“Dis moi ce que tu relis, je te dirai qui tu es” !
Pourquoi relit-on un livre ? “Qu’est-ce qui fait qu'un texte tient ou tombe, passe le cap de la relecture ?”
“Cherche-t-on dans la relecture la personne qu'on était ou celle qu’on est devenue?”
Sur un sujet peu étudié, “à contre-courant du clic, du survol, de la lecture rapide”, Laure Murat a mené son enquête auprès de 200 grands re-lecteurs sous forme de questionnaire envoyé. Le résultat est cet essai qui décrypte le phénomène puis donne à lire les réponses de certains écrivains (Christine Angot, Eric Chevillard, Jean Echenoz, Annie Ernaux, Céline Minard, Olivier Rolin…) sur leur rapport à la relecture, les livres qu’ils relisent (Proust et Flaubert sont majoritairement cités), mais aussi leur relation à la relecture de leurs propres oeuvres.
Si la relecture appartient au registre de la répétition dès le plus jeune âge (un enfant aime qu’on lui relise la même histoire, ou relit sans cesse le même livre), la relecture à l’âge adulte peut avoir pour but de retrouver l’émotion première, conduisant soit à une amère déception, soit à une jubilation infinie. Laure Murat cite le roman Le Surmâle dans lequel Alfred Jarry dévoile le principe de plaisir au fondement de cette compulsion de répétition : “le second baiser, mieux savouré, fut comme la relecture d’un livre aimé”.
Certains personnages de relecteurs devenus fous (Don Quichotte, Emma Bovary) ou perdus à jamais dans une bibliothèque infinie (Pierre Ménard chez Borgès) sont convoqués pour montrer les pouvoirs et limites de la littérature. Mais pour la majorité des interrogés, la relecture signifie avant tout le plaisir de la redécouverte, un voyage immobile à la fois régressif et progressif. Pour beaucoup d’entre eux, la relecture n’est pas de l’ordre du refuge rassurant mais favorise au contraire l’élan créatif, ou du moins engage la création d’un nouveau regard sur le livre lu, relu ou en cours d’écriture.
Et vous, quels livres de votre bibliothèque relisez-vous ?
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