Quelle est la réaction de la Fraternité Saint-Pie-X aux propositions de Rome ?

Dans un entretien à Dici, le site d’information de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSPX), le supérieur général de cette dernière, Mgr Bernard Fellay, s’est montré extrêmement prudent.

Sans en révéler le contenu, il reconnaît toutefois que le Préambule doctrinal présenté avant-hier par le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, ne fait pas, dans l’enseignement du concileVatican II, « de distinction tranchée entre le domaine dogmatique intangible et le domaine pastoral soumis à discussion ».

Jusqu’à présent, les intégristes ont en effet considéré Vatican II comme un concile pastoral (et non doctrinal), leur permettant de faire la distinction, dans son enseignement, entre ce qui serait conforme à leur vision de la Tradition et sur quoi l’Église ne pourrait revenir, et ce qui serait accessoire et susceptible de changement.

Au contraire, il semble que, si les lefebvristes se voient reconnaître une possibilité de « légitime discussion » sur l’enseignement conciliaire et le Magistère développé depuis, c’est bien sur la base de leur acceptation préalable de Vatican II, par exemple sur la liberté religieuse ou la collégialité épiscopale. De même, il semble qu’il leur soit demandé d’accepter la validité et la valeur des sacrements du Missel de Paul VI.

Le Concile est-il acceptable pour la Fraternité ?

Une image souvent citée par Mgr Fellay compare le Concile à « une soupe dans laquelle on aurait mis du poison ». « Le poison ne représente qu’une faible partie, mais il corrompt le tout », a-t-il expliqué à plusieurs reprises. Conclusion logique : même si on peut reconnaître du bon dans Vatican II, mieux vaut tout rejeter pour ne pas empoisonner l’Église.

Face à ces enfants turbulents qui accusent leurs parents, tout en les assurant de leur amour et de leur obéissance, de vouloir les « empoisonner », le pape et l’Église sont passés par toutes les attitudes : explication, sanction, compréhension… À force de persuasion, Benoît XVI a réussi à ramener ces enfants terribles à la table de l’Église, mais il tient ferme sur ses positions : ils doivent « finir leur assiette ». C’est tout le sens du Préambule doctrinal proposé par le cardinal Levada à la FSPX.

Les intégristes sont donc placés au pied du mur, sommés de choisir, une bonne fois pour toutes, entre deux attitudes contradictoires qui les tiraillent depuis près de cinquante ans : leur amour et leur réel attachement pour l’Église et pour le pape, et leur profonde détestation pour le Concile.

Que va-t-il se passer ?

Rome a donné « quelques mois » à la FSPX pour fournir sa réponse. « Je me suis engagé auprès de mes confrères à ne pas prendre de décision sans les avoir consultés auparavant », précise bien Mgr Fellay, qui va donc prendre le temps de consulter au moins les trois évêques ordonnés avec lui par Mgr Lefebvre en 1988 (Mgr Richard Williamson, Mgr Bernard Tissier de Mallerais et Mgr Alfonso de Galarreta), sinon d’autres hauts responsables de la FSPX pour tenter de donner une réponse commune.

En effet, les efforts du pape seraient pour le moins malmenés dès lors qu’un ou deux évêques de la Fraternité refuseraient la main tendue par Rome ; ils auraient alors la possibilité d’ordonner de nouveaux prêtres (voire des évêques pour leur succéder) en dehors de la communion de l’Église. Le schisme que Benoît XVI voulait éviter finirait alors par perdurer.