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Les filets pleins d'idées de Jean-Bernard Coppin

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Par Nicole Buyse

Publié le 29 juil. 2004 à 01:01

DE NOTRE CORRESPONDANTE À LILLE. Aujourd'hui, 90 % des pêcheurs de la Côte d'Opale s'équipent auprès d'Alprech, qui a également fourni le Parc des Princes en filets anti-hooligans et vient de livrer des filets de sécurité pour 11.000 mètres carrés de verrières à la gare TGV de Roissy. Une histoire de famille où le fondateur, Jean-Bernard Coppin, bientôt soixante ans, s'apprête à passer la main à ses deux fils, François, trente et un ans, directeur commercial, et Olivier, vingt-sept ans, responsable du secteur pêche.

Quand en 1982 il est licencié de la chaudronnerie de Capécure, où il travaille depuis vingt-cinq ans comme comptable, Jean-Bernard Coppin ne peut, vu ses gènes familiaux, que plonger dans ce secteur. Il lance avec un oncle et deux beaux-frères marins-pêcheurs une fabrique artisanale de filets de pêche dans les 80 mètres carrés de sa cave de la rue Saint-Michel à Outreau, où il habite, à quelques encablures du cap d'Alprech, non loin de Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche français. « On faisait des mailles dans la salle à manger en famille », se souvient François, âgé d'une dizaine d'années à l'époque. « Je rentrais de l'école et je rangeais les bobines de plomb, c'était la période héroïque. » Des filets dont la matière première arrive toute faite, mais qu'il faut assembler, ou bordurer, des coutures faites à la main.

Devant l'activité très fluctuante que représente la pêche avec de bonnes mais aussi de mauvaises années et surtout la raréfaction de la ressource, Jean-Bernard Coppin se diversifie dans le filet de protection et de sport. En 1988, alors que la société compte déjà quatre salariés et réalise un chiffre d'affaires de 533.000 euros, Alprech Filets déménage sur les hauteurs d'Outreau dans un premier bâtiment de 430 mètres carrés sur deux niveaux.
Dès la première année, l'effectif passe à dix personnes et double son activité grâce à la diversification. En 1990, l'entreprise achète sa première machine à coudre qui permet d'aller quatre fois plus vite. La société équipe progressivement son parc, qui atteint aujourd'hui 22 machines. « Nous avons acheté les trois dernières en 2003. Nous trouvons d'abord le marché puis passons à l'achat », explique François Coppin, salarié de la société depuis 1996 après un BTS forces de vente.

Douze machines à coudre sont dédiées à la pêche. Elles permettent de produire des filets maillants, des tramails, des cordes plombées, des filets, des cordages ou encore des flotteurs. Ce secteur représente 40 % de l'activité de la firme, qui a réalisé en 2003 un chiffre d'affaires de 2,36 millions d'euros, avec un effectif de 25 salariés. « Nous avons formé tout le personnel, car il n'y a pas d'école pour apprendre ce métier », explique Jean-Bernard Coppin, qui travaillait au début avec de vieux marins.
Ces derniers ont formé ensuite les jeunes recrues, essentiellement des femmes. Autrefois les filets étaient en lin ou en chanvre. Aujourd'hui ce sont des matières synthétiques : polyéthylène, polyamide. « Il faut six mois pour former une couturière dans le milieu de la pêche », ajoute Olivier Coppin, entré en 2001 avec un DEUG de sciences et techniques.

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En réfléchissant aux demandes du secteur industriel et sportif, la société s'est diversifiée dans les filets de sécurité et de protection, qui représentent désormais 60 % de l'activité. « Nous avons commencé par faire des filets pour volières, puis pour des séparations de salles de sports des pare-ballons », se rappelle Olivier Coppin. « Notre force est d'avoir eu l'idée de coudre les filets dont la maille est en losange, de telle manière qu'elle se mette en carré, beaucoup plus facile à poser », ajoute son frère. Alprech Filets conçoit aussi des filets de protection pour les bennes, des brise-vent ou brise-vue pour les aménagements urbains ou d'espaces verts. Elle fait aussi des hamacs. « Un dompteur est même venu nous chercher un filet pour son tunnel de tigres pour un cirque », se souvient Jean-Bernard Coppin.

L'entreprise s'adapte ainsi à toutes les demandes. « Nous avons fabriqué un filet de protection pour la prison de Bourges. Les policiers du RAID ont fait appel à nous également pour résoudre un petit problème de jonction de cordage », souligne-t-il encore. Pour faire face à ces développements, la société a dû déjà agrandir deux fois le bâtiment d'un total de 1.200 mètres carrés sur deux niveaux aujourd'hui. Les deux frères cherchent en permanence à innover, à améliorer les machines ou le processus de fabrication. « Quelquefois, ce sont de petits trucs, tel ce croché vissé dans la table dans lequel on coince le fil qui permet d'accélérer la cadence », ajoute Olivier Coppin. « Je me réveille quelquefois la nuit avec une bonne idée que je note rapidement », ajoute ce passionné. C'est ainsi qu'Alprech Filets a mis au point, il y a dix-huit mois, le filet antipollution récupérateur d'hydrocarbures, sur demande de la Marine nationale après le naufrage du « Tricolor » au large de Dunkerque en décembre 2002. « On a travaillé plus de quinze jours sur ce projet, et je suis sûr qu'on peut encore améliorer les flotteurs, mais le temps nous manque. »

NICOLE BUYSE

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