Naissance du navire par Jean-marie Finot |
Après avoir effectué un stage chez Philippe HARLE où
j'avais dessiné le Rebelle et Geva, nous avions décidé avec un ami de
réaliser un bateau idéal pour la croisière côtière. Ce bateau aurait été construit
en deux exemplaires et nous aurait permis de naviguer le long des côtes, de s'échouer
sur les plages.
D'où le nom écume de mer, comme l'écume qui se
dépose sur la grève.
Ce plan nous permettait également de nous exprimer sur la
forme de la carène et sur plusieurs éléments ergonomiques :
- une carène large, légère, équilibrée à la gîte
- un cockpit qui permet une position assise confortable à
lintérieur ou au vent, grâce notamment aux dossiers inclinés
- des manuvres qui reviennent au cockpit.
Nous avons proposé notre plan à différents chantiers
français, qui nétaient pas intéressés. Walter Huisman, un hollandais, avait eu
vent de notre projet, et fut intéressé par nos plans. Nous nous sommes rencontrés au
salon de Paris en 1968.
Par sympathie et foi dans la jeunesse, Huisman m'a proposé
de construire l'écume de mer à un faible prix à condition que celui-ci rentre
dans la catégorie quarter ton et que nous participions à la compétition.
Il a donc fallu agrandir le plan de départ.
Le bateau a été dessiné et
construit au printemps 68 à bouchain, avec une teug et une bulle.
Huisman avait réalisé la coque et la peinture. Nous
sommes montés en Hollande avec des amis finir l'accastillage et les aménagements.
Début Juillet nous quittions le chantier à bord vers la
France.
Nous avons participé à la quarter
ton cup 68 comme prévu, sans entraînements préalables.
Puis nous avons participé et gagné la Delta Race 68 en
Hollande.
A l'issu de cette saison, Eric BRADLEY, un australien,
avait apprécié les performances du bateau. Il en fit construire plusieurs dans son pays
en stratifié, à bouchain, avec un franc-bord plus bas et un roof .
En 1969, le centre nautique de l'EGF (CNEGF) nous aida à
obtenir un jeu de voile neuf et un bon équipage. Nous gagnâmes ainsi la majorité des
courses du GCL.
Puis nous avons remporté de nouveau la Delta Race 69 en
Hollande.
A la fin de cette saison, André COSTA, rédacteur des cahiers
du Yachting, nous aida à trouver un chantier en France.
Nous nous sommes très vite entendu avec Roger MALLARD pour construire le bateau en stratifié.
Les volumes de la carènes sont resté les mêmes, mais la
coque à bouchain est devenue en forme.
De Septembre 69 jusqu'au salon nautique, le chantier
Mallard et toute l'équipe dynamique ont construit le contre moule de coque, le contre
moule de pont, puis assemblé les différents éléments.
Nous avons navigué à la fin de l'année et le bateau a
été au salon début Janvier. Ce fut un record de vitesse!
Comparé au prototype, cet écume de mer avait moins de
franc-bord, un petit roof, et un aménagement confortable (un carré, une toilette, une
cabine avant).
En effet, à l'époque, les plaisanciers cherchaient un
bateau pour vivre et dormir agréablement au mouillage et au port. Mais la structure de la
coque, la qualité du gréement, l'organisation du pont des bateaux étaient faits pour
affronter la mer et le vent.
Pour répondre au mieux à cette tendance au confort tout en respectant les qualités
nautiques du bateau, nous avons aménagé une dinette, une hauteur sous barrot qui
permet de se tenir debout, une cabine avant séparée.
A l'extérieur, le confort est également amélioré car il est possible de manoeuvrer
face à l'avant, de s'assoir facilement et confortablement au rappel.
L'écume de mer apportaient également de remarquables
qualités nautiques, telles que la solidité, la stabilité, la vitesse.
Cette série a été construit jusqu'en 1975.
Le bateau standard a gagné en 1970 la quarter ton cup,
skippé par Laurent CORDELLE.
En 1972, nous avons fait un version spéciale régate: Petite Fleur.
- nouvelle coque
- nouveau lest
- nouvelle voilure
- et surtout un pont flushdeck en bois.
Le bateau regagne la quarter ton cup également
avec Laurent CORDELLE.
Cette année-là lechantier japonais
NJYS (New Japan yacht Sail) nous propose de construire l'écume
de mer au Japon.
En 1975, nous avons relooké les superstructures, redéfini
des échantillonnages de la coque de manière à retirer la matière inutile.
La version
1975 a profité des innovations que nous avions mises en place
sur le deuxième navire, Rêve
de mer. Ce sont :
- le cale-pied en aluminiums
- un jeu de pièce détrave formant cadène,
chaumards, davier
- le retour de toutes les drisses au cockpit
- les mains courantes du roof intégrées
L'écume de mer 75 reçut le prix du bateau de
l'année. Cétait alors le premier décernement de ce prix.
En 1976, nous avons allongé le roof de manière à gagner
de la hauteur dans les toilettes. Le bateau fut produit jusqu'en 1980.
En comptant les différentes versions, Hollandaise,
Australienne, Japonaise, Françaises, il existe aujourd'hui et depuis 20 ans 1385 écumes
de mer.
Quelques bateaux à bouchain ont été produits en
construction amateur.
Nous expliquons son succès par sa bonne marche, sa bonne
construction, son entretien facile, son petit roof proportionné pour une longueur de
7,90.
Cet ensemble a bien répondu à un besoin du marché.
Jean Marie FINOT
Ce bateau a été conçu essentiellement par
jeu intellectuel sans arrière pensée commerciale ni de carrière à long terme, mais le
succès de l'écume de mer a entraîné le groupe à continuer. |
Site de propriétaires
d'Ecume de Mer : http://amd.alio.free.fr
(2004)
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