Katana

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Katana
Image illustrative de l'article Katana
Des katana posés sur un râtelier.
Présentation
Pays d'origine Japon
Type Sabre
Époque Depuis le XIIe siècle
Poids et dimensions
Masse 0,8 à 1,3 kg
Longueur de la lame 60 à 80 cm
Caractéristiques techniques
Matériaux Acier brut (tamahagane)
Daishō (paire de sabres traditionnels portée par les samouraïs) détenu par le clan Uesugi (fin de la période Edo).

Le katana (ou かたな?) est un sabre (arme blanche courbe à un seul tranchant) de plus de 60 cm[1]. Par extension, le terme katana sert souvent à désigner l'ensemble des sabres japonais (tachi, uchigatana, etc.).

Symbole de la caste des samouraïs, le katana est une arme de taille (dont on utilise le tranchant) et d'estoc (dont on utilise la pointe) à deux mains. Il est porté glissé dans la ceinture, tranchant dirigé vers le haut à la ceinture du côté gauche (vers le bas aussi si le porteur est un cavalier). L'ensemble wakizashi-katana s'appelle le daishō.

Historique[modifier | modifier le code]

Samouraï de la période Edo avec un tachi et un wakizashi (ou kodachi).

La première référence au Katana est trouvée dans le Nihon shoki (Annales ou Chroniques du Japon), achevé en 720. Ce terme est un mot composé de kata (un côté, comprendre un tranchant) et na, (lame). Cependant, sa production dépasse celle du tachi pendant l'époque de Muromachi (après 1392). Durant certaines périodes pacifiées de l'histoire japonaise, le katana avait plus un rôle d'arme d'apparat que d'arme réelle.

Description[modifier | modifier le code]

Le katana est un nihonto (sabre japonais) courbe qui se porte glissé dans l’obi (ceinture) tranchant vers le haut, à la différence du tachi, l'épée de cavalerie.

Le katana a une taille de lame supérieure à deux shaku (deux fois 30,2 cm) soit 60 cm mais cette longueur peut varier selon les périodes et techniques de guerre. Il se manie généralement à deux mains, mais certaines techniques, comme la technique à deux sabres de Miyamoto Musashi, ou des techniques impliquant l'utilisation du fourreau, supposent le maniement à une main. Sa poignée (tsuka), suivant le climat politique, variait entre la largeur de deux ou trois mains. La tsuka commence par une garde (tsuba) qui protège la main, et se termine par une extrémité utilisée pour porter des coups (tsuka-gashira ou kashira). Le poids d'un katana standard varie de 800 grammes à 1 300 grammes.

Fabrication[modifier | modifier le code]

Différentes lames de katana et de wakizashi au musée Guimet à Paris.

Terminée en biseau, la lame du katana est traditionnellement forgée à partir d'un acier brut nommé tamahagane, transformé en acier composite. Dur pour l'enveloppe, et plus souple pour le cœur, ils sont chacun feuilletés de nombreuses fois, puis intimement soudés l'un à l'autre à la forge. Ensuite, en recouvrant d'un mélange d'argile isolant le dos et les flancs, la lame subit une « trempe sélective », qui créera sa courbure caractéristique et qui conférera à l'arme les qualités combinées de dureté du tranchant ainsi que de résistance aux chocs pour l'ensemble. Le processus complexe de création du katana est dû à la mauvaise qualité du minerai disponible au Japon avant l'époque moderne.

L'étape suivante est le polissage, effectué par un togishi qui affûte la lame en révélant les structures cristallines à l'aide de pierres volcaniques à grain décroissant.

Parties[modifier | modifier le code]

La lame ainsi que la poignée d'un katana comportent plusieurs parties qui ont chacune été codifiées précisément ; ceci marque l'importance que la culture japonaise accorde au sabre :

Les diverses parties détaillées, en japonais, d'un katana.
  • Habaki : pièce métallique située à la base de la lame ; elle sert à « verrouiller » le sabre dans le fourreau (saya), à éviter qu'il ne tombe ; pour dégainer, l'escrimeur pousse sur la garde (tsuba) avec le pouce pour faire sortir le habaki du saya et pouvoir tirer la lame ;
  • lame ;
    • nakago : soie, partie insérée dans le tsuka et percée d'un ou deux mekugi ana (trou permettant le passage du mekugi) ;
      • hitoe : dos de la soie ;
      • mei : signature gravée dans la soie identifiant le forgeron ;
      • yasurime : traits de lime organisés sur la soie, varient selon les écoles ;
    • mine machi : décrochement sur le dos de la lame, marquant le début du dos de la soie (hitoe) ;
    • mune : dos de la lame ;
    • bohi : gouttière, permettant d'alléger la lame sans réduire sa résistance, et peut-être — mais cette hypothèse est controversée — d'éviter l'effet de succion lors de la pénétration ou du retrait de la lame dans les chairs ;
    • yakiba : partie trempée sans argile de la lame, bordée par la ligne de trempe (hamon). Présente différentes formes : vagues, boîtes, etc ;
    • Hamon : Démarcation entre le Yakiba et le haut de la lame recouverte d'argile pendant la trempe. Le Hamon est visible grâce aux cristaux de martensite, résultat du refroidissement rapide du carbone, le figeant en structure de réseau cristallin martensitique[2]. Chaque forgeron peut choisir son motif en le dessinant à l'argile avant la trempe.
    • hasaki : tranchant de la lame ;
    • shinogiji : partie parallèle des flancs, verticale lorsque le sabre est porté à la ceinture ou bien en garde ;
    • arêtes : la partie parallèle des flancs de la lame (shinogiji) a une certaine épaisseur ; la lame s'affine vers la pointe (kissaki) et vers le tranchant (hasaki), la transition de la partie parallèle et les parties s'affinant forment trois arêtes qui se rencontrent en un point nommé mitsukado ;
      • shinogi : arête latérale de la lame ;
      • yokote : arête séparant la pointe (kissaki) du reste de la lame ;
      • koshinogi ;
    • mono-uchi : les 9 cm à partir du yokote ; c'est principalement avec cette partie que sont effectuées les coupes ;
    • kissaki : pointe biseautée ; elle est séparée du reste de la lame par une arête, le yokote ;
    • sashi omote : lorsque le sabre est porté à la ceinture (sur le flanc gauche, courbure vers le haut), c'est la partie présentée au public (omote), la partie côté extérieur ; lorsque le guerrier est en garde (kamae), c'est le flanc gauche de la lame ; c'est également ce côté qui est présenté lorsque la lame est sur un présentoir ;
    • sashi ura : lorsque le sabre est porté à la ceinture, c'est la partie cachée (ura) ; lorsque le guerrier est en garde (kamae), c'est le flanc droit de la lame ;
La pointe d'un katana.
  • saya : fourreau ; il est fait de bois de magnolia qui, bien séché, est absorbeur d'humidité, limitant l'oxydation des lames ; il est recouvert de laque traditionnelle (22 couches) d'aspect lisse ou granulé à motif avec ou sans incrustation. Celle-ci avait deux vertus : rendre étanche l'ensemble sabre-fourreau et rigidifier le fourreau fait de magnolia fragile ;
    • koiguchi : entrée du saya ;
    • sageo : cordelette sur le fourreau ;
    • kurigata : petit anneau, pour y attacher le sageo ;
    • shito-dome : bosse sur le fourreau, au niveau de la sageo.
  • sepa : parties métalliques entre le tsuba et le habaki, ainsi qu'entre la tsuba et la tsuka, guidant la soie (nakago) lors de son insertion dans la tsuka et servant à réduire le jeu inévitable avec le temps entre tsuka, tsuba et habaki ;
  • tsuba : garde ;
Un tsuba[3] (garde) de l'époque d'Edo. Le trou central est celui où passe la lame.
  • tsuka : poignée. Son cœur est constitué de deux coques de bois de magnolia ;
  • fuchi : virole entre le tsuka et le tsuba ;
    • kashira ou tsukagashira : décoration au bout du pommeau ;
    • menuki : broche d'ornement sur la poignée qui aide également à la prise en main ; elle n'est pas posée au même niveau sur la face omote que sur la face ura ;
    • mekugi : goupille de bambou qui fixe la lame à la tsuka ; la soie (nakago) de la lame et la tsuka sont percées, et le mekugi les traverse de part en part ;
    • same-hada ou same-kawa[4] : respectivement peau de requin ou de raie pastenague qui recouvre le bois de la tsuka ; cette peau (contenant de la silice) collée autour ou sur chaque flanc de la poignée servait notamment à l'extrême rigidité de celle-ci ;
    • tsuka ito ou tsuka maki : laçage de tresse spéciale en soie ou coton, ou encore de cuir autour de la poignée, permettant une meilleure préhension et de maintenir les deux coques constituant la tsuka. Il existe différents types de laçage en fonction de l'utilisation du katana : combat, guerre, apparat, etc.

Présentation[modifier | modifier le code]

Daishō, le couple traditionnel de deux épées japonaises qui étaient le symbole du samouraï, montrant l'étui d'épée japonais traditionnel (koshirae) et la différence de taille entre le katana (en bas) et le wakizashi, plus petit (en haut).

Lorsque le katana est sur son présentoir, katana kake, il est placé :

  • dans son fourreau (saya) ;
  • tranchant vers le haut ;
  • face publique (omote) visible, tsuka sur la gauche ;
  • à gauche de soi.

Le plus souvent, seule la « monture » ou koshirae du sabre est exposée ainsi (tsuka, tsuba et saya, maintenus ensemble par une lame en bois, le tsunagi). En effet, la lame est souvent rangée dans une monture de protection hermétique en bois blanc, dite shirasaya (« fourreau blanc », qui n'est pas destinée au combat).

En temps de paix, le katana se pose sur le présentoir, la tsuka côté gauche, alors qu'en temps de guerre, la tsuka est à droite, ceci afin de permettre une sortie plus rapide du katana en cas de danger. Les ciseaux de coiffure sont pensés sur l'art de la fabrication des katana.

Forgerons célèbres[modifier | modifier le code]

Dans les arts martiaux[modifier | modifier le code]

Pour l'entraînement au katana, on utilise cinq types de sabre d'entraînement :

  • le iaitō (居合刀 "sabre d'iai"), réplique en métal (un alliage d'aluminium et de zinc), non tranchante, d'un katana ; cette déclinaison du sabre japonais est l'outil d'entraînement de prédilection des pratiquants de iaidō (居合道) ;
  • le bokken (木剣 "epée de bois"), sabre en bois rigide ; c'est une arme en soi (le célèbre samouraï Miyamoto Musashi a remporté son fameux duel contre Sasaki Kojirō avec un bokken improvisé en taillant une rame de la barque qui l'emmenait sur le lieu du duel). Il est utilisé par les pratiquants de iaidō pour des combats, et par les pratiquants d'aïkido et de kendo dans des katas ;
  • le suburitō (素振り刀 "sabre à suburi"), sabre en bois rigide et lourd, destiné à s'entraîner aux coupes dans le vide (suburi) en se musclant ;
  • le shinai (竹刀 "sabre de bambou"), formé par des lamelles de bambou maintenues par une gaine de cuir ; ce sabre permet de porter des frappes réelles sans danger, moyennant des protections corporelles, et est utilisé par les pratiquants du kendo (剣道) ;
  • le shinken (真剣 "épée véritable"), qui est un katana authentique et aiguisé ; il est utilisé principalement pour les coupes, comme dans le batto do et le tame shigiri, contre des cibles constituées de tatamis ou de nattes de paille roulées. Les hauts gradés (5e dan ou plus) en kenjutsu et en iaidō les utilisent pour passer des examens ou effectuer certains katas.

Il existe aussi maintenant des katana en matériaux modernes, souples et flexibles, permettant de porter des assauts plus virulents et sans danger, utilisés en chanbara.

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Le katana tient une place non négligeable dans le septième art, japonais, bien sûr, avec le chambara mais également occidental.

Dessins et séries animées[modifier | modifier le code]

  • Dans Les Samouraïs de l'éternel, Ryo Sanada, le samouraï qui tire sa force du feu, est armé de deux katana lui permettant d'invoquer les pouvoirs du feu.
  • Dans Samurai Deeper Kyo, qui mélange la bataille de Sekigahara avec la fiction, l’art du kenjutsu est omniprésent.
  • Dans Samurai Champloo, le chanbara et le hip-hop se mélangent avec de grands combats à l’épée.
  • Dans Kenshin le vagabond, le héros pacifiste développe une technique de combat avec un katana à lame inversée, et donc non tranchante.
  • Dans Reborn!, le katana est utilisé par différents personnages tels que Yamamoto Takeshi.
  • Dans Katanagatari, les différents styles de combat au katana sont montrés (dégainage à genoux, kendo, etc.) ainsi que le lien qu'il y a entre l'arme et son propriétaire.
  • Dans Inu-Yasha, le héros utilise Tessaiga, un katana capable de devenir un énorme croc doté de pouvoirs surnaturels.
  • Dans Shaman King, Yoh Asakura se lie avec Amidamaru, le fantôme d'un samouraï et le matérialise dans son katana, appelé Harusame.
  • Dans Le Garçon et la Bête, les animaux du royaume des bêtes s'affrontent parfois au katana pour décider qui aura raison.
  • Dans Code Lyoko, Ulrich a deux katana comme armes.
  • Dans Dragon Ball, Yajirobe possède un katana.
  • Dans Samouraï Jack, le héros utilise un katana magique qui lui vient de son père, permettant de vaincre le démon Aku.
  • Dans Pucca, Garu et Tobe qui possèdent des katana.

Bande dessinée et manga[modifier | modifier le code]

Jeux vidéo[modifier | modifier le code]

  • Dans Clive Barker's Jericho, le sergent Wilhelmina « Billie » Church manie un katana.
  • Dans Soulcalibur, Mitsurugi a pour arme de prédilection un katana.
  • Dans Mortal Kombat, Kenshi possède un katana du nom de Sento.
  • Dans la série Metal Gear Solid, plusieurs personnages apparaissent avec un katana comme arme, notamment Deepthroat de Metal Gear Solid, Raiden et Solidus de Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty ainsi que Jetstream Sam de Metal Gear Rising: Revengeance, ayant un katana nommé Murasama, déformation du mot Muramasa.
  • Dans Devil May Cry 3 : L'Éveil de Dante, Vergil affronte Dante au katana.
  • Dans Assassin's Creed Rogue et Assassin's Creed : Unity, le joueur peut s'équiper d'un katana.
  • Dans For Honor, le katana a une place importante dans la faction des samouraïs.
  • Dans la plupart des jeux de la série Hitman, l'Agent 47 est amené, au gré du joueur, à utiliser des katana pour éliminer ses cibles.
  • Dans Ghost of Tsushima, Jin Sakai, protagoniste principal, fait partie de la caste des samouraïs et utilise, de ce fait, un katana.
  • Dans Final Fantasy VII, Séphiroth, l'antagoniste, est armé de son célèbre katana connu sous le nom de Masamune, inspiré du nom du célèbre forgeron japonais.
  • Dans le jeu vidéo Brawlhalla, un personnage jouable du nom de Koji transporte un katana dans son fourreau malgré le fait que celui-ci se bat avec un arc et une épée.
  • Dans le jeu The Forest, le katana est une arme que le joueur peut trouver et utiliser pour se battre contre des mutants.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Kokan Nagayama, The Connoisseur's Book of Japanese Sword,
  2. « Le Hamon du Katana », sur katanaempire.com, (consulté le )
  3. Sur le tsuba, voir Le Japon. Dictionnaire et civilisation, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , p. 1051-1153.
  4. « Nomenclature d'un katana », sur terressens.com, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gilles Bongrain, Le Katana. Le sabre du samouraï, Crépin-Leblond, (ISBN 978-2-7030-0236-9).
  • Serge Degore, Sabres shinto, Éditions Du Portail, .
  • Serge Degore, Nippon To. Le sabre japonais, Éditions du Portail, (ISBN 978-2-86551-022-1).
  • Gregory Irvine, Le Sabre japonais, âme du samouraï, Désiris, (ISBN 978-2-907653-88-6).
  • (en) Leon et Hiroko Kapp, Yoshindo Yoshihara, The Craft of the Japanese Sword, Kodansha International, .
  • Yoshimura Kenichi, Les Japonais et le Sabre, Typografica, .
  • (en) Kawachi Kunihira et Masao Manabe, The Art of the Japanese Sword: As Taught by the Experts, Floating World, .
  • (en) Kokan Nagayama, The Connoisseurs Book of Japanese Swords, Kodansha International, .
  • (en) Kanzan Sato, The Japanese Sword: A Comprehensive Guide, Kodansha International, .
  • Clive Sinclare, Samouraï. Les armes et l'esprit du guerrier japonais, ETAI - Du May, , 143 p. (ISBN 9782726894316).
  • (en) John M. Yumoto, Samurai Sword: A Handbook, Tuttle, .
  • « 100 armes qui ont fait l'histoire », Guerre et Histoire, no hors série n°1,‎ , p. 60-71 (ISSN 2115-967X).
  • (en) Michael Morimoto, The Forging of a Japanese Katana, 2004

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]