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lundi, 01 avril 2024

La belle et le déambulant

Par un beau lundi du chaud mois de mars goanais, j’ai accompagné mon fils à la piscine de notre résidence, un petit « complex » de vingt-quatre appartements, un tiers étant inoccupé. Nous avons repéré un vieux monsieur assis sur un banc, à une extrémité du bassin. Il était en short, baskets et chaussettes mi-mollet. Il était anormalement grand, à moitié chauve et deux yeux noirs perçants, un petit air de Dracula du dimanche. Je lui ai adressé un sourire poli auquel il n’a pas répondu, et je m’en suis désintéressée.

Lorsque Petit Samourai et moi sommes sortis de l’eau, il s’est pourtant approché de nous. Il m’a tendu la main, se présentant comment Mahesh, notre nouveau voisin, astrologue et chiromancien. Immédiatement, il m’a demandé ma date de naissance, celle de mon fils, de mon mari, et nous a sorti des traits de caractère et des réactions très exactes. Mais qui correspondent très généralement à nos signes astraux aussi. Il a proposé que nous échangions nos numéros. Comme je n’avais ni mon portable ni un papier, il a voulu que j’apprenne le sien par cœur, et me l’a fait répéter cinq fois – je m’en suis souvenue quelques jours et je me suis dépêchée de l’oublier. Il m’a parlé de sa femme, ancienne institutrice, de sa passion pour les livres, me citant même Byron dans le texte. En se séparant, il m’a à nouveau serré la main, la gardant bien trop longtemps à mon goût, je la retirai même un peu brutalement. N’empêche, il nous donna rendez-vous le lendemain à la même heure.

Le jour dit, Petit Samourai et moi étions occupés à tailler et peindre des feuilles de palmier alors nous ne descendîmes que bien plus tard nous baigner. Mais nous vîmes Mahesh lancer plusieurs œillades à notre balcon du deuxième étage. Sa femme et lui descendent tous les soirs pendant une heure. Ils déambulent (lui claudiquant) chacun de leur côté, s’arrêtant sur un banc le temps de faire des exercices de respiration ou quelques mouvements yoguiques, mais séparément.

Une semaine plus tard, je traversai la pelouse adjacente à la piscine après avoir garé ma voiture quand j’entendis « tsss tsss ». J’avais bien vu Mahesh et essayé de l’ignorer, mais, visiblement, il n’allait pas s’en tenir là. A nouveau, il me serra longuement la main. Puis il me tira vers lui quand j’écrasai un moustique sur ma jambe : j’étais sur l’herbe et lui sur le chemin, peut-être moins fréquenté par les insectes ? Il me conseilla alors de me couvrir les jambes, à quoi je rétorquai que ces infernales bêtes m’adorent et me piquent à travers les vêtements. De ses deux mains, il m’empoigna alors les joues et me dit « Mais c’est parce que tu es trop ador-able ! Et tu es si douce et gentille. » De deux choses l’une : soit il lit en moi comme dans un livre ouvert grâce à un don de médium, ou bien il me flatte avec flagornerie. Personne ne trouve que je suis douce ni gentille, on me trouverait plutôt distante, hautaine et affublée d'un mauvais caractère. Estomaquée par ce geste dont je n'ai été témoin qu’entre des grands-parents et des enfants, je n’osai pas trop réagir. Mais son odeur de vieux et la teinture de ses rares cheveux me donnèrent envie de prendre mes jambes à mon cou. Je pris donc congé au plus vite, en proposant qu’on se voit un autre jour, avec mon mari. « Oui oui ! Tu dois venir, ton mari ira parler avec ma femme. » Je n’ai pas vraiment compris pourquoi mon Indien préféré irait s’entretenir avec son épouse, mais passons. J’allais m’éloigner quand… il recolla ses grosses pattes sur mon visage et y colla même deux grosses bises, une de chaque côté.

Complètement sonnée – n’ai-je pas écrit que les démonstrations d’affection de ce type sont rares en Inde ? – je courus littéralement demander leur avis à mes voisins. Est-ce une attitude normale d’affection envers les « jeunes » ? J’ai passé la quarantaine pourtant… Ou bien est-ce un geste déplacé ? Ils m’ont laissé libre interprétation, avec une moue qui en disait cependant long. Mon mari a été beaucoup moins diplomate et s’est insurgé contre l’attitude de ce « sale vieux bâtard ».

Le fait que Mahesh répondit à mon salut hier à la piscine, mais qu’il ignora royalement mon Indien préféré qui s’était exceptionnellement joint à nous, me fit penser que ce dernier n’avait peut-être pas complètement tort…

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mercredi, 20 mars 2024

Pourquoi les Indiens fêtent Holi en jetant des couleurs?

Le 25 mars, nous fêterons Holi ! Extrait du livre Les Mémoires de Mélanie Koumar d'Emilie Anand :

"Cette année, elle fera l’impasse de Holi, qui fête la fin de l’hiver et lance la saison des récoltes de printemps (comme Diwali célèbre la fin des récoltes d’octobre-novembre). De toute façon, elle n’a jamais vraiment « joué » à Holi, ou alors en tout petit comité. Elle se méfie en effet des débordements qui peuvent arriver sous l’effet de l’euphorie, du bhāng et de l’alcool, alors que, symboliquement, ce jour-là, toutes les dissensions sont oubliées, qu’elles soient religieuses, castéistes, genrées ou personnelles, et que tout le monde lance de l’eau et étale des poudres colorées sur tout le monde – ce qui se transforme parfois en pelotage en bonne et due forme. Techniquement, les femmes ont le droit de ne pas se laisser faire, à l’instar des habitantes de Barsana (le village de Rādhā, l’amoureuse préférée de Krishna) qui battent les hommes de Nandgaon (lieu de naissance de Krishna) pour les punir des insultes qu’ils profèrent à leur encontre lors de cette cérémonie. Ils rejouent ainsi la relation empreinte d’espièglerie et de sensualité du couple divin. Selon une légende, Holi serait d’ailleurs né de l’envie que ressentait Krishna, avatar de Vishnou à la peau sombre, pour le teint clair de Rādhā. Il aurait alors appliqué du bleu sur le visage de son amoureuse afin qu’elle lui ressemble un peu plus. Holi serait d’ailleurs aussi un peu la fête de l’amour puisqu’est célébré le sacrifice de Kāma qui permit le mariage de Pārvatī et Shiva. (Ce dernier était plongé dans une transe yoguique mutli-centenaire pour faire le deuil de Sati, quand la réincarnation de cette dernière, Pārvatī, envoya Kāma, armé de son arc et ses flèches, pour réveiller le Grand Yogi. Shiva ouvrit son troisième œil et réduisit l’importun en cendres, mais revint également à lui, aux autres dieux et à sa partenaire.)

Cette année, Mélanie se contentera d’assister au feu de joie qui précède les célébrations, commémoration de la victoire du bien sur le mal et du mythe du roi démon Hiranyakashipu. Selon la légende, ce dernier finit par se prendre pour un dieu après avoir reçu la bénédiction d’immortalité – plus précisément de ne pouvoir être tué ni par un être humain ni par un animal, ni à l’intérieur ni à l’extérieur, ni pendant le jour ni pendant la nuit, ni par une arme quelconque, ni sur terre, ni dans les airs, ni dans l’eau. Il eut un fils, Prahlada, qui se mit à adorer Vishnou, que Hiranyakashipu détestait. Il réfléchit alors à un châtiment pour le punir et demanda à Holika, sa sœur, d’enfiler son manteau incombustible, de prendre Prahlada sur ses genoux et de s’asseoir dans le feu. Elle obtempéra, mais la cape lui échappa et s’enroula autour du corps du fils rebelle. Holika fut brûlée vive et Vishnou vengea sa mort par celle d’Hiranyakashipu, qu’il occit en s’incarnant en une créature mi-homme mi-lion qui apparut au crépuscule (ni jour ni nuit) sur le seuil du palais (ni à l’intérieur ni à l’extérieur) et plaça sa victime sur ses genoux (ni dans l’air ni sur terre) et le déchiqueta de ses griffes (sans arme).

Mélanie profitera par ailleurs du splendide arc-en-ciel de couleurs que les gens font en jetant des poudres qui chatoient sous le soleil de ce début d’été, du vert pour l’harmonie, le renouveau et la joie, du bleu pour la vitalité et Krishna, du jaune pour la sainteté, de l’orange safran pour l’optimisme et la pureté (du feu qui nettoie tout), du rouge pour la joie, l’amour et la prospérité. Il n’y a guère que le noir qui soit absent. D’ailleurs, il n’est jamais le bienvenu pour les hindous. Est-ce parce qu’il attire les rayons du soleil et en absorbe la chaleur ? Il semblerait pourtant que ce soit justement pour cette raison que les femmes musulmanes vivant dans des pays désertiques portent des niqabs ou des burqas noirs. En plus d’être suffisamment peu esthétique pour ne pas attirer le regard (a priori concupiscent) des hommes, le noir permettrait d’augmenter la température sous le vêtement, ce qui provoque la sudation et son effet rafraîchissant. Est-ce parce que le noir attire les moustiques ? Ce n’est pas prouvé scientifiquement, mais il est facilement observable en Inde que ces minuscules vampires se posent davantage sur les meubles ou vêtements de couleur sombre que claire, ce qui ressemble d’ailleurs fort à une technique de camouflage. Ou bien est-ce parce que le noir est une non-couleur, néfaste dans la spiritualité et la superstition, la représentation de la négativité et de l’inertie, le symbole de la colère, des ténèbres, de l’absence d’énergie, de la mort (sans toutefois être la couleur du deuil qui est le blanc, l’absence de couleur) ?"

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mardi, 19 mars 2024

Soirée de lancement de S'aimer en Inde le 24 mai

Il n'est jamais trop tôt pour bien faire, et bloquer des agendas ! Surtout pour le mois de mai :)

Viendez nombreux !

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