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Portrait

Maurice Tchénio se retire d'Apax Partners, trente-neuf ans après l'avoir fondé

A l'origine d'Apax Partners en 1972, Maurice Tchénio en transmet aujourd'hui la présidence à Eddie Mizrahi. Il va désormais se consacrer à sa fondation.

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Par Laura Berny

Publié le 15 févr. 2011 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Le dernier fondateur d'Apax encore en activité, le Français Maurice Tchénio, avait annoncé, lors du lancement du fonds VII d'Apax Partners en 2006, qu'il n'en lancerait pas un huitième. Il lui aura fallu cinq ans pour tenir cet engagement. La crise a rendu plus longue que prévu la clôture de ce septième fonds. Le véhicule, qui a levé 900 millions, n'a été bouclé qu'en fin d'année dernière avec la prise de participation dans Histoire d'Or et Marc Orian.

Une page se tourne donc pour la branche française d'Apax, sa présidence passant à Eddie Mizrahi à partir d'aujourd'hui. « C'est une décision mûrement réfléchie. J'ai rempli mon contrat et je suis sûr que l'équipe à qui je transfère Apax aura à coeur qu'il reste le leader français incontesté de l'investissement dans le "mid-market" non coté », déclare Maurice Tchénio.

A soixante-huit ans, ce dernier ne se retire toutefois pas totalement du métier puisqu'il gardera la responsabilité du suivi de création de valeur et de sortie du portefeuille des fonds existants ainsi que la présidence de la gérance d'Altamir Amboise, qui, à partir d'Apax France VIII, investira directement dans le fonds et non plus conjointement avec les fonds gérés par Apax Partners. « L'objectif est que l'actif net réévalué d'Altamir Amboise passe de 450 millions d'euros à 1 milliard d'euros à l'horizon de cinq ans », indique son responsable.

Pionnier
Fondateur d'Apax en 1972 au côté de l'Américain Alan Patricof et du Britannique Ronald Cohen, Maurice Tchénio est l'un des pionniers du « private equity » dans l'Hexagone, à l'origine du premier fonds commun de placement à risque (FCPR) créé en France et de l'Association française des investisseurs en capital (Afic). A ce titre, il porte un regard pour le moins acéré sur l'évolution du métier sur plusieurs décennies. « Il y a trente ans, un entrepreneur qui n'avait pas de capital pour développer son entreprise n'avait d'autre alternative que d'aller en Bourse pour en trouver. Le "private equity" a constitué une formidable révolution pour l'apport en fonds propres des petites et moyennes entreprises, et permis un alignement des intérêts entre le dirigeant et les actionnaires », souligne-t-il.

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Pourtant, ces dernières années, le capital-investissement a vécu des heures plus sombres. Les LBO ont alimenté bien des inquiétudes compte tenu des niveaux d'endettement atteints par certains d'entre eux. « Bien sûr qu'il y a eu des excès et des effets de levier bien trop élevés ces dernières années, mais, contrairement aux Cassandre qui prédisaient un tsunami sur les LBO, il y a eu très peu de victimes et le fameux "mur de dette" annoncé pour 2012-2013 ne semble pas si haut. Il ne représentera ainsi que 20 % de la dette totale des sociétés en portefeuille pour Altamir Amboise, indique son président. Pour autant, les facteurs qui ont poussé les banques à prêter au-delà du raisonnable dans certains cas peuvent revenir. » Le secteur est aussi face au défi de sa restructuration, 20 % des acteurs représentant 80 % des investissements. « La consolidation de l'industrie du "private equity" est inéluctable », estime-t-il.

Maurice Tchénio va, quant à lui, s'atteler à une autre mission : le lancement de sa nouvelle fondation AlphaOmega, née de l'idée d'appliquer son expérience au secteur caritatif. Reconnue d'utilité publique l'an dernier, elle a vocation à accompagner les entités à but non lucratif (ONG, associations, etc.) à « redonner aux personnes défavorisées une place dans la société par l'accès à l'éducation ou à l'emploi ». C'est le concept anglo-saxon de « venture philanthropy ».

« Faire bouger les lignes »
L'aide se concentrera en priorité sur le renforcement des structures des associations, soutenues en termes financiers mais aussi de moyens humains, de systèmes et de process notamment. « Les donateurs rechignent souvent à investir dans ce type de dépenses alors que c'est le nerf de la guerre pour les associations, souligne Maurice Tchénio. Et si l'on constate un bon retour social de l'investissement au bout de cinq ans, il devrait y avoir un abondement par d'autres donateurs », espère-t-il.

Avec sa famille, il a doté la fondation de 11 millions d'euros et compte lever au moins 9 millions d'euros auprès de donateurs qui « souhaitent faire bouger les lignes dans le secteur social ». La fondation, qui comptera une demi-douzaine de permanents et un réseau d'experts bénévoles, devrait être opérationnelle d'ici à l'été. Deux projets sont déjà en cours. « J'ai la conviction que le "venture philanthopy" peut apporter au domaine social ce que le "venture capital" a apporté au développement des PME », conclut Maurice Tchénio.

L. B.

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