... Charlie Chaplin était né vingt ans plus tard

Publié le par Karl Friedrich Fantasimus von Wunderland

Charlie ChaplinCharlie Chaplin, de son vrai nom Charles Spencer Chaplin, est né le 16 avril 1909 à East Lane dans le quartier de Walworth, un quartier très pauvre de Londres, de Charles Chaplin et Hannah Hill, tous deux artistes de music-hall.

 

A l'école, le petit Charles improvisait des spectacles de mime qui réjouissaient ses camarades. Il était fréquemment sollicité le dimanche pour animer les fêtes et les bals de son quartier.

 

A huit ans, il monte avec deux amis un spectacle de marionnettes qu'il présente sur la place du marché et qui rencontre un grand succès. Il gagne à cette occasion ses premières pièces, grâce à son imagination fertile et à son esprit débrouillard.

 

Bien que ses parents aient grand besoin de cet argent, ils lui laissent le loisir de le dépenser à sa guise, conscients que leur enfant manquait de distractions de son âge. C'est ainsi qu'à dix ans, un dimanche, le jeune Charles pénètre pour la première fois dans une salle de cinéma. On y projette « The Bell Boy », de Buster Keaton. Cette découverte saisissante laisse dans l'esprit du jeune garçon une empreinte indélébile, et marque le début de son admiration pour celui que l'on surnommait « l'homme qui ne rit jamais ». A partir de ce jour, dès qu'il le pouvait, il cassait sa tirelire pour aller voir le dernier court-métrage du célèbre acteur. C'était à chaque fois pour lui un ravissement sans égal et une délicieuse échappatoire à sa miséreuse vie londonienne.

 

Charlie Chaplin fait dès l'âge de douze ans ses premiers pas sur scène en compagnie de ses parents, les remplaçant parfois au pied levé lorsque l'un des deux, souffrant, ne peut tenir son rôle. Le talent du jeune homme s'affirme au fil des ans, si bien qu'en 1924 son père décide de l'emmener avec lui lorsqu'il part aux Etats-Unis dans l'espoir d'y gagner mieux sa vie qu'à Londres. Sa mère, malade, est reccueillie par des cousins éloignés.

 

Charlie Chaplin apprend l'année suivante le décès de sa mère. Elle était le seul lien qui l'unissait à la vieille Angleterre. Convaincu que son avenir est en Amérique, il décide d'oublier son chagrin grâce au travail. Il quitte son père pour rejoindre la Californie, mère d'Hollywood et patrie du cinéma. Il est engagé en 1927 par un impresario du nom de Max Ridler dans une troupe de comédiens amateurs de San Fransisco. Devant le peu de succès des représentations qu'elle donne dans un petit théâtre des faubourgs, la troupe se dissout bientôt et Chaplin se retrouve dans la rue.

 

Après quelques mois de vagabondage pendant lesquels il survit tant bien que mal, il répond à une petite annonce promettant un travail honnête et bien payé pour qui maîtrise convenablement la langue française. Chaplin se promet qu'il obtiendra cette place coûte que coûte. Ayant un attachement particulier et une disposition naturelle pour la langue de Molière qu'il a apprise dans sa jeunesse, il parvint à convaincre Hal Rooney, son employeur, de l'engager lors d'une entrevue où il fait montre de sa grande habileté à captiver un auditoire. C'est à ce moment qu'il apprend avec joie qu'il vient d'être recruté pour doubler les oeuvres de Stan Laurel et d'Olivier Hardy.

 

Parallèlement à ce travail, il s'essaie à composer quelques partitions sur le piano d'un cabaret qu'il loue deux heures par jour à son propriétaire. Un peu plus tard, il fait écouter sa musique à son employeur qui est immédiatement séduit. Mais cet individu sans scrupules n'a pas l'honnêteté de Chaplin, et le jeune homme se voit dépouillé de ses oeuvres qu'il aura la peine d'entendre quelques années plus tard, à l'écran, dans des comédies musicales de la MGM. Ne pouvant prouver le préjudice, il ne cherchera pas à récupérer son bien et préfèrera démissionner.

 

En 1929, il s'éprend de Mildred Parris, une jeune chanteuse qu'il rencontre dans les coulisses d'un théâtre de la ville et qu'il épouse en avril 1930. Elle introduit son mari à l'un de ses amis qui collabore avec un certain Walter Elias Disney, plus connu sous le nom de Walt Disney. Pris de sympathie pour Charlie Chaplin, et réalisant qu'il a affaire à un homme talentueux, il lui propose de doubler son personnage de Mickey Mouse. Chaplin accepte cette proposition qu'il perçoit comme un grand honneur, la petite souris parlante étant déjà très célèbre à cette époque. Il apporte toute satisfaction à son employeur qui apprécie beaucoup son zèle et sa créativité. Une grande confiance nait entre les deux hommes, si bien que Walt Disney accepte volontiers la critique de son employé qui se surprend parfois à proposer au maître une correction dans le scénario ou la mise en scène de l'un ou l'autre de ses dessins animés : Chaplin, bien que n'apparaissant pas à leur générique, aura ainsi participé dans une moindre mesure à la création de plusieurs aventures de Mickey Mouse, parmi lesquelles « The Moose Hunt » et « The Pet Store ».

 

A ses heures perdues, Charlie Chaplin compose toujours, et il décide en 1935 de montrer ses oeuvres à Walt Disney, sans crainte cette fois-ci de se voir voler leur paternité. Celui-ci apprécie beaucoup le travail de Chaplin, et lui propose contre salaire d'intégrer certains passages de ses symphonies dans la musique de ses courts-métrages. Chaplin accepte, et c'est ainsi que les bandes sonores de « Mickey's Service Station », « The Band Concert » ou encore « The Pointer » lui sont dues en grande partie.

 

Après plusieurs années de doublure et de composition musicale pour les studios de Walt Disney, et après s'être porté volontaire pendant quelques mois dans la marine américaine, Charlie Chaplin décide de revenir en 1945 vers le métier de comédien. Son épouse accepte mal ce revirement soudain, ayant peur que son mari perde sa confortable situation pour se tourner vers un emploi moins lucratif. Mais Chaplin a de l'ambition et s'est toujours senti l'âme d'un comédien. Le divorce est prononcé quelques mois plus tard.

 

En 1948, il auditionne pour un rôle secondaire dans la comédie musicale de Stanley Donen, « Un jour à New York », mais Jules Munshin lui est préféré. Sans s'apitoyer sur cet échec, il tente de nouveau sa chance et décroche finalement un rôle deux ans plus tard dans « Un Américain à Paris », de Vincente Minnelli. Sur le tournage, il rencontre une danseuse de ballet du nom de Lita Gray, avec laquelle il se marie en 1954, et rend de nombreux services à Gene Kelly dont il devient l'ami et qu'il double pour les cascades de plusieurs de ses films dans les années cinquante. La rumeur veut que Gene Kelly ait conseillé au compositeur Nacio Herb Brown de se faire aider de Chaplin pour l'écriture de la musique de « Chantons sous la pluie », sorti en 1952.

 

Remarqué par ChaplotSam Bernstein, le directeur du Colony, un théâtre de Broadway, Charlie Chaplin est engagé en 1956 dans un spectacle de magie où il assure des intermèdes acrobatiques, ce qui lui plaît infiniment plus que les petits rôles qu'il a occupé jusqu'à présent au cinéma. Il gagne rapidement la confiance du directeur si bien qu'on lui donne la liberté de monter lui-même son propre spectacle. C'est une victoire pour Chaplin qui avait toujours souhaité se produire lui-même. Par admiration pour Buster Keaton, il choisit de reprendre des vieux classiques du cinéma muet en leur donnant une résonance contemporaine. Mais Chaplot, le personnage de globe-trotter maladroit au grand coeur qu'invente Chaplin, n'amuse personne. Et pourtant ! Son accoutrement original et sa façon de déambuler sur scène plaisent aux quelques enfants qui assistent à ses spectacles. L'artiste en retire une certaine fierté, mais souffre cruellement de n'être pas reconnu par ses pairs. La critique est sévère à son égard : le New York Times n'hésite pas à qualifier son spectacle de « désuet » et de « naïf ». Ce genre de burlesque ne fait plus rire, le public est difficile et le succès n'est pas au rendez-vous. Sam Bernstein doit interrompre les représentations et fermer le théâtre pendant plusieurs semaines, faute de crédits suffisants pour rémunérer ses employés. De nouveau, Charlie Chaplin est à la rue. Cet échec pousse sa femme à le quitter quelques jours plus tard.

 

Seul, et profondément marqué par ce double malheur, il quitte en 1959 les Etats-Unis pour rejoindre la France et choisit de mettre son talent à disposition du Grand Cirque de Paris qui l'engage en tant que clown. Il a alors déjà cinquante ans, mais cependant sa jeunesse d'esprit et son inventivité permanente lui permettent de surprendre chaque jour le parterre d'enfants qui l'applaudissent à tout rompre. Il devient bientôt le proche ami du directeur du cirque, Firmin Zapatta, qui lui propose d'endosser la tenue de Monsieur Loyal, le personnage qui présente tour à tour les numéros, ce que Chaplin accepte.

 

En 1962, Charlie Charplin s'éprend d'une jeune trapéziste, Pauline Goddard. Il ne se décide pas à lui avouer ses sentiments et n'aura jamais le temps de le faire puisque l'année suivante une grave maladie le prive de l'usage de sa voix. Il ne recouvrera jamais la parole. Il doit alors quitter le cirque et son costume de Monsieur Loyal. Il vivra les dernières années de sa vie dans la misère, écrivant de temps à autre pour le compte d'un ancien ami d'Amérique quelques critiques de films qui paraissent sous un faux nom dans les colonnes du Time.

 

Il décède le 25 décembre 1977, à Vevey, en Suisse.

 

Pour lire l'autre biographie de Charlie Chaplin (1889-1977)...

 

Par Fantasimus

Publié dans Histoire

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A la lecture de votre article, je crois que je préfère définitivement la version réelle de la biographie de Charlie Chaplin... même si Mickey Mouse y a sans doute perdu quelque chose ! <br /> Bravo pour votre fertile imagination, et au plaisir de vous lire très prochainement.
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L
Je trouve votre biographie de Charlie Chaplin plus intéressante que celle que vous nous proposez en lien... Mais il n'est pas sûr que le concerné ait apprécié la vie que vous lui inventez ! Il est heureux pour lui qu'il soit bien né en 1889... Sans quoi nous n'aurions peut-être pas eu droit aux oeuvres de ce génie du cinéma !
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G
Edifiante biographie qui offre une relecture pertinente de l'essor du cinéma américain pendant la première moitié du XIXe siècle. Mais qu'aurait fait Fantasimus s'il était né 20 ans plus tôt, loin de tout Internet ? (A moins qu'Internet n'ait été inventé par Charlie Chaplin pour le compte de la Défense Suisse)
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C
J'ai l'habitude de fureter sur Internet à la recherche de nouveautés... bravo pour le concept de votre blog ! Je reviendrai ! Quant à votre premier article, cette biographie-bis de Chaplin, mourant dans la misère et l'anonymat, faute de n'être pas né vingt ans plus tôt, est très convaincante. Le génie est-il la conjonction d'une époque et d'une personnalité ? Cela prête à réfléchir... Et c'est ce que vous nous poussez à faire, avec beaucoup de finesse et non sans une pointe d'humour. Encore bravo, et tous mes encouragements pour la suite.
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