Le lecteur adolescent en a rêvé, le lecteur adulte est comblé. Il y a quarante ans, quand je lus « La Clef laxienne » dans Histoire à rebours (sans doute pas le premier texte de Sheckley que je lisais, et clairement pas le dernier), ce fut une révélation. Ce duo Arnold et Gregor, le premier plutôt spécialisé dans les affaires mais à l'enthousiasme un peu trop précipité, le deuxième davantage versé dans la technique et d'un naturel extrêmement prudent, fonctionnait (lire la suite)
Rien n'est plus facile que de résumer Les dépossédés d'Ursula K. Le Guin. D'abord, une dualité de lieux simples à identifier : le système Cetien, composé d'une planète semblable à la Terre, Urras, et de sa lune Anarres. Sur cette dernière vivent les héritiers d'Odo, une femme qui est parvenue à obtenir l'exil volontaire et l'indépendance d'une fraction de la population rejetant le système politique de la principale nation d'Urras. Et parmi eux, des dizaines (lire la suite)
Lola Lokidor, la taxi-girl de l'espace, également masseuse comme nous l'apprend Rufus Tucru, son voisin amoureux qui vend des encyclopédies de Diderot et d'Alembert g'lactiques, a déjà connu chez le même éditeur un opus intitulé Deux Aventures spatiales et culinaires de Lola Lokidor & Rufus Tucru. Le couple semble bien parti pour poursuivre sur cette lancée, ce dont seuls les grincheux seraient susceptibles de se plaindre, ceux qui détestent les loufoqueries, l'absurde et les fulgurances surréalistes. (lire la suite)
La guerre a pratiquement détruit la Terre et ses habitants. Les Oankali, des extraterrestres, ont sauvé les survivants et les ont maintenus en stase, le temps de réparer la planète. Leurs motifs, toutefois, sont loin d’être altruistes : ils en ont après l’ADN des humains. Plus clairement, le but des Oankali est de s’hybrider avec les Terriens, en les intégrant dans leurs familles, de sorte à concevoir des enfants « façonnés » – c’est ainsi qu’ils agissent avec tous (lire la suite)
Kim Stanley Robinson commence ce roman par un examen très pointu des vastes problèmes écologiques, climatiques, économiques et catastrophiques que l'humanité génère. Le début du roman se situe après la COP28 et les accords de Paris. Un organisme international est mis en place pour faire le suivi des problèmes et des solutions. L'inventaire des problèmes est mené sans concessions avec la précision que l'on connaît de Robinson. Les problèmes d'effondrement de la biodiversité, (lire la suite)
Faruk, un vampire jeune et séduisant d'apparence, qui accuse déjà plusieurs siècles d'existence, squatte les bas-fonds de San Francisco où personne ne lui conteste le sang qu'il prélève sur les junkies, lorsqu'il est engagé par le puissant tuteur d'une adolescente, Barbara, pour veiller sur elle au lycée où il n'est pas possible de lui adjoindre des gardes du corps. Il ignore la raison pour laquelle elle est en danger, laquelle a à voir avec la mort de son père, ami du tuteur en question. (lire la suite)
Fausse fantasy relevant en réalité d’une SF post-apocalyptique, ce premier roman de son auteur convoque, sur sa quatrième de couverture, Moorcock et Shakespeare. On est loin de l’un comme de l’autre : les personnages stéréotypés aux noms ridicules de Day n’ont en rien l’impact de ceux du père de Hawkmoon, et leurs tourments amoureux et moraux génèrent plus l’ennui qu’autre chose. Sentiment d’ailleurs exacerbé par une absence quasi-totale de rythme (lire la suite)
Un numéro pour le moins improbable, qui commence par une vieille et très longue nouvelle de Raymond Z. Gallun (dont j’ignorais jusqu’à l’existence il y a encore deux jours). On dirait du Clifford D. Simak, enfin… du Simak qui aurait été écrasé quatre fois de suite par une armoire normande remplie d’haltères (à la décharge de l’auteur, il faut dire que la traduction hors d’âge, sans doute relue par la stagiaire « sanitaires et techniques (lire la suite)
[critique commune des n° 64 et 65]
Je suis aveugle, je suis aveugle !
« Maître, je suis arrivé chez vous à l’âge de six ans. Les trois premières années, j’ai appris à cuire le riz et à passer le balai. Les trois années suivantes, j’ai appris à découper des algues, rouler des sushis et brasser votre saké, à raison de plusieurs litres par jour. Une fois terminée ma sixième année à votre service, (lire la suite)
Il est peu d’exercices aussi risqués que de revenir, vingt ans après, sur des textes qui vous avaient filé une vraie claque. Souvent, en effet, le souvenir de la claque s’avère plus puissant que le texte lui-même, qui a pris vingt ans. Comme le critique, bizarrement. Et comme l’auteur, dont il connaît le parcours ultérieur. Quoi de commun entre le gamin encore dans la vingtaine, le Thomas Day presque débutant qui s’apprêtait à tout casser, et l’auteur plus que confirmé que Bifrost honore (lire la suite)
Présences d’esprits fête sa centième avec un gros numéro de 86 pages bourrés de témoignages ou d’interviews express : Aurélie Wellenstein, Elisabeth Vornarburg, Jean-Pierre Fontana, Estelle Faye, Laurent Genefort, Jeanne-A. Debats, Karim Berrouka (sous l’influence de plusieurs substances illicites mélangées à sa mousse au chocolat), Mélanie Fazi, Lionel Davoust, Elodie Serrano, Alain Eyrolles.
Bon, on ne va pas se mentir, cette choucroute-cassoulet d’autocongratulations (lire la suite)
Si l’on fait le compte, on constate que Thomas Day n’a pas produit tant de science-fiction que ça, et moins encore si on ne prend en compte que la forme longue. Tout juste L’École des assassins, co-écrit avec Ugo Bellagamba, et, si l’on souhaite pousser le sadomasochisme littéraire jusqu’à admettre son existence, Resident Evil. Et aussi (et surtout), ce Daemone que l’auteur visitera à deux reprises.
Daemone Eraser est un fantôme, ou du moins un homme (lire la suite)
1.2.3.
Mon nom est Elia Barceló. Je suis née en 1957 à Alicante, en Espagne, et je vis depuis vingt ans en Autriche, où je suis professeur de littérature hispanique et d'écriture créative à l'université d'Innsbrück.
4. Trois œuvres de science fiction :
Sagrada, Barcelone 1989, éd. B.
Roman (170 pages) de science fiction avec des éléments de « fantasy ». Il traite le thème d'une civilisation matriarcale qui refuse de se laisser absorber par le processus globalisateur mené par la Fédération des Mondes. Une tueuse professionnelle, envoyée sur (lire la suite)
LE FANTASTIQUE MODERNE
Récemment encore, on pronostiquait la fin du genre fantastique : il n'aurait subsisté que sous forme de traces, d'anachronismes, de dégénérescences rétro. On se fondait, pour justifier ces assertions, sur des schémas d'allure socio-historique, d'où il résultait que la Science-Fiction 1 avait « nécessairement » pris la relève du fantastique. Paradoxalement, cette « mort » du fantastique (lire la suite)
Rencontre avec Keith ROBERTS Une interview de J. Guiod Galaxie : Vous avez déjà publié trois romans, The furies, Pavane, The inner wheel, et un recueil de nouvelles, Anita. Combien de nouvelles avez-vous écrites en plus de cela ? K. Roberts : Je dois en avoir écrit une bonne quarantaine. G. : Vous avez quelque chose en préparation ? K. R. : Non. Mon autre travail me demande beaucoup d'attention. J'ai évidemment quelques idées de romans ou (lire la suite)
Il nous faut sincèrement l'admettre : la “nouvelle vague” de la science-fiction italienne (mais derrière ce terme, nous englobons la littérature fantastique dans son ensemble) a perdu une bataille qu'elle semblait avoir déjà remportée. Dans un marché dominé par la toute-puissance anglosaxonne, elle était passée en quelques années d'une situation minoritaire à une quasi hégémonie. Tirages atteignant des dizaines de milliers d'exemplaires, intérêt (lire la suite)