Interview : Stéphane Bourgoin - spécialiste des tueurs en série
Rien ne prédisposait Stéphane Bourgoin qui, pendant 8 ans, fut footballeur professionnel au Red Star (Paris), à suivre la piste des tueurs en série. Rattrapé par son destin, il traque aujourd'hui, depuis près de 30 ans, les serial killers à travers le monde. Spécialiste réputé et reconnu.
Voici une interview de Stéphane Bourgoin : vous la trouverez en totalité sur http://www.horreur.net/article-18.html
Quelle est votre définition du tueur en série ?
C'est quelqu’un qui tue forcément à plusieurs reprises, avec un certain intervalle de temps entre chacun des crimes, ce qui le différencie du tueur de masse (par exemple Richard Durn qui a abattu tous les conseillers municipaux à Nanterre en un seul acte criminel), et avec des mobiles d’ordre psychologique, qui peuvent être des pulsions sexuelles mais pas seulement.
Par contre, il faut bien distinguer le mode opératoire d’un même tueur en série, qui peut changer, et en quelque sorte sa signature psychologique, la ritualisation de la scène de crime.
Peut-on qualifier de tueur en série quelqu’un qui tue pour des raisons crapuleuses (argent,…) ?
Cela dépend des mobiles cachés ou pas. Dans le documentaire Confessions d’un tueur de la mafia, on voit bien que le tueur, interrogé par un profiler, a des mobiles autres que l’appât du gain avec une expérimentation sur les façons de tuer, une forme certaine de sadisme…
Comment expliquer que ce phénomène a surtout émergé dans les pays industrialisés et occidentalisés ?
Ce n’est pas le cas. C'est surtout une question de médiatisation, car la plupart des organes de presses internationaux, agences de presse, sont anglo-saxonnes : Fox News, CNN, Reuters, Associated Press… et les Américains et les Anglais ont tendance à ne s’intéresser qu’à ce qui se passe chez eux.
On ignore ce qui se passe ailleurs alors que j’ai pu découvrir l’existence de tueurs en série au Venezuela, au Brésil ou en Corée du Sud où un tueur s’inspire en quelque sorte du tueur de Memories Of Murder en tuant les jeudis de pluie…
Mon livre Serial Killers est sorti il y a peu en Argentine et j’ai reçu un énorme courrier de l’ancien patron de la police de Buenos Aires, qui m’a envoyé un listing de 50 tueurs en série. J’ai également écrit un livre sur une profileuse sud-africaine et, avant de la rencontrer à un congrès au milieu des années 1990, j’ignorais l’existence de tueurs en série en Afrique du Sud alors que c'est le pays qui génère le plus de tueurs en série au monde et où il y a une criminalité sexuelle extrêmement violente. A travers mon site (www.au-troisieme-œil.com), j’essaie aujourd'hui de faire circuler cette information.
Pourquoi y a-t-il beaucoup moins de femmes tueuses en série que d’hommes ?
Parce que les femmes tuent moins que les hommes. On dénombre 10 à 15 % de femmes parmi les tueurs en série, soit la même proportion que chez ceux qui ne tuent qu’une fois, mais ce pourcentage tend à progresser. Les femmes sont conditionnées pour être moins violentes que les hommes, et ce dès l’enfance.
Parmi les tueurs en série que vous avez rencontrés (plus de 50 à ce jour), lequel vous a particulièrement marqué ?
Je dirais Gerard Schaefer, un ancien shérif adjoint, tueur nécrophile qui a assassiné 34 femmes au début des années 1970.
Lorsque je me suis retrouvé face à lui, j’ai vu quelqu'un de charmant, souriant, qui niait avoir commis ces crimes, mais en même temps, j’ai presque eu l’impression de me retrouver dans un roman de Stephen King et d’être confronté au le Mal avec un M majuscule. Mon cameraman a eu la même sensation : chair de poule, nuque bloquée, colonne vertébrale crispée pendant toutes les heures d’entretien et je ressens toujours ce malaise aujourd'hui quand je regarde les enregistrements.
Il y a également eu, plus récemment, un tueur sud-africain, pédophile, nécrophile et cannibale, qui, lorsqu’on se rendait sur les scènes de crimes, racontait en souriant les différents actes de nécrophilie qu’il avait commis.
Je vous conseil sicèrement de lire les différents ouvrages de Stéphane Bourgoin, il sont passionnant et trés détaillés.