Deux Anglais font basculer la vie de deux Français

Critique journalistique

La maison de production des Films Corona présente, en 1966, un film qui est l’un des plus grands succès du cinéma français : La grande vadrouille. Cette réalisation de Gérard Oury – qui a notamment réalisé Le corniaud, Le cerveau, L’as des as et Le coup de parapluie – est aujourd’hui le film le plus diffusé de la première chaîne française.

Après Le corniaud, Oury rappelle Bourvil et de Funès

C’est sur une musique de Berlioz et de Georges Auric qu’évolue le désormais célèbre duo de Funès/Bourvil, né dans La traversée de Paris et développé dans Le corniaud, en 1965. Pour accompagner ces deux grands acteurs comiques français dans la production de Robert Dorfmann – qui a également produit des films comme Le passe-muraille et Jeux interdits – ont été choisis des acteurs comme Marie Dubois, Colette Brosset, Benno Sterzenbach, Claudio Brook, Mike Marshall et surtout le célèbre acteur britannique au porte-cigarette et aux dents écartées légendaires Terry-Thomas (The mouse on the moon, How to murder your wife, Where were you when the lights went out ?), lequel a d’ailleurs demandé une grosse rémunération en comparaison avec les autres acteurs pour accepter de jouer dans ce film, a avoué Gérard Oury. La grande vadrouille a été filmée en Panavision, dans des lieux comme Paris et Montpellier-le-Vieux.

La Seconde guerre mondiale comme contexte

L’histoire se déroule pendant la Seconde guerre mondiale, en France occupée. Un bombardier de la RAF (Royal Air Force) survole l’Allemagne de nuit, afin d’y lâcher des bombes. Nom de code de l’opération : « Tea for two », du nom d’une chanson de 1925. L’avion fait route pour l’Angleterre, mais une erreur de navigation le fait survoler Paris, où les Allemands le bombardent. Les aviateurs n’ont d’autre choix que de s’éjecter de l’avion, en se donnant rendez-vous aux bains turcs. Pour se retrouver, ils devront siffler la chanson « Tea for two ». L’un des aviateurs anglais, Peter Cunningham (Claudio Brook), atterrit sur l’échafaudage d’Augustin Bouvet (Bourvil), un peintre en bâtiment qui repeint les murs surplombant une Kommandantur. Pour éviter de se faire tirer dessus, les deux hommes doivent prendre la poudre d’escampette. Alan McIntosh (Mike Marshall), quant à lui, se pose sur l’Opéra de Paris et se cache dans la loge du chef d’orchestre Stanislas Lefort (de Funès). Sir Reginald Brook (Terry-Thomas) alias « Big moustache », le chef de l’escadrille, atterrit dans un zoo. Les trois aviateurs, avec l’aide de Bouvet, de Lefort, mais aussi de Juliette (Marie Dubois) et d’une bonne sœur, chercheront d’abord à se retrouver, puis à passer en zone libre pour regagner l’Angleterre. Mais c’est sans compter sur la persévérance du major Achbach (Benno Sterzenbach) qui les traquera jusqu’à la fin du film, en passant par la Kommandantur de Meursault et l’Hôtel du Globe.

Le scénario est original, d’autant plus que l’idée de tourner un film qui se passe pendant la Seconde guerre mondiale était réchauffée. En plus de l’originalité du scénario, il faut souligner sa qualité. Mis à part trois éléments qui posent problème, le scénario est vraiment intéressant et intriguant. Ces trois éléments sont premièrement qu’il semble impossible que Bouvet et Cunnigham parviennent à échapper aux balles allemandes, deuxièmement qu’on peut compter quatre aviateurs qui se parachutent de l’avion de la RAF alors qu’on ne parle finalement que de trois aviateurs pendant tout le film, et finalement qu’il aurait été nécessaire de sous-titrer certaines scènes au lieu de faire dire à de Funès des phrases comme « But if you, you go out, si vous sortez, the Germans [sic!], les Allemands […] ».

Un humour poignant et une authenticité recherchée

Même si le comique des films des années 1960 ne correspond plus au comique de notre siècle, le talent de Louis de Funès fait qu’on ne peut qu’apprécier cet humour. Son rôle de Stanislas Lefort a beau être froid, cela n’empêche pas l’acteur comique d’être drôle, tout particulièrement lorsqu’il dirige l’orchestre de l’opéra. Bien entendu, cet humour est souligné par la performance de Bourvil, qui joue à merveille le rôle d’un peintre en bâtiment qui ne ferait pas de mal à une mouche et qui se fait manipuler par de Funès, un peu à l’image de leur duo dans Le corniaud.

Stanislas Lefort, alias Louis de Funès, conduit brillamment un orchestre d'opéra. Il commence par féliciter les musiciens pour finalement leur dire que leur performance était très mauvaise.
Source: http://www.cinemovies.fr

Pour jouer les rôles des aviateurs de la RAF et des militaires de la Wehrmacht, il a été fait appel à des acteurs respectivement de langue maternelle anglaise et allemande, ce qui confère au film un sentiment d’authenticité. À cela s’ajoutent les décors d’époque qui ont été remarquablement reconstitués, avec des véhicules et des tenues de guerre de naguère, entre autres.

Cette comédie française est un chef-d’œuvre en son genre. Drôle, intrigante et authentique, elle est véritablement un succès incontournable du cinéma francophone, à voir et à revoir.

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2 commentaires pour Deux Anglais font basculer la vie de deux Français

  1. Sophie dit :

    Un grand acteur! Et bon choix de scènes, bravo

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