Une date, une histoire : La Guillotine

Publié le par Spike

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Le 28 novembre 1789, le docteur Joseph Guillotin présente aux députés de l'Assemblée constituante une machine destinée à la décapitation des condamnés et conçue par le chirurgien Antoine Louis, secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie.

 

Inspirée d'un dispositif déjà connu en Italie, elle comporte un tranchoir glissant entre deux montants en bois. Elle assure selon ses promoteurs une mort immédiate et sans souffrance, à la différence de la décapitation à la hache ou à l'épée (la «décollation», privilège des nobles), de la pendaison, de la roue ou, pire, de l'écartèlement.

 

Égalité devant la mort

Selon le docteur Guillotin, philanthrope et député du tiers état de Paris, sa machine doit introduire l'égalité de tous les citoyens face à la peine capitale. «Les délits du même genre seront punis par le même genre de peine, quels que soient le rang et l'état du coupable», écrit-il dans un projet de loi.

Le 3 juin 1791, l'Assemblée constituante, sur une proposition du député Le Peletier de Saint-Fargeau, édicte que «tout condamné à mort aura la tête tranchée». À noter que les députés repoussent une suggestion visant à abolir la peine de mort, émanant de... Maximilien de Robespierre !

Dans la foulée, l'Assemblée demande au docteur Guillotin et au chirurgien Louis d'améliorer leur machine à couper les têtes. Antoine Louis perfectionne la machine avec le concours d'un mécanicien allemand, Tobias Schmidt. Il remplace en particulier le couperet en forme de croissant par un couperet en forme de trapèze. L'idée viendrait, dit-on, du roi Louis XVI, habile serrurier de son état.

La machine est essayée à Bicêtre sur des moutons et des cadavres. Un voleur de grand chemin, Nicolas-Jacques Pelletier, en fait les frais pour la première fois le 25 avril 1792.

La machine est d'abord appelée «louisette» ou «louison». Puis, les journalistes parlementaires, mécontents du docteur Guillotin qui, à l'Assemblée, en sa qualité de questeur, leur demandait de bien se tenir, la baptiseront «guillotine», non sans s'attirer les protestations de l'intéressé. Dans l'argot des rues, la machine sera aussi surnommée le «rasoir national» ou la «Veuve», parfois «charlot» d'après le prénom de plusieurs bourreaux de la «dynastie» des Sanson ! Les magistrats préfèrent quant à eux le délicat euphémisme : «bois de justice».

Pendant la Grande Terreur, en 1793 et 1794, environ 17.000 condamnés auront à la connaître. Elle recueillera en France un vif succès populaire jusqu'au 29 juin 1939, date à laquelle les exécutions cessent d'être publiques.

Les armées de la Révolution et de l'Empire diffusent l'invention dans les pays conquis. C'est ainsi que la guillotine sera utilisée jusqu'au milieu du XXe siècle comme instrument d'exécution dans certains Länder allemands telle la Bavière.

 

La guillotine au musée

La dernière exécution remonte en France au 10 septembre 1977. Le 9 octobre 1981, le gouvernement français se met au diapason du reste de l'Europe démocratique en abolissant enfin la peine de mort. La guillotine devient un objet de musée.

Notons aussi que la dernière exécution politique remonte en France au 11 mars 1963. La victime, Jean Bastien-Thiry, fut non pas guillotinée mais fusillée, comme pour mieux démontrer le caractère particulier de son acte

 

Exécutés célèbres

    * 25 avril 1792 : Place du Carrousel à Paris, le voleur de grand chemin Nicolas Jacques Pelletier, terrassier de son état, fut le premier condamné à mort guillotiné.
    * 21 janvier 1793 : place de la Révolution (aujourd’hui Place de la Concorde) à Paris, Louis XVI, roi de France.
    * 17 juillet 1793 : place de la Révolution à Paris, Charlotte Corday, pour l’assassinat de Jean-Paul Marat.
    * 16 octobre 1793 : place de la Révolution à Paris, Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France.
    * 6 novembre 1793 : place de la Révolution à Paris, le duc Philippe d'Orléans, dit Philippe Égalité.
    * 17 novembre 1793 : place de la Révolution à Paris, Jean Nicolas Houchard, général sous la Révolution française.
    * 8 décembre 1793 : place de la Révolution à Paris, Madame du Barry, dernière favorite de Louis XV, roi de France.
    * 5 avril 1794 : place de la Révolution à Paris, Georges Jacques Danton, Camille Desmoulins et Fabre d'Églantine.
    * 8 mai 1794 : place de la Révolution à Paris, Antoine Lavoisier, le « père » de la chimie moderne.
    * 27 mai 1794 (8 prairial an II) : Mathieu Jouve Jourdan, révolutionnaire français impliqué dans les Massacres de la Glacière.
    * 17 juillet 1794 (29 messidor an II) : place du Trône-Renversé à Paris (actuelle place de la Nation), les seize carmélites de Compiègne.
    * 25 juillet 1794 (7 thermidor an II): place du Trône-Renversé à Paris, le poète André Chénier.
    * 28 juillet 1794 (10 thermidor an II) : place de la Révolution à Paris, Maximilien de Robespierre et son frère Augustin, Louis Saint-Just et vingt de leurs compagnons.
    * 7 mai 1795 (18 floréal an III) : place de Grève à Paris, Fouquier-Tinville, accusateur public du Tribunal révolutionnaire.
    * 27 mai 1797 (8 prairial an V) : place de Grève à Paris, Gracchus Babeuf.
    * 2 octobre 1833: dans la cour de l’Auberge de Peyrebeille, dite l’« Auberge Rouge », les époux Martin et leur valet Rochette.
    * 9 janvier 1836 : barrière St-Jacques à Paris, Pierre-François Lacenaire.
    * 19 février 1836: Giuseppe Fieschi, pour l'attentat du boulevard du Temple, le 28 juillet 1835, contre le roi Louis-Philippe Ier, qui fit dix-huit morts. Il fut exécuté avec ses complices, Pépin et Morey.
    * 28 novembre 1867: exécution du boucher Jean-Charles-Alphonse Avinain. Auteur du mot fameux devant le couperet : « Messieurs, n’avouez jamais ». Il avait espéré jusqu’au bout la « perpétuité » en récompense de ses aveux de deux assassinats.
    * 19 janvier 1870 : terre-plein de la Roquette à Paris, Jean-Baptiste Troppmann, assassin d’une famille de huit personnes.
    * 11 juillet 1892 : Montbrison (Loire), François Koënigstein, dit Ravachol, le « Christ de l’anarchie ».
    * 5 février 1894 : Auguste Vaillant, activiste anarchiste français.
    * 27 avril 1913 : Callemin, Ellie Monnier et Soudy, survivants de la Bande à Bonnot pour avoir fait le braquage de la société générale à Chantilly.
    * 25 février 1922 : à Versailles, Henri Désiré Landru, assassin de dix femmes et d’un jeune garçon
    * 17 juin 1939 : à Versailles, Eugen Weidmann, assassin de six personnes (dernière exécution publique en France)
    * 18 octobre 1940 : Hans Vollenweider, dernier condamné à mort de Suisse, guillotiné à Sarnen
    * 22 février 1943 : décapitation de « La Rose blanche » (Die Weiße Rose en allemand). Trois étudiants allemands d’une vingtaine d’années sont guillotinés dans la prison de Stadelheim, près de Munich. Leur crime est d’avoir dénoncé le nazisme dans le cadre d’un mouvement clandestin. Parmi eux Hans et Sophie Scholl[99].
    * 30 juillet 1943 : Marie-Louise Giraud, avorteuse (l’avortement était sous le régime de Vichy, un « crime contre la famille française »).
    * 25 mai 1946 : Marcel Petiot, assassin d’au moins vingt-sept personnes.
    * 19 juin 1956 : Ahmed Zabana, premier condamné à mort de la Guerre d’Algérie.
    * 1er octobre 1957 : Jacques Fesch.
    * 28 novembre 1972 : exécution de Claude Buffet et Roger Bontems (pour prise d’otages, et Claude Buffet seulement, assassinat). C'est l'avocat de la défense, Robert Badinter, qui, devenu ministre de la Justice, réussira en 1981 à faire abolir la peine de mort en France.
    * 28 juillet 1976 : Christian Ranucci, pour le meurtre de la petite Marie-Dolorès Rambla, en juin 1974 (de nombreuses demandes de révision posthume ont été rejetées).
    * 23 juin 1977 : Jérôme Carrein pour l’assassinat d’une fillette de huit ans.
    * 10 septembre 1977 : dernière exécution, celle de Hamida Djandoubi, pour la torture et l’assassinat d’une jeune femme.
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