Probable départ de Kogui N’douro du gouvernement: Boni Yayi veut commettre une grave erreur

Publié le par MJPAC-ABT

Plus les jours passent, plus le départ du ministre de la Défense nationale Issifou Kogui N’Douro du gouvernement de Boni Yayi se confirme. Une situation surprenante pour certains, réjouissante pour d’autres, mais qui en fait, n’arrange guère la Haute Autorité.
Seul le Chef de l’Etat Boni Yayi a le pouvoir de nommer et de démettre ses ministres de leur fonction. Personne ne peut remettre en cause ce droit que lui confère la Constitution du 11 décembre 1990. Sans faire l’apologie du ministre d’Etat chargé de la Défense nationale Issifou Kogui N’Douro, il faut dire que du point de vue stratégique et politique son départ du gouvernement dans les conditions actuelles comme le confirme certaines informations, est inopportune et contraire aux principes de la science politique. Le fait de le mettre à la touche serait hautement préjudiciable pour le chef de l’Etat Boni Yayi et hypothéquerait dangereusement sa réélection en 2011. En réalité, la finalité de tous les combats politiques se résume à la conquête et à l’exercice du pouvoir d’Etat. On gagne le pouvoir et on l’exercice avec ceux qui ont contribué à sa conquête. L’expérience montre que dans l’exercice du pouvoir d’Etat, les gouvernants sont souvent confrontés aux intérêts antagonistes de trois cercles ou groupes. Le premier cercle est celui de la famille et des amis avec toutes leurs exigences. Le second cercle est celui des courtisans, ceux-là qui sont prêts à faire passer aux yeux des gouvernants, de l’excrément pour des pépites d’or et enfin, le cercle politique dont le rôle est non seulement de rappeler au chef de l’Etat ses engagements vis-à-vis du peuple, mais également de lui dire la vérité.
Or une analyse approfondie de la gouvernance politique actuelle au Bénin permet de constater l’absence autour du Dr Boni Yayi du cercle politique qui l’a aidé à accéder au pouvoir. Le cercle familial et des amis et celui des courtisans ont pris de l’ascendance sur le cercle politique originel, c’est-à-dire ceux qui ont bataillé dur pour son élection d’une part et ceux dont l’apport a été déterminant dans la conquête du pouvoir notamment le Psd, le Madep et la RB. De ce fait, il va de soi que le chef de l’Etat soit l’otage des courtisans et autres militants multi partisans. C’est l’une des raisons qui justifie la cacophonie observée au niveau du gouvernement, où le Chef de l’Etat avoue ne pas être au courant de certaines affaires. Il ne peut en être ainsi car ceux qui doivent lui dire la vérité notamment l’ancien ministre Késsila Tchalla, et sa directrice de campagne et ancienne ministre Vicencia Bocco et bien d’autres sont partis. Dans ces conditions le régime du Changement ne peut que s’effondrer. Aujourd’hui, sans être devin, on peut affirmer que dans le cercle restreint des hommes encore présent dans le cercle politique, la seule personne à même de sauver légèrement les meubles sous le régime du Changement le ministre de la Défense nationale Issifou Kogui N’Douro, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas. Certes plusieurs sujets opposent les deux hommes et le torchon brûle entre eux. Mais, le départ de M. Kogui N’Douro, à moins de 18 mois de l’élection présidentielle de 2011serait catastrophique pour le président de la République. D’abord, parce que la grande muette, garante de la paix, la stabilité et de la démocratie a une grande confiance en son ministre de la Défense nationale. Ensuite, outre le ministre du Développement Pascal Irénée Koupaki, c’est M. Kogui N’Douro, qui est le seul homme capable de dire la vérité à Boni Yayi. Enfin, son départ serait un coup dur pour les populations Baatombu qui estiment qu’il est leur représentant auprès du chef de l’Etat. En trois ans, M. Kogui N’Douro a réussi à faire rallier à Boni Yayi cette communauté au point que sont départ serait perçu comme une trahison. A moins de vouloir se faire hara-kiri, le président Boni Yayi a tout à gagner à conserver son ami et ministre de la Défense nationale à ses côtés. Le personnage n’est pas exempt de tout reproche. Cependant, son départ du gouvernement dans les conditions actuelles risque d’exposer le département dont il a la charge à des aventuriers et autres griots de tout acabit dont les esprits belliqueux sont connus de tous.

Judicaël ZOHOUN
Journal 24 HEURES AU BENIN 24/08/09

Publié dans Politique nationale

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