Le matériel de laboratoire utile au développement

Commençons par lister le matériel qui vous sera nécessaire pour développer un film noir et blanc :

Si vous n'êtes pas encore équipé de ce matériel, regardez les petites annonces en lignes. On peut facilement trouver ces accessoires d'occasion même pour un budget très réduit, pour peu que l'on fasse preuve d'un peu de patience.

Les lampes inactiniques : Plus communément appelées "lampes rouges", elle sont dans l'imagination des néophytes couramment utilisées. Elles ne servent cependant en rien lors du développement d'un film. En effet, que le film soit noir et blanc ou couleur, celui-ci reste sensible à tout le spectre de la lumière du visible, ce qui inclus donc la lumière rouge. Leur emploi lors de l'étape de la mise en spire qui doit se faire dans le noir absolu (nous détaillerons cette étape plus loin dans le tutoriel) voilerait immanquablement le film. Ces lampes ne sont utilisées que pour réaliser des épreuves noir et blanc.

Extracteur de film / Ouvreur de cartouche

Ces accessoires ne concernent que les films 135. Ces pellicules se composent d'une bobine sur laquelle est enroulée le film, le tout étant protégé de la lumière par une cartouche. L'extrémité du film 135 présente sur ses 5 premiers centimètres une portion plus étroite appelée amorce. Sa vocation est de faciliter le chargement du film dans l'appareil photographique. Si en rembobinant votre pellicule à la fin de son exposition vous rentrez l'amorce dans la cartouche, un extracteur de film ou un ouvreur de cartouche vous sera nécessaire. Autant dire tout de suite qu'à moins d'être très adroit pour le rembobinage, il vous faudra rapidement faire l'acquisition d'au moins l'un de ces articles, sachant qu'ils ne remplissent pas exactement la même fonction.

L'extracteur de film

L'extracteur de film a pour but de récupérer l'amorce du film qui est rentrée dans la cartouche. En le manipulant conformément à son manuel d'utilisation, il vous permettra donc de faire ressortir l'amorce sans endommager la cartouche de la pellicule et ce à la lumière du jour. Cet accessoire est donc tout aussi utile si vous décidez de changer la pellicule d'un boîtier alors même que celle-ci n'est pas terminée. Il vous faudra la rembobiner. Si au cours de cette étape vous rentrez l'amorce dans la cartouche, l'extracteur vous permettra de la récupérer et ainsi de finir plus tard ce film. Il vous faudra alors déclencher à blanc l'appareil jusqu'à la seconde vue non exposée, évitant ainsi tout risque de double exposition.

Photo d'un extracteur de film Extracteur de film : Celui-ci vous permettra de faire ressortir l'amorce du film de sa cartouche relativement facilement, à la lumière du jour et sans endommager la cartouche et ses joins.
L'ouvreur de cartouche

L'ouvreur de cartouche est quant à lui à utiliser dans l'obscurité totale. Il permet d'éventrer la cartouche pour en extraire sa colonne centrale sur laquelle le film est enroulé. Plus facile d'emploi et moins cher, cet outil rend cependant la mise en spire plus délicate à réaliser. Sa manipulation, comme celle de l'extracteur de film seront décrites par la suite. Notez enfin que l'ouvreur de cartouche peut être remplacé par un décapsuleur de bouteille. Je ne recommande cependant pas cet outil qui, s'il nécessite moins d'investissement (chacun ou presque ayant chez lui un décapsuleur), peut cependant être dangereux à utiliser avec une cartouche dont les bords sont lisses, à l'inverse d'une capsule de bouteille. J'ai déjà eu vent de personnes s'étant blessées aux mains en utilisant un décapsuleur. Je déconseille donc cette méthode.

Photo d'un ouvreur de cartouche Ouvreur de cartouche : D'utilisation très simple, il permet de décapsuler la cartouche pour en extraire le film. L'opération est irréversible pour la cartouche et doit se faire dans l'obscurité totale.

Ciseaux

Une paire de ciseaux vous sera indispensable pour manipuler votre film, tant pour l'étape de la mise en spire, que pour l'étape de découpe du film développé. Des ciseaux domestiques ou scolaires en bon état feront parfaitement l'affaire. Veillez à les garder propres et secs avant toute découpe.

Cuve de développement avec spires

La cuve de développement est le seul équipement spécifique au développement d'un film. Vous en trouverez facilement en neuf chez des marchands spécialisés dans le domaine photo, que ce soit en ligne, ou en boutique. À défaut, regardez les petites annonces présentes sur le web. Il en existe de différentes tailles, permettant de développer plusieurs films à la fois en 135 et/ou 120. La majorité des modèles permettent de développer 2 films 135 à la fois, ou 1 film 120. Notez que les films présents dans la cuve peuvent avoir des références différentes, il est cependant indispensable que leurs temps de révélation concordent.

Photo d'une cuve de développement
La cuve de développement : C'est dans cette enceinte étanche à la lumière que l'on procède au développement du film. Elle est composée de multiples éléments :
  1. Bouchon
  2. Couvercle
  3. Cuve
  4. Joint d'étanchéité
  5. Spires
  6. Colonne centrale
  7. Crochet de maintien des spires sur la colonne

La cuve de développement est composée d'un assemblage de pièces facilement démontables et remontables dans l'obscurité. C'est dans ce récipient qu'a lieu le développement du film qui est maintenu au moyen d'une spire. L'utilisation d'une spire n'est pas anodine : Elle permet de disposer de toute la surface de la pellicule au contact des différentes solutions, le tout dans un minimum de volume. Ainsi, ce volume réduit diminue au mieux la quantité de chimie nécessaire et les couts qui y sont proportionnels. Une particularité de la cuve de développement est de permettre un versement des produits et leur vidange à la lumière sans pour autant que celle-ci ne puisse altérer le film encore photosensible. La cuve dispose ainsi d'un bouchon et d'un couvercle permettant les modes suivant d'étanchéité.

Bouchon / Couvercle Étanche à la lumière Étanche aux fluides Phase d'utilisation
Sans bouchon - Sans couvercle Non Non Mise en spire
Sans bouchon - Avec couvercle Oui Non Remplissage et vidange des solutions de développement
Avec bouchon - Avec couvercle Oui Oui Agitation et retournement de la cuve

Ce premier mode dans lequel la cuve a son bouchon et son couvercle désolidarisés, est non étanche à la lumière ni aux fluides. On se sert de cet état pour le chargement du film (dans l'obscurité totale) et le déchargement du film développé (à la lumière). Le deuxième mode sert au remplissage et à la vidange de la chimie. Par un jeu de canalisations et de parois noires, le fluide peut communiquer avec l'extérieur sans que la lumière ne parvienne jusqu'au film. Il vaut mieux cependant par précaution, éviter de manipuler la cuve dans cet état sous une lumière intense. Enfin le dernier état correspond à la cuve totalement fermée. La cuve étanche tant à la lumière qu'aux fluides, peut alors être secouée et retournée comme le prévoient les procédures de développement. Notez que les cuves de développement peuvent laisser échapper un peu de liquide lors des retournements successifs. Leur étanchéité aux fluides n'est pas toujours parfaite. Il existe différentes tailles de cuves, pouvant accueillir un nombre variable de spires. Les spires sont souvent adaptables en largeur pour pouvoir charger du film 135 ou 120.

Manchon de chargement (optionnel)

La mise en spire devant impérativement se faire dans l'obscurité totale, il vous faudra trouver une pièce adéquate dans laquelle réaliser l'opération. S'il vous est difficile de trouver un tel endroit, un manchon de chargement pourra vous être utile. C'est une large poche faite de tissus occultant dans laquelle on place le matériel de développement (cuve, spire, film, ciseaux, capuchons de cuves...). Le manchon possède trois entrées : La première fermante servant au chargement du matériel, les deux autres pour le passage des mains. Ces dernières disposent d'un élastique de serrage pour éviter que toute lumière puisse filtrer. La manipulation des films se réalise donc à l'intérieur de cette enceinte isolée de la lumière. Un manchon neuf coute une trentaine d'euros.

Éprouvettes graduées et brocs

Un ensemble de récipients doseurs vous seront nécessaires pour la dilution de la chimie et le stockage provisoire des diverses solutions utiles au développement. Leur nombre, leur contenance et leur précision dépendent avant tout du nombre de films présents dans la cuve, de leur format, et du confort d'utilisation désiré. Il serait possible de n'opérer qu'avec une unique éprouvette, néanmoins, cela obligerait à de nombreux transvasements de la chimie préparée dans d'autres récipients, et à autant de rinçages systématiques de l'éprouvette. Pour développer un film de 135, vous devrez utiliser 300 mL de chimie pour immerger le film dans la cuve, le double pour deux films 135. Pour les films 120, vous devrez utiliser 500 mL de chimie par film présent dans la cuve.

Si par exemple, vous comptez développer des films 135 par un ou deux à fois, ou des films 120 un à la fois, un jeu de trois éprouvettes de 600 mL et d'une éprouvette de 50 mL offrent un bon compris. Deux des grandes éprouvettes vous permettront de préparer et stocker provisoirement le révélateur et le fixateur. La petite éprouvette vous sera utile quant à elle pour pouvoir doser la faible quantité d'acide acétique utile à la préparation du bain d'arrêt, que vous diluerez ensuite dans la troisième grande éprouvette. Ce n'est évidemment qu'un exemple à adapter suivant vos besoins et préférences.

Entonnoirs

Les étapes du développement nécessitent de transvaser diverses solutions de récipients à d'autres et ce plus ou moins rapidement. L'acquisition de deux ou trois entonnoirs sera un choix judicieux qui rendra la manipulations de la chimie plus sûr et plus rapide.

Photo d'un jeu d'entonnoir Jeu d'entonnoirs : Peu onéreux, des entonnoirs permettront de rendre les différents transvasements plus rapides et plus précis.

Thermomètre

L'efficacité des réactions chimiques est très liée à la qualité des produits utilisés, à leur nature, à leur concentration, aux temps de leurs applications, mais aussi à leur température. Ce sont donc autant de variables à prendre en considération lors d'un développement. Si la maitrise de certains paramètres est aisée, la maitrise de la température peut se révéler plus délicate. Elle ne doit cependant pas être négligée, sous peine d'avoir des négatifs sur ou sous-développés. Une connaissance précise de la température au degré (voir demi degré) près est primordiale. Certains thermomètres ont une précision au 1/10 de degré. Une telle précision n'est pas nécessaire. Notons cependant que ces thermomètres permettent de suivre avec plus d'aisance l'évolution dans le temps de la température.

Photo d'un thermomètre adapté Thermomètre : Un thermomètre simple avec crochet couvrant la plage de température 0-45°C.

Chronomètre

Il est indispensable d'appliquer les bains et en particulier le révélateur avec une bonne précision dans le temps. Un quelconque dispositif permettant le décompte des secondes comme une montre est utilisable, mais une horloge de laboratoire qui est dédié à cet usage sera néanmoins préférable et limitera le risque d'erreurs. Pour donner une idée, l'étape de la révélation dure couramment entre 5 à 7 minutes durant lesquels il est nécessaire d'agiter la cuve de développement 5 secondes toutes les 30 secondes. Une précision de l'ordre de 5 secondes est souhaitable pour une révélation conforme aux attentes.

Photo d'une horloge de laboratoire Horloge de laboratoire : Celle-ci se révèle être pratique par son large affichage, ses grandes touches ainsi que ses fonctions compte à rebour multiples et chronomètre.

Pinces pour films

Les films sont suspendus le temps de leur séchage. Des pinces sont accrochées aux deux extrémités du film : L'une sur la partie haute pour le maintient du film, elle même accrochée à une ficelle tendue. L'autre sur la partie basse du film servant de lest pour éviter un enroulement du film sur lui même. Rappelons qu'il est délicat de nettoyer un film, il est donc important d'éviter de le salir. Veillez donc à ce que le film ne risque pas de chuter sur le sol peu importe le moyen employé. De même, la partie basse du film suspendu ne doit bien évidemment pas toucher le sol. Malgré tout, de la poussière peut se déposer sur le film par son simple contact avec l'air. Il convient donc de faire sécher les films dans des lieux à l'air ambiant présentant peu de poussière et à l'abri des courants d'air.

Photos de films suspendus par des pinces dédiées
Pinces pour films : Un jeu se compose d'une pince munie d'un crochet à suspendre, et d'une autre pince munie d'un lest. Ce modèle présenté est assez dispendieux : Comptez 7€ pour un jeu. Des solutions alternatives peuvent cependant être utilisées.

Pinces d'essorage (utilisation déconseillée)

Une des rares difficultés du développement est d'éviter la formation de traces lors du séchage du film. Des gouttes d'eau issues du dernier rinçage sont présentes sur le film au moment ou celui-ci est suspendu. Il peut alors être tentant d'essorer ses films. Pour ce faire, certains photographes font glisser entre deux doigts le film suspendu, d'autres utilisent un outil dédié : la pince d'essorage. Dans tous les cas, je déconseille de telles pratiques. Que ce soit avec les doigts ou une pince, sur les deux faces ou une seule, l'essorage peut endommager irrémédiablement le film. La face support est sensible aux rayures, la gélatine encore humide peut quand à elle se décoller. Si ce genre d'incident reste rare, ils arrivent néanmoins. Tenez le vous donc pour dit. Nous verrons plus tard dans ce tutoriel comment éviter au mieux les traces sans avoir à essorer ses films.

Bidons de stockage

Il vous sera indispensable d'avoir un ensemble de récipients de stockage afin d'accueillir la chimie, que celle-ci soit réutilisable pour un prochain développement ou non. En effet, certaines solutions ne peuvent être jetées dans les égouts après usage de part leur toxicité. S'il n'y a pas d'indication particulière à donner quand au choix des récipients de stockage de produits usagés destinés à être recyclés (en dehors d'un marquage rigoureux et d'un entreposage évitant tout risque de confusion et d'empoisonnement), les récipients destinés à recevoir un révélateur réutilisable doivent quant à eux, ne pas être choisis au hasard. Les solutions de révélation sont sensibles à la lumière, mais plus encore à l'oxydation avec le dioxygène de l'air ambiant. C'est pourquoi, il faut éviter le contact de la solution avec l'air résiduel du récipient même fermé. Deux solutions s'offrent alors : Les bouteilles en accordéon. Ce sont des bouteilles à volume variable qui permettent de chasser tout ou partie de l'air. Elles ont l'inconvénient d'être un peu plus onéreuses et ne peuvent être trouvées que dans des boutiques spécialisées. En outre, les solutions de révélation ont pour certaines tendance à créer des dépôts sur les surfaces des récipients dans lesquels elles sont entreposées. De telles bouteilles sont par nature plus délicates à nettoyer. Une autre solution consiste à utiliser un gaz inerte plus dense que l'air ambiant, disponible sous forme d'aérosol. Une pulvérisation dans le récipient dépose une couche de ce gaz inerte qui s'interpose alors entre l'air et la solution. Ces précautions ne sont pas obligatoires. Elles permettent cependant une meilleure conservation des solutions de révélation dans le temps.