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Christoblog

Palmarès du 77ème Festival de Cannes

Un palmarès équilibré dans lequel la plupart de mes films préférés de la compétition se retrouvent, à l'exception de Diamant brut et du film roumain Trois kilomètres avant la fin du monde.

 

Palme d'or : Anora de Sean Baker

C'est une Palme méritée.

Jusqu'à l'irruption dans le paysage le dernier jour du Rasoulof, c'était le film favori de la Croisette. Pour ma part, j'ai adoré Anora et j'ai vécu lors de sa projection une séance dans le Grand Théâtre Lumière qui restera dans mes meilleurs moments à Cannes, toutes éditions confondues. La salle était aux anges, riant, pleurant, applaudissant à tout rompre en plein film. De plus Sean Baker est un homme adorable et un cinéaste parmi les plus doués de sa génération. 

Grand prix : All we imagine as light de Payal Kapadia

Ce Grand Prix reconnaît l'émergence d'une réalisatrice de premier plan, qu'on retrouvera à Cannes pendant des décennies à mon avis ! Le film est beau et doux comme son titre, profond et sensible. Il faut noter que ce portrait de trois femmes indiennes est un des rares films de la compétition dans lequel les personnages principaux ne sont pas maltraités.

Prix de la mise en scène : Grand Tour de Miguel Gomes

Grand Tour est une construction intellectuelle qui m'a laissé complètement froid. Le film est constitué d'images quelconques de l'Asie du Sud-Est tournées aujourd'hui en noir et blanc, et de séquences tournées en studio racontant une histoire au début du XXème siècle. Le tout est plombé par une voix off pontifiante. Le film m'a profondément ennuyé, mais le geste est radical et Gomes est un cinéaste qui plait toujours à une cinéphilie des extrêmes. Personnellement, j'aurais plutôt donné ce prix à Coppola, à Arnold, ou à Fargeat. 

Prix du scénario : The substance de Coralie Fargeat

C'est LE film qui a secoué les plus sensibles des spectateurs de Cannes, body horror et torrents d'hémoglobine au programme. Lui remettre ce prix n'est pas illogique quand je pense que pendant la projection du film, je me suis dit plusieurs fois : mais que peut-elle inventer de plus après ça ? Un choix osé tout de même. Pour ma part le plus beau scénario est celui du film d'Emanuel Parvu, Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde.

Prix du jury : Emilia Perez de Jacques Audiard

Un film formidable, quasiment parfait à tous les points de vue, et qui se préoccupe du plaisir du spectateur à chaque seconde. On est constamment surpris par l'évolution de l'intrigue et le casting est formidable. Les séquences de comédie musicale sont magnifiques. C'était pour moi un des trois prétendant à la Palme, avec Anora et The seed of the sacred fig.

Prix spécial : The seed of the sacred fig de Mohammad Rasoulov

C'était la Palme de presque tout le monde sur la Croisette, et en particulier du tableau des critiques internationaux de la revue Screen, qui fait référence. Le film est sublime, mélangeant les genres avec une efficacité redoutable. Seul petit bémol, la mise en place de la première partie est un peu longuette. Anora est (de peu) une expérience de spectateur plus percutante à mon sens.

Prix d'interprétation féminine : les quatre actrices d'Emilia Perez

Mérité ! Même si c'est un peu étrange de donner deux prix au film d'Audiard. Le caractère collégial de la décision se justifie pleinement quand on a vu le film. C'est la première fois qu'un prix d'interprétation féminine est remis à une actrice trans. Personnellement, ma favorite était l'incroyable actrice de Diamant brut, l'incroyable Malou Khebizi.

Prix d'interprétation masculine : Jesse Plemons, dans Kinds of Kindness

Mérité ! Il y avait peu de concurrents potentiels en lice (les deux acteurs de The apprentice notamment, Sebastian Stan et Jeremy Strong), mais Jesse Plemons est renversant chez Lanthimos. A noter que tous les films du Grec ont remporté un prix dans un Festival majeur : une sacrée performance.

Retrouvez mon avis sur 41 films présentés à Cannes dans Mon journal de Cannes 2024.

A l'année prochaine !

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Journal de Cannes 2024

 

24 mai

Dernière journée. Direction le Cineum pour une séance de rattrapage : Viet and Nam (4/5) de Minh Quy Truong confirme la vitalité du nouveau cinéma vietnamien. Alors pour faire simple, il y a un petit côté Weerasethakul dans ce cinéma atmosphérique et même parfois onirique. Un peu dur pour une fin de festival, car c'est assez lent et en partie difficile à comprendre, mais il faut reconnaître qu'il y a dans le film des plans de toute beauté. Rattrapage de l'Acid, Kyuka - before summer's end (3/5) du grec Postais Charamountanis, est plein de promesses. La façon dont le film restitue les ambiances estivales sur la mer est formidable et l'intrigue familiale très bien foutue. Le réalisateur parsème son film d'effets de styles plus ou moins heureux et pas très cohérents entre eux, c'est dommage.

L'avant dernière projection de la compétition nous apporte un favori pour la Palme d'or : The seed of the sacred fig (5/5) de Mohammad Rasoulov, est de ces films dont on perçoit rapidement qu'ils sont parfaitement taillé pour la récompense suprême. Une écriture millimétrique, des acteurs incroyables, des styles différents (de la chronique familiale au film d'horreur, du thriller paranoïaque au pamphlet politique), et des sujets qui parleront au plus grand nombre. Un grand film, dans lequel les femmes sont sublimes face à un patriarcat usé jusqu'à l'os. Seul petit bémol : le film est un peu trop long (2h40) et la première heure de mise en place souffre de quelques longueurs.

Dernier film en compétition, La plus précieuse des marchandises (1/5) de Michel Hazanavicius est le plus mauvais film d'animation que j'ai vu depuis longtemps. Il échoue totalement à trouver le bon ton pour parler de la Shoah et semble inclure des séquences interminables, alors qu'il est le plus court film de la compétition.

C'était mon 41ème et dernier film pour cette année !

 

23 mai

La journée commence, une fois n'est pas coutume, par un film d'animation à Un Certain Regard. Flow (4/5) du Letton Gilts Zilbalodis, est visuellement une merveille, dans un style à l'évidence marqué par l'univers des jeux vidéo type Zelda. L'intrigue est une variation sur le thème du déluge et de l'Arche de Noé, vue à travers les yeux d'un chat. Les animaux sont tous figurés de façon réaliste et il n'y a donc aucun dialogue, mais cela n'empêche pas du tout, au contraire, l'émerveillement de poindre à de nombreuses occasions. 

Retour à la compétition pour le reste de la journée. On commence avec Motel Destino (4/5) de Karim Aïnouz, une variation très classique de film noir, mais ici sublimée par les décors incroyablement colorés de ce motel brésilien, par la mise en scène brillante et par le jeu des acteurs. C'est moite et poisseux, avec une fin improbable que j'ai beaucoup aimé. La montée des marches de L'amour ouf (2/5) de Gilles Lellouche, rassemblait ce soir un casting cinq étoiles : François Civil, Adèle Exarchopoulos, Elodie Bouchez, Alain Chabat, Karim Leklou, Raphaël Quenard, Anthony Bajon, Vincent Lacoste. Le film est très maladroit, beaucoup de scènes sont too much, mais on ne voit pas passer les 2h46 du film, parce qu'il est fait avec une authenticité qui se ressent à l'écran. Assez lucidement, Lellouche nous dit à la fin de la séance que sa présence parmi de si grands réalisateurs est une supercherie. Adèle Exarchopoulos est une fois de plus renversante. Je pense que le film sera un succès en salle.

Pour finir la journée je découvre All we imagine as light (4/5) de la jeune Indienne Payal Kapadia. Dans ce triple portrait de femmes qui essayent de trouver leur place à Mumbai, il y a une sensibilité exceptionnelle. Je fais le pari que cette cinéaste deviendra une très grande dans les années à venir.

 

22 mai

Journée cata en ce qui concerne la compétition. Marcelo mio (1/5) de Christophe Honoré part d'une idée géniale (Chiara Mastroianni devient son père), mais les développements de cette idée semblent écrits par une IA : ils sont plats, peu intéressants et on a l'impression d'être l'invité indélicat d'une réunion de famille. Les étrangers n'ont pas aimé du tout le film, car si on ne connaît pas l'histoire personnelle de chaque acteur, le film n'a aucun intérêt. Dans son nouveau film, Parthenope (2/5), Paolo Sorrentino dresse le portrait d'une femme sur plusieurs décennies, tout en peignant sa ville natale, Naples. Le problème est que le personnage principal est assez mal écrit, et que l'interprète Celleste Dalla Porta ne crève pas l'écran. Du coup, il reste le caractère baroque de la mise en scène pour intéresser, mais le résultat est beaucoup moins convaincant que dans La grande belleza.

Les ennuis continuent avec Grand tour (1/5) de Miguel Gomes. La première heure, dans laquelle on contemple de pitoyables cartes postales de l'Asie du Sud-Est contemporaine filmées en Noir et blanc, accompagnées d'une voix off pontifiante, est insupportable. Le film devient ensuite moyen, ce qui parait un soulagement pour le spectateur traumatisé par la première partie. Beaucoup de critiques français adorent ce style "rétropical" brumeux en noir et blanc entièrement filmé en studio, qui évoque un Yann Gonzalez assagi, et il n'est pas exclu qu'on retrouve le film au palmarès à mon grand désarrois. La critique internationale est elle moins enthousiaste.

Heureusement je finis la journée sur une note plus positive. Gazer (4/5) est un premier film autoproduit par  Ryan J. Sloan et une bande de potes du New Jersey. L'histoire est celle d'une jeune femme qui souffre d'une maladie mentale qui altère sa perception de sa réalité et qui va se trouver mêlée à une affaire criminelle. C'est écrit d'une façon admirable, dans un style années 70, et l'interprétation de Ariella Mastroianni (rien à voir avec Marcello) est impeccable. Je mise un billet sur ce réalisateur : si son film avait bénéficié d'un financement normal, on aurait pu le trouver dans la sélection officielle.

 

21 mai

Grosse journée aujourd'hui avec cinq films. The apprentice (3/5), d'Ali Abbasi, décrit d'une façon très sage le début de la carrière de Donald Trump, dans l'immobilier. L'intérêt est surtout de nature informative : on voit bien dans quel moule s'est créé le Trump d'aujourd'hui, et l'importance de Roy Cohn, magistralement interprété par Jeremy Strong. La particularité de cinéma d'Abbasi est complètement dissoute dans ce projet trop lisse, mais plaisant. On ne peut pas en dire autant du film suivant, Les linceuls (2/5), un énième mauvais Cronenberg. Le film commence plutôt bien, dans une atmosphère à la fois lugubre et rationnelle, avant de sombrer par la faute d'un scénario déficient dans une soupe infâme dans laquelle tous les fils de l'intrigue complotiste semblent former une masse informe de spaghettis trop cuits. 

La compétition se réveille à la mi-journée avec un des meilleurs films vus depuis longtemps, le formidable Anora (5/5 ) de Sean Baker. Il faut imaginer un grand huit émotionnel, qui commencerait comme une romcom coquine, avant de devenir une sorte de virée nocturne filmée par les frères Safdie et qui se finirait comme un mélodrame russe. C'est exceptionnel de drôlerie, de maîtrise dans la mise en scène, de rythme et de rebondissements. Il y a au milieu du film une scène d'anthologie qui a déchainé des salves d'applaudissements en pleine séance dans le GTL, une situation que je n'avais pas vécu depuis bien longtemps (disons, depuis Toni Erdmann pour ceux qui y était).

Fin de journée plus tranquille au cinéma les Arcades où j'enchaîne deux films. Dans la sélection Acid, Ce n'est qu'un au revoir (3/5), de Guillaume Brac, est le touchant enregistrement de l'amitié qui cimente un petit groupe de lycéen(ne)s, dans les dernières semaines de leur scolarité. C'est très bien fait. L'espagnol Jonas Trueba déçoit par contre, avec son nouveau film, The other way around (1/5). Sa finesse d'observation est ici diluée dans un développement trop long et répétitif, encombré d'une fantaisie meta (on voit la confection du film en même temps que le film), dont je me suis dit qu'elle ne servait qu'à cacher la vacuité du propos.

 

20 mai

Comme d'habitude, je commence par la compétition. Le nouveau Serebrennikov, Limonov, the ballad (3/5) est meilleur que ses deux précédents opus, plutôt ratés à mon sens. Le style tantôt baroque tantôt apaisé du cinéaste russe est bien adapté à l'itinéraire de Limonov, qui n'est décidément pas un personnage sympathique (en fait, c'est une belle ordure). La virtuosité mise en oeuvre ne permet toutefois pas à l'émotion de surgir. Le film de la Française Coralie Fargeat, The substance (4/5) est le film dont tout Cannes parle ce matin. Un peu à la manière de Titane il y a trois ans, ce film de body horror trempé dans Barbie, à la fois drôle et horrifique, a réveillé une compétition un peu sage. Beaucoup d'hémoglobine et différentes déformations corporelles, dans un style pop épuré. Un film qui a du corps (et même des corps). 

Au début de My sunshine (3/5), film japonais de Hiroshi Okuyama présenté à Un Certain Regard, on pense tenir le feel good movie qui remonte le moral en milieu de festival, mais non, cette histoire d'un jeune garçon timide qui pense se réaliser dans le patinage artistique ne tourne pas si bien. C'est mignon, mais la comparaison souvent faite avec Kore-Eda me semble excessive. A noter que le film offre une vision originale d'un Japon complètement enneigé. Pour finir, Miséricorde (4/5) d'Alain Guiraudie, à Debussy. C'est du Guiraudie de très belle facture, tourné en huis-clos dans un petit village de l'Aveyron, et qui ménage surprise sur surprise, dans une atmosphère amusante : une sorte de Théorème cévenol si vous pouvez imaginer cela, emmené par une troupe d'acteurs excellente, Catherine Frot en tête. Le personnage du prêtre est déjà culte.

 

19 mai

Audiard réveille la compétition et propose un film parfait, de l'étoffe dont sont faites les Palmes d'or. Emilia Perez (5/5) est un défi osé : il décrit comment un parrain de cartel mexicain devient une femme, et il inclut des passages de comédie musicale. Ce mélange improbable est réussi dans tous les domaines : plaisir esthétique, émotions et suspense. La mise en scène est souveraine. 

Expérience radicalement différente à la Quinzaine, où je découvre un film indien complètement barré et plutôt réjouissant : Sister midnight (3/5). On suit une jeune femme devenir une sorte de vampire, dans un style qui rappelle par moment Tati. Le scénario peine à tenir la longueur, mais c'est plutôt sympa. A un certain regard Boris Lojkine propose la chronique d'un migrant guinéen, livreur Uber à Paris, dans les 48 heures qui précèdent son entretien avec l'Ofpra. L'histoire de Souleymane (4/5), c'est du Dardenne en mieux, car plus incarné et moins doloriste. Fin de soirée tristounette à la Semaine avec un film américain se déroulant dans la communauté chinoise de New-York autour de la thématique du deuil : Blue sun palace (1/5). Je me suis dit pendant le film que la réalisatrice Constance Tsang avait vraiment utilisé tous les outils que le cinéma met à sa disposition pour rendre son film ennuyeux.

 

18 mai

Je reprends la compétition ce matin avec Kinds of kindness (4/5) de Yorgos Lanthimos, qui retourne ici à ses premières amours, genre Canine ou The lobster. Décors réalistes percutés par des situations anormales et souvent absurdes : c'est du Lanthimos pur jus. Le film est décomposé en trois sketchs de valeur inégale. J'ai adoré le premier, moins le second et je trouve que le troisième est un peu long. La troupe d'acteurs est au top, Jesse Plemons et Emma Stone en tête. Oh, Canada (1/5) de Paul Schrader, est l'adaptation d'un roman de Russell Banks. En multipliant les sujets (la vieillesse, la confusion des souvenirs, les choix personnels) et les procédés, le film m'a complètement perdu. Je n'ai trouvé aucun intérêt dans le personnage principal, ni dans les péripéties de sa vie. Le type de film qu'on oublie cinq minutes après être sorti de la salle.

Troisième film de la compétition à la suite au GTL pour Caught by the tides (2/5), du Chinois Jia Zhang-Ke qui semble livrer ici un film-somme traversant sa filmographie comme plusieurs décennies d'histoire chinoise. Les procédés et format sont multiples, la narration presque inexistante, et le film ne comprend presqu'aucun dialogue. C'est un peu Godard dans l'empire du Milieu : intéressant, par moment beau, mais globalement ennuyeux. Pour finir, La prisonnière de Bordeaux (1/5) réunit Hafsia Herzi et Isabelle Huppert dans un film très mineur de Patricia Mazuy. Deux visiteuses de détenus de milieux très différents sympathisent. Le scénario est beaucoup trop faible pour maintenir vraiment l'intérêt. Les deux actrices n'ont pas l'air très copines à la fin de la projection et Isabelle Huppert part même de la salle avant la fin du générique : du jamais-vu pour moi à la Quinzaine.

 

17 mai

Ce matin commence par un miracle : je trouve une invitation pour entrer au GTL voir Megalopolis (4/5) de Francis Ford Coppola, peut-être le film le plus attendu du Festival. Impossible de parler brièvement de ce peplum rétro-futuriste, véritable fourre-tout cyberpunk qui contient plus d'idées de mise en scène, d'images et d'intrigues qu'une centaine de films classiques. C'est souvent génial, parfois terrifiant de mauvais goût, mais j'ai été fasciné tout du long : c'est un film qu'on peut adorer et détester simultanément. Je ne pense pas avoir jamais rien vu de comparable. Le film est descendu par 90 % de la critique et défendu par les autres. 

Toujours en compétition j'enchaîne avec Trois kilomètres avant la fin du monde (4/5) du roumain Emanuel Parvu. On dirait du Mungiu (écriture millimétrique, sens du cadre hors du commun, écheveau de relations et jeux de pouvoir qui étouffe les personnages) mais tourné dans les superbes paysages du delta du Danube. Incroyable vitalité de la "nouvelle vague" roumaine.

Pour finir la journée, séance Cannes Premières à Debussy avec le nouveau film de Nabil Ayouch, Everybody loves Tounda (3/5). Le sujet est une jeune femme qui rêve de devenir une cheikha (chanteuse traditionnelle pour faire simple) reconnue. Le film vaut surtout par l'interprétation pleine d'énergie de l'actrice Nisrin Erradi. Beaucoup de femmes fortes dans les films de ce début de festival. Fin de soirée en rattrapage Un Certain Regard salle Varda pour découvrir le film de fiction du fameux documentariste américain Roberto Minervini, Les damnés (4/5). En 1860, des soldats américains égarés doivent défendre une position lors de la Guerre de Sécession : c'est un peu le désert des Tartares filmé de façon très naturaliste, un peu à la façon d'une Kelly Reichardt. Beau, lent, pesant, et heureusement très court.

 

16 mai

Cap sur la compétition avec trois films à la suite. La séance de 9h dans la salle Agnès Varda constitue pour moi un choc de première ampleur, et la révélation d'une actrice incroyable qui semble tout brûler sur son passage (Malou Khebizi, photo ci-contre). Premier film de la réalisatrice Agathe Riedinger, Diamant brut (5/5) devrait rafler quelque chose (Caméra d'Or a minima, et prix d'interprétation féminine). Ce sera désormais LE film de référence sur la culture des influenceuses, qui ne regarde pas ce milieu de haut. Pour le style, il faut imaginer une Andrea Arnold revivifiée par la Méditerranée. C'est très beau de voir naître ainsi une cinéaste.

Le suédois Magnus Von Horn choisit un style très différent (noir et blanc stylé, décors proprets) pour compter une histoire d'une noirceur absolue. J'ai bien aimé La jeune fille à l'aiguille (3/5), en particulier pour ce contraste étonnant et aussi par l'originalité de l'histoire, réellement romanesque. J'enchaîne sans souffler avec la montée des marches du nouveau film d'Andrea Arnold, Bird (3/5). Si l'Anglaise excelle toujours à décrire avec sensibilité un milieu marginal, elle échoue à mon sens ici à y adosser un volet fantastique. Cela reste toutefois d'un bon niveau.

Pour finir, direction la Quinzaine. Thierry de Peretti adapte un roman de Jérôme Ferrari : A son image (1/5). L'intrigue balaye plusieurs décennies d'histoire du nationalisme corse à travers la destinée d'une photographe. Mal écrit, mal monté, mal dialogué, mal joué et moyennement réalisé : c'est pour moi un échec total.

 

15 mai

Cette première journée est principalement consacrée aux films d'ouverture des différentes sections. A la Quinzaine des Cinéastes on commence avec le film posthume de la réalisatrice Sophie Fillières, décédée trois semaines après le tournage de Ma vie ma gueule (3/5), foudroyée par la maladie. Agnès Jaoui, véritable alter ego de la réalisatrice dans le film, est sur scène, ainsi que ses deux enfants (Adam et Agathe Bonitzer, tous deux acteurs) qui ont finalisé le montage, pour un moment très émouvant. Le film est amusant, doux, sensible. On passe un très bon moment, même s'il manque un petit quelque chose pour être vraiment emporté. Le deuxième acte (2/5), qui lui fait l'ouverture de l'officielle, ne m'a pas enthousiasmé. C'est le Dupieux que je n'aime pas trop : des idées brillantes rapidement esquissées, un manque d'approfondissement des situations. Bref du travail bâclé et terriblement auto-centré, qui scintille par moment.

Je passe ensuite toute la soirée dans la très belle salle de la Semaine de la critique. Le film d'ouverture, Les fantômes (4/5) de Jonathan Millet est une première oeuvre étonnante de maîtrise, au niveau du scénario comme de la mise en scène. On suit avec intérêt la traque d'un criminel de guerre par un Syrien réfugié en Alsace, mais le film parle aussi du deuil et de l'exil. Un cinéaste très prometteur. Je finis un peu fatigué cette première journée par un film argentin qui n'est pas sans qualité, mais auquel je n'accroche pas vraiment : Simon de la montaña (3/5). Il s'agit du coming of age d'un groupe d'adolescents qui présentent la particularité d'être légèrement handicapés. L'intérêt du film, qui traite de sujets mille fois vus (la révolte contre l'autorité, les conneries en bande, ma découverte de la sexualité) est ici transcendée par le jeu de l'acteur principal et l'aspect incroyablement naturaliste du film. Demain, cap sur la compétition.

 

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La vie selon Ann

Le festival de Cannes a ceci de merveilleux qu'on entre souvent dans les salles sans avoir la moindre idée de ce qu'on va voir. 

On est la plupart du temps agréablement surpris, et quelque fois on s'ennuie ferme. C'est ce qui m'est arrivé en 2023, en découvrant à la Quinzaine ce film qui portait encore son titre originel, précieux et prétentieux à son image : The feeling that the time for doing something has passed.

Joanna Arnow se filme elle-même dans une succession de scènes dans lesquelles les personnages semblent réciter leur texte de façon automatique, un peu à la manière d'un Kaurismaki, la beauté des plans et la tendresse distante en moins.

La vie sans intérêt de l'héroïne s'écoule ainsi sous nos yeux : parents insupportables, vie en entreprise quelconque et surtout, le sexe. Ann multiplie en effet les rencontres charnelles masochistes sans que j'ai bien compris à quoi tout cela rimait. L'actrice n'est pas attachante, son personnage est une coquille creuse qui ne manifeste aucune sentiment.

Il y a peut-être un sens à tout cela, mais il m'a échappé.

 

1e

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En route pour le Festival de Cannes 2024

Du 14 au 25 mai 2024, vous pourrez suivre le Festival de Cannes en direct sur Christoblog, avec un résumé tous les soirs de mes aventures sur la Croisette, à suivre en lisant Mon journal de Cannes.

Pour mes avis immédiats à la sortie de chaque projection, vous pouvez me suivre sur Facebook ou Twitter, comme plus de 800 fidèles. 

Vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter de Christoblog, là, à droite de l'article, en inscrivant votre adresse mail dans la case "Saisissez votre email ici". 

Si vous allez à Cannes pour la première fois, ces articles pourraient vous intéresser :

 

Mon avis sur les différentes sélections 2024 : 

Compétition 

Cette année, la compétition comprend 22 films, soit un de plus que ces deux dernières années. On peut distinguer dans la sélection les cinéastes qui ont déjà eu au moins une Palme d'Or, moins nombreux que d'habitude (Coppola - Megalopolis, Audiard - Emilia Perez), ceux qui sans avoir reçu la récompense suprême ont très souvent participé (Cronenberg - The shrouds, Jia Zhang-Ke - Caught by the tides, Andrea Arnold - Bird), ceux qui ont déjà été en compétition au moins une fois (Abbasi - The apprentice, Aïnouz - Motel destino, Baker - Anora, Hazanavicius avec un film d'animation - La plus précieuse des marchandises, Honoré - Marcello mio, Lanthimos - Kinds of kindness, Schrader - Oh Canada, Serebrinnikov - Limonov the ballad, Sorrentino - Parthenope), et enfin ceux qui apparaisse en compétition pour la première fois.

Parmi ces derniers, l'Iranien Mohammad Rasoulov, en délicatesse avec le régime, monte si je puis dire en Ligue 1 avec The seed of the sacred fig, puisque beaucoup de ces films avaient été présenté à Un certain regard (dont le magnifique Au revoir). On attendra aussi avec beaucoup d'impatience de voir les débuts à ce niveau de Gilles Lellouche et son Amour ouf, mégaproduction française avec Adèle Exrachopoulos et François Civil.

4 femmes seulement parmi les 22 cinéastes retenus : outre Andrea Arnold, la jeune Payal Kapadia permet le grand retour de l'Inde en compétition (All we imagine as light), et la France sera représentée par Coralie Fargeat avec un film de body horror américain (The substance) et Agathe Riedinger, sorte de "Dardenne marseillaise" comme l'a présenté Thierry Frémaux, avec Diamant brut.

Enfin, le Portugal fait aussi son grand retour en compétition avec le très attendu Grand tour de Miguel Gomes, ainsi que la Roumanie avec Emanuel Parvu (Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde) et la Norvège avec Magnus Von Horn qui présentera un film en noir et blanc (La jeune femme à l'aiguille), comme celui de Gomes.

Cannes Premières

Avant 2020, les "refoulés" de la compétition se retrouvaient à Un certain regard, ou à la Quinzaine. En 2021, Thierry Frémaux leur a offert une nouvelle section qui est reconduite cette année, dans la salle Debussy, habituellement réservée à Un certain regard. On retrouvera ici un casting dont Venise ou Berlin se délecteraient : Nabil Ayouch, Leos Carax, Alain Guiraudie, les frères Larrieu et Rithy Panh, entre autres.

Un certain regard

Cette sélection se recentre sur son objectif initial, comme ces trois dernières années : faire découvrir des oeuvres originales et exigeantes. Peu de noms connus par conséquent. Pour ma part je guetterai avec attention le nouveau film de l'Islandais Runar Runarsson (When the light breaks) qui devait être très proche de la compétition, et la nouvelle fiction du formidable documentariste Roberto Minervini (Les damnés).

A noter aussi dans cette section un film d'animation, Flow, du prodige letton Gints Zilbalodis. Trois actrices présenteront dans cette section leur premier film : Laetitia Dosch (Le procès du chien), Ariane Labed (September says) et Céline Salette (Niki)

Autres séances de l'officielle

Dans le cadre des séances spéciales, séances de minuit et autres projections inclassables, on trouve cette année du très lourd, que ce soit en matière de cinéma d'auteur (Dupieux, Guy Maddin, Claire Simon, Desplechin) ou de fun (George Miller, Kevin Costner, Le comte de Monte-Cristo). 

Quinzaine des cinéastes

Julien Rejl continue de renouveller complètement le casting de la Quinzaine pour sa deuxième année, en affichant clairement sa volonté d'éviter les "poids lourds recalés de l'officielle".

Cap sur l'aventure, donc, avec une ligne éditoriale radicale orientée vers le cinéma expérimental, queer et imprévisible.Pas beaucoup de grands noms, mais comme l'année dernière un tropisme net pour le ciné indépendant américain (pas moins de cinq films !).

Quelques réalisateurs renommés tout de même : Ma vie ma gueule, le film posthume de Sophie Fillières en ouverture (moment d'émotion à prévoir pour Agnès Jaoui), ceux de Thierry de Peretti (toujours en Corse) et de Patricia Mazuy (avec Isabelle Huppert et Hafsia Herzi).

Côté espagnol, j'essaierai de voir The other way around, de l'excellent Jonas Trueba, que beaucoup attendait en sélection officielle.

Comme en 2023, c'est sur le papier la sélection qui m'attire le moins.

 

Semaine de la critique

On a toujours plaisir à fréquenter la Semaine, qui ces dernières années a fait de très belles découvertes (Aftersun, Le ravissement, Inchallach un fils).

On se promènera donc cette année du Brésil à l'Egypte, de Taïwann en Argentine et aussi beaucoup en ... France et en Belgique.

Parmi les séances les plus décalées de la quinzaine canoise on peut parier un ticket sur Les reines du drame, d'Alexis Langlois, "comédie musicale lesbienne populaire", avec en guest star Bilal Hassani et Asia Argento.

Le film d'ouverture, un thriller psychologique de Jonathan Millet (Les fantômes) est aussi très prometteur sur le papier. Le film de clôture est un body horror au féminin (sujet décidément à la mode) qui se passe en Camargue, avec l'actrice Oulaya Amamra : Animale.

 

ACID

Dans la petite dernière des sélections cannoises, peu de noms connus, mais beaucoup tenteront d'accéder aux séances de projection du dernier film de l'excellent Guillaume Brac, Ce n'est qu'un au revoir.

Le reste de la sélection nous propose comme d'habitude un beau tour du monde : Inde, Colombie, Grèce, Argentine, USA et Marseille.

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Sidonie au Japon

Il faut une sacrée assurance à Elise Girard pour proposer ce film étrange, dans lequel il ne se passe pas grand-chose et qui ne propose finalement que la juxtaposition de deux paysages désolés : celui extérieur d'un Japon comme déserté et celui intérieur, composé par une Isabelle Huppert endeuillée plus huppertienne que jamais.

De cette confrontation, dans laquelle l'acteur Tsuyoshi Inara semble faire partie du paysage, il ressort un sentiment de douce morbidité : le mort s'efface progressivement dans une jolie mise en scène, pour que la vie se ré-immisce dans la vie de Sidonie.

Tout cela est mené tambour mollissant, si je puis dire, dans des Limbes grisâtres, hall d'aéroport désert, hôtels tout droit sortis de Shining, séances de dédicaces diaphanes et interviews irréelles.

Sidonie au Japon est beau parce qu'imparfaitement lugubre. Malgré tous ses efforts pour amener la désespérance à un point d'incandescence, il parvient à nous émouvoir par la seule force de la mise en scène.

 

2e

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Vampire humaniste cherche suicidaire consentant

Derrière ce titre accrocheur et très bien trouvé se cache un film québécois délicieux, mélange de comédie romantique et de coming of age movie, adoptant tous les codes des films de vampire pour mieux s'en détacher.

La jeune vampire Sasha, n'aime pas tuer les humains. Ses parents, un peu comme un couple de fauves qui essaierait d'apprendre en vain à leur rejeton de chasser des gazelles, se désespèrent : que deviendra leur fille si elle ne sait pas se procurer sa subsistance par elle-même ?

La jeune fille a alors une idée géniale : écumer les réunions de suicidaires anonymes pour faire son marché de sang frais, tout en en laissant sa conscience en paix. Les choses se compliquent lorsqu'elle tombe d'accord avec un jeune homme ... dont elle tombe amoureuse.

La réalisatrice Ariane Louis-Seize (quel nom !) nous donne une oeuvre délicate, très plaisante et superbement mise en scène, regorgeant d'idées amusantes et parfois, émouvantes. On s'amuse beaucoup en se demandant quelle issue pourra être trouvée à cette romance nocturne contre-nature, et on n'est pas surpris par la fin.

Une excellente surprise, qui fournit le plaisir de retrouver une des interprètes du très bon Falcon Lake, la jeune Sara Montpetit.

 

2e

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La fleur de Buriti

Peut-être que la quinzaine d'excitation folle du festival de Cannes n'était pas le moment idéal pour découvrir ce film exigeant.

Toujours est-il que je me suis bien ennuyé, alors que le sujet ici traité est plutôt intéressant : donner à voir le quotidien des autochtones de la forêt profonde du Brésil (les Krahô), et nous instruire quant à leur histoire.

De ce double point de vue, le film est plutôt au rendez-vous. On est vraiment au contact de la communauté (dans la forêt, mais aussi en ville, et même lorsqu'ils manifestent à Brasilia), et on a aussi une bonne idée des massacres perpétrés par les colons européens, grâce à une scène de reconstitution sous forme de fiction, qui génère un peu de perplexité le temps qu'on comprenne ce que l'on est en train de voir.

Au global le film ne m'a pas vraiment convaincu. J'ai trouvé que la façon de filmer était vraiment pauvre, voire rudimentaire. Certains procédés qui tendent à abolir la frontière entre documentaire et fiction (la petite fille qui voit dans le passé) m'ont paru apporter plus de confusion que de magie, brouillant le message du film.

A force d'hésiter entre fiction et documentaire de façon finalement très auto-centrée, le film perd de vue son sujet principal, et c'est dommage.

 

2e

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Concours La morsure : gagnez 3x2 places

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film La morsure, présenté au Festival de Gérardmer.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : dans quelle série l'actrice principale Léonie Dahan-Lamort s'est elle fait connaître ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 11 mai 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

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Sky dome 2123

Avec leur premier long-métrage, le hongrois Tibor Bánóczki et sa partenaire  Sarolta Szabó nous offrent un des meilleurs films d'animation pour adulte vu depuis longtemps.

Tout est en effet formidable dans Sky dôme 2123 : une histoire complexe et profonde, des décors variés et sidérants, des personnages attachants. Le complexe procédé d'animation, qui mélange rotoscopie et animation traditionnelle, est d'abord suprenant puis franchement convaincant.

Nous sommes en 2123 et la ville de Budapest vit intégralement sous un dôme. A 50 ans, chaque être humain se voit transformé en arbre pour le bien de la communauté. En proie à une profonde dépression (elle a perdu son fils), Nora devance l'appel à 32 ans, mais son mari ne l'entend pas ainsi....

Sur cette trame qui mélange habilement préoccupation écologique, drame intime, thriller psychologique et raid movie d'anticipation, le film brode un motif fait de douceur et de splendeur visuelle : on est littéralement happé par chaque station que parcourt notre couple à la recherche d'une introuvable issue.

Sky dome 2123, belle découverte du Festival d'Annecy 2023, est vraiment un film à découvrir. Il mériterait une distribution bien plus large.

 

3e

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Oppenheimer

Je ne suis pas toujours tendre avec Christopher Nolan, à qui je reproche, pour faire simple, de mettre son extraordinaire virtuosité de réalisateur au service de scénarios inutilement complexes.

Mais ici, il me faut bien admettre que mes reproches habituels ne tiennent pas. 

D'abord parce que l'histoire racontée est elle-même compliquée, et que Nolan parvient finalement assez bien à en rendre compte dans ses subtilités scientifiques (la physique à ce niveau-là, ce n'est quand même pas de la tarte) et ses circonvolutions politiques et diplomatiques (les innombrables personnages secondaires sont très bien dessinés).

Peut-être pourrait-on à la limite discuter la nécessité d'avoir mis en place ces deux trames narratives distinctes et leurs caractéristiques un peu apprêtées (noir et blanc / couleurs, "fission"/"fusion"), mais en ce qui me concerne, j'ai trouvé l'idée intéressante : elle donne une épaisseur temporelle supplémentaire à l'épopée scientifique qui nous est contée.

Le deuxième aspect satisfaisant du film est que les délires visuels habituels du Britannique sont ici d'une part plutôt mesurés, et d'autre part mis au service du propos du film, ce qui n'est pas toujours le cas. Il n'est pas inconvenant que la pyrotechnie typiquement nolanienne de certains plans servent à illustrer les prodiges de la physique sub-atomique.

Oppenheimer est une oeuvre dense, complexe et riche en thèmes de nature différente (intime, politique, scientifique, métaphysique). Nolan parvient avec ce film à tenir en haleine son spectateur pendant trois heures autour d'un thème a priori peu avenant : c'est un exploit. Il est servi pour cela par une direction artistique proche de la perfection (la reconstitution de Los Alamos est fantastique) et un casting éblouissant dans lequel Cillian Murphy propose une composition solide, qui lui a d'ailleurs valu l'Oscar qu'il recherchait. 

Pour moi, le grand oeuvre de Christophe Nolan.

Christopher Nolan sur Christoblog :  Inception - 2010 (**) / Interstellar - 2014 (*) / Dunkerque - 2017 (**) / Tenet - 2020 (**)

 

4e

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Borgo

Belle réussite que ce nouveau film de Stéphane Demoustier, qui confirme de film en film une belle finesse d'écriture et de véritables qualités de réalisateur.

Borgo est un polar carcéral tout à fait prenant, dans lequel la réalité corse explose à chaque plan (notamment les relations qui semblent relier directement ou indirectement tous les habitants) et qui est construit sur une idée scénaristique pas forcément originale, mais qui fait ici sont petit effet. Je n'en révélerai évidemment pas la teneur.

Hafsia Herzi, décidément une des meilleures actrices française actuelle, est une nouvelle fois renversante. Opaque et décidée, elle maintient une sorte d'ambiguïté tout au long du film, qui sert admirablement l'intrigue, et fait du personnage de Melissa une sorte de soeur spirituelle du personnage qu'elle interprétait dans Le ravissement.

Le réalisme du film (la prison bien sûr, mais aussi le HLM, le cabanon de plage) est saisissant et rend l'expérience particulièrement immersive.

On est tenu en haleine jusqu'au derniers plans, ce qui n'est pas si courant dans le cinéma français. 

Un formidable thriller.

Stéphane Demoustier sur Christoblog : La fille au bracelet - 2020 (***)

 

3e

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Il reste encore demain

Il y a un aspect magique dans le cinéma : celui qui permet à un improbable mélange (esthétique kitsch, trame à suspense, mise en scène à effets, mélange de styles musicaux) d'attirer plus de cinq millions de spectateurs en Italie, pour un film d'époque en noir et blanc, qui dure pratiquement deux heures.

Difficle de justifier d'un strict point de vue critique un tel engouement. Il reste encore demain n'est en effet pas un grand film d'un point de vue mise en scène. Paola Cortellesi y accumule en effet les choix à risque : esthétique d'Amélie Poulain au sortir de la guerre, travellings tape à l'oeil, choix osé de théatralisation pour certaines scènes (la violence du mari envers sa femme chorégraphiée comme une danse). 

La réalisatrice (qui est aussi l'actrice principale) flirte donc en permanence avec le mauvais goût, sans vraiment y tomber. Ce qui sauve sa narration tient à mon sens dans deux éléments. Le premier est l'intrication de thématiques diverses, toutes riches et qui entrent subtilement en résonance, donnant une véritable épaisseur au film (l'histoire italienne, les différences de classe, le féminisme, le machisme atavique, les conflits entres générations, les relations familiales, la politique, l'amour).

Le second élément qui emporte tout, c'est l'énergie communicative qui se dégage du film. Les premières scènes en sont un magnifique exemple : la première journée de Delia est haletante, menée tambour battant par un découpage survitaminé et une bande-son entraînante. Il y a dans ce film un plaisir de filmer et de jouer qui est communicatif et qui me semble être la caractéristique de ce qu'on peut trouver de meilleur dans l'art cinématographique : la volonté d'entraîner le spectateur dans une histoire, coûte que coûte.

A découvrir !

 

3e

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Civil war

Rien de véritablement nouveau dans le nouveau film à grand spectacle d'Alex Garland : on y voit des scènes de guerre très réalistes, une troupe de journalistes et photographes de guerre prenant des risques insensés pour obtenir LA bonne photo ou LA bonne interview, et on suit enfin l'apprentissage sur le terrain d'une apprentie photographe.

C'est le cadre dans lequel se déroule le film qui en fait son principal intérêt : les USA en proie à une guerre civile dont on ne comprend à aucun moment les enjeux, des groupes militaires indistincts, un président acculé et impuissant, une atmosphère de déréliction qui se superpose aux images que nous avons habituellement de l'Amérique. Une atmosphère assez proche de celle de The walking dead, dans laquelle l'homme serait un zombie pour l'homme.

Cette production assez originale (la plus grosse du petit studio US qui monte, A24) insinue en creux une question qui taraude le film du début à la fin de façon souterraine : mais qu'est ce donc vraiment qu'être Américain ?

Associé à une direction artistique impressionnante de réalisme et au sens de la mise en scène du réalisateur britannique, cette ligne directrice est finalement agréable et donne un grand spectacle pas très original mais élégant, qui se laisse regarder avec plaisir.

Accessoirement, le casting est très bien aussi : Kirsten Dunst comme d'habitude convaincante, la jeune Cailee Spaeny fraîche à souhait et Wagner Moura spectaculairement musculeux.

Rien n'est vraiment neuf dans Civil war, mais tout y est plaisant. 

 

2e

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Le mal n'existe pas

Dieu sait si j'aime le cinéma d'auteur en général, le cinema japonais en particulier, et enfin celui d'Hamaguchi. C'est bien simple, j'aurais pour ma part donné la Palme d'or en 2021 à Drive my car, un véritable chef d'oeuvre.

Tout cela pour dire que je ne comprends pas l'engouement de la critique pour ce film, à mon avis le moins bon de son auteur, une oeuvre mineure, incomplète et approximative.

Peut-être est-ce parce que sa conception résulte d'une construction autour d'une musique (oeuvre de Eiko Ishibashi) et non d'un scénario que le résultat paraît si peu maîtrisé : on ne comprend pas ce que le film veut dire, au-delà de la gentillette fable écologique (les locaux sont sympas, les promoteurs de la capitale sont des idiots).

La fin du film est catastrophique. En cinq minutes, Hamaguchi parvient à ruiner son oeuvre en nous balançant une suite de plans sans queue ni tête, desquels il est strictement impossible de tirer une interprétation qui tient la route.

Il y a pourtant dans le film par éclair des manifestations sensibles du génie de son réalisateur : la scène d'ouverture magistrale, celle de la voiture dans laquelle on retrouve les talents de dialoguiste d'Hamaguchi, et plus globalement une photographie qui frôle souvent la perfection.

Pour le reste, mes sentiments durant le film ont oscillé entre l'ennui, l'attente, la perplexité, et finalement la déception.

Ryusuke Hamaguchi sur Christoblog : Passion - 2008 (***) / Senses - 2018 (***) / Asako I&II - 2019 (**) / Drive my car - 2021 (****) / Contes du hasard et autres fantaisies - 2021 (***)`

 

2e

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Goutte d'or

Rattrapage 2023 sur Canal+

On retrouve dans Goutte d'or les qualités profondément originales qui faisaient toute la valeur de Ni le ciel ni la terre : une réalité prise sur le vif (comme rarement on la voit dans un film de fiction) associée à un sentiment presque évanescent de fantastique, comme si celui-ci existait larvé dans le moindre détail du quotidien. 

Karim Leklou excelle dans le rôle de ce voyant arnaqueur sévissant dans le quartier parisien de la Goutte d'or, qui se voit contre son gré embarqué dans un voyage nocturne à la fois onirique, dramatique et profondément ancré dans la réalité du nord-est parisien.

J'ai été pour ma part profondément séduit par la variété des rencontres proposées, et par la sourde poésie qui émane du regard halluciné de Karim Leklou, surpris par l'irruption dans sa vie d'un surnaturel qu'il singeait jusqu'alors avec brio.

Un beau voyage.

Clément Cogitore sur Christoblog : Ni le ciel ni  la terre - 2015 (****)

 

4e

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Le vieil homme et l'enfant

Rien de bien original dans ce film islandais, qui semble de prime abord brasser des éléments vus et revus dans de multiples films : la rencontre de deux solitudes, l'arrachement à la terre ancestrale et la confrontation entre la vie en pleine nature et la ville.

La réalisatrice Ninna Pálmadóttir filme sagement l'histoire écrite par son compatriote Runar Runarsson (Sparrows, Echo) de façon sensible, mais disons-le, assez plan-plan. L'évènement principal du film, qui survient dans sa seconde partie, est un peu téléphoné, mais ses conséquences donnent lieu à des scènes habilement écrites et joliment filmées.

Comme le film est très court (1h14, un plaisir !), on n'a pas le temps de s'ennuyer, et j'ai finalement apprécié ce conte moral à l'ambiance délicieusement islandaise (les paysages autour de la ferme sont formidables). Dernier point : le visage de l'acteur Thröstur Leó Gunnarsson est en soi un paysage, magnifique à explorer.

Un petit shoot de plaisir nordique pour ceux qui apprécient les ambiances septentrionales.

 

2e

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Concours Sky Dome 2123 : gagnez 3x2 places

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film d'animation Sky Dome 2123, présenté dans de nombreux festivals, dont Berlin et Annecy, et qui sort le 24 avril.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : de quelle nationalité sont les deux réalisateur/trice, Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó  ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 17 avril 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

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Black flies

Une étrange malédiction semble frapper Sean Penn à Cannes.

Ces dernières années, à chaque fois que l'acteur américain figure dans un film en compétition, celui-ci s'avère le plus mauvais de la sélection : c'était le cas pour le calamiteux The last face en 2016, puis pour le très médiocre Flag Day en 2021 et enfin pour Black flies en 2023.

Le propos du film est simple, voire simpliste : filmer deux ambulanciers dans l'exercice de leur fonction, en ne négligeant aucun effet gore et en noyant le tout dans un déluge de liquides corporels en tous genres.

Pour assaisonner ce plat rudimentaire, le réalisateur Jean-Stéphane Sauvaire l'enrobe d'une bande-son horripilante, qui surligne maladroitement ce qu'on voit à l'écran : des sons stridents (et trop forts) pour les situations stressantes, des violons pour les séquences faisant appel aux émotions... 

Je n'ai jamais été happé par le propos du film, comme cela a pu être le cas pour d'autres films mettant en scène la profession d'ambulancier / urgentiste : je pense notamment au très bon Arythmie de Boris Khlebnikov. 

Mais le pire nous attend à la toute fin du film, qui se termine dans une suite de halos rouges enrobant un mélodrame mielleux, d'une vulgarité crasse.

Sauvaire insauvable, donc.

 

1e

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Le jeu de la reine

Etonnant film en costume, Le jeu de la reine parvient à donner à une trame historique (le portrait de la dernière femme de Henry VIII, Catherine Parr) une tonalité tout à fait contemporaine, thriller politico-féministe à haute tension, parfois sidérant de réalisme cru.

Nous sommes en effet ici spectateurs d'intrigues autour du pouvoir comparables à celles que l'on a pu voir récemment dans une série comme Succession, sauf qu'ici la moindre faute peut se payer par ... une décapitation. 

Alicia Vikander est parfaite en épouse résolue à être plus intelligente que ceux qui la menacent, et Jude Law nous tétanise par son mélange de cruauté désinhibée et de fausse douceur.

Karim Aïnouz confirme ici son nouveau statut de grand cinéaste : Le jeu de la reine parvient à être à la fois beau, intrigant et séduisant. J'ai particulièrement apprécié la direction artistique, la photographie précise et évocatrice d'Hélène Louvart et le découpage alerte du film, qui lui confère une surprenante aura de contemporanéité.

Karim Aïnouz sur Christoblog : La vie invisible d'Euridice Gusmao - 2019 (****)

 

3e

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Concours Les filles vont bien : Gagnez 2 DVD

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 2 exemplaires du DVD du film du très bon film d'Itsaso Arana, Les filles vont bien.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : de quel réalisateur espagnol Itsaso Arana est-elle l'actrice fétiche ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 3 avril, 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des deux DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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