Barthes et les Martiens

Publié le par Louis Burle

Tombé dans la veine Barthes, je poursuis l'exploration de Mythologies ; voici quelques paroles croustillantes sur nos amis les martiens :

" Ainsi toute cette psychose est fondée sur le mythe de de l'Identique, c'est-à-dire du Double. Mais ici comme toujours, le Double est en avance, le Double est Juge. L'affrontement de l'Est et de l'Ouest n'est déjà plus le pur combat du Bien et du Mal, c'est une sorte de mêlée manichéiste, jetée sous les yeux d'un troisième Regard ; il postule l'existence d'une Sur-Nature au niveau du ciel, parce que c'est au ciel qu'est la Terreur : le ciel est désormais, sans métaphore, le champ de l'apparition de la mort atomique. Le juge naît dans le même lieu où le bourreau menace.

Encore ce Juge - ou plutôt ce Surveillant - vient-on de le voir soigneusement réinvesti par la spiritualité commune, et différer fort peu, en somme d'une pure projection terrestre. Car c'est l'un des traits constants de toute mythologie petite-bourgeoise, que cette impuissance à imaginer l'Autre. L'altérité est le concept le plus antipathique au "bon sens". Tout mythe tend fatalement à un anthropomorphisme étroit, et, qui pis est, à ce que l'on pourrait appeler un anthropomorphisme de classe. Mais ce n'est pas seulement la Terre, c'est la Terre petite-bourgeoise, c'est le petit canton de mentalité, cultivé (ou exprimé) par la grande presse illustrée. A peine formée dans le ciel, Mars est ainsi alignée par la plus forte des appropriations, celle de l'identité. "

Publié dans Philosophons

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