Depuis des années j’en entends parler. On me racontait des histoires sur des attelages de huit ou douze chevaux tirant des attelages pour moissonner un champ rien qu’en utilisant la traction animale. Alors, légende ou bien réalité?
Dans toutes les fermes occidentales qui utilisent la traction animale, ils sont considérés comme la référence mondiale en terme d’innovation, de technique de dressage et surtout de nombre de chevaux par habitant.
Les Amishs sont entre 250 000 et 300 000 dans tous les Etats-Unis. Ils sont originaires d’Europe Centrale et ont immigré aux Etats-Unis il y a plusieurs centaines d’années. Aujourd’hui, on les trouve surtout dans les états de Pennsylvanie, d’Ohio, et
d’Indiana. Mais ils sont aussi dans d’autres états et dans d’autres pays où ils forment le plus souvent des communautés de vie où la famille est le noyau principal.
Les Amishs, j’en ai entendu parlé à toutes les sauces. Des gens fermés sur le monde qui les entoure qui vivent sans l’électricité et sans le téléphone, voilà en gros ce que je savais avant ce voyage. Mon intérêt pour les Amishs a grandi au fur et à mesure que mon voyage aux Etats Unis se rapprochait. Je les avais vu pour la première fois au Canada dans l’Ontario,
rappelez-vous, j’en avais succinctement parlé dans l’article ‘Retour vers le futur’ dans la version française d’Holy Terroir. J’avais été déconcerté de visiter cette ferme de 80 hectares utilisant uniquement la traction animale pour travailler la terre. J’avais été aussi très surpris par la guirlande d’enfants sortant de tous les coins de la ferme lors de notre passage, avec Cory Eichman et toute l ‘équipe de Saugeen River CSA.
C’était au mois d’Avril. Depuis, je les ai vu sur les routes dans l’état de New York , sur les routes en Pennsylvanie, ainsi que dans l’Ohio et dans l’Indiana. J’en ai même rencontré ici en Californie, où j’écris cet article avec un peu de
retard. Mais à chaque fois, on ne s’arrête pas et on les croise seulement. Mais cette fois-ci, la raison première de notre arrêt dans l’état de l’Ohio était de prendre contact avec eux et de visiter une ferme, au moins une. Rien que 600 kms nous séparaient de notre dernière visite en Virginie au Josephine Porter Institute et à Spikenard Farm Honeybee Sanctuary.
Alors que nous étions dans le village de Mount Hope dans l’Ohio, un village dans le Holmes County connu pour détenir la plus grande concentration d ‘Amishs aux Etats unis, la serveuse d’un restaurant Amish nous
recommanda de rendre visite à Willis, le propriétaire d’une ferme auberge impliqué dans l’événement internationale de traction animale: le festival Amish Horse progress day. « S’il y a quelque chose que tu dois voir quand tu seras aux Etats-Unis, c’est certainement ces journées dédiées à la traction animale au pays des Amishs! » m’avait confié Olivier Cousin, un vigneron d’Anjou connu pour son implication dans son travail avec les chevaux.
On n’avait plus qu’à suivre les indications pour trouver l’adresse, et doubler en même temps que nous nous rendions sur place, les nombreuses carrioles sur les routes du pays plus nombreuses que les voitures à moteur à
explosion. Le cliquetis rythmique des sabots sur l’asphalte me résonne encore aux oreilles… Dans cette ferme, je fus tout d’abord interpelé de voir Willis le propriétaire conduire un engin motorisé à essence afin de déplacer une botte de foin. Première vérité: tous les Amishs ne refusent pas la modernisation, l’essence et l’électricité. Pour dire vrai, il y a plus de deux cents églises dans le county (canton? région?), soit plus de deux cents groupes d’Amishs suivant la voie qui leur ait propre. Certains sont plus conservateurs ou plus avant-
gardistes. Avec Willis qui a l’habitude d’accueillir les touristes dans sa ferme auberge, nous fûmes tout de suite mis à l’aise. On discuta de traction animale bien sûre et aussi de matériel.
Homme élégant et droit, le regard perçant et le ton calme d’un homme sage qui travaille physiquement la terre, Willis taille sa barbe en collier et porte le chapeau Amish traditionnel droit très caractéristique. Il nous donne rendez-vous quelques jours plus tard pour le festival qui a lieu cette année dans l’état de l’Indiana.
C’est ainsi que plusieurs jours plus tard nous avons recroisé Willis dans cette réunion dédiée exclusivement à la traction animale. Il
commentait les démonstrations d’attelage. Pendant deux jours, nous fûmes invités à dormir, à manger et à échanger sur notre intérêt pour la traction animale en Europe. Ce rassemblement draine 15 à 20 000 personnes. On voit les familles arriver et la dizaine d’enfants par
famille suivre derrière. Soulevant le sujet dans une discussion, un homme me dira qu’il connaît une famille avec 20 enfants. Bien, je tire mon chapeau aux parents!
J’ai trouvé ici des Amishs ouverts, souriants, radieux, curieux sur mon pays la France et sur notre façon de cultiver la terre là-bas. Malheureusement, traction animale ne veut pas dire forcément agriculture biologique ou bio-dynamique.
La plupart utilise les produits chimiques type pesticides et insecticides. Il n’empêche qu’ils possèdent un sens inné de la culture de la terre et du travail avec les chevaux. Je suis simplement écoeuré de voir les citernes à produit chimique tracté par les chevaux: c’est le monde l’envers!
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