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9 mai 2014 5 09 /05 /mai /2014 09:25

 

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Au 1574 Springbank road à Keri Keri, la ferme reçoit ses hôtes au milieu des orangers. Nika, la chienne de la maison, accueille les nouveaux venus à grand renfort de manifestations joyeuses et démonstratives. Nika nous a suivi jusqu'au chalet que nous avions réservé, passant son temps à vouloir attirer notre attention sur le morceau de bois qu'elle transportait dans sa gueule.


Installée sur la terrasse en bois dans la douceur d'une soirée printanière, je n'avais qu'à tendre la main pour cueillir les fruits sur les branches. « C'est de la culture bio »a dit Steffen le propriétaire, qui en a également profité pour nous présenter Wee Wee, le second chien. « L'un ne pense qu'à jouer et l'autre qu'à manger »a -t'il jugé bon de préciser. Au même moment, Mister Stink est passé dans le fond du décor sans se soucier le moins du monde de ce qui l'entourait. Mister Stink, c'était le chat, un félin discret.


Plus loin une vingtaine de poules multicolores suivait librement leur chemin. Parmi elles, quelques nègres-soie, petites poules aux plumes extrêmement fines et à la remarquable coiffure punk. De tous les animaux du lieu, les plus remarquables selon moi, étaient les deux femelles kune kune, porcelettes grassouillettes âgées de deux ans. En maori kune kune signifie gras et rond. Kicky et Klecksie correspondaient à ces critères. Elles étaient affectueuses, propres et bien élevées. Elles portaient une robe beige tâchetée de noir. A l'heure de leur repas, pas difficiles pour un sou, elles avalaient tout sans jamais se disputer. Elles ne manquaient jamais de venir nous saluer quand nous passions près d'elles et montraient du plaisir à se faire gratter l'arrière des oreilles. Elles partageaient leur cabane en bois avec mister sheep, un mouton dansant.


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Laetitia avait posé son sac à la ferme deux semaines avant notre arrivée. Son master de logistique en poche, pour parfaire son anglais, elle avait eu l'idée de venir ici où elle échangeait ses services contre l'hébergement. Nettoyer, nourrir les animaux, ne la rebutaient pas. C'était son premier voyage seule, elle manifestait une grande joie à sentir croître sa confiance en elle.


Les sourires francs et massifs de Steffen, Claes et Laetitia enchantaient ce lieu. Cette paisible ambiance était parfaite pour éponger en douceur le flou dans lequel le décalage horaire nous maintenait encore.

www.farmhostel.co.nz

 

Novembre-décembre 2012

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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 07:57

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L'affaire avait défrayé la chronique et entraîné une crise dans les relations entre la France et la Nouvelle Zélande qui avait nécessité l'intervention de l'ONU. En 1985, les services secrets français, sur ordre du gouvernement dont le chef est alors François Mitterand, montent une opération contre le « Rainbow warrior » navire amiral de Greenpeace afin de l'empêcher de rejoindre Mururoa où les essais nucléaires français allaient reprendre. Ce genre d'opération ne fait jamais dans la dentelle et l'histoire aurait pu se dispenser de faire un mort dans l'exposion du bateau, le photographe portugais Fernado Pereira. 8,6 millions de dollars de dommages et intérêts pour Greenpeace, des excuses officielles plus 7 millions de dollars et quelques accords pour la Nouvelle-Zélande ont permis d'apaiser plus ou moins les esprits, le temps a fait le reste.


 

Renfloué mais trop endommagé pour être réparé, le Rainbow warrior a été coulé dans la Matauri bay au nord d'Auckland. Gisant par 22 mètres de fond, il est devenu le lieu de pélerinage de tout plongeur débarquant en Nouvelle Zélande. Sur un promontoire, face au grand large, un mémorial a été érigé.


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La mer avait pris cette teinte bleue qui fait doucement rêver et le ciel dessinait des vagues. Sur la plage, quelques personnes s'étaient installées pour profiter d'un temps printanier auquel il manquait quelques degrès pour permettre les tenues légères. Deux audacieux baigneurs bravaient la fraîcheur de l'eau. Nous avons grimpé par un étroit sentier jusqu'à cet arc en pierre qui faisait face au large, là où reposait l'épave du bateau qui ne méritait pas cette triste fin. La vue embrassait la baie qui était ce jour-là d'humeur tranquille. Un tel panorama vous engloutit et vous oblige à méditer quelques instants sur les méandres de l'âme humaine ou la vastitude du monde ou  les chemins du destin ou tout autre sujet de cet acabit... 

 

L'épisode du Rainbow warrior a valu aux Français de manger des gigots en provenance de Nouvelle-Zélande ; la France s'étant bien gardée, après cette affaire, de s'opposer à l'entrée de la viande de mouton de provenance néo-zélandaise !

Novembre-décembre 2012

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29 avril 2014 2 29 /04 /avril /2014 07:45

 

Au premier abord, rien de tel ne se remarque, et même, voyant les panneaux en ville vanter fièrement « Turangi, capitale mondiale de la truite », on pense à quelque exagération pour attirer le touriste. Il n'en est rien. Turangi reçoit bien tous les ans tout ce que la planète compte de fondus de pêche à la mouche. Ils viennent en découdre avec les énormes truites arc-en-ciel qui s'ébattent dans la Tongariro river. A la saison de la pêche, il se raconte que des stars de cinéma, des politiciens et autres VIP du monde viennent ici pratiquer cet art. Ce n'était pas la saison de la pêche... j'ai juste pu apercevoir quelques pêcheurs du cru. Me revenaient en mémoire, ces merveilleux passages du roman de Norman Mclean « La rivière du sixième jour » dont Robert Redford a tiré le film « Et au milieu coule une rivière » dans lesquels sont décrites avec minutie des séances de pêche à la mouche. J'avais été grandement impressionner à les lire, par la complexité et la patience qu'elle nécessite.


Le National trout centre, à la sortie de Turangi s'ouvre sur un petit musée charmant. Emmeline, une toulousaine, en assurait l'accueil. Elle était venue parfaire son anglais. Un séjour de six mois qui la ravissait. La partie exposition, présentait l'hydrologie de la région, la formation du lac Taupo, l'élevage de la truite et une imposante collection d'objets dédiés à la pêche : moulinets, mouches, canes à pêche,... Dans la partie aquarium, quelques poissons trompaient le temps en aller-retour. Dans le parc qui longe la Tongariro river, un parcours aquatique a été aménagé dans un bras de rivière pour montrer les truites dans leur environnement naturel. Un espace à été prévu sous la rivière qui permet de les observer derrière une vitre, (à moins que ce ne soit l'inverse) certaines atteignent des tailles considérables. Les enfants ont un bassin réservé, ils peuvent tenter d'y attraper à mains nues sous la surveillance d'un garde-pêche, une vibrante truite. Plus loin, une écloserie, ça frétille de centaines d'alevins. C'était dimanche, il faisait beau, les familles avaient sorti leur panier pique-nique.


Malgré cette abondance, je n'ai jamais vu une seule truite sur l'étal des poissonniers en Nouvelle-Zélande. La licence qui donne l'autorisation de pêcher est excessivement chère, aussi, est-ce le priviège des pêcheurs de consommer leur prise à l'exclusion de toute autre personne. Sans la générosité d'un ami de J. qui lui avait apporté une belle portion cuisinée, nous n'aurions jamais pu en goûter, que dis-je, en déguster...

 

Je ne sache pas que Schubert soit venu à Turangi mais assurément les truites auraient aimé sa musique...

Novembre-décembre 2012

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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 08:19

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Derrière le marae, un petit cimetière aligne ses tombes sur le gazon. Il est modeste et peu peuplé. Ce doit être un cimetière maori (urupa), je ne suis pas pleinement assurée qu'il leur soit exclusivement réservé. Certaines tombes sont recouvertes d'objets épars, probablement ceux qui représentaient le mieux la personne disparue. Un sac à dos, un ours en peluche, des photos, une ou deux bouteilles de bière, .... et un cartel qui donne les grandes lignes de la vie du défunt, celui-là aimait les voitures, il est mort dans un accident de la route. Qu 'appelle-t'on une belle mort ?


Les Maoris prennent le temps des funérailles. Elles se déroulent sur trois jours. Elles duraient autrefois une semaine mais la modernité tend à tout raccourcir. J. qui participe à ces cérémonies m'en a conté l'ambiance et le déroulement. La cérémonie funéraire (tangi) se partage avec la famille et les amis. Le mort est exposé sur une natte devant la maison communautaire du marae et ne doit jamais être laissé seul. Les parents s'occupent des repas. Trois jours, trois nuits avec celui qui s'en est allé. Chacun a apporté son matelas, des couvertures et la parole circule. Dans une ambiance plus joyeuse que mélancolique, chants, hommages, anecdotes facilitent la libération de l'âme de celui qui est parti au pays d'ailleurs.


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Une fois libre, l'âme voyage jusqu'à l'arbre indigène "Pohutukawa" (arbre flamboyant rouge) qui se trouve à la pointe du Cap Reinga, à l'extrême nord de l'île du Nord. (Reinga en Māori veut dire : saut, lieu d'où l'on saute ; lieu où résident les esprits des morts). Elle glisse le long d'une racine du Pohutukawa, jusque dans l'océan pour émerger à Ohaua, la pointe la plus élevée des îles des Trois Rois, avant de rejoindre Hawaiiki (royaume des ancêtres). C'est un long chemin qui dure plusieurs mois. 


Autrefois, la tête d'un chef aimé ou d'un guerrier important était coupée et conservée, de façon à rester pour toujours avec la famille et la tribu. La France détenait une quinzaine de têtes maories. Le muséum d'Histoire naturelle de Rouen en abritait une depuis 1875. Il a été le premier à la restituer en 2011 aux Maoris de Nouvelle-Zélande, au terme de négociations qui avait vu, en 2007, la ministre de la culture Christine Albanel refusait cette restitution contre l'avis du conseil municipal de Rouen !


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Il fait doux, nous sommes seuls dans ce cimetière. Sur la tombe d'un enfant, de grandes fleurs synthétiques et colorées qu'une énorme abeille butine forment un tableau bucolique qui va bien à l'esprit du lieu.

 

Novembre-décembre 2012

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 09:50

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Picton, tout le monde descend... Le bateau déverse ses passagers sur le quai du port de cette petite ville ancrée au fond d'une baie dans la région de Marlborough tout au nord de l'île du Sud. Deux lignes de ferries effectuent la traversée Wellington – Picton. Sir Thomas Picton, militaire gallois, fut un camarade militaire du duc de Wellington tué à Waterloo en 1815. Leurs noms se retrouvent unis pour une certaine éternité dans ce bout du monde et la mémoire de quelques-uns s'en souvient.

 

Peuplé d'à peine 3000 âmes, ce bourg voit passer, chaque jour, des centaines de touristes et autres voyageurs. Peu y séjourne. La cité se distribue à partir du front de mer et autour d'une artère principale, autant dire qu'il ne faut pas très longtemps pour la parcourir. Il avait plu une partie du jour, le temps était frais et humide. Le choix du pub écossais pour passer la soirée s'est décidé sur l'annonce d'un concert que le tableau extérieur affichait. A la Flying Haggis tavern se fêtait dignement Saint Andrew's day. Le patron du pub portait beau un kilt rouge... D'autres hommes à la vêture identique sont arrivés précédant les musiciens, un groupe venu d'un village voisin : kilt vert, chemise blanche, gilet noir, sacoche à la ceinture, et le sgian dubh, petit poignard, fabriqué à l'origine, à partir d'une pointe d'épée brisée, fiché dans la chaussette droite. Les deux enfants du groupe n'étaient pas encore en âge de porter cet accessoire. Rien ne manquait donc de la tenue traditionnelle écossaise. Cornemuses en tête, en avant la musique, le concert a démarré sur le trottoir avant de se poursuivre dans la salle. La bière coulait à flot, plus une place assise, il aurait fallu que la jeune femme et le patron qui assuraient le service, aient deux paires de bras supplémentaires pour distribuer rapidement les commandes en se faufilant tant bien que mal entre les consommateurs dont le nombre allait croissant en début de soirée. Mais le temps ne comptait plus pour personne. La fête a duré. L'immersion dans cet entre-temps ajoutait un nouveau sourire au voyage.

 

Au petit matin, le soleil a fait son entrée sur la baie. Plantée devant ce paysage d'une très grande beauté, je pensais que la vie était vraiment généreuse.

Novembre - décembre 2012

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 20:35

 

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C'est un petit lac sur la route de Milford Sound. Il n'a pas la prestance de ces prestigieux voisins mais il possède une caractéristique qui en fait une halte obligée. Les jours sans vent, sa surface reflète fidèlement tout ce qu'elle voit. Les monts alentours ne se lassent pas de s'y mirer et le ciel prend plaisir à se confondre avec l'eau.


Des Mirror Lakes, il en existe plusieurs dans le sud, le plus photographié, le lac Matheson proche du glacier Fox doit son nom à un éleveur de bétail, Murdoch Matheson, qui habitait là en 1870 à l’époque de la ruée vers l’or. Ce Lac s'est formé lors d'un réchauffement climatique ayant entraîné la fonte des neiges, c'était il y a 14 000 ans. L'écosystème du lac a trouvé un certain équilibre. Il paraît que dans ces eaux nagent des anguilles géantes. Ces poissons serpentiformes peuvent mesurer jusqu'à deux mètres et peser une vingtaine de kilos.


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A Mirror lake sur la route de Milford sound, le jour est apaisé et le lac capture dans ses eaux un paysage imposant et un ciel dans lequel flotte de lourds nuages. Natifs de la Nouvelle-Zélande, quelques Silvereye, (Tauhon en langue Maori), jolis oiseaux de la taille des moineaux à l'oeil souligné d'un cercle blanc, observent l'agitation de tout ce petit monde qui s'extasie et photographie à tout va cette curiosité naturelle. Eux, ils seront toujours là quand le silence sera retombé sur ce lieu. Le lac gardera-t-il la mémoire de notre visite ?


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6 mars 2014 4 06 /03 /mars /2014 18:58

 

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Il arrive à la Terre d'être impudique et de laisser, par endroits, entrevoir ses entrailles. Une chaleur insoutenable s'en dégage et si l'enfer existe c'est là qu'il se dissimule. A y regarder de plus près, la Terre n'est qu'un gigantesque chaudron bouillonnant entouré d'une croûte aménagée en paysages dans lesquels, insouciants de ces symphonies dantesques qui se jouent en sous-sol, nous vaquons. En Nouvelle-Zélande, le centre de North Island offre un aperçu de ce qui se trame sous l'écorce terrestre : mares de boue effervescentes, jets de fumée sulfureuses, geysers, lac bouillant,... Amateurs de vapeurs et de fumerolles, vous allez adorer ! Bien répertoriés et abondamment signalés voire même protégés, ces lieux font partie des attractions naturelles qu'on ne manque pas d'aller voir en visitant le pays.

 

C'est à Rotorua que nous avons avons tout d'abord commencé à apercevoir ces phénomènes. Rotorua a reçu le surnom de Roto vegas. Il est vrai que la ville concentre, fast food, boutiques de souvenirs et autres lieux où sévit un folklore maori pour touristes. Soirée Haka et hangi (danse et barbecue), l'économie touristique doit y trouver son compte, l'authenticité de ces rituels est certainement beaucoup plus discutable dans ce cadre. Dans le parc du centre ville, de ci-de là, des mares de boue, noires comme une nuit sans lune, glougloutent et fument. Il flotte dans l'air, une légère odeur d'oeuf pourri. Il fût un temps où la ville abritait la huitième merveille du monde, « les Terrasses rose et blanc ». C'étaient des escaliers en silice qui s'ouvraient en forme d'éventail. La merveille fut engloutie en 1886 lors de l'éruption du volcan Tarawera qui entraîna la mort de 153 personnes et bouleversa le paysage de la région du lac Taupo. Il a fallu près d'un siècle pour que l'endroit retrouve un visage aimable. Cette éruption a donné naissance à l'actuelle vallée de Wangamangu, bel exemple d'activité géothermale.


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Les sources thermales sont pour beaucoup dans la renommée de la ville. Les piscines et autres complexes de remise en forme en témoignent. Dans le spa thermal park, sur le chemin qui mène aux Huka falls, sous un petit pont de bois, un bassin entièrement naturel, totalement « free » et pas très connu. L'eau chaude sort de la roche pour se jeter dans la Huka river. A sa sortie, elle est presque bouillante mais prend une température supportable en se mêlant à l'eau vive de la rivière. Nous étions quelques-uns à y patauger béatement. Des enfants jouaient, une allemande lisait, quelques français buvaient de la bière, une famille maorie discutait. En sortant de cet antre, je nageais en pleine « zénitude ».


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A Tokoano, tout près de Turangi, même spectacle de terre en ébullition, le circuit balisé traverse un bois rongé par la mousse où l'on s'attendrait à voir apparaître quelques êtres surnaturels. Un paysage qui nous déracine intégralement. Sa superficie reste modeste et c'est tant mieux, son pouvoir pourrait nous égarer l'esprit. Nous y sommes seuls. Dans un lieu un peu à l'écart, un aménagement sommaire sert aux Maoris à la cuisson des plats traditionnels. Ils y viennent à l'occasion de certaines cérémonies, posent les gamelles sur des planches, au dessus des fissures fumantes, les recouvrent de peaux et les laissent cuire trois heures de temps. Ces fours naturels sont notamment utilisés au moment des funérailles qui durent plusieurs jours.


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Une petite rivière insouciante, claire et vive poursuit son chemin, il y frétille d'énormes truites qui attendent des promeneurs quelques morceaux de pain. Il faut voir la voracité dont elles font preuve lorsqu'elles se jettent sur ces aliments. Elles sont de belles taille et feraient rêver plus d'un pêcheur mais il est interdit de les pêcher, elles en profitent. Un pont de bois enjambe le cours d'eau et permet l'accès à la piscine thermale de Tokoano. L'établissement modeste, peu onéreux et fort plaisant, est fréquenté par les villageois. Il y a plusieurs private pools, dans lesquelles on ne séjourne que vingt minutes, l'eau y avoisinne les 40°C. De couleur verte, elle est garantie sans chlore et son renouvellement est permanent. Il est recommandé de ne pas être à jeun et de ne pas avoir consommé d'alcool avant de s'y enfoncer. On y pénêtre par à coups. On y reste peu.

 

 

La journée avait été belle, le soleil disparaissait lascivement derrière la montagne qui nous regardait fixement. Dans la piscine publique, où nous achevions notre séance, nous étions une dizaine. Une petite fille riait aux éclats en jetant le portefeuille de son père dans le bassin. Quelques jeunes planifiaient leur soirée. L'air était limpide, le moment apaisé. Il arrive que parfois, on se demande si les tourbillons du monde ne sont pas seulement le fruit de nos imaginations trop ….. bouillonnantes. C'était le cas, à cet instant.

Novembre -décembre 2012 

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 16:48

 

Dans ce chaos, il y a des voyages et de la poésie. J'ai aimé passer des jours entiers dans ce fatras. Cette impression de lointain voyage en terre étrangère ressentie avec un total dépaysement et un plaisir de la découverte. Et je le conterai.... plus tard .... quand du chaos d'images surgiront les mots.

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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 18:19

  

Avec en sous titre "Un pélerinage européen", Kenneth White, voyageur cultivé donne à ses vagabondages, ses lettres littéraires. Le pélerinage n'a aucun caractère religieux, le fondateur de la "géopoétique" livre ses errances dans les villes et autres lieux par ses rencontres, lectures et autres souvenirs dont certains peuvent remonter à la jeunesse de Kenneth White.

 

La carte de Guido, est une carte italienne réalisée à Pise au 12e siècle que l'auteur a découverte à Bruxelles. L'ouvrage qui contient cette carte, rassemble joyeusement histoire, géographie, philosophie et poésie d'une Europe médiévale rêvée. Kenneth White a opté pour cette approche globale et désordonnée qui rend aux villes leur infinie richesse. Glasgow, Munich, Bruxelles, Dublin, Bilbao, Venise, Trieste, Belgrade, Podgorica, Pula, Stockholm, Edimbourg. Quant aux paysages, Kenneth White les laisse respirer dans des descriptions d'une précision poétique. 

 

Il ne faut pas y chercher un guide de voyage au sens pratique actuellement retenu mais un paysage mental que l'auteur dessine avec une grande sensibilité et une plume érudite. C'est une européen enthousiaste, convaincu et généreux, un voyageur par monts et par mots qui mêle déplacement physique et voyage intérieur.

Un bonheur de lecture.

 

Extraits :

"Un soir Vuk est descendu dans sa cave et en a rapporté une bouteille de vin des collines qui, dit-il, datait de l'époque d'avant l'arrachage des vignobles illyriens.
Il était superbe.
En croate, et probablement aussi en serbe, ainsi qu'en slovénien, on dit de quelque chose qui est exceptionnellement bon que cela "parle six langues et bredouille la septième".

 

"A Bar, j'avais rendez-vous avec un architecte qui devait m'emmener voir les ruines de Stari Bar (Vieille Bar) une ancienne cité située juste sous le Monte Malicha. Je me suis excusé de mon retard. "Ne vous en faites pas, dit Omer, dans les Balkans, le temps marche à reculons."Un chemin taillé dans le roc. De très vieux oliviers aux troncs noueux. Des ânes qui se promènent. Le chaos gris de la montagne, balayé par une lumière subtile et changeante..."

 

"Si j'ai voulu mettre Trieste sur ma carte mentale, c'est parce que Joyce et Rilke font partie des écrivains européens les plus lucides que je connaisse et c'est une curieuse coïncidence que ce soit dans ce coin du monde que presque côte à côte, mais inconnus l'un de l'autre, ils se soient engagés dans la phase la plus intense de leur oeuvre.Si l'on veut connaître Joyce, ce n'est pas à Dublin qu'il faut chercher, c'est à Trieste. Si l'on veut comprendre Rilke, on doit se tourner vers des lieux solitaires, non codifiés, et, en premier lieu, vers cette côte de Duino."

Kenneth White

La carte de Guido

Un pélerinage européen

Albin Michel

2011

 

 

 

 

 

 

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 16:01

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Motorau et Korowae, deux filles d'un vieux chef Maori, s'étaient perdues dans les bois. Elles ont alors tant pleuré que leurs larmes ont fait apparaître le lac de Manapouri.

Légende maorie

 

Manapouri lake est aussi appelé le lac du cœur en peine. Cela m'allait bien. L'épisode Milford sound datait de la veille, je n'avais pas encore dépassé la déception de n'avoir pu naviguer dans le fjord. Le ciel menaçait de s'en prendre à la journée mais il ne pleuvait pas. Manapouri, à 21 kilomètres de Te Anau, est le seul moyen d'accès vers Doubtful sound, un fjord qui vaut la balade. Malheureusement, il n'y avait plus une place sur les bateaux qui y partaient. J'étais chagrine. Parcourir la moitié de la planète et ne pouvoir aller dans les fjords du Sud de la Nouvelle-Zélande dont j'avais tant rêvé, c'est rageant !

 

Comme lot de consolation, il restait la visite de la centrale hydroélectrique souterraine de Manapouri. La plus grande du pays. Turbines et alternateurs sont placés dans une caverne creusée dans la roche à 200 mètres sous la surface du lac. L'œuvre technique monumentale se visite - entre la visite d'un château et celle d'une usine, c'est l'usine qui a ma préférence. Dans la réalité, je n'ai jamais eu à faire un tel choix mais si jamais il se présente un jour... Encore que j'hésiterais peut-être si le château est hanté ! - On ne peut accéder à la centrale que par bateau. Il se prend à Pearl Harbor sur la rivière Waiau qui alimente le lac. En attendant l'heure du départ, nous avons patienté dans le petit bar près de l'église. Le village compte 300 âmes, autant dire qu'on en fait rapidement le tour. Le propriétaire du lieu nous a offert des cerises, c'était le printemps.

 

Considéré comme le plus beau lac de Nouvelle Zélande, la traversée de Manapouri lake, et ses paysages grandioses ont fait surgir les émotions du même acabit. La forêt descend jusqu'à la rive sur les pentes abruptes. De la neige restait accrochée sur les sommets des montagnes au pied desquelles nous naviguions. La brume emballait le tout d'une ambiance ouatée. Le bateau prenait son temps. Il avait raison. Un instant d'éternité ne se bâcle pas.

 

A West arm, au bout du débarcadère, une salle d'exposition présente la centrale, sa construction et les actions pour la protection de l'environnement qui l'ont accompagnée. On y apprend que la centrale hydroélectrique de Manapouri est considérée comme le lieu où est née la conscience écologique néo zélandaise. Les premiers plans prévoyaient une élévation de 30 mètres du niveau de l'eau ce qui aurait entraîné la disparition des îles boisées et l'engloutissement de la forêt de hêtres. Les manifestations de protestation ont fait reculer le projet.


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Deux cars attendaient leurs passagers. Le premier à partir emportait les chanceux qui allaient passer la nuit dans le fjord de Milford sound. Dans le second, nous étions trois pour la visite de la centrale hydroélectrique. Eve, la jeune femme qui le conduisait, connaissait ce lieu comme sa poche. Depuis huit mois, elle y amenait les visiteurs et s'en trouvait combler. A plusieurs reprises, elle a arrêté son véhicule afin que nous puissions admirer les beautés et particularités de l'environnement. Elle nous parlait de la faune, de la flore et de tous les efforts accomplis pour les préserver en dépit des bouleversements intervenus avec l'implantation de la centrale. Sur les hauteurs de Wilmott Pass, l’œuvre du demi-dieu Tuterakiwhanoa qui a façonné les vallées encaissées et les montagnes escarpées, la halte s'est prolongée, elle le valait bien.


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Enfin, Eve a engagé le car dans le tunnel. S'enfoncer dans la montagne où se niche la centrale est une expérience d'un autre ordre que celle de la traversée du lac mais tout aussi riche en émotions. Dans la grande nature, le registre émotionnel est souvent d'ordre extatique, on côtoie le transcendant et le sublime. Dans le cas de réalisations techniques, il s'agit plus d'admiration pour l'intelligence, le talent et le travail dont il est question.

 

D'une largeur de neuf mètres, les deux kilomètres de tunnel descendent en spirale jusqu'à la machinerie. Les camions ont parfois dû le parcourir en marche arrière pour livrer quelques pièces imposantes. L'opération pouvait durer sept heures. L'ingénieur qui nous a pris en charge à l'entrée de la machinerie, nous a expliqué la roche, nous a raconté les difficultés du chantier, les 1800 hommes qui y ont travaillé durement dans des conditions difficiles. « Il fallait sans cesse pomper l'eau qui s'infiltrait par la paroi d'excavation à mesure qu'ils creusaient des trous dans la roche avec des marteau-piqueurs imposants pour placer des explosifs » Une plaque commémorative porte le nom des 16 hommes qui y ont laissé leur vie.


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Pénétrer dans la partie visible de la machinerie revient à ouvrir les portes d'un temple dédié à la technologie : 111 mètres de long et 40 mètres de hauteur occupés par une rangée de gigantesques machines bleues dressées comme des totems aux pieds desquels les humains ressemblent à des nains. C'est bien de la fascination que l'on peut ressentir. Et l'ingénieur s'est amusé à aligner des chiffres hors du commun qui exacerbait plus encore ce sentiment. Nous étions dans la démesure : « les câbles électriques qui relient les turbines au poste extérieur mesurent 263 mètres et pèsent 23 kilos par mètre soit près de 8 tonnes par câble. Les transformateurs pèsent 133 tonnes,..... ».

Toute cette énergie pour alimenter en électricité une fonderie d'aluminium !

 

Au retour, le ciel s'était mis en bleu, et le lac s'en est trouvé tout illuminé. Facétieux, le pilote qui nous reconduisait, a placé la proue du bateau sous une chute d'eau ce qui en a amusé plus d'un. Les petites îles semblaient flotter de ci-de là. Nul ne disait mot. Mes yeux se gavaient de ce qu'ils voyaient et mon esprit naviguait sur des vagues euphoriques. Et une fois de plus, rien n'aurait pu être retiré ou ajouté à ce moment.

Décembre 2012

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