−34 Js
= =
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Entropie de Planck S ePl k 13,8 yJ/K
Unités dérivées
Densité de Planck ρ Pl = c 5 /G 2 ħ
√ = 5,2 ⋅ 1096 kg/m3
= ħc 5 /G = 2,0 GJ = 1,2 ⋅ 1028 eV
√
Énergie de Planck E Pl
Quantité de mouvement de Planck p Pl = ħc 3 /G = 6,5 Ns
Puissance de Planck PPl = c /G
5
= 3,6 ⋅ 1052 W
Force de Planck FPl = c 4 /G = 1,2 ⋅ 1044 N
Pression de Planck p Pl = c 7 /Għ
√ = 4,6 ⋅ 10113 Pa
= c 7 /ħG =
√
Accélération de Planck a Pl 5,6 ⋅ 1051 m/s2
= c 5 /ħG =
√
Fréquence de Planck f Pl 1,9 ⋅ 1043 Hz
= = 1,9 aC = 11,7 e
√
Charge électrique de Planck q Pl 4πε 0 cħ
Tension de Planck U Pl = c 4 /4πε 0 G = 1,0 ⋅ 1027 V
Résistance de Planck R Pl = 1/4πε√ 0c = 30,0 Ω
= 4πε 0 ħG/c 3 = 1,8 ⋅ 10−45 F
√
Capacité électrique de Planck C Pl
= (1/4πε 0 ) ħG/c 7 = 1,6 ⋅ 10−42 H
√
Inductance de Planck L Pl
= c 7 /4πε 0 ħG 2 =
√
Champ électrique de Planck E Pl 6,5 ⋅ 1061 V/m
Densité du flux magnétique de Planck B Pl = c 5 /4πε 0 ħG 2 = 2,2 ⋅ 1053 T
Les unités naturelles sont importantes à un autre égard : à chaque fois qu ’une quantité
est imprudemment qualifiée d ’ « infiniment petite (ou grande) », l ’expression correcte
à considérer est « aussi petite (ou aussi grande) que l ’unité de Planck corrigée corres-
pondante ». Comme on l ’explique tout au long de ce texte, et particulièrement dans la
Page ?? partie finale, cette substitution est possible parce que presque toutes les unités de Planck
fournissent, dans la limite d ’un facteur de correction de l ’ordre de 1, la valeur extré-
male pour l ’observable correspondante – certaines une borne supérieure et d ’autres une
unités, mesures et constantes 279
limite inférieure. Malheureusement, ces facteurs de correction ne sont pas encore large-
ment déterminés. La valeur extrémale exacte pour chaque observable dans la nature est
obtenue lorsque G est remplacé par 4G, ħ par ħ/2, k par k/2 et 4πε 0 par 8πε 0 α dans
toutes les quantités de Planck. Ces valeurs extrémales, ou unités de Planck corrigées, sont
les véritables unités naturelles. Il est possible de dépasser les valeurs extrémales, mais uni-
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alors reliées par
* Des définitions différentes pour les constantes de proportionnalité en électrodynamique conduisent, entres
autres, au système d ’unités gaussiennes souvent utilisé dans les calculs théoriques, au système d ’unités de
Réf. 263 Heaviside–Lorentz, au système d ’unités électrostatiques et au système d ’unités électromagnétiques.
** Dans cette liste, l est la longueur, E l ’énergie, F la force, Eélectrique le champ électrique et B le champ ma-
gnétique, m la masse, p la quantité de mouvement, a l ’accélération, f la fréquence, I l ’ intensité du courant
électrique, U la tension, T la température, v la vitesse, q la charge électrique, R la résistance, P la puissance,
G la constante de la gravitation.
La page Web www.chemie.fu-berlin.de/chemistry/general/units_en.html fournit un outil pour convertir
diverses unités l ’une vers l ’autre.
Les chercheurs en relativité générale emploient fréquemment un autre système, dans lequel le rayon de
Schwarzschild rs = 2Gm/c 2 est utilisé pour mesurer des masses, en posant c = G = 1. Dans ce cas, la masse
et la longueur possèdent la même dimension, et ħ possède la dimension d ’une surface.
√ √
Réf. 264 Déjà au dix-neuvième siècle, George Stoney avait suggéré d ’utiliser comme unités de longueur, de temps
et de √masse les quantités lS = Ge 2 /(c 4 4πε0 ) = 1,4 ⋅ 10−36 m, tS = Ge 2 /(c 6 4πε0 ) = 4,6 ⋅ 10−45 s et
Défi 386 s mS = e 2 /(G4πε0 ) = 1,9 µg. Comment ces unités sont-elles reliées aux unités de Planck ?
280 a unités, mesures et constantes
différence de potentiel électrique de 1 volt (« protonvolt » serait une désignation plus ap-
propriée). Ainsi nous avons 1 eV = 1,6 ⋅ 10−19 J, ou approximativement
1 eV ≈ 1
6
aJ (293)
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bientôt achevé. Ils appartiennent tous les deux au CERN à Genève et possèdent une cir-
conférence de 27 km.
La température la plus basse mesurée jusqu ’à présent est de 280 pK, dans un système
Réf. 266 de noyaux de rhodium maintenus par un procédé de refroidissement particulier. L’ inté-
rieur de ce cryostat serait même le point le plus froid de tout l ’univers. L’énergie ciné-
tique par particule correspondant à cette température est également la plus petite jamais
mesurée : elle correspond à 24 feV ou 3,8 vJ = 3,8 ⋅ 10−33 J. Pour des particules isolées, le
record semble être celui de neutrons : des énergies cinétiques aussi faibles que 10−7 eV
ont été obtenues, ce qui correspond à des longueurs d ’onde de de Broglie de 60 nm.
O b s e r va t i o n Intensité
lumineuse
Flamme de bougie 1 cd
∗∗
Vous êtes décontenancés par la candela ? La définition dit simplement que 683 cd =
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683 lm/sr correspond à 1 W/sr. La candela est donc une unité de la puissance lumineuse
par angle (solide), ou d ’ intensité lumineuse, mis à part qu ’elle est corrigée pour s’ajus-
ter à la sensibilité de l ’ œil : la candela mesure simplement la puissance visible par unité
d ’angle.
De manière similaire, 683 lm = 683 cd sr correspond à 1 W. Donc le lumen et le watt
mesurent tous les deux de la puissance, ou du flux d ’énergie, mais le lumen mesure uni-
quement la partie visible de la puissance ou flux énergétique. Cette différence est expri-
mée en insérant les qualificatifs « radiant » ou « lumineux » : ainsi, le watt mesure le flux
radiant, tandis que le lumen mesure le flux lumineux.
Le facteur 683 est d ’origine historique. Une chandelle ordinaire émet une intensité
lumineuse d ’environ une candela. Par conséquent, la nuit, une chandelle peut être vue
Défi 388 e jusqu ’à une distance de 10 ou 20 kilomètres. Une ampoule à incandescence de 100 W
produit 1 700 lm, et les diodes émettrices de lumière les plus brillantes environ 5 lm. Les
projecteurs de cinéma produisent environ 2 Mlm, et les flashs les plus intenses, comme
l ’ éclair, 100 Mlm.
L’ éclairement énergétique de la lumière du soleil est d ’environ 1 300 W/m2 lors d ’une
journée ensoleillée. Par ailleurs, l ’ éclairement lumineux n’est que de 120 klm/m2 =
120 klux ou 170 W/m2 . (Une journée d ’été recouverte de nuages ou une journée d ’ hiver
dégagée produit environ 10 klux. L’éclairement lumineux est principalement ce que nous
appelons la « luminosité » dans la vie courante.) Ces nombres indiquent que la plupart
de l ’énergie du Soleil qui parvient à la Terre se situe en dehors du spectre visible.
Sur un glacier, près de la côte, sur le sommet d ’une montagne, ou lors de conditions
météorologiques particulières, la luminosité peut atteindre 150 klux. Les lampes les plus
brillantes, celles utilisées pendant les opérations chirurgicales, produisent 120 klux. Les
hommes ont besoin d ’environ 30 lux pour une lecture confortable. Les musées sont sou-
vent maintenus dans l ’obscurité parce que les peintures à l ’eau sont dégradées par la
lumière au-delà de 100 lux, et les peintures à l ’ huile au dessus de 200 lux. La pleine lune
Réf. 268 produit 0,1 lux, et le ciel lors d ’une nuit sombre sans lune, environ 1 mlux. Les yeux
conservent leur aptitude à distinguer les couleurs quelque part entre 0,1 lux et 0,01 lux,
282 a unités, mesures et constantes
O b s e r va t i o n Éclairement
lumineux
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Film dans un projecteur de cinéma 5 Mlx
Douloureux pour l ’ œil 100 Mlx
l ’ œil cesse de remplir sa fonction en deçà de 1 nlux. Les dispositifs techniques qui pro-
duisent des images dans l ’obscurité, telles que les lunettes de vision nocturne, com-
mencent à fonctionner à partir de 1 µlux. Par ailleurs, le corps humain lui-même brille à
environ 1 plux, une valeur trop faible pour pouvoir être décelée par l ’ œil, mais facilement
mesurable à l ’aide d ’appareils spécialisés. La source de cette émission reste toujours du
domaine de la recherche.
∗∗
Les plus fortes intensités lumineuses atteignent plus de 1018 W/m2 , soit plus de 15 ordres
de grandeur au dessus de l ’ intensité de la lumière du soleil. Elles sont produites par des
focalisations très étroites de lasers pulsés. Le champ électrique de ces impulsions lumi-
neuses est du même ordre que le champ situé à l ’ intérieur des atomes, un tel faisceau
Réf. 269 ionise par conséquent toute la matière qu ’ il rencontre.
∗∗
La densité lumineuse est une quantité qui est souvent utilisée par les spécialistes de la
lumière. Son unité est 1 cd/m2 , que l ’on désigne officieusement 1 Nit et abrégé 1 nt. Les
yeux voient, uniquement avec les bâtonnets, de 0,1 µcd/m2 à 1 mcd/m2 , ils voient avec
les cônes simplement au-dessus de 5 cd/m2 , la perception est meilleure entre 100 et
50 000 cd/m2 , et ils deviennent complètement éblouis au-delà de 10 Mcd/m2 : soit une
étendue totale de 15 ordres de grandeur.
∗∗
La longueur de Planck est approximativement égale à la longueur d ’onde de de Broglie
Réf. 270 λB = h/mv d ’un homme marchant à son aise (m = 80 kg, v = 0,5 m/s), ce mouvement
unités, mesures et constantes 283
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engendré par les marées. La fréquence d ’ insertion de ces secondes intercalaires est par
conséquent supérieure à une fois tous les 500 jours, et n’est pas constante dans le temps.
∗∗
Les quantités mesurées de la manière la plus précise dans la nature sont les fréquences de
certains pulsars millisecondes**, la fréquence de certaines transitions atomiques étroites,
et la constante de Rydberg de l ’ hydrogène atomique, qui peuvent toutes être mesurées
aussi précisément qu ’est définie la seconde. La transition du césium qui définit la seconde
possède une largeur finie de sa raie spectrale, ce qui restreint la précision accessible : cette
limite est d ’environ 14 chiffres.
∗∗
L’ horloge la plus précise jamais réalisée, en utilisant des micro-ondes, possède une stabi-
Réf. 271 lité de 10−16 pendant une durée de fonctionnement de 500 s. Pour des durées plus longues,
le record en 1997 fut d ’environ 10−15 , mais des valeurs tournant autour de 10−17 semblent
Réf. 272 rester du domaine du technologiquement possible. La précision des horloges est limitée
par le bruit pour des brèves durées de mesure, et pour des longues durées de mesure par
des biais, c ’est-à-dire par des effets systématiques. La région de la plus forte stabilité dé-
pend du type d ’ horloge utilisée, elle se situe généralement entre 1 ms pour des horloges
optiques et 5 000 s pour des masers. Les pulsars sont le seul type d ’ horloge pour lequel
cette région n’est pas encore déterminée, elle se situe vraisemblablement à plus de 20
années, c ’est-à-dire le temps qui s’est écoulé entre leur découverte et l ’ instant où nous
écrivons ces lignes.
∗∗
* Leur site Web sur hpiers.obspm.fr donne plus de précisions sur les particularités de ces insertions, comme
sur maia.usno.navy.mil, l ’un des quelques sites Web militaires utiles. Consultez aussi www.bipm.fr, le site
du BIPM.
** Un tour d ’ horizon de ce travail fascinant en est donné par J. H. Taylor, Pulsar timing and relativistic
gravity, Philosophical Transactions of the Royal Society, London A 341, pp. 117–134, 1992.
284 a unités, mesures et constantes
Les durées les plus brèves qui ont été mesurées sont les durées de vie de certaines parti-
cules « élémentaires ». En particulier, la durée de vie de certains mésons D a été évaluée à
Réf. 273 moins de 10−23 s. De telles périodes sont mesurées en utilisant une chambre à bulles, dans
laquelle la trace est photographiée. Pouvez-vous estimer quelle est la longueur de cette
Défi 389 s trajectoire ? (C ’est une question trompeuse – si votre longueur ne peut pas être observée
∗∗
Les durées les plus longues que l ’on rencontre dans la nature sont les durées de vie de
certains isotopes radioactifs, plus de 1015 années, et la limite inférieure de certaines dés-
intégrations de protons, soit 1032 années. Ces périodes sont donc beaucoup plus grandes
Réf. 274 que l ’âge de l ’univers, estimé à quatorze milliards d ’années.
∗∗
Les constantes fondamentales de la physique mesurées avec le moins de précision sont la
constante de la gravitation G et la constante de couplage de l ’ interaction forte α s . L’âge
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de l ’univers et sa densité sont déterminés avec encore moins de précision (regardez le
Page 289 Tableau 44).
∗∗
La précision des mesures de masse des solides est limitée par des effets simples tels que
l ’adsorption de l ’eau. Pouvez-vous estimer la masse d ’une monocouche d ’eau – une
Défi 390 s couche ayant l ’épaisseur d ’une seule molécule – sur un métal pesant 1 kg ?
∗∗
Les variations des quantités sont souvent beaucoup plus faciles à mesurer que leurs va-
leurs. Par exemple, dans les détecteurs d ’ondes gravitationnelles, la sensibilité atteinte
Réf. 275 en 1992 était ∆l/l = 3 ⋅ 10−19 pour des longueurs de l ’ordre de 1 m. Autrement dit, pour
un bloc de métal d ’environ un mètre cube il est possible de mesurer des variations de
longueur à peu près 3 000 fois plus petites que le rayon d ’un proton. Ces dispositifs sont
dorénavant en train d ’être surpassés par les interféromètres en anneau. Des interféro-
mètres en anneau mesurant des différences de fréquence de 10−21 ont déjà été construits,
Réf. 276 et ils sont toujours en cours de perfectionnement.
∗∗
L’astronome suédois Anders Celsius (1701–1744) fixa initialement le point de congélation
de l ’eau à 100 degrés et le point d ’ébullition à 0 degré. Cette échelle fut inversée par la
Réf. 277 suite. Cependant, l ’ histoire ne se termine pas là. Avec la définition officielle du kelvin
et du degré Celsius, à la pression standard de 1 013,25 Pa, l ’eau bout à 99,974°C. Pouvez-
Défi 391 s vous expliquer pourquoi ce n’est plus 100°C ?
∗∗
Au cours du millénaire précédent, on avait coutume de mesurer l ’énergie thermique en
utilisant la calorie comme unité, notée cal. 1 cal est l ’énergie nécessaire pour réchauffer 1 g
d ’eau de 1 K. Pour compliquer les choses, 1 kcal était souvent noté 1 Cal. (Nous parlions
également de grande et de petite calorie.) 1 kcal vaut 4,1868 kJ.
unités, mesures et constantes 285
∗∗
Les unités du SI sont adaptées aux êtres humains : les valeurs du battement de cœur, de la
taille humaine, du poids, de la température et de la quantité de substance d ’un homme
se rapprochent de la valeur unitaire à guère plus d ’un couple d ’ordres de grandeurs.
Les unités du SI confirment donc (approximativement) ce que disait Protagoras il y a 25
∗∗
Certains systèmes d ’unités sont particulièrement mal adaptés aux hommes. Le plus in-
fâme d ’entre eux est la taille S des chaussures. C ’est un nombre pur calculé ainsi :
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de confection. De surcroît, la formule anglo-saxonne n’est pas valable pour les femmes
et les enfants, où le premier facteur dépend, pour des raisons marketing, à la fois du fa-
bricant et de la taille elle-même. Le standard ISO exige, de façon non surprenante, d ’ex-
primer la longueur du pied en millimètres.
∗∗
Le tableau des préfixes du SI recouvre 72 ordres de grandeurs. Combien de préfixes sup-
plémentaires seraient nécessaires ? Même une liste très longue n’ incorporera qu ’une par-
tie infime de l ’étendue infinie des possibilités. La Conférence Générale des Poids et Me-
sures devra-t-elle se poursuive éternellement, pour définir un nombre infini de préfixes
Défi 392 s du SI ? Pourquoi ?
∗∗
Le philosophe français Voltaire, après avoir rencontré Newton, publia l ’ histoire mainte-
nant célèbre qui raconte que la correspondance entre la chute des objets et le mouvement
de la Lune fut découverte par Newton lorsqu ’ il vit une pomme tomber d ’un arbre. Plus
d ’un siècle plus tard, juste avant la Révolution Française, un jury de scientifiques dé-
cida de prendre comme unité de la force précisément celle exercée par la gravité sur une
pomme étalon, et de la baptiser du nom de ce scientifique anglais. Après une étude ap-
profondie, on trouva que la masse de la pomme étalon était de 101,9716 g, son poids fut
donc appelé 1 newton. Depuis lors, les visiteurs du musée à Sèvres près de Paris ont eu la
possibilité d ’admirer le mètre étalon, le kilogramme étalon et la pomme étalon*.
* Pour être franc, c ’est une blague : il n’existe aucune pomme étalon. Par contre, ce qui suit n’est pas une
plaisanterie : des propriétaires de plusieurs pommiers en Grande-Bretagne et aux États-Unis prétendirent
descendre, suite à un déracinement, de l ’arbre original sous lequel Newton eut sont trait de génie. Des tests
Réf. 278 ADN ont même été réalisés pour décider s’ ils dérivaient tous du même arbre. De façon non surprenante, le
résultat a établi que l ’arbre situé au MIT, contrairement à ceux de Grande-Bretagne, est un faux.
286 a unités, mesures et constantes
N
nombre de mesures
écart type
x x
valeur moyenne valeurs mesurées
F I G U R E 97 Une expérience de précision et sa distribution des mesures.
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Précision et exactitude des mesures
Comme nous l ’avons expliqué à la page 286, la précision exprime dans quelle mesure
un résultat est bien reproduit lorsque l ’évaluation est réitérée, l ’ exactitude est le degré de
correspondance d ’une mesure à la véritable valeur. Le manque de précision est dû à des
erreurs aléatoires ou accidentelles, la meilleure façon de les quantifier consiste à évaluer
l ’ écart-type, généralement noté σ, qui est défini par :
1 n
σ2 = ∑(x i − x̄) ,
2
(295)
n − 1 i=1
Le carré de l ’écart type, σ 2 , est également appelé la variance. Pour une loi gaussienne des
Défi 394 e valeurs de mesure, 2, 35σ est la largeur totale de la courbe à la moitié du maximum.
Le manque d ’exactitude est dû à des erreurs systématiques, on ne peut généralement
que les estimer, seulement. Cette estimation est souvent ajoutée aux erreurs aléatoires
pour produire une erreur expérimentale totale, également parfois dénommée incertitude
Réf. 279 totale.
Les tableaux qui suivent fournissent les valeurs des constantes physiques et des pro-
priétés des particules les plus importantes, en unités du SI et dans quelques autres uni-
Réf. 280 tés courantes, comme on les trouve dans les sources de référence. Ces valeurs sont les
unités, mesures et constantes 287
moyennes mondiales des meilleures mesures effectuées jusqu ’à présent. Comme d ’ ha-
bitude, les biais expérimentaux, incluant à la fois les erreurs aléatoires et les erreurs sys-
tématiques estimées, sont exprimées en donnant l ’écart type dans les derniers chiffres,
par exemple 0,31(6) signifie – grosso modo – 0, 31 ± 0, 06. En réalité, derrière chacun des
nombres qui apparaissent dans les tableaux suivants se cache une longue histoire qu ’ il
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limite de 22 chiffres. Si, comme nous l ’avons prédit plus haut, les mesures du temps at-
teignent vraiment 17 chiffres de précision, alors elles seront proches de la limite pratique,
parce que mis à part la taille, il existe une contrainte pratique supplémentaire : le coût. En
réalité, un chiffre supplémentaire dans la précision d ’une mesure signifie souvent qu ’ il
faille un chiffre supplémentaire dans le coût de l ’équipement.
Q ua nt it é Symbole Va l e u r u n i t é s S I I n c e r t. a
* Certains de ces récits peuvent être retrouvés dans l ’ouvrage de N. W. Wise, The Values of Precision, Prince-
ton University Press, 1994. Le domaine des mesures de haute précision, à partir duquel sont tirés les résultats
de ces pages, est un monde à lui seul. Une magnifique introduction en est donnée par J. D. Fairbanks,
B. S. Deaver, C. W. Everitt & P. F. Michaelson, eds., Near Zero : Frontiers of Physics, Freeman,
1988.
288 a unités, mesures et constantes
Q ua nt it é Symbole Va l e u r u n i t é s S I I n c e r t. a
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c. Définition numérique de la constante. (La permittivité diélectrique du vide est aussi appelée constante
électrique et la perméabilité du vide, constante magnétique [N.d.T.].)
d. Toutes les constantes de couplage dépendent du transfert du quadrivecteur impulsion, comme expliqué
Page ?? dans la section sur la renormalisation. La constante de structure fine est le nom traditionnel de la constante de
couplage électromagnétique дem dans le cas d ’un transfert de quadrivecteur impulsion de Q 2 = m2e c 2 , ce qui
est la valeur la plus petite possible. Pour des transferts d ’ impulsion plus élevés elle possède des valeurs plus
grandes, par exemple дem (Q 2 = M W c ) ≈ 1/128. La constante de couplage de l ’ interaction forte possède des
2 2
valeurs supérieures pour des transferts d ’ impulsion moins importants, par exemple αs (34 GeV) = 0, 14(2).
Pourquoi toutes ces constantes possèdent-elles les valeurs qu ’elles ont ? La réponse
est différente dans chacune des situations. Pour toute constante possédant une dimen-
sion, tel que le quantum d ’action ħ, la valeur numérique a seulement une signification
historique. Elle est de 1,054 ⋅ 10−34 Js à cause de la définition du SI du joule et de la se-
conde. La question de savoir pourquoi la valeur d ’une constante dimensionnelle n’est
pas plus grande ni plus petite nous oblige toujours à comprendre l ’origine de certains
nombres sans dimension qui donnent le rapport entre la constante et l ’unité naturelle
correspondante. La compréhension des tailles des atomes, des gens, des arbres et des
étoiles, de la durée des processus moléculaires et atomiques, ou de la masse des noyaux
et des montagnes, implique de comprendre les ratios entre ces valeurs et les unités natu-
relles correspondantes. La clé de la compréhension de la nature se trouve donc dans la
compréhension de tous les ratios, et ainsi de toutes les constantes sans dimension. L’ his-
toire des rapports les plus importants est contée dans la partie qui conclut cette aventure.
Les constantes fondamentales engendrent les observations utiles suivantes, de haute
précision.
Q ua nt it é Symbole Va l e u r u n i t é s S I I n c e r t.
√
impédance caractéristique du vide Z 0 = µ 0 /ε 0 376,730 313 461 77... Ω 0
nombre d ’Avogadro NA 6,022 141 99(47) ⋅ 1023 7, 9 ⋅ 10−8
constante de Rydberg a R∞ = m e cα 2 /2h 10 973 731,568 549(83) m−1 7, 6 ⋅ 10−12
unités, mesures et constantes 289
Q ua nt it é Symbole Va l e u r u n i t é s S I I n c e r t.
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constante de la loi du déplacement b = λ max T 2,897 768 6(51) mmK 1, 7 ⋅ 10−6
de Wien
constante de conversion de bits en entropie 1023 bit = 0,956 994 5(17) J/K 1, 7 ⋅ 10−6
contenu énergétique du TNT de 3,7 à 4,0 MJ/kg 4 ⋅ 10−2
Certaines propriétés générales de la nature sont énumérées dans le tableau qui suit. (Si
vous voulez un défi, pouvez-vous déterminer si une quelconque propriété de l ’ Univers
Défi 396 s lui-même est listée ?)
TA B L E AU 14 Constantes astrophysiques.
Q ua nt it é Symbole Va l e u r
Q ua nt it é Symbole Va l e u r
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paramètre de l ’équation d ’état w = p X /ρ X −1, 0(2)
de l ’énergie sombre
masse baryonique mb 1,67 ⋅ 10−27 kg
densité baryonique 0,25(1) /m3
densité de matière lumineuse 3,8(2) ⋅ 10−28 kg/m3
étoiles dans l ’ Univers ne 1022±1
baryons dans l ’ Univers nb 1081±1
température du fond diffus T0 2,725(1) K
micro-onded
photons dans l ’ Univers nγ 1089
densité d ’énergie des photons ρ γ = π 2 k 4 /15T04 4,6 ⋅ 10−31 kg/m3
410,89 /cm3 ou 400 /cm3 (T0 /2, 7 K)3
√
densité de photons
amplitude des perturbations S 5, 6(1, 5) ⋅ 10−6
√ √
de densité
amplitude des ondes T < 0, 71 S
gravitationnelles
fluctuations de masse sur 8 Mpc σ8 0,84(4)
indice spectral scalaire n 0,93(3)
variation de l ’ indice spectral dn/d√
ln k -0,03(2)
l Pl = 1,62 ⋅ 10−35 m
√
longueur de Planck ħG/c 3
t Pl = ħG/c 5 5,39 ⋅ 10−44 s
√
temps de Planck
masse de Planck m Pl = ħc/G 21,8 µg
nombre d ’ instants dans l ’ histoirec t 0 /t Pl 8,7(2,8) ⋅ 1060
points de l ’espace-temps N 0 = (R 0 /l Pl )3 ⋅ 10244±1
dans l ’ horizonc (t 0 /t Pl )
masse dans l ’ horizon M 1054±1 kg
unités, mesures et constantes 291
a. Définition de la constante, d ’un équinoxe vernal à l ’autre équinoxe vernal. Elle était autrefois utilisée pour
définir la seconde. (Rappelez-vous : π secondes représentent à peu près un nanosiècle.) La valeur de 1990
compte environ 0,7 s de moins, correspondant à un ralentissement d ’approximativement 0,2 ms/a. (Faites
Défi 397 s attention : pourquoi ?) Il existe même une formule empirique pour évaluer la variation de la durée de l ’année
Réf. 281 au cours du temps.
b. Distance moyenne Terre–Soleil. Cette précision vraiment stupéfiante de 30 m résulte des durées moyennes
Soyez vigilants : dans l ’ultime partie de cet ouvrage on montre qu ’un grand nombre
des constantes du Tableau 14 ne sont pas des quantités physiquement raisonnables. Elles
doivent être considérées avec beaucoup de circonspection. Les constantes plus spéci-
fiques données dans le tableau qui suit sont toutes raisonnables, cependant.
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TA B L E AU 15 Constantes astronomiques.
Q ua nt it é Symbole Va l e u r
Q ua nt it é Symbole Va l e u r
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masse de Jupiter MX 1,90 ⋅ 1027 kg
rayon jovien équatorial RX 71,398 Mm
rayon jovien polaire RX 67,1(1) Mm
distance moyenne de Jupiter DX 778 412 020 km
au Soleil
galaxie connue la plus éloignée 1835 IR1916 13,2 ⋅ 109 al = 1,25 ⋅ 1026 m, redshift 10
a. La forme de la Terre est décrite de la manière la plus précise par le Système géodésique mondial. La der-
nière édition date de 1984. Pour une présentation largement développée de ses contextes et de ses détails,
consultez le site Web www.wgs84.com. L’ Union Géodésique et Géophysique Internationale révisa les don-
nées en l ’an 2000. Les rayons et l ’aplatissement donnés ici sont ceux du système de marée « mean tide sys-
tem ». Ils diffèrent de 0,7 m environ de ceux du système de marée « zero tide system » et de d ’autres systèmes.
Les particularités de ce domaine représentent une science à part.
b. Mesurée de centre à centre. Pour trouver la position précise de la Lune à une date donnée, consultez la
page www.fourmilab.ch/earthview/moon_ap_per.html. Pour les planètes, consultez la page www.fourmilab.
ch/solar/solar.html et les autres pages du même site.
c. Les angles sont définis comme suit : 1 degré = 1○ = π/180 rad, 1 (première) minute d ’arc = 1′ = 1○ /60, 1
seconde (minute) d ’arc = 1′′ = 1′ /60. Les anciennes unités « tierce minute d ’arc » et « quarte minute d ’arc »,
valant chacune 1/60e de la précédente, ne sont plus utilisées. (« Minute » signifiait à l ’origine « très petit »,
comme c ’est toujours le cas dans l ’anglais moderne.)
Nombres u tiles
π 3, 14159 26535 89793 23846 26433 83279 50288 41971 69399 375105
e 2, 71828 18284 59045 23536 02874 71352 66249 77572 47093 699959
γ 0, 57721 56649 01532 86060 65120 90082 40243 10421 59335 939923
Réf. 282
ln 2 0, 69314 71805 59945 30941 72321 21458 17656 80755 00134 360255
√ 10
ln 2, 30258 50929 94045 68401 79914 54684 36420 76011 01488 628772
10 3, 16227 76601 68379 33199 88935 44432 71853 37195 55139 325216
dans ses développements décimaux apparaissent tous avec la même fréquence limite,
alors tous les textes qui ont été écrits ou qui vont l ’être, de même que tous les mots
qui ont été prononcés ou qui vont l ’être, peuvent être retrouvés de manière codée
dans ses suites. La propriété de normalité n’a pas encore été démontrée, bien qu ’on
suspecte qu ’elle soit valide. Cela signifie-t-il que toute la science soit encodée dans le
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BI BL IO G R A PH I E
1
Samuel Johnson*
Aristote, De la sensation et des sensibles, section 1, partie 1, 350 av. J.-C. Cité dans
Jean-Paul Dumont, Les écoles présocratiques, Folio Essais, Gallimard, p. 157, 1991. Cité
”
en page 16.
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2 Le récit historique de la mesure de la vitesse de la lumière peut être compulsé dans le chapitre
19 de l ’ouvrage de Francis A. Jenkins & Harvey E. White, Fundamentals of Optics,
McGraw-Hill, New York, 1957. Cité en page 17.
3 Sur la manière de réaliser de telles mesures, lisez Sydney G. Brewer, Do-it-yourself As-
tronomy, Edinburgh University Press, 1988. Kepler lui-même n’a jamais mesuré les distances
des planètes au Soleil, mais uniquement les rapports des distances planétaires. La parallaxe
du Soleil mesurée à partir de deux points distincts sur Terre est tout au plus de 8,79 ′′ . Elle
fut mesurée pour la première fois au dix-huitième siècle. Cité en page 18.
4 Aristarque, On the sizes and the distances of the Sun and the Moon, v. 280 av. J.-
C., dans Michael J. Crowe, Theories of the World From Antiquity to the Copernican
Revolution, Dover, 1990. Cité en page 18.
5 J. Frercks, Creativity and technology in experimentation : Fizeau ’s terrestrial determi-
nation of the speed of light, Centaurus 42, pp. 249–287, 2000. Voyez également le magni-
fique site Web sur les reconstitutions d ’expériences scientifiques historiques : http://www.
uni-oldenburg.de/histodid/forschung/nachbauten. Cité en page 19.
6 La manière de produire des images de signaux lumineux à l ’aide d ’un appareil photogra-
phique ordinaire, sans électronique, est décrite par M. A. Duguay & A. T. Mattick,
Ultrahigh speed photography of picosecond light pulses and echoes, Applied Optics 10,
pp. 2162–2170, 1971. La photographie de la page 19 est tirée de celui-ci. Cité en page 20.
7 Vous pouvez apprendre les bases de la relativité restreinte en surfant sur le Web, sans l ’as-
sistance d ’aucun manuel, en prenant pour point de départ le site http://physics.syr.edu/
research/relativity/RELATIVITY.html. Cette page fait référence à la majorité des ressources
disponibles sur le Web sur la relativité, bien qu ’en langue anglaise. Des liens vers d ’autres
langues peuvent être trouvés à l ’aide des moteurs de recherche. Cité en page 20.
8 Des observations sur les sursauts de rayons gamma montrent que la vitesse de la lumière ne
dépend pas de la vitesse de la source à moins d ’une partie pour 1020 près, comme indiqué
par K. Brecher, Bulletin of the American Physical Society 45, 2000. Il émit l ’ hypothèse
que les deux côtés de l ’astre en explosion émettent de la lumière. La grande différence de
vitesse et l ’acuité de la pulsation conduisent alors à ce résultat. Lisez également son ancien
article K. Brecher, Is the speed of light independent of the source ?, Physics Letters 39,
pp. 1051–1054, Errata 1236, 1977. Une autre piste consiste à mesurer la vitesse de la lumière
à partir d ’étoiles en mouvement rapide. Certaines de ces expériences ne sont toutefois pas
complètement irréfutables. Il existe une théorie alternative de l ’électrodynamique, due à
Ritz, qui soutient que la vitesse de la lumière est c uniquement lorsqu ’elle est mesurée par
rapport à la source. La lumière issue des étoiles, cependant, traverse l ’atmosphère, et sa
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tion, Cambridge University Press, 1993. Cité aux pages 21 et 23.
10 B. E. Schaefer, Severe limits on variations of the speed of light with frequency, Physical
Review Letters 82, pp. 4964–4966, 21 juin 1999. Cité en page 22.
11 La théorie moderne de la relativité a vu le jour dans le célèbre article d ’ Albert Einstein,
Zur Elektrodynamik bewegter Körper, Annalen der Physik 17, pp. 891–921, 1905. Il est tou-
jours d ’une très grande importance, et chaque physicien devrait l ’avoir consulté. La même
chose peut être dite à propos du célèbre article, probablement rédigé après qu ’ il eut entendu
parler de l ’ idée d ’Olinto De Pretto, que l ’on peut trouver dans Albert Einstein, Ist die
Trägheit eines Körpers von seinem Energieinhalt abhängig ?, Annalen der Physik 18, pp. 639–
641, 1905. Lisez également ses réflexions : Albert Einstein, Über das Relativitätsprinzip
und die aus demselben gezogenen Folgerungen, Jahrbuch der Radioaktivität und Elektronik
4, pp. 411–462, 1907. Ces articles sont maintenant disponibles dans plusieurs langues. La co-
pie d ’une revue de détail ultérieure, non publiée, est disponible en traduction anglaise dans
Albert Einstein, Hanoch Gutfreund, ed., Einstein’s 1912 Manuscript on the Theory of
Relativity, George Braziller, 2004. Cité aux pages 22, 24 et 65.
12 Albert Einstein, Mein Weltbild, édité par Carl Selig, Ullstein Verlag, 1998. Cité en
page 22.
13 Jean van Bladel, Relativity and Engineering, Springer, 1984. Cité en page 22.
14 Albrecht Fölsing, Albert Einstein – eine Biographie, Suhrkamp p. 237, 1993. Cité aux
pages 23 et 33.
15 R. J. Kennedy & E. M. Thorndike, Experimental establishment of the relativity of
time, Physical Review 42, pp. 400–418, 1932. Lisez aussi H. E. Ives & G. R. Stilwell,
An experimental study of the rate of a moving atomic clock, Journal of the Optical So-
ciety of America 28, pp. 215–226, 1938, et 31, pp. 369–374, 1941. Pour une adaptation
moderne très précise, consultez C. Braxmeier, H. Müller, O. Pradl, J. Mlynek,
A. Peters & S. Schiller, New tests of relativity using a cryogenic optical resonator, Phy-
sical Review Letters 88, p. 010401, 2002. Les dernières nouvelles sont dans P. Antonini,
M. Okhapkin, E. Göklü & S. Schiller, Testing the constancy of the speed of light
with rotating cryogenic optical resonators, Physical Review A 71, p. 050101, 2005, ou http://
arxiv.org/abs/gr-qc/0504109. Cité en page 23.
296 bibliographie
16 Edwin F. Taylor & John A. Wheeler, Spacetime Physics – Introduction to Special Re-
lativity, second edition, Freeman, 1992. Voyez également Nick M. J. Woodhouse, Spe-
cial Relativity, Springer, 2003. Cité aux pages 25 et 74.
17 Wolf gang Rindler, Relativity – Special, General and Cosmological, Oxford University
Press, 2001. Un ouvrage admirable rédigé par un des spécialistes de ce domaine. Cité aux
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rie mit Zirkel und Lineal, Akademie-Verlag Berlin, 1991. Cité en page 24.
21 Rod S. Lakes, Experimental limits on the photon mass and cosmic vector potential, Phy-
sical Review Letters 80, pp. 1826–1829, 1998. La vitesse de la lumière est indépendante de la
fréquence à moins d ’un facteur 6 ⋅ 10−21 près, comme les études sur les rayons gamma de
B. E. Schaefer, Severe limits on variations of the speed of light with frequency, Physical
Review Letters 82, pp. 4964–4966, 1999, l ’ont montré. Cité en page 27.
22 Un tour d ’ horizon des résultats expérimentaux est fourni par Yuan Zhong Zhang, Spe-
cial Relativity and its Experimental Foundations, World Scientific, 1998. Cité aux pages 27,
32, 44, 59, 88 et 297.
23 R. W. McGowan & D. M. Giltner, New measurement of the relativistic Doppler shift
in neon, Physical Review Letters 70, pp. 251–254, 1993. Cité en page 28.
24 Le record actuel de synchronisation d ’ horloges semble être de 1 ps pour deux horloges dis-
tantes de 3 km l ’une de l ’autre. Lisez A. Valencia, G. Scarcelli & Y. Shih, Distant
clock synchronization using entangled photon pairs, Applied Physics Letters 85, pp. 2655–
2657, 2004, ou http://arxiv.org/abs/quant-ph/0407204. Cité en page 29.
25 J. Frenkel & T. Kontorowa, Über die Theorie der plastischen Verformung, Physikali-
sche Zeitschrift der Sowietunion 13, p. 1, 1938. F. C. Frank, On the equations of motion of
crystal dislocations, Proceedings of the Physical Society A 62, pp. 131–134, 1949. J. Eshelby,
Uniformly moving dislocations, Proceedings of the Physical Society A 62, pp. 307–314, 1949.
Voyez aussi G. Leibfried & H. Dietze, Zeitschrift für Physik 126, p. 790, 1949. Une intro-
duction générale peut être trouvée dans A. Seeger & P. Schiller, Kinks in dislocation
lines and their effects in internal friction in crystals, Physical Acoustics 3A, W. P. Mason,
ed., Academic Press, 1966. Lisez également les manuels de Frank R. N. Nabarro,
Theory of Crystal Dislocations, Oxford University Press, 1967, ou J. P. Hirth & J. Lothe,
Theory of Dislocations, McGraw Hill, 1968. Cité en page 30.
26 Ce merveilleux graphique est tiré de Z. G. T. Guiragossian, G. B. Rothbart,
M. R. Yearian, R. Gearhart & J. J. Murray, Relative velocity measurements of
electrons and gamma rays at 15 GeV, Physical Review Letters 34, pp. 335–338, 1975. Cité en
page 30.
27 Pour en savoir plus sur ces cinglés très connus et sur leurs idées, envoyez un courriel à
bibliographie 297
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page 99, 1927. Cité en page 33.
31 A. A. Michelson & E. W. Morley, On the relative motion of the Earth and the lumi-
niferous ether, American Journal of Science (3rd series) 34, pp. 333–345, 1887. Michelson a
publié de nombreux autres articles sur ce sujet après celui-ci. Cité en page 33.
32 S. Schiller, P. Antonini & M. Okhapkin, A precision test of the isotropy of the
speed of light using rotating cryogenic optical cavities, http://arxiv.org/abs/physics/0510169.
Cité en page 33.
33 H. A. Lorentz, De relative beweging van de aarde en dem aether, Amst. Versl. 1, p. 74,
1892, et aussi H. A. Lorentz, Electromagnetic phenomena in a system moving with any
velocity smaller than that of light, Amst. Proc. 6, p. 809, 1904, ou Amst. Versl. 12, p. 986, 1904.
Cité en page 37.
34 Une réfutation globale de ces propositions est discutée par S. R. Mainwaring &
G. E. Stedman, Accelerated clock principles, Physical Review A 47, pp. 3611–3619, 1993.
Des expériences sur les muons au CERN en 1968 montrèrent que des accélérations allant jus-
qu ’à 1020 m/s2 n’ont aucune incidence, comme l ’expliquent D. H. Perkins, Introduction
to High Energy Physics, Addison-Wesley, 1972, et J. Bailey & al., Il Nuovo Cimento 9A,
p. 369, 1972. Cité en page 37.
35 W. Rindler, General relativity before special relativity : an unconventional overview of
relativity theory, American Journal of Physics 62, pp. 887–893, 1994. Cité en page 38.
36 Steven K. Blau, Would a topology change allow Ms. Bright to travel backward in time ?,
American Journal of Physics 66, pp. 179–185, 1998. Cité en page 40.
37 Sur la formulation de la relativité en termes de quantités « propres », lisez par exemple
D. Hestenes, Proper particle mechanics, Journal of Mathematical Physics 15, pp. 1768–
1777, 1974. Cité en page 41.
38 L’expérience élémentaire qui consiste à emporter une horloge précise dans un avion, à voler
avec tout autour du globe et à la comparer alors à une autre identique que nous avons pris
soin de laisser au sol fut réalisée pour la première fois par J. C. Hafele & R. E. Keating,
Around-the-world atomic clocks : predicted relativistic time gains, Science 177, pp. 166–167,
et Around-the-world atomic clocks : observed relativistic time gains, pp. 168–170, 14 juillet
1972. Voyez également Réf. 22. Cité en page 41.
298 bibliographie
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44 W. Rindler, Length contraction paradox, American Journal of Physics 29, pp. 365–366,
1961. Pour une version sans la gravitation, lisez R. Shaw, Length contraction paradox, Ame-
rican Journal of Physics 30, p. 72, 1962. Cité en page 46.
45 H. van Lintel & C. Gruber, The rod and hole paradox re-examined, European Journal
of Physics 26, pp. 19–23, 2005. Cité en page 46.
46 Cette situation est analysée par G. P. Sastry, Is length contraction paradoxical ?, American
Journal of Physics 55, 1987, pp. 943–946. Cet article contient également une vaste bibliogra-
phie recouvrant des variantes des paradoxes sur la contraction des longueurs. Cité en page
46.
47 S. P. B oughn, The case of the identically accelerated twins, American Journal of Physics
57, pp. 791–793, 1989. Cité aux pages 46 et 50.
48 J. M. Supplee, Relativistic buoyancy, American Journal of Physics 57 1, pp. 75–77, janvier
1989. Lisez aussi G. E. A. Matsas, Relativistic Arquimedes law for fast moving bodies
and the general-relativistic resolution of the “submarine paradox”, Physical Review D 68,
p. 027701, 2003, ou http://arxiv.org/abs/gr-qc/0305106. Cité en page 47.
49 Cette distinction fut établie pour la première fois par J. Terrell, Invisibility of Lorentz
contraction, Physical Review 116, pp. 1041–1045, 1959, et R. Penrose, The apparent shape
of a relativistically moving sphere, Proceedings of the Cambridge Philosophical Society 55,
pp. 137–139, 1959. Cité en page 49.
50 G. R. Rybicki, Speed limit on walking, American Journal of Physics 59, pp. 368–369, 1991.
Cité en page 51.
51 Les premiers exemples de telles observations astronomiques furent donnés par A.R.
Whitney & al., Quasars revisited : rapid time variations observed via very-long-
baseline interferometry, Science 173, pp. 225–230, 1971, et par M.H. Cohen & al.,
The small-scale structure of radio galaxies and quasi-stellar sources at 3.8 centimetres,
Astrophysical Journal 170, pp. 207–217, 1971. Lisez aussi T. J. Pearson, S. C. Unwin,
M. H. Cohen, R. P. Linfield, A. C. S. Readhead, G. A. Seielstad, R. S. Simon
& R. C. Walker, Superluminal expansion of quasar 3C 273, Nature 290, pp. 365–368,
1981. Un aperçu en est donné dans J. A. Zensus & T. J. Pearson, editors, Superluminal
radio sources, Cambridge University Press, 1987. Une autre mesure, utilisant l ’ interféromé-
trie à très longue base avec des ondes radio, a été représentée sur la couverture de Nature :
bibliographie 299
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55 R. C. Tolman & G. N. Lewis, The principle of relativity and non-Newtonian mechanics,
Philosophical Magazine 18, pp. 510–523, 1909, et R. C. Tolman, Non-Newtonian mecha-
nics : the mass of a moving body, Philosophical Magazine 23, pp. 375–380, 1912. Cité en
page 56.
56 S. Rainville, J. K. Thompson, E. G. Myers, J. M. Brown, M. S. Dewey,
E. G. Kessler, R. D. Deslattes, H. G. B örner, M. Jentschel, P. Mutti &
D. E. Pritchard, World year of physics : a direct test of E = mc 2 , Nature 438, pp. 1096–
1097, 2005. Cité en page 61.
57 Cette information est issue d ’une communication confidentielle de Frank DiFilippo. Une
partie de cette histoire est contée dans F. DiFilippo, V. Natarajan, K. R. B oyce &
D. E. Pritchard, Accurate atomic masses for fundamental metrology, Physical Review
Letters 73, pp. 1481–1484, 1994. Ces mesures furent réalisées à l ’aide de pièges de Penning,
un tour d ’ horizon des possibilités qu ’ ils offrent en est donné par R. C. Thompson, Pre-
cision measurement aspects of ion traps, Measurement Science and Technology 1, pp. 93–
105, 1990. Les expérimentateurs les plus importants dans le domaine de la lévitation d ’une
unique particule reçurent le prix Nobel en 1989. Une des conférences du Prix Nobel peut être
consultée dans W. Paul, Electromagnetic traps for neutral and charged particles, Reviews
of Modern Physics 62, pp. 531–540, 1990. Cité en page 61.
58 J. L. Synge, Relativity : The Special Theory, North-Holland, 1956, pp. 208–213. Vous trou-
verez plus d ’ informations sur les antiparticules dans le cadre de la relativité restreinte dans
J. P. Costella, B. H. J. McKellar & A. A. Rawlinson, Classical antiparticles, Ame-
rican Journal of Physics 65, pp. 835–841, 1997. Voyez aussi Réf. 73. Cité en page 62.
59 A. Papapetrou, Drehimpuls- und Schwerpunktsatz in der relativistischen Mechanik,
Praktika Acad. Athenes 14, p. 540, 1939, et A. Papapetrou, Drehimpuls- und Schwer-
punktsatz in der Diracschen Theorie, Praktika Acad. Athenes 15, p. 404, 1940. Lisez éga-
lement M. H. L. Pryce, The mass-centre in the restricted theory of relativity and its
connexion with the quantum theory of elementary particles, Proceedings of the Royal So-
ciety in London, A 195, pp. 62–81, 1948. Cité en page 64.
60 Les références qui ont précédé la formule d ’ Einstein E = mc 2 sont : Tolver Preston,
Physics of the Ether, E. & F.N. Spon, 1875, J. H. Poincaré, La théorie de Lorentz et le prin-
cipe de réaction, Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles 5, pp. 252–278, 1900,
300 bibliographie
O. De Pretto, Ipotesi dell ’etere nella vita dell ’universo, Reale Istituto Veneto di Scienze,
Lettere ed Arti tomo LXIII, parte 2, pp. 439–500, Febbraio 1904, F. Hasenöhrl, Berichte
der Wiener Akademie 113, p. 1039, 1904, F. Hasenöhrl, Zur Theorie der Strahlung in be-
wegten Körpern, Annalen der Physik 15, pp. 344–370, 1904, F. Hasenöhrl, Zur Theorie
der Strahlung in bewegten Körpern – Berichtigung, Annalen der Physik 16, pp. 589–592,
1905. Hasenöhrl décéda en 1915, De Pretto en 1921. Tous ces articles furent publiés avant le
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de référence a été traduit en plusieurs langues. Cité en page 71.
64 P. Ehrenfest, Gleichförmige Rotation starrer Körper und Relativitätstheorie, Physika-
lische Zeitschrift 10, pp. 918–928, 1909. Ehrenfest suggéra (de manière incorrecte) que cela
signifiait que la relativité ne pouvait pas être correcte. Une synthèse récente de ce problème
peut être trouvée dans M. L. Ruggiero, The relative space : space measurements on a ro-
tating platform, http://arxiv.org/abs/gr-qc/0309020. Cité en page 72.
65 R. J. Low, When moving clocks run fast, European Journal of Physics 16, pp. 228–229, 1995.
Cité aux pages 77 et 78.
66 G. Stephenson & C. W. Kilmister, Special Relativity for Physicists, Longmans, Lon-
don, 1965. Voyez également W. N. Matthews, Relativistic velocity and acceleration trans-
formations from thought experiments, American Journal of Physics 73, pp. 45–51, 2005. Cité
en page 79.
67 L’ impossibilité de définir des référentiels de coordonnées rigides pour des observateurs
non uniformément accélérés est discutée par Charles Misner, Kip Thorne &
John A. Wheeler, Gravitation, Freeman, p. 168, 1973. Cité en page 81.
68 E. A. Desloge & R. J. Philpott, Uniformly accelerated reference frames in special re-
lativity, American Journal of Physics 55, pp. 252–261, 1987. Cité en page 81.
69 R. H. Good, Uniformly accelerated reference frame and twin paradox, American Journal
of Physics 50, pp. 232–238, 1982. Cité aux pages 81, 82 et 86.
70 J. Dwayne Hamilton, The uniformly accelerated reference frame, American Journal of
Physics 46, pp. 83–89, 1978. Cité en page 82.
71 Le meilleur formulaire de mathématiques (également le moins cher) reste celui de
K. Rottmann, Mathematische Formelsammlung, BI Hochschultaschenbücher, 1960.
Cité en page 82.
72 C. G. Adler & R. W. Brehme, Relativistic solutions to a falling body in a uniform gravi-
tation field, American Journal of Physics 59, pp. 209–213, 1991. Cité en page 83.
73 Consultez par exemple les excellentes notes de cours de D. J. Raymond, A radically mo-
dern approach to freshman physics, sur le site http://www.physics.nmt.edu/~raymond/
teaching.html. Cité aux pages 83 et 299.
bibliographie 301
74 L. Mishra, The relativistic acceleration addition theorem, Classical and Quantum Gravity
11, pp. L97–L102, 1994. Cité en page 83.
75 Edward A. Desloge, The gravitational red-shift in a uniform field, American Journal of
Physics 58, pp. 856–858, 1990. Cité en page 86.
76 Une de ces dernières expériences discutables se trouve dans T. P. Krisher, L. Maleki,
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le principe de la force maximale en 1998, alors qu ’ il recherchait une manière de dériver les
résultats du chapitre ?? qui aurait été si élémentaire qu ’elle aurait même convaincu un étu-
diant du second cycle. La référence est Christoph Schiller, Motion Mountain – The
Adventure of Physics, situé sur www.motionmountain.eu. L’ idée d ’une force maximale a
également été proposée par Gary Gibbons en 2002 (voir la référence ci-dessous). De nos
jours, Gary Gibbons est plus réticent que l ’auteur sur le fait de savoir si la force maximale
peut être considérée comme un véritable principe physique (en dépit du titre de son article).
L’approche d ’une force maximale a été discutée dans différents groupes de discussion Use-
net au début du vingt et unième siècle. Ce débat a montré que l ’ idée d ’une force maximale
(et d ’une puissance maximale) était déjà familière à certains individus, mais que personne
avant Gibbons et l ’auteur ne l ’avait couchée par écrit. Cette découverte aussi a été faite beau-
coup trop tard. En résumé, seule l ’ idée d ’ériger la force ou la puissance maximale au rang
de principe semble être originale. Elle fut publiée pour la première fois dans la référence qui
suit celle-ci puis dans C. Schiller, General relativity and cosmology derived from prin-
ciple of maximum power or force, International Journal of Theoretical Physics 44, pp. 1629–
1647, 2005, preprint sur arxiv.org/abs/physics/0607090. Cité en page 93.
80 C. Schiller, Maximum force and minimum distance : physics in limit statements,
qui constitue une partie de ce texte et téléchargeable sur www.motionmountain.eu/
MotionMountain-Part6.pdf, preprint sur arxiv.org/abs/physics/0309118. Cité aux pages
95, 98, 110 et 119.
81 G. W. Gibbons, The maximum tension principle in general relativity, Foundations of Phy-
sics 32, pp. 1891–1901, 2002, ou arxiv.org/abs/hep-th/0210109. Gary Gibbons explique que
la force maximale découle de la relativité générale, il ne fait aucune déclaration concernant
l ’ inverse. Cité en page 93.
82 H. C. Ohanian & R. Ruffini, Gravitation and Spacetime, W.W. Norton & Co., New
York, 1994. Cité aux pages 98, 108, 110, 113 et 117.
83 Lisez par exemple Wolf gang Rindler, Relativity – Special, General and Cosmological,
Oxford University Press, 2001, p. 70 ff, ou Ray d ’ Inverno Introducing Einstein’s Relati-
vity, Clarendon Press, 1992, p. 36 ff. Cité en page 100.
84 Regardez par exemple A. Ashtekar, S. Fairhust & B. Krishnan, Isolated horizons :
Hamiltonian evolution and the first law, arxiv.org/abs/gr-qc/0005083. Cité en page 100.
302 bibliographie
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92
holes, Physical Review Letters 81, pp. 4557–4559, 1998. Cité en page 116.
93 C. Will, Was Einstein Right ? – Putting General Relativity to the Test, Oxford University
Press, 1993. Consultez également son article arxiv.org/abs/gr-qc/9811036. Cité en page 117.
94 Les résultats des mesures réalisées par le satellite WMAP sont synthétisés sur le site map.
gsfc.nasa.gov/m_mm.html, les articles sont disponibles sur lambda.gsfc.nasa.gov/product/
map/current/map_bibliography.cfm. Cité en page 119.
95 La source historique la plus élémentaire est Albert Einstein, Sitzungsberichte der Preus-
sischen Akademie der Wissenschaften II pp. 844–846, 1915. C ’est la première explication de
la théorie générale de la relativité, en seulement trois pages. Cette théorie est alors expli-
quée plus en détail dans le célèbre article Albert Einstein, Die Grundlage der allgemei-
nen Relativitätstheorie, Annalen der Physik 49, pp. 769–822, 1916. Les références historiques
peuvent être trouvées en allemand et en anglais dans John Stachel, ed., The Collected
Papers of Albert Einstein, Volumes 1–9, Princeton University Press, 1987–2004.
Nous énumérons ci-dessous une sélection d ’ouvrages en langue anglaise pour une étude
plus approfondie, dans l ’ordre croissant de profondeur et de difficulté :
— Le livre de poche de Igor Novikov, Black Holes and the Universe, Cambridge Uni-
versity Press, 1990, constitue un livre divertissant sans aucune formule, mais néanmoins
exact et détaillé.
— Nous ne trouvons presque pas de formules, mais plein de perspicacité dans le texte en-
thousiaste de John A. Wheeler, A Journey into Gravity and Spacetime, W.H. Free-
man, 1990.
— Une excellente présentation didactique se trouve dans Edwin F. Taylor &
John A. Wheeler, Exploring Black Holes : Introduction to General Relativity, Addi-
son Wesley Longman, 2000.
— Beauté, simplicité et concision sont les mots qui caractérisent l ’ouvrage de Mal-
colm Ludvigsen, General Relativity, a Geometric Approach, Cambridge University
Press, 1999.
— Une excellente explication fait la force de Bernard Schutz, Gravity From the
Ground Up, Cambridge University Press, 2003.
— Un bon aperçu des expériences et de la théorie en est donné dans James Foster &
bibliographie 303
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— L’ouvrage le plus mathématique – et le plus difficile – reste celui de Robert M. Wald,
General Relativity, University of Chicago Press, 1984.
— Une grande quantité d ’ informations concernant la relativité générale est disponible sur
Internet. Pour un bon point de départ sur des ressources américaines, consultez le site
math.ucr.edu/home/baez/physics/.
Il existe toujours un besoin pour un grand ouvrage moderne sur la relativité générale, avec
des schémas en couleurs qui combinent les aspects expérimentaux et théoriques.
Pour des textes disponibles dans d ’autres langues, lisez la référence suivante. Cité aux
pages 123, 163, 165, 186 et 187.
96 Le classique G. Falk & W. Ruppel, Mechanik, Relativität, Gravitation – ein Lehrbuch,
Springer Verlag, third edition, 1983, est un magnifique texte d ’enseignement en allemand.
Un livret pratique et élégant : Ulrich E. Schröder, Gravitation – Einführung in die
allgemeine Relativitätstheorie, Verlag Harri Deutsch, Frankfurt am Main, 2001.
Une référence moderne en est Torsten Fliessbach, Allgemeine Relativitätstheorie,
Akademischer Spektrum Verlag, 1998.
Celui-ci est excellent : Hubert Goenner, Einführung in die spezielle und allgemeine
Relativitätstheorie, Akademischer Spektrum Verlag, 1996.
En italien, il y a le magnifique, instructif, mais coûteux Hans C. Ohanian &
Remo Ruffini, Gravitazione e spazio-tempo, Zanichelli, 1997. Il est hautement recom-
mandé. Une révision moderne de ce livre serait sans égale. Cité aux pages 123, 159, 160,
161, 163, 165, 186, 187 et 307.
97 P. Mohazzabi & J. H. Shea, High altitude free fall, American Journal of Physics 64,
pp. 1242–1246, 1996. En guise d ’anecdote, à cause d ’une défaillance technique Kittinger
avait laissé sa main dans le vide (proche) au cours de son ascension, sans avoir encouru
aucun dommage permanent. Sur les conséquences de l ’exposition humaine au vide, consul-
tez le site www.sff.net/people/geoffrey.landis/vacuum.html. Cité en page 124.
98 Ce récit est conté par exemple par W. G. Unruh, Time, gravity, and quantum mechanics,
preprint disponible sur www.arxiv.org/abs/gr-qc/9312027. Cité en page 124.
99 H. B ondi, Gravitation, European Journal of Physics 14, pp. 1–6, 1993. Cité en page 125.
304 bibliographie
100 J. W. Brault, Princeton University, thèse de doctorat, 1962. Lisez aussi J. L. Snider, Phy-
sical Review Letters 28, pp. 853–856, 1972, et pour l ’étoile Sirius lisez J.L. Greenstein &
al., Astrophysical Journal 169, p. 563, 1971. Cité aux pages 127 et 268.
101 Ce célèbre article est R. V. Pound & G. A. Rebka, Apparent weight of photons, Phy-
sical Review Letters 4, pp. 337–341, 1960. Une version plus précise en a été publiée par
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time-scale comparison, Il Nuovo Cimento 37B, pp. 219–231, 1977. Cité en page 127.
105 Vous trouverez plus d ’ informations sur les marées dans E. P. Clancy, The Tides, Double-
day, New York, 1969. Cité en page 129.
106 Ces expéditions se rendirent sur deux petites îles, à savoir à Sobral, au nord du Brésil, et
à Príncipe, dans le golfe de Guinée. Les résultats de cette expédition parurent dans The
Times avant qu ’ ils aient été diffusés dans une revue scientifique. Aujourd ’ hui, ce serait consi-
déré comme une violation grossière de l ’ honnêteté scientifique. Les résultats furent publiés
dans F. W. Dyson, A. S. Eddington & C. Davidson, Philosophical Transactions of
the Royal Society (London) 220A, p. 291, 1920, et Memoirs of the Royal Astronomical Society
62, p. 291, 1920. Cité en page 130.
107 On trouve une excellente source d ’ images de l ’espace-temps dans le texte de G. F. R. Ellis
& R. Williams, Flat and Curved Space-times, Clarendon Press, Oxford, 1988. Cité en page
131.
108 J. Droste, Het veld van een enkel centrum in Einstein’s theorie der zwaartekracht, en de
beweging van een stoffelijk punt, Verslag gew. Vergad. Wiss. Amsterdam 25, pp. 163–180, 1916.
Cité en page 133.
109 L’expression trou noir fut introduite en 1967 lors d ’une conférence sur les pulsars, comme
le décrit John A. Wheeler, dans son autobiographie Geons, Black Holes, and Quantum
Foam : A Life in Physics, W.W. Norton, 1998, pp. 296–297 : « Dans mon discours, j’ai pro-
posé que nous devions considérer l ’éventualité qu ’au centre d ’un pulsar puisse se trouver
un objet gravitationnellement complètement effondré. J ’ai fait remarquer que nous ne
pouvions plus répéter sans cesse "objet gravitationnellement complètement effondré". Nous
avions besoin d ’une tournure descriptive plus brève. "Que pensez-vous de trou noir ?"
interrogea quelqu ’un dans l ’auditoire. J ’avais cherché le terme approprié pendant des
mois, retournant sans cesse cette idée dans mon lit, dans la baignoire, dans ma voiture, à
chaque fois que j’avais des périodes propices à la réflexion. Soudainement, ce nom semblait
sonner parfaitement juste. Lorsque j’ai donné une conférence ... plus formelle ... quelques
semaines plus tard, le 29 décembre 1967, j’ai employé cette expression, puis je l ’ai intégrée
dans la version écrite de cette conférence publiée au printemps 1968 ... Je décidai d ’être plus
relâché sur l ’utilisation du terme "trou noir", l ’abandonnant de mon cours et de la version
écrite comme si c ’était un vieil ami familier. Deviendrait-il populaire ? En réalité il le devint.
bibliographie 305
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nous appelons le principe d ’équivalence faible, a été testé par de nombreuses expériences
jusqu ’à une précision de 10−13 . L’expérience la plus précise utilise des balances de torsion.
Regardez, par exemple, le site Web du groupe de Eőt-Wash sur www.npl.washington.edu/
eotwash/experiments/experiments.html. Cité en page 138.
114 Jusqu ’à présent, les expériences confirment que les énergies électrostatique et nucléaire
(forte) chutent comme la matière à une partie pour 108 près, et l ’énergie (nucléaire) faible à
quelques pour cent près. Cela est résumé dans la Réf. 118. Cité en page 139.
115 J. Soldner, Berliner Astronomisches Jahrbuch auf das Jahr 1804, 1801, p. 161. Cité en page
139.
116 Lisez par exemple K. D. Olum, Superluminal travel requires negative energies, Physical Re-
view Letters 81, pp. 3567–3570, 1998, ou M. Alcubierre, The warp drive : hyper-fast travel
within general relativity, Classical and Quantum Gravity 11, pp. L73–L77, 1994. Lisez aussi
Chris Van Den Broeck, A warp drive with more reasonable total energy requirements,
Classical and Quantum Gravity 16, pp. 3973–3979, 1999. Cité en page 142.
117 Lisez l ’ Astronomical Almanac, et son Explanatory Supplement, H.M. Printing Office, Lon-
don and U.S. Government Printing Office, Washington, 1992. Concernant l ’ information à
propos des diverses coordonnées de temps utilisées dans le monde, tel que le temps coor-
donnée barycentrique, le temps situé au barycentre du Système solaire, consultez également
la page Web tycho.usno.navy.mil/systime.html. Elle contient de plus une excellente biblio-
graphie. Cité en page 143.
118 Un tour d ’ horizon en est donné dans C. Will, Theory and Experiment in Gravitational Phy-
sics, chapitre 14.3, Cambridge University Press, édition corrigée, 1993. (Bien qu ’ il représente
une source de référence, son point de vue sur le rôle des marées et sur le rôle de l ’énergie
gravitationnelle dans le principe d ’équivalence a été critiqué par d ’autres chercheurs.) Lisez
aussi C. Will, Was Einstein Right ? – Putting General Relativity to the Test, Oxford Univer-
sity Press, 1993. Regardez aussi son article sur arxiv.org/abs/gr-qc/9811036. Cité aux pages
144, 163 et 305.
119 Ces calculs négligent plusieurs effets plus minuscules, comme la rotation de la Terre et le
décalage vers le rouge. Pour l ’effet principal, lisez Edwin F. Taylor, « The boundaries of
nature : special and general relativity and quantum mechanics, a second course in physics » –
Edwin F. Taylor ’s acceptance speech for the 1998 Oersted Medal presented by the American
306 bibliographie
Association of Physics Teachers, 6 janvier 1998, American Journal of Physics 66, pp. 369–376,
1998. Cité en page 144.
120 A. G. Lindh, Did Popper solve Hume’s problem ?, Nature 366, pp. 105–106, 11 novembre
1993, Cité en page 144.
121 P. Kaaret, S. Piraino, P. F. Bloser, E. C. Ford, J. E. Grindlay, A. Santangelo,
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of inertial and passive gravitational mass, Annals of Physics (NY) 26, pp. 442–517, 1964, un
des articles de recherche les plus intéressants et divertissants en physique expérimentale, et
par V. B. Braginsky & V. I. Panov, Soviet Physics – JETP 34, pp. 463–466, 1971. Des ré-
sultats modernes, avec des erreurs inférieures à une partie pour 1012 , sont donnés par Y. Su
& al., New tests of the universality of free fall, Physical Review D50, pp. 3614–3636, 1994. Plu-
sieurs expériences ont été proposées pour tester l ’équivalence dans l ’espace jusqu ’à moins
d ’une partie pour 1016 . Cité aux pages 145, 146 et 268.
124 L’effet Thirring fut prédit dans H. Thirring, Über die Wirkung rotierender ferner Mas-
sen in der Einsteinschen Gravitationstheorie, Physikalische Zeitschrift 19, pp. 33–39, 1918,
et dans H. Thirring, Berichtigung zu meiner Arbeit : « Über die Wirkung rotierender
Massen in der Einsteinschen Gravitationstheorie », Physikalische Zeitschrift 22, p. 29, 1921.
L’effet Thirring–Lense fut prédit dans J. Lense & H. Thirring, Über den Einfluß der
Eigenrotation der Zentralkörper auf die Bewegung der Planeten und Monde nach der Ein-
steinschen Gravitationstheorie, Physikalische Zeitschrift 19, pp. 156–163, 1918. Lisez aussi la
Réf. 145. Cité en page 149.
125 Cette prouesse, qui a tiré profit des satellites LAGEOS et LAGEOS II, est contée dans Igna-
zio Ciufolini, The 1995–99 measurements of the Thirring–Lense effect using laser-
ranged satellites, Classical and Quantum Gravity 17, pp. 2369–2380, 2000. Lisez également
I. Ciufolini & E. C. Pavlis, A confirmation of the general relativistic prediction of the
Lense–Thirring effect, Nature 431, pp. 958–960, 2004. Cité aux pages 150, 154 et 268.
126 La détection de l ’effet Thirring–Lense dans les pulsars binaires est présentée dans
R. D. Blandford, Lense–Thirring precession of radio pulsars, Journal of Astrophysics
and Astronomy 16, pp. 191–206, 1995. Cité en page 150.
127 G. Holzmüller, Zeitschrift für Mathematik und Physik 15, p. 69, 1870, F. Tisserand,
Comptes Rendus 75, p. 760, 1872, et Comptes Rendus 110, p. 313, 1890. Cité en page 150.
128 B. Mashhoon, Gravitoelectromagnetism, www.arxiv.org/abs/gr-qc/0011014. Consultez
également sa vaste liste de références sur le gravitomagnétisme. Cité en page 151.
129 D. Bedford & P. Krumm, On relativistic gravitation, American Journal of Physics 53,
pp. 889–890, 1985, et P. Krumm & D. Bedford, The gravitational Poynting vector and
energy transfer, American Journal of Physics 55, pp. 362–363, 1987. Cité aux pages 152 et 159.
bibliographie 307
130 M. Kramer & al., Tests of general relativity from timing the double pulsar, preprint sur
www.arxiv.org/abs/astro-ph/0609417. Cité aux pages 154 et 268.
131 Cette histoire est relatée dans John A. Wheeler, A Journey into Gravity and Spacetime,
W.H. Freeman, 1990. Cité en page 155.
132 Lisez, par exemple, K. T. McDonald, Answer to question #49. Why c for gravita-
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page 159.
136 Pour une introduction aux ondes gravitationnelles, lisez B. F. Schutz, Gravitational waves
on the back of an envelope, American Journal of Physics 52, pp. 412–419, 1984. Cité en page
157.
137 La magnifique synthèse de Daniel Kleppner, The gem of general relativity, Physics To-
day 46, pp. 9–11, avril 1993, parut six mois avant que les auteurs du travail cité, Joseph Taylor
et Russel Hulse, reçoivent le prix Nobel pour la découverte des pulsars milliseconde. Un
article de revue plus détaillé se trouve dans J. H. Taylor, Pulsar timing and relativistic
gravity, Philosophical Transactions of the Royal Society, London A 341, pp. 117–134, 1992. L’ar-
ticle original est J. H. Taylor & J. M. Weisberg, Further experimental tests of relativis-
tic gravity using the binary pulsar PSR 1913+16, Astrophysical Journal 345, pp. 434–450, 1989.
Regardez aussi J. M. Weisberg, J. H. Taylor & L. A. Fowler, Pulsar PSR 1913+16 sen-
det Gravitationswellen, Spektrum der Wissenschaft, pp. 53–61, décembre 1981. Cité aux pages
160 et 161.
138 D. R. Lorimer, Binary and millisecond pulsars, in www.livingreviews.org/lrr-2005-7, et
J. M. Weisberg & J. H. Taylor, The relativistic binary pulsar B1913+16 : thirty years of
observations and analysis, pp. 25–31, dans F. A. Rasio & I. H. Stairs, editors, Binary Ra-
dio Pulsars, Proceedings of a meeting held at the Aspen Center for Physics, USA, 12 janvier
- 16 janvier 2004, volume 328 of ASP Conference Series, Astronomical Society of the Pacific,
2005. Cité en page 161.
139 W. B. B onnor & M. S. Piper, The gravitational wave rocket, Classical and Quantum Gra-
vity 14, pp. 2895–2904, 1997, ou arxiv.org/abs/gr-qc/9702005. Cité en page 161.
140 L. Lerner, A simple calculation of the deflection of light in a Schwarzschild gravitational
field, American Journal of Physics 65, pp. 1194–1196, 1997. Cité en page 162.
141 A. Einstein, Über den Einfluß der Schwerkraft auf die Ausbreitung des Lichtes, Annalen
der Physik 35, p. 898, 1911. Cité en page 163.
142 I.I. Shapiro & al., Fourth test of general relativity, Physical Review Letters 13, pp. 789–
792, 1964. Cité en page 164.
143 I.I. Shapiro & al., Fourth test of general relativity : preliminary results, Physical Review
Letters 20, pp. 1265–1269, 1968. Cité en page 164.
308 bibliographie
144 J. H. Taylor, Pulsar timing and relativistic gravity, Proceedings of the Royal Society, Lon-
don A 341, pp. 117–134, 1992. Cité aux pages 164 et 167.
145 W. de Sitter, On Einstein’s theory of gravitation and its astronomical consequences,
Monthly Notes of the Royal Astronomical Society 77, pp. 155–184, p. 418E, 1916. Pour une
discussion sur la précession de de Sitter et la précession de Thirring–Lense, lisez aussi
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smaß einer n-fach ausgedehnten Riemannschen Mannigfalktigkeit, Göttinger Nachrichten,
mathematische–physikalische Klasse p. 334, 1917. Cité en page 171.
149 M. Santander, L. M. Nieto & N. A. Cordero, A curvature based derivation of the
Schwarzschild metric, American Journal of Physics 65, pp. 1200–1209, 1997. Cité aux pages
175 et 177.
150 Michael H. Soffel, Relativity in Astronomy, Celestial Mechanics and Geodesy, Springer
Verlag, 1989. Cité en page 175.
151 Richard P. Feynman, Fernando B. Morinigo, William G. Wagner &
Brian Hatfield, Feynman Lectures on Gravitation, Westview Press, 1995. Cité en page
176.
152 C. G. Torre & I. M. Anderson, Symmetries of the Einstein equations, Physical Review
Letters 70, pp. 3525–3529, 1993, ou www.arxiv.org/abs/gr-qc/9302033. Cité en page 182.
153 H. Nicolai, Gravitational billiards, dualities and hidden symmetries, www.arxiv.org/abs/
gr-qc/0506031. Cité en page 182.
154 Y. Wang & M. Tegmark, New dark energy constraints from supernovae, microwave
background and galaxy clustering, Physical Review Letters 92, p. 241302, 2004, ou arxiv.org/
astro-ph/0403292. Cité en page 183.
155 Des arguments prônant la stérilité de la covariance générale en sont donnés par
John D. Norton, General covariance and the foundations of general relativity, Reports
on Progress in Physics 56, pp. 791–858, 1993. L’opinion opposée, incluant la discussion des
« éléments absolus », est tenue dans l ’ouvrage de J. L. Anderson, Principles of Relativity
Physics, chapitre 4, Academic Press, 1967. Cité en page 184.
156 Pour une bonne introduction à la physique mathématique, lisez le célèbre texte en
deux volumes de ces trois femmes Yvonne Choquet-Bruhat, Cecile DeWitt-
Morette & Margaret Dillard-Bleick, Analysis, Manifolds, and Physics, North-
Holland, 1996 et 2001. La première édition de ce classique est parue en 1977. Cité en page
185.
157 Lisez par exemple R.A. Knop & al., New constraints on Ω M , Ω Λ , and w from an inde-
pendent set of eleven high-redshift supernovae observed with HST, Astrophysical Journal
598, pp. 102–137, 2003. Cité en page 186.
bibliographie 309
158 R. P. Feynman, R. B. Leighton & M. Sands, The Feynman Lectures on Physics, Addi-
son Wesley, 1977, volume II, p. 42–14. Cité en page 188.
159 L’article R. J. Hughes, The equivalence principle, Contemporary Physics 4, pp. 177–191,
1993, est un aperçu récent des tests expérimentaux de l ’universalité de la chute libre. Cité
en page 189.
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en page 194.
165 K. Tangen, Could the Pioneer anomaly have a gravitational origin ?, arxiv.org/abs/gr-qc/
0602089. Cité en page 195.
166 H. Dittus & C. Lämmerzahl, Die Pioneer-Anomalie, Physik Journal 5, pp. 25–31, jan-
vier 2006. Cité en page 195.
167 Cette célèbre citation est la première phrase du dernier chapitre, le « Beschluß », d ’ Emma-
nuel Kant, Kritik der praktischen Vernunft, 1797. Cité en page 196.
168 Aetius, Opinions, III, I, 6. Lisez Jean-Paul Dumont, Les écoles présocratiques, Folio
Essais, Gallimard, 1991, p. 445. Cité en page 196.
169 Une admirable introduction à l ’astronomie moderne a été donnée par Paolo Maffei, I
mostri del cielo, Mondadori Editore, 1976. Cité en page 200.
170 Lisez par exemple A. N. Cox, ed., Allen’s Astrophysical Quantities, AIP Press and Springer
Verlag, 2000. Un aperçu des observations dans le domaine optique en est donné par le Sloan
Digital Sky Survey sur cas.sdss.org/dr7/en/. Nous pouvons trouver plus de précisions concer-
nant l ’ Univers dans le magnifique ouvrage de W. J. Kaufmann & R. A. Fredman, Uni-
verse, fifth edition, W.H. Freeman & Co., 1999. Les découvertes les plus récentes sont mieux
retracées sur les sites Web sci.esa.int et hubble.nasa.gov. Cité en page 201.
171 P. Jetzer, Gravitational microlensing, Naturwissenschaften 86, pp. 201–211, 1999. Des me-
sures utilisant les vitesses orbitales autour de la Galaxie sont en bon accord avec cette valeur.
Cité aux pages 198 et 202.
172 D. R. Lorimer, A. J. Faulkner, A. G. Lyne, R. N. Manchester, M. Kramer,
M. A. McLaughlin, G. Hobbs, A. Possenti, I. H. Stairs, F. Camilo,
M. Burgay, N. D ’Amico, A. Corongiu & F. Crawford, The Parkes multibeam
pulsar survey : VI. Discovery and timing of 142 pulsars and a Galactic population analysis,
Monthly Notices of the Royal Astronomical Society preprint sur arxiv.org/abs/astro-ph/
0607640. Cité en page 202.
173 D. Figer, An upper limit to the masses of stars, Nature 434, pp. 192–194, 2005. Cité en
page 202.
174 G. Basri, The discovery of brown dwarfs, Scientific American 282, pp. 77–83, avril 2001.
Cité en page 202.
310 bibliographie
175 P. M. Woods & C. Thompson, Soft gamma repeaters and anomalous X-ray pulsars : ma-
gnetar candidates, arxiv.org/abs/astro-ph/0406133. Cité en page 203.
176 B. M. Gaensler, N. M. McClure-Griffiths, M. S. Oey, M. Haverkorn,
J. M. Dickey & A. J. Green, A stellar wind bubble coincident with the anomalous
X-ray pulsar 1E 1048.1-5937 : are magnetars formed from massive progenitors ?, The Astro-
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fut contée par Penzias lors de sa conférence Nobel. Cité en page 208.
181 Arno A. Penzias & Robert W. Wilson, A measurement of excess antenna tempera-
ture at 4080 Mcs, Astrophysical Journal 142, pp. 419–421, 1965. Cité en page 208.
182 Macrobius, Somnium Scipionis, XIV, 19. Lisez Jean-Paul Dumont, Les écoles préso-
cratiques, Folio Essais, Gallimard, 1991, p. 61. Cité en page 210.
183 Sur l ’ histoire lointaine de l ’ Univers, lisez les excellents textes de G. B örner, The Early Uni-
verse – Facts & Fiction, Springer Verlag, 3rd edition, 1993, ou Barry Parker, Creation –
The Story of the Origin and the Evolution of the Universe, Plenum Press, 1988. Un admirable
ouvrage de vulgarisation est celui de M. Longair, Our Evolving Universe, Cambridge Uni-
versity Press, 1996. Cité en page 210.
184 Les premières traces d ’oxygène semblent être apparues dans l ’atmosphère il y a 2,32 mil-
liards d ’années, vraisemblablement produites par des micro-organismes. Compulsez A.
Becker & al., Dating the rise of atmospheric oxygen, Nature 427, pp. 117–120, 2003. Cité
en page 211.
185 Gabriele Walker, Snowball Earth – The Story of the Great Global Catastrophe That
Spawned Life as We Know It, Crown Publishing, 2003. Cité en page 212.
186 K. Knie, Spuren einer Sternexplosion, Physik in unserer Zeit 36, p. 8, 2005. On
peut trouver la première étape de cette connexion dans K. Knie, G. Korschinek,
T. Faestermann, E. A. Dorfi, G. Rugel & A. Wallner, 60 Fe anomaly in a deep-
sea manganese crust and implications for a nearby supernova source, Physics Review Letters
93, p. 171103, 2004, la deuxième étape dans N. D. Marsh & H. Svensmark, Low cloud
properties influenced by cosmic rays, Physics Review Letters 85, pp. 5004–5007, 2000, et la
troisième étape dans de Menocal, Plio-Pleistocene African climate, Science 270, pp. 53–
59, 1995. Cité en page 213.
187 A. Friedman, Über die Krümmung des Raumes, Zeitschrift für Physik 10, pp. 377–386,
1922, et A. Friedmann, Über die Möglichkeit einer Welt mit konstanter negativer Krüm-
mung des Raumes, Zeitschrift für Physik 21, pp. 326–332, 1924. (Dans la transcription latine,
le nom de l ’auteur acquiert un second « n » dans son deuxième article.) Cité en page 214.
188 H. Knutsen, Darkness at night, European Journal of Physics 18, pp. 295–302, 1997. Cité
aux pages 219 et 220.
bibliographie 311
189 Lisez par exemple P.D. Peşić, Brightness at night, American Journal of Physics 66, pp. 1013–
1015, 1998. Cité aux pages 220 et 221.
190 Paul Wesson, Olbers’ paradox and the spectral intensity of extra-galactic background
light, Astrophysical Journal 367, p. 399, 1991. Cité en page 220.
191 Steven Weinberg, Gravitation and Cosmology, John Wiley, 1972. Un splendide ouvrage
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N. Straumann, The mystery of the cosmic vacuum energy density and the accelerated
expansion of the universe, European Journal of Physics 20, pp. 419–427, 1999. Cité aux pages
221 et 270.
194 A. Harvey & E. Schucking, Einstein’s mistake and the cosmological contant, Ameri-
can Journal of Physics 68, pp. 723–727, 2000. Cité en page 222.
195 L’auteur de la Bible explique la pluie de cette manière, comme nous pouvons le déduire de
ses toutes premières pages, Genèse 1 : 6-7. Cité en page 223.
196 Jusqu ’à sa mort, Fred Hoyle défendit sa conception de l ’ Univers statique, par exemple dans
G. Burbidge, F. Hoyle & J. V. Narlikar, A different approach to cosmology, Physics
Today 52, pp. 38–44, 1999. Cette équipe a également écrit un livre sous le même titre, publié
en 2000 par Cambridge University Press. Cité aux pages 223 et 224.
197 Stephen W. Hawking & G. F. R. Ellis, The Large Scale Structure of Space-Time, Cam-
bridge University Press, Cambridge, 1973. Entre autres, ce texte de référence discute des sin-
gularités de l ’espace-temps et de leur nécessité dans l ’ histoire de l ’ Univers. Cité aux pages
224, 261 et 314.
198 Saint Augustin, Les Confessions, 398, écrit : « Et je réponds à cette demande : "Que fai-
sait Dieu avant de créer le ciel et la terre ?" Je réponds, non comme celui qui éluda, dit-on,
les assauts d ’une telle question par cette plaisanterie : "Dieu préparait des supplices aux son-
deurs de mystères". Rire n’est pas répondre. Et je ne réponds pas ainsi. Et j’aimerais mieux
confesser mon ignorance, que d ’appeler la raillerie sur une demande profonde, et l ’éloge
sur une réponse ridicule. [...] Que si avant le ciel et la terre il n’était point de temps, pour-
quoi demander ce que vous [Dieu] faisiez ALORS ? Car, où le TEMPS n’était pas, ALORS
ne pouvait être. » (Livre onzième, chapitres 12 et 13). Cité en page 225.
199 Stephen Hawking, A Brief History of Time – From the Big Bang to Black Holes, 1988.
C ’est presque une obligation pour chaque physicien d ’avoir lu ce best-seller, puisqu ’ il
constitue un sujet de discussion récurrent lors de dîners festifs. Cité en page 225.
200 Les détails sur les étoiles sont exposés dans de nombreux ouvrages. Lisez par exemple ...Cité
en page 228.
201 J. Pelt, R. Kayser, S. Ref sdal & T. Schramm, The light curve and the time delay of
QSO 0957+561, Astronomy and Astrophysics 305, p. 97, 1996. Cité en page 230.
312 bibliographie
202 F. Zwicky, Nebulae as gravitational lenses, Physical Review Letters 51, p. 290, et
F. Zwicky, On the probability to detect nebulae which act as gravitational lenses, p. 679,
1937. Le point de vue pessimiste d ’ Einstein se trouve dans A. Einstein, Lens-like action
of a star by the deviation of light in the gravitational field, Science 84, pp. 506–507, 1936.
Une revue de détail sur l ’effet de lentille gravitationnelle peut même être trouvée en ligne,
dans l ’article de J. Wambsganss, Gravitational lensing in astronomy, Living Reviews in
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206 A. Guth, Die Geburt des Kosmos aus dem Nichts – Die Theorie des inflationären Univer-
sums, Droemer Knaur, 1999. Cité en page 233.
207 Les valeurs possibles pour l ’entropie de l ’ Univers ont été discutées par Ilya Prigogine,
Is Future Given ?, World Scientific, 2003. Ce fut son dernier livre. Pour une approche diffé-
rente, voyez G. A. Mena Marugán & S. Carneiro, Holography and the large number
hypothesis, arxiv.org/abs/gr-qc/0111034. Cet article réexprime également la déclaration sou-
vent formulée sur le fait que l ’ Univers possède une entropie qui est beaucoup plus petite
Défi 399 pe que le maximum théorique. Ce maximum est communément estimé autour de 10120 k, alors
qu ’on « estime » que la valeur réelle vaut 10100 k. Cependant, d ’autres auteurs citent 1084 k.
En 1974, Roger Penrose fit également des conjectures concernant l ’entropie de l ’ Univers.
Cité en page 234.
208 C. L. Bennet, M. S. Turner & M. White, The cosmic rosetta stone, Physics Today 50,
pp. 32–38, novembre 1997. Le fond diffus de rayonnement cosmologique se distingue du
rayonnement de corps noir par moins de 0,005 %. Cité en page 236.
209 L’absence d ’expansion dans le Système solaire est indiquée dans ... Cité en page 236.
210 Un admirable article expliquant comment nous pouvons réaliser des expériences qui per-
mettent de révéler la manière dont le corps humain perçoit la rotation même lorsque
les yeux sont bandés et les oreilles bouchées se trouve dans M. -L. Mittelstaedt &
H. Mittelstaedt, The effect of centrifugal force on the perception of rotation about a
vertical axis, Naturwissenschaften 84, pp. 366–369, 1997. Cité en page 237.
211 L’ indépendance de l ’ inertie a été testée ... Cité en page 237.
212 L’état actuel des connaissances en est donné dans les comptes rendus de conférence de Ju-
lian Barbour & Herbert Pfister, eds., Mach’s Principle : From Newton’s Bucket to
Quantum Gravity, Birkhäuser, 1995. Diverses formulations du principe de Mach – en réalité,
21 toutes différentes – sont comparées en page 530.
Dans un développement qui n’est pas sans rapport, Dennis Sciama publia, en 1953,un
article dans lequel il argumente que l ’ inertie d ’une particule est due à l ’attraction gravita-
tionnelle de toute la matière restante, présente dans l ’ Univers. Cet article est largement cité,
mais ne fait aucune déclaration nouvelle sur ce problème. Lisez D. W. Sciama, On the ori-
gin of inertia, Monthly Notices of the Royal Astronomical Society 113, pp. 34–42, 1953. Cité
aux pages 237 et 238.
bibliographie 313
213 Des précisions sur la rotation de l ’ Univers sont données dans A. Kogut, G. Hinshaw
& A. J. Banday, Limits to global rotation and shear from the COBE DMR four-year sky
maps, Physical Review D 55, pp. 1901–1905, 1997. On trouve une information plus ancienne
dans J. D. Barrow, R. Juszkiewicz & D. H. Sonoda, Universal rotation : how large
can it be ?, Monthly Notices of the Royal Astronomical Society 213, pp. 917–943, 1985. Li-
sez aussi J. D. Barrow, R. Juszkiewicz & D. H. Sonoda, Structure of the cosmic
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gravitational field of a spinning particle, General Relativity and Gravitation 2, pp. 303–312,
1971. Cité en page 239.
215 Lisez le plaisant récit de vulgarisation d ’ Igor Novikov, Black Holes and the Universe,
Cambridge University Press, 1990. Les conséquences de la désintégration de la lumière
furent étudiées par M. Bronstein, Die Ausdehnung des Weltalls, Physikalische Zeitschrift
der Sowjetunion 3, pp. 73–82, 1933. Cité aux pages 239 et 245.
216 C. L. Carilli, K. M. Menten, J. T. Stocke, E. Perlman, R. Vermeulen,
F. Briggs, A. G. de Bruyn, J. Conway & C. P. Moore, Astronomical constraints
on the cosmic evolution of the fine structure constant and possible quantum dimensions,
Physical Review Letters 85, pp. 5511–5514, 25 décembre 2000. Cité en page 239.
217 Les observations sur les trous noirs situés au centre des galaxies et ailleurs sont résumées
par R. Blandford & N. Gehrels, Revisiting the black hole, Physics Today 52, pp. 40–
46, juin 1999. Cité aux pages 241 et 255.
218 Le livre de poche suivant constitue un excellent ouvrage divertissant sur les trous noirs,
dépourvu de formules, mais néanmoins précis et détaillé : Igor Novikov, Black Holes
and the Universe, Cambridge University Press, 1990. Consultez aussi Edwin F. Taylor &
John A. Wheeler, Exploring Black Holes : Introduction to General Relativity, Addison
Wesley Longman 2000.
Pour une introduction historique, lisez l ’article de R. Ruffini, The physics of gravi-
tationally collapsed objects, pp. 59–118, dans Neutron Stars, Black Holes and Binary X-Ray
Sources, Proceedings of the Annual Meeting, San Francisco, Calif., 28 février 1974, Reidel
Publishing, 1975. Cité en page 241.
219 J. Michell, On the means of discovering the distance, magnitude, etc of the fixed stars,
Philosophical Transactions of the Royal Society London 74, p. 35, 1784, réimprimé dans
S. Detweiler, Black Holes – Selected Reprints, American Association of Physics Teachers,
1982. Cité en page 241.
220 Cet article admirable est de R. Oppenheimer & H. Snyder, On continued gravitational
contraction, Physical Review 56, pp. 455–459, 1939. Cité en page 243.
221 R. P. Kerr, Gravitational field of a spinning mass as an example of algebraically special
metrics, Physical Review Letters 11, pp. 237–238, 1963. Cité en page 247.
314 bibliographie
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Reversible and irreversible transformations in black hole physics, Physical Review Letters
25, pp. 1596–1597, 1970. Pour un trou noir général, chargé et en rotation, elle est due à
D. Christodoulou & R. Ruffini, Reversible transformations of a charged black hole,
Physical Review D 4, pp. 3552–3555, 1971. Cité en page 250.
228 J. D. Bekenstein, Black holes and entropy, Physical Review D7, pp. 2333–2346, 1973. Cité
en page 251.
229 Ce paradoxe est traité dans M. A. Abramowicz, Black holes and the centrifugal force pa-
radox, Scientific American 266, pp. 74–81, mars 1993, et dans le commentaire qu ’en donne
Don N. Page, Relative alternatives, Scientific American 266, p. 5, août 1993. Lisez aussi
M. A. Abramowicz & E. Szuszkiewicz, The wall of death, American Journal of Phy-
sics 61, pp. 982–991, 1993, et M. A. Abramowicz & J. P. Lasota, On traveling round
without feeling it and uncurving curves, American Journal of Physics 54, pp. 936–939, 1986.
Cité en page 253.
230 Pour des précisions concernant les trous noirs dans l ’ Univers primordial, lisez ... Cité en
page 254.
231 Pour des précisions concernant la formation des trous noirs par effondrement stellaire, lisez
... Cité en page 255.
232 Frederick Lamb, APS meeting 1998 press conference : Binary star 4U1820-30, 20 000
light years from Earth, Physics News Update, 27 avril 1998. Cité en page 255.
233 Le premier témoignage direct de matière chutant dans un trou noir fut annoncé au début de
l ’an 2001 ... Cité en page 255.
234 Pour lire un résumé accessible sur les théorèmes de singularité de Penrose–Hawking, regar-
dez ... Des détails peuvent être trouvés dans la Réf. 197. Cité en page 256.
235 Pour un tour d ’ horizon de la censure cosmique, consultez T. P. Singh, Gravitational col-
lapse, black holes and naked singularities, arxiv.org/abs/gr-qc/9805066, ou R. M. Wald,
Gravitational collapse and cosmic censorship, arxiv.org/abs/gr-qc/9710068. L’ idée originale
est due à R. Penrose, Gravitational collapse : the role of general relativity, Rivista del
Nuovo Cimento 1, pp. 252–276, 1969. Cité en page 256.
236 G. J. Stoney, On the physical units of nature, Philosophical Magazine 11, pp. 381–391, 1881.
Cité en page 260.
bibliographie 315
237 L’ horloge géométrodynamique est discutée dans D. E. Brahm & R. P. Gruber, Limita-
tions of the geometrodynamic clock, General Relativity and Gravitation 24, pp. 297–303,
1992. L’ horloge fut elle-même introduite par R. F. Marzke, dans sa thèse de doctorat The
theory of measurement in general relativity, 1959, avec John Wheeler comme directeur de
thèse. Cité en page 261.
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son dernier article d ’une série de publications sur ce thème, le premier étant T. Damour,
Was Einstein 100 % right ?, arxiv.org/abs/gr-qc/9412064. Cité aux pages 267, 268 et 269.
242 H. Dittus, F. Everitt, C. Lämmerzahl & G. Schäfer, Die Gravitation im Test,
Physikalische Blätter 55, pp. 39–46, 1999. Cité aux pages 267 et 268.
243 Consultez S. Bässler & al., Improved test of the equivalence principle for gravitational
selfenergy, Physical Review Letters 83, pp. 3585–3588, 1999. Lisez également C. M. Will,
Gravitational radiation and the validity of general relativity, Physics Today 52, p. 38, octobre
1999. Cité en page 268.
244 La dépendance en l ’ inverse du carré a été testée jusqu ’à une précision de 60 µm, comme
le rapportent E. Adelberger, B. Heckel & C. D. Hoyle, Testing the gravitational
inverse-square law, Physics World 18, pp. 41–45, 2005. Cité en page 268.
245 Pour des théories concurrentes de la relativité générale, lisez par exemple C. M. Will, The
confrontation between general relativity and experiment, Living Reviews of Relativity 2001,
www.livingreviews.org/lrr-2001-4. Par exemple, l ’absence de l ’effet Nordtvedt, une hypothé-
tique oscillation d ’une période de 28 jours dans la distance Terre–Lune, qui fut recherchée
par des expériences fondées sur des lasers sans donner un quelconque résultat positif, « tua »
dans l ’ œuf plusieurs théories concurrentes. Cet effet, prédit par Kenneth Nordtvedt, n’appa-
raîtrait que si l ’énergie gravitationnelle présente dans le système Terre–Lune chutait d ’une
manière différente de la Terre et la Lune elles-mêmes. Pour un résumé des mesures relevées,
lisez J. Müller, M. Schneider, M. Soffel & H. Ruder, Astrophysical Journal Let-
ters 382, p. L101, 1991. Cité en page 268.
246 Pratiquement tout ce qu ’ il est important de savoir en relativité générale est publié dans la
revue Classical and Quantum Gravity. Cité en page 269.
247 Collisions et problèmes à plusieurs corps ... Cité en page 269.
248 Inflation et Univers primordial ... Cité en page 269.
249 L’étude du chaos dans les équations du champ d ’ Einstein en est juste à ses balbutiements. Li-
sez par exemple L. B ombelli, F. Lombardo & M. Castagnino, Chaos in Robertson-
Walker cosmology, www.arxiv.org/abs/gr-qc/9707051. Cité en page 269.
250 Le satellite de l ’ ESA baptisé « Planck » mesurera la polarisation du fond diffus cosmologique
micro-onde. Cité en page 269.
316 bibliographie
251 Une bonne introduction au domaine des sursauts gamma en est donnée par S. Klose,
J. Greiner & D. Hartmann, Kosmische Gammastrahlenausbrüche – Beobachtungen
und Modelle, Teil I und II, Sterne und Weltraum mars et avril 2001. Cité en page 270.
252 La base de données des solutions du champ est construite autour des travaux de A. Karlhede.
Elle nous permet de faire la distinction entre des solutions tout en restreignant la quantité
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256 Un livre magnifiquement rédigé sur les connexions qui existent entre le Big Bang et la phy-
sique des particules est celui de I. L. Rozental, Big Bang – Big Bounce, How Particles and
Fields Drive Cosmic Evolution, Springer, 1988. Pour d ’autres corrélations, lisez M. Nagano
& A. A. Watson, Observations and implications of the ultrahigh energy cosmic rays, Re-
views of Modern Physics 72, pp. 689–732, 2000. Cité en page 270.
257 L’enseignement bénéficiera en particulier de nouvelles formulations, d ’une focalisation sur
les principes et leurs conséquences, comme cela s’est produit pour la relativité restreinte,
de descriptions plus élémentaires dans le domaine des champs faibles, et de recherches ulté-
rieures sur la théorie de la relativité générale. Les récents ouvrages cités ci-dessus vont tous
dans ce sens. Cité en page 270.
258 G. E. Prince & M. Jerie, Generalising Raychaudhuri ’s equation, in Differential Geome-
try and Its Applications, Proc. Conf., Opava (Czech Republic), 27-31 août 2001, Silesian Uni-
versity, Opava, 2001, pp. 235–242. Cité en page 271.
259 L’approche de Bekenstein en est une qui est notoire : il proposa une modification de la re-
lativité générale qui corrige l ’attraction universelle en 1/r 2 aux distances galactiques. Cela
a été réalisé dans le but d ’expliquer les centaines de mesures des courbes de rotation ga-
lactique qui semblent exiger une telle modification. (Cette approche est dénommée théorie
MOND pour dynamique newtonienne modifiée.) Une introduction en est donnée par Ja-
cob D. Bekenstein, The modified Newtonian dynamics – MOND – and its implications
for new physics, Contemporary Physics 47, pp. 387–403, 2006, preprint sur www.arXiv.org/
abs/astro-ph/0701848v2. Cité en page 271.
260 Le Système International d ’ Unités, Bureau International des Poids et Mesures, Pavillon de
Breteuil, Parc de Saint Cloud, 92310 Sèvres, France. Tous les nouveaux développements
concernant les unités du SI sont publiés dans la revue Metrologia, éditée par ce même or-
ganisme. Preuve du lent cheminement d ’une vieille institution, le BIPM inaugura son site
Web en 1998 seulement, il est dorénavant accessible sur www.bipm.fr. Consultez également
la page Web www.utc.fr/~tthomass/Themes/Unites/index.html, elle présente les biographies
des personnes qui ont donné leur nom aux diverses unités employées. Le site de son homo-
logue britannique, www.npl.co.uk/npl/reference, est nettement mieux : il fournit de nom-
breux détails ainsi que la version en langue anglaise des définitions des unités du SI. Cité en
page 274.
bibliographie 317
261 La bible dans le domaine de la mesure du temps est représentée par l ’ œuvre magistrale en
deux volumes de J. Vanier & C. Audoin, The Quantum Physics of Atomic Frequency
Standards, Adam Hilge, 1989. Un compte-rendu populaire se trouve dans Tony Jones,
Splitting the Second, Institute of Physics Publishing, 2000.
Le site opdaf1.obspm.fr/www/lexique.html donne un glossaire des termes employés dans
cette discipline. Sur les mesures de longueur, voir ... Sur les mesures de précision du courant
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mic rays at extremely high energies, Physical Review Letters 71, pp. 3401–3404, 1993. Cité
en page 280.
266 P. J. Hakonen, R. T. Vuorinen & J. E. Martikainen, Nuclear antiferromagnetism
in rhodium metal at positive and negative nanokelvin temperatures, Physical Review Letters
70, pp. 2818–2821, 1993. Lisez également son article dans Scientific American, janvier 1994.
Cité en page 280.
267 G. Charpak & R. L. Garwin, The DARI, Europhysics News 33, pp. 14–17, janvier/février
2002. Cité en page 280.
268 Les valeurs mesurées des quantités physiques et les plages de valeurs qu ’elles prennent sont
assemblées dans Horst Völz & Peter Ackermann, Die Welt in Zahlen, Spektrum
Akademischer Verlag, 1996. Cité en page 281.
269 Lisez par exemple K. Codling & L. J. Frasinski, Coulomb explosion of simple mole-
cules in intense laser fields, Contemporary Physics 35, pp. 243–255, 1994. Cité en page 282.
270 A. Zeilinger, The Planck stroll, American Journal of Physics 58, p. 103, 1990. Pouvez-vous
Défi 400 e découvrir un autre exemple similaire ? Cité en page 282.
271 L’ horloge la plus précise construite en 2004, une horloge à fontaine atomique au césium,
avait une précision d ’une partie pour 1015 . Une précision plus élevée a été prévue comme
étant bientôt possible, entre autres par M. Takamoto, F. -L. Hong, R. Higashi &
H. Katori, An optical lattice clock, Nature 435, pp. 321–324, 2005. Cité en page 283.
272 J. Bergquist, ed., Proceedings of the Fifth Symposium on Frequency Standards and Metro-
logy, World Scientific, 1997. Cité en page 283.
273 Consultez les informations sur les mésons D±s , données par le « particle data group » sur pdg.
web.cern.ch/pdg. Cité en page 284.
274 Au sujet de la longue durée de vie du tantale 180, lisez D. Belic & al., Photoactivation
of 180 Tam and its implications for the nucleosynthesis of nature’s rarest naturally occurring
isotope, Physical Review Letters 83, pp. 5242–5245, 20 décembre 1999. Cité en page 284.
275 Consultez l ’étude donnée par L. Ju, D. G. Blair & C. Zhao, The detection of gravitatio-
nal waves, Reports on Progress in Physics 63, pp. 1317–1427, 2000. Cité en page 284.
276 Lisez l ’article clair et approfondi de G. E. Stedman, Ring laser tests of fundamental phy-
sics and geophysics, Reports on Progress in Physics 60, pp. 615–688, 1997. Cité en page 284.
318 bibliographie
277 D’après une communication privée de Richard Rusby, c ’est la valeur de 1997, alors
qu ’elle était estimée à 99.975°C en 1989, comme l ’ indiquent Gareth Jones & Ri-
chard Rusby, Official : water boils at 99.975°C, Physics World 2, pp. 23–24, septembre
1989, et R. L. Rusby, Ironing out the standard scale, Nature 338, p. 1169, mars 1989. Pour
plus d ’ informations sur les mesures de température, lisez la page 345. Cité en page 284.
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du Conseil international pour la science, lequel compte également l ’ Union internationale
de physique pure et appliquée (UIPPA), l ’ Union internationale de chimie pure et appliquée
(UICPA) et d ’autres organisations. Le site Web de l ’ UICPA est www.iupac.org. Cité aux pages
286 et 287.
281 Les détails sont fournis dans la célèbre référence astronomique, Kenneth Seidelmann,
Explanatory Supplement to the Astronomical Almanac, 1992. Cité en page 291.
282 Pour plus d ’ informations concernant le nombre π, ainsi que d ’autres constantes, la page
Web oldweb.cecm.sfu.ca/pi/pi.html donne une grande quantité de données et de références.
Elle possède également un lien vers la synthèse qui en est faite sur mathworld.wolfram.com/
Pi.html et vers de nombreux autres sites sur ce sujet. Voici quelques formules simples sur π :
∞
n 2n
π+3= ∑ (297)
n=1 ( n )
2n
Ce site développe aussi les nouvelles méthodes découvertes pour pouvoir calculer des
chiffres binaires, choisis au préalable, de π sans avoir à évaluer tous les précédents. En outre,
le nombre de chiffres (consécutifs) connus en 1999 était de plus de 1,2 million de millions, tel
que le cite Science News 162, p. 255, 14 décembre 2002. Ces méthodes passent avec succès tous
les tests aléatoires, comme l ’explique le site Web mathworld.wolfram.com/PiDigits.html. Ce-
pendant, cette propriété, désignée normalité, n’a jamais reçu de démonstration, c ’est la plus
grande question qui demeure ouverte au sujet de π. Il est probable que la théorie de la dyna-
mique du chaos conduise vers une solution à cette énigme dans les années à venir.
Une autre méthode permettant de calculer π ainsi que d ’autres constantes a été décou-
verte et publiée par D. V. Chudnovsky & G. V. Chudnovsky, The computation of
classical constants, Proceedings of the National Academy of Sciences (USA) 86, pp. 8178–8182,
1989. Les frères Chudnowsky avaient mis au point un supercalculateur dans l ’appartement
de Gregory avec environ 70 000 euros, et détinrent pendant plusieurs années le record du
bibliographie 319
calcul du plus grand nombre de chiffres de π. Ils engagèrent une rude compétition durant
plusieurs décennies avec Kanada Yasumasa, qui a battu le record en 2000, en effectuant le
calcul sur un supercalculateur de l ’ industrie. De nouvelles formules pour calculer π sont
toujours occasionnellement découvertes.
Pour le calcul de la constante d ’ Euler γ lisez aussi D. W. DeTemple, A quicker conver-
gence to Euler ’s constant, The Mathematical Intelligencer, pp. 468–470, mai 1993.
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I N DIC E S ET S OLU T ION S DE S DÉ F I S
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Challenge 4, page 17: L’ instant où le satellite Io pénètre dans l ’ombre lors de la deuxième me-
sure se produit environ 1 000 s plus tard que prévu, par rapport à la première mesure. Puisque la
Terre est éloignée d ’environ 3 ⋅ 1011 m de Jupiter et Io, nous retrouvons la valeur classique de la
vitesse de la lumière.
Challenge 5, page 18: Pour compenser l ’aberration, le télescope doit être incliné dans la direc-
tion du mouvement de la Terre, et pour compenser la parallaxe, dans la direction opposée au
mouvement.
Challenge 6, page 18: Sinon la somme des vitesses serait supérieure à c.
Challenge 7, page 18: Le dessin le montre. L’observateur, la Lune et le Soleil forment un tri-
angle. Lorsque la Lune est à demi pleine, l ’angle formé par celle-ci est un angle droit. Donc le
rapport des distances peut être déterminé, quoique non facilement, car l ’angle au niveau de l ’ob-
servateur est très proche également d ’un angle droit.
Challenge 8, page 18: Des réflecteurs ont été déposés sur la Lune au cours des missions Apollo
et Lunokhod. Ils sont utilisés pour réfléchir des impulsions de lumière laser de 35 ps envoyés
dessus par des télescopes. Le chronométrage du voyage aller–retour donne alors la distance à la
Lune. Bien sûr, la distance absolue n’est pas connue avec une haute précision, mais les variations
le sont. L’épaisseur de l ’atmosphère constitue la plus grande source d ’erreur. Consultez les sites
www.csr.utexas.edu/mlrs et ilrs.gsfc.nasa.gov.
Challenge 9, page 19: Fizeau utilisa un miroir situé à environ 8,6 km. Comme l ’ indique la fi-
gure, il avait juste à compter les dents de sa roue dentée et à mesurer sa vitesse de rotation entre le
moment où la lumière partait dans une direction en passant par une dent et celui où elle revenait
par la suivante.
Challenge 10, page 20: Ce temps doit être plus court que T = l/c, autrement dit plus court
que 30 ps. C ’était un obturateur gazeux, et non pas un solide. Il était déclenché par une impul-
sion de lumière rouge (indiquée sur la photographie) synchronisée par l ’ impulsion devant être
photographiée. Pour certains matériaux, tel le gaz utilisé, une lumière forte peut conduire à un
blanchissement, de telle façon qu ’ ils deviennent transparents. Pour plus de détails concernant cet
obturateur et sa technique de déclenchement perfectionnée, lisez l ’article des auteurs.
Challenge 11, page 20: Prenez simplement une photographie d ’un éclair tout en déplaçant l ’ap-
pareil photo horizontalement. Vous verrez qu ’un éclair est composé de plusieurs décharges. Tout
indices et solutions des défis 321
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sa couleur en fonction de l ’angle auquel nous l ’observons, le long de sa direction de mouvement.
Un éclair proche changerait de couleur du sommet à sa base.
Challenge 12, page 21: Les ampoules les plus rapides étaient des particules subatomiques, telles
que les muons, qui se désintègrent en émettant un photon, donc un minuscule flash lumineux.
Toutefois, certaines étoiles émettent aussi des jets rapides de matière, qui se déplacent avec des
vitesses comparables à celle de la lumière.
Challenge 13, page 21: La vitesse des neutrinos est la même que celle de la lumière à 9 déci-
males près, puisqu ’on a observé que des neutrinos et de la lumière arrivent ensemble, à 12 se-
condes d ’ intervalle l ’un de l ’autre, après un voyage de 170 000 années-lumière d ’une explosion
Réf. 28 de supernova.
Challenge 15, page 24: Nous en débattons de la meilleure façon en montrant que les autres pos-
sibilités n’ont aucun sens.
Challenge 16, page 25: La coordonnée spatiale de l ’événement où la lumière est réfléchie est
c(k 2 − 1)T/2, la coordonnée de temps est (k 2 + 1)T/2. Leur rapport doit être v. Le résultat est
donné en résolvant pour k.
Challenge 18, page 26: Le mouvement des ondes radio, du rayonnement infrarouge, ultraviolet
et gamma ne peut également être arrêté. Nous avions suspecté dans le passé le neutrino, mais
finalement on s’est aperçu qu ’ il a une masse et peut donc en principe être arrêté. Le mouvement
de la gravité ne peut également pas être arrêté.
Challenge 20, page 28: λ R /λ S = γ.
Challenge 21, page 28: Pour passer de la lumière rouge (650 nm) à la lumière verte (550 nm),
il faut une vitesse v = 0, 166c.
Challenge 22, page 29: Les scientifiques mesurent le décalage des raies spectrales, tel le dé-
calage de ce que nous appelons la raie Lyman-α de l ’ hydrogène, qui est émise (ou absorbée)
lorsqu ’un électron libre est capturé (ou éjecté) par un proton. C ’est une des célèbres raies de
Page ?? Fraunhofer.
Challenge 23, page 29: Les vitesses sont données par
(z + 1)2 − 1
v/c =
(z + 1)2 + 1
(299)
322 indices et solutions des défis
ce qui implique que v(z = −0, 1) = 31 Mm/s = 0, 1c en direction de l ’observateur et que v(z = 5) =
284 Mm/s = 0, 95c en s’éloignant de l ’observateur.
Un décalage vers le rouge de 6 implique une vitesse de 0, 96c ; de telles vitesses apparaissent
parce que, comme nous le verrons dans la section sur la relativité générale, les objets lointains
s’éloignent de nous. Des décalages vers le rouge élevés sont observés uniquement pour des objets
qui sont extrêmement éloignés de la Terre, et plus ils sont éloignés plus ils s’éloignent vite. Pour un
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de découvrir cette histoire.
Challenge 31, page 32: Les relations entre l ’ invariance par rapport à l ’observateur et la pro-
priété de vitesse limite semblent être valides en général dans la nature, comme indiqué dans la
Page ?? section ?? Cependant, un argument définitif et achevé n’est pas encore à portée de main. Si vous
en avez un, publiez-le !
Challenge 34, page 34: Si la vitesse de la lumière est la même pour tous les observateurs, aucun
observateur ne peut prétendre être plus au repos qu ’un autre (tant que l ’espace-temps reste plat),
parce qu ’ il n’existe aucune observation issue de l ’électrodynamique, de la mécanique ou de tout
autre domaine de la physique qui permette de faire cette affirmation.
Challenge 37, page 36: Le fait de redessiner la Figure 9 de la page 25 pour l ’autre observateur
permet de conclure.
Challenge 38, page 36: La valeur anthropique est atteinte dans les accélérateurs de particules,
la valeur de la nature se trouve dans les rayons cosmiques de plus forte énergie.
Challenge 39, page 38: L’ensemble des événements se comporte comme une variété, parce
qu ’ il se comporte comme un espace quadridimensionnel : il possède une infinité de points autour
de n’ importe quel point de départ donné, et les distances se comportent de manière familière, les
limites se comportent de la manière usuelle. Il se distingue par une dimension supplémentaire, et
par le signe dans la définition de la distance : ainsi, à proprement parler, c ’est une variété rieman-
nienne.
Challenge 40, page 38: L’ infini est évident, comme l ’est l ’ouverture. Donc l ’équivalence topo-
logique peut être montrée en imaginant que la variété est constituée de caoutchouc et est envelop-
pée autour d ’une sphère.
Challenge 41, page 40: Le cône de lumière demeure inchangé, donc la causalité aussi.
Challenge 42, page 40: Dans une telle situation, la division de l ’espace-temps autour d ’un ob-
servateur inertiel entre le futur, le passé et l ’ailleurs ne se tiendrait plus, et le futur pourrait in-
fluencer le passé (comme le ferait remarquer un autre observateur).
Challenge 45, page 43: Le rapport prévu par un raisonnement naïf est de (1/2)(6,4/2,2) = 0, 13.
Challenge 46, page 43: Le facteur de dilatation du temps pour v = 0, 9952c est 10,2, ce qui
donne un temps propre de 0,62 µs. Donc le rapport prédit par la relativité restreinte est de
(1/2)(0,62/2,2) = 0, 82.
indices et solutions des défis 323
Challenge 47, page 44: Envoyez un signal lumineux de la première horloge jusqu ’à la seconde,
et qui revient à la première. Prenez le temps moyen entre le départ et l ’arrivée, puis comparez-le
avec le temps lors de la réflexion. Répétez cela plusieurs fois. Regardez aussi la Figure 9.
Challenge 50, page 45: Astuce : pensez à différentes directions de visée.
Challenge 51, page 45: Pas avec les méthodes expérimentales actuelles.
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Pour une pièce glissante s’approchant du décrochement et de l ’ampoule, la situation est dif-
férente : une pièce plus courte que le décrochement peut laisser la lampe allumée tout le temps,
comme le souligna S.R. Madhu Rao.
Pourquoi les débats sont-ils souvent houleux ? Certaines personnes prétendront (faussement)
que ce problème n’est pas physique, d ’autres diront que les équations de Maxwell sont néces-
saires. D’autres encore affirmeront que ce problème est absurde parce que, pour des longueurs
supérieures de la pièce glissante, la réponse allumé/éteint dépend de la valeur précise de la vitesse.
Pourtant, c ’est vraiment le cas dans cette situation.
Challenge 56, page 47: Oui, la corde cède. Dans des véhicules accélérés, la distance varie,
comme indiqué plus loin dans ce texte.
Challenge 57, page 47: Le sous-marin coulera. Le sous-marin rapide sera même plus lourd, car
son énergie cinétique s’ajoute à son poids. L’effet de contraction pourrait le rendre plus léger,
comme le maintient le capitaine, mais d ’une quantité plus petite. Le poids total – en considérant
la direction vers le haut comme étant le sens positif – est donné par F = −m д(γ − 1/γ).
Challenge 58, page 47: Un sous-marin relativiste fondrait instantanément à cause du frotte-
ment avec l ’eau. Sinon, il s’envolerait loin de la planète car il se déplace plus vite que la vitesse de
libération. Et il produirait d ’autres catastrophes.
Challenge 59, page 50: Cette question confond l ’observation de la contraction de Lorentz avec
sa mesure. Un collier de perles relativiste devient plus court, mais ce raccourcissement peut seule-
ment être mesuré, et pas photographié. Les tailles mesurées des perles correspondent à des ellip-
soïdes aplatis aux vitesses relativistes. Le collier observé ressemble à des sphères qui se recouvrent
partiellement.
Challenge 63, page 50: Oui, le vieillissement dans une vallée est ralenti par rapport aux som-
mets montagneux. Cependant, la sensation propre du temps ne s’en trouve pas affectée. On ne
connaît pas la raison de l ’apparition des cheveux gris. Si la synchronisation est génétique, le temps
propre où cela se produit est le même dans les deux emplacements.
Challenge 64, page 51: Il n’existe aucune manière de placer un observateur aux points spécifiés.
La vitesse propre peut être définie uniquement pour des observateurs, c ’est-à-dire pour des entités
qui peuvent transporter une horloge. Ce n’est pas le cas pour des images.
Challenge 65, page 52: Utilisez simplement la géométrie élémentaire pour montrer cela.
324 indices et solutions des défis
Challenge 66, page 52: De façon plus intéressante, l ’ horizon peut aisément se déplacer plus
vite que la lumière, si vous bougez la tête de manière appropriée, comme le peut l ’extrémité de
l ’ arc-en-ciel.
Challenge 69, page 56: La relativité rend les arguments du défi 130 irréfutables.
Challenge 74, page 59: La collision du bas dans la Figure 33 montre directement ce résultat,
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Il est digne de mentionner que la force maximale dans la nature fut découverte (dans ce texte)
après être demeurée cachée pendant plus de 80 ans.
Challenge 86, page 68: Exprimez les quadrivecteurs U ′ et U puis extrayez-en v ′ comme une
fonction de v et la vitesse de coordonnée relative V . Faites alors un changement de variable.
Challenge 87, page 68: Tout mouvement se produisant à la vitesse de la lumière.
Challenge 88, page 69: b 0 = 0, b i = γ 2 a i .
Challenge 91, page 70: Pour des particules ultra-relativistes, comme pour des particules sans
masse, nous avons E = pc.
Challenge 92, page 71: Indice : évaluez P1 et P2 dans le référentiel inertiel pour une particule.
Challenge 93, page 71: Utilisez la définition f = dp/dt et la relation KU = 0 = fv − dE/dt
valables pour des forces qui préservent la masse inertielle.
Challenge ??, page ??: Oui, nous pouvons voir un tel objet : l ’effet projecteur et l ’effet Doppler
n’engendrent pas l ’ invisibilité. Cependant, une partie de cet objet, à savoir la région qui tourne
en s’éloignant de l ’observateur, peut devenir très sombre.
Challenge 121, page 82: L’énergie contenue dans le carburant doit être comparable à la masse
au repos de la moto, multipliée par c 2 . Puisque le carburant possède une masse beaucoup plus
importante que l ’énergie, cela soulève un problème insurmontable.
Challenge 123, page 83: L’accélération constante et la gravité sont similaires dans leurs effets,
comme nous le discuterons dans la section sur la relativité générale.
Challenge 129, page 85: Oui, c ’est vrai.
Challenge 130, page 85: Il est plat, comme un plan.
Challenge 132, page 86: Oui, néanmoins cet effet est très petit et dépend de la position du Soleil.
En réalité, ce qui est blanc à une hauteur donnée n’est pas blanc à une autre.
Challenge 134, page 87: Localement, la lumière se déplace toujours à la vitesse c.
Challenge 135, page 87: En s’éloignant de la Terre, д décroît. Il est effectivement nul au terme
d ’une distance suffisante.
Challenge 136, page 88: La lumière est nécessaire pour déterminer la distance et pour synchro-
niser des horloges, donc il n’y a aucun moyen de mesurer la vitesse de la lumière d ’un point à
un autre seulement. Le mouvement inverse nécessite d ’être pris en compte. Cependant, certaines
indices et solutions des défis 325
affirmations sur la vitesse à sens unique de la lumière peuvent toujours être faites (regardez math.
ucr.edu/home/baez/physics/Relativity/SR/experiments.html). Toutes les expériences sur la vitesse
à sens unique de la lumière réalisées jusqu ’à présent sont cohérentes avec une valeur isotrope qui
est égale à la vitesse à double sens. Toutefois, aucune expérience n’est capable d ’éliminer un en-
semble de théories dans lesquelles la vitesse à sens unique de la lumière est anisotrope et donc diffé-
rente de la vitesse à double sens. Toutes les théories issues de ce groupe possèdent la propriété que
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mesure d ’une variation de la vitesse de la lumière n’est pas très éloignée de la mesure de la vitesse
à sens unique de la lumière : celle-ci n’est pas possible. Cependant, les discussions sur ce sujet
sont houleuses, ce problème prendra beaucoup de temps avant d ’être enterré.
Challenge 141, page 92: La loi en l ’ inverse du carré de la gravitation ne se conforme pas au
principe de la vitesse maximale, nous ne voyons pas très bien comment elle change lorsqu ’on se
place dans la situation d ’un observateur mobile.
Challenge 142, page 97: Prenez une surface se déplaçant à la vitesse de la lumière, ou une sur-
face définie avec une précision inférieure à la longueur de Planck.
Challenge 143, page 103: Les ombres non plus ne restent pas parallèles sur des surfaces courbes.
Le fait d ’oublier cela peut conduire à d ’étranges méprises : de nombreux arguments qui ont pré-
tendument « prouvé » que les hommes n’ont jamais été sur la Lune négligent cette réalité lorsqu ’ ils
font allusion aux photographies prises là-bas.
Challenge 144, page 105: Si vous en découvrez une, publiez-la puis envoyez-la à l ’auteur de ce
livre.
Challenge 146, page 111: Si c ’est le cas, publiez-la puis envoyez-la à l ’auteur de ce livre.
Challenge 147, page 113: Par exemple, il est possible d ’ imaginer une surface qui possède une
forme tellement complexe qu ’elle traversera tous les atomes de l ’ Univers à une vitesse quasiment
identique à celle de la lumière. Une telle surface n’est pas physique, car il est impossible d ’ imagi-
ner des observateurs placés en tous ses points qui se déplacent de cette manière, tous en même
temps.
Challenge 148, page 114: Nombreux sont ceux qui ne croient pas encore en ces limites, ainsi
toute proposition de contre-exemple ou de paradoxe supplémentaire vaut le coup d ’être publiée.
Challenge 150, page 119: Si c ’est le cas, publiez-le puis envoyez-le à l ’auteur de ce livre.
Challenge 153, page 121: Si c ’est le cas, publiez-la puis envoyez-la à l ’auteur de ce livre.
Challenge 155, page 124: Ils sont accélérés vers le haut.
Challenge 156, page 124: Dans la vie quotidienne, (a) la surface de la Terre peut être considérée
comme plate, (b) les effets dus à la courbure verticale sont négligeables, et (c) les effets transver-
saux sur la longueur sont insignifiants.
Challenge 160, page 125: Pour un bus puissant, l ’accélération est de 2 m/s2 , pour une accéléra-
tion sur 100 m, cela fait une variation relative de fréquence de 2, 2 ⋅ 10−15 .
326 indices et solutions des défis
Challenge 161, page 126: Oui, l ’absorption et l ’émission de lumière sont toujours des phéno-
mènes qui convertissent, sans aucune perte, l ’énergie en masse et vice versa.
Challenge 164, page 127: Pour un rayon lumineux, dans les deux cas la situation est décrite par
un environnement dans lequel les masses « chutent » du côté opposé à la direction du mouvement.
Si la Terre et les parois du train n’étaient pas visibles – par exemple si elles étaient masquées par
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et des molécules différentes ont des pourcentages distincts d ’énergie de liaison par rapport à la
masse totale.
Challenge 187, page 140: En chute libre, la bouteille et l ’eau restent au repos l ’une par rapport
à l ’autre.
Challenge 188, page 141: Laissez tomber ce dispositif. Le fil élastique est alors suffisamment
fort pour tirer la balle dans la coupe. Lisez M. T. Westra, Einsteins verjaardagscadeau, Neder-
lands tijdschrift voor natuurkunde 69, p. 109, avril 2003. Dans le dispositif original, un ressort était
également attaché au fil.
Challenge 189, page 141: Mis à part les chaises et les tables déjà mentionnées, les bretelles, les
ceintures et les sacs plastique sont des dispositifs antigravitants importants.
Challenge 195, page 141: Ils utilisent une balance à ressorts et mesurent le temps d ’oscillation.
À partir de ce dernier, ils déduisent leur masse.
Challenge 196, page 142: La pomme frappe la paroi environ une demi-heure après.
Challenge 200, page 143: Avec ħ comme moment cinétique minimum, nous obtenons environ
100 Tm.
Challenge 201, page 143: Non. La diffraction des faisceaux ne le permet pas. La théorie quan-
tique aussi rend cela impossible : des états liés de particules sans masse, tels des photons, ne sont
pas stables.
Challenge 203, page 144: Le rayon orbital est de 4,2 rayons terrestres, ce qui fait env. 38 µs
chaque jour.
Challenge 204, page 145: Pour être honnête, les expériences ne sont pas cohérentes. Elles sup-
posent qu ’une certaine autre propriété de la nature est constante – comme la taille atomique –
laquelle dépend en fait aussi de G. Nous en dirons plus sur ce sujet à la page 270.
Challenge 205, page 145: Bien évidemment, d ’autres dimensions spatiales pourraient exister,
qui peuvent être décelées uniquement à l ’aide d ’appareils de mesure. Par exemple, des dimen-
sions cachées pourraient se manifester à des énergies non accessibles dans la vie courante.
Challenge 215, page 153: Puisqu ’ il n’y a pas de masse négative, les champs gravitoélectriques
ne peuvent pas être neutralisés. À l ’ inverse, les champs électriques peuvent être neutralisés autour
d ’un conducteur métallique avec une cage de Faraday.
indices et solutions des défis 327
Challenge 228, page 162: Nous devons mesurer le temps d ’arrivée des pulsations qui traversent
la Terre à l ’emplacement de plusieurs détecteurs d ’ondes gravitationnelles sur Terre.
Challenge 247, page 170: Non, une ligne ne peut pas avoir une courbure intrinsèque. Un tore
est véritablement intrinsèquement courbé, il ne peut pas être découpé puis réduit à une feuille de
papier plate.
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apprendre plus.
Challenge 306, page 214: Le lapin observe que tous les autres lapins semblent s’éloigner de lui.
Challenge 312, page 219: Tenez-vous dans une forêt en hiver, et essayez de regarder l ’ horizon.
Si la forêt est très profonde, vous verrez des troncs d ’arbre dans toutes les directions. Si la forêt
est de profondeur finie, vous avez une chance d ’observer l ’ horizon.
Challenge 328, page 235: L’ Univers ne peut pas être observé depuis l ’extérieur. Il ne possède
donc pas de propriétés d ’état.
Challenge 333, page 238: L’aplatissement dû à la rotation exige la présence d ’autres masses
pour fournir l ’arrière-plan par rapport auquel se produit cette rotation.
Challenge 363, page 253: Cela se produit de la même manière que le champ électrique statique
qui s’échappe d ’une charge. Dans les deux cas, les champs transversaux ne sortent pas, mais les
champs longitudinaux le font. La théorie quantique en apporte la raison profonde. Des particules
réelles de rayonnement, qui sont responsables des champs transversaux libres, ne peuvent pas quit-
ter un trou noir à cause de la vitesse de libération. Cependant des particules virtuelles le peuvent,
car leur vitesse n’est pas limitée par la vitesse de la lumière. Tous les champs longitudinaux sta-
tiques sont engendrés par des particules virtuelles. En outre, il y a une deuxième raison. Le champ
classique peut s’échapper d ’un trou noir parce que, pour un observateur extérieur, tout ce qui
constitue le trou noir est perpétuellement en train de chuter, et aucun constituant n’a véritable-
ment traversé l ’ horizon. Les sources du champ ne sont donc pas encore hors d ’atteinte.
Challenge 367, page 254: Cette description retrace tout cela. Une impression visuelle peut en
être trouvée dans la salle consacrée aux trous noirs au « Deutsches Museum » de Munich.
Challenge 376, page 261: Tout dispositif qui utilise des miroirs exige la prise en compte de
l ’électrodynamique. Sans celle-ci, les miroirs sont inconcevables.
Challenge 378, page 263: La théorie de la Terre creuse est correcte si les distances usuelles sont
modifiées de manière cohérente selon r tc = R Terre
2
/r. Cela implique un quantum d ’action qui
décroît en direction du centre de la sphère creuse. Alors, il n’existe aucune manière de préférer
une description plutôt que l ’autre, excepté pour des raisons de simplicité.
Challenge 392, page 285: Il est probable que la quantité ayant la plus grande variation soit la
masse, où un préfixe pour 1 eV/c2 serait utile, de même que pour la masse totale présente dans
l ’ Univers, qui est environ 1090 fois plus grande.
328 indices et solutions des défis
Challenge 393, page 286: La formule avec n − 1 est un choix plus convenable. Pourquoi ?
Challenge 396, page 289: Non, seulement les propriétés des parties de l ’ Univers. L’ Univers lui-
même ne possède aucune propriété, comme indiqué à la page ??.
Challenge 397, page 291: Ce ralentissement progresse en proportion quadratique avec le temps,
parce que chaque nouveau ralentissement s’ajoute au précédent !
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C R É DI T S
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Schiller et, avant toutes choses, ma femme Britta ont tous apporté de précieux conseils et encou-
ragements.
De nombreuses personnes ont aidé ce projet grâce à leurs précieuses informations. Parmi les
plus pertinentes, il y a celles de Mikael Johansson, Bruno Barberi Gnecco, Lothar Beyer, les in-
nombrables améliorations apportées par Bert Sierra, les suggestions détaillées de Claudio Fari-
nati, les nombreuses améliorations d ’ Eric Sheldon, les avis développés d ’Andrew Young, l ’aide
persévérante et les conseils de Jonatan Kelu, les corrections d ’ Elmar Bartel, et en particulier l ’aide
considérable, passionnée et consciencieuse d ’Adrian Kubala.
Des renseignements importants ont été fournis par Bert Peeters, Anna Wierzbicka, William
Beaty, Jim Carr, John Merrit, John Baez, Frank DiFilippo, Jonathan Scott, Jon Thaler, Luca Bom-
belli, Douglas Singleton, George McQuarry, Tilman Hausherr, Brian Oberquell, Peer Zalm, Mar-
tin van der Mark, Vladimir Surdin, Julia Simon, Antonio Fermani, Don Page, Stephen Haley, Peter
Mayr, Allan Hayes, Norbert Dragon, Igor Ivanov, Doug Renselle, Wim de Muynck, Steve Carlip,
Tom Bruce, Ryan Budney, Gary Ruben, Chris Hillman, Olivier Glassey, Jochen Greiner, squark,
Martin Hardcastle, Mark Biggar, Pavel Kuzin, Douglas Brebner, Luciano Lombardi, Franco Ba-
gnoli, Lukas Fabian Moser, Dejan Corovic, Steve Carlip, Corrado Massa, Tom Helmond, Gary
Gibbons, Heinrich Neumaier, Peter Brown, Paul Vannoni, John Haber, Saverio Pascazio, Klaus
Finkenzeller, Leo Volin, Jeff Aronson, Roggie Boone, Lawrence Tuppen, Quentin David Jones,
Arnaldo Uguzzoni, Frans van Nieuwpoort, Alan Mahoney, Britta Schiller, Petr Danecek, Ingo
Thies, Vitaliy Solomatin, Carl Offner, Nuno Proença, Elena Colazingari, Paula Henderson, Daniel
Darre, Wolfgang Rankl, John Heumann, Joseph Kiss, Martha Weiss, Antonio González, Antonio
Martos, André Slabber, Ferdinand Bautista, Zoltán Gácsi, Pat Furrie, Michael Reppisch, Enrico
Pasi, Thomas Köppe, Martin Rivas, Herman Beeksma, Tom Helmond, John Brandes, Vlad Tarko,
Nadia Murillo, Ciprian Dobra, Romano Perini, Harald van Lintel, Andrea Conti, François Bel-
fort, Dirk Van de Moortel, Heinrich Neumaier, Jarosław Królikowski, John Dahlman, Fathi Na-
mouni, Paul Townsend, Sergei Emelin, Freeman Dyson, S.R. Madhu Rao, David Parks, Jürgen
Janek, Daniel Huber, Alfons Buchmann, William Purves, Pietro Redondi, Sergei Kopeikin, et de
nombreuses autres personnes qui souhaitent rester dans l ’anonymat.
Les outils logiciels ont été affinés grâce à l ’aide considérable de Michael Zedler et Achim Blu-
mensath sur les polices et la mise en page, et avec l ’assistance répétée et précieuse de Donald
Arseneau. L’aide provient également de Ulrike Fischer, Piet van Oostrum, Gerben Wierda, Klaus
330 crédits
Böhncke, Craig Upright, Herbert Voss, Andrew Trevorrow, Danie Els, Heiko Oberdiek, Sebastian
Rahtz, Don Story, Vincent Darley, Johan Linde, Joseph Hertzlinger, Rick Zaccone, John Warken-
tin, Ulrich Diez, Uwe Siart, Will Robertson, Joseph Wright Enrico Gregorio, Rolf Niepraschk et
Alexander Grahn.
Toutes les illustrations et animations dans ce texte ont été mises à disposition par leurs déten-
teurs des droits d ’auteurs. Je les remercie tous chaleureusement. Ils sont cités dans les sections des
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La photographie du ciel nocturne de la page 14 est protégée par les droits d ’auteur et est ai-
mablement fournie par Anthony Ayiomamitis ; elle est consultable sur son magnifique site Web
www.perseus.gr. La photographie de la reconstitution de l ’expérience de Fizeau à la page 19 est
protégée par les droits d ’auteur par AG Didaktik und Geschichte der Physik, Universität Olden-
burg, et est aimablement fournie par Jan Frercks, Peter von Heering et Daniel Osewold. Le cliché
d ’une impulsion lumineuse sur la page 19 est aimablement fourni et est protégé par les droits
d ’auteur par Tom Mattick. Les données et les images de l ’expérience de Michelson–Morley à la
page 34 sont gracieusement offertes et sont la propriété de Stephan Schiller. Les images relativistes
du voyage à travers le Stonehenge simplifié de la page 48 sont la propriété de Nicolai Mokros et
sont aimablement fournies par Norbert Dragon. Les scènes relativistes de la page 49 et 49 sont
gracieusement offertes et sont la propriété de Daniel Weiskopf. La photographie de la stalactite de
la page 93 est protégée par les droits d ’auteur ; elle est aimablement fournie par Richard Cindric
et est consultable sur le site Web www.kcgrotto.org. Les figures de galaxies des pages 197, 197, 198,
199, 199, 200, 204, 219, 231 et 231 sont gracieusement offertes par la NASA. Les cartes de l ’ Univers
de la page 206 et le diagramme de Hertzsprung–Russell de la page 209 sont la propriété de Richard
Powell et sont aimablement fournis par lui, ils sont tirés de son site Web www.atlasoftheuniverse.
com. Les portraits historiques des physiciens reproduits dans ce livre ne sont pas protégés par
des droits d ’auteur, sauf lorsque cela est mentionné. Tous les schémas qui ne sont pas explicite-
ment mentionnés sont protégés par le droit d ’auteur © 1997 – 2010 de Christoph Schiller. Si vous
soupçonnez qu ’un droit d ’auteur est attribué ou obtenu de manière incorrecte, cela n’est pas
intentionnel et vous êtes aimablement invités à en faire part à l ’auteur.
I N DE X DE S NOM S
Abraham
A B Biggar, Mark 329
Abraham Michelson, Albert Babinet, Jacques 275 Bilaniuk, O.M. 299
33 Bachem 127 Bilaniuk, O.M.P. 299
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Abramowicz, M.A. 314 Baez, John 329 Bird, D.J. 317
Ackermann, Peter 317 Baggett, N. 295 Birkhoff 185
Adelberger, E. 315 Bagnoli, Franco 329 Blair, D.G. 317
Adenauer, Konrad 115 Bailey, J. 297 Blair, David 305
Adler, C.G. 300 Bailey, J.M. 295 Blandford, R. 313
Aetius 196, 309 Banday, A.J. 313 Blandford, R.D. 306
Ahmad, Q.R. 297 Barberi Gnecco, Bruno 329 Blau, Stephen 40
Aichelburg, P.C. 313 Barbosa, Lucas 330 Bloser, P.F. 306
Alanus de Insulis 241 Barbour, Julian 312 Blumensath, Achim 329
Alcubierre, M. 305 Barrow, J.D. 313 Bohr, Niels 22
Allen, Woody 204 Bartel, Elmar 329 Bombelli, L. 315
Alspector, J. 295 Bartocci, Umberto 65 Bombelli, Luca 329
Alväger, T. 295 Basri, G. 309 Bondi, H. 303
Anderson 182 Bateman, H. 297 Bondi, Hermann 296
Anderson, I.M. 308 Bautista, Ferdinand 329 Bonnor 161
Anderson, J.D. 301 Beaty, William 329 Bonnor, W.B. 307, 313
Anderson, J.L. 308 Becker, A. 310 Boone, Roggie 329
Antonini, P. 295, 297 Bedford, D. 306 Boughn, S.P. 298
Antoon Lorentz, Hendrik 33 Beeksma, Herman 329 Boyce, K.R. 299
Aristarque 294 Behroozi, C.H. 296 Bradley 18
Aristarque de Samos 18 Bekenstein, J.D. 314 Bradley, James 17
Aristote 294 Bekenstein, Jacob D. 316 Braginsky, V.B. 306, 307
Arnowitt 190 Bekenstein, Jakob 251 Brahm, D.E. 315
Aronson, Jeff 329 Belfort, François 329 Brandes, John 329
Aronson, Jeff K. 317 Belic, D. 317 Brault, J.W. 303
Arseneau, Donald 329 Bender, P.L. 308 Braxmeier, C. 295
Ashtekar, A. 301, 316 Bennet, C.L. 312 Bray, H.L. 309
Ata Masafumi 329 Bergquist, J. 317 Brebner, Douglas 329
Audoin, C. 317 Bertotti, B. 308 Brecher, K. 294, 295
Augel, Barbara et Edgar 329 Bessel, Friedrich Wilhelm 220 Brehme, R.W. 300
Ayiomamitis, Anthony 330 Besso, Michele 66 Briatore 127
Beyer, Lothar 329 Briatore, L. 304
332 index des noms
Briggs, F. 313 Cordero, N.A. 308 Dragon, Norbert 47, 48, 329,
Bronstein, M. 313 Corongiu, A. 309 330
Bronstein, Matvey 239 Corovic, Dejan 329 Droste, J. 133, 304
Brown, J.M. 299 Costa, S.S. 299 Duguay 19
Brown, Peter 121, 329 Costella, J.P. 299 Duguay, M.A. 294
Bruce, Tom 329 Couch, E. 314 Dumont, Jean-Paul 294, 309,
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C
Caianiello, E.R. 302 Darre, Daniel 329 Einstein, A. 307, 312
Camilo, F. 309 Davidson, C. 304 Einstein, Albert 22, 23, 24, 38,
Carilli, C.L. 313 De Pretto, Olinto 22, 65 55, 61, 65, 123, 127, 130, 140,
Carlip, Steve 121, 302, 312, 329 de Sitter, Willem 168 148, 183, 185, 213, 262, 269,
Carneiro, S. 312 Deaver, B.S. 287 272, 295, 300, 302
Carr, Jim 329 Deser 190 Einstein, Édouard 130
Carter 248 Deshpande, V.K. 299 Ellis, G.F.R. 304, 311, 312
Castagnino, M. 315 Deslattes, R.D. 299 Els, Danie 330
Caves, C.M. 307 Desloge, E.A. 300 Elswijk, Herman B. 329
Celsius, Anders 284 DeTemple, D.W. 319 Emelin, Sergei 329
Charpak, G. 317 Detweiler, S. 313 Empédocle 16
Cheseaux, Jean Philippe Loÿs Dewey, M.S. 299 Eőtvős, R. von 306
de 220 DeWitt-Morette, Cecile 308 Eshelby, J. 296
Chinnapared, R. 314 Dicke, R.H. 306 Euler, Leonhard 171
Choquet-Bruhat, Yvonne 308 Dickey, J.M. 310 Everitt, C.W. 287
Christodoulou, D. 314 Diehl, Helmut 264 Everitt, F. 315
Christophe Colomb 237, 238 Diemer, T. 316 Exton, A. 314
Chudnovsky, D.V. 318 Dietze, H. 296
Chudnovsky, G.V. 318 Diez, Ulrich 330 F
Cindric, Richard 93, 330 DiFilippo, F. 299 F. Fitzgerald, George 37
Ciufolini, I. 306, 308 DiFilippo, Frank 329 Faestermann, T. 310
Ciufolini, Ignazio 150, 154, 306 Dillard-Bleick, Margaret 308 Fairbanks, J.D. 287
Clancy, E.P. 304 Dirr, Ulrich 330 Fairhust, S. 301
Clausius, Rudolph 234, 235 Dittus, H. 309, 315 Falco, E.E. 312
Clerk Maxwell, James 37 Dobra, Ciprian 329 Falk, G. 303
Codling, K. 317 Domenico Cassini, Giovanni Farinati, Claudio 329
Cohen, M.H. 298 16 Farley, F.J.M. 295
Colazingari, Elena 329 Doppler, Christian 27 Fasching, G. 196
Conti, Andrea 329 Dorfi, E.A. 310 Faulkner, A.J. 309
Conway, J. 313 Doroshkevich 208 Fekete, E. 306
Copernicus, Nicolaus 18 Doroshkevich, A.G. 310 Fereira, P.G. 313
index des noms 333
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Frercks, J. 294 Grindlay, J.E. 306 Hinshaw, G. 313
Frercks, Jan 19, 330 Gruber, C. 298 Hipparque 18
Friedman, A. 310 Gruber, Christian 46 Hirth, J.P. 296
Friedmann, A. 310 Gruber, R.P. 315 Hobbs, G. 309
Friedmann, Aleksan- Guiragossian, Z.G.T. 296 Holstein, B.R. 308
der Aleksandrowitsch Gutfreund, Hanoch 295 Holzmüller, G. 306
214 Guth, A. 312 Hong, F.-L. 317
Frisch, D.H. 298 Guth, Alan 233 Hoyle, C.D. 315
Fukuda, Y. 297 Gácsi, Zoltán 329 Hoyle, F. 311
Fulle, Marco 137 Göklü, E. 295 Hoyle, Fred 223, 311
Furrie, Pat 329 Hubble, Edwin 207
Fölsing, Albrecht 295 H Huber, Daniel 329
Haber, John 329 Hughes, R.J. 309
G Hadley, M. 316 Huisken, G. 302
Gabuzda, D.C. 299 Hafele 127 Hulse, Russel 307
Gaensler, B.M. 310 Hafele, J.C. 297, 304 Huygens, Christiaan 16
Galilei, Galileo 16 Hakonen, P.J. 317 Héraclite d ’ Éphèse 210
Gamow, G. 310 Haley, Stephen 329 Héraclès 198
Gamow, George 208 Hall, D.B. 298 Hésiode 205
Garwin, R.L. 317 Hamilton, J. Dwayne 300
Gastaldi, Luca 330 Hammond, R.T. 316 I
Gauss, Carl-Friedrich 173 Hanns Ruder 47 Ilmanen, T. 302
Gearhart, R. 296 Hardcastle, Martin 329 Inverno, Ray d ’ 301, 303
Gehrels, N. 313 Harris, S.E. 296 Israel 248
Georgi, Renate 329 Hartmann, D. 316 Ivanov, Igor 329
Geroch, R. 315 Harvey, A. 298, 311 Ives, H.E. 295
Geroch, Robert 261 Hasenöhrl, F. 300
Gesellschaft, Fraunhofer 321 Hasenöhrl, Friedrich 66 J
Gibbons, G.W. 301, 305 Hatfield, Brian 308 Jacobson, T. 302
Gibbons, Gary 121, 135, 301, Hausherr, Tilman 329 Jalink, Kim 329
329 Haverkorn, M. 310 Jamil, M. 329
334 index des noms
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Kanada Yasumasa 319 Kuzin, Pavel 329 Lämmerzahl, C. 309, 315
Kant, Emmanuel 196, 197, 207, Künzle, H.P. 314
309 M
Kapuścik, E. 297 L MacCallum, M.A.H. 314
Karlhede, A. 316 Lachièze-Rey, M. 312 Macdonald, A. 315
Katori, H. 317 Lamb 145 Mach, Ernst 237
Kaufmann, W.J. 309 Lamb, Frederick 314 Macrobius 310
Kayser, R. 311 Lambert, Johann 173 Maeterlinck, Maurice 236
Keating 127 Landau, L. 309 Maffei, Paolo 309
Keating, R.E. 297 Laplace, Pierre 241 Mahoney, Alan 329
Keesing, R.G. 318 Lasota, J.P. 314 Mainwaring, S.R. 297
Kelu, Jonatan 329 Leibfried, G. 296 Maleki, L. 301
Kennedy, R.J. 295 Leighton, R.B. 309 Manchester, R.N. 309
Kepler, Johannes 220 Lemaître, Georges A. 214 Mark, Martin van der 329
Kerr, R.P. 313 Lense, J. 306 Marsh, N.D. 310
Kerr, Roy 247 Lense, Josef 149 Martikainen, J.E. 317
Kessler, E.G. 299 Lerner, L. 307 Martos, Antonio 329, 330
Kilmister, C.W. 300 Leschiutta 127 Marzke, R.F. 315
Kiss, Joseph 329 Leschiutta, S. 304 Mashhoon, B. 306
Kittinger 128, 303 Levi-Civita, Tullio 178 Mason, W.P. 296
Kittinger, Joseph 124 Lewis, G.N. 299 Masood-ul-Alam, A.K.M. 314
Kjellman, J. 295 Liebscher, Dierck-Ekkehard Massa, Corrado 121, 329
Klauder, John 303 296 Matsas, G.E.A. 298, 299
Klaus Tschira Foundation 330 Lifshitz, E. 309 Matthews, W.N. 300
Kleppner, Daniel 307 Lille, Alain de 241 Mattick 19
Klose, S. 316 Lilley, Sam 303 Mattick, A.T. 294
Knie, K. 310 Linde, Johan 330 Mattick, Tom 19, 330
Knop, R.A. 308 Lindh, A.G. 306 Mayné, Fernand 329
Knutsen, H. 310 Linfield, R.P. 298 Mayr, Peter 329
Kogut, A. 313 Lintel, H. van 298 Mazur 248
Kolberg, Ulrich 330 Lintel, Harald van 329 Mazur, P.O. 314
index des noms 335
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O
Mishra, L. 301 Oberdiek, Heiko 330 Piper, M.S. 307
Misner 190 Oberquell, Brian 329 Piraino, S. 306
Misner, Charles 300 Observatoire de la Côte Planck, Max 55, 70, 74, 95
Mitskievic, N.V. 313 d ’Azur 169 Platon 223
Mittelstaedt, H. 312 Oey, M.S. 310 Poincaré, Henri 24, 35, 37, 123,
Mittelstaedt, M.-L. 312 Offner, Carl 329 142
Mlynek, J. 295 Ohanian, H.C. 301 Poincaré, J.H. 299
Mohazzabi, P. 303 Okhapkin, M. 295, 297 Possenti, A. 309
Mohr, P.J. 318 Olbers, Wilhelm 220 Pound 127
Mokros, Nicolai 47, 48, 330 Olum, K.D. 305 Pound, R.V. 304
Moore, C.P. 313 Oostrum, Piet van 329 Powell, Richard 206, 209, 330
Moore, Henry 171 Oppenheimer, R. 313 Pradl, O. 295
Moortel, Dirk Van de 323, 329 Oppenheimer, Robert 243 Prakash, A. 314
Morley, E.W. 297 Osewold, Daniel 330 Preston, Tolver 66
Moser, Lukas Fabian 329 Osserman, Bob 232 Pretto, Olinto De 295
Murdock, Ron 329 Ovidius, Publius Ovidius Prigogine, Ilya 312
Murillo, Nadia 329 Naso 20 Primas, L.E. 301
Murray, J.J. 296 Prince, G.E. 316
Musil, Robert 219 P Pritchard, Carol 329
Mutti, P. 299 Page, Don 329 Pritchard, D.E. 299
Muynck, Wim de 329 Pahaut, Serge 329 Pritchard, David 61
Myers, E.G. 299 Panov, V.I. 306 Proença, Nuno 329
Møller, Christian 300 Papapetrou, A. 299 Protagoras 285
Müller, H. 295 Parker, Barry 310 Pryce, M.H.L. 299
Müller, J. 315 Parks, David 329 Purves, William 329
Pascazio, Saverio 329
N Pasi, Enrico 329 R
Nagano, M. 316 Paul, W. 299 Rahtz, Sebastian 330
Namouni, Fathi 329 Pauli, Wolfgang 55, 308 Rainville, S. 299
Narlikar, J.V. 311 Pavlis, E.C. 306 Rankl, Wolfgang 329
NASA 169 Pearson, T.J. 298 Rao, S.R. Madhu 323
336 index des noms
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Rivas, Martin 329 Schramm, T. 311 Stedman, G.E. 297, 317
Robertson, H.P. 214 Schucking, E. 298, 311 Stephenson, G. 300
Robertson, Will 330 Schutz, B.F. 307 Stephenson, G.J. 299
Robinson 248 Schutz, Bernard 302 Stilwell, G.R. 295
Robinson, D.C. 314 Schwarzschild 127 Stocke, J.T. 313
Rodriguez, L.F. 299 Schwarzschild, Karl 133 Stodolsky, Leo 297
Roll, P.G. 306 Schäfer, G. 315 Stoney, G.J. 314, 317
Rossi, B. 298 Sciama, D.W. 312 Stoney, George Johnston 279
Rothbart, G.B. 296 Sciama, Dennis 238, 312 Story, Don 330
Rothenstein, B. 297 Scott, Jonathan 329 Straumann, N. 311
Rothmann, T. 312 Searle, Anthony 47 Stromberg 207
Rottmann, K. 300 Seeger, A. 296 Stromberg, G. 310
Roukema, B.F. 312 Seielstad, G.A. 298 Stromberg, Gustaf 207
Rozental, I.L. 316 Selig, Carl 295 Su, Y. 306
Ruben, Gary 329 Seneca, Lucius Annaeus 258 Sudarshan, E.C. 299
Ruder, H. 315 Sexl, R.U. 313 Sudarshan, E.C.G. 299
Ruffini, R. 301, 305, 313, 314 Sexl, Roman 263 Supplee, J.M. 298
Ruffini, Remo 303 Shapiro, I.I. 307, 308 Surdin, Vladimir 329
Rugel, G. 310 Shapiro, Irwin I. 164 Svensmark, H. 310
Ruggiero, M.L. 300, 307 Shaw, R. 298 Synge, J.L. 299
Ruppel, W. 303 Shea, J.H. 303 Szuszkiewicz, E. 314
Rusby, R.L. 318 Sheldon, E. 298
Rusby, Richard 318 Sheldon, Eric 329 T
Russel, Bertrand 74 Shih, Y. 296 Takamoto, M. 317
Rybicki, G.R. 298 Short, J. 318 Tangen, K. 309
Rømer, Ole 16 Siart, Uwe 330 Tarko, Vlad 329
Sierra, Bert 329 Tartaglia, A. 307
S Silk, J. 313 Taylor, B.N. 318
S.R. Madhu Rao 329 Simon, Julia 329 Taylor, J.H. 283, 307, 308
Saint Augustin 311 Simon, R.S. 298 Taylor, Joseph 160, 307
Samuel, Stuart 307 Singh, T.P. 314 Tegelaar, Paul 329
index des noms 337
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Torrence, R. 314 Walker, A.G. 214 Wright, Steven 273
Townsend, Paul 329 Walker, Gabriele 310
Trevorrow, Andrew 330 Walker, R.C. 298 Y
Trout, Kilgore 233 Wallin, I. 295 Yearian, M.R. 296
Tuppen, Lawrence 329 Wallner, A. 310 Young, Andrew 329
Turner, M.S. 312 Wambsganss, J. 312
Wang, Y. 308 Z
U Warkentin, John 330 Zaccone, Rick 330
Uguzzoni, Arnaldo 329 Watson, A.A. 316 Zalm, Peer 329
Ulfbeck, Ole 155 Weinberg, Steven 303, 311 Zedler, Michael 329
Unruh, W.G. 303 Weisberg, J.M. 307 Zeeman, Pieter 33
Unruh, William 124 Weiskopf, Daniel 47, 49, 50, Zeilinger, A. 317
Unwin, S.C. 298 330 Zensus, J.A. 298
Upright, Craig 330 Weiss, Martha 329 Zeus 198
Weitzmann, Chaim 148 Zhang 145
V Wesson, Paul 220, 311 Zhang, W. 306
Valencia, A. 296 Westra, M.T. 326 Zhao, C. 317
van Lintel, Harald 46 Wheeler 247 Zwicky, F. 312
Vanier, J. 317 Wheeler, J.A. 305 Zwicky, Fritz 230
I N DE X DE S SU J ET S
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année tropicale 289 singularité 117
A année-lumière 289 billard 58
a (année) 213 anomalie Pioneer 195 BIPM 274, 275
aberration 18, 47 antimatière 64, 189, 223 blancs, cheveux 50
acausal 40 aphélie 292 bombe 60
accrétion 254 apogée 291 boîtes 88
accélération 297 Apollo 168, 320 bradyons 63
accélération de la lumière 26 apprentissage, meilleure Brans–Dicke, théorie de 187
accélération propre 69 méthode 9 bras, homme 237
accélération relativiste 69 approche brutale de la force bretelles 326
accélération uniforme 81 106 brosse à dents 22, 256
accélération, comportement arbre 63, 86, 126, 285 Bureau International des
relativiste 79 arbres, apparition 212 Poids et Mesures 274
accélération, théorème de arc-en-ciel 324 bus 125
composition 83 Archaeozoicum 211 bus, meilleure place 50
ADN 285 archéen 211 Bételgeuse 229
âge 218 argument du trou 262
âge de l ’univers 65 arrière-plan 38 C
âge de la Terre 291 artéfact 275 Caenozoicum 212
âge de la Voie lactée 292 astronautes 138 calculs de perturbations 259
âge du Soleil 292 atome, formation 211 calorie 284
agoraphobes 216 atto 276 Cambrien 212
air 226 avancée du périastre 166 candela 274
aire de Planck, corrigée 121 avancée du périhélie 268 Canopus 229
Aldébaran 229 azoïque 211 capture de la lumière 247
algèbre d ’ Einstein 261 capture gravitationelle 246
Alluvium 212 B Carbonifère 212
Alnilam 229 B1938+666 230 catadioptre lunaire 169
Alnitak 229 balances de torsion 305 causalité et vitesse maximale
Altaïr 229 barres, distance 80 40
amas globulaires 202 bateau 18 cause à effet 39
ampère 274 becquerel 276 censure cosmique 117, 256, 314
index des sujets 339
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chuter 145 constante de courbure sectionnelle 175
ciel 227 Stefan–Boltzmann 289 covariance générale, principe
cinglés 31, 296 constante de structure fine 184
cinématique relativiste 34 277, 288, 288 création 226
circonspection 291 constante gravitationnelle Crétacé 212
ciseaux 52 constante 117 Cygnus X-1 255
CL0024+1654 231 constante magnétique 288 cénozoïque 212
classes stellaires 228, 229 constante électrique 288 cône de lumière du futur 39
claustrophobes 216 constellation colorée 228 cône de lumière du passé 39
clôture 36 constellations 196
Coccinelle 171 conteneur 38 D
CODATA 318 contraction 194 dame, vieille et circonspecte
collapsars 243 contraction des longueurs 46, 74
collier de perles 50 298 dans toutes les directions 238
collision 62 contraction relativiste 36 de cisaillement théorique,
commencement de l ’univers contraction tensorielle 179 contrainte 104
207 convention de genre espace 67 de l ’espace-temps, dualité 264
commencement du temps 207 convention de genre temps 67 de vision nocturne, lunettes
Commission Internationale Convention du Mètre 274 282
des Poids et Mesures 274 conversion de bits en entropie degré Celsius 276
comprendre 259 289 degré, unité d ’angle 276
concept théorique 252 coordonnées rationnelles 293 demi-grand axe 167
condition faible sur l ’énergie coordonnées, quatre 66, 68 densité baryonique 290
142 corps humain, émission de densité critique 215
conditions initiales 210, 225 lumière 282 densité de photons 290
conformes, transformations corps rigides, n’existent pas densité lumineuse 282
76 dans la nature 89 densité moyenne de la Terre
Conférence Générale des corps solide 89 291
Poids et Mesures 274, 285 corps solide, accélération et densité propre 181
connexion métrique 189 longueur limite 89 diagramme de
constance de la vitesse de la corps, rigide 89 Hertzsprung–Russell 209
340 index des sujets
dieux 183, 235 179–182, 184, 185, 189–195, en bref, relativité générale 266
diffraction 191 197, 198, 200, 205, 207, 208, énergie 59
dilatations 76 214, 215, 218–223, 226, 228, énergie au repos 61
Diluvium 212 230, 233, 235–240, 242, 243, énergie cinétique relativiste 60
dimension, quatrième 40 245–254, 256–261, 263, 267, énergie de l ’ Univers 234
dinosaures 212 271, 272, 276, 277, 279–281, énergie gratuite 60
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lumière 88 éclair 20, 281 entraînement de référentiel
Draconis, Gamma 18 éclair, couleur 321 149, 153, 164
dynamique newtonienne éclairement lumineux 281 entropie 234
modifiée 316 éclairement énergétique 281 entropie du trou noir 250
déca 276 écoulement du temps 263 Éocène 212
décalage Doppler vers le effet de lentille époque GUT 210
rouge 228 gravitationnelle 230 équilibre thermodynamique
décalage temporel 268 effet Doppler 27, 47 243
décalage vers le bleu 28 effet Doppler gravitationnel équivalence masse–énergie 60
décalage vers le rouge 28, 240 127 équivalence, principe 184
décalage vers le rouge effet géodésique 168, 268 ergosphère 248, 249
gravitationnel 127, 228 effet Josephson 275 erreurs aléatoires 286
décalage vers le rouge, effet jouvence 44 erreurs systématiques 286
mécanismes 240 effet Mössbauer 127 espace de la vie 258
décalage vers le rouge, tests effet Nordtvedt 117, 315 espace vide 77
268 effet projecteur 47 espace, absolu 34, 35
décalage vers le rouge, effet Thirring 149 espace-temps 38, 139
variable 28 effet Thirring–Lense 149, 168, espace-temps de Minkowski
déci 276 246 38
défaut de masse chimique 60 effets de marée 246 étalon, pomme 285
défaut de masse, mesure 61 effets en champs forts 267 état de l ’univers 235
défi, classement 9 effondrement 255 éther et relativité générale 104,
défi, niveau 9 élasticité 134 132
défis 9, 15–21, 23–26, 28–32, électricité, début 213 éther, également appelé éther
34–36, 38, 40, 41, 43–47, électron 15 luminifère 297
50–52, 54, 56–66, 68–78, électron, taille 89 étoiles 211
80–90, 92, 97, 103, 105, 110, électronvolt 279 événements 38
111, 113, 114, 118–121, ellipse 166, 245 évolution, limite 215
123–129, 131–135, 137–147, Ellis 261 exa 276
149, 152–154, 156, 157, émission décalée d ’ondes exactitude 286
159–168, 170–172, 174–177, gravitationnelles 268 excentricité 166
index des sujets 341
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cosmologique 312 136 tournant l ’une autour de
force 94, 190 géodésique, de genre temps l ’autre 143
force centrifuge 253 136 impédance caractéristique du
force de l ’ horizon 99 géodésiques de genre lumière vide 288
force de Planck 95 189 incandescence 227
force limite 94 géodésiques nulles 189 incertitude totale 286
force minimale dans la nature indépendance temporelle de
121 H G 268
force parfaite 266 hadrons 210 inertiel 35
force, maximum, hypothèses haut-parleur 22 inertielle, masse 132
105 hecto 276 inflation 210, 233, 233, 269
forces de marée 129, 175, 193 henry 276 intensité lumineuse 281
forme 46 hertz 276 interaction, la gravité est-elle
formule de la composition des heure 276 une 190
vitesses 32 Hollywood, films 75 interféromètre 33
Friedmann–Lemaître, Holocène 212, 213 interféromètres 284
solutions 214 Homo 213 interféromètres en anneau 284
fusée 249 Homo sapiens 213 intervalle 67
Homo sapiens sapiens 213 intervalle d ’espace-temps 38
G Horace, en latin Quintus intrinsèque 170
galaxie 197, 238 Horatius Flaccus 123 intrinsèque, courbure 172
galaxies, formation 211 horizon 208, 242, 243, 324 invariance conforme 76, 77
gazon 36 horizon des événements 85 invariance par
Gedanken experiment 106 horizon et accélération 106 difféomorphisme 182, 262
genre espace 67 horizon, s’éloignant plus vite invariants du tenseur de
genre temps 67 que la lumière 52 courbure 194
giga 276 horizons 92 inversion 76
Gondwana 212 horizons en tant que systèmes inégalité de Penrose 117
GPS, global positioning limites 266 Io 16
system 144 horloge géométrodynamique isotrope 172
gravitation 115 261
342 index des sujets
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282 mesure de la distance de la
L Lunokhod 168, 320 Lune par faisceau laser 294
l ’air ne peut pas remplir lux 276, 281 mesure de la vitesse des astres
l ’univers 223 Lyman-α 321 28
l ’eau ne peut pas remplir mesures de vitesse 77
l ’univers 223 M micro 276
la lumière ne se déplace plus M31 197 mile 277
192 M51 199 milli 276
LAGEOS 306 Mach, principe 184 minimum, force dans la
lagrangien 139 machine à voyager dans le nature 121
lait 20, 198 temps 43 Mintaka 229
Large Electron Positron 30 magnétar 203 minute 276, 292
largeur totale de la courbe à la magnéton nucléaire 289 Miocène 212
moitié du maximum 286 main 63 mole 274
Laurasie 212 main dans le vide 303 molécule 143
lentille gravitationnelle 255 mammifères 212 moment cinétique comme
LEP 30 mammifères, apparition 212 tenseur 73
ligne d ’univers 40 manuel, bijou 300 MOND 316
limite statique 248 marche à pied, olympique 51 montagne 63
Linux 19 Mars 167, 280 mort 18
liquide 180 marées 304 moteur 22
litre 276 maser 127 moteurs de la puissance
loi de la paresse universelle 74 masse 57 maximale 96
loi de Laplace–Gauss 286 masse ADM 190 moteurs de recherche 294
longueur d ’onde de Compton masse de Jupiter 292 moto 89
289 masse de la Lune 291 mouvement 124
longueur d ’onde de de masse de la Voie lactée 292 mouvement et unités de
Broglie 275 masse du Soleil 291 mesure 275
longueur de Planck 260 masse gravitationnelle et mouvement hyperbolique 82
longueur gravitationnelle de inertielle, égalité 184 mouvement lent 65
la Terre 291 masse imaginaire 63 mouvement microscopique
index des sujets 343
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N ombres 52 particules élémentaires, taille
naines blanches 202, 229 ombres et rayonnement 15 89
naines brunes 202, 229, 229 ombres non parallèles 325 pascal 276
nano 276 ombres, vitesse 21, 30, 51 peinture noire 220
NASA 280 onde de gravité plane 158 pendule de Foucault 149
naviguer 18 ondes de gravité 154 Permien 212
navire 18 ondes en relativité 73 permittivité diélectrique du
neutrino 31, 210, 297, 321 ondes gravitationnelles 154 vide 287
neutrinos 75 ondes gravitationnelles, spin perméabilité magnétique du
New General Catalogue 198 156 vide 287
newton 276 ondes gravitationnelles, perpétuelle, chute libre 243
NGC 205 198 vitesse 157, 161 pesée de la lumière 61
Nit 282 ondes sonores 28 phot 282
noir, peinture 220 orbites 188 photons, désintégration 239
noir, tourbillon 249 Ordovicien 212 physique, début 213
nombre d ’Avogadro 288 ordre, partiel 40 pico 276
nombre imaginaire 63 Orion 62, 228 pierres 63, 136, 137, 243
nombre infini de préfixes du Oxford 266 pièges de Penning 61
SI 285 oxygène, apparition dans planche de surf 45
normale, loi 286 l ’atmosphère 310 Planck, unités corrigées 279
normalité 318 plantes, apparition 212
normalité de π 293 P planètes extrasolaires 229
nova 208 π 72 planètes, formation 211
novae 201 π, normalité de 292 planéité asymptotique 190
noyaux 210 Paléocène 212 plasma 200
nuage 246 Paléogène 212 plastique, sacs 326
Nuage de Magellan 197 paléozoïque 212 Pliocène 212
nuages 199 Pangée 212 plus rapide que le mouvement
nucléosynthèse 210 parabole 166, 245 de la lumière, collisions 63
nues, singularités 256 paradoxe d ’ Ehrenfest 72 plus rapide que le mouvement
nul 170 paradoxe d ’Olbers 220 lumineux observé dans un
344 index des sujets
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poussée 37 hypothèses 105 rayon classique de l ’électron
poussée de Lorentz 98, 98 pulsar 198 289
poussées de Lorentz 76 pulsars 160, 268 rayon de Bohr 289
Príncipe, île de 304 pulsars binaires 144, 167 rayon de la Lune 291
première loi de la mécanique périastre 166 rayon de la Terre 291
de l ’ horizon 100 périgée 291 rayon de Schwarzschild 133,
première loi de la mécanique périhélie 166, 292 242
du trou noir 100 période glaciaire 213 rayon de Schwarzschild
pressé 75 période rayonnante 15 comme unité de longueur
primates, apparition 212 péta 276 279
principe cosmologique 207 pôle Nord 129, 225 rayon irréductible 250
principe d ’équivalence 124, rayonnement 90
184, 268 Q rayonnement Cerenkov 24
principe d ’équivalence faible Q0957+561 230 rayonnement de corps noir
305 quadri-accélération 69 227, 312
principe de correspondance quadri-impulsion 69 rayonnement de fond
184 quadri-jerk 69 cosmologique 219, 224
principe de couplage minimal quadrivecteur 68 rayonnement de fond diffus
184 quadrivecteur 213
principe de covariance impulsion–énergie 70 rayonnement de fond diffus
générale 184 quadrivitesse 68 cosmologique 208
principe de Mach 184, 237 quadrupôle 159 rayonnement gravitationnel
principe de relativité 35 quantité de mouvement 69 303
principe de relativité générale quantité de mouvement rayonnement quadrupolaire
184 relativiste 58, 69 159
problème de la matière noire quantum d ’action 74 rayonnements 15
222 quantum de conductance 289 rayons 15
processus chimiques 61 quantum du flux magnétique rayons α 15
Procyon 229 289 rayons β 15
promenade de Planck 283 quarks 210 rayons γ 15
propre, accélération 79 quasar 53 rayons cathodiques 15
index des sujets 345
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paragraphe 175 sievert 276, 280 électromagnétiques 279
relativité générale, formules Silurien 212 système d ’unités
135 singularités 117, 186, 311 électrostatiques 279
relativité générale, première singularités habillées 256 système de coordonnées
moitié 134 singularités nues 256 rigide 80
relativité générale, précision sinus hyperbolique 82 Système géodésique mondial
267 Sirius 229, 304 292
relativité générale, seconde Sloan Digital Sky Survey 309 Système International
moitié 139 snooker 58 d ’ Unités (SI) 274
relativité restreinte 15, 24 Sobral, île de 304 systèmes matériels 90
repos 123, 124 Soleil 211, 229 sécante hyperbolique 84
restreinte, relativité 15 Soleil, mouvement dans la
Rigel 229 galaxie 198 T
rigidité 46 solide, corps 89 tachyon 53, 53, 63
Robertson–Walker, solutions sondes Voyager 18 tachyon, masse 63
214 sous-marin, relativiste 47 tachyons 63, 90
rosace 245 sphère des photons 247 taille de l ’électron 89
rosace, trajectoire 247 spin d ’une onde 156 taille de la Voie lactée 292
rotation de la Terre 283 spin des ondes taille des chaussures 285
réflexion 191 gravitationnelles 156 taille limite 116
réfraction 191 spin et propriétés ondulatoires taille limite du système
réfraction, (indice) du vide classiques 158 physique 116
163 squark 329 Tamise 18
référentiel 80 stalactite 93 tangente hyperbolique 84
référentiel d ’ inertie 35 stalagmites 18 TDB 143
référentiel inertiel 80 stellaire, trou noir 255 TDT 143
référentiels accélérés 80 Stoney, unités 279 temps 40
Régulus 229 stéradian 275 temps coordonnée
réversible 250 supernovae 201, 208 barycentrique 305
supraluminique, mouvement temps d ’arrêt, minimum 107
52 temps de l ’ horloge 132
346 index des sujets
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Riemann–Christoffel 192 trou noir de Kerr 247 univers présumé 205
tenseur de Ricci 102, 178 trou noir de univers visible 204
tenseur de Riemann 193 Reissner–Nordström 247 univers, rempli d ’eau ou d ’air
tenseur énergie–impulsion trou noir de Schwarzschild 223
102, 180 247 univers, âge 65
tenseurs 178 trou noir en rotation 248 univers, énergie 234
tension 133 trou noir extrémal 248 univers, état 235
tentative par la corde 106 trou noir intermédiaire 255 UNIX 19
Terre creuse 263 trou noir stellaire 255
Terre, anneau avoisinant 199 trou noir supermassif 254 V
Terre, contraction des trou noir, auréole 254 variables d ’Ashtekar 270
longueurs 45 trou noir, collisions 255 variance 286
Terre, formation 211 trou noir, entropie 250 variation de masse, maximum
Terre, rotation 283 trous noirs 93, 133, 303 96
Tertiaire 212 trous noirs de Schwarzschild variété 38
tesla 276 245 variété riemannienne 193
textes écrits 213 trous noirs primordiaux 254 vecteur de Poynting 159
thermodynamique, deuxième trous noirs, n’existent pas 252 vecteur, de genre espace 40
principe de la 40 TUC 143 vecteur, de genre lumière 40
théorie d ’ Einstein–Cartan 271 tunnel 53 vecteur, de genre temps 40
théorie de la relativité 24 téléportation 56 vecteur, nul 40
théorème de la composition télévision 31 vecteurs nuls 67, 68
des accélérations 83 téra 276 vendeko 276
théorèmes de l ’existence de vendekta 276
singularités de U vent 18
Penrose–Hawking 256 udeko 276 vide 261
théorèmes de singularité de udekta 276 vide, main dans 303
Penrose–Hawking 314 UICPA 318 vie, apparition 211
Time, revue 130 UIPPA 318 vieille dame circonspecte 74
tire-bouchon 158 ultra-relativiste, particule 70 vieillissement maximum 75
TNT, contenu énergétique 289 Union Géodésique et vitesse de l ’obscurité 51, 52
index des sujets 347
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LA MONTAGNE MOUVEMENT
L’Aventure de la Physique – Vol. II
La Relativité