»Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme est de volonté. », Alain

 »Le pessimisme est d’humeur ; l’optimisme est de volonté. », Alain, d’un siècle mon aîné, dans « Propos sur le bonheur ». Tout à fait le genre d’écrit que je souhaiterais laisser derrière moi où la sagesse côtoie l’humilité, d’autant plus que je partage, semble-t-il, une même conception de la vie, un optimisme générateur de bonheur.

Quelques citations qui ont valeur de maximes ou mieux d’enseignement :

Page 25,  »Toute la force de l’incrédulité est en ceci qu’on ne veut point consulter l’oracle ; dès qu’on le consulte, il faut y croire un peu. »

Page 29,  »Le corps vivant est plus beau, qui souffre par l’idée et qui se guérit par l’action. »

Page 37, « Réagir contre l’humeur ce n’est point l’affaire du jugement ; il n’y peut rien ; mais il faut changer l’attitude et se donner le mouvement convenable ; car nos muscles moteurs sont la seule partie de nous-mêmes sur laquelle nous ayons prise. Sourire, hausser les épaules, sont des manœuvres connues contre les soucis. »

Page 39, « La douleur, comme d’un mal de dents, suppose que l’on prévoit, que l’on attend, que l’on étale quelque durée en avant et en arrière du présent ; le seul présent est comme nul. Nous craignons plus que nous souffrons. »

Page 42,  »Ceux qui sont morts n’ont rien senti. Sentir, c’est réfléchir, c’est se souvenir… la nouveauté, l’inattendu, l’action pressante occupent toute l’attention, sans aucun sentiment »

Page 44,  »L’homme est courageux ; non pas à l’occasion, mais essentiellement. Agir c’est oser. Penser c’est oser. Le risque est partout ; cela n’effraie point l’homme. »

Page 46,  »Les coutumes de politesse sont bien puissantes sur nos pensées ; … ces mouvements, qui sont courbettes et sourires, ont cela de bon qu’ils rendent impossibles les mouvements opposés, de fureur, de défiance, de tristesse. C’est pourquoi la vie de société, les visites, les cérémonies et les fêtes sont toujours aimées ; c’est une occasion de mimer le bonheur »

Page 48,  »Chose remarquable et trop peu remarquée, ce n’est point la pensée qui nous délivre des passions, mais c’est plutôt l’action qui nous délivre… Dans les moments d’anxiété n’essayez point de raisonner, car votre raisonnement se tournera en pointes contre vous-mêmes ; mais plutôt essayer ces élévations et flexions des bras que l’on apprend dans toutes les écoles ; le résultat vous étonnera. Ainsi le maître en philosophie vous renvoie au maître de gymnastique. »

Page 49,  »Si vous ouvrez la main, vous laissez échapper toutes les pensées irritantes que vous teniez dans votre poing fermé. Et si vous haussez seulement les épaules, il faut que les soucis s’envolent, que vous serriez dans la cage thoracique… Pareillement vous vous guérirez du hoquet si vous arrivez à bâiller… Puissant remède contre le hoquet, contre la toux et contre le souci. Mais où est le médecin qui ordonnera de bâiller tous les quarts d’heure ? »

Page 50,  »On ne peut pas du tout penser le son i en ouvrant la bouche. Essayer et vous constaterez que votre i silencieux, et seulement imaginé, deviendra une espèce d’a. Cet exemple fait voir que l’imagination ne va pas loin si les organes moteurs du corps exécutent des mouvements qui la contrarient. »

Pages 50, 51, 52, « Toute religion enferme une prodigieuse sagesse pratique… Un homme bien irrité se met à genoux pour demander la douceur et naturellement il l’obtient, s’il se met bien à genoux ; entendez s’il prend l’attitude qui exclut la colère. Il dit alors qu’il a senti une puissance bienfaisante qui l’a délivré du mal. Et voyez comme la théologie se développe naturellement… Les hommes ont subi longtemps les passions avant de soupçonner que les mouvements du corps humain en étaient la cause, et qu’ainsi une gymnastique convenable en était le remède. Et comme ils ont remarqué les puissants effets de l’attitude, du rite, disons de la politesse, ces soudains changements d’humeur, que l’on appelle conversions, furent longtemps des miracles. »

Page 60 et 61, « Ce que je vois de beau dans un Michel-Ange c’est ce vouloir fougueux qui reprend la main les dons naturels, et fait d’une vie facile une vie difficile. Cet homme sans complaisance avait les cheveux tout blancs quand il allait, disait-il, à l’école, afin d’essayer d’apprendre quelque chose. Cela montre aux irrésolus qu’il est toujours temps de vouloir… C’est pourtant ce que l’on voudrait faire croire aux enfants… Cette funeste idée ne les change guère dans l’enfance et leur nuit plus tard, car c’est l’excuse des faibles qui fait des faibles. La fatalité est la tête de la méduse. »

Page 64 et 65, « D’où vient alors cette croyance à la destinée ? De deux sources principalement. D’abord la peur nous jette souvent dans le malheur que nous attendons… Il faut dire aussi que nos passions et nos vices ont bien cette puissance d’aller au même but par tous les chemins… C’est encore un vertige, et qui fait aussi réussir les prédictions… Nos fautes périssent avant nous ; ne les gardons point en momies. »

Page 67,  »J’aime bien mieux ne pas penser à l’avenir, et ne prévoir que devant mes pieds… J’ai remarqué que tout ce qui arrive d’important à n’importe qui était imprévu et imprévisible. Lorsqu’on s’est guéri de la curiosité, il reste sans doute à se guérir aussi de la prudence. »

Page 68, « J’admire ceci, que ceux qui cherchent excuse hors d’eux ne sont jamais contents, au lieu que ceux qui vont droit à leur propre faute et disent ‘Je fus bien sot’ se trouvent forts et joyeux de cette expérience qu’ils ont digérée. »

Page 69, « Tout est contre nous ; mais disons mieux, tout est indifférent et sans égards ; la face de la terre est broussaille et pestilence sans l’œuvre d’homme ; non point ennemie, mais non point favorable. Il n’y a que l’œuvre d’homme qui soit pour l’homme. Mais c’est l’espoir qui fait la crainte. »

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