lundi 7 décembre 2009

L’économie en Dordogne. Le magazine des acteurs économiques de la Dordogne


L’économie en Dordogne. Le magazine des acteurs économiques de la Dordogne
N° 19 – Novembre 2009

Thiviers
Les papiers spéciaux et les défis de Guyenne Papier


Guyenne Papier, héritière des Papeteries de Guyenne, est restée sur le site historique des Castilloux, au bord de l’Isle. Mais il y a longtemps évidemment que les moulins des Castilloux et de la Brugère ne fabriquent plus de pâte à papier. L’entreprise produit des papiers spéciaux pour couchage. Elle dispose d’une ligne complète de transformation : couchage et enduction, transformation, bobinage ou découpe et reconditionnement.

C’est en 1995 que Frédéric PROCOP, industriel et distributeur de tous types de papier, implanté dans le Limousin, décide de reprendre Guyenne Papier, alors proche de la liquidation, plutôt que de la laisser disparaître comme semble l’attendre toute la profession.
La production quasi-unique de l’entreprise est alors le papier couché sur chrome, un papier imaginé par l’entreprise et qui a longtemps fait la réputation de Guyenne Papier.
Mais qui était aussi en train de causer sa perte. Intégré à Alaxa, le groupe familial de Frédéric PROCOP, Guyenne Papier trouve un secours financier vital, mais sans retrouver la voie de l’équilibre financier. Lorsque les nouvelles techniques ont permis aux concurrents étrangers, la Chine notamment, de traiter ce type de produits avec suffisamment d’efficacité, il a fallu se résoudre à arrêter la production du couché sur chrome.

Une décision salutaire

Cette décision prise en 2003, à l’arrivée de Céline PROCOP, fille de Frédéric, à la direction de l’entreprise, se révèle salutaire puisque l’entreprise, après avoir été constamment maintenue à flot par le groupe – 1,7 million d’euros injectés de 1995 à 2003 – dégage ses premiers bénéfices (2004), puis parvient à s’autofinancer (2008). Un seul regret dans cette rupture : l’impossibilité de trouver preneur pour les machines « historiques » qu’il a fallu casser en 2005.
Seule subsiste l’appellation « suni » qui désignait ce papier. Elle a été reprise pour baptiser les marques déposées des nouvelles productions
: Sunifluo et Sunijet.

« Notre cœur de métier est ce que l’on appelle le couchage, c’est-à-dire, le traitement de surface des papiers avant impression, explique Céline PROCOP. Notre valeur ajoutée est le traitement de ces supports bruts qui donneront au papier des propriétés particulières : le fluo, un meilleur rendu d’impression, des papiers anti-glisses, déperlants ou résistant à l’eau. » Les solutions de traitement, de 10 à 30 grammes par m2 de papier, sont mises au point et dosées sur le site. Ce sont uniquement des solutions aqueuses (eau, latex, etc.). Dimensionnée pour l’époque où l’entreprise utilisait encore des solvants, la station d’épuration de l’usine suffit aux besoins actuels de l’activité. Une certification ISO 14001 traduit d’ailleurs cette préoccupation de respecter le site naturel qui est également un lieu témoin de l’histoire industrielle du Périgord.
Les bobines de papier brut arrivent d’Europe du Nord. Après l’application du traitement sur l’une des deux faces, le papier transite par un long tunnel de séchage où il progresse par la pulsion d’air chaud. Une gigantesque machine prépare ensuite l’ensemble des papiers traités au passage sur l’une des deux bobineuses ou sur la coucheuse, pour les papiers formatés et conditionnés à plat.
Guyenne Papier produit :
- des papiers fluorescents ou colorés pour affiches,
- des gammes de papiers pour les rouleaux imprimantes et traceurs jet d’encre (jusqu’à la qualité photo),
- des papiers couchés spéciaux pour différentes utilisations industrielles, les étiquettes adhésives par exemple.
De l’époque où le papier couché sur chrome était transformé en boîtage, pour l’industrie du luxe notamment, l’entreprise a conservé un atelier de conditionnement pour certains de ses produits ou pour des commandes extérieures.

Préparer l’avenir

La production est exportée à 40%, une autre « tradition » de l’entreprise qui a pu être conservée malgré l’évolution des produits, essentiellement vers les pays européens limitrophes, l’Asie et l’Amérique du Sud. Les effets de la crise sont atténués par la diversité de la clientèle. Alors qu’un grand du BTP a réduit sensiblement ses commandes, la grande distribution a multiplié ses besoins de papier fluo (une commande de 300 tonnes pour le groupe Lidl par exemple).
Guyenne Papier est en train de muscler son équipe commerciale : « Ce n’est pas toujours simple, parce que nous voulons que nos commerciaux soient basés sur le site de Thiviers. Je crois beaucoup aux synergies nées de la proximité entre le commercial, la production, la R & D. »
L’entreprise (47 salariés, 8 millions d’euros de CA) est aujourd’hui devant de nouveaux défis : « Nous avons fonctionné sur le mode traditionnel. Nous devons nous remettre en question, revoir nos méthodes pour disposer d’indicateurs de temps, de production, de productivité, pour conforter notre vision de l’avenir de l’entreprise. Nous allons mettre en place une GPAO, travailler sur les ressources humaines, la formation. C’est un projet d’entreprise global.
J’ai beaucoup d’ambition pour l’entreprise et ses compétences. Guyenne Papier a été leader pour certaines productions, elle le redeviendra pour d’autres. »
Pour la diffusion, Guyenne Papier s’appuie sur la maîtrise de la logistique de PROCOP, l’autre unité du groupe familial. Les produits finis rejoignent le site de Feytiat (Haute-Vienne) : « En 72 heures, nous pouvons répondre à une commande et la livrer n’importe où en Europe. »
Reste un souci permanent, celui des locaux : 10 000 m2 de bâtiments anciens, voire très anciens, sur 3 hectares au creux de la haute vallée de l’Isle. Peut-être faudra-t-il un jour trouver un site industriel plus conventionnel et plus facile d’accès ? Mais ce n’est pas pour demain.

L’économie en Dordogne. Le magazine des acteurs économiques de la Dordogne

N° 19 – Novembre 2009

> Guyenne Papier
Les Castilloux, Thiviers
05 53 62 20 00
www.guyennepapier.fr

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