Superbe et cuirassé Madame la Consule Générale et Monsieur l’Ambassadeur ! Salves de félicitations pour les diplomates français en poste à Beyrouth !
Deux superbes photos illustraient ce document. Malheureusement, je ne suis pas parvenu à les fare figurer sur mon blog.
Cécile Longé, le front généreux pour porter témoignage des multiples formes d’intelligence et de génie créatif au service d’une haute sensibilité qui pétillent dans son expression, l’œil tendre et cisaillant, remorque dans ses bagages de diplomate un immense talent qu’elle met au service de sa fonction comme du théâtre. Sa vaste culture, ses connaissances en d’autres langues, notamment en bulgare, et en d’autres civilisations, Cécile Longé, dont le haut professionnalisme fait honneur au Quai d’Orsay, est tout en même temps une artiste de superbe futaie.
Patrice Paoli, un homme finement pétri par de hautes fonctions diplomatiques est un grand Monsieur car, outre les postes qu’il a occupés, derrière Son Excellence se profile un merveilleux artiste, aussi bien à l’aise avec une guitare qu’avec un harmonica, le compagnon, par excellence, des gens de mer qui, en dépit du roulis et du tangage, scrutent l’horizon avec nostalgie ! Son profil rassurant, quand il se trouve sur scène, lui donne l’apparence d’un poète de la Beat Generation. Il faut savoir que Son Excellence, Monsieur Patrice Paoli, monument de culture, lit William Blake dans le texte, mais aussi Omar Khayyâm, Goethe, Cervantès, Halim Barakät…
Le grand public a souvent des membres du corps diplomatique une vision aérienne, tronquée, mythique, passéiste, amidonnée et non-conforme à la réalité. Ce phénomène s’explique par le fait que, par définition, les diplomates ne sont pas de la vie quotidienne, comme peuvent l’être, par exemple, les médecins, les avocats, les notaires… qui, eux, ont pignon sur rue.
Á Belleville, à Ménilmontant, à Montparnasse, comme dans n’importe quelle ville ou bourgade de province, on sait que les diplomates ça existe, mais on ne les voit pas ! Donc ils n’existent qu’à claire-voie dans l’imaginaire ! Lorsque j’avais le cœur en culottes courtes je ne croisais que des ours et des girafes dans des albums coloriés. Ils n’étaient donc pas de ma croisière. Ils colonisaient mon imaginaire et le patrimoine de mes rêves. Les diplomates, c’est un peu là même chose ! Sauf que, de temps en temps, ils font parler d’eux d’une manière autre que celle que l’on pourrait supposer ! C’est précisément le cas de Cécile Longé (Consule Générale) et de Patrice Paoli (Ambassadeur).
Malheureusement, il serait trop long de vous décrire par le menu la pièce de théâtre de L’illusion conjugale, mais aussi de vous citer tous les noms des autres acteurs et amis français et libanais qui se sont investis dans cette dynamique, à commencer par Valérie Vincent, Joe abi Aad et Joe Toutoungi.
Compte tenu du contexte dans lequel se déroule cet événement, il convient de hisser haut le grand pavois pour féliciter tout particulièrement deux artistes diplomates qui, par leur talent, leur conviction et leur action, vont jusqu’au bout d’eux-mêmes pour exister à temps complet sur la palette des contraires apparents : la diplomatie et l’art. Cécile Longé et Patrice Paoli, des noms que je vous invite à retenir car, si leur maison-mère est proche de la Seine, sur le terrain ils sont totalement sur la Scène, mais au sens double du terme !
Chers Amis, chaussez vos lunettes ou saisissez une loupe pour apprendre à mieux connaître, par un article paru à Beyrouth, l’un des aspects les plus fertilisants de la représentation diplomatique de la France auprès du Liban.
Emplacement de la superbe photo de Monsieur l'ambassadeur et de Madame la Consule Générale.
Dans « L’Orient du jour » (Beyrouth) du jeudi 21 mai 2015, se trouvent ici reproduits les propos recueillis par Maya GHANDOUR HERT
Pendant qu’il joue au Music Hall,
elle se fait femme adultère
INTERVIEWS CROISÉES
Ce soir, tous les chats ne sont pas gris. Mais un homme et une femme se métamorphoseront sur scène. Mettant les dossiers diplomatiques de côté, Patrice Paoli jouera l'homme-orchestre, entre guitare, harmonica et chant, et Cécile Longé incarnera Jeanne, femme adultère et trompée.
Au sein des groupes Funky Blues Brothers et Pochette Surprise, au Music Hall, l'ambassadeur de France fera tanguer les notes bleues des rives boueuses du Mississippi et, dans le cadre de la pièce « L'Illusion conjugale », la consule générale de France épicera davantage des dialogues à fleurets mouchetés au théâtre Monnot. Portraits chinois et croisés de deux diplomates français qui trouvent dans le Beyrouth chaotique – entre klaxons, odeurs de gardénias ou de thym, hommous au foie de volailles ou kebbeh nayyeh – le contexte idéal pour une inspiration artistique qui se nourrit de Goldoni, de Keith Richards, de Musset et de Mahler. On vous l'avait bien dit : l'art est magique. Le pays du Cèdre aussi, parfois.
Patrice Paoli : Si j'étais un(e) Libanais(e) célèbre ? Fakhreddine
Si vous deviez ne garder qu'un seul texte de théâtre, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Difficile de faire un choix ! Je choisirais Le Porteur d'histoire, d'Alexis Michalik. Cette pièce que j'ai découverte à Beyrouth, jouée au théâtre Monnot en présence de son auteur et metteur en scène il y a quelques mois, est une formidable construction, une sorte de labyrinthe qui raconte plusieurs histoires qui viennent à n'en plus former qu'une. On est entraîné dans une fascinante aventure. J'ai toujours aimé les histoires et celle-ci est magistrale : sur une île déserte, je crois que je ne me lasserais pas de circuler dans ses méandres.
Si vous deviez mettre en scène une pièce de théâtre, laquelle choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Barouf à Chioggia, de Goldoni, parce que j'ai joué dans cette pièce lorsque je faisais partie d'une troupe de théâtre au lycée. J'étais en classe de troisième. Pour le souvenir et pour retrouver la joie que j'avais alors éprouvée ! Je jouais le rôle de maître Fortunato.
Si vous deviez partager, sur les planches, une scène d'amour avec une actrice, laquelle choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Ma femme n'est pas actrice... Mais si j'étais metteur en scène ou acteur, je lui demanderais de monter sur les planches avec moi pour cette scène. What did you expect ? J'ai besoin de dire pourquoi ?
Si vous étiez un dramaturge, lequel choisiriez-vous? Pourquoi ?
Le choix est cornélien, littéralement ! Mais bon, il faut choisir, alors Marivaux, pour la diversité des sujets traités, des Jeux de l'amour et du hasard à L'Île des esclaves, en passant par Le Préjugé vaincu.
Si vous devez choisir entre Racine ou Molière, lequel garderiez-vous ? Pourquoi ?
Racine pour Phèdre, mais Molière pour l'ensemble de son œuvre, donc Molière ! Sa façon de décrire l'humanité est intemporelle et universelle. Devant une pièce de Molière, je ris, je pleure, je réfléchis, je me mets en question : qui mieux que lui nous parle de nous et nous conduit à nous questionner ?
Si vous étiez une ville ou un village du Liban ?
Qana, par solidarité, pour ne pas oublier et partager la douleur du Liban dans son histoire
.
Si vous étiez un plat libanais ?
La kebbeh nayyé, sans hésiter !
Si vous étiez une odeur du Liban ?
Celle du thym sauvage.
Si vous étiez un bruit/son du Liban ?
Le doux son des klaxons dès le petit matin. Ben quoi? Vous me demandez, je vous réponds !
Si vous étiez un(e) Libanais(e) célèbre ?
Fakhredddine, incarnation du Liban avant l'heure ?
Si vous étiez un dieu ou une déesse ?
Cela ne me fait pas très envie... mais bon, s'il faut choisir, le dieu de l'amour ou de la musique! Allez, va pour le dieu de la musique et de la chanson. Un dieu consensuel puisqu'il était le même pour les Grecs et les Romains. Il s'agit d'Apollon, que je n'ai pas choisi pour la beauté (je n'ai pas cette prétention!), mais parce qu'il tentait d'apporter le bonheur aux hommes par la musique ! Une tradition lui attribue l'invention de la flûte, ou encore celle de la lyre à sept cordes. Il a peut-être aussi inventé la guitare ? Et puis, on lui associe trois arbres : le laurier, le palmier et l'olivier. Qui dit mieux ?
Si vous étiez un personnage imaginaire ?
Gaston Lagaffe, mon ami d'enfance, mais est-il vraiment un personnage imaginaire ?
Si vous étiez une couleur ?Choisir une couleur, au Liban, c'est se faire un peu d'amis et beaucoup d'ennemis : je passe.
Si vous étiez un métier ?
Ça ne vous plaît pas, diplomate ?
Si vous étiez une œuvre d'art, laquelle seriez-vous ?
Les bras m'en tombent! La Victoire de Samothrace? (bon, bon, j'ai un peu craqué,
désolé!)
Si vous étiez un défaut ?
La paresse ? Plutôt le désordre (mais est-ce que ce sont vraiment des défauts ?) .
Si vous étiez un pays ?
La Corse (c'est bien un pays, non ?).
Si on vous offrait un duo avec un chanteur, une chanteuse ou un(e) musicien(ne) lequel/laquelle choisiriez-vous ?
Keith Richards pour un blues d'enfer! Et j'inviterais aussi Billie Holiday, et puis j'ajouterais Paul McCartney à la basse, Elvin Jones à la batterie et John Coltrane au saxo! J'ai le droit?
Si vous étiez une musique, laquelle seriez-vous ?
Le blues.
Si vous deviez rédiger un petit texte critique autour de votre performance au Music Hall ?
Nous rêvions de jouer au Music Hall et l'occasion s'est présentée (merci à Michel Éleftériadès), pour partager notre joie d'écrire des chansons et de jouer. Pochette Surprise, ce sont nos compositions, les Funky Blues Brothers, ce sont des reprises de classiques (et quelques raretés) auxquels nous mêlons quelques compositions. Le plus important, c'est que les musiciens sont unis dans une fraternité musicale et que nous éprouvons un grand bonheur à jouer ensemble: sans cela, pas de musique! It's only rock'n'roll, but I like it! Ne jamais se prendre au sérieux, mais respecter l'auditoire: on donne tout ce qu'on a...
« It's only rock'n'roll, but i like it »
« Vous vous engagez sur un terrain dangereux : je pourrais vous parler de musique pendant des heures. Vous avez lâché le mot : c'est une passion. Dès lors qu'elle est entrée dans ma vie, elle s'y est installée. Petit, j'écoutais de la musique sans arrêt sur notre petit tourne-disques, quand je travaillais, quand je lisais, quand je ne faisais rien d'autre... Le big bang originel a été l'irruption du rock dans ma vie avec les Rolling Stones et les Beatles : j'avais huit ans. Nous avions peu de disques, mais je les connaissais par cœur et je recopiais les paroles pour les chanter. Parce que très vite, j'ai eu envie de chanter. Je ne vais pas tout vous raconter, ce serait trop long. Arrivé en France, j'ai réalisé mon rêve en devenant chanteur dans un groupe formé par des amis, puis je me suis mis à la guitare, et je n'ai jamais arrêté depuis, ni de chanter, ni de jouer, ni d'écouter de la musique à toute heure. Je précise que j'écoute de tout, je suis aussi passionné d'opéra que de jazz ou de musique de chambre, j'aime la chanson, même si ce qui me fait le plus vibrer toujours, c'est le blues et le rock. It's only rock'n'roll, but I like it...
PS : Vous ne m'avez pas posé la question de savoir quel serait « le » disque que je conserverais si je ne pouvais en choisir qu'un seul : Sticky Fingers, des Rolling Stones. Voilà, vous savez (presque) tout. »
Cécile Longé : Si j'étais un(e) Libanais(e) célèbre ? Nadine Labaki
Si vous devez ne garder qu'un seul CD, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Le disque de Claude Bolling et Jean-Pierre Rampal, Suite for Flute and Jazz Piano, sorti en 1976, un mariage inédit du jazz et de la musique classique, magnifiquement écrit et interprété.
Si vous étiez un musicien, lequel choisiriez-vous? Pourquoi ?
Michel Legrand, parce qu'il a enchanté mon enfance et a su garder à plus de 80 ans une fraîcheur et une veine créatrice incomparables.
Si vous deviez partager une chanson en duo avec un chanteur ou une chanteuse, lequel/laquelle choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Tell him, en duo avec Barbra Streisand (oui, c'est ambitieux!).
Si vous étiez une musique/danse, laquelle choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Pour la musique, le thème de Mort à Venise, mouvement 4 de la 5e Symphonie de Mahler. L'émotion demeure intacte à chaque audition. Et pour la danse, le ballet Corsica, de et avec Marie-Claude Pietragalla, sur une musique de Petru Guelfucci. Elle y est féline, habitée, pleine de grâce et de pureté.
Si vous devez choisir entre Alain Bashung ou Pascal Obispo, lequel garderiez-vous ? Pourquoi ?
Bashung, pour son parcours tourmenté et la puissance évocatrice de ses chansons.
Si vous étiez une ville ou un village du Liban ?
Deir el-Qamar, un vrai bijou !
Si vous étiez un plat libanais ?
Le hommous au foie de volailles.
Si vous étiez une odeur du Liban ?
Le parfum entêtant des gardénias au printemps.
Si vous étiez un bruit/son du Liban ?
Le petit sifflement aigu qui marque l'entrée en scène du générateur à chaque coupure d'électricité...
Si vous étiez un(e) Libanais(e) célèbre ?
Nadine Labaki.
Si vous étiez un dieu ou une déesse ?
Iris, messagère des dieux, aux ailes brillantes de toutes les couleurs... de l'arc-en-ciel.
Si vous étiez un personnage imaginaire ?
Cyrano de Bergerac, pour son indépendance, son panache, sa générosité, sa plume.
Si vous étiez une couleur ?
Toutes celles de l'arc-en-ciel !
Si vous étiez un métier ?
Diplomate ou... comédienne ! Mais également médecin, ou grand reporter.
Si vous étiez une œuvre d'art, laquelle seriez-vous ?
Le Baiser de Rodin.
Si vous étiez un défaut ?
La précipitation, sans hésiter une seconde...
Si vous étiez un pays ?
La France !
Si vous étiez un personnage d'une pièce de théâtre, vous seriez lequel/laquelle? Pourquoi ?
Marianne dans Les Caprices de Marianne, d'Alfred de Musset, pièce d'une grande modernité, notamment pour son fameux monologue sur la condition féminine.
Si vous étiez un(e) dramaturge, lequel/laquelle seriez-vous ? Pourquoi ?
Yasmina Reza, pour son acuité à saisir les travers de nos contemporains. Et Éric Assous, pour ses dialogues ciselés.
Si vous deviez rédiger un petit texte critique autour de votre performance au théâtre?
Le personnage de Jeanne lui va bien, même si on remarque, pour qui la connaît, qu'elle a dû faire un effort de sobriété dans son jeu et qu'il s'agit bel et bien d'un rôle de composition. Une belle complicité l'unit à ses partenaires, Joe Abi Aad et Joe Toutoungi, magnifiques chacun dans son genre. Tous trois savent nous tenir en haleine pendant une heure trente, au service d'un texte dont on ne ressort pas indemne...
« Je l'avais jusqu'ici toujours sacrifié... »
« Le goût du jeu, de la comédie ne m'a jamais quitté depuis ma prime jeunesse. Je l'avais jusqu'ici toujours sacrifié à des impératifs majeurs : le métier, la famille, tout en tâchant de lui ménager çà et là de petits interstices de vie. Le contexte libanais m'est apparu, dès mon arrivée, comme extrêmement porteur pour enfin transformer l'essai et me lancer sur les planches. Une suite de rencontres a fait le reste : Joe Abi Aad, qui fait, comme Joe Toutoungi, du théâtre depuis vingt ans (et qui participe à l'atelier d'improvisation théâtrale que j'accueille régulièrement à mon domicile sous la conduite du professeur Jean Daoud) m'a mise en relation avec Valérie Vincent. Celle-ci, metteuse en scène et documentariste de talent installée au Liban depuis dix ans, m'a fait passer une audition pour le rôle de Jeanne dans L'Illusion conjugale, et les répétitions ont démarré à la fin de l'année dernière. Mon souhait le plus cher est de poursuivre cette aventure artistique, mais avant tout, humaine et amicale, qui continue d'être accueillie avec tant de bienveillance par la communauté francophone du Liban. »