Des lambeaux du monde, des lambeaux de soi, une plongée symbolique dans le cœur de l'homme: Hugues Séguda est incontestablement un maître dans l'art de la dissection intime. L'artiste pénètre le sens profond de l'être en se fondant dans les éléments qu'il traite. Il travail à la manière d'un laborentin avec son microscope. Il radiographie. Il rassemble tous les rapports vivants de l'expérience. L'empreinte devient nécessairement un sacrifice immense et intemporel, une offrande dédiée à la fragilité. La consciense du temps et de l'immensité spatiale, la question de la finitude et la notion d'éternité figurent dans toutes ses œuvres. Sans aucun doute, le spectateur se retrouve confronté au lien indissoluble entre l'homme et les astres, entre l'homme et la terre nourricière Gaïa, entre l'homme et la nature minérale et végétale, entre l'homme et l'homme. La trace se présente comme une énigme évanescente, qui peut flotter au gré du vent, se fondre dans l'irréel, s'évanouir dans les formes et les couleurs. Alors que tout semble, sans contrôle, les œuvres que nous propose Hugues Séguda sont au contraire incroyablement mûries, le résultat d'un long processus, où la question de la réalité est sans cesse interrogée. L'enveloppe représente t-elle ce qu'elle est censée être? L'épiderme est comme une écorce qui se mue en un trophée, un manteau, un écrin, une gaine, une cuirasse, une carapace, une peau balafrée par les cicatrices... La trajectoire humaine se fait insaisissable, la mémoire se perd dans des lieux qui se décomposent, des liens qui se déchirent, des guerres qui anéantissent. Pourtant, dans cette dissolution, la beauté de l'âme s'épanouit à chaque instant, dans la délicatesse de la conscience de l'artiste.
                                                                                                                                                 
 Nadége CHABLE