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Veolia : le PDG menacé, Borloo en lice pour lui succéder

Henri Proglio, président d'EDF, se préparerait à demander au conseil d'administration de Veolia Environnement la tête de l'actuel PDG, Antoine Frérot. L'ancien ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, figure sur la liste des successeurs pressentis.

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Par Julie Chauveau, Dominique Malécot

Publié le 19 févr. 2012 à 19:24

L'histoire du groupe Veolia Environnement, (ex-Générale des Eaux) a souvent été mouvementée, mais le conseil prévu le 29 février devrait rester dans les mémoires. Depuis des mois, une véritable guerre souterraine oppose Henri Proglio, président d'EDF, et son dauphin Antoine Frérot, dans un contexte de dégringolade boursière qui a vu le titre du groupe perdre 60 % en un an. Les deux hommes s'opposent sur la stratégie à adopter pour redresser l'entreprise, toujours lestée d'une dette de 21 milliards d'euros et qui vient d'être dégradée par Moody's.

La semaine dernière, une indiscrétion du journal « Challenge » est venue mettre le feu aux poudres, l'hebdomadaire annonçant que le groupe va afficher une perte nette de 200 millions d'euros pour l'exercice 2011. Une information non démentie par la direction, mais qui a été ressentie comme le début des hostilités. Selon nos informations, dans le plus grand secret, Henri Proglio, aidé par Alain Minc, se prépare à demander au conseil la tête d'Antoine Frérot. Depuis le milieu de la semaine dernière, les administrateurs ont été approchés.

Changement de contexte

En tête de liste des successeurs pressentis figure Jean-Louis Borloo, ancien ministre de l'Ecologie. Trois autres noms circulent : Augustin de Romanet, directeur général de la Caisse des Dépôts jusqu'au 7 mars, mais dont l'entourage dément tout contact ; Jacques Veyrat, l'ex-patron de Louis Dreyfus et Daniel Bouton, ancien PDG de la Société Générale. Le nom de Jean-Louis Borloo avait déjà été évoqué en septembre 2009 lorsqu'Henri Proglio avait quitté Veolia pour EDF. A l'époque, la presse affirmait qu'un des scénarios prévoyait que Jean-Louis Borloo prendrait la présidence non exécutive assisté par Patricia Barbizet. La rumeur avait été balayée d'un revers de main par le ministre, deux mois avant la conférence sur le climat de Copenhague.

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Aujourd'hui, le contexte est différent. Jean-Louis Borloo, un temps pressenti par Nicolas Sarkozy pour devenir Premier ministre, puis ayant renoncé à se porter candidat à la présidence de la République, pourrait être tenté par l'aventure. Veolia, premier employeur privé de France, revendique le titre de numéro un mondial des services à l'environnement. Le chantier ne manque pas de prestige, il faut à la fois gérer la réduction de la dette, négocier la sortie de la filiale transport Veolia-Transdev, achever le rapprochement des activités de service à l'énergie Dalkia avec EDF, sans perdre la confiance des actionnaires dans la solidité de l'entreprise, dont le cours de Bourse atteignait vendredi soir 9 euros.

L'aval des élus locaux

Selon nos informations, Jean-Louis Borloo a rencontré trois administrateurs de Veolia la semaine dernière. Le conseil du 29 février s'annonce donc crucial. D'autant que « le 15 mars, un conseil est également prévu pour examiner les questions de gouvernance. Les mandats de quatre administrateurs arrivent à échéance », affirme un observateur. Mais le dossier est politiquement explosif. Les défenseurs de l'actuel PDG ne manqueront pas de souligner que Jean Louis Borloo fut ministre de l'Ecologie il y a peu, et rappelleront la polémique qui avait eu lieu lorsqu'Henri Proglio avait souhaité conserver ses deux casquettes de président d'EDF et de président non exécutif de Veolia.

Dernier point, les élus locaux français accepteront-ils de voir un politique prendre la tête de leur « coffre fort », la société qui gère pour elles la distribution de l'eau, la collecte des déchets ou assure l'éclairage avec sa filiale Dalkia ? Lorsque, en 2001 Jean-Marie Messier, alors président de Vivendi, avait tenté de vendre l'activité de service à l'environnement à l'allemand RWE pour se concentrer sur les télécoms et l'audiovisuel, André Santini, maire d'Issy-les-Moulineaux, également puissant président du Syndicat des eaux d'Ile-de-France, et les responsables des grandes associations d'élus (aujourd'hui majoritairement de gauche) s'étaient mobilisés pour défendre un actionnariat français.

Le plan défendu depuis des mois par Antoine Frérot prévoit un recentrage sur les trois métiers historiques du groupe (eau, propreté, service à l'environnement) et un programme de 5 milliards d'euros de cessions d'actifs. L'homme peut mettre en avant le fait qu'il a réorganisé la direction de l'entreprise et emporté quelques beaux contrats dont l'usine d'eaux usées du Sedif, un partenariat public privé dans les déchets en Grande-Bretagne et des concessions au Japon, un pays normalement très fermé. Contactés cet après midi, les entourages d'Henri Proglio et celui d'Antoine Frérot n'ont pas souhaité faire de commentaire.

Photo : AFP (Jean-Louis Borloo)

JULIE CHAVEAU (AVEC DOMINIQUE MALECOT)

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