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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 19:59

Chaque année, le week-end des "Rendez-vous aux jardins" est l’occasion de découvrir des petits bijoux de nature préservée dans toute la France. Quelques parcs aux écosystèmes fragiles possèdent la particularité de n’accueillir du public qu’à cette occasion, à l’instar de certains monuments qui n’ouvrent leurs portes qu’aux Journées européennes du patrimoine. La foule n’est pas encore aussi nombreuse que pour l’événement culturel que représentent les JEP mais l’engouement se fait petit à petit sentir pour ces balades « au grand air", souvent guidées par des passionnés de verdure.

 

DSC05900.JPGDerrière la piscine de Vaise, un potager particulier est à l’honneur de cette édition 2010 [Bonne idée de visite suggérée par Metro Lyon du 3 juin 2010] : le parc de la Cressonnière. Les 2,5 hectares qui le constituent, situés entre le solarium de la piscine et le pont autoroutier de l’A7, comprennent une maison bourgeoise, une petite prairie, un jardin potager, un étang et un bois. Le lieu semble anodin alors qu’en fait il s’agit de la dernière « zone humide » de Lyon intra-muros, ce qui en fait un îlot de biodiversité, à la faune et à la flore uniques en ville. C’est pour cette raison que le parc n’a pas été aménagé en jardin public comme les autres, bien qu’il appartienne à la municipalité de Lyon depuis 1957. L’accès au public est très restreint : seuls quelques classes et centres sociaux sont autorisés à pénétrer dans ce lieu insolite. Encore ont-ils de bonnes raisons… puisqu’ils le cultivent.

 

DSC05922.JPGAuparavant, le terrain a fait le bonheur d’un cultivateur qui exploitait l’humidité naturelle du lieu pour faire pousser le cresson, plante aquatique qui donne désormais son nom au parc. Ce n’est pas moins de 4 sources, dont le ruisseau de la Roche qui provient de la colline de la Duchère, qui alimentent étangs et bassins de cet écosystème. Ici, l’eau n’a jamais manqué mais tout est fait pour continuer à la préserver ! En 1997, l’agriculteur part à la retraite et la Ville décide de confier la gestion du potager à une association d’insertion puis à des structures pédagogiques (écoles, mjc), sous la responsabilité des jardiniers municipaux. Le cresson pousse toujours, dans des bassins d’eau fraîche sans moustique car les grenouilles et les voraces larves de libellules s’en régalent.

 

DSC05916.JPGLe parc est un régal pour les yeux : photos en ligne ici. Il est étonnant de voir, dans un périmètre si restreint, autant de paysages radicalement différents. La petite prairie, volontairement désordonnée, sert de gîtes aux insectes de toutes sortes, que les enfants peuvent s’amuser à recueillir dans des petites boîtes, le temps d’un coup d’œil d’apprenti naturaliste. Le potager des écoles, aux multiples plantes, est un véritable chatoiement de couleurs. Même les légumes sont en fleur, histoire d’expliquer aux élèves les principes de la reproduction des plantes. Les bassins de cresson rafraîchissent le promeneur et attirent les libellules et les agrions bleus argentés. Le potager de la MJC fait preuve de grandeur et de professionnalisme, serre à l’appui. Au centre d’une clairière, l’étang d’agrément s’illumine sous le soleil, bordé par un sentier qui conduit dans un bois de 9000 m², sur les pentes en contrebas de l’autoroute.

 

Si l’on peut apercevoir les voitures au loin, le bruit des moteurs ne trouble pas la sérénité du lieu. Le parc de la Cressonnière vibre au son des abeilles et des grenouilles. Toutefois, le héros des lieux est plus discret : il s’agit du triton, petit amphibien qui ressemble à sa cousine la salamandre. A la saison froide, il hiverne dans le bois avant de prendre le chemin des mares au printemps. Difficile d’avoir une idée du nombre de tritons lyonnais, du moins jusqu’en 2010, date du recensement réalisé par la Cora, la Frapna et les jardiniers municipaux. Une « espièglerie » scientifique est mise en place, sous la forme d’une palissage infranchissable bloquant l'accès des tritons vers la mare… sauf en certains passages. Les tritons empruntaient donc ces derniers et tombaient dans des seaux. Après une petite inspection, les animaux étaient comptés et relâchés… du bon côté de la palissade, pour finir leur trajet en paix. Le bilan est stupéfiant : plus de 1000 tritons sont comptabilisés, confortant l’idée que le parc de la Cressonnière est bien une zone sensible.

 

DSC05942.JPG

Restons vigilants cependant ! Le parc comptait encore il y a peu de temps 3 ha de terrain, amputés partiellement pour l’aménagement d’habitations sociales. Attention : l’équilibre naturel ne tient bien souvent qu’à un fil, un hectare de forêt, un lopin de terre… Ne grignotons pas le parc de la Cressonnière, au risque de mettre en jeu l’équilibre de cet écrin urbain de biodiversité.

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commentaires

R
<br /> je viens de faire un peu de pub sur mon blog<br /> <br /> <br />
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R
<br /> bravo pour ce blog. A bientot !<br /> <br /> <br />
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