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Royaume-Uni / Finance

Fraude UBS: Kweku Adoboli, un trader qui travaillait dur et dépensait beaucoup

Kweku Adoboli, le trader d’origine ghanéenne responsable d’une fraude de 1,5 milliard d’euros chez la banque suisse UBS, donnait l’image d’un jeune homme bien sous tous rapports. Arrêté jeudi matin 15 septembre, il a été inculpé vendredi de fraude et d’abus de position par le tribunal de Londres. Son forfait survient à un très mauvais moment pour sa banque.

Kweku Adoboli après son inculpation à Londres le 16 septembre 2011.
Kweku Adoboli après son inculpation à Londres le 16 septembre 2011. GettyImages
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C’est la plus grande fraude jamais perpétrée à la City de Londres : 2 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros) partis en fumée dans des transactions non autorisées sur des produits dérivés spéculant sur l’évolution des marchés. Comme ce fut le cas en France avec la Société Générale dans l’affaire Jérôme Kerviel, personne n’a vu le coup venir chez UBS car l’auteur du forfait, Kweku Adoboli (31 ans), renvoyait l’image d'un jeune homme bien dans sa peau et sympathique au dire ses collègues, amis et voisins.

Parcours rectiligne

Sans être tout à fait banal, le parcours du fraudeur avait jusqu’alors été rectiligne. Naissance à Accra au Ghana dans un famille aisée avec un père employé des Nations unies, éducation multiculturelle (séjours en Israël, en Irak et en Syrie au gré des déplacements paternels), études secondaires à Acksworth dans un établissement religieux de la campagne anglaise puis diplôme en informatique en sortant de l’université de Nottingham. L’entrée de Kweku dans le monde du travail se fait également en souplesse : après un stage concluant, il est engagé chez UBS où il gravit les échelons.

Gros travailleur, il devient l’un des traders les plus en vue du bureau de Londres en se spécialisant dans les produits dérivés sophistiqués. Hors bonus, son salaire annuel atteint les 300 000 euros et il peut mener grand train : loft de 300 m2 proche de son bureau où il organise des fiestas mémorables comme tout « golden boy » qui se respecte. Tout a basculé à partir du 1er octobre 2008, date de sa première fraude, selon les premiers éléments de l’enquête. Malgré l’énormité des sommes, aucune alerte n’a été déclenchée chez UBS et c’est, semble-t-il, Kweku Adoboli lui-même qui s‘est dénoncé, pris de panique par l’ampleur de ses pertes.

Des larmes à l'audience

Inculpé de fraude comptable et d’abus de position, il a comparu pour la première fois vendredi 16 juillet devant le tribunal de Londres. S’il était souriant en sortant du bâtiment, il avait essuyé des larmes durant l’audience, conscient d’avoir mis un peu plus dans la difficulté sa banque. Déjà chahuté en bourse, UBS risque en effet de voir sa note dégradée par les agences et les 6 000 salariés basés à Londres craignent désormais pour leur emploi. Incarcéré, Kweku Adoboli comparaîtra à nouveau le 22 septembre. Pour sa défense, il a choisi le cabinet d’avocats Kingsley Napley, celui qui avait déjà conseillé Nick Leeson, le trader britannique responsable de la faillite de la banque Barings en 1995.

Les dirigeants d’UBS sur la sellette

Trois ans et demi après l'affaire Kerviel qui a coûté près de 5 milliards d'euros à la Société Générale, le débat sur le contrôle des activités des traders est relancé. Comme ce fut le cas pour les dirigeants de la banque française à l’époque, le directeur général d'UBS, l’Allemand Oswald Grübel, se trouve sur la sellette après la révélation de la fraude survenue à Londres pour 1,5 milliard d'euros. Le président honoraire de la banque suisse, Nikolaus Senn, a mis en doute la possibilité pour le principal dirigeant de rester en poste après cette affaire. Selon lui, Oswald Grübel n'a pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour maîtriser la situation et notamment regarder d'un peu près ce qui se passait à Londres.

De manière générale, c'est le silence observé par la direction d'UBS ces derniers jours qui inquiète. Alors que les autorités des marchés financiers en Suisse et au Royaume-Uni lancent simultanément des enquêtes, les jours de la direction d'UBS sont peut-être comptés. Après l'affaire Jérôme Kerviel et ses 5 milliards d'euros de pertes mis au jour en 2008, le patron de la Société Générale de l'époque, Daniel Bouton, avait été écarté de la direction opérationnelle. Il avait démissionné un an plus tard de son poste de président, disant ne plus pouvoir supporter les attaques dont il était l'objet depuis la révélation de la fraude.

 

 

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