Les Grottes de Kizil à Kuqa dans le Xinjiang

Publié le par Valentin Chaput

Après une petite introduction au bouddhisme chinois, trois articles sont consacrés aux différentes grottes que j'ai visitées cet hiver dans le Gansu et le Xinjiang, puis la semaine dernière à Datong. Je débute avec les grottes de Kizil, qui sont les plus anciennes. C'est le premier article qui traite de mon voyage dans le Xinjiang en février ; je reviendrai bien entendu sur la région plus tard. Le site se trouve à une grosse cinquantaine de kilomètres de la ville de Kuqa, au milieu du Xinjiang. Kuqa (库车) est le nom ouighour d'une ville parfois connue en Occident sous son nom antique de Qiuci ou Guici. En sa qualité d'oasis placé au milieu des routes de communication, Kuqa a été peuplée très tôt, et les petits royaumes de la zone furent des endroits de rencontres culturelles entre Indiens, Chinois, Turcs, Perses et autres. Le nom Kuqa signifie d'ailleurs "carrefour, croisement" en ouighour. Cela a une grande importance, puisque le bouddhisme va d'abord s'implanter dans cette région, dès le Ier siècle ap.JC.


Contrairement au bouddhisme du reste de la Chine, c'est le modèle du Petit Véhicule qui s'impose. Les peintures murales des premières grottes de Kizil datent du IIIe siècle. Puis les quelques dizaines de grottes du site ont été créées progressivement jusqu'au IXe siècle. Malheureusement, les habitants de la région ont pillé les grottes à plusieurs reprises, afin de récupérer l'or que contenaient certaines fresques. Au XIVe siècle, la région se convertit définitivement à l'Islam, et les grottes sont de nouveau visées, notamment les visages des peintures et statues. Les détérioriations ne sont pas terminées puisque, à la redécouverte du site au début du XXe siècle, plusieurs expéditions occidentales, principalement allemande et russe, "découpent" une partie des roches couvertes de fresques pour fournir leurs musées. Les grottes sont par conséquent très endommagées, les photographies sont interdites, et je n'ai pas trouvé de bonne reproduction sur Internet. Vous devrez donc vous passer des images, mais je vous présente à la place deux images des ruines enneigées du temple de Subash. Ce temple bouddhiste dans lequel a séjourné le célèbre moine Xuanzang, est situé à quelques kilomètres des grottes et accueillait les voyageurs et les moines engagés sur la Route de la Soie durant le premier millénaire de notre ère.


Même si je n'ai pas de photos à vous proposer, il me semble que les grottes de Kizil conservent un grand intérêt. En plus de représenter une branche du bouddhisme différente de celle de Dunhuang et Datong, et donc un art différent, ces grottes sont le reflet de ce que fut la Route de la Soie : un formidable brassage culturel. En plus des effigies traditionnelles du bouddhisme, les murs de Kizil contiennent des personnages et symboles indiens, perses et même grecs ! Appolon est représenté en tant que divinité solaire ! C'est à la suite des conquêtes d'Alexandre le Grand que le symbole s'est répandu dans le monde persan, puis sur la Route de la Soie, utilisée pour les échanges. Les mêmes salles présentent également des animaux du zodiaque chinois. On remarque d'ailleurs que les peintures sont de plus en plus sinisantes à mesure que l'on progresse dans le temps, preuve d'un premier intérêt de la Chine pour les territoires de l'actuel Xinjiang. Demain, je vous amène dans le Gansu pour voir les prochaines grottes, qui sont bien mieux préservées et esthétiquement plus intéressantes.

Publié dans Voyages

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