Comme du temps de Monet

Comme du temps de Monet

Devant la maison de Claude Monet, le printemps est marqué par un tapis de myosotis bleus piqués de tulipes roses, auxquels succèdent des pélargoniums rouges et roses. La transformation s’opère en une paire d’heures à la mi-mai. Pour être aussi rondement menée et ne pas impacter la fréquentation de la maison, elle requiert la participation de toute l’équipe de jardiniers.

Comme du temps de Monet

C’est l’endroit du jardin qui se rapproche le plus de son aspect à l’époque de Monet. Selon le témoignage de Gilbert Vahé, chef-jardinier de la restauration du jardin, l’indication concernant les tulipes roses et les myosotis lui a été donnée par M. Vilmorin lui-même, qui avait rencontré Claude Monet.

Quant à la plantation des pélargoniums, elle est connue par plusieurs photos, dont certaines en couleurs.

Le bassin du Commerce

Le bassin du Commerce
Claude Monet, Le Bassin du Commerce, Le Havre, 1874, Liège, Musée des Beaux-Arts de la Boverie
37 x 45 cm

Claude Monet, qui a grandi dans le port du Havre, avait une fascination pour les bateaux. Au fil de sa vie, il en a peint énormément. Il ne fait pas de doute qu’il s’y connaissait en navires et qu’il s’attachait à les représenter avec exactitude, lui qui admirait ceux de Boudin « si bien gréés ». En 1874, alors qu’il habite Argenteuil avec Camille et le petit Jean, il revient séjourner au Havre. Est-ce pour s’embarquer à destination des Pays-Bas ? Les tableaux qui suivent ceux du port du Havre sont peints à Amsterdam.

Il est probable que l’artiste ne s’est pas attardé dans la cité de son enfance. Seules quatre toiles du Havre exécutées à cette occasion nous sont parvenues, dont trois peintes depuis la fenêtre de son hôtel sur le Grand Quai. Celle-ci fait exception. Le plan d’eau décrit est identifiable par le bâtiment à coupole, l’ancien théâtre : Monet se trouve devant le bassin du Commerce, orienté est-ouest, le théâtre se trouvant à l’extrémité ouest de ce long bassin. Je suppose qu’il a pris place sur le pont de la Bourse.

Le bassin du Commerce

Quelques décennies plus tard, au tournant du siècle, la nature des bateaux amarrés dans ce bassin a changée, mais le théâtre est encore là.

Le bassin du Commerce

De nos jours, un pont superbe de légèreté enjambe toujours le bassin du Commerce face à l’ancienne bourse de la Reconstruction. Le quai a gardé ses pierres. Au fond, le centre culturel le Volcan dessiné par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer a remplacé le théâtre. Et le bassin est pour ainsi dire vide de bateaux.

Après l’averse

Après l'averse

Après la pluie, le jardin de Giverny s’égoutte. Les perles d’eau roulent au creux des fleurs et sur leurs pétales. Parfois elles s’attardent, en suspens, semblant résister à la gravité. Elles hésitent, en attente.

Après l'averse

Elles ont le pouvoir de couvrir les corolles de paillettes scintillantes de lumière.

Après l'averse

Elles s’infiltrent et se répandent, elles sont partout.

Après l'averse

Comment font-elles pour ne pas rouler sur cette surface incurvée ? Le bord du pétale, déjà un peu bruni, révèle que la fleur n’est pas née de la dernière pluie.

Après l'averse

Les gouttes apportent un surcroît de charme à des fleurs qui en ont déjà beaucoup, comme les digitales.

Après l'averse

Elles sont aussi capables de transformer les plus banales des feuilles d’hémérocalles en autoroutes, sur lesquelles la circulation se fait intense.

Grâce de la glycine

Grâce de la glycine

Sur le pont japonais de Claude Monet, la glycine bleue à longues inflorescences et la glycine blanche fleurissent en même temps, cette année à la mi-mai. Après les masses mauves de la glycine la plus précoce, celle plantée par Monet, vient cette période de délicatesse où les grappes de fleurs forment des guirlandes, des rideaux. Le parfum en est toujours aussi suave. S’y ajoute maintenant celui des azalées jaunes et des premières roses.

Grâce de la glycine

Ce matin j’ai été stupéfaite par la floribondité de ces rosiers grimpants. Je ne crois pas les avoir jamais vus couverts d’autant de fleurs. Les roses, les jaunes et les orange se mêlent, en un accord qui aurait enchanté Monet. La grâce des rosiers…

Rue Blanche-Hoschedé-Monet

Rue Blanche-Hoschedé-Monet

A Giverny, l’actuelle rue Blanche-Hoschedé-Monet se nommait autrefois rue de la Côte. Elle part de la rue Claude-Monet entre les deux musées, grimpe derrière le musée des impressionnismes pour arriver à la mairie, puis redescend vers la rue Claude-Monet. On parcourt donc l’hypoténuse et le petit côté d’un triangle sans que la rue change de nom, ce qui est assez inattendu. C’était autrefois la rue principale du village, avant que les deux parties de l’actuelle rue Claude-Monet ne soient reliées par un tronçon à travers le clos Morin, le grand côté du triangle.

Rue Blanche-Hoschedé-Monet

En ce moment, la rue BHM est encore plus jolie que d’habitude grâce à ses bordures d’iris bleu pâle, ses rosiers grimpants, ses euphorbes d’un jaune tirant sur le vert, et la glycine rose que l’on aperçoit en haut du mur de la ferme.

Rue Blanche-Hoschedé-Monet

Cette fameuse ferme de la côte figure sur plusieurs tableaux de la colonie impressionniste de Giverny. C’est d’elle que dépendait le clos Morin aux célèbres meules de blé.

Rue Blanche-Hoschedé-Monet

Si le fermier n’avait pas mis tout son coeur et son talent à construire de belles meules, l’histoire de l’art en eût été changée…

Au jardin d’eau

Au jardin d'eau

Dans le jardin d’eau de Claude Monet, le soleil du petit matin éclaire la berge sud, qui ne tardera pas à se trouver à l’ombre des grands arbres. Les azalées ont fini de fleurir, mais les différents feuillages apportent leurs couleurs et leurs contrastes. Le vert anis du gleditsia, le pourpre des cotinus ressortent devant les masses vertes des trois étages de plantations, arbres, arbustes et fleurs, doublées par leur reflet.

Au jardin d'eau

Quand il n’y a personne, mon plaisir est de prendre les allées à contre-sens. Le jardin prend un autre aspect, la lumière et les reflets ne sont pas les mêmes.
Avançons un peu. Cette fois, le hêtre pourpre se dévoile dans toute sa majesté. Au premier plan, les iris des marais sont en fleurs. Selon la légende, c’est Clovis qui le premier en fit « la fleur de lys » royale, peut-être en raison du symbole de la Trinité. Mais j’aime bien l’histoire qui veut que Clovis

encore païen mais vaillant soldat encerclé par une terrible armée de Goths sur les bords du Rhin, aurait dû son salut à ses connaissances botaniques. Remarquant que des touffes d’iris jaunes s’étendaient loin dans le fleuve, il en déduisit que là se trouvait un gué et y fit échapper son armée.

(Source : Fleurs sauvages de l’Yonne)
Au jardin d'eau

Près du petit pont la glycine embaume, tandis que les digitales commencent tout juste à s’ouvrir.

Au jardin d'eau

Derrière le petit pont, un chemin le plus souvent ignoré du public fait une boucle qui enjambe le Ru par un petit pont droit. Au bord du ruisseau, un gunnera se prépare à devenir énorme. Son étrange fleur pointe déjà à son pied.

Au jardin d'eau

Revenons au bord du bassin pour admirer les iris de Sibérie, si jolis, qui offrent une apaisante harmonie mauve et verte sur fond bleu.

Au jardin d'eau

Bouclons la boucle. Depuis le hêtre pourpre, la colline de Giverny s’invite dans le paysage du jardin de Claude Monet. D’ici, le bassin est curieusement invisible. Seul le pont laisse présumer la présence de l’eau.

Dans le jardin de Claude Monet

Dans le jardin de Claude Monet

Les très nombreux visiteurs de ce week-end de l’Ascension à rallonge profitent d’un temps radieux à Giverny. Les fleurs aussi semblent heureuses du soleil retrouvé.

Dans le jardin de Claude Monet

Tandis que les ultimes tulipes sorbet fleurissent sous les ifs, c’est le temps des alliums, ces derniers bulbes du printemps qui tendent leurs têtes rondes blanches ou violettes dans les massifs.

Dans le jardin de Claude Monet

Les stars de mai, les iris barbus, alias iris des jardins, alias iris germanica débutent leur floraison toujours aussi spectaculaire.

Dans le jardin de Claude Monet

Mai, c’est aussi le temps de la belle verdure qui fait si bien ressortir les couleurs des premières roses.

La jetée du Havre

La jetée du Havre
Claude Monet, La Jetée du Havre, 1868, collection particulière 147 x 226 cm

En 1868, la jetée du Havre, ou digue nord, était un lieu de promenade très prisé, même par gros temps. Monet a peint cette grande toile en vue du Salon. Malheureusement, elle a été refusée, malgré ses qualités soulignées par Zola :

L’autre tableau de Claude Monet, celui que le jury a refusé et qui représentait la jetée du Havre, est peut-être plus caractéristique. La jetée s’avance ; longue et étroite, dans la mer grondeuse, élevant sur l’horizon blafard les maigres silhouettes noires d’une file de becs de gaz. Quelques promeneurs se trouvent sur la jetée. Le vent souffle du large, âpre, rude, fouettant les jupes, creusant la mer jusqu’à son lit, brisant contre les blocs de béton des vagues boueuses, jaunies par la vase du fond. Ce sont ces vagues sales, ces poussées d’eau terreuse qui ont dû épouvanter le jury habitué aux petits flots bavards et miroitants des marines en sucre candi.

Emile Zola, l’Evénement illustré, 24 mai 1868
La jetée du Havre
Gustave Le Gray, le Phare et la jetée du Havre, 1857

En 1857, le photographe Gustave Le Gray s’était placé presque au même endroit pour prendre cette vue de la jetée du Havre et de la mer, dramatisée par l’arrivée d’un magnifique cumulus.

La jetée du Havre

La digue nord n’est plus la même et elle n’est plus accessible au public, les becs de gaz ont disparu, mais les vagues n’ont pas changé. Même par temps calme, elles se précipitent à intervalles réguliers sur la jetée,

La jetée du Havre

et s’écrasent sur la plage de galets, un peu moins jaunes que Monet ne les a vues.

Monet au cap de la Hève

Monet au cap de la Hève
Claude Monet, La Pointe de la Hève, Sainte-Adresse, 1864, National Gallery, Londres 41×74 cm

Les oeuvres de jeunesse de Claude Monet surprennent par leur réalisme, tant l’artiste est connu pour la touche impressionniste centrée sur l’analyse de la lumière qu’il développera par la suite. Voici à nouveau la pointe de la Hève, la même année 1864, mais déserte cette fois, si bien que le regard est irrésistiblement attiré par la barque et ses trois passagers. Cette toile, probablement exécutée sur le motif, est considérée comme une étude pour un tableau de plus grandes dimensions :

Monet au cap de la Hève
Claude Monet, La Pointe de la Hève à marée basse, 1865, Kimbell Art Museum, Fort Worth, Texas, 90 x 150 cm.

Dans cette marine destinée au Salon, Monet a pris quelques libertés avec son esquisse. La ligne d’horizon est la même, la toile se termine à droite par les mêmes cabanes accolées, mais les épis ne correspondent pas, à moins de supposer que celui du premier plan est sous l’eau dans le premier tableau. Les vagues sont plus marquées, leur orientation en oblique par rapport à la plage reflète une réalité que Monet connaît bien : c’est à cause de cette orientation habituelle de la houle que les épis ont été installés afin de retenir les galets.

C’est au moment de la basse mer que l’on pouvait espérer faire le tour du cap en carriole à cheval. Le peintre, qui paraît juché sur quelque chose, un rocher ? note les traces laissées par le passage d’un chariot. Celui qu’il nous montre s’avance dangereusement dans l’eau, sans raison semble-t-il. Au milieu de la composition, Monet a placé deux chevaux dont on se demande ce qu’ils font là. Cela n’a rien d’étonnant, car la scène qui paraît si réaliste sort de l’imagination de l’artiste. En effet, ce couple de chevaux apparaît dans une toile peinte la même année à Chailly-en-Bière, près de Barbizon.

Monet au cap de la Hève
Claude Monet, Cour de ferme à Chailly, 1865, collection particulière, 50 x 80 cm

Claude Monet, qui n’a pas 25 ans, ne rejette pas complètement les méthodes préconisées par l’Académie des Beaux-Arts. Nous avons ici la preuve qu’il bidouille encore dans ses tableaux, si je peux me permettre. Quand va-t-il cesser de le faire, pour se focaliser sur l’objectif de rendre ce qu’il a sous les yeux ? Ce serait présomptueux de croire pouvoir fixer une date, car l’étude attentive de tableaux bien plus tardifs laisse quelques doutes quant à l’absolue fidélité à ce qu’il voit. Derrière le mythe, se dessine la liberté de l’artiste. Et comme le disait Monet lui-même à propos de ses tableaux de Londres, la question de savoir comment ils étaient faits ne regardait que lui.

Chevaux à la pointe de la Hève

Chevaux à la pointe de la Hève
Claude Monet, Chevaux à la pointe de la Hève, 1864, collection particulière 54 x 73 cm

Voici l’un des tableaux que le jeune Monet a exécutés du cap de la Hève, ce bout du monde de la Seine-Maritime, à l’extrémité sud-ouest des falaises du pays de Caux.

Chevaux à la pointe de la Hève

Au gré des chutes de pierres, le profil de la falaise a un peu changé en 160 ans. Mais cette pointe sauvage du littoral est restée non bâtie, et sa ressemblance avec le tableau perdure.

Le Havre de Monet

Le Havre de Monet

Peut-on marcher sur les pas de Monet au Havre, reste-t-il, dans cette ville meurtrie par la Seconde Guerre mondiale, quelque chose de la cité portuaire que l’artiste a connue ? C’est presque une question saugrenue, tant l’architecture de la Reconstruction est présente et célébrée, surtout depuis l’inscription des quartiers rebâtis par Auguste Perret au Patrimoine mondial de l’Unesco. Mais à côté des très remarquables hectares de ville voués au béton, il n’est pas nécessaire d’aller très loin pour retrouver des immeubles plus anciens, en briques et en pierres.

Le Havre de Monet

Il arrive qu’une signature corrobore une supposition. En 1881, Monet avait la quarantaine, et plus beaucoup de raisons de venir au Havre, mais il aurait pu connaître cet immeuble.

Le Havre de Monet

Je n’ai malheureusement pas trouvé de date sur cet ancien bureau de postes et télégraphes, mais son décor de coquillages et de vagues est splendide, et on est avant l’ajout du téléphone.

Le Havre de Monet

Certaines rues semblent n’avoir guère changé. Même le tramway est de retour. Tiens ! Un atelier d’artiste !

Le Havre de Monet

Oh ! Une porte Art nouveau !
En me voyant faire des photos dans la rue, une dame m’invite aimablement à visiter son appartement.

Le Havre de Monet

L’escalier est magnifique et rappelle celui de Giverny ou d’Argenteuil. Fin XIXe ?

Le Havre de Monet

A l’intérieur, le double salon à moulures et à parquet de chêne des appartements haussmanniens, et un joli balcon.
Finalement, les immeubles centenaires abondent. Mais pour trouver des bâtiments qui existaient déjà à l’époque de la jeunesse de Monet, au milieu du XIXe siècle, il faut chercher un peu plus.

Le Havre de Monet

Voici l’hôtel Dubocage de Bléville, autrefois propriété d’un navigateur et négociant, corsaire de sa majesté, aujourd’hui espace d’exposition.

Le Havre de Monet

Juste à côté, l’église Saint-François est toujours debout, au centre d’une place reconstruite.

Le Havre de Monet

Mais l’exemple le plus frappant, c’est celui de la merveilleuse « maison de l’armateur », sur l’ancien Grand Quai. Elle date du XVIIIe siècle, et Monet est passé devant un million de fois. Mais peut-être n’a-t-il pas eu, lui, la chance de pouvoir la visiter, alors qu’elle est maintenant ouverte au public.

Les lumières du Havre

Les lumières du Havre

Pour qui arrive au Havre par voie de terre, après s’être rempli les yeux de verdure normande, impossible de ne pas remarquer la lumière. Infiniment subtile, elle décline les gris bleus, les tons de lait, les reflets de métal.

Les lumières du Havre

C’est une lumière qui fait du spectacle. Elle se montre, on ne peut pas la rater. Elle laisse bouche bée cinquante fois par jour.
Ce sont les entrées maritimes de nuages qui la façonnent. Il est toujours en train de pleuvoir quelque part sur l’estuaire, et de faire beau ailleurs.

Les lumières du Havre

Au Havre, l’horizon se fait vaste. Rien ne distrait de la vue du ciel. Il occupe toute la place.

Les lumières du Havre

L’air est lavé de frais. Il arrive du grand large. La lumière éclate de brillance au soleil.

Les lumières du Havre

Par moment, le ciel est d’un bleu pur. Mais regardez, déjà un nuage se reflète dans la fenêtre.

Les lumières du Havre

Plus qu’ailleurs, le promeneur ne cesse de scruter le ciel, inquiet de décrypter ses mouvances.

Les lumières du Havre

Le temps d’une course ou d’un repas, de gros nuages de pluie se sont amassés sur la porte de l’Europe.

Les lumières du Havre

Il pleut à grosses gouttes, il est temps de se réfugier dans le musée André Malraux.

Les lumières du Havre

Eugène Boudin, obsédé par les nuages et la lumière de l’estuaire, n’était pas Havrais pour rien.

Monet dans son atelier

Monet dans son atelier

Claude Monet, debout dans son atelier, fixe le photographe. Pas de chapeau, de lunettes, de cigarette à la main. Juste son visage un peu tendu, et cette pose surprenante, les pouces passés dans le gilet, que je ne lui ai vue sur aucune autre photo.

Il s’est levé. Etaient-ils assis la minute d’avant, pour qu’il se trouve si près du canapé ? En homme habitué à peindre debout pendant des heures, l’artiste se tient droit, bien campé sur ses jambes écartées, les pieds ouverts.

Le journal a été abandonné sur les coussins. Ceux-ci sont de motifs variés, fleuris. Le canapé photographié au tournant du siècle par Lilla Cabot Perry, après le séjour de Monet à Fresselines et son insistance pour le faire recouvrir d’un lainage limousin, n’est plus le même. Le tissu, plus fin, porte un motif fleuri. D’anciens rideaux ? Alice aurait-elle fini par avoir gain de cause ? Plus probablement, il s’agit de tissu neuf. La photo est prise au plus tôt en 1907, les Monet ne regardent plus à la dépense.

En effet, on remarque sur la droite le médaillon daté de 1907 offert par Renoir, Portrait de Claude dit Coco, qui représente le troisième et dernier fils de Pierre-Auguste Renoir. A gauche, sous le portrait de Poly qui n’a pas bougé, un bouquet de quelques tulipes dans un vase en verre : on est en avril. Les toiles n’aident pas beaucoup à en savoir plus, elles sont toutes du siècle précédent.

Vernet à Vernon

Vernet à Vernon
Horace Vernet, Tête de camélidé, après 1833, musée BHM de Vernon

Est-il possible de distinguer un chameau d’un dromadaire sans compter leurs bosses ? J’avoue que je n’en ai aucune idée, mais on peut imaginer que ce n’est pas l’artiste qui a nommé son portrait de bête Tête de camélidé, car Vernet devait bien savoir ce qu’il avait sous les yeux. L’animal adopté depuis 1986 par le musée de Vernon vient d’avoir la chance de visiter le château de Versailles, qui organisait cet hiver une exposition dédiée à Horace Vernet. Elle se terminait le 17 mars dernier, mais on peut s’en faire une bonne idée grâce à cette vidéo. On aperçoit la toile animalière vers la 20e minute. La Tête de camélidé date sans doute de l’un des séjours de Vernet en Algérie, à partir de 1833.

Petit-fils de Joseph Vernet, peintre passé à la postérité pour ses vues des ports de France, Horace Vernet est né dans une famille d’artistes et il possèdait un talent inné. J’ai été impressionnée par la grande toile laissée inachevée, dont les parties terminées sont tout à fait parfaites. Horace semble avoir son tableau fini dans la tête, jusque dans les moindres détails, comme s’il n’avait plus qu’à recopier ce qu’il voit en lui avec tant de netteté. Quelle facilité ! Comme façon de procéder, il n’est guère académique et il est à l’opposé de la méthode de Monet, qui couvre la toile entière de traits grossiers puis ne cesse d’affiner la touche, et ne se fie qu’à ce que ses yeux perçoivent.

Vernet à Vernon

Une autre oeuvre de Vernet est visible à Vernon. Elle se trouve au château de Bizy et représente le maréchal Suchet, anobli par Napoléon, qui lui a conféré le titre de duc d’Albufera. Suchet est l’aïeul des propriétaires actuels du château. Horace Vernet, né en 1789, s’était fait une spécialité des sujets napoléoniens, avant de devenir peintre officiel de Louis-Philippe, à qui le château de Bizy a appartenu.

Les deux toiles n’ont bien entendu pas grand chose en commun, mais on y remarque le sens du dessin de l’artiste, qui le faisait apprécier de ses commanditaires.

Reflets

Reflets

Mi-avril à Giverny. Dans le reflet du ciel, de petits nuages triangulaires à la Hiramatsu. On retrouvera avec bonheur le monde rêvé de l’artiste japonais amoureux de Giverny au musée des impressionnismes à partir du 12 juillet et jusqu’au 3 novembre 2024, à travers une exposition de paravents sur le thème des Nymphéas.

Nouvelle acquisition du musée de Vernon

Nouvelle acquisition du musée de Vernon
Dawson Dawson-Watson, Champ de betteraves, vers 1891, musée Blanche-Hoschedé-Monet, Vernon

Bien avant de se faire une spécialité de la peinture de cactus, au Texas, l’artiste anglais Dawson Dawson-Watson a séjourné à Giverny, où il a peint notamment une scène de moisson. Le musée BHM de Vernon vient d’acquérir cette très belle toile exécutée également à Giverny, dans la plaine des Ajoux, à la même époque. Elle figure la récolte des betteraves, sujet fort peu traité, qui laisse supposer que le peintre a prolongé son séjour dans le village assez avant dans l’automne, jusqu’au mois de novembre. A l’horizon, les arbres arborent une belle couleur vert-ocre, tandis que quelques touches de peinture blanche suggèrent un feu dans le champ voisin. L’artiste a porté une grande attention à l’étude du ciel lumineux d’arrière-saison. La légère brume diffuse une lumière presque sans ombre, créant à peine un contre-jour au premier plan.

Nouvelle acquisition du musée de Vernon
Même tableau, détail

Ces grosses betteraves cultivées en plein champ ne sont probablement pas destinées à l’alimentation humaine, mais plutôt à celle du bétail. Les betteraves fourragères offrent un aliment d’appoint frais à l’époque où l’herbe se fait rare, et complètent le foin. Les vaches, gourmandes, les adorent pour leur petit goût sucré. Dans l’Eure, où l’on produit du sucre de betterave, la pulpe pressée est toujours valorisée en aliment pour les vaches laitières.

Les tas de betteraves représentés par Dawson-Watson évoquent donc les bêtes d’élevage de Giverny, qui restent humblement hors champ, rarement montrées par les artistes, plus souvent par les photographes de cartes postales.

La même année 1891, au printemps, Monet a connu un succès retentissant avec son exposition de Meules. On est tenté de voir dans la disposition des amas de betteraves, dans leur forme, une analogie avec, au moins, les meulettes, ou demoiselles.

Musée Blanche-Hoschedé-Monet

Musée Blanche-Hoschedé-Monet

Le musée de Vernon, jusqu’ici dénommé le musée Alphonse-Georges-Poulain, du nom de son premier conservateur et mécène, qui était archéologue, historien, sculpteur, vient de prendre le nom de la belle-fille de Claude Monet.

Musée Blanche-Hoschedé-Monet
Claude Monet, Suzanne lisant et Blanche peignant, 1887, Los Angeles County Museum of Art

Six toiles de la discrète élève du maître de Giverny sont présentées au public, dont une nouvelle acquisition :

Musée Blanche-Hoschedé-Monet
Blanche-Hoschedé-Monet, Paysage enneigé, val de Seine normand, huile sur toile, premier quart du XXe siècle. Musée Blanche-Hoschedé-Monet, Vernon

Dans un très beau cadre doré, un paysage hivernal du plus pur style impressionniste aux tons très doux, au format carré. La localisation en est incertaine, de même que la date. Il serait de l’époque où Blanche, épouse de Jean Monet, s’adonne librement à sa passion pour la peinture dans les environs de Rouen. A partir de 1914, elle revient s’occuper de Monet à Giverny et ne peint plus jusqu’à la mort de son beau-père en 1926. Blanche reprend alors les pinceaux et ne cesse de peindre. Elle s’éteint en 1947.

La curiosité du voyageur

La curiosité du voyageur

« Un voyageur ! » s’exclame Claire-Hélène Marron, jardinière à la fondation Monet, en me montrant le passager clandestin qui escalade le pot de tulipes qu’elle vient de déplacer. Les escargots abondent en ce printemps pluvieux, tandis que les limaces restent rares. Elles n’ont sans doute pas aimé les derniers étés caniculaires. Arrivé en haut du pot après beaucoup d’efforts, le dit voyageur tourne la tête de tous côtés, peut-être pour évaluer la terra incognita qu’il vient de découvrir.

Le dimanche, c’est le moment de se laisser aller à la curiosité, sans se presser.

Le jardin blanc du MDIG

Le jardin blanc du MDIG

C’est au moment où ses majestueux cerisiers fleurissent, en avril, que le jardin blanc du MDIG acquiert un surcroît de blancheur neigeuse. Quel délice d’être assis là, à savourer la douceur de l’air et admirer les subtiles nuances des tulipes nacrées. Il n’y en a plus pour longtemps, tout change si vite : 26° cet après-midi.

Le meilleur ciel

Le meilleur ciel

Du ciel bleu et des nuages blancs, c’est le top pour admirer de beaux reflets dans le bassin aux nymphéas de Giverny. Le matin, c’est ici que Monet aimait se placer pour profiter de la lumière et peindre, face à l’ouest. L’après-midi, la vue est plus agréable dans l’autre sens.

J’adore, une fois ma visite terminée, me promener incognito dans les allées et surprendre les réactions des gens. Je récolte leurs petits mots émerveillés comme on cueille des fleurs. Ce matin, une jeune femme a dit près de moi : « C’est prodigieux ! ». Une autre pensait n’avoir jamais rien vu de pareil, d’aussi beau. Une troisième remarquait : « Non mais ici, de toutes façons, c’est beau partout ! »

Les anglophones ont un mot pour dire « écouter secrètement les conversations privées des autres » (Collins) : eaves-dropping. Eaves, ce sont les avant-toits. Dropping, une chute, comme une goutte d’eau. Je ne comprends pas trop le rapport entre l’image et l’action, mais une chose est sûre : quand j’entends ces jolies choses enthousiastes, j’ai envie de les crier sur les toits.

La fritillaire ‘raisin de renard’

La fritillaire 'raisin de renard'

Si beaucoup de fritillaires sont très visibles de par leur haute taille, en voici une fort discrète : fritillaria uva vulpis présente une petite clochette pourpre bordée d’un jaune lumineux, accrochée à une tige fine aux pétales effilés. Altitude de la floraison : 20 à 30 cm. Longueur de la fleur : 4 cm.

Il faut ouvrir l’oeil pour la voir, mais le visiteur attentif est récompensé par sa joliesse. « J’hésite toujours à commander des bulbes si petits que personne ne les remarque », commente Rémi Lecoutre, chef-jardinier adjoint. Heureusement qu’il le fait tout de même, car ces découvertes participent au plaisir d’une promenade dans les jardins de Monet, en particulier pour les jardiniers amateurs en quête d’idées et de nouveautés.

Pour retenir le nom de cette discrète beauté, uva vulpis signifie le grain de raisin du renard. On se figure bien la taille d’un grain de raisin et sa couleur. Mais pourquoi du renard ? Qu’on se fie à Esope ou à La Fontaine, l’histoire du Renard et des raisins est toujours celle d’un renard qui snobe des raisins hors d’atteinte en décrétant qu’ils sont trop verts. En ce qui concerne la petite fritillaire, son ‘fruit’ n’est ni trop haut, ni trop vert : juste immangeable.

Giverny ce matin

Giverny ce matin

Juste avant 9h. La grande allée du jardin de Monet se devine sous les arceaux de roses.

Giverny ce matin

En cette saison, le regard traverse tout le jardin. Les iris de Hollande apportent une note bleue.

Giverny ce matin

Les tulipes roses et les myosotis forment le tableau traditionnel devant la maison, même si la pluie donne du fil à retordre aux jardiniers.

Giverny ce matin

Au pied de l’escalier, deux potées de jasmin parfument les environs.

Giverny ce matin

Un rayon de soleil fait chanter les couleurs des tulipes et des jacinthes d’Espagne aux jolies clochettes bleues.

Giverny ce matin

Les fritillaires de Perse, très sombres, dépassent du massif violet, à l’est.

Giverny ce matin

Sous leur toit de paille, les énormes pivoines japonaises ne craignent rien des giboulées et offrent en ce moment le meilleur de leur floraison.

Giverny ce matin

Les Monet à l’exposition de Giverny

Les Monet à l'exposition de Giverny

Claude Monet, Sainte-Adresse, 1867, National Gallery of Art, Washington

Monet a 26 ans quand il peint cette scène de bord de mer près du Havre, à Sainte-Adresse, où sa famille possède une résidence d’été. Influencé par Eugène Boudin, le jeune peintre donne une large place au ciel tourmenté. La belle saison touche à sa fin, estivants et promeneurs sont partis, ne restent que les pêcheurs près de leurs bateaux sur le front de mer.

Les Monet à l'exposition de Giverny
Claude Monet, Sainte-Adresse, (détail) 1867, National Gallery of Art, Washington

Dans ses jeunes années, Monet anime encore ses oeuvres de petits personnages, qui invitent à se pencher de plus près sur le tableau. Qui sont-ils ? que font-ils ? Un homme porte la blouse bleue des Normands et parle avec une femme à la coiffe blanche qui tient un enfant dans ses bras. D’autres sont assis, sans qu’on comprenne à quoi ils sont occupés. A droite, un cabestan pour remonter les bateaux sur la plage montre qu’Etretat n’avait pas l’exclusivité de cette technique. Mais quels sont tous ces objets qui jonchent le sol ? Des barres de cabestan, des mats, des rames ? Pour un spectateur de l’époque, il est probable qu’ils étaient faciles à reconnaître, alors que notre oeil d’aujourd’hui peine à les décrypter.

Les Monet à l'exposition de Giverny
Claude Monet, Les Rochers à Pourville, marée basse, 1882, Rochester, Memorial Art Gallery

Quinze ans plus tard, l’attention du peintre à la lumière s’est affinée. Les flots écumants observés à Pourville, près de Dieppe, font penser à ceux qu’il captera bientôt à Belle-Île. Le ciel occupe un tiers de la surface du tableau.

Les Monet à l'exposition de Giverny
Claude Monet, Falaises à Pourville, 1882, Washington, National Gallery of Art

Il arrive toutes sortes de choses aux peintures. Selon le commissaire de l’exposition Cyrille Sciama, celle-ci présenterait un repeint à droite. Toute cette côte vert épinard ne serait pas de la main de Monet. Peut-être la mer s’étendait-elle à l’origine de ce côté du tableau ? A gauche, on a bien la touche de Monet qui croque vivement deux dames admirant le paysage. Ses belles-filles ?

Les Monet à l'exposition de Giverny

Claude Monet, Falaises à Pourville, (détail) 1882, Washington, National Gallery of Art

Regardez la virtuosité. Avec une grande économie de moyen, quasiment des gravures de mode, et pleines de vie.

Les Monet à l'exposition de Giverny
Claude Monet, Marée basse aux Petites-Dalles, 1884, collection Hasso Plattner

Invité par son frère Léon aux Petites-Dalles, Claude Monet y peint les très hautes falaises dans des couleurs vibrantes et lumineuses. La composition est coupée en son milieu pour faire ressortir le jeu du reflet. Les baigneurs et les personnages qui escaladent la pente donnent l’échelle. Voyez-vous en bas à droite une image anticipée des nymphéas, comme le suggère le commissaire de l’exposition ?

Les Monet à l'exposition de Giverny
Claude Monet, Les Rochers de Belle-Île, la Côte sauvage, 1886, Paris, Musée d’Orsay

A Belle-Île-en-Mer, deux ans plus tard, Monet n’est plus distrait par les baigneurs, il n’y en a pas. Le ciel, pourtant si vaste, est réduit à une mince bande, tant l’artiste est fasciné par le combat de la terre et des flots.

Les Monet à l'exposition de Giverny
Claude Monet, La Pointe du Petit Ailly, 1897, collection particulière

Ma photo ne rend pas la somptuosité de coloris de cette oeuvre peinte à l’époque où Monet revisite des lieux qui lui sont familiers pour en tirer des séries. La touche est devenue caressante, subtile, déclinant des camaïeux tendres tout à fait époustouflants.
En bas du tableau, on aperçoit la cabane du douanier, ou cabane des pêcheurs, si souvent représentée par l’artiste. Les personnages ont déserté la toile. Si l’exposition de Giverny présente ces oeuvres de façon thématique, en fonction des sujets, ports, falaises, tempêtes, etc., les replacer par ordre chronologique montre tout le chemin stylistique parcouru par Monet en trente ans de peinture.

L’impressionnisme et la mer

L'impressionnisme et la mer

Le musée des impressionnismes Giverny célèbre les 150 ans de la première exposition impressionniste et les 200 ans de la naissance d’Eugène Boudin par une éblouissante exposition consacrée aux marines. « C’est un sujet bateau, plaisante le directeur du musée et commissaire de l’exposition Cyrille Sciama. Nous y travaillons depuis 2019. » Pendant toutes ces années, il n’a cessé de craindre qu’un autre musée ne lui pique l’idée et sorte une expo semblable. Heureusement, cela n’a pas été le cas, ce qui nous vaut un déploiement somptueux de ports, de falaises, de plages, de bateaux, de vagues et autres merveilles.

Les oeuvres signées Monet (il y en a 6), Pissarro, Renoir, Manet, Boudin (près d’une trentaine), Auburtin, Cals, Guillaumin, Gauguin, Signac, Jongkind, Daubigny, Maufra, Blanche, Corot, rivalisent de séduction. L’exposition présente aussi quelques superbes toiles ou pastels d’artistes moins connus, tels que Théodore de Broutelles, Octave de Champeaux, Alexandre Marcette, Marie-Auguste Flameng, Philip-Wilson Steer, Charles Laval, ou encore, en hommage à la Bretagne, plusieurs tableaux d’Henry Moret qu’on pourrait prendre pour des Monet.

En contrepoint, d’incroyables photographies d’époque et même un film de 6 minutes en couleurs, du début du XXe siècle, restituent l’ambiance des bains de mer. Que faisaient les enfants à la plage quand on ne s’y baignait guère ? Ils creusaient des trous avec une pelle, et c’est vraiment drôle de les voir s’activer dans leurs beaux costumes comme s’ils allaient trouver de l’or.

Alors, sujet bateau ? Certes oui, mais en cette année qui est aussi celle du festival Normandie impressionniste, il fallait bien « remettre l’église au centre du village », selon les termes de Cyrille Sciama, en proposant une exposition purement dédiée à l’époque impressionniste. De quoi faire grand plaisir à un très large public.

Fraîcheur d’avril

Fraîcheur d'avril
Un de mes coins préférés du jardin, où la campagne alentour s’invite dans le paysage

Les jardins de Monet à Giverny ont rouvert pour le week-end de Pâques, et comme toujours, le clos normand est déjà bien fleuri, tandis que les alentours du bassin tardent encore à entrer dans le printemps, à l’exception des azalées précoces comme celle-ci. Son mauve s’harmonise à merveille avec la prairie où l’herbe pousse à toute vitesse. Le ru est plein à ras bord des pluies de mars. La fraîcheur, le petit vent et le ciel nuageux font répéter à chacun : en avril, ne te découvre pas d’un fil.

Fraîcheur d'avril

Quelques menus changements, presque imperceptibles. Des massifs vieillissants refaits, des arbres remplacés, des barrières de bambou toutes neuves, et une palissade côté route réalisée dans les règles de l’art japonais :

Fraîcheur d'avril

Même si les fleurs sont un peu en avance, il faudra encore attendre une ou deux semaines avant que le jardin soit en pleine floraison.

Fraîcheur d'avril

Tout évolue de jour en jour, si vite qu’on croirait pouvoir observer les plantes en train de pousser et les fleurs s’épanouir. La grande allée a déjà son petit côté spectaculaire, avec ses arceaux couverts du feuillage des rosiers et les taches colorées des tulipes dans les bordures. Hier à 16 heures, nous étions bien tranquilles pour la visite du jardin et de la maison.

Fraîcheur d'avril
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Ariane.

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