24 mai 2024

Parking souterrain à Vevey: ne pas foncer dans le mur!

Dans deux semaines, le Conseil communal de Vevey se penchera sur le projet de parking souterrain que lui soumet la Municipalité. Sur une question au moins, les avis sont unanimes: le préavis élaboré par la Direction de l’architecture et des infrastructures est bien documenté, les élus disposent de tous les éléments utiles à alimenter leur réflexion et faire un choix éclairé.

Le projet de parking souterrain de la Place du Marché peut néanmoins se préparer à un “enterrement” de première classe. Au vu des avis exprimés par les uns et les autres, c’est désormais une certitude. Ce n’est pas une surprise:  je l’avais dit en début de législature en novembre 2006: ce projet est d’un autre temps et aurait des conséquences désastreuses, puisqu’il constituerait un acte irréversible altérant la valeur patrimoniale de la place et valorisant le transport individuel au détriment d’une mobilité plus douce au centre-ville, cela pour un coût exorbitant. Vevey Libre l’avait répété en 2007 en soulignant le fait que l’on courait à l’échec.

Reste à savoir si l’on s’achemine vers un statu quo sur la place du Marché ou si un consensus peut encore être trouvé afin de permettre une mise en valeur de la place notamment en conditionnant la réduction du nombre de places de parc à la réalisation d’un parking derrière la Gare. Ce fameux consensus qui n’a malheureusement pas été trouvé en Municipalité, pourra-t-il l’être au sein du Conseil communal?

En raison de motifs d’oppositions variés et multiples, à l’issue des travaux de la commission chargée d’étudier ce dossier, une telle issue apparaît aujourd’hui irréaliste. Trouver un bon compromis au sein d’un parlement de cent personnes alors qu’il n’a pas été possible de le trouver au sein d’une Municipalité composée de cinq personnes, paraît pour le moins périlleux.

Comment dès lors sortir de ce cul-de-sac? La seule solution consiste à ce que la Municipalité, constatant qu’elle fonce dans le mur, retire son préavis et reprenne les discussions pour présenter un projet acceptable par une majorité. Sans quoi, son objectif de soumettre la question au verdict populaire ne pourra être atteint. Il ne peut y avoir en effet de référendum que pour contester une décision positive du Conseil communal.

Pour cette raison, j’ai proposé à la Municipalité de mettre cette proposition de retrait à l’ordre du jour de sa séance du jeudi 7 janvier afin de pouvoir sortir de l’impasse. De nombreuses pistes et solutions alternatives figurent dans l’étude effectuée par l’entreprise Estia en collaboration avec différents services de la commune de Vevey, de l’Etat de Vaud et des représentants de milieux économiques et écologistes. Basée sur la méthode multicritères Albatros, elle constitue un catalogue de mesures susceptibles d’améliorer la convivialité du centre-ville et de la place du Marché, souhaitée par les Veveysans.

Jérôme Christen, Municipal  de l’Architecture et des Infrastructures

7 réflexions sur « Parking souterrain à Vevey: ne pas foncer dans le mur! »

  1. Le syndic de vevey et une majorité de la Municipalité seront donc sembe-t-il désavoués. Lui demander de lancer immédiatement dans ces conditions le projet du parking gare lui ferait perdre définitivement la face. Le projet gare se fera de toute façon un jour au vu du développement des transports publics CFF et CEV. Il faut offrir une porte de sortie honorable aux adeptes du parking Marché et laisser s’écouler un peu de temps pour décrisper les fronts. En attendant, le statu quo et l’étude des mesures évoquées sans les associer à la réalisation d’un parking gare sera peut-être de nature à rassembler le plus grand nombre.
    La solution passe aussi par des négociations entre les partis.

  2. Vevey Libre souhaite donc faire durer le plaisir, ou aurait-il soudain peur d’un verdict populaire qui devrait être la suite logique de nos débats au Conseil Communal ?
    Retirer le préavis à ce stade de l’avancement de travaux me paraît tout simplement irresponsable et constitue à mes yeux un déni de démocratie car chacun des élus a pris ses responsabilités et doit les assumer jusqu’au bout.
    Nous ne sommes pas des girouettes.
    J’engage la Municipalité à ne pas suivre la voie prônée par Vevey Libre et à mener à son terme la procédure démocratique, comme le veut le bon sens.
    Au final nous verrons bien qui suivra les élus.
    Charly Teuscher

  3. Jérôme Christen, municipal de Vevey-libre, soutenu dans une démarche séparée par son parti, propose à la Municipalité de Vevey de retirer le préavis 22/2009 portant sur l’avenir de la Place du Marché. La position de Vevey-libre est bien difficile à comprendre, et ce de plusieurs points de vue :

    1. Jérôme Christen effectue une rupture de collégialité publique au sein de la Municipalité… avant de savoir si elle sera nécessaire, : en effet, demander « à la Municipalité de mettre cette proposition de retrait à l’ordre du jour de sa séance du jeudi 7 janvier », implique normalement que l’on pense que cette proposition à une petite chance d’être adoptée. La rendre publique avant la séance, c’est préjuger de la décision qui y sera prise. Ça ressemble plus à un coup de pub qu’à la recherche d’une solution.

    2. Cette initiative met ceux qui la refusent dans l’embarras, car il est difficile d’argumenter à son encontre sans briser au moins partiellement l’embargo sur les travaux de la commission qui a étudié le préavis.

    3. La configuration politique autour de la question de la Place du Marché est connue, dans ses grandes lignes, depuis longtemps. Une première décision sur le plan des investissements, le 7 décembre 2006 (voir http://www.alternatives-vevey.ch/documents/PlaceDuMarche12_06.htm), avait déjà montré que le parking souterrain se heurtait à des oppositions croisées. La commission des finances, en balayant le préavis municipal 22/2008 dans sa séance du 29 septembre 2008 confirmait cette situation. Pourtant, au début des travaux de la commission chargée d’étudier le préavis, il a été clairement affirmé par la Municipalité que la décision de déposer ce préavis était unanime, même si l’opposition du municipal Christen au parking souterrain n’était un mystère pour personne. Les votes finaux de la commission n’ont constitué aucun fait nouveau. La proposition de retrait et la rupture de collégialité, pour être sérieuses, auraient donc dû être faites il y a longtemps… ou pas du tout.

    4. Le préavis tient compte des résistances au parking souterrain, puisqu’il présente quatre variantes (statu quo, soit 440 places de surface ; souterrain de 400 places 60 en surface ; souterrain de 280 places 60 en surface ; 340 en surface). La majorité de la Municipalité a montré sa préférence pour la 3e possibilité en présentant à la commission et au Conseil les conclusions qui y correspondent. Mais elle n’a pas caché que la quatrième solution pourrait lui convenir sans drame. Il a été dit clairement que la réduction de 100 places. Commune à ces deux solutions, faisait l’unanimité de la Municipalité. Contrairement au titre du « Mot du municipal » sur le site de Vevey-libre, il n’y a pas de risque de « foncer dans le mur », puisqu’une large porte de sortie est déjà prévue.

    5. Si la Municipalité retirait son préavis, le résultat concret serait identique à celui d’un vote du Conseil communal le refusant dans son ensemble : l’état actuel de la place serait maintenu, soit une situation particulièrement contraire « à l’amélioration de la convivialité du centre-ville et de la place du Marché » souhaitées par le municipal Christen – et pour combien de temps ?

    6. Un élément important motivant l’initiative de Vevey-libre semble être la supposée « nécessité » de « conditionner la réduction du nombre de places de parc [à la Place du Marché] à la réalisation d’un parking derrière la Gare ». Or cette position a été défendue en commission, s’y est retouvée minorisée, sans pour autant que les délégués de Vevey-libre refusent au vote final les conclusions amendées. Cette condition ne semblait alors pas sine qua non. Pourquoi le serait-elle devenue aujourd’hui ?

    7. Il faut aussi se garder de présenter le parking derrière la Gare comme une solution miracle et sans problème. Certes elle soulève peu d’oppositions, certes elle permet d’éviter qu’une partie du trafic pénètre au cœur du centre-ville. Mais l’accès venant de l’Est et de l’Ouest continuera à utiliser des rues et places surchargées (Guisan, Gare, Clos, Chenevières) et l’accès Nord par Gilamont, s’il était quasi idéal il y a encore quelques années, tend de plus en plus, du fait des transformations et des nouvelles constructions, à traverser une zone de résidence qui a aussi droit à sa tranquillité. Il ne faut pas procéder à un déplacement des nuisances, mais viser à leur réduction globale. De ce fait le parking derrière la Gare, s’il est souhaitable, ne doit pas être surdimensionné eu égard à ses accès, et ne pourra pas compenser toutes les places de parc qui pourraient être à l’avenir être supprimées au centre-ville.

    8. Quant au fond, cette « nécessité » de compenser les places de parc supprimées par d’autres ailleurs doit être relativisée. Prise à la lettre, elle est aussi – comme le parking souterrain – « d’un autre temps » et « valorise le transport individuel au détriment d’une mobilité plus douce au centre-ville ». Une part au moins de la compensation de la réduction du nombre de places de parc dans les centres-villes doit se faire par un transfert modal vers la mobilité douce et les transports en commun. Or des mesures améliorant les transports en commun sont déjà à bout touchant. On doit considérer qu’elles pourront absorber une partie de la réduction de 100 places. Faire aujourd’hui tout capoter pour cette seule raison n’est pas responsable.

    9. Car contrairement à ce que semble dire Jérôme Christen, la commission, représentative du Conseil communal, n’a pas abouti à rien. Certes les décisions auxquelles elle a abouti sont le résultat de majorités différentes selon les points particuliers. Mais elle a aussi procédé à un vote final majoritaire qui valide l’ensemble de ces points. Il n’y a aucune raison de penser a priori que ces résultats ne se reproduiront pas devant le Conseil communal et que tout sera refusé. Rien n’est évidemment exclu, mais pourquoi choisir à l’avance le scénario le pire ? A moins que Vevey-libre ne soit déterminé tourner lui-même ce scénario-là, c’est-à-dire à faire de la condition du parking derrière la Gare un motif de refus global ?

    10. Ce serait incompréhensible et injustifiable, car – sans en trahir le détail – les décisions de la commission vont dans le sens de ce que souhaite Vevey-libre ! Notamment par l’approbation de la réduction de 100 places – qui permet « une mise en valeur de la place » – et par la renonciation au parking souterrain – qui préserve l’avenir et permet la mise en place ces prochaines années des « nombreuses pistes et solutions alternatives figurant dans l’étude effectuée par l’entreprise Estia en collaboration avec différents services de la commune de Vevey, de l’Etat de Vaud et des représentants de milieux économiques et écologistes ».

    Il faut souhaiter que Jérôme Christen et Vevey-libre se reprennent, et vite !
    A. Gonthier

  4. Il y a un an environ, j’ai proposé de tenir compte sérieusement des besoins des pendulaires, qui comme moi, viennent chaque jour en voiture, soit faute d’alternatives satisfaisantes (ex: dans mon cas, habitant des hauts de Montreux, le voyage en transports public est beaucoup trop long), soit parce qu’ils ont besoin de leur véhicule en journée. Mon bureau, à la Rue du Torrent, m’amène à chercher une place dans ce que l’on peut appeler le centre-ville. Je dépense des fortunes en coûts de stationnement, agrémentés parfois d’une amende. Je serais prêt à louer une place à l’année, près de la gare. J’éviterais ainsi de déranger les habitants chaque matin, en cherchant une place de parc. Je connais de nombreuses autres personnes dans ce cas. Si la Place du Marché voit son nombre de places de stationnement diminuer, il faut créer, simultanément, des places ailleurs, vers la gare. Si parquer au centre devient trop compliqué pour les pendulaires qui viennent travailler à Vevey, c’est la compétitivité de Vevey sur le plan économique qui sera altérée. Si le projet qui doit être soumis au conseil communal ne tient pas compte de cet aspect, il n’aura que peu de chances d’être approuvé en référendum.

  5. Emmanuel Gétaz aurait pû demander des renseignements à Jérôme Christen, qui aurait été plus précis que moi.

    1) Il est délicat d’inclure dans une décision sur un objet une décision de fait sur un autre.
    Lier la décision sur la Place du Marché à une décision future de construire un parking derrière la Gare pourrait créer un imbroglio juridique, au cas où le parking se réaliserait, mais pas derrière la Gare, ou, au contraire, dans le cas où un parking se réaliserait bien derrière la Gare, mais sans correspondre aux intentions de départ (p. ex. un parking de très petite taille, ou réservé au park and ride).
    Il y aurait aussi le risque que cela affaiblisse la position de la Municipalité lors de la négociation avec des privés (propriétaires du sol et /ou des bâtiments) pour la construction de ce parking, dans la mesure où le Municipalité serait plus ou moins forcée de conclure par cette disposition, même si le prix est exagéré.

    2) Le projet de parking derrière la Gare est déjà au plan des investissements. Il n’y a donc pas d’opposition à son encontre.

    3) La «fenêtre temporelle» où il peut se réaliser est relativement étroite. Notamment parce que ceux qui ont acheté des terrains dans cette zone ne vont pas attendre des éternités avant de les valoriser. Et par définition. le parking sous des immeubles doit être construit avant les immeubles. Ce qui nous met 2011, voire 2013 comme délai. Ce n’est pas «simultanément», mais pas si lointain. Et peut-être des solutions additionnelles et transitoires pourront-elles être mises en oeuvre.

    AG

  6. Il n’y a d’imbroglio juridique que lorsque des intérêts sectoriels sont suffisamment déterminés pour utiliser la moindre faille. Le cas du Château de l’Aile est à ce titre exemplaire. Et, de nos jours, il faut s’attendre à tout, mais il est vrai plutôt au pire.

    Dans le cas qui nous occupe je ne vois pas où est le risque. Si le Conseil communal accepte un amendement visant à “ne pas procéder à une réduction du nombre de places de parc sur la place du Marché” tant que le parking derrière la gare n’a pas été réalisé, c’est uniquement une contrainte de calendrier.

    Et si pour une raison ou pour une autre le parking derrière la gare ne peut se réaliser, la Municipalité peut revenir devant le Conseil communal avec une alternative et ce dernier a tout loisir de revenir quand il le désire sur ses décisions en fonction de l’évolution de la situation.

    Réduire le nombre de places de parc à la place du Marché sans que des mesures d’accompagnement soient effectives voue cette démarche à l’échec. Et Emmanuel Gétaz a parfaitement raison: ce projet est condamné en cas de référendum. Le risque est grand de se condamner à ne pouvoir mettre en valeur la place du Marché durant plusieurs années en précipitant les choses.

    L’écologie théorique c’est bien, mais l’écologie mise en pratique c’est mieux. Pour le trafic et donc la pollution diminue, il faut que les alternatives (transports publics, parking extérieur au centre-ville) soient réélles, sans quoi, c’est de la sculpture sur nuages. Vevey Libre veut de l’écologie applicable et appliquée, pas des leurres.

    Jérôme Christen, municipal

  7. Concernant «l’imbroglio juridique», je crois que Jérôme sous-estime la force de la condition et son caractère formel, qui exclurait notamment des compensations transitoires par la création d’un certain nombre de places ailleurs. Quant à «revenir sur cette décision», cela voudrait dire un préavis en bonne et due forme, avec toute la procédure qui va avec. pas si simple et rapide que ça.

    Ensuite, il se confirme que ce que veut Vevey-libre, c’est que l’amendement qu’il avait déposé soit remis en jeu et accepté.

    – Alors pourquoi ne pas avoir fait un rapport de minorité sur ce seul point, quitte à le défendre publiquement avant la séance ? Pourquoi avoir fait tout ce cirque, demandé le retrait, rompu la collégialité pour une chose aussi simple ? Pour faire de la pub à Vevey-libre ? Pas sûr que cette pub soir si bonne…

    – Ce qui ne règle pourtant pas le problème: si cet amendement est refusé, est-ce que Vevey-libre préfère le statu-quo (en votant NON au vote final) à la solution proposée par la majorité de la Commission ? Et pourquoi exactement, compte tenu du peu de délai entre l’entrée en vigueur de la diminution et la construction du parking derrière la Gare, ainsi que de la possibilité de mesures transitoires ?

    Ce que je trouve grave dans tout cela, c’est qu’en dernière instance la prise de position de Vevey-libre n’est pas fondée sur un jugement porté sur les mesures proposées, mais sur la crainte du jugement que la population pourrait porter par un vote. Le fond de l’affaire c’est la phrase d’Emmanuel Gétaz cité par Jérôme Christen «ce projet est condamné en cas de référendum». Vachement politicard pour un parti qui se veut «politiquement dégagé». Je ne veux pas dire par là qu’il faut proposer n’importe quoi au vote sans tenir compte de la possibilité que ça passe. Mais, si l’on croit aux capacités de la population de réfléchir et de ne pas voter n’importe quoi pour un intérêt à court terme, rien ne condamne les conclusions de la commission à l’échec devant la population, pour autant que ceux qui les ont portées en commission les soutiennent et se battent pour elles. Evidemment, si Vevey-libre (comme en ce qui concerne la décision du Conseil) se renie et combat de qu’il a voté en commission, ce serait mal-barré. C’est ce qu’on appelle une prophétie auto-réalisatrice.

    Et en quoi le rejet par le peuple serait-il si tragique ? rejet par le Conseil (puisque le retrait est maintenant exclu par la majorité de la Municipalité) ou rejet suite à un référendum, le résultat pratique est le même. Sauf que dans ce cas le débat aura pu se faire et une certain nombre d’idées progresser – pour autant que chaque parti ou groupement défende ce en quoi il croit (et pas ce qu’il pense que le peuple pense).

    Je peux me déclarer d’accord sur le principe avec le fait que «pour que le trafic et donc la pollution diminue, il faut que les alternatives (transports publics, parking extérieur au centre-ville) soient réelles». La question qui est alors posée est: un refus des conclusions de la commission donne-t-il vraiment de meilleures conditions politiques pour que ces alternatives soit mises en place que l’approbation de ces conclusions ? Autre question: pourquoi Vevey-libre n’insiste-t-il que sur le parking et si peu sur les transports en commun ?

    A. Gonthier
    (mais n’y a-t-il vraiment personne d’autre dans cette ville qui s’intéresse à ce que pense Vevey-libre ?)

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