Mensuel : Edition de juillet 2006
Rubrique : La Place
Titre : L’architecture ouverte : un nouveau modèle de distribution de fonds d’investissements ?
Article : L’architecture ouverte: de quoi s’agit-il?

A côté de son utilisation dans l'architecture proprement dite, le concept d’architecture ouverte repose sur la description des systèmes de traitement de l’information. Dans ce contexte, il désigne une structure de traitement de l'information ouverte sur l’extérieur. Dans une telle configuration, les systèmes ont la possibilité de dialoguer avec des applications externes compatibles.


Dans le monde financier l’architecture ouverte, dans le sens le plus large du terme, s’appuie sur la distribution de produits financiers gérés ou structurés par des tiers. Dans un sens plus restreint et appliqué strictement à la distribution de fonds d’investissements, une banque met en place une architecture ouverte lorsqu’elle offre à sa clientèle des fonds gérés par ses concurrents. En ce qui concerne les fonds d’investissement les modèles d’architecture ouverte sont utilisés aux Etats-Unis depuis le début des années 1990.

En Europe la distribution de fonds d'investissement est souvent contrôlée par les grandes banques locales, également actives dans la gestion d’actifs. Elles ont longtemps su préserver ce privilège. Cependant, depuis le début des années 2000, l'évolution vers l’architecture ouverte s'est considérablement accélérée en Europe bien que son rythme de progression ait été passagèrement freiné lors de l’implosion de la bulle Internet. Aujourd’hui elle s’étend également aux marchés dominés par les principaux acteurs domestiques tels que la Belgique et les Pays-Bas.

La première percée de l’architecture ouverte en Europe se faisait dans le sillage du “tout Internet”. Début 2000, les “supermarchés” de fonds poussent comme des champignons. Cependant ce modèle de distribution se heurte rapidement à ses limites. L’offre de fonds est extensive mais ces plates-formes présentent souvent un grand défaut : elles ne proposent en général pas de conseil en investissement. Au courant des trois dernières années, les modèles d’architecture ouverte ont gagné en maturité. On parle désormais d’architecture ouverte contrôlée ou guidée. Les acteurs ont reconnu la nécessité d’associer à une offre de fonds de tiers plus réduite un concept englobant offre de produits et conseil d’investissements professionnels. Les banques privées en Europe s’approprient rapidement ce modèle. Les "supermarchés"de fonds continuent à exister en parallèle avec cette offre contrôlée mais s’adressent essentiellement à un public qui préfère lui-même faire ses choix d’investissement.


Pourquoi promouvoir les fonds de tiers?

Aujourd’hui, l'architecture ouverte est une réalité incontournable. Cependant, on peut se poser les questions suivantes: Pourquoi cette évolution? Qu'est-ce qui amène un banquier ou un gérant d'actifs à promouvoir un fonds de tiers?

A priori il aurait tout intérêt à privilégier la distribution de ses propres produits. Néanmoins, un seul facteur n’explique pas ce développement mais plutôt un ensemble de facteurs, qui sont soit liés au comportement de l'investisseur, soit provoqués par les exigences des régulateurs ou encore par les professionnels de la gestion d'actifs eux-mêmes, à savoir :

- Le dégonflement de la bulle Internet a laissé des traces. Tout d’abord, il a révélé les risques liés à des pratiques d’investissements ou de gestion de portefeuilles dénués de tout bon sens. Au pire des moments on rejetait même les règles les plus élémentaires en matière de gestion d’actifs et de diversification des portefeuilles. Ensuite, les investisseurs ont réalisé que les rendements attendus à l’avenir des actifs risqués telles que les actions devraient se situer fort probablement dans une fourchette de 8-10%, ce qui est nettement plus défavorable que les 20% que faisait miroiter l’extrapolation des performances des marchés boursiers à la fin des années 1990.
- Les fortes pertes constatées par les investisseurs au lendemain de la correction ont soulevé des questions quant à la compétence de leurs gérants qui dans la grande majorité étaient des adhérents convaincus de l'investissement relatif (aussi connu comme "index tracking"). Les investisseurs devenus plus critiques à l'égard de cette approche sont aussi plus sensibles à la préservation de leur capital lors d’une baisse des marchés et demandent un choix de stratégies d’investissement plus large englobant des solutions qui tiennent mieux compte de leur aversion au risque.
- La baisse des revenus qui est le corollaire du recul de l'activité sur les marchés boursiers au début des années 2000 a poussé le secteur financier à revoir en profondeur sa structure de coût. Certains acteurs ont réalisé qu’en raison des investissements requis la gestion d’actifs ne saurait être pour eux à long terme une activité stratégique. En effet pour certains modèles d'entreprise il est plus efficient et plus rentable de confier cette tâche à des spécialistes qui disposent soit des compétences professionnelles pointues soit d'une taille critique pour assurer une gestion optimale de qualité. On assiste à la polarisation de l’industrie de la gestion d’actifs en distributeurs de produits d'un côté et en gérants de fonds, "fabriquant" de produits d'autre côté.
- De nouvelles stratégies d’investissements souvent complexes et difficiles à mettre en application dans un portefeuille privé émergent. Nous pensons ici aux stratégies de couvertures via des instruments dérivés, ou des stratégies d’investissement dites alternatives, ou encore aux stratégies investissant dans des obligations à haut rendement et peu liquides. Certaines formes d'investissement dans l'immobilier ainsi que les investissements en "private equity" très médiatisés ces dernières années, sont également intégrés.
- Le renforcement par le régulateur de l’obligation fiduciaire du gérant de portefeuille. Le régulateur attend désormais du conseiller qu'il soit objectif et que ses propositions ne soient pas avant tout le reflet de ses considérations de rentabilité propre. Désormais le banquier privé par exemple, se doit de proposer la solution la plus adaptée pour le client ; même si celle ci n'est pas à priori celle qui lui assurait une meilleure rentabilité.
- Le problème du financement des systèmes de retraite en Europe suscite la mise en place de solutions d'épargne retraite de deuxième ou de troisième pilier. Ces propositions sont souvent basées sur une sélection de fonds d'investissements provenant de différents gérants. L'adhérent peut puiser pour construire son portefeuille d'épargne retraite dans ce choix de fonds diversifié.


Le cas des Banques Privées

Comme mentionné plus haut ce sont entre autres les banques privées en Europe qui sont précurseur en matière d'architecture ouverte. En effet, face au constat que le monde est devenu plus complexe et plus contraignant, la plupart des banquiers privés ont reconnu que leur vrai rôle est le "wealth-management" et la structuration des actifs de leurs clients. Leur démarche ainsi que celle de leurs clients s’inscrit dans un premier temps dans une approche globale de gestion de portefeuilles. Il s'agit avant tout d'assurer une structuration optimale des actifs dans leur ensemble en ligne avec les objectifs d’investissements définis avec le client. Le "stock picking" ne doit plus être la préoccupation principale du banquier privé. Dans la mesure où son rôle a fondamentalement changé vers celui d'un assembleur d'actifs, il doit adapter son modèle d'entreprise en conséquence.

Sa priorité étant donnée au conseil personnalisé, il va faire appel à des spécialistes internes ou externes pour prendre en charge l'implémentation des décisions d'investissement tout en veillant à une diversification des portefeuilles par un accès flexible à une large gamme de stratégies d'investissement. Un moyen professionnel d’atteindre cet objectif de manière efficiente est d’investir par le biais de fonds. D’autant que toutes les maisons de gestion ne possèdent pas l’ensemble des compétences requises pour exceller dans les stratégies d’investissement complexes, il va de soi qu’une recherche des meilleurs gestionnaires dans chacun de ses domaines s’impose au banquier privé. C’est l’émergence du “best of breed”: sélectionner pour chaque classe d’actif et chaque stratégie d’investissement le fonds du gérant qui offre la meilleure performance ajustée au risque, tout en pratiquant son métier en conformité avec les plus hauts standards professionnels.

L’architecture ouverte mise en œuvre par ING Private Banking

ING Private Banking a adopté un modèle de stratégie d’architecture ouverte. Notre objectif est d’offrir un conseil professionnel à nos clients. Qui dit conseil professionnel, dit objectivité et recherche de qualité. L'offre de fonds que nous proposons englobe à la fois des fonds "maison" et des fonds de tiers afin de mettre à la disposition de nos clients des solutions adaptées à leurs besoins. Parmi les solutions possibles, nous retenons l'alternative qui présente les meilleures caractéristiques en terme de risque et de rendement en ligne avec l’objectif de l’investisseur.

Pour mettre en application sa stratégie en matière d’architecture ouverte ING Private Banking a développé en interne les compétences requises de sélection et de multigestion. ING Third Party Funds est le centre de compétence de l’analyse, et de la sélection de fonds ou de gérants tiers et gère également des fonds de fonds basé sur des fonds de tiers sélectionnés. Localisé à Luxembourg(1) notre équipe a l'avantage de se trouver au coeur de l'industrie des fonds Européens et de bénéficier de la proximité des promoteurs de fonds les plus réputés. Par ailleurs, ces activités de sélection et d'analyse sont intégrées au niveau du groupe ING dans la ligne de métier ING Private Banking. Notre séparation des activités de gestion de fonds internes est un gage d'indépendance et d'objectivité. Par contre, notre proximité avec nos clients permet une meilleure compréhension de leurs besoins et une réactivité exemplaire.

Le modèle d'architecture ouverte pratiqué par ING Private Banking est du type architecture ouverte contrôlée. Nous ne conseillons que des fonds ayant fait l'objet d'une analyse rigoureuse. Les différentes sélections sont adaptées aux besoins spécifiques des entités de ING Private Banking dans le monde. Elles peuvent donc varier d'un pays à l'autre. Ceci est le reflet d'une approche flexible qui tient compte des contraintes réglementaires locales et de la diversité des besoins de nos clients.

Un processus d’analyse et de sélection rigoureux

Le processus de sélection s’articule autour de deux étapes. La première étape est consacrée à une analyse quantitative approfondie où plusieurs critères de risque et de rendement, basés sur des données passées, sont évalués par rapport à un groupe de fonds comparables. Son objectif est d’identifier les gérants qui ont généré des rendements attractifs dans le passé. Il est dès lors probable que ces gérants disposent d’un savoir-faire qui pourrait, le cas échéant, reproduire ces performances dans le futur. Cependant, il est de notoriété que les performances passées ne sauraient être une garantie pour les résultats futurs. Les analystes de ING Third Party Funds vont donc se concentrer, dans la deuxième étape du processus de sélection, sur une analyse qualitative approfondie. Il s’agit maintenant d’analyser cette surperformance et d’identifier les facteurs qui expliquent ces résultats constatés dans le passé. Est-ce que les performances sont dues au hasard? Ou alors, le gérant suit-il un processus systématique qui lui permet d’identifier avec une probabilité de réussite élevée et constante, les titres sous-évalués?

L’analyse doit intégrer à ce stade la compréhension de la philosophie d’investissement, l’identification des compétences du gérant, l’existence de processus d’investissement et de gestion des risques et leur cohérence avec l’objectif d’investissement du fonds. Nous devons pouvoir nous prononcer à la fin de l’analyse sur la capacité du gérant de reproduire les résultats dans le temps. Cette étape dans le processus est fondamentale et doit être menée avec une grande rigueur. Il s’agit de répondre à la question: Comment le gérant crée t-il de la valeur et est-il capable de répéter ce processus de création de valeur dans le futur? Mais au-delà de la compréhension de sa philosophie d’investissement, il faut s’assurer de son éthique professionnelle ainsi que de celle de ses dirigeants, afin de bien appréhender la culture de la société de gestion en question.

Ces deux étapes sont appliquées indépendamment du type d'actif que nous analysons. Cependant comme environ 50% des faillites de "hedge funds" sont le résultat d'une mauvaise maîtrise des risques opérationnels(2) et non pas, comme on pourrait le penser à priori, le résultat de décisions d'investissements peu opportunes. Nous savons également que ces fonds offrent moins de transparence à priori et que l’information est plus difficile à obtenir, ce qui nous amène à approfondir l'analyse qualitative pour ce type d’investissement. Cette approche est également suivie lorsqu'il s'agit d'analyser des fonds "private equity" ou des fonds immobiliers fermés. Les fonds sélectionnés par ING Third Party Funds font l'objet d'un suivi quantitatif et qualitatif continu. Des mécanismes d'alerte ont été mis en place afin d’assurer que chaque détérioration, en terme de performance et de risque ainsi que tout élément mettant potentiellement en péril la cohérence et la pérennité du processus d'investissement, puissent être détectés à temps.

Quelles sont nos attentes à l'égard des gérants sélectionnés? Il y a évidemment tout d'abord la transparence et l'accès à l'information qui doit être garantie à tout moment. Il s'agit là d'une condition préalable car nous ne pouvons faire un jugement valable que si nous disposons d’une information complète et détaillée. Après avoir obtenu cette assurance, nous voulons que le gérant gère le fonds en ligne avec les objectifs et la philosophie d'investissement définis.

La performance et le risque pris pour la réaliser sont évidemment aussi des facteurs déterminants. Toute déviation, par rapport à un de ces éléments, nous conduira à prendre les décisions qui s'imposent. Nous sommes souvent confrontés à la question: Pourquoi n’avez-vous pas sélectionné tel fonds ou tel autre fonds disposant d'un "rating" cinq étoiles? D’après nous, il convient d’être vigilant car ces ratings sont souvent très réducteurs et se basent sur des considérations liées uniquement à la performance passée. Les agences de "rating" ne posent pas toujours la question si cette performance constatée est soutenable et il est fréquent que leur analyse se base uniquement sur des critères quantitatifs.

Si en tant qu’investisseur on utilise ce type de rating comme unique aide à la décision d’investissement, on est sûr d'acheter de la performance passée et, en général, de ne pas de répondre à la question concernant le comportement éventuel du fonds dans le futur. Ce n’est qu’une analyse qualitative approfondie qui peut aider à déceler, par exemple, les biais que le gérant peut avoir dans son portefeuille de manière structurelle. Ainsi il est possible qu’un gérant d’obligations internationales arrive à battre systématiquement son indice de référence et récolte des "étoiles" parce qu’il investit pour une partie en obligations à haut rendement, ou alors parce qu’il prend, de manière opportuniste, des positions de change. Ceci n’est pas un problème en soi, mais en tant qu’investisseur il convient d’être conscient et préparé aux mauvaises surprises, le cas échéant. Ces éléments ne ressortent pas de la simple évaluation de la performance passée. Leur connaissanceest cependant importante pour juger de la place qu'un fonds sélectionné mérite dans un portefeuille. D’où la nécessité de faire une analyse complète et approfondie.

Il va sans dire que la mise en œuvre de ce processus de sélection requiert des compétences analytiques confirmées. ING Third Party Funds a recours aux compétences et à l’expérience d’une équipe de 13 professionnels qualifiés, incluant des gérants de portefeuille, des analystes de fonds et des professionnels de la gestion des risques. L’analyse ne peut se faire que moyennant la disponibilité de modèles d’analyse sophistiqués. Par ailleurs, la gestion des informations relatives aux produits sélectionnés doit être efficace. Au sein de ING Third Party Funds, une équipe de support de 5 personnes assure cette mission et garantit la diffusion des informations nécessaires aux conseillers et chargés de relation d’ING Private Banking.

Le travail des analystes de ING Third Party Funds se concrétise dans la mise à disposition d’une gamme de produits et de services de multi-gestion aux entités de ING Private Banking. Nos clients peuvent bénéficier directement ou indirectement des sélections de plusieurs manières :

- Il y a d’abord des listes de recommandation de fonds de tiers qui servent de support aux responsables de relation pour conseiller leurs clients dans l’implémentation de leur portefeuille d’investissement.
- L’approche de gestion "core-satellite" mise en application dans nos mandats de gestion discrétionnaire, a recours dans une large mesure, aux gérants externes, que ce soit par le biais de la délégation de la gestion à des gérants réputés dans la partie "core", ou alors par le biais de fonds spécialises dans la partie "satellite".
- Des offres de gestion basées sur une sélection de gérants externes sont également proposées. Qu’il s’agisse de fonds de fonds traditionnels ou alternatifs, ou alors de portefeuille gérés basés sur des fonds, la gestion de ces produits fait appel aux compétences d’analyse et de construction de portefeuille de ING Third Party Funds.
- Depuis l’implosion de la bulle Internet, l’appétit pour des produits à rendement absolu est devenu plus grand. Nos analystes ont développé grâce au recours à des spécialistes dans la gestion absolue des solutions d’investissement ad hoc.


L’architecture ouverte: une nouvelle approche du conseil en investissement

Dans un monde financier qui évolue constamment, le modèle d’architecture ouverte, mis en application de manière intelligente, offre une grande flexibilité dans le conseil à nos clients. Nos "Private Bankers" peuvent être très pointus quand il s’agit d’apporter des solutions d’investissements personnalisées à nos clients. Là où un produit géré en interne n’est pas disponible ou inadapté pour répondre de manière satisfaisante aux besoins, ils peuvent ainsi recourir à un produit de tiers pour satisfaire leur clientèle. Le fait d'avoir intégré cette activité dans le métier Private Banking nous permet de ne pas seulement clamer notre objectivité mais vraiment de la vivre tous les jours au grand bénéfice de nos clients. Les ressources mises en place nous permettent d’appréhender et d’anticiper les évolutions tout en mettant l'accent de manière continue sur une application des "best practices" en matière de sélection et d'analyse de fonds.

L’architecture ouverte telle que pratiquée par les banques privées, n’est pas un concept de distribution mais une vraie philosophie de conseil en investissement, soucieuse de mettre le client au centre de ces préoccupations. Au-delà d'être bénéfique pour l'investisseur final, l'implémentation de l'architecture ouverte pousse tous les intervenants à donner le meilleur d'eux mêmes au grand bonheur de l'investisseur final.

1) Luxembourg est à côté de Paris l'un des deux plus importants centres de fonds en Europe.La part de marché des fonds Luxembourgeois représentait 22.4% au 30 Septembre 2005, suivi de la France avec 20.2% et l'Angleterre avec 9.3% (EFAMA Quarterly Statistical Release No 23 ,Table 5)
2) Edhec European Alternative Multimanagement Practices Survey, Edhec Business School, November 2003, p.58

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