03 mai 2024

AFIF INFOS Avril 2024

 


Bulletin mensuel d’informations sur les droits humains en Iran 
ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE 

 
Au moins 72 personnes ont été exécutées dans les prisons iraniennes en avril et au moins 239 personnes, dont 9 prisonniers politiques et 8 femmes, ont été pendues depuis janvier 2024.

Augmentation ahurissante des exécutions liées aux stupéfiants

"Nos constats choquants sur les attaques persistantes de l’Iran contre le droit à la vie soulignent la nécessité urgente pour la communauté internationale de faire pression sur les autorités iraniennes pour qu’elles décrètent un moratoire immédiat sur toutes les exécutions", Diana Eltahawy, Amnesty International



Exécution d’une femme et trois hommes à la prison de Birjand

balochcampaign.us/iranhr.net, 30 avril 2024

Quatre prisonniers, dont une femme baloutch, ont été exécutés dans la matinée du mardi 30  avril 2024 dans la prison de Birjand.

L’identité de cette 8ème femme exécutée depuis le début de l'année 2024 en Iran n'a toujours pas été révélée.

Les trois autres suppliciés étaient Mahmoud Gergij, Mohammad Shah Bakhsh et Mehdi Eshterak, originaires de la province du Sistan et du Baloutchistan.

Ils ont été accusés pour des affaires liées à la drogue.

Le régime iranien est le premier détenteur du record mondial d'exécutions de femmes. 26 femmes ont été exécutées sous le gouvernement Raissi en 2023, soit 11 de plus que la moyenne précédente.


Un document secret indique que les forces de sécurité iraniennes ont molesté et tué une jeune manifestante

BBC.com, 28 avril 2023

https://www.bbc.com/news/world-middle-east-68840881

«Une adolescente iranienne a été agressée sexuellement et tuée par trois hommes travaillant pour les forces de sécurité iraniennes, selon un document qui a fait l'objet d'une fuite et qui aurait été rédigé par ces forces.

Ce document nous permet de savoir ce qui est arrivé à Nika Shakarami, 16 ans, qui a disparu lors d'une manifestation contre le régime en 2022.

Son corps a été retrouvé neuf jours plus tard. Le gouvernement a prétendu qu'elle s'était suicidée.

Nous avons soumis les allégations du rapport au gouvernement iranien et à ses gardiens de la révolution. Ils n'ont pas répondu.

Marqué "hautement confidentiel", le rapport résume une audience sur le cas de Nika organisée par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). Il contient ce qu'il dit être les noms de ses assassins et des hauts gradés qui ont tenté de cacher la vérité.

Il contient des détails troublants sur les événements qui se sont déroulés à l'arrière d'un fourgon d'infiltration dans lequel les forces de sécurité maîtrisaient Nika :

Nika se trouvait dans le compartiment arrière avec trois membres de l'équipe 12 - Arash Kalhor, Sadegh Monjazy et Behrooz Sadeghy.

. L'un des hommes a abusé d'elle alors qu'il était assis sur elle

. Bien que menottée et entravée, elle s'est débattue, donnant des coups de pied et proférant des jurons.

. L'aveu que cela a provoqué les hommes à la frapper avec des matraques.

De nombreux faux documents officiels iraniens étant en circulation, la BBC a passé des mois à vérifier chaque détail auprès de multiples sources.

La disparition et la mort de Nika Shakarami ont fait l'objet d'une large couverture médiatique, et sa photo est devenue synonyme de la lutte des femmes iraniennes pour plus de libertés. À l'automne 2022, alors que les manifestations de rue se multipliaient en Iran, son nom a été scandé par des foules furieuses des règles strictes du pays sur le port obligatoire du voile [hijab]… »


Voir également

Rapport de la mission internationale indépendante d’établissement des faits sur l’Iran (A/HRC/55/67)

« 47. À titre d’exemple, on peut citer le cas d’une manifestante, qui avait été arrêtée en novembre 2022 dans la province de Kermanchah, transférée dans un centre de détention non officiel et interrogée par des agents de sécurité pendant des heures sur son rôle présumé dans les manifestations, avant d’être emmenée dans une autre pièce pour une "fouille corporelle". Alors qu’elle se déshabillait, un homme et une femme portant un tchador sont entrés dans la pièce et l’ont forcée à se coucher sur le sol. Tandis qu’ils la maintenaient, un autre agent l’a violée. Ensuite, l’agent qui l’avait maîtrisée l’a également violée.»


Une jeune femme prénommée Shahnaz pendue à Karaj
Médias d’Etat, 26 avril 2024

Selon plusieurs médias  iraniens, à l'aube du mercredi 24 avril 2024, une jeune femme nommée Shahnaz a été pendue à la prison de Qezel-Hesar à Karaj. Shahnaz était détenue depuis trois ans. Elle est la 7ème femme pendue en Iran en 2024.


Iran - Condamnation à mort de l’artiste Toomaj Salehi

France Diplomatie, 25 avril 2024

«La condamnation à mort en Iran de M. Toomaj Salehi, artiste iranien engagé, est inacceptable. La France condamne avec vigueur cette décision qui s’ajoute aux nombreuses autres condamnations à mort et exécutions injustifiables liées aux manifestations de l’automne 2022 en Iran.
Elles ont été dénoncées à de multiples reprises par la France, publiquement et directement auprès des autorités iraniennes, ainsi qu’avec ses partenaires de l’Union européenne, qui a adopté des sanctions contre les responsables de la répression violente en Iran menée en violation des engagements internationaux de l’Iran en matière de droits de l’Homme.

La France rappelle son opposition constante à la peine de mort, en tous lieux et en toutes circonstances et son engagement pour l’abolition universelle de ce châtiment injuste et inhumain. Elle rappelle que les condamnations à mort et les exécutions de participants aux manifestations, qui s’ajoutent aux nombreuses autres violations graves et inacceptables des droits et libertés fondamentales commises par les autorités iraniennes, ne peuvent tenir lieu de réponse aux aspirations légitimes de liberté du peuple iranien. »


Mobilisation pour le rappeur Toomaj Salehi, qui risque la peine de mort en Iran

En France, en Europe et aux Etats-Unis, des voix s’élèvent pour dénoncer la condamnation du chanteur qui, dans ses titres, relaie le ras-le-bol des jeunes qui, comme lui, rejettent tout ce que représentent le régime iranien et ceux qui le soutiennent.
Un vaste collectif d’artistes, d’écrivains et de militants des droits humains, dont la comédienne Golshifteh Farahani, la dessinatrice Marjane Satrapi et le chanteur Gaël Faye, demande, dans une tribune au Monde, au président de la République, Emmanuel Macron, d’agir au plus vite pour sauver l’artiste. La scène rap française, elle, ne s’est pour le moment pas manifestée…

https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/05/01/mobilisation-pour-le-rappeur-toomaj-salehi-qui-risque-la-peine-de-mort-en-iran_6231021_3246.html


PROPOSITION DE RÉSOLUTION COMMUNE

Parlement Européen, 24 avril 2024

https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/RC-9-2024-0235_FR.pdf

Résolution du Parlement européen sur l’attaque sans précédent de l’Iran contre Israël et la nécessité d’une désescalade et d’une réponse de l’Union européenne
«…6. insiste sur les liens étroits qui unissent l’Iran et le corps des gardiens de la révolution islamique ainsi que ses alliés, tels que les houthis et les milices iraquiennes et syriennes, à des organisations inscrites sur la liste de l’Union en matière de terrorisme, à savoir le Hamas et la branche militaire du Hezbollah; condamne l’exportation par l’Iran de drones et de munitions à l’appui de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine…

18. condamne la répression massive menée par les autorités iraniennes à l’échelle de tout le pays contre les femmes qui ne respectent pas l’intolérable loi sur le hijab; constate avec une vive inquiétude la récente progression du recours à la peine de mort en Iran et plaide une nouvelle fois pour son abolition… »


Narges Mohammadi, Prix Nobel de la paix 2023 : « La République islamique d’Iran mène une guerre à grande échelle à l’encontre de toutes les femmes »

Le Monde, 23 avril 2024

«Valeureux peuple d’Iran, je suis Narges Mohammadi. Vous entendez ma voix depuis le quartier des femmes de la prison d’Evin. Ma carte d’appel téléphonique a été désactivée il y a cinq mois par l’administration pénitentiaire, ce qui me contraint à utiliser celle que possède ma codétenue, Sepideh Gholian. 
Il y a une heure, une jeune femme nommée Dina Ghalibaf a été conduite dans la cour du quartier des femmes de la prison d’Evin, le corps couvert d’hématomes, après avoir été agressée sexuellement… »

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/23/narges-mohammadi-prix-nobel-de-la-paix-2023-l-iran-mene-une-guerre-a-grande-echelle-a-l-encontre-de-toutes-les-femmes_6229349_3232.html


Fatemeh Ziaii, détenue politique en congé pour maladie grave, renvoyée en prison en cours de traitement

women.ncr-iran.org, 22 avril 2024

La prisonnière politique Fatemeh Ziaii Azad, âgée de 67 ans et mère de deux membres de l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI), qui était en congé médical, a été de nouveau arrêtée le dimanche 21 avril 2024 et transférée à la prison d’Evin.
Elle souffre d’une sclérose en plaques et a été privée d’accès à un traitement médical pendant ses années d’emprisonnement. Arrêtée et emprisonnée à de nombreuses reprises depuis les années 1980, Fatemeh Ziaii Azad avait passé 10 ans et 2 mois derrière les barreaux. Le 10 septembre 2022, elle a été condamnée à 6 ans et demi de prison pour “rassemblement et collusion contre l’État” et “contacts avec l’OMPI”. Elle purgeait sa peine à la prison d’Evin lorsque, en raison de son état de santé désastreux, elle a bénéficié d’un congé médical en septembre 2023. Elle a été hospitalisée pendant une longue période. Obligée de se rendre au bureau du procureur chaque semaine et d’y annoncer sa présence, le 21 avril, elle a été arrêtée et envoyée à la prison d’Evin. Sa vie est en danger et doit être libérée immédiatement.


Rapport annuel des Etats Unis sur les droits humains pratiqués par pays en 2023Bureau of Democracy, Human Rights, and Labor, 22 avril 2024

https://www.state.gov/reports/2023-country-reports-on-human-rights-practices/iran/

IRAN
RÉSUMÉ ANALYTIQUE

«Les restrictions déjà sévères imposées par la République islamique d'Iran aux droits de l'homme se sont aggravées dans un certain nombre de domaines au cours de l'année. Les femmes ont continué d'être victimes de discrimination, notamment par le biais de moyens renforcés pour faire respecter le code vestimentaire obligatoire, ce qui a donné lieu à des actes de désobéissance civile. Au total, 798 citoyens ont été exécutés au cours de l'année, ce qui représente une augmentation de 37 % par rapport à 2022. Certains prisonniers politiques, dont environ 22 000 personnes détenues dans le cadre des manifestations de 2022-23, ont été libérés en février dans le cadre d'une amnistie générale, bien que nombre d'entre eux aient été contraints de signer de prétendus aveux de culpabilité et de s'engager à ne pas participer à d'autres manifestations, et que beaucoup de ceux qui ont été libérés dans le cadre de l'amnistie aient été arrêtés à nouveau par la suite. Les restrictions à la liberté religieuse se sont intensifiées au cours de l'année, en particulier à l'encontre des membres de la communauté bahaïe, qui ont été arrêtés et condamnés en grand nombre...»


La Chambre des représentants des États-Unis présente une résolution bipartite en soutien à la Résistance du peuple iranien

CNRI, 22 avril 2024

Le 16 avril, un effort bipartite à la Chambre des représentants des États-Unis a permis l’introduction de la résolution 1148 de la Chambre en soutien au peuple iranien et à sa Résistance. Co-parrainée par 145 représentants , cette résolution constitue une ferme condamnation des crimes du régime iranien, notamment ses actes de terrorisme, son rôle déstabilisateur dans les conflits régionaux et ses guerres par procuration, la répression interne. La résolution apporte un soutien claire au plan en dix points préconisé par Maryam Radjavi, présidente-élue du CNRI.
La résolution insiste sur l’importance pour les États-Unis de s’attaquer à la source de la crise au Moyen-Orient et souligne les profondes préoccupations concernant la promotion active du fondamentalisme islamique par le régime en Iran et le soutien aux groupes terroristes et entités mandataires de Téhéran dans la région.


Le régime iranien lance un Web national pour se déconnecter de l’Internet mondial

fr.ncr-iran.org, 20 avril 2024

https://fr.ncr-iran.org/actualites/societe/le-regime-iranien-lance-un-web-national-pour-se-deconnecter-de-linternet-mondial/

Alors que le budget détaillé pour le nouvel exercice financier sont dévoilés, l’administration d’Ebrahim Raïssi a alloué plus de six mille milliards de tomans à l’expansion de "l’infrastructure Internet national". Plus précisément, le ministère des Communications et des Technologies de l’information a vu son budget augmenter de 25% par rapport à l’année précédente, totalisant désormais plus de 19,583 milliards de tomans.
Le régime iranien s’efforce depuis longtemps, sous couvert de raisons de sécurité, de lancer un réseau national pour séparer l’Internet national (Intranet) du World Wide Web afin de contrôler les manifestations populaires, réprimer l’opposition. Cette initiative, surnommée « la clé pour se déconnecter de l’Internet mondial », devait être finalisée d’ici la fin de l’année 1402 du calendrier iranien (mars 2024).


Résolution au Sénat belge contre les violations des droits de l’homme en Iran

Sénat belge, 19 avril 2024

https://www.senate.be/event/20240419-plen2/20240419-plen2_fr.html

La proposition de résolution relative aux violations alarmantes et croissantes des droits humains commises par le régime iranien (dossier n°525/1) a été voté à l’unanimité au cours de la séance plénière du 19 avril 2024.
Vu le rythme alarmant auquel l’Iran procède à des exécutions, la résolution appelle, dans le cadre de la présidence belge de l’Union européenne, entre autres à :

. adopter des mesures immédiates pour sauver la vie de milliers de prisonniers, notamment des prisonniers politiques, qui risquent d’être exécutés;

. obliger les dirigeants du régime iranien à rendre compte de quatre décennies de crimes contre l’humanité et de génocide;

. soutenir le droit du peuple iranien de résister contre le régime répressif des mollahs et de réclamer l’instauration d’une république démocratique et séculière en Iran;

. qualifier le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) d’organisation terroriste. L’existence de ce groupe en tant qu’entité distincte permet aux gouvernements étrangers de procéder à cette qualification sans s’exposer aux difficultés diplomatiques inhérentes à la qualification d’une entité gouvernementale. La qualification du CGRI comme entité terroriste aurait pour effet de rendre punissable l’octroi d’un soutien matériel au groupe.


Les députées de Renaissance appellent l'Assemblée nationale à hausser le ton contre l’Iran

assemblee-nationale.fr/AFIF, 17 avril 2024

https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b2522_proposition-resolution.pdf

Les députées Astrid Panosyan-Bouvet et Constance Le Grip du groupe Renaissance vient de déposer une proposition de résolution à l'Assemblée nationale visant à condamner l’oppression et la terreur imposées aux femmes iraniennes, et à réaffirmer leur liberté absolue…

Le texte vise notamment à considérer comme "terroristes" les gardiens de la révolution du régime islamiste.


Conférence au Parlement européen  sur la longue lutte des femmes en Iran

AFIF, 10 avril 2024

Présidée par l’eurodéputée Radka Maxová, une conférence intitulée "Porteuses du flambeau du changement : soutenir la longue lutte des femmes en Iran", s’est tenue le mardi 9 avril au Parlement européen à Bruxelles. La vice-présidente de la commission des droits des femmes et de l’égalité des genres au Parlement européen a accueilli des représentantes d’associations iraniennes dans divers pays européens, dont AFIF.

Madame Maxová  d’autres eurodéputés ont souligné l’importance de la solidarité internationale pour faire avancer la cause des femmes iraniennes.

Participant à distance à la conférence, Maryam Radjavi, présidente du CNRI, a déclaré : "La réalité la plus significative est la résistance des femmes iraniennes qui protestent contre un tel régime. La résistance des Iraniennes est un exemple remarquable dans l’histoire moderne. Ces 45 dernières années, des dizaines de milliers d’Iraniennes ont été torturées ou exécutées".


Une jeune femme de 19 ans et son mari exécutés dans la prison de Zanjan

iranfreedom.net, 15 avril 2024

Le matin du jeudi 11 avril 2024, la sentence de mort de Marjan Hajizadeh, 19 ans, et de son mari Esmail Hassaniani, 29 ans, a été exécutée à la prison centrale de Zanjan. Les deux prisonniers ont été condamnés à mort dans une affaire commune liée à des accusations de trafic de drogue. Ils ont été arrêtés et emprisonnés il y a trois ans.


"Hijab et chasteté", un programme répressif en Iran

fr.ncr-iran.org, 12 avril 2024

Alors que les conflits internes au sein des factions dirigeantes s’intensifient et que les pressions internationales et régionales s’accentuent, le régime iranien cherchent resserrer l’étau contre la population en renforçant le port obligatoire du hijab, une mesure récurrente de répression face aux troubles sociaux.

Ahmadreza Radan, chef des forces de sécurité de l’État, a annoncé la mise en œuvre d’un programme répressif intitulé "hijab et chasteté qui sera rigoureusement appliqué dans tous les espaces et lieux publics à partir du samedi 13 avril"…

Il convient de mentionner qu’Ali Khamenei, le Guide suprême du régime, avait appelé les forces de l’ordre et de sécurité à « s’attaquer aux violations des normes religieuses », lors de son discours à l’occasion de l’Aïd Fitr.


Rapport annuel d’Amnesty International

https://www.amnesty.org/fr/location/middle-east-and-north-africa/middle-east/iran/report-iran/

Iran 2023

«Au lendemain du soulèvement "Femme, vie, liberté" de 2022, les autorités ont encore intensifié la répression des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, et ont encore plus sévi que l’année précédente contre les femmes et les filles qui défiaient les lois rendant obligatoire le port du voile. Les forces de sécurité ont eu recours à une force illégale ainsi qu’à des arrestations collectives pour briser des manifestations. Des milliers de personnes ont été soumises à des interrogatoires, des détentions arbitraires, des poursuites injustes et des emprisonnements pour avoir exercé pacifiquement leurs droits humains. Les disparitions forcées, la torture et les autres formes de mauvais traitements étaient courantes et systématiques. Les femmes et les filles, les personnes LGBTI et les membres de minorités ethniques ou religieuses étaient victimes de discrimination et de violences systémiques. Des châtiments cruels et inhumains, notamment des flagellations, ont été infligés et appliqués. Le recours à la peine de mort comme instrument de répression politique s’est intensifié et le nombre d’exécutions a augmenté. Tous les procès étaient inéquitables. L’impunité concernant les infractions au droit international passées et présentes était systémique, en particulier pour les crimes contre l’humanité relatifs aux massacres qui avaient eu lieu dans les prisons en 1988…

L’Iran a continué d’apporter un soutien militaire aux forces gouvernementales dans le conflit armé en Syrie .

Il a aussi continué de fournir des drones à la Russie, qui les a utilisés pour cibler et détruire des infrastructures civiles en Ukraine, et a transféré à ce pays la technologie et les méthodes nécessaires pour qu’il puisse fabriquer de tels drones.

L’Iran a nié avoir participé à l’attaque lancée le 7 octobre contre Israël par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens ou en avoir eu connaissance... »


L’Iran procède à 853 exécutions, chiffre le plus élevé depuis huit ans, dans un contexte de répression implacable et de reprise de la "guerre contre la drogue"

Amnesty International, 4 avril 2024

https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2024/04/iran-executes-853-people-in-eight-year-high-amid-relentless-repression-and-renewed-war-on-drugs/

«Il est urgent que la communauté internationale prenne des mesures énergiques afin de mettre un terme à l’effroyable vague d’exécutions qui a transformé les prisons iraniennes en lieux de massacre en 2023, a déclaré Amnesty International. Dans une nouvelle synthèse de recherche rendue publique jeudi 4 avril, l’organisation souligne qu’au moins 481 exécutions – soit plus de la moitié des 853 exécutions recensées en 2023 – ont été en relation avec des infractions liées à la drogue.

Don’t Let Them Kill Us”: Iran’s Relentless Execution Crisis since 2022 Uprising révèle que les autorités iraniennes ont renforcé leur recours à la peine capitale dans le but de répandre la peur au sein de la population et de resserrer leur emprise sur le pouvoir, à la suite du soulèvement « Femme. Vie. Liberté » qui a eu lieu de septembre à décembre 2022. Cette synthèse sonne également l’alarme face à l’impact disproportionné sur les communautés pauvres et marginalisées des politiques meurtrières de lutte contre les stupéfiants menées par autorités…

"La peine de mort est un châtiment odieux en toutes circonstances, mais son application à grande échelle pour des infractions liées aux stupéfiants, à l’issue de procès manifestement iniques devant des tribunaux révolutionnaires, constitue un abus de pouvoir grotesque", Diana Eltahawy, Amnesty International.


ONU-Iran

Adoption du projet de résolution A/HRC/55/L.6 sur la situation des droits de l’homme en Iran

ohchr.org, 4 avril 2024

https://www.ohchr.org/fr/news/2024/04/human-rights-council-adopts-seven-resolutions-extends-mandates-human-rights-persons

«…Par un vote de 24 voix pour, 8 contre et 15 abstentions, le Conseil des droits de l’homme a décidé de renouveler pour une période d’un an le mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran, ainsi que, également pour une période d’un an, celui de la Mission internationale indépendante d’établissements des faits sur la République islamique d’Iran afin de lui permettre d’accomplir son mandat, notamment en veillant à ce que les nombreuses preuves des violations des droits de l’homme commises en Iran, en particulier contre des femmes et des enfants, dans le contexte des manifestations qui ont débuté le 16 septembre 2022, soient pleinement et efficacement documentées, vérifiées, consolidées et préservées… »

 

 

 

 

 

 

 


 


06 avril 2024

AFIF INFOS Mars 2024


Bulletin mensuel d’informations sur les droits humains en Iran 
ASSOCIATION DES FEMMES IRANIENNES EN FRANCE 


55e CDH-IRAN
AFIF salue les conclusions publiées le 8 mars et présentées le 18 mars 2024 par la Mission internationale  indépendante d'établissement des faits sur l’Iran (FFMI) concernant les graves violations des droits humains qui ont donné lieu à des "crimes contre l'humanité" perpétrés contre la population civile, et la persécution sexiste envers les femmes et les jeunes filles lors des manifestations nationales 2022-2023 en Iran.
Ces conclusions soulignent l'urgence d'une action concertée pour lutter 
contre les violations des droits humains en Iran et lancent un appel aux parties prenantes nationales et internationales pour qu'elles accordent la priorité à la responsabilité, à la justice et à la réforme.
 

12 défenseurs des droits des femmes condamnés à plus de 60 ans de prison 
Iran Wire/HRANA/AFIF, 31 mars 2024
Les 11 femmes et un homme, Sara Jahani, Yasmin Hashdari, Shiva Shahsiah, Negin Rezaei, Vahdeh Khossirat, Matin Yazdani, Azadeh Chavoshian, Zohra Dadres, Zahra Dadres, Jaloh Javaheri, Forough Samiania et Homan Taheri militants civils vivant dans la province de Guilan, ont été initialement détenues lors d'une arrestation massive de citoyens dans la province de Guilan les 16 et 17 août 2023. Par la suite, ils ont été libérés sous caution de la prison de Lakan à Racht dans l'attente de la conclusion de la procédure judiciaire.
Lourdes peines
Suite à leur procès qui a commencé le 29 février 2024, le tribunal révolutionnaire de Racht a rendu ses verdicts, condamnant ces défenseurs des droits des femmes à une peine d'emprisonnement cumulée supérieure à 60 ans et 6 mois.
Zohreh Dadras  a notamment été condamnée à 9 ans, 6 mois et 2 jours pour son implication présumée dans la "formation d'un groupe pour agir contre la sécurité nationale", Hooman Taheri et Jelveh Javaheri ont été condamnés à un an de prison chacun pour "propagande contre le régime" et les autres à 6 ans et 47 jours pour "rassemblement et collusion en vue d'agir contre la sécurité nationale".

L'ancienne prisonnière politique a perdu la vie après avoir été convoquée au ministère de l'intérieur
kampain.info/ir.voanews.com, 29 mars 2024
Sara Tabrizi, ancienne prisonnière politique, qui avait été convoquée au ministère du renseignement le 23 mars 2024, est décédée un jour plus tard au domicile de son père à Téhéran. Sara avait 20 ans. Elle avait été arrêtée par le ministère du Renseignement au milieu de l'automne 2023 et libérée de la prison d'Evin le même mois. Les agents du ministère du renseignement avaient menacé Sara à plusieurs reprises de publier le contenu privé de son téléphone portable si elle ne coopérait pas. La cause exacte de la mort de Sara Tabrizi n'a pas encore été déterminée. La famille et les amis de Sara demandent une enquête approfondie sur sa mort. 
Ces dernières années, un nombre important de prisonniers politiques et du soulèvement sont morts de manière suspecte après leur libération.

444 koulbars tués par les forces de sécurité du régime iranien en 2023
Iran News Wire, 28 mars 2024
Meurtres des porteurs transfrontières en Iran : Une crise humanitaire et l'urgence d'une action immédiate 
Les koulbars sont des personnes qui travaillent comme transporteurs de lourdes charges de marchandises dans les zones frontalières. Ces personnes transportent généralement des marchandises d'un pays à l'autre en empruntant des itinéraires frontaliers non officiels et dangereux. Malheureusement, la vie de ces personnes s'accompagne de risques très élevés et elles connaissent souvent une fin amère.
Au cours de la 1ère semaine de la nouvelle année en Iran (à partir du 20 mars 2024), deux porteurs ont perdu la vie à cause d'une fusillade et du froid. En outre, depuis la mi-octobre 2023, on observe une augmentation inquiétante des meurtres de koulbars.

Une femme et deux hommes exécutés à la prison centrale de Tabriz
IHRS, 27 mars 2024
Le mercredi 27 mars 2024, trois prisonniers, dont une femme, ont été exécutés à la prison centrale de Tabriz pour des accusations liées à la drogue.
La première exécution de la nouvelle année iranienne (21 mars) a eu lieu le 26 mars 2024 à cette prison. Abbas Aghaei, 36 ans, originaire de Tabriz, avait été arrêté il y a 28 mois pour trafic de stupéfiants et condamné à mort. Son père est décédé et Abbas était le tuteur de ses jeunes frères et sœurs. 
A l’aube du 18 mars, Yasin Zulfaghari et sa femme ont été exécutés à la prison centrale de Tabriz sur la base d'accusations liées à la drogue.
Zulfaghari et sa femme, dont l'identité est inconnue, étaient originaires de Jolfa et condamnés à mort dans une affaire commune liée à la drogue.
Au cours de l'année iranienne 1402 (2022-2023), au moins 810 prisonniers ont été exécutés, dont 21 femmes. Les femmes sont en général exécutées dans le silence et la censure des médias gouvernementaux.

Une convertie au christianisme condamnée à la prison et à l’interdiction de voyager
HRANA, 26 mars 2024
La branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Laleh Sa'ati, convertie au christianisme, à 2 ans de prison et  à l’interdiction de quitter le pays. Elle est condamnée pour "actions contre la sécurité nationale". Selon des informations Sa'ati résidait en Malaisie avant son retour en Iran. Elle serait en mauvaise santé mentale et souffrirait d'une grave dépression depuis son incarcération. Cette femme a été arrêtée par les forces de sécurité le 13 février 2024 et initialement détenue dans le quartier des femmes de la prison d'Evin, puis transférée à plusieurs reprises dans le pavillon 209 pour être interrogée par des agents du ministère du Renseignement.


Appels à libérer Maryam Akbari Monfared, 14 ans de prison sans congé
IranHRS, 19 mars 2024
Plus de soixante femmes détenues pour des raisons politiques ont uni leurs forces dans une lettre demandant la libération de Maryam Akbari-Monfared, symbole de l'injustice persistante sous le régime clérical iranien. 
Maryam Akbari Monfared, prisonnière politique en exil, est en prison depuis 14 ans sans un seul jour de congé.
À la veille du Nouvel An iranien (Norouz) 1403, 64 de ses anciennes compagnes de cellule, dont certaines ont été libérées et d'autres sont toujours en prison, ont signé une déclaration demandant sa libération inconditionnelle.

ONU-Iran
La Mission internationale indépendante d'établissement des faits sur l'Iran présente ses conclusions 
AFIF, 19 mars 2024
Le 18 mars 2024, la Mission internationale indépendante d'établissement des faits sur l'Iran a présenté ses conclusions au Conseil des droits de l'homme lors de sa 55e session.
Malgré les difficultés rencontrées pour établir la communication avec les autorités iraniennes, la mission d'enquête a méticuleusement documenté divers incidents et schémas de violations des droits. 
De la mort tragique de Jina Mahsa Amini en détention à l'usage de la violence contre des manifestants pacifiques entraînant des exécutions illégales, le rapport brosse un tableau troublant d'abus systémiques. En outre, les violations documentées, notamment les exécutions extrajudiciaires, la torture, le viol, les disparitions forcées et la persécution fondée sur le sexe, soulignent la nécessité urgente de rendre des comptes et de rendre justice aux victimes et aux survivants. 
La répression violente de Téhéran contre les manifestations pacifiques et la discrimination à l’égard des femmes et des filles ont entraîné de graves violations des droits, dont beaucoup constituent des crimes contre l’humanité, a conclu vendredi une mission d’enquête de l’ONU.

Rapport final du Rapporteur spécial sur la situation des droits humains en Iran
AFIF, 19 mars 2024
Le 18 mars 2024, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Iran, a présenté son rapport final (A/HRC/55/62) à la 55ème session du Conseil des droits de l'homme à Genève.
Le Dr. Javaid Rehman s’est dit préoccupé par la hausse alarmante des condamnations à la peine de mort, y compris pour des délits liés à la drogue et pour des délinquants juvéniles.  
Il demande aux autorités iraniennes de légiférer pour abolir immédiatement la peine de mort pour toutes les infractions. 
Le Rapporteur spécial demeure préoccupé par la répression constante des droits des femmes et des filles et par les informations selon lesquelles, depuis avril 2023, les autorités utilisent de plus en plus des méthodes de maintien de l’ordre brutales et autoritaires à l’égard des filles et des femmes qui s’opposent aux lois relatives au port obligatoire du hijab. Plus d’un million de SMS ont été envoyés à des femmes pour les menacer de confiscation de leurs véhicules si elles circulaient non voilées et ces menaces ont été mises à exécution par milliers. Les autorités de l’État ont fermé de force des centaines d’entreprises parce qu’elles ne faisaient pas respecter le port obligatoire du voile et d’innombrables femmes ont été privées d’accès à l’éducation, aux transports publics et aux services bancaires…
Javaid Rehman exhorte la communauté internationale à demander des comptes sur des événements emblématiques de longue date qui ont bénéficié d'une impunité persistante, notamment les disparitions forcées et les exécutions sommaires et arbitraires de 1981 et 1988, ainsi que les manifestations de novembre 2019.

Les femmes non voilées et mal voilées devront payer une amende de 3 millions de tomans dès la nouvelle année iranienne
women.ncr-iran.org, 12 mars 2024
Intensification de la répression à l’encontre des femmes sous le prétexte du hijab ; 30 millions d’Iraniennes risquent d’être accusées de ne pas porter le voile ou de ne pas le porter correctement.
Au cours de la prochaine année persane, les personnes surprises à ne pas porter le voile dans les espaces publics se verront infliger une amende de 3 millions de tomans, comme l’a annoncé un membre du parlement du régime, originaire d’Ispahan. Cette amende sera appliquée par le biais d’un système directement lié aux comptes bancaires des individus, déclenché par la surveillance des caméras de vidéosurveillance ou le contrôle en ligne. (Site web officiel eghtesadnews.com, 11 mars)
C’est la police qui sera chargée d’appliquer les amendes. Les officiers de police identifieront les violations et, après confirmation, déduiront le montant spécifié du compte bancaire du contrevenant en utilisant son code national et ses informations personnelles (Site web officiel tabnak.ir, 11 mars)
Amende de 56 € à toutes les femmes qui enfreignent les règles relatives au hijab 
(Iran Focus, 11 mars 2024)

Le Canada sanctionne des responsables iraniens pour violation des droits des femmes
Iran Focus/CSDHI, 11 mars 2024
Le vendredi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le gouvernement canadien a annoncé des sanctions à l’encontre de Masoud Dorosti, PDG du métro de Téhéran, et de Zahra Elahian, représentante au Majlis (parlement) du régime, pour leur implication dans la répression des citoyens iraniens, en particulier des femmes et des jeunes filles.024

Cette théologienne iranienne qui rejette le voile obligatoire au nom du Coran
Le Figaro, 9 mars 2024
L'universitaire Sedigheh Vasmaghi s'insurge publiquement contre le code vestimentaire en vigueur en Iran, défiant les mollahs par son refus, elle aussi, de porter le voile. L’originalité de sa fronde, en écho au mouvement «Femme, Vie, Liberté», est qu’elle procède d'études approfondies du Coran et des paroles du Prophète. Un pas de plus dans le combat des Iraniennes pour la liberté.

Accusées d’avoir "brisé les normes sociales en dansant", deux jeunes femmes arrêtées à Téhéran - Vidéo d’Iran
sudouest.fr/AFP, 9 mars 2024
Au lendemain de la journée internationale des droits des femmes, la répression continue en Iran avec l’arrestation de deux jeunes femmes, après la publication d’une vidéo les montrant en train de danser sur une place publique.
Le Nouvel An persan approche et ce qui devait être un instant de célébration, s’est transformé en répression. Un média local a annoncé ce samedi l’arrestation de deux jeunes femmes en Iran après la diffusion d’une vidéo dans laquelle elles dansent pour célébrer l’arrivée du Nouvel An.
La vidéo de ces deux jeunes femmes se déhanchant près de la place Tajrish, un lieu fréquenté du nord de Téhéran, est devenue virale sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Elles étaient déguisées en Hadji Firouz, un personnage folklorique vêtu de rouge dont la danse et les chants annoncent l’arrivée de Norouz, le Nouvel An iranien qui commence le 20 mars cette année.
« Le procureur de Téhéran a ordonné l’arrestation de deux femmes ayant brisé les normes sociales en dansant à Tajrish », a rapporté l’agence de presse Tasnim.
De nombreuses vidéos de femmes dansant dans des lieux publics, notamment dans le métro, sont devenues virales en Iran ces derniers mois, après le mouvement de contestation qui a secoué l'Iran fin 2022 à la suite de la mort de Mahsa Amini. 

Rapport spécial
Un aperçu sur la situation des femmes détenues dans les prisons iraniennes
Société iranienne des droits de l'homme, 8 mars 2024
https://iranhrs.org/%d9%86%da%af%d8%a7%d9%87%db%8c-%d8%a8%d9%87-%d9%88%d8%b6%d8%b9%db%8c%d8%aa-%d8%aa%da%a9%d8%a7%d9%86-%d8%af%d9%87%d9%86%d8%af%d9%87-%d8%b2%d9%86%d8%a7%d9%86-%d8%b2%d9%86%d8%af%d8%a7%d9%86%db%8c-%d8%a7/

66 prisonnières politiques dans les cachots du régime misogyne des mollahs


Iran : Campagne draconienne d'application des lois sur le port obligatoire du voile par le biais de la surveillance et de la confiscation massive de voitures 
Amnesty International, 6 mars 2024
Les autorités iraniennes mènent une campagne de grande ampleur pour faire appliquer les lois répressives sur le port obligatoire du voile en surveillant à grande échelle les femmes et les jeunes filles dans les espaces publics et en 
procédant à des contrôles de police massifs ciblant les conductrices.
Des dizaines de milliers de femmes se sont vu confisquer arbitrairement leur voiture pour avoir défié les lois iraniennes sur le port du voile. D'autres ont été poursuivies et condamnées à la flagellation ou à des peines de prison, ou ont dû faire face à d'autres sanctions telles que des amendes ou l'obligation de suivre des cours de "moralité". 
Les témoignages de 46 personnes - 41 femmes, dont une transgenre, une jeune fille et quatre hommes - recueillis par Amnesty International en février 2024, ainsi que l'examen de documents officiels, notamment de verdicts de tribunaux et d'ordonnances de poursuites, indiquent qu'une multitude d'organismes publics sont impliqués dans la persécution de femmes et de jeunes filles pour avoir simplement exercé leur droit à l'autonomie corporelle et à la liberté d'expression et de croyance. L'organisation a publié des extraits de 20 de ces témoignages afin de donner un aperçu de l'effrayante réalité quotidienne à laquelle sont confrontées les femmes et les jeunes filles en Iran.

6ème mardi de grève de la faim des prisonniers politiques contre les exécutions
iranhrs.org, 5 mars 2024
Le mardi 5 mars 2024, des prisonniers politiques ont entamé une grève de la faim d'une journée pour protester contre les exécutions généralisées dans certaines prisons iraniennes. C'est la 6ème semaine que des prisonniers entament des grèves de la faim le mardi, appelées "mardis anti-exécutions", pour protester contre les exécutions arbitraires dans les prisons iraniennes.
Des prisonniers de la prison d'Evin (pavillon 4 et pavillon des femmes), de la prison de Vakilabad à Machhad, de la prison de Qezel Hesar, de la prison de Khorramabad et de la prison centrale de Karaj ont participé à la grève de la faim. Dans leur annonce de la grève de la faim, les prisonniers ont déclaré que le régime, après sa défaite aux élections, reprendrait les exécutions, et ils ont appelé à cette grève de la faim pour empêcher de nouvelles exécutions.
Ils ont également appelé les prisonniers de tout le pays à se joindre à la grève de la faim et ont exhorté les médias indépendants à soutenir ces grèves.

Iran: au moins 834 personnes exécutées en 2023, un record depuis 2015, selon 2 ONG
AFP/Le Figaro, 5 mars 2024
Pas moins de 471 personnes ont été exécutées pour des affaires liées à la drogue et au moins 282 individus l’ont été pour meurtre
Au moins 8 manifestants exécutés en 2023
Une augmentation «alarmante» de 43% par rapport à 2022. Selon le rapport annuel des ONG Iran Human Rights et Ensemble contre la peine de mort, l’Iran a exécuté au moins 834 personnes en 2023, le chiffre le plus haut depuis 2015.
«Le nombre d'exécutions a littéralement explosé en 2023, souligne ce 16e rapport des
ONG sur la peine de mort en Iran. «C'est la seconde fois en 20 ans que le nombre d'exécutions dépasse le seuil de 800 par an. (C’est un chiffre) effroyable».
Les exécutions en Iran - un des pays qui exécute le plus avec la Chine et l'Arabie saoudite - s'effectuent par pendaison strangulation. En 2023, au moins 22 femmes ont été exécutées dans la République islamique d'Iran, le nombre le plus élevé de ces dix dernières années, rapportent ces ONG. En 2015, les autorités iraniennes avaient procédé à l'exécution de 972 personnes, rappelle Iran Human Rights (IHRNGO), basé en Norvège, et Ensemble contre la peine de mort (ECPM), basé à Paris.

Iran: exécution d'une personne accusée d'espionnage pour le compte d'Israël
AFP/Le Figaro, 3 mars 2024
La justice iranienne a exécuté une personne pour une attaque de drone ayant visé un site du ministère de la Défense dans le centre de l'Iran l'année dernière, ont rapporté dimanche des médias d'État.
Cette personne avait été arrêtée après une attaque de drone menée en janvier 2023 contre une infrastructure du ministère de la Défense. Son identité n’a pas été précisée.

Rapport annuel de FIJ -  liberté de presse en Iran
ifj-farsi.org, 3 mars 2024
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a publié son rapport annuel sur la liberté de la presse en Iran, dressant un tableau inquiétant de la répression continue à laquelle sont confrontés les journalistes en 2023. Le rapport fait état d’un ciblage systématique des travailleurs des médias, y compris des arrestations, des emprisonnements, des pertes d’emploi et des fermetures de publications.  En 2023, 27 journalistes ont été arrêtés, 27 convoqués et 21 condamnés à l’emprisonnement. Selon la FIJ, ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une longue série de restrictions imposées par le gouvernement à la liberté des médias en Iran, favorisant un climat de peur et d’autocensure.

Iran : l'auteur d'un hymne protestataire condamné à plus de 3 ans de prison
Euronews/AP, 2 mars 2024
Le chanteur iranien Shervin Hajipour, qui a gagné un Grammy, a été condamné à une peine de 3 ans et 8 mois de prison pour "propagande contre le système" et "encouragement à manifester". 
Le tribunal a prononcé cette peine en partie parce qu'il a estimé que le chanteur n'avait pas exprimé de regrets concernant la publication de la chanson.
Il lui a également imposé une interdiction de voyager pendant 2 ans et il lui a été ordonné de créer une chanson sur les "crimes américains" et de publier des messages sur ces prétendus crimes, en ligne.
Shervin Hajipour a déjà purgé une partie de sa peine de prison, mais il avait été libéré sous caution dans l'attente de la décision du tribunal. 
Les paroles de sa chanson, "barayé", énumèrent les raisons que de jeunes Iraniens ont publiées en ligne pour expliquer pourquoi ils ont protesté contre la théocratie au pouvoir en Iran après la mort de Mahsa Amini en septembre 2022, après avoir été arrêtée par le police des mœurs.
Les manifestations se sont rapidement transformées en appels à renverser les dirigeants religieux de l'Iran. La répression qui s'en est suivie a fait plus de 500 morts et plus de 22 000 personnes ont été arrêtées.
 
"Elections" législatives en Iran
Dans une extraordinaire démonstration de désobéissance civile, la population iranienne a massivement boycotté les élections législatives du vendredi 1er mars, portant un coup significatif à la façade de gouvernance démocratique du régime.

. En Iran, les législatives accentuent l’exclusion des réformateurs
Une forte abstention est attendue vendredi, à l’occasion des premières élections depuis l’importante vague de contestation de l’automne 2022 
En Iran, les étudiants boycottent massivement les élections : "Le régime a le sang du pays sur ses mains"
Les Iraniens sont appelés à élire le 1er mars leur Parlement et l’Assemblée des experts, chargée de désigner un prochain Guide suprême. Le taux d’abstention s’annonce record, alors que les appels au boycott se multiplient (Le Figaro, 1er mars)
. Malgré les appels répétés des dirigeants du pays, dont Ali Khamenei, exhortant les citoyens à participer, la réponse est loin d'être satisfaisante. Les rapports émanant du siège social de l'OMPI, des témoins oculaires et des journalistes décrivent un Téhéran où le taux de participation est nettement inférieur à celui des élections de 2020 
Un boycott monumental et un régime en crise
Extraordinaire démonstration de désobéissance civile (stopfundamentalism.com, 2 et 7 mars)
. Echec lamentable de Khamenei dans sa farce électorale 
boycottée par 80% des Téhéranais 
Faible participation, achat de voix et tactiques de répression dévoilées (CNRI, 4 mars)
. Le pouvoir religieux iranien a été mobilisé autour du scrutin législatif du 1er mars. L'enjeu n'était pas le résultat. Dans un système autocratique, les candidatures, et donc les résultats sont contrôlés par le pouvoir. L'enjeu était le taux de participation.... Le peuple iranien n'a pas répondu présent... (Le Monde Décrypté)
.Victoire sans surprise des conservateurs après une abstention sans précédent aux législatives
La principale coalition de partis réformateurs, le Front des réformes, avait annoncé son refus de participer à ces « élections dénuées de sens » compte tenu de la disqualification de nombre de ses candidats avant le scrutin. (Le Monde avec AFP, 4 mars)