Alexandre DUMAS (1802-1870) – "L'Orfèvre du Roi"
– Je sais bien, continuait Ascanio, les regards toujours fixés sur Colombe, je sais bien que nous n'ajoutons rien à votre beauté (en y ajoutant bijoux et ornements). On ne rend pas Dieu plus riche parce qu'on pare son autel. Mais au moins nous entourons votre grâce de tout ce qui est suave et beau comme elle, et lorsque, pauvres et humbles ouvriers d'enchantements et d'éclat, nous vous voyons du fond de notre ombre passer dans votre lumière, nous nous consolons d'être si fort au-dessous de vous en pensant que notre Art vous élève encore.
Benvenuto Cellini : – Tu es Florentin, Ascanio, et je n'ai pas besoin de te demander si tu sais l'histoire de Dante Alighieri. Un jour il vit passer dans la rue une enfant appelée Béatrix, et il l'aima. Cette enfant mourut et il l'aima toujours, car c'est son âme qu'il aimait, et les âmes ne meurent pas. Ascanio, le modèle de toute beauté, = de toute pureté, ce type de la perfection infinie à laquelle nous autres artistes aspirons, il est près de moi, il respire, je puis chaque jour l'admirer. Ah ! tout ce que j'ai fait jusqu'ici ne sera rien auprès de ce que je ferai. Cette Hébé que tu trouves belle et qui est, de vrai, mon chef-d'oeuvre, ne me satisfait pas encore ; mon songe animé est debout à côté de son image, et me semble cent fois plus magnifique ; mais je l'atteindrai ! je l'atteindrai ! Ascanio, mille blanches statues, qui toutes lui ressemblent, se dressent et marchent déjà dans ma pensée. Je les vois, je les pressens, et elles écloront un jour.
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