Les troubles visuels dans la Démence à Corps de Lewy et l’atrophie corticale postérieure

Perception visuelle et Démence à Corps de Lewy

Ce qui caractérise la Démence à Corps de Lewy (DCL) sont des déficits visuo-perceptif, attentionnel et exécutif prononcés, un syndrome parkinsonien et des manifestations d’allure psychiatrique comme des hallucinations visuelles, mais aussi une fluctuation du fonctionnement cognitif. Cette pathologie est connue pour altérer les voies visuelles. Des études de neuroimagerie fonctionnelle rapportent une hypoperfusion des lobes occipitaux, dont les cortex visuels primaire et associatif. Lors de l’examen neuropsychologique, le patient atteint de DCL peut présenter des troubles visuo-constructifs lors d’épreuves de copie de figures ou de dessin. Plusieurs études rapportent également des déficits dans la perception des objets à des tests de figures entremêlées, de perception de la forme et de décision d’objets. Plus particulièrement, Mosimann & al. (2004) ont mis en évidence chez des patients DCL une atteinte de la discrimination visuelle. D’autres études ont trouvé une perturbation de la perception de l’orientation de lignes au test de jugement d’orientation de lignes de Benton. Enfin, plusieurs études semblent aller dans le sens d’une atteinte particulière de la voie visuelle ventrale dans la DCL car les patients présentent à priori plus de difficultés pour les tâches de perception visuelle d’objets que pour les tâches visuo-spatiales.

Perception visuelle et atrophie corticale postérieure

L’atrophie corticale postérieure (ACP) est un autre type de pathologie neurodégénérative qui débute par une perturbation des processus visuels, mais qui est souvent associée à une démence de type Alzheimer. La neuroimagerie anatomique révèle une atrophie corticale qui prédomine dans la jonction pariéto-temporo-occipitale et dans le lobe occipital. Des études utilisant le PET scan mettent en évidence un hypométabolisme occipital et pariétal, surtout latéralisé à droite. On peut observer dans l’ACP un syndrome de Balint caractérisé par une paralysie psychique du regard (incapacité du patient à diriger volontairement son regard), une ataxie optique (incapacité de saisir ou de pointer un objet sous guidage visuel en raison d’erreurs de localisation spatiale) et un trouble visuo-attentionnel ou simultagnosie dorsale. La simultagnosie dorsale (ou pariétale) peut également s’observer en dehors du syndrome de Balint dans l’ACP et désigne le fait d’avoir des difficultés à percevoir plus d’un seul objet à la fois. Elle s’oppose à la simultagnosie ventrale (ou temporale) qui désigne l’incapacité à reconnaitre plus d’un objet à la fois et qui engendre notamment un dyslexie lettre à lettre. On peut également observer dans l’ACP une héminégligence spatiale unilatérale gauche, une désorientation topographique, une agnosie, une apraxie, une prosopagnosie, mais aussi un syndrome de Gerstmann (agraphie, acalculie, confusion droite-gauche et agnosie digitale). D’autres études rapportent des difficultés pour percevoir la forme globale d’un objet à partir du protocole de Navon.

Alors que la DCL semble affecter prioritairement la voie visuelle ventrale et donc la reconnaissance visuelle des objets, l’ACP semble affecter toutes les aires visuelles associatives et particulièrement la voie dorsale qui sous-tend les capacités visuo-spatiales.

REFERNCES: Visual Impairments in Dementia With Lewy Bodies and Posterior Cortical Atrophy. Claudia Metzler-Baddeley, Roland J. Baddeley, Paul G. Lovell, Amanda Laffan & Roy W. Jones, Neuropsychology, 2010, Vol. 24, 35-48.

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