Illustration : cc mallix
J’écris ce billet après la lecture de l’article : Can the Statusphere Save Journalism ? C’est le deuxième de Techcrunch sur ce sujet. Il n’en existe pas encore de définition sur Wikipédia et pour le « dictionnaire urbain », il s’agit du groupe de célébrités qui habitent Hollywood…
Sujet émergent donc, aux contours mouvants. Essayons de le comprendre :
Une définition simple : la Statusphere est l’ensemble des messages publiés par les utilisateurs de services comme Facebook, MySpace, Friendfeed, Gtalk ou Twitter. Ces messages peuvent décrire des actions (« je mange une pomme) », des sentiments (« j’ai bien aimé le dernier film de Miyazaki »), ou des idées (« et si on donnait une amende aux députés trop absents à l’Assemblée nationale ? »).
La Statusphere est un lieu d’échange et de conversation. On y discute de politique, de culture, d’économie… en cela elle se rapproche de la blogosphère. Mais la Statusphere se caractérise aussi par son ouverture à l’ensemble du web, avec la publication de liens vers des articles, des billets de blogs ou des vidéos. La pratique du link-journalism y est donc très présente.
Qui fait partie de la Statusphere ? Toute personne qui a un compte sur Twitter ou qui a déjà mis à jour son statut Facebook. Une étude publiée en février par le PEW évalue à 11% la part des internautes adeptes du micro-blogging. Moins jeunes qu’on pourrait croire, les membres de la Statusphere sont plus mobiles (et donc moins nerds ?) que la moyenne des internautes. Les journalistes et les politiques sont particulièrement attirés par la Statusphere, pour des raisons bien différentes. Les premiers viennent y chercher de l’info « chaude » et des idées de sujets, les seconds la voient comme un nouveau canal de communication avec les électeurs, plus direct.
Quels sont les outils qui alimentent la Statusphere ? Twitter est sûrement l’outil qui symbolise le mieux cette nouvelle sphère. Des millions de messages y sont publiés tous les jours, sur tous les types de sujets. Mais ce qui alimente le plus la Statusphere, c’est Facebook. Qui n’a jamais mis à jour son statut pour signifier à ses amis qu’il avait passé un bon week-end ou au contraire qu’il en avait marre de travailler ? Le réseau social a d’ailleurs mis les statuts de ses membres au cœur de sa nouvelle architecture, preuve de l’intérêt porté par l’entreprise à ce que font et pensent ses 200 millions d’utilisateurs.
Twitter est asymétrique
Un point sur la différence entre les statuts Facebook et Twitter. Je ne reviendrai pas sur la fausse polémique « Facebook va tuer Twitter » car les deux services sont radicalement différents. Quand je mets à jour mon statut Facebook, je m’adresse uniquement à mes contacts et cela de manière symétrique, alors que sur Twitter, mes messages sont publics, tout le monde y a accès et je ne suis pas « obligé » de lire les messages de mon audience. Cette asymétrie a deux conséquences :
- L’émergence d’influenceurs, sur Twitter : certains utilisateurs vont bientôt dépasser le million de followers. L’influence d’un utilisateur se mesure aussi selon d’autres critères : est-ce qu’on lui répond souvent ? (preuve qu’on l’écoute) ; Est-ce que ses messages sont repris ? (la fameuse science du « Retweet »)
- Une élévation du niveau de qualité des messages : pour être influent, il faut être pertinent, intéressant et réactif.
Les 3 différences entre Twitter et les statuts Facebook
Pour conclure sur ce point : Facebook est un outil de lifecasting alors que Twitter est un outil de mindcasting. Pour aller plus loin dans l’analyse, je vous recommande cet article (en anglais).
Alors qu’elle n’existait pas il y a 2 ans (ou alors de façon embryonnaire, MSN permettait déjà à ses membres de publier des statuts), comment expliquer le développement fulgurant de la Statusphere ? Deux facteurs de succès : d’une part la simplicité, par rapport à un blog, Twitter est d’une simplicité déconcertante : il faut moins de deux minutes pour s’inscrire et il n’y a ni administration ni maintenance. Au niveau de la publication c’est pareil : écrire un billet de blog demande du temps, bien plus que d’écrire 140 caractères. L’autre facteur de succès est le besoin qu’a chacun de s’exprimer, de « raconter sa vie », de donner son avis.
Alors, la Statusphere va-t-elle tuer les blogs ? Twitter sauver les journalistes ? Non, mais ce phénomène va prendre de l’ampleur dans les mois et les années à venir, non pas comme une sphère à part dans l’Internet, mais en amont de toutes les autres ; c’est là qu’il faudra être pour avoir l’info et les tendances en premier, là qu’il faudra être aussi pour pouvoir les influencer…
Pour en savoir plus :
Le Tumblr de Brian Solis – Son Blog – Ses articles sur Techcrunch US
The Hierarchy of Tweets
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