L'ALCOOL, LES JEUNES ET LA SANTE

L’ALCOOL ET LA SANTÉ

Les jeunes d’aujourd’hui boivent-ils plus qu’avant ? Non, parce que la consommation totale d’alcool des jeunes semblent stabilisée depuis quelques années. Par contre, les moins de 25 ans boivent beaucoup plus d’alcools forts dans un but non dissimulé : la recherche de l’ivresse. Les jeunes ne boivent pas en famille, à table, mais ils le font à l’extérieur. Ils se défoncent à la bière ou aux alcools forts les samedis soirs. Ils recherchent dans l’alcool l’effet d’une drogue et l’associent parfois à d’autres substances : cannabis, médicaments psychotropes, drogues de synthèse…

Des études récentes montrent que plus de 40% des jeunes de 15/16 ans consomment de l’alcool au moins une fois par semaine, et ont déjà connu au moins deux états d’ivresse. En ce qui concerne les jeunes filles, celles-ci boivent aussi plus que leurs aînées au même âge… On observe que la proportion des consommateurs réguliers augmente avec l’âge. Ce qui est inquiétant, c’est que le premier contact avec l’alcool se fait de plus en plus tôt. Il n’est pas rare de voir de voir des 9-10 ans, souvent issus de milieux difficiles, prendre des cuites à la bière.

Pourquoi plus maintenant qu’avant ? Parce que l’alcool est symbole de l’entrée dans le monde adulte et parce qu’il est facteur de socialisation. Parce que aussi, la défonce est associée aux difficultés des adolescents. Et surtout parce que la loi n’est pas vraiment appliquée. Il est malheureusement possible pour un jeune de boire dans un bar, ou d’aller dans un magasin acheter de la bière, de la vodka, du whisky. De même, les premix (boisson colorée et alcoolisée) et les bières à 10 degrés ont de quoi les séduire, d’autant plus que leur pouvoir d’achat a augmenté.

Pourtant chacun peut constater l’ampleur des ravages de l’alcool sur la société. Une forte consommation d’alcool engendre des comportements violents (50% des crimes et délits, en particulier les viols, sont commis sous l’emprise de l’alcool), et des situations à risque (un taux d’alcoolémie supérieur à 0,5 g/l, c.a.d. 3 verres de vins, multiplie les risques d’accident par deux, et un taux de 1 g/l par dix), ou encore des rapports sexuels non voulus et non protégés chez des jeunes filles qui boivent.

Et vous, quel constat pouvez-vous faire sur vous-même ? Du fait de votre consommation, mettez-vous en danger votre santé ou celle d’autrui ?

 

Pour aborder ce problème, il faut considérer qu’il existe trois types de consommation : l’usage à risque, l’usage nocif et la dépendance, l’alcoolisme étant une maladie.

 

L’usage à risque est une consommation régulière d’alcool dont les quantités et la fréquence font courir le risque de conséquences nuisibles, tant physiques que psychiques ou sociales. Le seuil est peut-être le verre de trop pour certains, un abus occasionnel pour d’autres. Il s’agit bien souvent d’une consommation supérieure aux seuils imposé par la loi.

L’usage nocif est une consommation abusive d’alcool. Il n’y a pas encore dépendance, mais des dommages physiques ou psychiques sont déjà établis.

La dépendance est une perte de la liberté de s’abstenir de consommer. Une personne dépendante souffre d’un syndrome de manque si elle est privée d’alcool. Cette personne éprouve un désir incontrôlable de boire, la maintenant dans son vice, malgré les divers problèmes que cela suscite. Il faut noter qu’aujourd’hui, on voit de plus en plus, dans les centres de désintoxication, des alcoolo-dépendants qui ont 22-23 ans.

Comment devient-on ivre ?

Dans la plupart des alcools, on trouve de l’éthanol. Ce composé chimique est une neurotoxine : c’est-à-dire une substance qui altère, voire détruit le système nerveux. L’ivresse est bien une forme d’empoisonnement. Consommé en grande quantité, l’éthanol peut provoquer le coma, puis la mort. L’organisme est certes capable de transformer l’éthanol en substances inoffensives, mais dans un certain laps de temps. Par contre, il n’est plus capable d’assimiler de l’alcool bu en trop grande quantité : l’éthanol en s’accumulant finit par interférer de façon évidente avec les fonctions cérébrales.

La vue, la parole, la pensée, la coordination et le comportement sont tous liés à des séries de réactions chimiques extrêmement complexes qui se produisent dans le cerveau, au cœur des cellules vitales : les neurones. L’éthanol a pour effet de brouiller ces réactions en interrompant ou en augmentant l’action de certains neurotransmetteurs, des substances chimiques qui assurent la transmission des signaux d’un neurone vers un autre. Comme le flux des informations se trouve altéré, le cerveau ne fonctionne plus normalement. C’est pour cette raison qu’une personne ivre présente des troubles de la vue, de la parole, des mouvements, allant jusqu’à perdre sa retenue. Certains buveurs deviennent violents…

Et après ?

L’éthanol étant préjudiciable pour l’organisme, la chimie cérébrale d’un alcoolique s’adapte pour contrebalancer cet effet et maintenir une activité nerveuse normale : le corps s’accoutume. Autrement dit, la même quantité d’alcool a moins d’effets qu’auparavant. Il y a dépendance quand l’adaptation du cerveau ne peut plus correctement fonctionner sans l’alcool. Le corps éprouve un besoin irrépressible d’alcool pour préserver son équilibre chimique. En cas de privation, sa chimie cérébrale s’en trouve déstabilisée et des symptômes de sevrage apparaissent : tremblements, anxiété, convulsions…

Mais, les dégâts occasionnés par l’alcool ne se bornent pas seulement à une perturbation de la chimie cérébrale. On observe une altération de la structure même du cerveau : les neurones s’atrophient jusqu'à leur destruction. Bien sûr, l’abstinence peut y remédier mais certains dommages demeurent irréversibles. Les neurones détruits ne sont jamais remplacés, occasionnant de graves préjudices à la mémoire et à certaines fonctions cognitives. Des études ont malheureusement démontré que le cerveau n’est pas seulement affecté par un alcoolisme de longue date mais aussi par de courtes périodes d’abus d’alcool.

Effets de l’alcool sur le foie

Celui-ci joue un rôle essentiel dans l’organisme (assimilation des aliments, régulation du flux sanguin, élimination des substances toxiques, combat contre les affections). Une consommation abusive d’alcool finit par l’endommager de façon progressive et en trois temps.

Dans un premier temps, la décomposition de l’éthanol ralentit la digestion des graisses qui finissent par s’accumuler dans le foie. Cette étape est la stéatose.

Dans un deuxième temps, l’éthanol provoque une inflammation chronique du foie : c’est l’hépatite. En parallèle, l’alcool réduit la résistance de l’organisme aux virus de l’hépatite B et C. Non soignée, cette inflammation provoque l’éclatement des cellules puis leur destruction. Cette étape est l’apoptose.

Dans un troisième temps, l’hépatite associée à la destruction des cellules entraîne des lésions irréversibles. Cessant d’être spongieux, les tissus devenant fibreux, empêchant le sang de circuler, le foie cesse peu à peu de fonctionner et meurt. Cette étape est la cirrhose.

Les cancers sont favorisés

L’alcool, en empêchant le foie de jouer pleinement son rôle défensif face aux agents cancérogènes, favorise non seulement alors l’apparition du cancer dans le foie, mais aussi celui de la bouche, du pharynx, du larynx et de l’œsophage.

Les fumeurs alcooliques sont encore plus prédisposés que les autres au cancer, car l’alcool augmente la pénétration des substances cancérogènes dans la muqueuse buccale. De la même manière, les femmes sont plus sujettes au cancer du sein.

 

VERS LE SEVRAGE

Il est toujours possible de surmonter les problèmes dus à l’alcoolisme. S’attaquer à une dépendance à l’alcool passe obligatoirement par plusieurs stades.

1 – Reconnaître sa dépendance. Cet aveu est essentiel : la majorité des buveurs nient qu’ils sont alcooliques. Chacun vous dira qu’il boit comme tout le monde, qu’il gère la situation et qu’il peut facilement s’arrêter de boire. En fait, ils minimisent leur état. Ils se mentent à eux-mêmes. Il faut que cette personne admette le fait que ses difficultés ont pour cause un abus d’alcool, et qu’une meilleure qualité de vie passerait nécessairement par l’abstinence.

Quoi lui dire ?

2 – Se faire aider. Une dépendance à l’alcool est comparable à la partie visible de l’iceberg : c’est un engrenage qui a peut-être débuté par une consommation modéré. Un alcoolo-dépendant aura beaucoup de difficultés à s’arrêter par lui-même. Il aura besoin d’une aide professionnelle pour se sevrer. En effet, il est souvent nécessaire de passer par une hospitalisation car des symptômes de sevrages peuvent durer de 2 à 5 jours. La cure de désintoxication ne s’arrête pas au simple sevrage. Si l’hospitalisation se poursuit encore sur une ou deux semaines supplémentaires, c’est bien pour éviter une rechute possible. Il n’est pas rare qu’un alcoolo-dépendant se remette à boire dès la sortie de l’hôpital. Souvent, plusieurs cures sont nécessaires. Une aide psychologique, voire médicale, est essentielle.

C’est à ce stade que l’accompagnant, ou le thérapeute, joue un rôle important, de même que toute structure ambulatoire (ex : Le GISME ou les Alcooliques Anonymes).

3 – Un nouveau sens à sa vie. De nombreux alcoolo-dépendants rechutent parce que la privation d’alcool laisse un grand  vide, comme le ferait la perte d’un ami proche. Lorsque l’on est dépendant, toutes nos activités sont tributaires de la satisfaction du besoin compulsif de boire ! On arrive à cacher des bouteilles un peu partout dans la maison. Un alcoolique qui se soigne doit se donner un nouveau sens à sa vie, un nouveau but pour ne pas sombrer à nouveau dans l’alcool. Il faut s’occuper l’esprit autrement, participer à des activités. Que la motivation de ne plus boire ne soit pas la seule préoccupation.

4 – Éviter la rechute. Il n’est jamais facile de changer ses habitudes. Les rechutes sont probables, voire nombreuses. Tout dépend de la personne. Il faut les considérer comme autant de passages obligés sur le chemin de la guérison, même si l’on ne guérit jamais vraiment de l’alcoolisme. Il faut continuer à se battre contre l’envie de boire. Il faut se poser la question « qu’est-ce qui me pousse à boire ? ». Est-ce l’ennui, le stress, la dépression, les disputes, la solitude, ou la promiscuité avec d’autres buveurs… ? Une fois les situations à risque évaluées, il reste à les éviter. Cela demeure un combat de tous les jours. Il faut se dire qu’il est possible de changer ses habitudes, réagir peut-être à temps pour éviter de tomber dans une spirale infernale, celle qui mène à la dépendance : cela arrive bien plus vite qu’on ne le pense. Il n’est jamais trop tard pour opérer des changements. C’est pour votre bien et pour celui de ceux qui vous aiment.

 

ALCOOLOGIE : SOINS & SUIVI :

 

1 - Contact : Association de prévention et de traitement de l’alcoolisme

Prise en charge des personnes dépendantes à l’alcool et polytoxicomanes, sevrages en ambulatoire, suivi médical, psychologique, infirmier et socio-éducatif. Groupe de parole le premier jeudi de 14h à 15h30, accueil des familles sur RDV.

5, rue Vauban, 38000 Grenoble, tél. : 04.76.12.90.80, fax : 04.76.12.90.81, contac.grenoble@wanadoo.fr, du lundi au vendredi de 8h30 à 18h.

2 - Unité d’alcoologie et de psychosomatique « Georg Groddeck »

Unité de soin en alcoologie pour sevrage ou cure.

Centre Hospitalier, 3 rue de la Gare, 38120 Saint-Égrève, tél. : 04.76.56.43.00, fax : 04.76.56.46.58, grodeck@ch-saint-egreve.fr, du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h sur RDV.

3 - GISME – Centre d’addictologie

Structure de soins ambulatoires pour toutes personnes désireuses de se défaire d’habitudes devenues gênantes (ex : consommations incontrôlables d’alcool, tabac, drogue, médicaments…). 27, rue Emile Zola, 38400 St. Martin d’Hères. Ouvert du lundi au vendredi.

tél. : 04.76.24.69.24, fax : 04.76.62.51.10,

e-mail : gisme@wanadoo.fr, site : http://gisme.free.fr .

4 – Relais Toxicomanie - DDASS

Centre de soins psychologiques.

Centre Départemental de Santé, 23 avenue Albert 1er de Belgique, 38000 Grenoble, tél. : 04.76.87.62.40 poste 5311

5 – Alcool Assistance La Croix d’Or de l’Isère

Accueil, écoute et accompagnement des personnes en difficulté avec l’alcool, groupe de parole, Action de prévention et d’information auprès des jeunes, des femmes, groupe famille-entourage.

Maison des associations, 6 rue Berthe de Boissieux, 38000 Grenoble, tél. : 04.76.87.21.29 (M.Giroud), www.alcoolassistance.net, le jeudi de 16h à 19h30 en salle 311, et de 17h à 20h en salle 200.

6 – Alcooliques Anonymes (AA)

Accompagne et aide les malades alcooliques à trouver une sobriété par le biais de réunion afin de partager les expériences.

6 rue du Sergent Bobillot, 38000 Grenoble, tél. : 04.76.87.74.00, aafr.gre@wanadoo.fr, www.alcooliques-anonymes.fr. Permanences 3ème lundi du mois à 20h et 3ème vendredi du mois à 20h30.

7 – Mouvement Vie Libre

Mouvement pour la prévention, la guérison, et la réinsertion des malades de l’alcool.

Maison des associations, 6 rue Berthe de Boissieux, 38000 Grenoble, tél. : 04.76.87.91.90, ou 04.76.96.08.51 (Marc Michel), www.vielibre.asso.fr . Permanence le vendredi de 17h30 à 20h en salle 300.

8 – Vivre sans alcool

Accompagne à la guérison les personnes souffrant de la maladie alcoolique.

Maison des associations, 6 rue Berthe de Boissieux, 38000 Grenoble, tél. : 04.76.53.87.81 (Robert) ou 04.76.27.14.08 (Suzanne). Permanence le mercredi de 18h à 20h en salle 223.

9 – Alcool Ecoute Info : 04.78.84.89.89 – du lundi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 18h. Écoute téléphonique anonyme et confidentielle des personnes en difficulté face à l’alcool et de leur entourage.

10 – Cap Écoute : 0.800.33.34.35 (N° Vert en Rhône-Alpes). Cap.ecoute@wanadoo.fr

Service d’écoute téléphonique anonyme et gratuit pour les jeunes et les parents  confrontés à des difficultés de l’adolescence (mal-être, conduites à risques, santé, difficultés relationnelles, sexualité…). Permanence du lundi au vendredi de 9h à 21h.

11 – www.alcoolbase-rhone-alpes.org : Répertoire sur l’alcoologie en région Rhône-Alpes.

12 – www.sante-jeunes.org : Site d’informations, d’adresses et de conseils en santé pour les jeunes de la région Rhône-Alpes.


 

©  pour me contacter cliquer ici :  Jean-Michel DIEBOLT – janvier 2008
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