Dino BUZZATI (380)

 

Dino Buzzati

16/10/1906 – 28/01/1972

L’écrivain italien Dino Buzzati est né à Belluno en 1906. Après des études de droit faites à Milan (où son père était professeur de droit international), il se tourne vite vers la littérature. Très jeune, il écrit des poèmes. A vingt-deux ans, il est correspondant du Corriere della Sera en Ethiopie, puis correspondant de guerre dans la Marine. A Milan où il vit, il consacre son temps à écrire et à peindre ? Plusieurs de ses toiles ont été reproduites en France et Marcel Brion, dans l’Art fantastique, fait l’éloge du peintre Dino Buzzati. Son roman, Le. Désert des Tartares, paru en 1949 en traduction française, obtient un très grand succès. Une de ses pièces, Un cas intéressant, adaptée par Albert Camus, a été jouée à Paris en 1956.

 

                   

 

973                                                 Le désert des Tartares

Giovanni Drogo a choisi la carrière des armes. Dans une forteresse oubliée, aux confins de la frontière du Nord, il attendra de longues années, face à l’étendue aride, le début d’une guerre improbable. Jusqu’au jour où les mirages du désert s’animeront.
Traduite dans le monde entier, cette vision allégorique saisissante de notre condition, de nos illusions et de nos rêves, est devenue l’un des classiques du XXe siècle.

2535                                              Le K

Selon une légende vivace chez les gens de mer; un squale monstrueux – le K – suit la victime qu’il s’est choisie pendant des années s’il le faut jusqu’à ce qu’il réussisse à la dévorer: Bien qu’il sache le K dans son sillage, Stefano passe sa vie à bourlinguer. Devenu vieux, il se décide à affronter le monstre et découvre que celui-ci ne le suivait que pour lui offrir la plus belle perle du monde… mais c’est trop tard.
Dans sa brièveté, l’histoire du K qui donne son titre au recueil contient sous les thèmes familiers à Dino Buzzati et définit parfaitement un art où le merveilleux et l’humour se mêlent à l’observation lucide avec une maîtrise que confirment les cinquante autres récits suivants. Une sensibilité exacerbée, un sens aigu de la justice, un certain pessimisme aussi donnent une résonance poignante au Compte, à la Petite Circé , à L Ascenseur, au Veston ensorcelé, à L’OEuf, par exemple. Le fantastique De Buzzati est étroitement accordé à l’air. de notre temps et aux préoccupations du jour: la guerre mondiale, la dictature, le mal de la jeunesse et la solitude, comme en témoignent Chasseurs. de vieux, La Leçon de 1980 ou Suicide au parc et L’Arme secrète.
Mais il faudrait tout citer de cet écrivain qui se place parmi les meilleurs auteurs contemporains.

 

3119                                              Le rêve de l’escalier

Parmi les cauchemars dont les esprits de la nuit s’amusent à tourmenter les humains, le rêve de l’escalier est un des plus efficaces dans sa simplicité. La rampe se dérobe sous la main du dormeur, se fragmente, se pulvérise, les marches hautes comme des tours se creusent en abîmes ou s’amenuisent en barreaux ployant au-dessus du vide – et l’épouvante serre le cœur du dormeur qui s’y croit cramponné.
Cette suite d’espoirs déçus, de certitudes anéanties, de vains efforts incessants a d’autant plus de prix, disent les esprits nocturnes, qu’elle renferme une allégorie de la vie.
Il en est de même, en vérité, pour les vingt-quatre autres textes (contes, récits, variations) du recueil auquel Le Rêve de l’escalier donne son titre. De la réalité quotidienne et du pseudo-réel qui hante le sommeil au vrai fantastique, la marge est souvent étroite. Dino Buzzati excelle à glisser de l’une à l’autre, à suivre les méandres des distorsions temporelles, à faire résonner le tic-tac de la pendule fantôme annonciatrice de l’avenir, à chausser les lunettes qui révèlent Les Vieux clandestins, à brancher la télévision-vérité des Inventions, à écouter chiens et vieille auto. , L’humour comme dans l’apologue gai de L’Epouse ailée, l’observation désabusée d’Icare ou de Lettre d’amour, l’ironie amère inspirée par les conflits de générations et le Temps dévoreur des êtres, sont d’autres facettes qu’offre ici le talent d’un des meilleurs écrivains italiens contemporains.

4172                                              Les nuits difficiles

En l’ingénieur Paudi, qui s’acharne à exterminer une vieille super-stition, s’incarne le vaniteux XXe siècle si fier de dominer la nature par sa science qu’il ne laisse pas de place à l’imagination. Dino Buzzati fait de Paudi le héros d’un conte symbolique, empreint de nostalgie et teinté d’humour amer, Le Croquemitaine, premier des vingt-six récits dont se compose ce recueil intitulé Les Nuits difficiles.
La nostalgie est celle d’un univers où tout ne s’inscrit pas encore en formules et sur fiches, l’humour est inspiré par une réalité dont la dureté suscite l’amertume et renforce le sentiment de notre isolement, l’angoisse naît devant ce temps que nous avons perdu et la mort – cette mort dont Equivalence nous permet de mesurer la relative menace – peut être désirable comme le conclut Contes-tation globale ou la seule issue pour qui est solitaire et mal toléré dans sa maison ou son siècle, tel le héros résigné de La Croquette. Avec les intersignes des Trois Histoires de Vénétie ou de Solitudes, le fantastique de textes comme Personne ne croira ou L’Influence des astres, avec l’ironie corrosive de L’Honneur du nom, de Boomerang, de Petites Histoires d’auto, le « vécu N de La Tour ou de L’Epui-sement, Les Nuits difficiles sont parfaitement représentatives de l’art de Dino Buzzati.

5901                                              Mystères à l’italienne

Pendant l’été 1965, Dino Buzzati, parti à la recherche de l’Italie mystérieuse pour le grand journal « Corriere della Sera », en ramenait une série de croquis pris sur le vif qui venaient, fort curieusement, agrandir le monde fantastique et magique auquel l’auteur du Désert des Tartares, désormais parvenu à la gloire, avait jusqu’alors habitué ses lecteurs.
De la misérable Mélinda, sorcière contre son gré, au fascinant docteur Rol, inspirateur de Fellini, en passant par l’amiral en retraite Aloisi, qui trompe l’ennui de ses vieux jours en appliquant à la lévitation d’objets familiers les recettes secrètes grâce auxquelles il a jadis tenu la flotte anglaise en respect, c’est toute une galerie de magiciennes au petit pied, de rebouteux illuminés, de jeteurs de sorts analphabètes, de prophétesses en mal de sainteté qui défile et délire le plus sérieusement du monde et dont – grâce au talent et à l’humour glacé de Buzzati – les trucs les plus minables prennent soudain une ampleur, une grandeur insoupçonnées.

2147                                              Un amour

Il arrive parfois qu’une silhouette à peine entrevue laisse dans la mémoire une empreinte vive. Plus sensible qu’un autre à la beauté et à l’équilibre des formes de par son métier (il est architecte), Antonio Dorigo a remarqué ainsi dans une tue de Milan une jeune fille en qui son imagination se plaît à voir incarné le symbole éternel du peuple italien. Ce souvenir gracieux revient s’imposer avec force quand il rencontre pour la première fois la petite call-girl Laïde chez Mme Ermelina. Il n’en faut pas plus pour que naisse un « sentiment d’attirance et d’attachement » qui est la définition même de l’amour. Dorigo est long à mettre un nom sur sa rongeante impatience de revoir Laïde, de connaître ses antécédents ou ses faits et gestes. Son instinct lui dicte qu’elle ment, le gruge et se moque de lui, mais il reste sourd au bon sens. Qu’attend-il de cette gamine vénale et froide sinon ce qu’il ne pourra jamais obtenir ? Il lui faudra deux années d’enfer pour s’en rendre compte et s’avouer qu’il a perdu la bataille. Mais n’est-ce pas cela même qui a donné un sens à sa vie ? A travers l’aventure poignante de Dorigo, Dino Buzzati pose à nouveau l’interrogation passionnée qui résonnait déjà dans son autre roman justement célèbre, Le Désert des Tartares : comment vivre sans absolu ?

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