Les réactions du gouvernement japonais et de la population

Le gouvernement japonais tente de rassurer la population, au risque de minimiser les impacts réels de l’accident nucléaire, mais l’angoisse s’est déjà installée au sein du peuple japonais.


Depuis le séisme et le tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon le 11 mars, le pays subit une grave crise nucléaire. La situation ne cesse de s’aggraver et, face à une catastrophe d’une telle ampleur, le gouvernement japonais, selon la presse internationale, n’a pas réagi suffisamment tôt devant une population de plus en plus inquiète.

En effet, la lenteur des mesures et des informations données par le gouvernement et par le premier ministre japonais Naoto Kan a été rapidement critiquée par la presse étrangère, mais aussi nippone selon un article du Monde.fr : « La façon dont le gouvernement a fourni des informations soulève des questions”, estimait ainsi le plus grand quotidien nippon, Yomiuri, dans un éditorial.
Certains  experts japonais, eux aussi, dénoncent l’attitude rassurante du gouvernement. Katsuyuki Kamel, professeur à l’université de Kensai à Osaka « dénonce la politique de communication du gouvernement japonais » dans un témoignage rapporté par Midi Libre.com.

Malgré une volonté des autorités de rassurer la population, les Japonais doivent faire face à une situation qui s’aggrave de jour en jour. L’accident nucléaire n’est toujours pas maitrisé, et suite à de nouveaux incendies au sein de la centrale nucléaire de Fukushima, les impacts sont bien réels : contamination de l’eau, des aliments, exposition aux radiations, conséquences sur la santé et, depuis le 21 mars, c’est la menace de pluies radioactives qui angoisse la population, selon Libération.fr. En effet, la situation est grave. France-info.fr rapporte que « des traces d’iode ou de césium radioactifs [ont été] retrouvées dans du lait et des épinards ce week-end et dans l’eau du robinet ce matin. Le message des autorités japonaises a beau être rassurant, certains spécialistes de la radioactivité sont plus alarmistes. Ils s’inquiètent notamment des variations météorologiques : la pluie et le vent pourraient conduire les particules radioactives de Fukushima, là où l’on ne les attendait pas… Même l’OMS juge la situation “grave”. »

D’autre part, les Japonais, bien que « préparés » dès leur jeune âge à se protéger des secousses sismiques régulières dans le pays, ne peuvent affronter sans peurs et ni inquiétudes une telle catastrophe. Le stéréotype du Japonais « zen », parfois cité dans la presse, est inapproprié voire indécent face à cet événement. Les Japonais ont peur, comme le démontre un article de Rue89 à ce sujet : la population s’équipe massivement d’appareils pour mesurer la radioactivité, de masques, et fuit souvent les régions les plus menacées.
L’inquiétude est d’autant plus grande que le gouvernement semble dépasser par l’événement. Les autorités peinent à réagir, notamment face à la menace radioactive. D’après le NouvelObs.com, « le manque de confiance dans les autorités n’a pas dû décroître après que l’on a appris que le gouvernement avait tardé à distribuer des pastilles d’iode à ceux vivant dans un rayon de 20km autour de la centrale de Fukushima. Kazuma Yokota, un inspecteur de l’Agence nippone de sûreté nucléaire, a reconnu que la première explosion à Fukushima le 12 mars dernier aurait dû entraîner la distribution immédiate de ces pastilles, qui servent à prévenir le cancer de la thyroïde. Or, l’ordre n’est venu que trois jours plus tard.

“Nous aurions dû prendre cette décision plus tôt”, a-t-il avoué devant la presse à Fukushima. “Il est vrai que nous n’avions pas prévu un désastre d’une telle proportion. Nous n’étions pas préparés ou entraînés à faire face à un événement aussi terrible, il faut le reconnaître”. »

Enfin, la situation n’étant toujours pas stabilisée, le gouvernement a cependant déjà affirmé dimanche que la centrale de Fukushima sera fermée et ne sera plus exploitée après la catastrophe. Selon le Nouvelobs.com, « le secrétaire général du gouvernement, Yukio Edano, a précisé qu’étant donné les dégâts consécutifs au tsunami, la centrale de Fukushima Dai-ichi n’est plus en état de fonctionner. »
Espérons qu’à travers cette déclaration, le gouvernement japonais récupère une confiance et une légitimité auprès de sa population dévastée.

Anaëlle Le Bouëdec

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