lundi 30 août 2010

Tous les matins du monde ( sont sans retour )

Que dire à la mort d'Alain Corneau ? Les mots manquent, les images restent. Celles de Série Noire, bien sûr, qui fut pour beaucoup un choc aussi violent que les coups de tête successifs de Dewaere donnés au capot de sa voiture. Une autre scène, aussi, où Corneau transfigurait la violence d'une scène de ménage qui tourne presque au meurtre, entre Myriam Boyer et Patrick Dewaere. Les plans étaient rapprochés, serrés, comme les doigts du minable représentant de commerce autour du cou de sa femme.
D'autres souvenirs de cinéphile, moins impérissables, avec Les Mots Bleus, réalisé en 2005. Film difficile et maladroit, il parvenait pourtant à saisir l'atmosphère du vide. Vide d'un buffet dans une salle d'école, vide d'une plage sans baigneurs, vide d'un être à qui il manque un mari.
Ce vide est le même que dans Série Noire, celui du quotidien d'un petit qui veut devenir grand. Celui aussi, d'une adulte qui veut apprendre à lire et à écrire. Cinéaste au service du vide qu'il transforme en matière filmique, Alain Corneau a su filmer le désarroi d'individualités fortes qui, une fois réunies, savent s'aimer et partir vers des jours meilleurs.

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