AOMI : L’artérite ou artériopathie obstructive des membres inférieurs

Mis à jour le 

Validation médicale : 16 juin 2018
Jesus Cardenas
Jesus Cardenas médecin, ancien directeur médical

L'artériopathie des membres inférieurs (AOMI) est une maladie qui provoque de manière en général progressive l'occlusion des artères irriguant les membres inférieurs. Le premier symptôme apparaît souvent lors d'une marche, une douleur localisée au niveau des jambes. Le traitement pour les patients repose sur une bonne hygiène de vie, des médicaments, parfois la chirurgie allant jusqu'à un risque important, l'amputation. 

L’artérite ou AOMI, qu'est-ce que c'est ?

L'artériopathie des membres inférieurs est une maladie vasculaire qui provoque de manière en général progressive l'occlusion des artères irriguant les membres inférieurs. L'aorte se divise en artères iliaques primitives droite et gauche au niveau du carrefour aortique. Chaque artère iliaque primitive se divise en artère iliaque externe et artère iliaque interne. L'artère iliaque externe se continue par les artères fémorales profonde et superficielle.

Ce qui provoque l'artérite : causes et facteurs de risque

L'artérite des membres inférieurs est liée à l'athérosclérose le plus souvent.

Mais d'autres causes sont possibles : maladie de Buerger, homocystinurie…

Des facteurs favorisants sont presque toujours retrouvés :

  • Le tabac est le facteur majeur puisque 95% des artéritiques consomment plus d'un paquet de cigarettes par jour ;
  • La pilule chez la femme, essentiellement si elle ajoute le tabac.

Les autres facteurs de risque de l'athérosclérose jouent aussi un rôle :

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Quels sont les symptômes de l'artérite ?

En général, le premier symptôme apparaît lors d'une marche : l'artérite réduit la capacité physique. Après avoir fait un effort de 200 à 300 mètres, le patient ressent une gêne progressivement croissante, une sensation de crispation, de lien serré autour du mollet. Si le sujet insiste, s'il continue de marcher, si le chemin monte, cette gêne devient douleur et pression et gagne la cuisse puis la fesse tant et si bien qu'il doit s'arrêter de bouger.

Après quelques secondes d'arrêt, la douleur disparaît.

Si le patient repart calmement, si le sol est plat, il peut à nouveau parcourir la même distance avant que ne revienne la sensation identique. S'il fait froid, si le terrain est en pente, si le sujet est ému, s'il doit lutter contre le vent, la distance qu'il peut parcourir sans douleur est plus courte.

Cette marche en chapelet ou claudication intermittente signe un trouble de l'irrigation sanguine.

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L'examen clinique peut montrer la disparition du pouls, un souffle à l'auscultation au niveau d'une artère.

Si la claudication intermittente artérielle des membres inférieurs est méconnue ou mal soignée, les lésions vont s'aggraver :

  • Douleurs des membres inférieurs lorsque le sujet est allongé ;
  • Ischémie musculaire puis cutanée (gangrène) et l'amputation sera le seul traitement possible.

Cette gangrène peut survenir subitement par embolie distale ou se constituer plus progressivement en dehors d'un syndrome d'ischémie aiguë chez un patient ayant déjà des troubles trophiques importants. À ce stade elle survient au niveau des orteils souvent après des soins cutanés intempestifs. Les lésions se manifestent par une zone noire localisée.

Des troubles génitaux d'origine artérielle peuvent se produire en cas d'obstruction haut située rendant l'érection impossible (impuissance).

Examens et analyses complémentaires

La radiographie simple des membres peut montrer l'évolution des artères calcifiées mais sa valeur diagnostique est très faible.

  • L'exploration écho-Doppler des vaisseaux des membres inférieurs permet de repérer la diminution du débit sanguin à un niveau donné de l'artère atteinte.
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Cette technique d'examen apprécie la vitesse de circulation sanguine du sang grâce à la réflexion du faisceau d'ultrasons, émis par l'appareil, sur les globules rouges en déplacement. La vitesse est évaluée non seulement à partir du signal sonore reçu mais également sur un graphique qui permet la comparaison avec la circulation normale. Le médecin détermine l'index de pression systolique (IPS) en associant l'examen à un brassard de prise de tension artérielle. Normalement, l'IPS doit être de 1, si elle est de 0,9, c'est un signe d'artérite.

Toutes les artères des membres inférieurs peuvent être explorées : aorte abdominale, artères iliaques, fémorales, poplitées, tibiales, péronières etc...), mais également les artères cérébrales.

L'échographie directe du vaisseau permet de visualiser l'artère, ainsi que l'artériographie (conventionnelle ou numérisée) qui précise le type des sténoses, la valeur de la circulation collatérale et du réseau artériel d'aval.

À voir aussi

L'électrocardiogramme vérifie l'état du coeur.

Le bilan général de l'athérosclérose (reins, coeur, cerveau) est systématique.

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En cas de symptômes invalidants, l'angioscanner ou l'IRM peuvent être utiles.

Comment lutter contre l'artérite AOMI ?

Les règles d'hygiène de vie sont primordiales pour une bonne santé et lutter contre l'évolution de l'artérite :

  • Entraînement régulier : l'effort physique de la marche tous les jours pendant une heure d'une allure lente et régulière est le meilleur traitement possible. Le patient doit s'arrêter dès l'apparition de la douleur et repartir deux minutes après la disparition totale de la douleur. Il peut ensuite augmenter progressivement la durée et la vitesse de sa marche.

D'autres conseils sont utiles :

  • Ne pas rester accroupi ou assis les jambes croisées car la circulation sanguine se fait mal dans ces positions ;
  • Se laver les pieds tous les jours en insistant entre les orteils. Sécher minutieusement. Changer de chaussettes tous les jours ;
  • Utiliser des chaussures larges et souples pour que les pieds soient à l'aise. Préférer les chaussures de toile par temps chaud ;
  • Utiliser deux paires de chaussures, alternées de jour en jour ;
  • Couper courts et carrés les ongles des orteils. Ne pas hésiter à faire appel à un pédicure compétent en cas de difficultés ;
  • L'arrêt total et définitif du tabac est impératif ;
  • La lutte contre l'obésité, le diabète et la dyslipidémie est associée ;
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Le patient doit savoir consulter en urgence le médecin en cas de :

  • Douleurs nocturnes ;
  • Ongle incarné ;
  • Cor, verrue plantaire ;
  • Blessure, zone noire sur la peau.

Les médicaments

  • Le traitement de l'hypertension artérielle éventuelle est impératif ;
  • Les anticoagulants oraux, les antiagrégants plaquettaires sont utilisés.

La crénothérapie constitue un appoint intéressant (Royat etc.).

Le traitement chirurgical

L'opération chirurgicale s'impose lorsque le périmètre de marche devient très faible, lorsqu'il existe des douleurs de décubitus ou en cas de gangrène.

Plusieurs techniques sont possibles.

Une dilatation de l'artère avec ou sans stent.

La chirurgie des artères a pour but de rétablir une circulation normale. Les différentes méthodes consistent à réparer et à mettre en dérivation le conduit rétréci ou obstrué. Pour intervenir sur une artère malade, il est nécessaire soit de l'ouvrir pour la déboucher, soit de la court-circuiter.

Le pontage est un conduit artificiel (prothèse en Teflon ou en Dacron) ou un fragment de veine saphène interne prélevé au membre inférieur. Cette veine superficielle de la cuisse peut être enlevée sans inconvénient pour la circulation veineuse car les suppléances sont nombreuses. Ce pontage permet de dévier le flux sanguin et de contourner le segment rétréci de l'artère.

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Les prothèses sont utilisées pour le remplacement des grosses artères (aorte, fémorale). Les veines saphènes sont utilisées pour les artères de petit calibre.

Le pontage entre l'aorte et les artères de la cuisse (pontage aorto-bifémoral ou carrefour aortique) est pratiqué chez les malades souffrant d'une artérite des deux membres inférieurs et dont les obstacles touchent les artères iliaques ou l'origine des fémorales. Après l'intervention, le tabac est interdit et la marche recommandée.

Le pontage à la cuisse (pontage fémoro-poplité) est utilisé chez les patients dont l'obstacle siège sur les artères de cuisse ou de jambe.

L'angioplastie transluminale percutanée corrige par dilatation certaines atteintes.

Le chirurgien introduit sous anesthésie locale une sonde munie à son extrémité d'un ballonnet dans l'artère fémorale à l'aine et la descend sous contrôle radiologique jusqu'à l'obstacle. Une fois en place, le ballonnet est gonflé et écrase la plaque d'athérome.

L'endartériectomie percutanée permet d'abraser l'intérieur de l'artère lésée.

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L'endoprothèse métallique ou "stent" est une autre technique qui permet de recanaliser certaines sténoses.

La thrombolyse locale intra-artérielle donnerait de bons résultats.

La sympathectomie lombaire est la plus fréquente des interventions chirurgicales vasculaires. Le principe est de sectionner au niveau de la colonne vertébrale le nerf sympathique qui assure la tonicité des artères de petit calibre. Il en résulte un relâchement des vaisseaux et une dilatation bénéfique. Cette intervention concerne les patients qui ne peuvent bénéficier du pontage et qui souffrent de douleurs de décubitus sans revascularisation chirurgicale possible.

L'amputation

C'est l'intervention de dernière chance qui peut sauver la vie d'un malade dont les artères sont irrémédiablement lésées.

C'est une intervention fréquente en France.

Le chirurgien s'efforce d'être le plus conservateur possible.

L'amputation au dessous du genou permet de reprendre une vie presque normale avec la kinésithérapie et l'appareillage. Une prothèse provisoire est posée dès le 4° jour sans attendre la cicatrisation. La prothèse définitive est mise environ un an plus tard.

L'amputation de cuisse demande un appareillage plus important.

La sensation de membre fantôme est fréquente après l'amputation. Le malade a l'impression d'avoir toujours son membre amputé. Ce phénomène est dû à la mémorisation du schéma corporel.

Des douleurs du moignon peuvent survenir. Ce sont parfois des décharges électriques à l'effleurement de la peau. L'anxiété, la dépression augmentent ces troubles. L'aide du psychologue, le bandage très serré du moignon, la neuro-stimulation péridurale sont parfois utiles.

La neurostimulation est un moyen thérapeutique utile. L'appareil comporte une sonde-électrode qui stimule les nerfs issus de la moelle épinière à destination de la partie inférieure du corps. Le boîtier de stimulation se trouve dans l'abdomen. La stimulation atténue la douleur et favorise l'amélioration de la circulation dans les artères par dilatation de celles-ci.


Révision médicale : 16/06/2018
Jesus Cardenas
Jesus Cardenas médecin, ancien directeur médical
Sources
  • L'ARTÉRIOPATHIE OBLITÉRANTE, Fédération Française de Cardiologie (accessible en ligne)
  • Artériopathie des membres inférieurs, Vidal.fr (accessible en ligne)
  • Artérite des membres inférieurs : définition, causes et facteurs de risque, Ameli.fr 
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