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Les carnets de Volovent

Nostalghia - Andrei Tarkovski

6 Novembre 2007 , Rédigé par vy Publié dans #cinéma

cinenostalghia.jpg
Premier film d'Andrei Tarkovski en exil en Italie, et son avant-dernier film.  
Toujours porté par une très belle esthétique de l'image, travaillée comme un tableau, la caméra fixant suffisamment longtemps les plans larges pour que nous puissions détailler l'ensemble. Si je n'avais pas su que ce film était de Tarkovski, je l'aurais deviné tant des scènes presentent des similitudes avec Stalker. Un monde en ruine ou des maisons aux murs moisis, aux intérieurs en décrépitudes, l'homme "faible" qui pense au sein d'une nature bien vivante. Le film est en couleur avec des scènes en noir et blanc (figurant le souvenir, l'objet de la nostalgie ? une femme un enfant un chien dans un paysage similaire à celui de la couleur). L'atmosphère est lourde, écrasante, mélancolique.
Le film commence dans un cheminement de brume sur une terre verte et humide de la campagne italienne, une voiture s'arrête, une femme descend, elle parle en russe, l'homme qui est encore dans la voiture lui demande de parler en italien (plus tard on saura qu'il ne s'exprime pas très bien en italien, il est de passage). L'histoire est celle de cet homme : "Mon sujet est l'histoire d'un homme russe totalement déboussolé, tant par le torrent d'impressions qui s'abattent sur lui que par son incapacité tragique à les partager avec ceux qui lui sont le plus proche..." dit A. Tarkovski dans Le temps scellé (Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma). Il ajoute : "C'est avant tout l'univers intérieur de l'homme qui m'intéresse. Il m'est beaucoup plus naturel de partir à l'exploration de sa psychologie, de la philosophie qui le nourrit, et des traditions littéraires et culturelles qui sont à la base de son monde spirituel." Pour lui l'intrigue est peu importante.
"Dans Nostalghia, je voulais poursuivre mon thème de l'homme "faible", celui qui n'est pas un lutteur par ses signes extérieurs, mais que je vois comme le vainqueur dans cette vie. [...] Quand je dis que la faiblesse de l'homme est attirante, j'entends l'absence de cette expansion individuelle vers l'extérieur, de cette agressivité contre les gens ou contre la vie en général, ou de cette tendance à asservir les autres pour la réalisation de ses objectifs personnels. En un mot, ce qui m'attire est cette énergie de l'homme qui s'élève contre la routine matérialiste." (Le temps scellé (Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma))
Parmi les autres personnages on citera la femme, russe, très belle, qui voudrait mais n'arrive pas à séduire le poète, aussi un homme fou qui ne supporte plus le monde et finira par s'immoler dans la ville en criant : "ceux qui sont soi-disant 'normaux', ils ont conduit le monde au bord de la catastrophe.". Un chien (comme dans Stalker) qui va et vient étrangement entre deux mondes...
A signaler la présence d'un livre des poèmes traduit en italien d'Arseni Tarkovski (le père d'Andreï... on notera que le film est dédié à sa mère).

Pour sa beauté, son rythme, lent, sa densité, ses couleurs, l'approche intime du personnage, ses dialogues.
 
Nostalghia **** - film italien (1983) d'Andrei Tarkovski - avec Oleg Jankovski, Domiziana Giordano, Erland Josephson,...
 
(retrospective Tarkovski au mk2 Beaubourg)
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