mercredi 26 janvier 2011

Yves Michel Fotso : sa vie à Kondengui.

Le célèbre détenu semble vivre mal son incarcération. Il en est marqué physiquement.

Mardi 25 janvier 2011. Prison centrale de Kondengui à Yaoundé. 11h 35. C’est jour
de visite. Le flot de visiteurs qui entre et franchit la grille
intérieure, ne prête pas une attention particulière à un couple assis
au fond du parloir Vip. La femme, vêtue de noir, et de teint très
clair. Elle donne le dos à l’entrée du box. De loin, il est
pratiquement impossible de voir son visage. En face d’elle, un homme
au teint noir, lunettes claires à fine montures. Vêtu d’un polo blanc,
il compulse d’une main des dossiers dans une chemise jaune posé sur la table en devisant à voix basse
avec son interlocutrice. Celle-ci soudain pose la main sur le front de
son vis à vis, comme une mère qui veut prendre la température de son
enfant. Le geste ne dure qu’une fraction de seconde. Laps de temps
suffisant pour réaliser que, dans cette semi pénombre, se trouve Yves
Michel Fotso. Car c’est bien de l’ex ADG de la Camair qui est là !
L’homme semble avoir pris un coup de vieux. Il n’a pas bonne mine, ce
qui explique le geste de la dame qui, renseignements pris, est son
épouse. Sans doute ont –ils évoqué son état de santé, lequel ne semble
pas reluisant. Les effets de l’embastillement et de la vie monacale
que le fils du milliardaire de Bandjoun s’impose depuis son entrée en
prison. « Il passe son temps enfermé dans son local au quartier 13 b.
Il n’en sort que pour voir ses visiteurs, lesquels se réduisent aux
membres de sa famille et ses conseils. » Confie un prisonnier du même
quartier.

Accuser et tenir le coup !

Le quartier 13, aussi appelé « quartier mineurs », est situé au cœur
de la prison, au pied du mirador principal. C’est le quartier où sont
logés les mineurs. Mais, sans doute en prévision de l’arrivée de ces
hôtes de marques, et à cause de l’exiguïté de la prison, un petit bâtiment à étage avait été construit, à
droite à l’entrée. Le bâtiment principal de cette partie de la prison
sert aussi bien de salle de classe que d’atelier et de salle de sport.
« Yves Michel Fotso ne pratique aucun sport. Il ne va même pas à la
messe le dimanche. Tout se passe comme s’il voulait passer inaperçu
ou se faire oublier. A moins qu’il n’ait simplement honte de cette
situation aussi inattendue que dégradante pour lui ! » Déclare en
riant un ancien haut responsable de la République, lui aussi détenu.
Le moins que l’on puise dire est que la prison est déprimante et
avilissante. « Il s’y fera. Il doit s‘y faire de toute façon, s‘il
veut tenir le coup. Sans quoi, c’est les pieds devant qu’il sortira
d’ici. J’imagine ce qu’il vit à l’intérieur de lui même. Ce doit être dur, mais ça
passera. Il a intérêt à s’intégrer et à participer à la vie de la
prison, d’une manière ou d’une autre. » Explique son compagnon
d’infortune. Il ajoute : « Avec son arrivée, les choses ont bougé comme
d’habitude. On a effectué des fouilles, édicté de nouvelles lois etc.
Mais c’est la prison : ça ne dure jamais assez longtemps. La prison a repris son train train quotidien.» Et vogue la galère. En attendant l’arrivée d’autres gros poissons ?
Michel Mombio à Kondengui

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