Aucun de nous ne reviendra

de Charlotte Delbo.

Ce livre est effroyable. Dans Aucun de nous ne reviendra, Charlotte Delbo nous parle, comme on nous en parle rarement, des camps de concentration et plus précisément d’Auschwitz. Une plume poétique et franche pour décrire l’horreur d’un moment de l’histoire qui ne pourra jamais être qualifié d’entièrement « passé ».

Vous qui avez pleuré deux milles ans
un qui a agonisé trois jours et trois nuits

quelles larmes aurez-vous
pour ceux qui ont agonisé
beaucoup plus que trois cents nuits et beaucoup plus que trois cents journées
combien
pleurerez-vous
ceux-là qui ont agonisé tant d’agonies
et ils étaient innombrables

Ils ne croyaient pas à résurrection dans l’éternité
Et ils savaient que vous ne pleuriez pas.

Charlotte Delbo

Il faut bien avouer que l’on a connu plus facile à lire que ce livre, il y a des mots qui passent moins en travers de la gorge, mais au moins toutes ces pages provoquent quelque chose. Oui parce que je ne dis pas, je ne balance pas, mais en ce moment les livres les plus vendeurs sont les plus vides (je ne cite pas de nom. Hum, Marc Levy, hum). Enfin, je critique, mais ça a pratiquement toujours été comme ça. Donc bref, lisez Aucun de nous ne reviendra, parce que la Shoah ça ne s’oublie pas. Et allez voir La Rafle aussi, qui promet d’être dantesque.

O vous qui savez
saviez-vous que la faim fait briller les yeux
que la soif les ternit
O vous qui savez
saviez-vous qu’on peut voir sa mère morte
et rester sans larmes
O vous qui savez
saviez-vous que le matin on veut mourir
que le soir on a peur
O vous qui savez
saviez-vous qu’un jour et plus qu’une année
une minute plus qu’une vie
O vous qui savez
saviez-vous que les jambes sont plus vulnérables que les yeux
les nerfs plus durs que les os
le c¿ur plus solide que l’acier
saviez-vous que les pierres du chemin ne pleurent pas
qu’il n’y a qu’un mot pour l’épouvante
qu’un mot pour l’angoisse
saviez-vous que la souffrance n’a pas de limite
l’horreur pas de frontière
Le saviez-vous
vous qui savez


Comments
5 Responses to “Aucun de nous ne reviendra”
  1. Jack dit :

    Et pour completer, (re)lisez la BD de Spiegelman, MAUS.
    (ouais, la Rafle, un poil culcul mais dantesque quand même, j’ai l’impression)(a priori)(sur une bande annonce)

  2. Will' dit :

    Je viens d’acquérir les œuvres complètes de Dante chez la Pléiade. Je me devais de le signaler à la plus dantesque des blogueuses que je suive.

  3. Will' dit :

    Dès que j’ai fini, promis.

  4. Will' dit :

    Plus que 1600 pages.

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