Préface à une vie d’écrivain d’Alain Robbe-Grillet

=> Voyage vers le Sud, Adam ouvrit les yeux le jeudi 13 avril 2006 à 6h du matin fin près pour retrouver femme et enfant chez ses parents à Montpellier, sa ville natale. Incipit d’une nouvelle aux multiples retours et des détours aux sources : la vie d’avant, les aspirations oubliées, la chaleur et le soleil. Plus 2 manques que tout sépare : ce sud et sa femme enceinte qui est partie en avance en vacances avec leur premier fils tandis qu’il assistait à un atelier d’écriture sur Borges. Parallélismes entre la fatigue, l’effort, qui s’installe dans ce trajet au départ si abordable, puis la satisfaction du chemin parcouru et le retour vers la lumière. Il prit la voiture à 6h00 il faisait 6°C. En empruntant la Languedocienne, dernière autoroute avant l’arrivée, la température extérieure dépassa enfin, pour la première fois depuis 6 mois, depuis l’achat de la voiture familiale et bourgeoise, son premier achat de voiture (comme si avant il s’y refusait le statut définitif de sa condition en continuant à rouler dans une voiture choisie par ses parents comme du temps où il était étudiant), il vit donc la température dépassait la température  réglée pour la climatisation (avant elle chauffait maintenant elle le refroidit). Un conte métaphysique? Non, un récit peut-être un peu métaphysique peut-être elliptique en tout cas pas du tout noir ni triste car l’optimisme est là car la vie est encore devant.

Le vent, l’air, le souffle, la respiration. L’aleph en guise de passager sur le siège d’à côté vierge de toute lecture attendant le lieu propice, Alain Robbe-Grillet en voix de fond, la musique d’abord du style de ce qu’il ne peut plus écouter depuis bébé (ni le volume) puis lassé retour aux rythmes musicaux de son quotidien sans aller jusqu’à la berceuse qu’il a emporté pour le voyage retour. Retour qui se fera sûrement mais qui devra ne plus arriver un jour, espère t-il en tout cas pas sans un long détour.

Il faut atteindre presque le péage de Fontainebleau pour avoir une vitesse autorisée jusqu’à 130 au lieu de 110 Km/h comme si l’Île-de-France faisait une ultime tentative pour le retenir alors qu’il pleut faiblement et que le jour n’est pas encore levé rendant la conduite malaisée mais incitant à fuir. A cette heure-ci et ce jour-ci peu de circulation pour ralentir le fugueur et la barrière du péage de Fontainebleau est habilement franchie.

Les 30 premiers km lui ont paru plus longs que les 300 derniers.

Il lui arrive de parler à sa voiture, qui reste la même entité quelque soit la carrosserie (il est venu du sud avec elle représente donc à ses yeux une ambassade, un petit bout de chez lui), et lorsqu’il lui parle il lui dit des choses comme il a pleuré de désespoir alors qu’il travaillait depuis un an chez son premier employeur pour un domaine qui ne lui plaisait pas, ou bien lorsqu’il la pilotait à travers les bouchons pour rattraper un RER qui avait emporté sa futur femme, ou le soir de la naissance de son premier fils lorsqu’il est rentré tout seul les pensées encore accrochées à eux, … Histoire de voitures? Non bribes de pensées distrayant le conducteur en train d’écouter de la musique ou Alain Robbe-Grillet, solitude mais un esprit remis en forme en dehors des contraintes quotidiennes dont le bruit intérieur s’amplifie au fur et à mesure que la lumière fait jour, que le Soleil fait chaleur, que l’entropie regagne du terrain sur l’inertie. Un sud qui explose bien avant d’y arriver mais le sud commence oú? Déjà quelques kilomètres dans cette direction et c’est déjà le sud.

Retours, souvenirs, et si je retrouvais un ami du passé, Fred, pour lequel j’ai été son témoin, je lui dirai quoi dix ans plus tard? Que la fille avec qui j’étais à leur mariage est devenue ma femme, que nous avons eue deux enfants,… C’est tout? Et pourtant comment lui dire autrement ces dix années intenses de la construction de notre couple, du trajet professionnel sinueux, des jours merveilleux et des jours de grande tristesse, comment te dire tout cela Fred? Pas un moment je n’ai pensé à te recontacter, puis à te rechercher quand le temps a passé, mais pourquoi faire? Nous étions des amis, certes, mais rien de plus si ce n’est mon sentiment de culpabilité de n’avoir pas su maintenir notre relation au lendemain de ton mariage, moi ton témoin.  Et puis le fleuve de la vie a été particulièrement mouvementé au point de n’avoir même pas eu le temps de t’appeler.

=> Qui que tu sois, toi qui nous entends, ne nous écoute pas. C’est ainsi que je m’adressais à notre second fils en gestation dans le ventre de sa mère, son prénom lui-même en gestation dans nos têtes.

Nous – individus – sommes le fruit du hasard et même si des événements semblent inéluctables : leur grand-mère va revenir du Vietnam puis repartir après un long séjour pour nous aider, laissant notre premier fils abandonné par cette dernière et qui sait quels soucis sous-jacents. Même si ma mère a perdu son père vers 15 ans (je n’ai pas osé le demander) et mon père a perdu son père vers 17 ans (plus facile à savoir car il s’est engagé dans la marine) et ma femme n’a pas connu son père (boat people)… Rien n’indique que mes deux fils souffriront de ce sentiment d’abandon que l’on a mes parents, ma femme et moi.

Car le hasard des rencontres et des situations se multiplie avec le hasard des naissances… À l’infini.

=> L’intension c’est le moteur du texte sans laquelle un texte n’aurait d’intérêt que de sa beauté. Même si la beauté d’un texte est une force majeure de l’écriture, comme je ne fais pas parti de ces auteurs qui tordent les mots jusqu’à en sortir un jus merveilleux il faut au minimum travailler l’intention. En écoutant Robbe-Grillet qui parle un monde à reconstruire, aux lendemains de la seconde guerre mondiale, je ne peux m’empêcher de penser à mon intention de présenter un monde à détruire, c’est un peu fort à renouveler car je ne suis pas pour le gâchis or détruire c’est beaucoup de gâchis, un monde qui cache immanquablement des mauvais chemins puisque l’homme est ce qu’il est et qu’aux lendemains des révolutions du 18e/19e siècles la liberté à conquérir était l’objectif ultime, le seul objectif, sans prendre en compte la nature de l’homme et donc de protéger. Mais il est aussi un Mal pas forcément imputable au seul être humain mais à l’intelligence collective IC que celui-ci fait émerger d’une société sans cesse plus organisée : la société de croissance et sa sœur la société de consommation, moteur l’une de l’autre. C’est cette hydre contre laquelle les révolutionnaires du futur devront se battre.

=> La Gouvernance est le monde de gouvernement de Smirn. Un Gouverneur est un groupe de décideurs interconnectés en temps réel. Ainsi un changement de l’un d’eux est très facile d’autant plus que l’upload contextuel est immédiat.

=> Le cerveau global dans le cadre de l’intelligence collective (Global-IC) apparaît avec Internet qui offre la possibilité à des individus ayant entre eux des affinités de dialoguer, d’échanger des points de vue, en évitant soigneusement ceux qui n’ont pas les mêmes opinions, évitant les contradictions, radicalisant au final ces affinités partagées. On peut dès lors imaginer l’émergence de super-intelligences avec ces Global-ICs.

=>  »Si le monde est fait, notre liberté est menacée. Si le monde est à faire, alors notre liberté est sans cesse en jeu », d’Alain Robbe-Grillet. Si l’on considère les atomes, si le monde est fait alors ils sont figés même s’ils continuent leur mouvement ils ne peuvent pas en changer de leur propre chef.

=> La liberté comme objectif écrase la liberté. Dans le Docteur Faustus de Thomas Mann pages 233 et 234, il est encore question de la Sonate de Beethoven, l’adieu de la Sonate, son accomplissement où rien n’y est laissé au hasard rendant improbable ce dernier tant l’objectif est clairement défini. Un peu comme si on composait des sons dissonants comme objectif musical dès lors un son dissonant ne devient plus perceptible tant il est fondu dans la masse. En bref, nous ne sommes plus libres si l’on est contraint de vivre exclusivement de manière libre.

J’ai déjà écris que la liberté d’expression pouvait nuire à l’expression elle-même à cause du bruit de fond qu’elle provoquerait.

C’est la versatilité de la liberté car  »Elle apprend très vite à se connaître dans la captivité, elle s’accomplit en se pliant à l’ordre, à la loi, à la contrainte, au système, s’accomplit sans cesser pour cela d’être la liberté », et Thomas Mann ajoute l’organisation, clef de voûte de l’œuvre humaine qui fait que tout état supérieur d’intelligence devient possible (Intelligence Collective).

La liberté est subjectivité qui a besoin d’objectivité pour se réaliser mais qui finit par vouloir se sortir de ces contraintes que l’objectivité a tissé tout autour d’elle comme cadre de vie.

Cela me rappelle le livre de Simone de Beauvoir : « Tous les hommes sont mortels ». Le héro immortel était devenu un roi et il avait fait de son royaume un havre de paix. Lorsqu’il a eu un fils, comme bien des pères, il a fait en sorte qu’il ne connaisse pas comme lui les vicissitudes de la vie et notamment la guerre. Il lui offrait une vie de rêve avec toute la liberté et les joies possibles. La seule chose qui lui manquait était la possibilité d’aller perdre la vie sur un champ de bataille. Est-ce une liberté de tout pouvoir perdre? Assurément, chacun dispose de sa vie comme il lui convient. Le jeune homme avait tout ce que n’importe qui aurait pu rêver et il avait même un père immortel pour être certain que cette vie ne serait pas remise en question sinon par sa propre mort qu’il pouvait espérer le plus tard possible. Or ce cocon est devenu pour lui pire qu’une prison et pourtant c’est la liberté que lui a donnée son père qui lui a permis de voir les frontières de son monde et c’est ce cocon qui a permis d’organiser sereinement son éducation. On peut dire que toutes les bonnes conditions ont été réunies pour qu’il puisse se révolter contre cette vie idyllique et pour qu’il puisse la perdre sottement, par trop grande inexpérience – autre grande leçon du texte de Simone de Beauvoir -, lors de la première bataille.

Ainsi même s’il a perdu cette vie de libertés seulement contrainte par une règle élémentaire de survie, sa subjectivité lui a montré le seul manque qu’il n’avait pas pu briser.

=> Et si les indiens d’Amérique du Sud en savaient plus que nous. C’était ce genre de réflexion sur des chemins de traverse qui me venait à l’esprit après avoir aperçu un titre de journal : « Les indiens … passent de la coke au cola ». Si je comprenais bien le sujet, ces indiens arrêtaient de cultiver la drogue pour fournir la fameuse boisson qui généralement universellement distribuée par Coca Cola. En mettant rapidement de côté les aspects pratiques de ce changement et des multiples questions relatives au lien Coke et Cola, je me disais : ces pauvres indiens, pauvres car exploités, n’avaient pas conscience du mal qu’ils cultivaient étant donné qu’ils étaient à 100 lieux de connaître la société moderne tant il y a un monde entre eux et nous. Tout de suite, le sujet initial perdit de son intérêt par rapport à cette reprise de conscience, reprise car la prise de conscience a été faite par le passé, selon laquelle il y a plusieurs mondes sur terre. Pauvres indiens? Mais qui peut se permettre de connaître la vérité? Si tant est, comme le disait Alain Robbe-Grillet, qu’il y ait une vérité mais plutôt des vérités. Est-ce qu’il y a plus d’importance à connaître la vérité sur la vie de Banlieue que sur la nature foisonnante de la jungle amazonienne. Quel est le sens de notre vie? Sommes-nous sur la bonne voie?

=> La Contradiction introduite par Alain Robbe-Grillet dans son émission radiophonique me touche particulièrement. D’une part comme il est de formation scientifique il est plus proche de moi dans ses réflexions et ses préoccupations que les tordeurs de mots du monde littéraire.

« La lutte des classes est le moteur de l’humanité » de Karl Marx et le système de Contradictions Insolubles d’Hegel (et non pas le système Thèse Antithèse et Synthèse qui une pâle convention d’écriture et d’expression de la pensée enseignée à l’école) sont autant de connaissances apportées à ma conscience par Alain Robbe-Grillet dans cette même émission.

Attention cependant à ne pas confondre contradiction et erreur, c’est cela, je pense, que le système éducatif veut éviter. Comme par exemple avec la ponctuation, Drillon écrivait qu’il faut connaître les règles de la ponctuation avant de s’en passer ou du moins d’y jouer avec.

Alors qu’en est-il au niveau sociétal, faut-il introduire les contradictions en risquant les erreurs ou s’assurer que le mode de raisonnement est maîtrisé en séparant a priori? Il faut bien élaborer des systèmes simples afin de garantir une éducation de base. Cependant, j’ai eu l’impression, et c’est l’avis d’Alain Robbe-Grillet, que le système éducatif en restait à ce modèle simple sans chercher à poursuivre d’une manière ou d’une autre le raisonnement de Hegel. À tel point que l’élite intellectuelle – en tout cas ceux du moins qui ont poursuivi un second cycle – ne semble pas en connaître d’autres. Voire à décrier une contradiction dans un écrit comme de simples professeurs d’école.

Donc si la contradiction est le moteur de l’évolution humaine comme le disait Hegel alors elle ne doit souffrir d’aucune contradiction (sic!) et un monde aussi réglé que le nôtre actuellement ne devrait pas l’oublier au lieu de formater les esprits dans un mode sécuritaire à outrance. Et c’est là que l’artiste intervient pour la reprise de la pensée.

=> Dans le Docteur Faustus pages 236 et 237, Thomas Man parle de la composition musicale sous contrainte à l’instar de l’écriture sous contrainte de l’Oulipo et des écrits de Georges Perec dont le fameux roman « La disparition ». En atelier d’écriture et parfois ou souvent tout seul – je suis très disposé à m’imposer des contraintes dans mes actes il suffit d’imaginer d’écrire ce texte sur un écran tactile de 3.5 pouces – il m’est arrivé de produire des textes surprenants, non pas issus du hasard, mais l’esprit titillé par le défi du hasard, une sorte de temps nouveau comme le disait Thomas Mann dans la Montagne Magique.

Une fois que l’on a sorti l’esprit de l’habituel, sa production est nettement améliorée surprenant son auteur. La formalisation de la pensée en mots est déjà en soi une contrainte qui fait sortir les idées du monde des ombres fugaces vers le sens. Un sens qui se réalise pleinement dès lors qu’il est sauvegardé (enregistrement) mais l’écriture est une étape supplémentaire dans la mise en forme car elle permet la correction, le rajout et la conclusion de l’idée là où la parole n’aurait été qu’un long discours. L’écriture permet de mieux tourner autour de l’idée sans trop s’en écarter puisque l’on voit mieux ce que l’on écrit que l’on ne l’entend et surtout on évite de s’en écarter puisque ce qui nous passe par la tête est relégué au second plan au vu du rapport écrivant / écrit.

« Lié par la contrainte d’un ordre qu’il s’est imposé lui-même, et donc libre. »

=> « Qui renâcle à soulever un fardeau ne peut le faire avancer », dans une sorte de continuité du mémo précédent, Thomas Mann entame le chapitre 23 du Docteur Faustus alors que le précédant vient juste de se terminer sous de noirs auspices : migraine, mariage de sa sœur présenté comme l’enterrement de sa virginité et comme la dernière réunion de famille puisqu’il ne reverra pas son père vivant.

Nous parlions dans le mémo précédant de l’écriture sous contrainte. Une des possibles contradictions exprimée pourrait être ce fardeau imposé au génie créatif freinant sa production dans d’inutiles méandres : en effet on n’imagine mal que des auteurs plus prolifiques que Georges Perec se soient imposés une telle torture là où la fluidité naturelle de leurs écrits n’y gagnerait pas. On pourrait à ce titre reprocher à Perec d’avoir investi beaucoup trop d’énergie dans « La disparition » là où un texte plus court aurait suffi à mon impatience limitée mais galvanisée par le résultât produit sur le lecteur.

C’est une question de volonté semble me répliquer Thomas Mann dans la citation de début de mémo – bien placé qu’il est quand on lit ses romans – alors je résiste à l’envie de jeter au loin mon Palm récalcitrant et je suis d’accord que tout est question de volonté, mais on a des limites.

Sans en arriver là cependant, il est vrai que l’écriture est une question de volonté bien loin d’un investissement en bourse, spéculatif ou non. Écrire est un fardeau dont seule une organisation drastique permet un développement heureux. Souvent les événements (souvent malheureux) de la vie servent de moteurs comme fonder une association pour une cause : on est sorti de l’indifférence, paresse intellectuelle, et on s’oublie. Ecrire c’est s’oublier mais ce n’est pas forcément oublier les autres (lectures ou discussions, la contradiction veille) ce qui est une confusion commune de faire supporter aux autres un peu de notre fardeau.

Je retourne à la lecture du Docteur Faustus  et j’espère que la seconde phrase m’inspirera moins car mon Palm et moi on ne va pas être copain longtemps.

=> « Jeannette était écrivain et romancière », ce n’est pas tant que ce  »et » qui ajoute ces deux attributs et à la fois les distingue ostensiblement qui soit nouveau pour moi. C’est plutôt que Thomas Mann, romancier et grand écrivain, ait eu besoin de le signaler.

Je ne veux pas être romancier sans être écrivain. Alors comme je n’ai pas eu la chance de naître dans une famille littéraire – j’ai eu beaucoup d’autres chances sinon je ne serais pas ce que je suis et on n’est pas à partir de rien – il me faut rattraper le retard. Disons que mon imaginaire a occupé de longues années de ma construction d’enfants et que ma vie d’adulte essaie de rejoindre le niveau pour apporter le reste au monde. Cela ne semble pas exceller dans la modestie ce que je vous dis là mais c’est ainsi que sont mes espoirs, mes convictions parfois, mes doutes omniprésents.

C’est pourquoi j’investis autant d’énergie dans les ateliers d’écriture, dans mes lectures présentes et surtout dans ces prises de notes. En effet, jusqu’à présent, je n’ai pas encore la certitude de la façon que j’userai pour mes romans. Bien sûr, j’ai eu et j’ai encore des idées qui s’apparentent à des rêves que je ne remets en question qu’en ne faisant rien. Suis-je de ceux que Thomas Mann décrit comme ayant une production littéraire parlée faisant référence à l’absence de toute production écrite et à leurs beaux discours dans les salons littéraires à la mode. Je n’en crois rien, je ne fréquente pas ses salons (en existent-ils à notre époque? Sans doute mais je n’en connais pas) et les ateliers d’écriture sont très intenses et productifs. Et puis, je ne me réserve pas puisque chaque jour je gratte mon Palm!

Je note donc mes idées. Et puis pourquoi je ferai roman classique ou même nouveau? Alain Robbe-Grillet disait que le roman est toujours nouveau, à faire, comme la liberté que l’on doit conquérir à chaque minute, comme les vérités qui existent et qui meurent (il n’y a pas de Vérité mais des vérités, cela va d’ailleurs très bien avec la notion de liberté). Ils disaient que chaque auteur crée un monde qui disparaît inévitablement avec son créateur. Je vais créer un monde, on verra lequel. Ils se pourraient qu’à travers une trame de roman classique ou nouveau ces notes, ces idées en vrac, constituent la trame de fond.

=> Je remercie la vie de ne pas avoir eu une oreille attentive à mes demandes de souffrance. Je remercie la vie de m’avoir épargné de la vraie douleur. Je remercie la vie de m’avoir laissé le temps d’atteindre une meilleure lucidité. De celle qui n’a pas besoin que je souffre pour réaliser ce que je veux faire dans ma vie : écrire.

=> Faust et le diable, la rencontre page 281 du Docteur Faustus de Thomas Mann. Le pacte que je lis de mon propre chef dans cette version magnifiée. J’avoue n’avoir pas cherché avant à lire (ou entendre) des œuvres traitant le sujet et pourtant il y en a, du pire et du meilleur. Le meilleur est assurément la version de Thomas Mann alliant écriture avec un grand E et contexte historique allemand qui devrait être un livre d’étude pour tout bon petit français qui apprend à se souvenir de ces tristes événements. Thomas Mann n’est pas un élément de la propagande des alliés qui demeure encore 60 ans après. Il est allemand, il est écrivain, un grand, et il nous donne à comprendre car il vaut mieux comprendre qu’apprendre pour éviter les égarements ou les manipulations.

Ainsi le pacte avec le diable est dévoilé par ma lecture d’homme consentant pour la première fois avec talent et limpidité. Bien sûr, je savais peu ou prou que cela consistait à vendre son âme (notamment après la mort) contre des bénéfices pendant la vie (richesse, inspiration quasi divine, …). Bien sûr, rien n’était réellement nouveau mais le discours l’était par son style. L’ironie, non. Le diable est souvent ironique. Alors, quoi?

L’approche, en général il est présenté un peu comme le génie de la lampe à ceci près qu’il ne doit rien à personne, au contraire il fait payer ses services. D’autre part, on présente ses prestations comme une duperie à l’instar des échanges commerciaux des espagnols avec les indigènes du temps de Christophe Colomb : que vaut une nuit avec la plus belle femme du monde comparé à une éternité en enfer?

Ici il s’agit de folie pure de celle où l’on se prend pour un dieu. C’est comme une surconsommation énergétique qui provoque en même temps une dégradation paradoxalement jouissante. La maladie sexuelle contractée par Adrian, qui est la fois la conséquence de son état et le point initial de son pacte avec le diable, lui provoque ses transports énergétiques et s’en trouve aggravée par ceux-ci. Une sorte d’auto alimentation du Mal pour un dépassement de soi qui ne pourrait pas cacher son origine maudite.

C’est donc ces interconnexions qui apparaissent nouvelles pour moi et éveille mon intérêt. Le Mal ne vient pas tout seul, du néant, il est appelé. Le Mal engendre un dépassement maléfique qui engendre le Mal et dégrade celui qui s’en sert (le seigneur des anneaux). Et le pacte de l’enfer éternel n’est pas conclu pour des objets de pacotille mais pour une sublimation en forme d’auto combustion. La duperie réside toujours dans la conséquence incommensurable de ce feu de joie limité mais est-on bien dupe? L’homme n’a-t-il pas toujours cherché à se dépasser? À atteindre Dieu? Alors maudits ou martyres en définitive?

=> L’intelligence est multiplicité. En termes concrets, la logique est une partie de cette multiplicité d’intelligences, la lucidité, l’écoute, le recul, l’analyse, etc… en sont bien d’autres. Si on parle d’un enfant en disant qu’il est surdoué et donc qu’il s’ennuie au quotidien et en conséquence directe de notre société de consommation souffre de problèmes de malnutrition (boulimie ou au contraire anorexie), on peut dire qu’il est intelligent. Il le serait vraiment s’il pouvait comprendre sa situation, prendre du recul par rapport à la nourriture qui est assortie de sollicitations publicitaires et qui fait mauvaises presses dans les articles sur le régime ou la santé, et s’il savait en analysant tout cela, trouver ses centres d’intérêts, au final tirer les bénéfices de ses capacités. Or on sait qu’en général un enfant surdoué échoue sans aide extérieure. Il est en suractivité sur une des multiplicités de l’intelligence et cela le fait échouer sur les autres. C’est comme une spécialisation. Un binoclard penché sur ses travaux ne voyant pas ce qui se passe autour de lui.

=> « Le diable, le vrai seigneur de l’enthousiasme », fameux chapitre XXV (page 290) de la rencontre entre Adrian et le Diable dans le Docteur Faustus de Thomas Mann. Dieu permet l’illumination, la flamme du génie, mais il ne permet de se libérer de la raison, « l’éclatante irréflexion ». C’est le paradoxe de l’artiste, oublier la raison pour suivre des chemins que d’autres n’auraient pas osé suivre mais d’un autre côté réfléchir le monde dans lequel il vit par ses réflexions incessantes sur des sujets récurrents. Un paradoxe subtil à en perdre la raison et à basculer dans l’occulte tant la source de son imagination tient de la magie et peut disparaître ou rester bloquer pour raisons obscures.

Thomas Mann m’inspire beaucoup, tant ces idées sont claires comme celle-ci qui vient juste après page 291 : « Ils (candidats à l’asile des vieux, folkloristes et néo-classiques) se racontent à eux et aux autres que le fastidieux est devenu intéressant parce que l’intéressant commence à devenir fastidieux… ». Et voilà que cela fait écho avec la lecture dans un magazine que je fis hier soir, écrit par Bernard Henri-Levy, et qui me paraissait extrêmement incompréhensible tant les idées se commençaient sans se terminer à tout bout de champ. Le titre de ce pamphlet grotesque est « Suite dans les idées », un comble.

Mais revenons à notre sujet, sans se mordre la queue, et avec quelque peu de la suite dans les idées, ce que j’ai beaucoup mais pas à la manière BHL, l’irréflexion se traduit aussi dans l’amour. Rien de divin cette fois ni de maléfique même si parfois l’amour fait souffrir, beaucoup. Si on met les mauvais côté à part, on sait que l’amour rend aveugle et sourd tant la  capacité de raisonnement semble avoir totalement disparue, et il fait aussi des miracles lors de moments d’extrême enthousiasme mais comme à chaque sommet il y a une chute, à chaque drogue il y a le retour à la réalité. Exitus le diable, l’amour physique ou charnel, l’attirance sexuelle et parfois plus fort encore l’adéquation intellectuelle, les centres d’intérêts, l’apport réciproque, le mini brainstorming du couple, … Et l’on se retrouve dans une situation nouvelle qui nous semble plus lourde (à deux c’est plus que 2 fois plus) mais tellement plus riche (et je ne parle pas de devenir ensuite papa…). Le risque existe toujours (perdre l’autre, notre drogue) et le prix a payé de cette suractivité serait une fin plus rapide (à l’image de ses Japonais d’Okinawa qui mangent peu, diminuant leur activité interne, pour brûler moins vite leurs forces vives) mais à quoi servirait de vivre une éternité figé dans la glace?

=> « Œuvre, temps et apparence font un », page 294 du Docteur Faustus. Il me semble que c’est un grand classique que présente Thomas Mann. La problématique du passé, du passif qui lie chaque auteur à l’histoire de son art : On n’écrit pas simplement ce qui nous vient à l’esprit (peut-être que si en premier jet), on regarde autour de soi et en arrière pour savoir si c’est réellement novateur. Mais plus contraignant encore (et surtout dans l’art musical qui est le thème de son roman) ce sont les conventions de notre époque qui dictent ce qu’il ne faut pas faire, un peu comme la ponctuation. Et si l’on veut transgresser les règles, il faut les maîtriser parfaitement d’abord.  Un peu à l’image de Picasso qui maîtrisait parfaitement la peinture et qui a passé sa vie à réapprendre à peindre comme un enfant : déstructuralisme.

Et si ce passif, sans cesse grandissant, aboutissait à une stérilité ; le poids du passé pesant inexorablement sur la plume de l’auteur.

La critique est aisée l’art est difficile, tel le dicton populaire. Un œil de Moscou au-dessus de l’épaule de l’écrivain et dans son crâne figeant ses pensées? On a vu par exemple avec l’oulipo que l’écriture sous contrainte n’est pas une mauvaise chose bien que le résultat soit plus une surprise que le résultat d’un acte réfléchi (mais c’est le cas à chaque fois que l’imaginaire travaille l’auteur n’est pas le maître absolu de ses écrits). Il ne faudrait pas que les contraintes prennent trop de place dans la production sinon on risquera une musique du hasard.

« Depuis que la culture s’est détachée du culte et s’est fait culte elle-même », page 297, Docteur Faustus, est-ce lié à mon thème, la société de consommation? En tout cas elle, cette société, sait parfaitement exhorter ces, à la culture, penchants de grandeur et de conformisme. Thomas Mann énonce ainsi l’étape numéro 1 de la globalisation culturelle : à trop sûr de soi on ne voit pas poindre la chute et celle-ci s’appelle la médiatisation à outrance où la culture côtoie les lessives dans un maelstrom photonique.

=> Dieu est notre créateur, le diable notre création. Sans faire référence aux aspects religieux de cette pensée qui me vient à la lecture du Docteur Faustus de Thomas Mann (bien que le religieux soit bien profondément ancré en moi), je vois ici des aspects psychologiques forts bien que néophyte en la matière.

L’homme est pris entre deux feux : dieu et le diable. Dieu est la responsabilité qu’à l’homme vis à vis du monde d’avoir été créé, d’être né. Bien que remplie de vicissitudes, la vie est une chance énorme car elle signifie exister et tous les possibles associés à cette existence. Tout le long de sa vie, l’homme (et aussi la femme bien sûr mais la distinction n’est que dialectique) est challengé pour son devenir ; Il ne doit pas gâcher cette chance, qu’il soit né pauvre et alors de pouvoir s’en sortir, qu’il soit né riche et de ne pas perdre cet acquis. De l’autre côté il y a le diable. Qu’en est-il de moi? Suis-je à la hauteur de cet honneur qui m’est fait d’exister? N’ai-je pas mes propres envies par rapport à l’existence? Pourquoi devrais-je suivre les règles étriquées et imposées par d’autres pour le restant de ma vie? Et dans tous les cas est-ce de ma propre initiative ou celle d’une entité maligne supérieure? Ai-je le diable en moi ou bien le diable est une entité multiple dont je serais l’un des composants? C’est là que je dis que nos remords font que nous créions le diable pour nous déculpabiliser de ce qui se passe.

=> Panthéon : Aux grands hommes la patrie reconnaissante.

Pavéon : Aux petits hommes la patrie négligeante.

Priséon : Aux mauvais hommes la patrie intransigéante.

Exiléon : Aux hommes différents la patrie refusante.

Anéon : Aux hommes incomplets la patrie compatissante.

=> Et c’est parti pour Hadrien…. Il était une fois JMB et JB qui eurent deux enfants PB puis LB. PB (moi) a rencontré TT qui devint TB et eurent deux enfants MB et HB. Le reste de l’histoire est à écrire. JMB et JB ont donné les conditions (non connues à ce jour voire inconnaissables) pour que PB entame le récit. LB a préféré le droit chemin de l’oral aux tortueuses calligraphies de mon Palm. TB a été séduite par la vocation de PB et aime les livres qui sont le but ultime de son chéri. Il reste à MB et/ou HB de poursuivre le chemin à leur façon.

Hadrien est né un lundi matin, très matin 2h45 environ, 19 juin 2006. Il pèse 3.710 kg / 53.5 cm. Salle de naissance Primevère (Maximilien est né à 12 pas de là dans la salle Mimosa). Première tétée à 3h35 dans la salle, Bravo!

Pour l’heure, Hadrien est ma bonne petite étoile puisque, depuis quelque temps, il me porte chance lors de l’inscription à des ateliers d’écriture très renommée (en tout cas pour ce que j’en sais). Je m’étais inscrit en Avril à l’atelier spécial Luis Borges et ses contes métaphysiques avec rien de moins qu’Alain André le créateur des ateliers Aleph. Hier, je me suis inscrit à l’atelier spécial sur Julio Cortázar et ses contes fantastiques animé par quelqu’un que j’estime beaucoup. Ainsi qu’à une semaine d’initiation au roman (enfin on y est) avec là aussi un excellent animateur.

=>  »Percevoir beaucoup et comprendre peu », Alain Robbe-Grillet cite Spinoza (le traité de la reforme de l’entendement) qui disait que Dieu est incapable de fiction car il comprend tout à l’inverse de l’homme qui comprend peu tout en percevant beaucoup de choses et qui extrapole son besoin de comprendre, ce manque, dans la fiction : une sorte de pis aller où il met à jour ses nombreuses théories, ses incertitudes.

=> Minuit, l’heure du crime, un papa, endormi, étalait dans le lit, criant dans ses bras, un (grand) bébé contre un sein.

(Minuit, l’heure du crime, un homme, un grand couteau à la main, étalait du fromage sur son pain)

=> « L’amour est une énergie » dit Thay. Vous croyez que c’est simple d’être patient, d’être généreux, attentif jours et nuits pour un enfant, son enfant. Maximilien puis Hadrien, deux garçons à un peu moins de 2 ans d’intervalle ce n’est pas du sport (synonyme de performance) mais de l’énergie, l’énergie de l’amour.

Et de manière concrète Thay propose dans  »Transformation at Base » au chapitre « Transmission » de créer « Un Institut de la famille » où les futurs jeunes parents viendraient se préparer à l’arrivée d’un enfant puis continuer après la naissance pendant quelque temps. Je reprends cette idée pour la société Smyrn où l’IF serait une institution pour la préparation de chaque arrivée d’un nouvel enfant. Que ce soit pratique (hygiène, sécurité et organisation) mais aussi et surtout apprendre à arroser les graines de bonheur qui sont en nous et à couper les mauvaises herbes (les énergies d’habitude). Il s’agit avant la conception de se mettre dans des dispositions telles que la mère et le père soient préparés comme lorsqu’ils préparent leur futur métier. Cette année de préparation fait l’objet d’un congé parental. Et il a été prouvé que le gain futur pour les deux parents (sans parler du gain pour l’enfant) est supérieur à l’investissement de départ. Avant de commencer la préparation de l’IF des stages en soirée et week-end sont proposés pour valider la décision.

Après la naissance l’IF aide les parents à poursuivre le sens de leur démarche et notamment, comme Thay le propose, à tenir « un journal pour exprimer leurs joies et leurs difficultés avant et après la conception, et un autre journal pour raconter la souffrance, le bonheur et les événements importants de leur enfant, de un à dix ans. » afin de garder une trace pour sa future vie d’adulte et notamment quand  »il sera temps pour lui d’aller étudier à l’Institut ».

=> « Si l’on pouvait déchirer et jeter le passé comme le brouillon d’une lettre ou les épreuves d’un livre. Mais il demeure obstinément et entache le texte définitif et je crois que c’est cela le futur véritable », Julio Cortázar « Lettres à Maman ». Une intéressante pensée mêlant Présent (action), Passé (passif) et Futur (le devenir de l’action alourdie par le passif).

Dans un texte de Philip K Dick, l’auteur définissait un médium comme quelqu’un qui voit les futurs possibles comme s’il était physiquement posté à l’arrivée d’un carrefour où de multiples chemins sembleraient en partir sauf celui qu’il a emprunté pour arriver à ce carrefour car il est fait de terre et que pour aller là où il doit aller il lui faut emprunter un chemin goudronné. Le futur possible dépend du carrefour et le carrefour dépend du chemin de terre qu’il a suivi. Ce chemin de terre a laissé des traces, des marques sur la carrosserie et ces marques non seulement rappelleront le passé mais elles vont tôt ou tard pousser à prendre un autre chemin à un carrefour suivant pour les nettoyer ou autre chose. Le texte définitif ne pourra se séparer du chemin de terre. Le futur véritable, la décision de choisir telle ou telle direction au final, sera intimement liée à ce passé. Le futur est inconnaissable mais le passé ne peut pas être oublié.

=> Devenir parents c’est ce qui nous arrive quand on a un enfant. Avoir un enfant ce n’est pas comme avoir une voiture. Dans le second cas on veut dire acheter puis utiliser. La voiture offre un service et si cela ne nous convient pas on peut la revendre ou s’en débarrasser. Dans le premier cas, avoir un enfant, il n’est pas question de tout cela. Avoir un enfant c’est assumer. Assumer sa présence, ses besoins, sa subsistance.

Si l’on considère les étapes de construction de l’état de parents en oubliant pour une fois le lien intime de la maternité. En premier lieu, que ce soit une surprise bonne ou mauvaise, que ce soit planifié ou attendu, la première étape est la prise de conscience que la vie vient de nous faire franchir un état de conscience : il faut commencer à ne plus penser au singulier. La naissance est l’aboutissement de cette prise de conscience, sa concrétisation, si difficile pour les pères.

Le cap des 18 mois, la crise du non est le besoin qu’à l’enfant d’exercer ses premières prises de décisions. Il a besoin de ses parents et l’étape suivante à franchir est celle de ne plus penser pour deux mais pour un + un. La crise du non est difficile pour les deux parties : les parents doivent sévir et s’imposer en tant que parents face à un bout de choux adorable et fragile qui peut aussi paraître insupportable ; l’enfant a besoin d’être cadré, de pousser et repousser les limites pour gagner en espace de liberté et il a besoin de ses parents de leur affection indéfectible. Franchir cette étape c’est gagner en autorité tout en restant à l’écoute mais en laissant de l’air pour qu’il respire sans pour cela créer du vide autour de lui : il faut un cadre. Cette étape va ensuite durer longtemps, jusqu’à l’adolescence que je connaitrais plus tard pour mes fils.

Ce que je suppose de part ma propre adolescence c’est que l’étape suivante est la remise en question de cette autorité établie, de cet ordre. C’est l’heure du changement. On croit à tors que c’est l’heure du détachement mais il a déjà eu lieu, disons commencé lors de l’accouchement. Non, l’adolescence c’est un besoin de mettre à égalité (un + un devient un vis à vis un), de la remise en question, du réapprentissage… C’est comme pour les études, ce que l’on apprit du temps de nos études, même supérieures, est quasi obsolète du temps de celles de nos enfants. Le monde a changé et l’on était de ceux qui en assuraient la stabilité pour nos enfants tandis qu’eux apprenaient ce nouveau monde sur les fondations qu’on leur donnait chaque jour. L’adolescence est l’heure de la confrontation de ces deux mondes où l’on doit en créer un troisième : s’enrichir de leur monde tout en gardant de notre monde, de ce qui fait de nous leurs parents, leur soutien.

=> Un chéquier qui disparait. Rien de dramatique quand on sait qu’il ne peut être que dans la maison. Mais avec la naissance du second fils et le premier haut de ses 18 mois qui se déchaine dans sa crise du non, son besoin d’identité après toute une vie de fusion maternelle puis paternelle, alors qu’il fait des petits pas pour l’humanité mais de si grands pour lui et ses parents.

Notre héro est ainsi perdu dans les brumes des nuits blanches avant que tout s’installe (on s’habitue à tout même à ne pas s’habituer) dans la durée, une semaine, un mois, un an, 18 ans. Relégué au second plan à cause de ses fils, sa femme allaitant avec ses seins superbes qui disparaitront une fois le fils assez grand sans qu’il ne comprenne la chance qu’il avait, bien ingrat avec ses hurlements lorsque l’heure de la tétée arrive.

Une crise d’identité, la fatigue, le sommeil entre parenthèses, il devient un étranger chez lui. Mais est-il chez lui au fait ou bien s’est-il introduit ici par effraction, par folie.

=> Après une rupture de quelques mois, un homme et une femme se retrouvent chez des amis communs. Ils s’ignorent une grande partie de la soirée mais finissent par se parler et partent ensembles sous prétexte de se raccompagner. La maîtresse de maison est satisfaite de son stratagème. Ce qui au premier abord semble se vérifier puisqu’elle l’invite chez elle et ils passent la nuit la plus torride, la plus passionnée et la plus intense attentions des émotions de l’autre. Jamais ils n’avaient vécu cela jamais plus ils eurent une relation ensemble.

=> En réponse à la loterie solaire de Philip K Dick, l’assassin pourrait être un homme normal pour les années 1980 mais pas si normal que cela pour la fin des années 2000 : aucun implant électronique, aucun point d’accès au réseau mondial, un homme sans appareil électronique sur lui… Invisible aux policiers du futur… Indétectable.

=> A la vue d’une publicité de déodorant Narta dans une rame de métro, je m’exclamais intérieurement : « Allez donc nous vendre vos déodorants aux résultats prodigieux à nous à qui vous proposez ces rames de métro où l’on s’entasse comme des bêtes ».

Cela fait parti de ma révolte devant ce monde mercantile que l’on loue pour son ironie et sa duplicité. Qu’est-ce que la réussite sinon le gain cumulé de petits échecs personnels d’autrui. Qu’est-ce donc que le capitalisme sinon l’appauvrissement de son voisin pour son propre bénéfice. Qu’est-ce donc qu’une vie qui atteint des sommets sur ces gains sinon qu’un échec de l’humanité. On retiendra les Rockefeller, Bill Gates et bien d’autres comme des ascensions de l’Everest, des records à inscrire dans des guides. Pour ma part, je préfère ne pas oublier la souffrance qui a été le combustible de l’évolution humaine.

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