[jai rencontré] l'ermite de Roquebrune


Aujourd'hui, j'ai rencontré l'ermite du Rocher de Roquebrune et j'ai aimé.


On en parle depuis des décennies dans la région varoise, il a sa page sur Wikipédia, quelques ouvrages lui sont consacrés et Delarue l'a même convié sur un plateau télé !

Ce personnage vit dans une grotte qu'il a améliorée au cours de 45 années d'ermittage, la moitié de sa vie, et si le premier abord laisse penser à un acteur de pacotille pour touristes de Paris, quelques minutes partagées avec lui révèlent la profondeur de sa pensée.
Il ne sert pas la main, Frère Antoine, il déjoue ces gestes de familiarité en prétextant une pseudo crainte de "transmission de sa débilité", mais il propose spontanément de partager sa terrasse et offre de bon coeur un verre de rosé.
Pas avare de paroles, il joue avec fantaisie de son espièglerie, toujours prêt à lancer une formule, un précepte, qu'il a modernisé, en usant parfois de délicieuses métaphores qu'il a rassemblées sur un carnet vendu dans les magasins Bio (vous savez, ces sanctuaires à Bobos) dont il ne perçoit, par sa décision, aucun dividende.

Aujourd'hui j'ai encontré l'ermite de Roquebrune et j'ai écouté.

ll répond sans détour et avec humour aux questions posées, puis ses yeux se délèctent de notre humilité. Malgré son éloignement de la civilisation (1h de marche avant la première route), il est au courant de l'actualité : les 630m2 de DSK à Manhattan, les pieds de Georges Tron et autres potins du coin. "Téléphone arabe" déclare-t-il dans une nouvelle pirouette en réponse à notre surprise.

Il n'est pas de ces ecclésiastiques qui récitent des textes sans conviction, lui revendique sa foi en Dieu mêlée à la méditation ramenée en bagage de ses voyages en Inde. Il raconte sa rencontre avec Tim Guénard dont je conseille d'ailleurs la lecture de "Plus fort que la haine", il raconte quelques anecdotes de sa vie toujours empreintes de conclusion philosophiques.

Il n'est pas dupe, il sait que le monde est plus consommation que réflexion et introspection. Il ne nous endort pas avec des versets conceptuels, non, il accepte de donner en toute simplicité à la seule condition de venir le chercher.

Il dit :
"Si les limites des autres te contrarient, c'est qu'elles se heurtent aux tiennent".
"Toutes les peurs sont comme des guignols. Si on les deshabille, on y découvre notre propre main"
Il dit aussi que personne ne peut s'approprier la création des adages mais ceux-là, je pense que c'est lui qui les a écrits.


Aujourd'hui, je me suis pris pour Paolo Coelho sur les chemins de Compostelle, aujourd'hui j'ai rencontré l'ermite de Roquebrune et j'ai décidé d'y retourner... avec du rosé un peu moins frelaté ! ;-)


Jo - hé bé !
29 mai 2011