Potiche

Potiche.
Nom féminin.

Pot de fleur.

« Tu aurais pu m’aider à bouger un coup mes potiches ? »

Il ne s’agit probablement pas là d’un mauricianisme clair et net, potiche figurant en bonne et due forme dans le dictionnaire. Cependant, il me semble qu’en France on utilisera davantage le mot dans son sens figuré et péjoratif (“personnage relégué à une place honorifique, sans aucun rôle actif” — Petit Robert) que dans son sens premier (“grand vase en porcelaine d’Extrême-Orient”). Dans cette acception originelle je l’ai en tous cas entendu beaucoup plus souvent dans la bouche de Mauriciens, ou plutôt de Mauriciennes, que dans la bouche de Français(es). A vrai dire les dictionnaires français parlent plutôt de « vase », alors qu’à Maurice le mot a plutôt le sens de « pot de fleur » (un assez beau pot de fleur en général, et non le plus simple des pots en terre ou en plastique). D’ailleurs en créole dira plutôt « enn potis (flèr) » que « enn po flèr », me semble-t-il. Encore que…

Sur la photo figurant dans la note consacrée au mot varangue on voyait deux potiches de part et d’autre de l’allée menant à cette véranda aux relents marins.

[Ce billet serait peut-être à mettre entre parenthèses.]

36 réponses à “Potiche

  1. Pour moi, une potiche c’est un pot genre pot de fleurs mais assez grand, et surtout décoratif. Le type de la potiche est la potiche chinoise en porcelaine. À une certaine époque il était de mode d’avoir chez soi deux potiches placées symétriquement sur une étagère, surtout au-dessus de la cheminée (c’est-à-dire l’endroit où on faisait du feu dans la maison, pas le conduit qui évacue la fumée). On pouvait aussi se servir de ces potiches (surtout si elles étaient vraiment grandes) pour y faire pousser des plantes d’appartement.

    Mais (étant expatriée depuis longtemps) je ne connaissais pas le sens figuré de ce mot (je vois qu’il est dans mon Petit Robert 1968, mais sans date d’attestation originelle).

  2. Je n’aurais pas échangé cette potiche-là contre Deneuve.

    (pas de quoi faire un lézo…)

  3. C(est assurément dans les sens donné par marie -lucie que j’ai appris , enfant le mot potiche : les deux potiches chinoises . mais plus tard , je l’ai entendu employer pour des « contenants » en terre comme celui de la photo , ou plus grands , pour des plantes de balcon , par exemple ,que l’on ne bouge plus.
    Et c’est dans ce sens d’un « bel objet décoratif » et
    sans animation,et surtout sans animation propre
    que l’on parlait des femmes
    TITRE: LA FEMME POTICHE ET LA FEMME BONNICHE : POUVOIR BOURGEOIS ET POUVOIR MALE
    AUTEUR: ALZON CLAUDE

  4. puiqu’en relisant , je vois qu’il y a encore une faute ( le sens donné),j’ajouterai qu’alors , dans mon enfance , j’ai entendu en même temps, ( toujours à propos de femmes « évidemment » !)le mot « godiche » , godiche qui est « quasi » potiche ,et dont il est dit qu’il viendrait de « godon » , un juron , et « british « 

  5. et si 7

    Et la Comtesse de s’interroger :

    Eût-il été incongru de comparer Madame Claude* à une grande gaillarde** dans une
    potiche ?

    * qu’on se gardera de confondre avec la fifille de l’ex

    ** Plante ornementale à fleurs jaunes ou rouges. (Famille des composées.)

  6. baisé, je ne m’explique pas ce fâcheux retour de ligne !
    [et si 7 est contagieuse ! :)]

  7. pas de quoi faire un lézo
    Si vous voulez parler du film d’action, l’expression consacrée est plutôt un « film lézo » (les os ?). Quant à « baisé ! », interjection, il faut bien se garder de l’accorder. Bravo.

    le mot “godiche”, godiche qui est “quasi” potiche, et dont il est dit qu’il viendrait de “godon”, un juron, et “british »
    Amusant, on parle parfois de « English potiche » pour se moquer de ceux qui baragouinent l’anglais.

  8. godiche:

    Ça m’étonnerait beaucoup que le suffix
    -iche qui est aussi dans potiche, postiche, pastiche, bourriche et bonniche vienne de british. Il serait plutôt apparenté au suffixe italien -iccio, -iccia (p.ex. pastiche vient de pasticcio) ou espagnol -izo, -iza.

    Le Trésor de la langue française reconnaît dans la racine god- de godiche celle de godelureau qui signifie à peu près « grand dadais » (le Petit Robert dit « jeune élégant » mais j’ai l’impression que ce mot est toujours un peu péjoratif).

    Pendant la guerre de Cent Ans, godon était un mot péjoratif signifiant « Anglais », d’après (dit-on) le juron God damn! (toujours employé) des soldats anglais, mais godon n’est pas devenu un juron français.

  9. >marie-lucie ,
    mais peut-être avez vous alors des lumières sur des mots comme « cibiche » ou « ratiche » , qui relèvent plus du registre et du répertoire de « godiche » que de celui d’acrostiche ?

  10. et si 7, non, je ne connais pas « cibiche » et « ratiche ». Le premier est cité dans le TLFI (que tout le monde peut consulter en ligne), mais pas le deuxième. Je suppose qu’il s’agit du même suffixe, qui semble avoir acquis un sens péjoratif ou au moins une connotation argotique qui ne semble pas exister dans le sens premier de « potiche » ou « bourriche ».

    Quant à « acrostiche », c’est un mot emprunté au grec à la Renaissance, et le TLFI en donne l’étymologie en grec: acros + stichis. Ce mot ne comprend donc pas le suffixe -iche.

  11. En passant, en courant, un mot que j’ai parfois entendu utiliser : la cliche, pour signifier la diarrhée. Le mot aurait une origine dialectale normande.

    Godon dans la collection de mauricianismes : “Godon — Remise, cellier.” Davantage dans le Hobson-Jobson : http://dsal.uchicago.edu/cgi-bin/philologic/getobject.pl?c.1:1:30.hobson

  12. effectivement « iche » est l’un des suffixes péjoratifs, et RESSENTI comme dans les mots comme « bonniche » :c’est toute l’histoire deS argotS
    qui est cristallisée là : et des pratiques
    http://www.dictionnairedelazone.fr/pda/index.php?index=lexique&let=r&page=definition&terme=ratiche

  13. effectivement « iche » est l’un des suffixes péjoratifs, et RESSENTI comme tel dans les mots comme « bonniche » :c’est toute l’histoire deS argotS
    qui est cristallisée là : et des pratiques
    http://www.dictionnairedelazone.fr/pda/index.php?index=lexique&let=r&page=definition&terme=ratiche

  14. toujours autour du suffixe « iche »perçu comme péjoratif
    me vient un mot « pourliche » (parce que j’ai avant pensé à barbiche et pouliche !)
    un neurobiologiste – auteur a taquiné les « intellectuels » qui avait toujours « un verlan de retard »
    il va sans dire que là ,je fais mieux « parce que » j’en ai beaucoup plus quand je pense à tous les jargons professionels (il suffit de voir en informatique !) et tous les argots professionnels
    et comme ils s’échangent , « s’empruntent « , et que sortent à une vitesse extraordinaire des glossaires avec les « must know » de l’informatique, la psychanalyse , qui sont à peine publiés- et parfois même pas encore publiés qu’ils sont déjà 1)copiés – adaptés… chez un autre éditeur 2)et bien sûr « out »( « dépassés »)
    et bien évidemment les emprunts entre les disciplines , dans des sesn très différents, exactement comme entre les langues et niveaux de langue !
    et cela vaut bien sur autant pour les suffixes en « os » (chicos », » matos » ) en « iche », « asse » que les préfixes en over, et über en français : et il n’y a pas que le français !

  15. Here is a bit from George Bernard Shaw’s play Joan of Arc:

    JOAN. Listen to me, squire. At Domrémy we had to fly to the next village to escape from the English soldiers. Three of them were left behind, wounded. I came to know these three poor goddams quite well. They had not half my strength.

    ROBERT. Do you know why they are called goddams?

    JOAN. No. Everyone calls them goddams.

    ROBERT. It is because they are always calling on their God to condemn their souls to perdition. That is what goddam means in their language. How do you like it?

    JOAN. God will be merciful to them; and they will act like His good children when they go back to the country He made for them, and made them for. I have heard the tales of the Black Prince. The moment he touched the soil of our country the devil entered into him, and made him a black fiend. But at home, in the place made for him by God, he was good. It is always so. If I went into England against the will of God to conquer England, and tried to live there and speak its language, the devil would enter into me; and when I was old I should shudder to remember the wickedness I did.

    ROBERT. Perhaps. But the more devil you were the better you might fight. That is why the goddams will take Orleans. And you cannot stop them, nor ten thousand like you.

    JOAN. One thousand like me can stop them. Ten like me can stop them with God on our side. [She rises impetuously, and goes at him, unable to sit quiet any longer]. You do not understand, squire. Our soldiers are always beaten because they are fighting only to save their skins; and the shortest way to save your skin is to run away. Our knights are thinking only of the money they will make in ransoms: it is not kill or be killed with them, but pay or be paid. But I will teach them all to fight that the will of God may be done in France; and then they will drive the poor goddams before them like sheep. You and Polly will live to see the day when there will not be an English soldier on the soil of France; and there will be but one king there: not the feudal English king, but God’s French one.

  16. Siganus,

    Heu… Mon commentaire (sans lien !) torpillé, remontera-t-il à la surface ?

  17. Je ne vois rien nulle part, pas même dans la boîte à spams. Réessayez un coup pour voir.

  18. marie-lucie & et si 7,

    Vous pourriez ajouter à votre liste la gribiche*, qui, sous prétexte qu’on la toise**, grimpe facilement au cocotier…

    De là à dire que cette cagne a un bardeau en moins, il y a un chasme que le phasme ne se permettra pas de franchir…

    * En Suisse, femme acariâtre, méchante.

    ** la première acception de ce verbe me surprend également, Siganus…

    PS : avez-vous des nouvelles de Ponte Facto ?

  19. Non, guère de nouvelle de T. Péheffe. Mais j’ai appris par la bande qu’il avait convolé… (Chelle qui me l’a dit, ch’est pas la poliche.)

    Au fait, d’autres personnes ici ont déjà entendu utiliser le mot « cliche » ?

  20. Jamais entendu « cliche » mais il figure dans le dictionnaire d’argot :

    http://www.languefrancaise.net/bob/detail.php?id=10630

  21. Cliche :

    Zerbinette, je l’ai entendu une fois dans la bouche d’un vieux Franco-Mauricien*, lequel ne devait pas connaître beaucoup d’argot français. Mais ce n’est pas un mot que j’ai par ailleurs entendu très souvent ici. Il faudra poser quelques questions à l’occasion…
     
     
    * Ce qui ne correspond pas toujours à une personne ayant la double nationalité française et mauricienne, comme on pourrait le croire vu de l’extérieur. De même qu’on pourra entendre parler de « Sino-Mauricien » ou d“Indo-Mauricien », le mot « Franco-Mauricien » renvoie à un Mauricien ayant des origines françaises, réelles ou supposées (certains patronymes de Franco-Mauriciens ont des consonances britanniques ou germaniques). Mais cela est pour un usage plutôt politiquement correct, le mot usuel — à mes yeux beaucoup plus explicite —, un mot bien plus court, étant « Blanc ».

  22. Mais il est aussi probable qu’un « Blanc » soit anglo-mauricien que franco-mauricien, non ?

  23. Vous arrivez à reconnaître qui est vraiment Blanc dans votre pays ? Par quel prodige ? C’est celui qui est arrivé du dernier navire en provenance d’Europe ?

  24. Mais oui Dominique, on arrive sans peine à reconnaître qui est vraiment Franco-Mauricien, par le langage : dans un article paru cette année-ci il était question d’un ministre non-blanc qui « prenait l’accent blanc ». La blanchitude est autant une affaire d’oreille que d’œil, mais plus encore de commune renommée. Quant au dernier navire d’Europe, il n’a pas dû apporter de blanc, plutôt du rouge, du fromage, des pâtes et du salami danois.

    Aquinze : Mais il est aussi probable qu’un “Blanc” soit anglo-mauricien que franco-mauricien, non ?
    Non, la grande majorité des Blancs sont d’origine française, et ceux qui ont des patronymes sonnant anglais ont presque tous été proprement franco-mauricianisés.

  25. Lu chez Angelo Rinaldi hier au soir : « Au bruit, je levais la tête : un autre rêve me happait. Je quittais les Leïla — les filles aux yeux d’almée, comme il était écrit — qui pervertissaient des sous-lieutenants godiches, là-bas, dans le désert ». (La Maison des Atlantes, p. 135.)

    Trésor de la langue française informatisé :
    GodicheFam. (Personne) qui est d’une maladresse excessive, d’une timidité ridicule. Synon. benêt, empoté (fam.), maladroit, nigaud.
    Étymologie et Hist. 1. 1743 nom propre Godiche dimininutif de Claude; 2. adj. 1809 « niais » [LECLAIR], Médit. hussard, p. 22 : Y s’rait ben claude, ben Godiche, de s’empêtrer d’une poison de ta façon). Probablement issu, par substitution de suffixe (-iche*), de Godon, attesté comme dimininutif de Claude dans Trév. 1740. Pour le passage de 1 à 2, cf. claude; le mot a pu être secondairement rapproché des dérivés dialectaux du radical onomatopéique god– signifiant « niais » (cf. FEW t. 4, p. 184a et godelureau).

    Pour leur part MM. Dubois, Mitterand et Dauzat disent ceci dans leur Dictionnaire étymologique :
    Godiche 1752, Trévoux ; mot argotique, sans doute de Godon, forme familière de Claude ; le mot est peut-être à mettre en relation avec godiz, riche (1455, Coquillards), issu de l’espagnol godizo, riche, de Godo, Goth, puis « noble ».

    Le mot « godiche » venant du nom « Claude », qui l’aurait cru ?

  26. Je trouve cette étymologie très douteuse. D’après l’exemple cité: Y s’rait ben claude, ben Godiche, …, les deux mots « claude » et « godiche » sont tous les deux des adjectifs. Le premier (comme le nom de personne) vient du nom latin « Claudius », nom dérivé d’un mot qui signifiait ‘boiteux’ (voir le verbe claudiquer), et nom d’un empereur romain qui avait lui-même des tares physiques (et, a-t-on d’abord cru, aussi intellectuelles). Les deux mots Godon et Godiche ont la même racine god- que godelureau, et dans tous les cas cette racine signifie niais, bête, empoté. etc.

    Je crois que Godon et Godiche (qui est sans doute postérieur) ne « viennent » pas du prénom Claude, mais que, à cause de la signification péjorative de l’adjectif homonyme claude, on a utilisé Godon comme surnom ironique ou méprisant de ceux qui portaient ce prénom.

  27. Le passage du prénom Claude à Glaude* est connu de longue date. Le sens de benêt ou d’imbécile donné à ce nom devenu nom commun est avéré depuis longtemps. Glaude a bien donné des diminutifs comme Gaudon et Godon mais aussi Godiche par substitution de suffixe.
    Un exemple dès 1785 lors du recensement à St Pierre et Miquelon en 1785
    http://www.saint-pierre-et-miquelon-bretagne.org/recensements/miquelon-1785.htm
    On trouve vers le milieu du tableau :
    «POIRIER Claude dit GODICHE
    Est charpentier et charron. Il a le 1/4 d’un bateau qui fait la pêche sur les bancs. Il a quatre bêtes à cornes, huit à laine et un… »
    Le rapprochement avec la racine onomatopéique « god- « de godelureau semble n’être qu’une coïncidence qui a permis à « godiche » de s’installer plus facilement dans le vocabulaire.

    *Me prénommant Claude, j’ai longtemps été appelé par mes grands-parents, oncles et tantes, qui parlaient le provençal, Glaudès (prononcé peu ou prou Gla – ou – dèsse), surnom familial que l’on emploie encore par taquinerie affectueuse à mon adresse.

  28. Leveto, n’oubliez pas le prénom féminin breton Gaud ou Gaude (cher à Aquinze), dérivé de Margod, équivalent de Marguerite et là nous tombons dans les perles !

  29. Siganus : Le mot “godiche” venant du nom “Claude”, qui l’aurait cru ?

    LE PHASME !

    Grrr… dire qu’il avait même fait l’effort de contrepéter !

    [cf. le 24 novembre 2009 à 18:08]

    Baisé !

  30. Les deux mots Godon et Godiche ont la même racine god- que godelureau, et dans tous les cas cette racine signifie niais, bête, empoté. etc.

    Quid du godemiché ?

    (Pardonnez-moi, Marie-Lucie, je n’ai pas résisté…)

  31. le prénom féminin breton Gaud ou Gaude (cher à Aquinze)

    Je me demande bien comment vous savez cela, Zerb. Est-ce que j’ai déjà raconté quelque part la sorte d’attachement fétichiste que je porte à « Pêcheur d’Islande », au point que j’en collectionne les éditions ?

  32. Aquinze, la gaudriole commence ici.

  33. Et comme j’ai voulu voir où me menait la gaudriole de Zerbinette, c’est ici que je demande si, sauf erreur de ma part, leveto n’avait pas oublié Saint Gaudens à cause de la Joconde

  34. Saint-Gaudens doit son nom à Gaudentius, martyr en 475 à Toulouse. Pas de transformation d’un -c- en -g- dans ce nom.
    Et, pour compliquer les choses, on peut rajouter :
    – Saint-Gauderic (Aude) du nom germanique Waldric d’un saint local au IXè siècle
    – Gaud (Haute-Garonne) du germanique wald, forêt.
    – La Gaude (Alpes-Maritimes) du latin gabata, jatte, au sens de « creux, ravin ».
    – Gaudonville (Gers) du nom de femme germanique Walda
    – et Gaudéchart (Oise) du nom d’homme germanique Godalt et latin exsartum , défrichement.
    Et j’en oublie sans doute!

  35. Leveto : Pas de transformation d’un -c- en -g- dans ce nom.

    Vous connaissez sûrement ces coquillages blancs à gris clair qu’on appelle cauris (le TLF parle de “petit coquillage blanc ovale du groupe des porcelaines, servant de parure et de monnaie dans plusieurs régions de l’Afrique et de l’Inde”). A Maurice ils sont fréquemment désignés par le nom de « gori », avec un g-. Mais on les appelle aussi « coquille bonheur ».

  36. This is the Saint-Gaudens that Americans know, though more by his works than by his name.

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